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Le Sommet Global Voices 2015 des médias citoyens : Rendez-vous à Cebu City, aux Philippines

dimanche 12 octobre 2014 à 09:32
Cebu's Provincial Capitol, venue for the 2015 Global Voices Summit on January 24-25

Le Capitole de la province de Cebu, où aura lieu le Sommet 2015 de Global Voices le 24 et 25 janvier. Photo Gonzalez CC BY-SA 3.0

Nous sommes ravis d'annoncer que le Sommet des médias citoyens organisé par Global Voices aura lieu le 24 et 25 janvier  2015  à Cebu City, aux Philippines.

Notre sixième Sommet des médias citoyens nous conduit pour la première fois en Asie du sud-est, où nous nous réunirons pour deux jours de débats et d'ateliers avec des blogueurs, des activistes et des spécialistes des nouvelles technologies du monde entier. Au programme : le point sur la situation des nouveaux médias et des médias citoyens, l'expression sur Internet, et la participation en ligne. Le tout entre les murs vénérables du Cebu Provincial Capitol de Cebu City. Le Sommet 2015, comme les précédents, est une excellente occasion d'apprendre et de partager avec notre extraordinaire communauté Global Voices, présente dans le monde entier. 

Restez à l'écoute pour le lancement, très prochainement, du site du Sommet, où vous trouverez plus d'informations sur l'événement, les modalités d'inscriptions, et bien plus. Et n'oubliez les dates du Sommet,du  24 au 26 janvier, à noter dans vos agendas électroniques ou non.

Hommage à Mahsa Shekarloo, pionnière de l'internet iranien et militante du droit des femmes

dimanche 12 octobre 2014 à 08:53
Photo of Mahsa Shekarloo by Kamran Ashtary. Used  with permission. You can share it with attribution, but don't sell it.

Photo de Mahsa Shekarloo par Kamran Ashtary. Utilisée avec permission. Partage autorisé avec attribution, mais vente interdite.

Mahsa Sherkaloo, militante pour les droits des femmes, écrivain, rédactrice, traductrice et fondatrice de la revue féministe en ligne BAD Jens, est décédée le 5 septembre dernier, entourée des siens. Elle souffrait d'une forme très agressive de cancer. Dans cet article, Tori Egherman d'Arseh Sevom, une organisation qui encourage l'ouverture d'esprit et le respect des droits humains au sein des communautés de langue persane, joint sa voix à celle de nombreuses personnes pour déplorer sa disparition et lui rendre hommage.

Mahsa était attentionnée, sceptique et perspicace. De son vivant, elle n'aurait jamais voulu être le centre de tant d'attention. Sa passion et son travail n'étaient pas un moyen pour elle de réaliser une quelconque ambition personnelle, ni de se mettre en avant ou de s'attirer les feux des projecteurs. Elle travaillait avec curiosité, un réel dévouement aux droits humains et aux luttes des femmes, et avec la conviction que le changement est possible.

Mahsa est née à Téhéran mais avait passé la plupart de son enfance à Chicago. Elle était revenue en Iran au début des années 2000, juste après avoir fini ses études. Elle y avait trouvé un pays à aimer et une société à laquelle contribuer. Dans un article sur Mahsa, The Feminist School écrit :

Elle faisait partie de ces gens issus de la diaspora iranienne qui sont revenus dans leur pays d'origine pour mettre leur capital culturel et leur expérience au service du changement. Elle avait rejoint un groupe de femmes iraniennes qui profitaient d'un bref moment d'ouverture dans le système politique pour élargir le mouvement féministe et aborder le thème de l'égalité hommes/femmes dans la culture locale.

Mahsa a également traduit deux livres de la lauréate du Prix Nobel Shirin Ebadi : Les droits des femmes en République Islamique d'Iran et L'histoire d'une femme.

La rue est notre champ de bataille

En février de cette année, Mahsa avait aidé à promouvoir et organiser One Billion Rising-Iran, qui faisait part d'un projet mondial utilisant la danse pour attirer l'attention sur les droits des femmes. Voilà la description que l'on peut trouver sur la page Facebook du collectif : 

Pour nous en Iran, One Billion Rising est un moyen de plus d'unir différents groupes sociaux et d'exiger justice et égalité pour les femmes à la maison et en société. Nous investissons la rue car elle fait intimement partie de nos vies. La rue est notre champ de bataille. Elle contient nos souvenirs, nos douleurs et nos joies. C'est dans la rue que nous trouvons des alliés et amis, mais aussi là que nous nous rendons compte des dangers. La rue devient notre refuge quand nous ne sommes pas en sécurité chez nous. C'est dans la rue que nous avons trouvé notre voix, mais aussi perdu nos vies. Dans la rue, nous exprimons nos revendications, nous négocions et marchandons, non seulement avec le marchand mais aussi avec le dirigeant et le souverain. Investir la rue est pour nous un moyen d'atteindre la réconciliation, l'égalité et la justice pour tous.  Cette action s'adresse à tous ceux qui aspirent à la joie pour eux-mêmes et pour les autres, et qui sont prêts à taper du pied pour l'obtenir.

