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Poutine perd sa Première Dame, RuNet ricane

samedi 8 juin 2013 à 00:10

Une équipe télé de trois personnes de Russie 24 piétinant dans un vestibule désert du Kremlin, la reporter en tailleur noir se croisant les bras de façon empruntée, étaient les premiers à entendre Vladimir Poutine annoncer jeudi 6 juin sa séparation d'avec son épouse Lioudmila. La révélation était précédée dans le journal télévisé par un sujet sur le ballet La Esmeralda, auquel le couple venait d'assister ensemble, ainsi que la louange à peine essoufflée par Poutine du spectacle : “splendide exécution, en un mot très talentueuse”, avec une Lioudmila se dandinant nerveusement à son côté, un pâle sourire aux lèvres.

L'annonce n'a pas manqué de faire des vagues en s'enfonçant dans le cyberespace russe, même si l'effet de surprise pour les blogueurs était du même ordre qu'en Italie celui des galipettes de Berlusconi au bord de la piscine dans les derniers mois de son règne. Bien que la vie privée de Poutine soit un secret bien gardé, les rumeurs ont tourbillonné pendant des années que le couple présidentiel était poursuivi par les ennuis familiaux, que Lioudmilla avait été envoyée vivre à des centaines de kilomètres (à la tête d'un couvent, pas moins), et que Poutine avait des à-côtés amoureux. En bonne place dans les cancans, Alina Kabaeva, la gymnaste médaillée d'or olympique, devenue députée à la Douma, plus jeune de moitié que Poutine, mais lorsqu'un tabloïd  moscovite enquêta sur la supposée liaison en 2008, il fut promptement muselé.

“Divorce à la Poutine,” parodie de “La Rupture”, la comédie romantique américaine de 2006 . Image anonyme diffusée sur Internet.

Le nom de Kabaeva est revenu dans tous les esprits. Le porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, a proposé [russe] les éléments de langage officiels du Kremlin, en s'adressant à l'organe russe LiveNews : “Cela n'a rien d'un secret et chacun sait que [Poutine] se consacre depuis longtemps au pays, aussi prétentieux que cela sonne.”

A quoi Fake_MIDRF, le compte Twitter parodique du Ministère russe des Affaires Etrangères, a rétorqué :

И мы точно знаем, как страна выглядит в купальнике, и сколько у неё олимпийских медалей!

Et nous savons exactement à quoi ressemble cette contrée en maillot de bain et combien de médailles olympiques elle possède !

Le blogueur et pasticheur de vidéos Sergeï Meza a ironisé :

Людмила впервые заподозрила измену, когда нашла в кармане мужа хулахуп.

Lioudmila a soupçonné pour la première fois l'infidélité quand elle trouvé un hoola-hoop dans la poche de son mari.

Aucune information n'est venue étayer ces conjectures, mais une chose semble certaine : le service de presse du Kremlin aura du mal à promouvoir l'image de Poutine chef d'Etat dévoué aux valeurs familiales—pourtant cruciale pour l'étroite alliance de son pouvoir avec l'Eglise Orthodoxe russe. Possible signe avant-coureur, Alexeï Navalny (qui a l'intention de concourir aux élections municipales à Moscou et caresse des ambitions présidentielles) a écrit avec sarcasme :

Главой предвыборного штаба Владимира Путина стала Алина Кабаева.

Alina Kabaeva est devenue l'état-major de la campagne électorale de Vladimir Poutine.

Avec tout ce persiflage sur Vladimir Poutine, la quantité de sympathie reçue des internautes par la future ex-première dame ressort d'autant mieux que le cercle de Poutine est habitué à encourir les foudres d'Internet. Pour la militante de l'environnement Evguenia Tchirikova, les infortunes de Lioudmila Poutina sont emblématiques de celles des Russes en général :

Странно что все так удивляются на развод Путина. Разве кто-то сомневался в недостатке любви и способности к компромиссам?

Etrange comme chacun s'étonne autant du divorce de Poutine. Quelqu'un doutait vraiment de son manque d'amour et de capacité de compromis ?

Vesti's unfortunate media mashup. Screenshot distributed widely online. 6 June 2013.

L'amalgame médiatique pas très heureux de Vesti. Capture d'écran largement diffusée en ligne, 6 juin 2013.

