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Cours gratuits en ligne consacrés au journalisme de donnnées

samedi 2 mars 2013 à 16:48

KdmcBerkeley propose des cours en ligne de formation en journalisme de données. Les cours, d’une durée d’une heure, permettent d’acquérir les connaissances de base pour travailler avec des feuilles de calcul, des cartes et la visualisation de données. [lien en anglais]

Stéphane Hessel: la jeunesse européenne pleure l'un des siens

samedi 2 mars 2013 à 14:05

Décédé dans la nuit du 26 au 27 février 2013 à 95 ans, celui qui a traversé le XXe siècle, laissera plus qu’une trace dans l’Histoire. Stéphane Hessel a ouvert le chemin du XXIe siècle à une jeunesse désorientée à qui il a transmis expérience, force et espoir. Il s'était confié au Monde des Religions en décembre 2010:

Nous ne sommes nous-mêmes que lorsque nous essayons de nous dépasser, lorsque nous ne nous contentons pas de l’acquis.

Stéphane Hessel parlait de la profondeur des choses avec des mots simples. Ces mots qu’il a trouvés pour parler d’optimisme à une génération maltraitée.  L’homme mettait de l’énergie et de la force dans ses propos, dans ses colères, dans son indignation qu’il aurait dû appeler « révolte ».

L'Europe aura marqué sa vie, de sa naissance à Berlin, de son enfance à Paris jusqu'à sa tournée européenne pour présenter et commenter son ouvrage “Indignez-vous”. Stéphane Hessel  avait confié s'être découvert européen dans le camp de concentration de Buchenwald, où il avait été déporté en 1944 pour faits de Résistance :

Cette expérience m’a ouvert politiquement. Nous étions là, solidaires, à partager un douloureux quotidien entre des milliers d’Européens. Il y avait là un brassage, une génération qui a inventé un monde nouveau dans son opposition au nazisme.

Remerciements des internautes sur la page Facebook Par millions rendons hommage à Stéphane Hessel

Devenu diplomate au sein de l'ONU et dans l'aide au développement, il a fait des droits de l'homme un combat quotidien. Mais c'est l'âge de la retraite, en 1983, qui lui a offert ses plus belles luttes. Engagé pour la défense des étrangers sans-papiers en France dans les années 1990, il se fait remarquer aussi pour sa défense du droit à l’auto-détermination des peuples aux côtés des Sahraouis et des Palestiniens. Il avait expliqué sa position à Philosophie Magazine :

J’ai le sentiment d’appartenir à l’histoire des Juifs, d’autant que la Shoah m’a touché de près. Je me suis enthousiasmé pour le sionisme et la création d’Israël. Mais je ne partage pas le repli d’une partie de la communauté juive. Je déteste l’entre-soi communautariste. Depuis 1967, je refuse la politique de colonisation et de territoires occupés par Israël. Gaza est une prison à ciel ouvert.

Ces positions pro-palestiniennes lui valent aujourd’hui des critiques posthumes très sévères de la part des membres du CRIF (Conseil Représentatif des Institutions juives de France).

En 2010 il écrit « Indignez-vous ! »,  32 pages pour une « insurrection pacifique » qui vont inspirer des centaines de milliers de militants dans le monde :

Aussi, appelons-nous toujours à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation de masse, le mépris des plus faibles et de la culture, l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. A ceux et celles qui feront le XXI ème siècle, nous disons avec notre affection : CRÉER, C'EST RÉSISTER. RÉSISTER C'EST CRÉER.

Hessel avait su capter les mutations sociales et idéologiques des jeunes générations et comprendre les opportunités offertes par les nouveaux moyens d’information et de communication. Il y voyait une possibilité pour les militants de consolider leur révolte :

Je constate avec plaisir qu’au cours des dernières décennies se sont multipliés les organisations non gouvernementales, les mouvements sociaux  […] qui sont agissants et performants. Il est évident que pour être efficace aujourd’hui, il faut agir en réseau, profiter de tous les moyens modernes de communication.

