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Porto Rico fait défaut sur sa dette pour la première fois de son histoire

mardi 11 août 2015 à 13:57
The brunt of the government's default is hitting Puerto Rico's ordinary citizens the hardest. Image taken by OliverZena and released into the public domain.

Les petits épargnants sont les plus touchés par le défaut du gouvernement sur sa dette. Image de OliverZena, domaine public

Pour la première fois de son histoire, Porto Rico n'a pas remboursé une échéance de 58 milliards de dollars US, sur une dette d'un montant total de 483 milliards de dollars, qui arrivait à échéance le 3 août. Ces 58 milliards sont dans leur plus grande partie prêtés par des Portoricains ordinaires à travers des caisses d'épargne qui avaient acheté des bons du trésor de la Corporación para el Financiamiento Público de Porto Rico.

Le gouvernement a choisi de faire défaut pour des raisons stratégiques. Les créanciers (en majorité de simples épargnants) n'ont pas de recours légaux devant les tribunaux, contrairement aux créanciers étrangers.

Porto Rico est-elle la Grèce des Caraîbes ?

Porto Rico et la Grèce sont devenus des sujets d'actualité dans le monde entier. Des comparaisons entre les deux pays sont faites depuis au moins deux ans (voir un article de Global Voices de 2012, “Puerto Rico: The New Greece?“).  Mais la situation de Porto Rico pourrait bien être plus complexe, et même plus douloureuse, que celle de la Grèce.

Avoir une dette de 72 milliards et devoir la payer, aux termes de la Constitution du pays, n'est pas le plus gros problème : Porto Rico n'a pas de structure juridique permettant de restructurer cette dette.

Une loi votée l'an dernier par le parlement portoricain aurait permis aux entités publiques de se déclarer en faillite mais les tribunaux fédéraux américains l'ont déclarée non constitutionnelle quelques semaines plus tard. Les tribunaux fédéraux ont statué que seul le gouvernement fédéral américain pouvait légiférer sur les questions liées aux banqueroutes, argument pour le moins pervers, étant donné que Porto Rico n'a pas été autorisé à se déclarer en faillite aux termes de la loi américaine qui le permet, le ‘Chapter 9″ du Code des impôts. Résultat : Porto Rico ne peut pas recourir aux lois fédérales américaines pour restructurer sa dette mais ne peut pas non plus voter ses propres lois.

L'unique option envisageable, semble-t-il, est de persuader le Congrès américain de voter une loi qui pourrait accorder un statut légal spécial. Comme l'écrit Sergio Marxuach du Center for a New Economy récemment:

Ce dont Porto Rico n'a pas besoin en ce moment est davantage d'austérité, parce que la capacité à rembourser sa dette dépend essentiellement d'une relance de la croissance économique. Dans le même temps, il ne peut pas y avoir de reprise économique sans dette supportable, et cela, encore une fois, n'est pas possible sans restructuration importante d'au moins une partie de sa dette.

Luis Gallardo Rivera, dans le magazine numérique La Respuesta, propose une alternative intéressante, mais improbable que le gouvernement pourrait utiliser pour sortir de l'impasse:

Les rédacteurs de la Constitution de Porto Rico, d'un autre côté, ont introduit dans son article 6, section 2, une interdiction de dépenser plus de 15% des revenus en dette publique. Cet article stipule que le remboursement des dettes doit avoir lieu avant toute autre dépense publique. Le gouvernement de Porto Rico a traditionnellement respecté cette priorité pour la dette de Porto Rico mais seulement 14,7 milliards de ses dettes sont adossés à cette clause constitutionnelle. Les analystes, comme les politiciens, se référent à cette distinction en appelant les autres dettes “extra-constitutionelles”. Certains […] considèrent la nature extra-constitutionnelle de la dette publique comme illégale et donc nulle. […] Mais il est peu probable que le gouvernement adopte cette position.

Le Congrès américain a refusé de résoudre cette crise. Auparavant, la Maison blanche avait déclaré qu'elle garderait également ses distances et n'interviendrait pas dans les problèmes budgétaires de Porto Rico (comprendre qu'il n'y aura pas de sauvetage). Cependant, le président Obama a dit publiquement que le Congrès devrait agir pour que Porto Rico possède le cadre législatif nécessaire pour restructurer sa dette. Il rejoint de nombreuses autres voix influentes qui ont plaidé pour que le Congrès fasse le nécessaire, depuis la candidate à la présidentielle Hillary Clinton jusqu'aux rédacteurs en chef du New York Times. Il reste à voir si le Congrès américain suivra leur conseil.