Une image diffusée en ligne (voir ci-dessus) a montré le raprochement de deux captures d'écran : M. et Mme Poutine lors de leur interview après le ballet, à côté d'une photo d'agents du FSB en uniforme procédant à une arrestation. Fake_MIDRF d'écrire :

Судя по сайту Вести.Ру, Людмилу после развода арестовала ФСБ

A en croire le site Vesti.ru, Lioudmila a été arrêtée par le FSB après son divorce.

Plus d'un observateur a fantasmé avec délice sur ce scénario : Lioudmila signe son divorce, dit son fait à son mari, ou même, rêve des rêves, rejoint l'opposition. Le blogueur Dmitri Pouchkov (célèbre pour ses traductions de films de “gobelins”), a écrit sur Twitter :

В келье Людмилы Путиной идут обыски. Главное, чтобы Людмила теперь не вышла за Навального.

Perquisition dans la cellule monastique de Lioudmila Poutina. Surtout, que Lioudmila n'épouse pas Navalny à présent.

Sur la même ligne, l'utilisateur de Twitter Mitya Alechkovski a plaisanté, avec une pincée de voeu pieux :

Людмила Путина эмигрирует из России вместе с Гарри Каспаровым

Lioudmila Poutina émigre de Russie en compagnie de Garry Kasparov.

Un autre thème en vue était la spéculation sur ce que Mme Poutine va revendiquer de la fortune privée du Président, supposée vaste. La loi russe donne à l'épouse le droit à la moitié du patrimoine constitué pendant une union, ce qui, couplé avec l'image en ligne de Poutine chef des “escrocs et des voleurs,” a ajouté du piquant. Le tweet moqueur de KermlinRussia sur le sujet a été retwitté plus de 1.050 fois :

Владимир Путин разводится. По закону его жене Людмиле перейдет в собственность половина страны.

Vladimir Poutine divorce. De par la loi, la propriété de la moitié du pays revient à sa femme Lioudmila.

Plaisanteries mises à part, la quasi unanimité, même tacite, constate qu'après une pause momentanée pour constater la perte de la première dame, le Kremlin ne tardera pas à reprendre son cours habituel. Ilya Yashine a exprimé sa frustration dans un tweet évoquant la satisfaction de Lioudmila que la rupture soit un “divorce civilisé” :

Вот бы он еще со страной “цивилизованно развелся”. А то пока в основном битье посуды, скандалы и рукоприкладство.

Si seulement il divorçait aussi du pays “de façon civilisée”. Au lieu de quoi en attendant, on a la vaisselle cassée, les scandales, et les voies de fait.

PHOTOS : Yluux, un blog pour connaitre le Paraguay

vendredi 7 juin 2013 à 23:01

A travers leur blog de photographie Yluux [es], les photographes Tetsu Espósito et Elton Núñez font découvrir les histoires des lieux et personnes qui font le Paraguay.

Ils expliquent [es] l'idée derrière le blog et son nom ainsi :

En nuestro pequeño pero bello Paraguay vivimos rodeados de imágenes impactantes y dignas de capturar, hermosos lugares por descubrir nos esperan en todo su territorio. Hacerlo conocer a traves de las historias que podamos llegar a contar con nuestras imágenes es la idea central en el nacimiento de“Yluux” vocablo de origen étnico “aché” que engloba el significado de la naturaleza.

Dans notre petit mais beau Paraguay nous vivons entourés de visions merveilleuses qui valent la peine de d’être photographiées, des endroits à explorer nous attendent sur tout son territoire. Pour le faire connaître à travers les histoires que nous racontons au moyen de nos images, il y a l'idée centrale de la naissance de “Yluux“, un mot de la langue Ache qui inclue le sens de nature.

Team Yluux: Photographers Tetsu Espósito and Elton Núñez (Photo by Javier Valdez)

Equipe Yluux: les photographes Tetsu Espósito et Elton Núñez (Photo de Javier Valdez)

Yluux couvre différents thèmes à travers des photos sur la nature [es], traditions religieuses [es], évènements sportifs [es], musique [es], tourisme [es], et davantage [es].

The Paraguayan flag. Photo by Tetsu Espósito

Le drapeau paraguayen. Photo de Tetsu Espósito

Les photographies publiées dans Yluux sont sous une Licence Creative Commons qui permet à tout le monde de partager les images pour un usage non commercial, tant que le travail est attribué aux auteurs et qu'un lien est renvoyé vers Yluux.