Véritable phénomène éditorial, traduit en 34 langues, et vendu à quelque 4,5 millions d’exemplaires dans 35 pays dont la Chine, le manifeste est devenu le symbole de la contestation “globale” à laquelle il a apporté une caution intellectuelle et savante.

C'est ainsi qu'en 2011 et 2012, le terme d'«indignés» a été repris par des manifestants en France, Espagne, Grèce, Italie, Portugal et jusqu’à New York où il a inspiré le mouvement «Occupy Wall Street». Le pamphlet a aussi été contemporain des soulèvements populaires contre les régimes dictatoriaux arabes.

Une vidéo postée sur Youtube le 27 février rend hommage à Stéphane Hessel en reprenant ses appels adressées aux jeunes en français, en anglais et en allemand associées à des images des manifestations à travers l'Europe:

En Espagne, où Stéphane Hessel a été considéré à tort comme le père du mouvement du 15 mai (15-M), son livre a donné un nom, une visibilité mais aussi une légitimité médiatique aux manifestants devenus “los Indignados”. Juan-Luis Sanchez revient sur le lien entre Stéphane Hessel et le mouvement 15-M:

La aportación más importante de Hessel al 15-M fue la de transmitir, con su edad y trayectoria política, un tipo de credibilidad que los grandes medios necesitaban para poder hablar de las movilizaciones en calle sin sentir que daban voz a lo que caricaturizaban como un latido antisistema. [...] Su palabra, “indignación”, fue un regalo: un ejemplo perfecto para la nada y el todo a la vez. Para esa militancia inclusiva que usaba términos que no dejaran a nadie fuera.

La principale contribution de Stéphane Hessel au mouvement du 15-M a été d’avoir transmis, grâce à son âge et sa trajectoire politique, la crédibilité nécessaire aux grands médias pour parler des mobilisations citoyennes sans avoir l’impression de donner la voix à ce qu’ils caricaturaient comme un souffle antisystème. [...] Son mot, « indignation », fut un cadeau : un exemple parfait pour le rien et le tout à la fois, pour ce militantisme inclusif qui utilisait des termes ne laissant personne de côté.

Mais le magazine en ligne allemand diesseits.de titre:

Der 95-jährige Stéphane Hessel war der ideologische Vater der demokratischen Aufstände weltweit. Von Arabellion bis Occupy Wallstreet kamen die Menschen seiner Aufforderung nach Entrüstung und Einmischung nach .

A 95 ans Stéphane Hessel était le père idéologique de la rébellion démocratique à travers le monde. Du Printemps arabe à Occupy WallStreet, les gens ont répondu à son appel vers l’indignation et l’engagement .
Hommage des Indignés à Marseille- Photo anonyme partagée sur facebook Par millions rendons hommage à Stéphane Hessel

Hommage des Indignés à Marseille- Photo anonyme partagée sur facebook Par millions rendons hommage à Stéphane Hessel

 

Sur son blog, ALL JUX écrit :

Stéphane Hessel a réveillé l'esprit critique, le sens humain et la raison. Il a encore su initier le mouvement d'indignation politique qui se répand sur les continents en publiant un tout petit livre par le nombre de ses pages mais d'une puissance sans mesure par la portée de ses propos.

La blogueuse portugaise Helena Araujo sur le blog 2 dedos de conversa écrit :

Indignez-vous! Engagez-vous! – é a consciência do século XX que nos fala, a voz de um homem livre que atravessou o pior e o melhor que o século passado nos legou”.

Indignez-vous! Engagez vous!- c'est la conscience du XXe siècle qui nous parle, la voix d'un homme libre qui a traversé le pire et le meilleur de ce que le siècle passé nous a légué.

 

Rassemblement en mémoire de Stéphane Hessel à Bastille (Paris) le 27/02/2013- Photo de Célia Bonnin pour Par millions rendons hommage à Stéphane Hessel

Rassemblement en mémoire de Stéphane Hessel à Bastille (Paris) le 27/02/2013- Photo de Célia Bonnin pour Par millions rendons hommage à Stéphane Hessel

Sur la page Facebook Par millions rendons hommage à Stéphane Hessel, Rüdiger Bender exprime sa gratitude:

Wir denken voller Dankbarkeit an Stéphane Hessel …dankbar für ein Leben exemplarischer Menschlichkeit und tapferen Engagements für die unantastbare und gleiche Würde aller Menschen … dankbar für seine Fragen und Anstöße und noch mehr für seine Ermutigung für uns und sein Vorschußvertrauen auf uns: dem gilt es nun gerecht zu werden.