Voici l'une des nombreuses vidéos créées par les participants:

 

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Bad Jens

Dans une interview avec Qantara.de parue en 2007, Mahsa évoquait la revue féministe en ligne qu'elle avait créée : Bad Jens. L'objectif du site était d'accorder une voix aux féministes en Iran afin de les sortir de l'isolation dans laquelle elles se trouvaient, mais aussi de combattre les idées reçues venant d'Occident.

Mahsa affirmait :

Je pense que la plupart des étrangers qui viennent en Iran partent du principe que les femmes iraniennes, et les femmes musulmanes en général, sont parmi les femmes les plus opprimées au monde. Peu importe si c'est vrai- ce qui compte, c'est qu'à cause des ces préjugés, tout ce qu'ils verront quand ils viendront ici ne fera que les conforter dans cette pensée.

Récemment, depuis que Khatami est président, un nouveau stéréotype émerge, l'image d'une “jeune fille avec son voile repoussé en arrière, portant beaucoup de maquillage et des habits serrés”- et on voit presque ça comme étant glamour. Alors oui, ce que ces filles font est important, mais ce n'est qu'un aspect; par contre dire que c'est la meilleure révolution sociale qui soit, c'est autre chose et c'est faux.

Quand les occidentaux ont une image positive des femmes iraniennes, c'est toujours celle de ces héroïnes. Il y a donc deux extrêmes : d'un côté la femme iranienne décrite comme une victime passive, et de l'autre des exceptions qui enfreignent toutes les règles et les normes sociales. Ce qui se situe entre les deux est complètement oblitéré.

 

Une pionnière d'internet

La revue bilingue Bad Jens a été une révélation pour de nombreuses personnes. Au moment de son lancement, il existait très peu de sources d'information anglophones pour les personnes vivant et travaillant en Iran. Des Iraniens comme Mahsa se sont servis d'internet pour créer des espaces de discussion publics qui auraient été interdits sur d'autres plateformes telles que la presse écrite et les magazines.

L'Iran a très vite adopté internet. Un espace entier s'est alors ouvert, où la doctrine gouvernementale pouvait être contestée, où les débats étaient permis et l'expression individuelle était possible.

Au début des années 2000, le persan (farsi) était la deuxième langue la plus utilisée sur internet. Les blogs venus d'Iran étaient un véritable phénomène. Une nation entière de conteurs venait de trouvait le support idéal pour ses histoires. Ils l'utilisaient pour parler de tout, d'Harry Potter à la loi islamique en passant par les droits des femmes. Les Iraniens avaient enfin trouvé un moyen de communiquer les uns avec les autres sur le plan personnel et politique, alors que le gouvernement restreignait ces droits depuis des années. Une étude sur l'internet iranien datant de 2008 montre que des personnes aux vues divergentes échangeaient leurs opinions grâce aux commentaires laissés sur les blogs.  Dans leur article intitulé Iran's reformists and activists: Internet exploiters (Les réformistes et activistes iraniens: profiteurs d'internet), Babak Rahimi et Elham Gheytanchi écrivent :

L'impact d'internet sur la politique iranienne est semblable à l'apparition d'autres technologies de l'information plus anciennes, telles que le télégraphe à fin du dix-neuvième siècle ou les cassettes dans les années 70, qui avaient tous deux permis de créer de nouveaux espaces de résistance.

La revue en ligne Bad Jens a contribué à cette discussion grâce à des articles bien pensés, des oeuvres de fiction et de la poésie.

Interviewée par ABC news en 2005, Mahsa avait déclaré : 

On utilise les moyens qui sont à notre disposition. C'est une des raisons pour lesquelles internet est si populaire ici. C'est un espace indépendant, relativement facile d'accès ou du moins relativement incontrôlé.

 

Notre conscience

Pour nombre de personnes travaillant sur les problèmes de droits humains et de droits des femmes, Mahsa était une sorte de conscience. Elle croyait à l'importance du changement à petite échelle, à commencer par le cercle familial et les groupes d'amis. Pour elle, un changement positif était plus viable s'il commençait par la famille et n'était pas imposé par l'extérieur.