Franciscan sister attending a Via Crucis held in the cathedral of Ciudad del Este, Paraguay. Photo by Elton Núñez

Sœur franciscaine assistant à la montée au calvaire  en la cathédrale de Ciudad del Este, au Paraguay. Photo de Elton Núñez

César Cataldo directing a 400 harp orchestra concert commemorating Asunción's 475 anniversary. Photo by Tetsu Espósito

César Cataldo dirigeant un orchestre de 400 harpes lors d'un concert commémorant le 475ème anniversaire de Asunción. Photo de Tetsu Espósito

Dans un récent billet [es], Espósito et Núñez ont partagé 37 images de la vie quotidienne au Paraguay :

Día a día somos bombardeados por millones de imágenes del ambiente que nos rodea, muchas de éstas fotografías narran escenas de vida cotidiana en distintos lugares de Paraguay, su gente, sus tradiciones, su cultura, sus paisajes, lugares olvidados.

Chaque jour nous sommes assaillis de millions d'images de l'environnement autour de nous. Beaucoup de ces photographies narrent des scènes de la vie quotidienne en différents lieux du Paraguay, les personnes qui s'y trouvent, ses traditions, sa culture, ses paysages, des endroits oubliés.

Four friends enjoy the view from the top of Cerro Akatí in the Guairá department in Paraguay. Photo by Elton Núñez

Quatre amis profitent de la vue depuis le sommet de Cerro Akatí dans le département de Guairá au Paraguay. Photo de Elton Núñez

Man rides his bicycle to work in Volendam, Paraguay. Photo by Tetsu Espósito

Un homme à vélo se rendant au travail à Volendam, au Paraguay. Photo de Tetsu Espósito

Avril 2013 a marqué les trois ans d'existence de Yluux. Dans un billet [es] remémorant leur dernier anniversaire, les photographes écrivaient :

Sin habérnoslo propuesto, Yluux se convirtió con estas 54 entregas en una ventana de Paraguay para el mundo, y gracias a nuestro blog muchos paraguayos y extranjeros pueden vivenciar y conocer todo lo bello que tiene el país para mostrar y ofrecer. En el 2011 año del Bicentenario, muchos compatriotas residentes en el exterior pudieron vivir las celebraciones a través de nuestras imágenes.

Avec ces 54 billets Yluux est devenu une fenêtre sur le Paraguay pour le monde, et grâce à notre blog de nombreux Paraguayens et étrangers peuvent  voir toutes les jolies choses que le pays a à montrer et offrir. En 2011, l'année du Bicentenaire de l'indépendance du Paraguay, de nombreux Paraguayens vivant à l'étranger ont pu assister aux célébrations à travers nos images.

2011 Bicentennial celebrations in Asunción, Paraguay. Photo by Elton Núñez.

Célébrations du Bicentenaire en 2011 à Asunción, au Paraguay. Photo de Elton Núñez.

Bull fight called "Torín", where the bull is not killed. San Pedro department in Paraguay. Photo by Elton Núñez by

Corrida appelée “Torín”, où le taureau n'est pas tué. Département San Pedro au Paraguay. Photo de Elton Núñez

En 2010, Yluux a été désigné l'un des 10 premiers blogs paraguayens dans un concours  organisé par Ultimahora.com ; en 2011, Yluux a été élu  Meilleur blog paraguayen dans le même concours :

En el 2010 salimos entre los mejores 10 blogs del año y el 2011 nos recibió como el mejor blog del año, motivo de grande orgullo. Felices por haber llegado hasta aquí después de todas las aventuras que nos han llevado a recorrer Paraguay, nos ponemos seguir trayéndoles imágenes e historias. .

Ahora nos encontramos abocados en las estapas finales de nuestro libro, que esperamos pueda lanzarse muy pronto.

En 2010 nous avons été classés parmi les 10 meilleurs blogs de l'année et en 2011 nous étions désignés le meilleur blog de l'année, ce dont nous sommes fiers. Heureux d'être allés si loin après toutes ces aventures qui nous ont conduits autour du Paraguay, nous continueront à vous faire partager des images et des histoires.

Nous nous attelons désormais aux dernières étapes de notre livre, dont nous espérons qu'il sera publié  très bientôt.