Nous devons une pleine reconnaissance à Stéphane Hessel…reconnaissant pour une vie d’humanité exemplaire et des engagements courageux en faveur d’une dignité inviolable et égale de tous les êtres humains…reconnaissant pour ses questions et son impulsion et encore plus pour ses encouragements pour nous et pour sa confiance en nous : à nous désormais de nous montrer à la hauteur.

Sur la page facebook en Hommage à Stéphane Hessel, Sweekitt Carlson s’exclame :

Un résistant est mort, pas la Résistance! 

Une pétition demande son entrée au Panthéon :

Nous souhaitons ardemment que la pédagogie civique et la mémoire collective témoigne de l’importance de l’esprit de résistance. Parce qu’avec Stéphane Hessel, c’est une vie consacrée à l’intérêt général et au service d’une certaine idée de la France qu’il s’agit d’honorer.

Dès l’annonce de son décès, le 27 février, 500 à 700 personnes lui ont rendu hommage à Place de la Bastille à Paris. Une marche populaire sera organisée le 7 mars, jour de ses funérailles.

 

 

[Ce texte a été écrit avec l'aide des contributions de Pauline Ratzé, Paula Goes et Katrin Zinoun].

Australie : Sport, dopage, matchs truqués et crime organisé

vendredi 1 mars 2013 à 20:54

[Billet d'origine publié le 11 février 2013 - tous les liens sont en anglais]

S'il existe une religion nationale en Australie, c'est bien le sport sous toutes ses formes. Cette passion commune à tous les Australiens est actuellement mise à rude épreuve. Des allégations sur la prise de substances illicites et des matchs truqués, en lien avec le crime organisé, ont provoqué sur Internet une vague d'indignation et une déferlante de clichés. Les saints succomberaient-ils au péché ?

Après les récents scandales qui ont eu lieu à l'étranger, le sport australien a vécu, le 7 février 2013, son « jour le plus sombre ». C'est à cette date que la commission australienne chargée de la lutte contre la criminalité (ACC, Australian Crime Commission) a publié son rapport sur le crime organisé et le dopage dans le sport.

[Attention : multiples clichés !]

Dans leur blog The Conversation, Mike Pottenger et Ciannon Cazaly ont publié un billet cinglant intitulé Not fun and games: organised crime and sport (Ce n'est pas une partie de plaisir : crime organisé et sport) :

Australian Crime Commission report

Rapport de l'Australian Crime Commission

 

Le problème ne se résume pas à quelques joueurs malhonnêtes et sans scrupules. Il y a certes quelques brebis galeuses mais les athlètes de haut niveau sont tous fortement encouragés à prendre des substances améliorant la performance ou l'image corporelle (PIEDs – Performance and Image Enhancing Drugs).

Les deux blogueurs craignent que cela ait de profondes répercussions sur l’application de la loi :

… les réseaux qui introduisent clandestinement des PIEDs dans le pays peuvent également faire le commerce d'autres produits illicites, comme les drogues dures ou les armes.

… [cela] consiste à corrompre des fonctionnaires ou à se servir de ceux qui sont déjà corrompus.

Jon Kudelka, dans sa caricature A Sporting Chance (Une chance de gagner), compare la belle époque où les stars du sport telles que le joueur de cricket Don Bradman étaient de vrais « saints » et la nôtre où c'est la seringue qui est reine.

A Sporting Chance

A Sporting Chance – avec l'aimable autorisation de Jon Kudelka

De nombreux amateurs de sport ont saisi l'utilité de prendre du recul. Jack the Insider, dans son blog, ironise sur le fait que tricher, selon l'expression anglaise, n'est « pas du cricket ». Cette expression traditionnelle évoque les notions d'esprit sportif et de fairplay qui caractérisent le jeu. Il se penche également sur le cas d'un autre héros du cricket, le capitaine anglais Dr W.G. Grace, dont la réputation de tricheur reste intacte depuis plus d'un siècle :

La triche dans le sport remonte aux origines du sport lui-même.