Un journal mexicain lance une édition en langue maya

lundi 10 août 2015 à 22:54
Imagen de la edición de La Jornada Maya publicada en Twitter por @YUCATANALMINUTO.

Photo de l'édition maya de La Jornada, quotidien du Mexique, publiée sur Twitter par @YUCATANALMINUTO.

La Jornada, l'un des journaux les plus importants du Mexique, a récemment lancé une édition en langue maya. Elle sera publiée quotidiennement à Mérida, la capitale de l'Etat de Yucatán au sud-est du Mexique.

D'après l'Institut national des statistiques et de la géographie du Mexique, le maya est la deuxième langue indigène la plus parlée au Mexique avec environ 800 000 locuteurs, précédée par le nahuatl. La plupart d'entre eux se trouvent dans les Etats mexicains de YucatánCampecheQuintana RooTabasco, et Chiapas.

L’institut explique qu'au Mexique, environ 6,6 millions de personnes parlent une langue indigène, ce qui représentait 6.5% de la population en 2010. Ce chiffre est en diminution depuis 1930, quand il s'élevait à environ 16% de la population.

Le maya est également parlé dans des pays d'Amérique Centrale, à Belize et au Guatemala. Il fait partie de l'héritage de la culture maya, célèbre pour sa richesse littéraire et architecturale, comme le prouvent les structures de Tikal au Guatemala et Chichén-Itzá au Mexique.

Voici comment La Jornada a présenté sa nouvelle édition en langue maya :

Con dos plataformas, una digital y otra de papel, la franquicia más reciente del periódico nacional La Jornada se publica con la intención de responder a las necesidades informativas de la sociedad yucateca, cambiante, diversa y culta, con todas las herramientas del periodismo.

Echamos mano de la noticia que no se conforma con la versión oficial, sino en presentar todos los ángulos de los hechos; la perspectiva editorial insistirá en dar voz a movimientos y actores sociales; la vocación del periodismo crítico; la crónica que narra hechos sin perder capacidad del asombro; el reportaje que profundiza y cuestiona; la entrevista que indaga y sostiene diálogos inteligentes y amenos con los actores políticos, sociales y culturales; el editorial, el artículo y la columna rigurosos e independientes.

Avec deux plateformes, l'une numérique et l'autre sur papier, la franchise la plus récente du journal national La Jornada est publiée avec l'intention de répondre aux besoins d'informations de la société du Yucatán, qui est diverse, changeante et éduquée, en utilisant tous les outils du journalisme.

Nous ne faisons pas conformer les informations à la version officielle, au contraire nous présentons les faits sous tous les angles ; la publication essaie de donner une voix aux mouvements sociaux et à leurs représentants ; la vocation de journalisme critique ; la capacité de donner des informations tout en créant l'étonnement ; le reportage qui approfondit et questionne ; l'interview qui va dans les détails et qui crée des dialogues intelligents et agréables avec des figures politiques, sociales ou culturelles ; la ligne éditoriale, l'article et la tribune rigoureux et indépendants.

Le site Chilam Balam a questionné l'initiative de distribuer ce quotidien en langue maya :

Un periódico diario editado en lengua maya y en español, destinado a toda la Península de Yucatán… ¿Es esto en verdad posible? En un contexto donde la cultura maya se ha usado sólo para “vender” turismo, en un contexto social donde la gente la han avergonzado de declararse maya y las instituciones educativas menosprecian nuestra cultura y especialmente nuestro idioma ¿es esto en verdad posible?

Un quotidien en maya et espagnol, destiné à toute la péninsule de Yucatán. Est-ce vraiment possible ? Dans un contexte où la culture maya n'a été utilisée que pour “vendre” du tourisme, dans un contexte social où les gens ont eu honte de s'appeler mayas, et où les institutions éducatives dévalorisent notre culture et surtout notre langue, est-ce vraiment possible?

Sur l'importance d'avoir une publication en maya, le linguiste Enrique Martín Briceño explique :

Todavía hoy son muchos los que ignoran que el maya yucateco es un idioma –como el español, el náhuatl, el inglés y el chino– y que lo hablan más de 800 mil personas en Yucatán, Campeche y Quintana Roo. Muchos son también los que no saben que el maya peninsular es la lengua indígena mexicana con el mayor número de hablantes y que cuenta con una importante literatura colonial y una floreciente literatura contemporánea (el Premio Nezahualcóyotl de Literatura en Lenguas Mexicanas 2014 lo obtuvo la narradora maya Sol Ceh Moo).