A girl in a procession in San Ignacio, Paraguay. Photo by Tetsu Espósito

Une fille lors d'une procession à San Ignacio, au Paraguay. Photo de Tetsu Espósito

Ovecha Rague festival in San Miguel, Paraguay. Photo by Elton Núñez

Festival Ovecha Rague à San Miguel, au Paraguay. Photo de Elton Núñez

Vous pouvez cliquer sur les images dans leur dernier billet [es] pour parcourir chacune des galeries de photos que Espósito et Núñez ont publiées au cours des trois dernières années.

Le difficile adieu des Russes à la cigarette

vendredi 7 juin 2013 à 01:31

La Russie est l'un des pays au monde où l'on fume le plus. Si 39% des Russes fument [anglais], le chiffre grimpe à 60% chez les hommes (en comparaison, le chiffre est d'environ 34% en France, le taux chez les femmes approchant celui des hommes). L'attitude et la législation vis-à-vis du tabagisme sont étonnamment permissives en Russie comparées au reste de l'Europe. Les Russes ont libre cours pour sacrifier à leur addiction à la nicotine non seulement dans les bars, restaurants et cafés, mais aussi dans les écoles, hôpitaux, de nombreux transports publics, les bâtiments administratifs et les immeubles d'appartements. Les publicités pour les cigarettes ornent tous les coins de rue et les couloirs de métro, et remplissent les pages des magazines russes. Les taxes sur les cigarettes sont insignifiantes et le paquet de Marlboro s'achète à moins de deux dollars, moitié moins pour les marques nationales.

Russian's smoking habits know few boundaries. "Bad Habit," Volgograd, Russia, 22 November 2009, photo by Mohd Hafizuddin Husin, CC 2.0.

Le tabagisme russe connaît peu de limites. “Mauvaise Habitude,” Volgograd, Russie, 22 novembre 2009, photo Mohd Hafizuddin Husin, CC 2.0.

Le gouvernement russe veut changer cela, et a mis en oeuvre le 1er juin 2013 une nouvelle loi “sur la protection de la santé des citoyens contre les effets du tabagisme passif et les effets de la consommation de tabac” [russe], avec l'interdiction de fumer dans les bâtiments publics, les établissements d'enseignement et de santé, les ascenseurs et les couloirs des immeubles d'appartements, les gares et dans la plupart des trains. La loi instaure aussi de sévères limitations à la publicité pour le tabac, augmente les taxes sur l'industrie et les amendes pour la vente aux mineurs, et pave le chemin à l'introduction échelonnée d'interdictions similaires dans les magasins, cafés, bars, et restaurants.

En octobre 2012, le Premier Ministre Dmitri Medvedev lui-même avait utilisé son blog pour diffuser une vidéo (ci-dessous) expliquant les motivations du gouvernement pour adopter une telle loi, s'appuyant sur le fait que la proportion de fumeurs était anormalement élevée en Russie (comparable seulement à celle de la Chine) et que depuis les années 1990, le pourcentage de femmes russes fumeuses était montée de 7 à 22%, tandis que l'âge de la première cigarette était tombé, en moyenne, de 15 à 11.

Les chiffres officiels [russe] ont beau indiquer que 70 à 80% de la population approuve les nouvelles mesures, il n'en est pas de même dans la blogosphère russe, où la loi est contestée pour toutes sortes de raisons. Le blogueur Nikolaï Troitsky (représenté sur son profil LiveJournal savourant une cigarette) a proclamé qu'il rejoignait le nouvellement créé “Mouvement russe ordinaire pour les droits des fumeurs” [russe]. Troitsky a dénoncé la législation dans les termes les plus vigoureux dans ce billet, “Arrêtez le génocide contre les fumeurs !” [russe].

тоталитарная, гестаповская, фашистская борьба с курильщиками, больше похожая на истребление, на геноцид, противоречит всем нормам здравого смысла. Целая немалая группа граждан демонстративно лишается элементарных прав.

Ce combat totalitaire, gestapiste, fasciste contre les fumeurs ressemble plus à une extermination, un génocide, contraire à toutes les règles du bon sens. Un groupe entier et non négligeable de citoyens est clairement privé de ses droits élémentaires.