… Les gains dans le sport professionnel se chiffrent en millions. À l'époque de Grace, il s'agissait simplement de battre son adversaire coûte que coûte. Aujourd'hui, les clubs sportifs des différents types de football joués en Australie doivent faire face à des révélations embarrassantes et dommageables selon lesquelles ils auraient participé à des associations de malfaiteurs.

Que les athlètes puissent tricher ne devrait plus étonner aucun supporter sportif.

Le site Internet satirique The Shovel craint que la langue anglaise en pâtisse plus que le passe-temps national. Un club de l'AFL (Australian Football League, grand championnat national de football australien) avait anticipé la publication du rapport de l'ACC et demandé une enquête sur l'utilisation de « suppléments ». The Shovel commente :

À peine apprenait-on que les joueurs d'Essendon avaient probablement été forcés de s'injecter des produits dopants, qu'on a pu également constater des injections de clichés dans leurs interviews.

… Un porte-parole de l'équipe d'Essendon a déclaré que le club prenait ces allégations au sérieux et qu'il collaborerait à toute enquête. « Cette semaine, le club de footy [NT : terme familier pour football australien] va examiner de près les vidéos afin que nous puissions ensuite tourner la page, tirer un trait sur cet incident et aller de l'avant en pratiquant un bon jeu en toute transparence. »

Le football, sous toutes ses formes (Rugby League, Rugby Union, soccer et AFL), s'est retrouvé dans l’œil du cyclone.

Sarah Joseph, avocate des droits de l'homme et passionnée de tweets sportifs, a vu juste :

‏@profsarahj : j'en ai assez d'entendre parler de corruption et de dopage dans le sport australien. Donnez des noms ! ACC, parlez ou taisez-vous ! Sinon, c'est trop injuste de mettre tout le monde dans le même sac.

Le rapport de l'ACC a une portée restreinte car il ne tient compte que de quelques sports en particulier. Kerri Pottharst, médaillée d'or de beach-volley aux Jeux Olympiques, ne veut pas être logée à la même enseigne que les joueurs de footy :

‏@kerripottharst: Par pitié… C'est insensé de dire que c'est le jour le plus sombre pour le sport australien ! Comme si le « sport australien » se résumait au football… http://fb.me/1wW1d7wTE

Plusieurs personnes lui ont manifesté leur soutien en cliquant sur le lien ci-dessus qui mène à la page Facebook de la sportive.

Les amateurs australiens de sport, quant à eux, se rongent les ongles et se demandent si leurs clubs ou joueurs favoris sont mêlés à toutes ces histoires de tricherie. Bek soutient des équipes dans deux variantes de football. Elle est plutôt persuadée que ses équipes favorites ne sont pas coupables :

@BekkieBee: concernant toutes ces rumeurs de dopage dans le sport, je peux affirmer en toute tranquillité que mes 2 équipes, les Parra et les Suns ne sont certainement pas impliquées et probablement pas la NSW #enufsaid

[Note personnelle de l'auteur : mon club d'AFL favori est le St Kilda, « les Saints ». Au cours des années, nous avons développé tout un art de la défaite ou, comme nous aimons le dire ici de façon caricaturale, de « transformer en défaite une victoire annoncée ». Il est impensable qu'une organisation criminelle ait pu corrompre notre équipe pour perdre.]

Paradoxalement, l'AFL a mené des enquêtes sur le tanking [pratique visant à perdre délibérément afin d'être avantagé pour la sélection des joueurs]. ‏Nick Fairlie s’interroge sur des questions d'éthique :

‏@Nickfairlie: Qu'est-ce qui choque le plus un supporter : perdre délibérément ou tricher pour gagner ? #tanking #doping

Le plus étrange dans cette longue histoire est de supposer que les paris sportifs sont de plus en plus mal vus. Le très respecté blogueur Greg Jericho pense sans aucun doute que nous devons contrôler les mouvements d'argent.