Encore aujourd'hui, beaucoup ignorent que le maya du Yucatán est une langue comme l'espagnol, le nahuatl, l'anglais ou le chinois, et que plus de 800 000 personnes le parlent dans le Yucatán, le Campeche et le Quintana Roo. Beaucoup ignorent également que le maya péninsulaire est la langue indigène mexicaine avec le plus grand nombre de locuteurs, qu'il a une grande littérature coloniale et que sa littérature contemporaine est florissante (le romancier Maya, Sol Ceh Moo, a remporté le prix Nezahualcoyotl 2014 pour la littérature en langue mexicaine).

Il ajoute :

Así pues, en una región donde la lengua maya tiene tal número de hablantes –no se trata de una lengua minoritaria, sino de una lengua minorizada–, en una zona donde la cultura indígena tiene tal vitalidad –y no solo en el medio rural: Mérida y Cancún son en gran medida mayas–, la presencia del idioma y la cultura originarios no puede reducirse al ámbito familiar y a los contados espacios públicos que hasta ahora se les han otorgado.

Ainsi, dans une région avec un si grand nombre de locuteurs mayas, il ne s'agit pas de langue minoritaire, mais marginalisée. Dans un endroit où la langue indigène a tant de vitalité, et pas seulement dans les zones rurales (Mérida et Cancun sont en grande partie mayas), la présence de la culture et de la langue originaires ne peut pas rester réduite à l'environnement familial et aux quelques espaces publics qui lui ont été attribués jusque maintenant.

L'utilisateur Twitter Martin del Mar se réjouit de la diffusion du journal :

Le meilleur quotidien mexicain arrive dans la péninsule du Yucatán. La Jornada Maya sera diffusée à Mérida aujourd'hui. Félicitations !

Chakz Armanda a annoncé qu'il en serait un des contributeurs.

La Jornada Maya arrive à Yucatán, et j'y contribuerai régulièrement. Emparez-vous de votre exemplaire gratuit !

La version nationale de La Jornada est un tabloïd avec une position critique envers le gouvernement, toujours aligné avec le discours des partis politiques du pays qui s'identifient comme “de gauche”, parmi lesquels Parti de la révolution démocratique, et le plus récent Mouvement Régéneration nationale. Clarin (Chili) et la BBC (Royaume-Uni) sont quelques unes des organisations associées avec l'édition nationale du journal.

Pour sa deuxième étape de distribution, La Jornada Maya prévoit d'atteindre les Etats de Quintana Roo et Campeche, au sud est du pays. En cas de succès, il s'agira alors d'une des initiatives les plus intéressantes entreprises pour préserver et rendre présente une langue amérindienne risquant de tomber en désuétude et peut-être de s'éteindre.

Les communistes russes veulent surfer sur la vogue des selfies

lundi 10 août 2015 à 22:37
Russian Communists want to make Lenin hip again—using the power of selfies. Images mixed by Tetyana Lokot.

Les communistes russes veulent remettre Lénine dans le vent, grâce à la mode des selfies. Photo-montage de Tetyana Lokot.

[Billet d'origine publié en anglais le 2 août] Se prendre en selfie est devenu un passe-temps controversé en Russie, surtout depuis que la police a qualifié l'activité de “dangereuse” en lançant une campagne spéciale appelant à réduire les risques et en faveur de “selfies sans danger“. Mais les Russes adorent les selfies et rien ne les en privera.

Les communistes ont pris le train en marche et avancé l'idée d'une flashmob nationale de “Selfies avec Lénine”, selon eux moyen “économique et efficace de populariser auprès de la jeunesse l'image de la figure de proue du prolétariat mondial”. Dans un appel à Guennadi Ziouganov, président du Parti communiste russe, l'Union de la jeunesse communiste-léniniste de la république russe des Komi a aussi argué que la flashmob permettrait de faire un inventaire de toutes les statues de Lénine qui parsèment le pays. Une idée déjà testée par ces jeunes militants en avril 2015.

Ziouganov a déclaré au journal Izvestia son soutien enthousiaste à cette initiative.

Идея очень правильная, тем более что благодаря ей мы сможем увидеть, в каком состоянии находятся памятники Ленину. Непременно поддержим. Думаю, Владимир Ильич будет благодарен.

Une idée très juste, d'autant qu'elle nous permettra de constater l'état des monuments à Lénine. Nous la soutenons totalement. Je suis sûr que Vladimir Ilitch [Lénine] [nous en] sera reconnaissant.

Réagissant à cette proposition de campagne au nom de l'ONG russe d'histoire et de défense des droits de l'homme Mémorial, Nikita Petrov a parlé de “domestication du tyran” et de “tentative pour banaliser Lénine”, concluant à une manoeuvre désespérée qui ne sauvera pas le “régime communiste”.