Elle appliquait ces principes à tous les aspects de sa vie : en tant qu'amie, en tant que mère, et en tant que collègue. C'est pourquoi sa disparition est une tragédie pour grand nombre d'entre nous. Ce que son amitié nous a apporté dépasse tout ce qu'elle pouvait imaginer. Son travail en tant qu'intellectuelle engagée et protectrice des droits fondamentaux dépassait le cadre professionnel. Elle a démontré que de vivre une vie dédiée aux petits changements quotidiens pouvait avoir un impact immense et créer un changement durable.

Ce n'est donc pas surprenant que les hommages fusent de tous les côtés et viennent des tous les continents. Son intelligence vive, sa chaleur et sa générosité d'esprit lui valaient bien des admirateurs. Quand il s'agissait de monter des projets et de passer à l'action, elle faisait preuve du parfait mélange de scepticisme, de réalisme et d'optimisme.

Une biographie de Mahsa disponible en ligne résume en ces termes :

… quand elle n'est pas en train d'aider les autres à aider les femmes iraniennes, elle s'applique à répandre les idées du féminisme post-colonial parmi ses collègues.

Mahsa Shekarloo était une pionnière d'internet, une militante pour les droits des femmes, et une amie. Elle nous manque déjà.

Article d'origine publié sur Arseh Sevom.

Brésil: Un compte Tumblr pour dénoncer le discours de haine dirigé contre le nord du pays

samedi 11 octobre 2014 à 21:19
Woman from the northeastern state of Piauí. At her door, a poster from a Worker's Party candidate. Image by Otávio Nogueira

Une habitante du Piaui, un état du Nordeste. Sur sa porte, une affiche du Parti des Travailleurs. Photo de Otávio Nogueira sur Flickr. CC BY 2.0

Un compte Tumblr brésilien est en train de rassembler tous les messages xénophobes glanés sur la toile, dans les médias sociaux à la suite de la qualification de Dilma Rousseff pour le second tour des élections brésiliennes.

La candidate du Parti des Travailleurs a remporté une grande quantité de ses voix dans les régions plus pauvres du nord et du nordeste, où une partie significative de la population est bénéficiaire de l'aide sociale, telle que le programme “bolsa familia” entre autres allocations. Depuis 2006, certains critiquent le PT sur ce sujet, qu'ils assimilent à de “l'achat de voix” de pauvres.  

Ce compte Tumblr, dont le titre est “Esses nordestinos…” ou “Ces nordestins…” en français, encourage les utilisateurs à porter plainte contre ceux qui publient des messages négatifs, auprès du procureur public, au Ministère Public Fédéral, puisque mettre en ligne de tels messages relève de la définition pénale de racisme. À la suite de la victoire de Dilma Rousseff en 2010, l'étudiante en droit Mayara Petruso avait été poursuivie pénalement pour avoir publié des commentaires racistes à propos des nordestins, sur son compte Twitter. Elle avait écopé en 2013 de 1 an et 5 mois de prison, mais sa peine avait été réduite à du travail d'intérêt général et une amende.  

Beaucoup d'utilisateurs du compteTumblr se sont empressé de supprimer scrupuleusement leurs messages, mais “Esses nordestinos…” prend aussi des photos d'écran de commentaires offensants : 

Eleição devia ser feita só no sul e sudeste

Les élections ne devraient avoir lieu que dans le sud et le sudeste

Engraçado: Nós estados responsáveis pelo trabalho e pela economia nacional, em sua maioria (salvo MG e RJ) o Aécio ganhou da Dilma. Já naqueles com baixo índice de desenvolvimento econômico a Dilma vence. Desse jeito começo a pensar em um movimento separatista… se vocês gostam tanto do bolsa família, ótimo, fiquem com o PT e o retrocesso que ele representa… it is up to you! Aqui para baixo e para o centro-oeste nós vamos trabalhar para ter o que comer e produzir. Só não acho que precisamos ficar vinculados a esse atraso econômico e comodismo social….

C'est drôle : Dans les états qui travaillent et portent l'économie nationale, à l'exception du Minas Gerais et de Rio de Janeiro, Aecio l'emporte sur Dilma. Dans ceux qui ont un faible niveau de développement économique, Dilma a gagné. Ça me fait vraiment réfléchir sur l'idée d'un mouvement séparatiste. Si vous aimez ‘bolsa família’ tant que ça, super, restez avec le PT [Parti des Travailleurs] et toute la stagnation qu'il représente… c'est à vous de voir! Ici en bas (NdT: dans le sud) et dans le centre-ouest on va travailler pour avoir de quoi manger. Je pense juste qu'on ne devrait pas être les otages des défaillances économiques et de la fainéantise…