Si Troitsky se faisait apparemment un plaisir de confirmer la loi de Godwin dans cette salve introductive, l'hyperbole n'était pas réservée aux fumeurs. Le député à la Douma Igor Lebedev a pris la peine de commettre un article qu'il a intitulé “‘Les droits des fumeurs sont ‘les droits de toxicomanes’ et ‘les droits de tuer'” [russe] :

Привычка, конечно, сильна. Причем не только привычка курильщиков к никотину, но и наша общая привычка видеть вокруг себя людей с белыми бумажными дымящимися палочками во рту. Надо сделать так, чтобы вид прилюдно курящего человека вызывал такую же реакцию, как и вид прилюдно “ширяющегося” наркомана. По сути, это одно и то же.

L'habitude est certes puissante. C'est-à-dire, pas seulement l'habitude de la nicotine chez le fumeur, mais aussi celle, commune, de voir autour de nous des gens avec à la bouche des bâtonnets de papier blanc qui font de la fumée. Il faut faire en sorte que voir quelqu'un fumer provoque la même réaction que voir un toxicomane “se piquer” en public. Au fond, c'est la même chose.

Lebedev, qui est membre du parti ultra-nationaliste Libéral-démocrate, a aussi souligné que “fumer n'est pas une tradition russe, l'habitude a été introduite par Pierre le Grand” (il y a 300 ans donc).

Anton Nossik, plus libéral, a critiqué la loi avec l'argument que les mesures coercitives contenues dans les textes se révéleraient inopérantes [russe].

в любой стране, где за последние 10 лет достигнуты ощутимые успехи в борьбе с курением, мы видим огромный спектр усилий, направленных именно на помощь курильщикам в бросании курить… А там, где это направление работы задвинуто, никакие даже самые жёсткие репрессивные меры не помогают. Мы это недавно тут обсуждали на примере французских драконовских мер, результат которых с 2000 по 2010 год оказался нулевым. И британских программ помощи курильщикам, которые за тот же период помогли снизить число страдающих зависимостью в полтора раза.

Dans n'importe quel pays où il y a eu un résultat appréciable dans la lutte anti-tabac, on voit l'énorme spectre d'efforts centrés particulièrement sur l'aide aux fumeurs pour arrêter de fumer… Mais là où la direction du travail est contrainte, même les mesures les plus sévères et les plus répressives ne serviront à rien. Nous avons discuté récemment [sur ce blog] l'exemple des mesures draconiennes en France, dont le résultat entre 2000 et 2010 s'est avéré nul. Et celui des programmes britanniques d'aide aux fumeurs qui dans la même période ont aidé à réduire d'une fois et demie le nombre des dépendants à la nicotine.

Beaucoup de Russes, cependant, se sont moins intéressés à la loi sous l'aspect des droits et se sont simplement interrogés sur sa probabilité ou possibilité d'être appliquée. Comme Osik101195 l'a tweeté [russe] sans ambages :

Если вы думаете, что антитабачный закон будут соблюдать в России, то вы точно ебанутый

Si vous croyez que la loi anti-tabac sera respectée en Russie, alors vous êtes complètement débile

Ecrivant plusieurs jours après l'adoption de la loi, MindNasty a dépeint une triste image [russe] de l'efficacité de l'interdiction :

В тамбуре электрички курили два контролера, выдыхали дым в табличку “Не курить”. Обсуждали антитабачный закон. Не вижу смысла в этом законе.

Entre deux wagons, deux contrôleurs fumaient, exhalant la fumée sur le panneau “Interdiction de fumer”. Ils discutaient de la loi anti-tabac. Je ne vois aucun sens à cette loi.

Au-delà de toute controverse, la nouvelle législation russe sur le tabac ressemble largement à celle en vigueur depuis une vingtaine d'années dans la plupart des pays occidentaux (et sans surprise, le pourcentage de fumeurs ressemble à celui de pays comme la Grande-Bretagne il y a 30 ans [anglais]). 400.000 Russes meurent chaque année de maladies liées au tabac, une forte incitation pour le gouvernement à améliorer la santé publique et introduire des lois anti-tabac. La population russe va t-elle suivre, ou la police est-elle prête à faire respecter ce genre de loi, seul l'avenir le dira.