@GrogsGamut: « Les paris truqués sont un problème bien plus important que le dopage :  analyste ». Hélas, je crois qu'il a sans doute raison – http://bit.ly/11wiFqC

Mais là, c'est une autre histoire. Dans ce scandale, nous ne traitons qu'une seule accusation à la fois.

Le Portugal n'oublie pas le rire avant d'aller manifester

vendredi 1 mars 2013 à 20:09

Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur l'Europe en crise.

Au milieu de leur combat contre la politique de rigueur, les Portugais harassés par la crise n'ont pas oublié le rire.

Tout en poursuivant les hommes politiques dans leurs apparitions publiques avec la chanson historique et révolutionnaire Grândola, Vila Morena, au Portugal on s'élève contre les hausses d'impôts draconiennes et les coupes budgétaires de façon créative, non-violente, et amusante.

L'humour est une tactique efficace “quand ceux qui sont concernés par la question ne sont pas consultés”, selon les 10 Tactiques du Collectif de Technologie Tactique. Avec la supervision de l'économie portugaise par la troïka (regroupant la Banque Centrale Européenne, le Fonds Monétaire International et la Commission Européenne), les Portugais exclus du processus décisionnel du pays trouvent une cible sans surprise dans les absurdités du pouvoir politique.

Le plus grand ennemi de l'autorité est le mépris et le plus sûr moyen de la saper est le rire.

– Hannah Arendt

Puis-je avoir votre numéro de contribuable ?

Demander des tickets de caisse sous le nom des ministres fait fureur. Depuis janvier 2013, une nouvelle mesure réglementaire impose des amendes allant jusqu'à 2.000 euros aux consommateurs qui ne demandent pas de ticket de caisse. Une liste de numéros d'identification de contribuables [en portugais] de plusieurs ministres n'a pas tardé à se répandre sur les réseaux sociaux.

"To identify a pimp, use the adequate number." Image by Filipe Roque shared on the Facebook page "Eu já pedi factura em nome de ministros" (I´ve already asked for a receipt under the name of a minister).

Une collection de tickets de caisse scannés  et ‘crowdsourcés’ est en train d'être chargée sur la page Facebook “Eu já pedi factura em nome de ministros” (‘J'ai déjà demandé un ticket de caisse au nom de ministres', avec plus de 2.500 ‘j'aime’ à la publication de ce billet). Cette image, de Filipe Roque, a pour titre, “Pour identifier un parasite, utilisez le numéro adéquat.”

Qu'on l'appelle “vengeance contre l'austérité” ou “détournement” des affaires fiscales des ministres, dans les termes de médias étrangers, il reste que des milliers de factures au nom de ministres [en portugais] inondent les services des impôts et sèment la pagaille dans le traitement des déclarations de revenus des hommes politiques.

Qui tweete ça ?

Pour rire un coup sur Twitter, on peut s'abonner à “Pedro le premier ministre” (@Passos_PM), un avatar fantaisiste du premier ministre Pedro Passos Coelho (aussi sur Facebook). Mais ne soyez pas déçu s'il ne vous suit pas : il n'est abonné qu'à la chancelière allemande Angela Merkel (@Angela_Merkel) et son ministre des Finances Wolfgang Schäuble (@Wolf_Schauble).

Le 22 février 2013, il a tweeté :

O Sr. Ministro Gaspar deseja saber quem foram os 500 engraçadinhos q compraram 500 calculadoras com factura em nome dele.

M. le Ministre [des Finances] Gaspar veut savoir qui étaient les 500 plaisantins qui ont acheté 500 calculettes avec une facture à son nom.

Quelques jours plus tard, il faisait cette réflexion :

Durante o ajustamento temos vindo a acumular credibilidade. Também acumulámos recessão, falências e desemprego, mas não servem p negociar.

Pendant l[e programme d]‘ajustement, nous avons accumulé de la crédibilité. Nous avons aussi accumulé de la récession, des faillites et du chômage, mais ils ne servent pas dans les négociations.

Ajoutant :

Aos portugueses e às famílias deixo um conselho: não têm pão, comam credibilidade.