Le programme bolsa família, lancé par l'ex-président Luiz Inácio Lula da Silva en 2003, verse aux familles qui disposent d'un revenu mensuel per-capita inférieur à 56 US dollars (le seuil de pauvreté) une allocation de 13 dollars pour chaque enfant vacciné de moins de 16 ans allant à l'école (dans la limite de 5 enfants), et 15 dollars pour chaque enfant de 16 à 17 allant à l'école (dans la limite de 2). Aux familles qui ne disposent que d'un revenu mensuel per-capita situé sous la barre des 28 dollars (l'extrême pauvreté), le programme offre “l'allocation de base qui est de 30 dollars mensuels auxquels peuvent s'ajouter les allocations familiales des enfants.

Ces types de remarques sont des preuves du fameux gouffre économique entre le nord et le sud du Brésil qui s'est approfondi depuis que le centre politique et économique a déménagé des villes côtières du nordeste vers Rio de Janeiro et São Paulo à la fin du 19ème siècle.

Des drones sur l'Amazone pour surveiller l'environnement

samedi 11 octobre 2014 à 17:31

L'armée de l'air de la jungle : les communautés indigènes utilisent des drones pour protéger leurs territoires de GEORGI TUSHEV sur Vimeo.

Après avoir suivi une formation organisée par le groupe Tushevs Aerials en aout 2014, des chefs de communautés autochtones du Loreto et de la région de Madre de Dios au Pérou découvrent comment les drones peuvent jouer un rôle de premier plan dans la surveillance des menaces contre l'environnement.

Les ateliers se sont déroulés dans la localité de Saramuro, sur la rivière Marañón. 15 personnes étaient présentes, venues de différentes communautés amazoniennes, dont des habitants de Embera-Wounaan au Panama. Les participants ont appris à manier des simulateurs de vols et des logiciels pour planifier les vols de drones en utilisant leur fonction auto-pilotage. Des sessions ont eu lieu pour évaluer les données récoltées et créer des cartes à partir des photos prises par un drone.  

Dans cette vidéo de l’ Association inter ethnique pour le développement de la jungle péruvienne (AIDESEP en espagnol), qui organisait l'atelier, les participants disent que les drones vont leur permettre de mieux détecter et documenter les menaces possibles à leur environnement, comme l'abattage illégal d'arbres, les mines sauvages, et les occupations de terres.  

Après ce premier atelier, d'autres sont prévus, au Panama, début 2015. Durant ces ateliers, davantage de temps sera consacré à l'apprentissage du vol télécommandé, et à comment mieux exploiter les données obtenues grâce à un drone. 

Thumbnail photo taken from a screenshot from video.

Ebola dépouille les Africains de leurs valeurs culturelles et humaines

samedi 11 octobre 2014 à 15:45

L'anthropologue social et sociologue Ginny Moony explique comment l'épidémie d'Ebola déshumanise les Africains :

 La façon dont les Africains de l'Ouest traiteraient leurs malades et leurs morts est censée différer significativement de celle du reste du monde. Rien de plus faux. Dans le monde entier, l'essence des soins aux malades est pratiquement identique : toucher les membres de la famille malades ou morts est un phénomène naturel. Dans le monde entier les morts sont lavés et le corps exposé avec soin pour que la famille et les connaissances puissent faire leurs adieux. Aux Pays-Bas, il nous est permis de garder nos proches décédés plusieurs jours dans notre salon. Il y aura des contacts physiques avec le corps de la personne décédée jusqu'à la fermeture du cercueil et son inhumation ou son transfert au crématorium.

Dans le cas des pays affectés par Ebola, les conduites humaines normales sont rejetées comme “pratiques démodées et indésirables” par l'Organisation Mondiale de la Santé et les spécialistes qui analysent l'épidémie Ebola. Personne ne se demande s'il est raisonnable de refuser aux gens le soin de leurs proches et le droit de prendre en charge la procédure de deuil. La solution pour empêcher la contamination est évidente : ne pas toucher, en aucun cas. Des solutions plus compatissantes, comme la fourniture d'équipements de protection aux membres de la famille pour leur permettre d'enterrer leurs proches eux-mêmes ou avec une assistance, ne sont pas envisagées. La population est prise au piège ; à défaut de coopération, la prison. Ces mesures rigoureuses aliènent encore plus les gens des autorités. Ebola est un châtiment. Ni pour la communauté internationale, ni pour le personnel politique, ni pour les élites, seulement pour les masses déshéritées. Les gens se sentent seuls. Désertés. L'argent afflue, et de plus en plus de renforts, pourtant l'épidémie gagne du terrain chaque jour….