La mort du cinéaste indien et icône gay Rituparno Ghosh abasourdit ses fans

jeudi 6 juin 2013 à 20:28

[Les liens renvoient vers des pages en anglais] Le talentueux réalisateur Rituparno Ghosh, lauréat de moult prix nationaux et internationaux, est mort dans son sommeil d’un arrêt cardiaque foudroyant le jeudi 30 mai 2013, au matin.

Réputé pour sa narration magistrale et sa représentation sensible des relations humaines, Rituparno était aussi bien connu pour l’extravagance audacieuse avec laquelle il célébrait sa sexualité et choix de sexe alternés, aussi bien de par la façon dont il s’habillait que, ces derniers temps, de par les histoires qu’il relatait dans ses films et jusqu'aux personnages qu’il incarnait dans une poignée de films dans lesquels il faisait son apparition en tant qu’acteur.

Son décès subit a non seulement bouleversé la fraternité du cinéma indien mais aussi les amateurs de cinéma ainsi que les membres de la communauté LGBT qui voyaient en Ghosh une icône militante soutenant leur cause. Plus tard ce même jour, Ghosh a été incinéré avec funérailles d’honneur nationales dans sa ville natale de Kolkata.

Rituparno Ghosh (né le 31 août 1963 – mort le 30 mai 2013) Image fournie par www.bollywoodhungama.com CC-BY-3.0 via Wikimedia Commons

Le caractère soudain de sa mort a beaucoup ému. Deux jours seulement avant son décès, le réalisateur de 49 ans (@rituparnoghosh) avait tweeté qu’il avait achevé le tournage de son dernier film bengali très attendu, un thriller policier basé sur une série mettant en scène un détective bengali populaire. Il a écrit :

@rituparnoghosh:

Tournage de Satyanewshi bouclé, un thriller policier dans l'embrasement de l’après-midi tombant, méditatif, comme en fusion.

Les médias sociaux étaient en effervescence face à la tristesse et à la stupéfaction suscitées par la mort de Rituparno Les internautes discutaient de sa vie et de son œuvre et déploraient également le fait que de nombreuses histoires ne seraient jamais racontées à cause de sa mort prématurée.

Un blogueur reconnaissant son addiction au cinéma et dénommé twopull a publié un article détaillé et réfléchi au sujet du réalisateur et de son art sur son blog Breathe – Ramblings of a Lazy Bong. Il y décrit l’impact que le cinéma de Ghosh a eu sur lui :

Je ne suis pas un réalisateur, un acteur ou encore un intermittent du spectacle. Je ne l’ai jamais connu personnellement. Je ne peux pas le percevoir comme un co-réalisateur, un professeur ou encore un objet de critiques. Je ne peux pas me souvenir de lui avec l’intimité d’un ami… Je le ressens à travers son cinéma. Son cinéma qui m’a parlé durant les deux dernières décennies de ma maturation et de mon vieillissement vers ce seuil qu’est l’âge mûr. M’instruire et me souvenir de la condition humaine. Pas à travers une pédagogie complexe. Mais par de simples et franches vignettes, non moins touchantes, subtiles et intimes.

Le critique de cinéma et chroniqueur Raja Sen a rédigé un article à propos de sa rencontre récente avec le réalisateur et de ses impressions sur l’artiste qu’était Ghosh. Sur son blog personnel, Sen City, il écrit :

Au cours des vingt dernières années, Ghosh fut un réalisateur éminemment important, un artiste sensible qui n’a pas laissé son perfectionnisme entraver sa production vertigineusement prolifique. Ses films furent nombreux, et nous avons tous nos préférés, mais ce qui caractérise la filmographie de Ghosh est, à mon avis, une certaine tendresse dans l’ensemble. C’était comme s’il aimait d'un amour sincère les personnages avec lesquels il peuplait ses films, et les traitait fraternellement, maternellement, et comme des amis proches. Le simple fait qu’un personnage secondaire ait été utilisé comme artifice de l’intrigue ne signifie pas pour autant qu’il peut être mis de côté. Ces personnages avaient de l’importance aux yeux de RituDa, et cette prédilection apparaît plus particulièrement dans plusieurs séquences muettes de ses films.

Et hors des séquences muettes, les mots grésillaient.

La blogueuse Debolina Raja Gupta a ressenti la mort prématurée de Ghosh comme « un jour triste non seulement pour le cinéma indien, mais aussi pour le monde des amoureux du cinéma tout entier ». Elle écrit dans un article sur son blog :

Il a toujours été et restera mon réalisateur favori, et oui, j’étais une des nombreuses personnes qui attendaient avec impatience les nouveautés émanant de sa vision magique. Repose en paix.