Aux Portugais et aux familles, voici mon conseil : si vous n'avez pas de pain, mangez de la crédibilité.

Sur Twitter lui aussi, et son blog, Manuel Parreira (@manuelparreira) a sa manière particulière de tourner en dérision la gauche portugaise avec des arguments d'extrême-droite.

Par exemple, il suggérait, le 6 février 2013 :

Porque não encerrar metade dos hospitais? Ao menos mantínhamos a TAP e a RTP.

Pourquoi ne pas fermer la moitié des hôpitaux ? Au moins on gardera la TAP [la compagnie aérienne publique, en cours de privatisation] et la RTP [la radio-télévision publique, également en voie d'une privatisation contestée comme l'a décrit Global Voices].

Il fait souvent des satires de la société portugaise, comme dans cette série de tweets début février où il se moquait de ses compatriotes pleurnichant sur Twitter et du discours dépassé et indigeste du Parti Communiste, et exposait la bureaucratie inepte au niveau européen. Ainsi, un tweet où il endosse le personnage d’Edite Estrela, députée européenne du Parti Socialiste portugais (PS), dit :

TwitEstrela: Estou numa reunião para estabelecer o regulamento preliminar para a uniformização das cores Pantone dos semáforos europeus.

TwitEStrela: Je suis dans une réunion pour établir le règlement préliminaire pour l'uniformisation des couleurs Pantone des feux de circulation européens.

Subvertir les personnages publics

Le journal The Independent l'a appelé “l'arnaqueur qui a dupé un pays entier“. Artur Baptista da Silva était interviewé en long et en large par la presse portugaise comme un expert de l'économie, avant qu'il s'avère avoir des diplômes fabriqués et une expérience nulle de ce qu'on l'invitait à expliquer.

Diverses pages de médias sociaux ont été consacrées à la satire de l'imposture : un blog Tumblr et une page Facebook appelée Eu trabalhei na ONU com o Artur Baptista da Silva (J'ai travaillé à l'ONU avec Artur Baptista da Silva) [en portugais] avec des visuels retravaillés de “Artur Baptista da Silva, consultant bénévole de l'ONU, à divers endroits” :

"Me, at UN's Christmas party".

“Moi, à la fête de Noël de l'ONU”

Une photo de fin 2012 montre un manifestant en maillot de bain sexy fuschia tenant une pancarte avec l'inscription “J'ai les dossiers des sous-marins !” La déclaration impertinente fait allusion à un accord opaque entre l'actuel ministre des Affaires Etrangères Paulo Portas [en portugais], qui était ministre d'Etat et de la Défense en 2004, et le Consortium allemand de sous-marins (GSC), qui a coûté entre 712 millions et un milliard d'euros de fonds publics, comme indiqué sur Wikipedia :

Le prix de l'acquisition est venu à échéance en 2010 et a été un facteur important de la crise budgétaire qui a éclaté cette année-là et a conduit aux accusations politiques de ce qui serait appelé en portugais le caso dos submarinos (l'affaire des sous-marins).

Lorsque des enquêteurs ont commencé à s'intéresser à l'affaire, qui avait des relents de corruption, Paulo Portas, considéré comme un suspect par le procureur, fit savoir que le dossier d'achat des sous-marins “avait disparu”.

"I have the documents of the submarines!" Photo shared by RiseUP Portugal.

“J'ai les dossiers des sous-marins !” Photo partagée par RiseUP Portugal en août 2012.

Les Portugais comptent descendre dans les rues une fois de plus samedi 2 mars 2013 pour une manifestation organisée par le mouvement Que se Lixe a Troika (Que la troïka se fasse f…) [en portugais], né du succès de la manifestation massive de  septembre 2012.

Ce billet fait partie du dossier de Global Voices sur l'Europe en crise.

Trinité-et-Tobago : Des idées pour le Carnaval

vendredi 1 mars 2013 à 17:43

Mark Lyndersay propose quelques suggestions [en anglais] à Allison Demas, Présidente de la Commission Nationale du Carnaval de Trinité-et-Tobago, après son premier et difficile carnaval à ce poste.