Les selfies avec Lénine apparaissent déjà régulièrement sur l'Internet russe, même si la plupart des photos expriment plus de sarcasme que de sincère adulation pour la figure de Lénine. En juin, les médias russes ont relaté un incident drôlatique dans la ville de Prokopievsk (district de Kemerovo) : un ivrogne local avait disloqué une statue de Lénine en voulant y poser pour un selfie.

TJournal a fouillé Instagram, et en a ramené une abondante moisson de selfies russes avec statues diverses et variées de Lénine de tout le pays, généralement avec le hashtag #селфислениным (#selfieaveclénine).

#селфислениным

A photo posted by Sandra_st (@bird_sandra) on

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Photo de bird_sandra : #selfieaveclénine

My name is Bond. Вова Bond. Вова Ильич Bond. #Россия #Москва #лето #парк #музеон #лол #Ленин #Вова #Бонд #Russia #Moscow #summer #park #lol #fun #smile #Lenin

A photo posted by Андрей (@andrsonl) on

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Photo de andrsonl : Je m'appelle Bond. Vova Bond. Vova Ilitch Bond. [Vova est le diminutif russe de Vladimir]

#селфислениным #grutoparkas #дядяленинговоритмамунадослушаться

A photo posted by @murzique on

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Photo de murzique: #selfieaveclénine #grutoparkas [Un musée de plain-air de symboles soviétiques, en Lituanie] #onclelénineditquilfautobéiràmaman

First kiss. #kiss #Lenin #ulanude #sunnyday #happy #Ленин #уланудэ #солнечныйдень

A photo posted by Darima Song (@moonlighttdz) on

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Photo de moonlighttdz à Oulan-Oudé: Premier baiser.

Le RuNet, à son habitude, s'est approprié la plaisanterie. Les internautes ont aussitôt affirmé que la campagne de selfies n'était qu'un premier pas, et que d'autres usages possibles de Lénine et sa célèbre représentation étaient sa location pour les fêtes et les mariages, et la promotion du tourisme étranger en Russie grâce à sa “marque” (ce qui a déjà été fait, clin d'oeil supplémentaire).

Ilitch a bien voulu et nous l'a ordonné.

D'autres commentateurs ont souligné le ridicule de cette campagne et ont suggéré de rassembler les symboles du communisme dans un parc d'attraction, ce qui débarrasserait le paysage de toutes les statues et plaques de rues inopportunes.

La Russie se targue actuellement de plus de 6.000 monuments à Lénine à travers le pays, et les autres Etats post-soviétiques ne sont pas en reste. A noter que l'Ukraine a vu déboulonner nombre de statues de Lénine pendant le mouvement contestataire d'Euromaïdan puis au long de la guerre contre les supplétifs russes en Ukraine orientale, un phénomène surnommé Ленинопад (Chute de Lénine). La Russie a aussi connu des tentatives de démontage : une statue de Lénine devant la gare de Finlande à St. Pétersbourg s'est retrouvée avec un large trou à l'arrière-train suite à une explosion le 1er avril 2009.

Comment les médias sociaux ont aidé la population à faire face aux inondations qui frappent le Myanmar

lundi 10 août 2015 à 15:19
Inspecting the flood situation in the town of Bago. Photo from the Facebook page of Aung San Suu Kyi

Contrôle de l'état des inondations dans la ville de Bago. Photo de la page Facebook de Aung San Suu Kyi

D’importante inondations au Myanmar, dues aux fortes pluies de mousson durant plusieurs jours et à l'impact du Cyclone Komen, ont déjà touché 330.000 personnes dans 12 états différents et ravagé plus de 4.000km² de terres agricoles. C'est la catastrophe naturelle la plus importante qui frappe le pays depuis le cyclone Nargis qui avait tué plus de 100.000 personnes en 2008. Mais contrairement à 2008 où la population devait s'en remettre à la seule information diffusée par le gouvernement, les habitants peuvent aujourd'hui suivre les avancements des inondations sur les réseaux sociaux.

Chit Win, étudiant en doctorat à l'Université Nationale Australienne, observe que, grâce aux médias sociaux, les habitants peuvent vérifier l'impact des inondations:

Lors du Cyclone Nargis on avait très peu d'informations et on a été prévenu très tardivement de la situation et des mesures prises face à la catastrophe. Cette fois l'inondation est couverte à la minute par les médias sociaux et on peut constater comment les autorités interviennent, en bien ou en mal.