L’animateur de télévision populaire Derek O’Brien, qui est également un député originaire du Bengale, a rappelé comment Rituparno avait débuté sa carrière dans la publicité avant de se diriger vers sa passion : la réalisation. Décrivant la personnage lui-même, Derek a écrit sur son blog personnel :

Un homme brave et courageux, prêt à défier l’orthodoxie, Rituparno se sentait à l’aise avec ses choix personnels et sa sexualité. Il a grandi tout en étant particulièrement proche de ma femme et la camaraderie s'est installée. De nombreuses soirées furent passées à débattre de films, de la publicité, de l’environnement social bengali, du mouvement homosexuel, de l’économie de la culture. À chaque fois, Rituparno était le cœur vivant de l’adda.

Des commentaires et condoléances ont également afflué en provenance de la communauté LGBT. Sur Gaysi, le blog gay desi, le blogueur Chicklet a évoqué ses souvenirs sur la façon dont laquelle Rituparno a influé sur le dialogue sur l’homosexualité à travers ses portraits de la fluidité du genre dans ses films. Chicklet a écrit :

Ses œuvres ont permis aux gens de repenser l’homosexualité. Elles n’ont pas porté sur le sexe, mais sur le cœur et l’esprit.

La réputation de Rituparno parmi ses pairs était invulnérable. Il était non seulement sensible, libéral, fluide et respecté, mais aussi mystérieux. Il adorait porter du kajal sur ses yeux. Il pouvait arborer des bijoux sur une kurta et assister à une réception mieux que quiconque à ma connaissance. Il était un véritable héros. Il était là, acceptant sa féminité avec grâce. Il se considérait comme étant privilégié de par sa fluidité du genre ; le fait qu’il était entre les deux. Il ne s’associait à aucun des sexes. Je crois qu’il nous a tous laissés avec une voix à faire entendre !

Il restera dans nos mémoires pour toujours, ses chefs-d’œuvres commémorant ce que nous possédions ou ce que nous avons perdu.

Twitter a été submergé de messages, faisant du Bengale un trending topic tout au long de la journée. Certains spectateurs des salles obscures bengalis ont confié qu’à une époque où ils avaient perdu tout intérêt pour le cinéma bengali, ses qualités et sensibilités s'amenuisant, l’avènement de Rituparno a insufflé un vent de renouveau et a réconcilié les amoureux du cinéma avec les salles :

@oindrila_007 (Oindrila Nag) : Ses films ont été les raisons pour lesquelles je me suis remis à regarder des films bengali depuis le début. Je n’arrive pas à me remettre du fait qu’il n’est plus. R.I.P Rituparno Ghosh.

Des tweets ont également montré que l’attrait pour Rituparno, malgré le fait qu’un grand nombre de ses films était en bangla (seuls quelques uns ont été réalisés en hindi ou en anglais), ne se limitait pas aux spectateurs bengalis régionaux mais que ses histoires avait un rayonnement embrassant l’Inde entière.

@devrup16das (Devrup Das) : 12 RÉCOMPENSES NATIONALES à l’âge de 49 ans seulement ! CE N'EST PAS UNE BLAGUE !! Quel génie… R.I.P RITUPARNO GHOSH

@PKambey (Pratap Kambey) : Rituparno Ghosh fut l’un des plus grands réalisateurs de notre pays, pas seulement du Bengale. Nous le regrettons tellement…

@shaneem (M Shaneem) : Raincoat reste le seul film de Rituparno Ghosh que j’aie vu… Et quelle expérience émouvante ce fut…

RIP Rituparno Ghosh. Tu es parti trop tôt, laissant tant d’histoires jamais racontées.

Première marche LGBTI au Lesotho

jeudi 6 juin 2013 à 17:00

Leila Hall a écrit un billet de blog [en anglais] sur la première gay pride de l'histoire du Lesotho:

Cet événement a été organisé par le MATRIX Support Group – une ONG basée au Lesotho qui défend les droits des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes (LGBTI) dans ce pays. Cette organisation, qui n'est reconnue officiellement que depuis 2010, est, comme la gay pride de cette année, la première de son genre au Lesotho.