Outre l'information en temps réel sur les inondations, les médias sociaux ont incité beaucoup de gens à faire des dons ou a organiser des missions de secours. Les hashtags Twitter les plus populaires pour mobiliser les bénévoles sont #MyanmarFlood et #SaveMyanmar.

Ma Khin Zar Mon, militant du groupe Facebook People to People, constate la généralisation de l'usage des médias sociaux aujourd'hui comparé à 2008 où les outils en ligne étaient très peu répandus:

A cette époque là nous avions très peu de groupes de bénévoles. Cette année, il y a beaucoup de bénévoles qui se proposent pour aider. Naturellement les médias sociaux jouent un rôle important.

C'est aussi sur les médias sociaux que les victimes de l'inondation peuvent se plaindre de la lenteur de l'aide. Une vidéo virale sur Facebook montre comment les militaires ont gâché des secours en faisant tomber un sac de riz dans l'eau boueuse.

Et c'est sur Facebook que le gouvernement s'est excusé pour cette erreur:

Nous sommes désolés d'apprendre que des sacs de secours sont tombés dans la boue et que d'autres se sont déchirés. Nous allons tout mettre en oeuvre pour qu'un tel incident ne se renouvelle pas.

De son côté un jeune fonctionnaire des Services de l'Irrigation, s'est rendu célèbre en donnant régulièrement des informations sur les barrage d'irrigation afin de riposter à la rumeur qui courrait en ligne que de nombreux barrages avaient été détruits.

A l'heure où cet article a été écrit il était déjà suivi par 24.000 personnes sur Facebook.

Map of flooded regions in Myanmar

Carte des régions inondées au Myanmar. Bureau des Nations Unies pour la coordination des Affaires Humanitaires.

Place à la solidarité

En attendant, certains ont développé leur créativité pour envoyer de l'aide aux victimes, comme cet ancien navigateur qui a fabriqué un bateau avec des bouteilles de plastique vides:

Un ancien navigateur a fabriqué un bateau en bouteilles plastique pour venir en aide aux victimes des l'inondation au #Myanmar

Les dessins humoristiques ci-dessous reflètent ce que beaucoup ressentent: un grand sens de la solidarité d'une part mais aussi de la déception face à la lenteur avec laquelle le gouvernement réagit:

Donnons un coup de main

Je pense que la côte est claire maintenant!

Une catastrophe en partie causée par l'homme

Les dégradations environnementales sont à l'origine de la grave inondation qui frappe le Myanmar. Mais comme le fait remarquer Ko Aye Chan Maung, un autre étudiant de l'Université Nationale Australienne, on aurait pu faire beaucoup plus pour atténuer les effets des pluies diluviennes.

La déforestation, les pratiques d'exploitation de la terre contraires au développement durable, les projets de barrages et le manque d'initiatives politiques en ce qui concerne la gestion des risques de catastrophes naturelles ont aggravé les effets des pluies torrentielles de ces derniers temps.

Les barrages sur les fleuves et les rivières et le blocage de l'écoulement naturel des eaux ont contribué à inonder des parties du pays qui n'auraient pas dû l'être. Le manque de sérieuses stratégies de gestion des risques a amplifié le phénomène.

Comme en 2008, la communauté internationale s'est rapidement mobilisée pour porter secours aux régions inondées ces derniers jours. La chef de l'opposition Aung San Suu Kyi lance un appel pour demander une aide supplémentaire pour la reconstruction des villages détruits.

“Ils ne peuvent pas prendre notre drapeau!”: Madagascar indigné par les Jeux des Iles de l'Océan Indien 2015

dimanche 9 août 2015 à 18:03

Marthe Ralisinirina levant le drapeau de Madagascar lors de la cérémonie de remise des médailles aux Jeux des Iles de l'Océan Indien 2015. (Capture d'écran à partir d'une vidéo)

Les Jeux des Iles de l'Océan Indien 2015 à La Réunion étaient censés être une célébration de la camaraderie et de l'esprit sportif. Mais il est fort probable qu'on se souviendra de ces jeux pour les multiples incidents organisationnels et affronts nationaux apparents qui ont déclenché une indignation patriotique et des accusations de néocolonialisme de la part du pays hôte.

Les Jeux des Iles de l'Océan Indien existent depuis 1976. Un évènement multisport qui se tient tous les quatre ans entre les athlètes de sept pays de l'Océan Indien—l'Ile Maurice, Seychelles, Comores, Madagascar, Mayotte, La Réunion, Maldives—les jeux s'efforcent de promouvoir la coopération régionale, développer le sport et renforcer la compréhension mutuelle dans le même esprit que les Jeux olympiques. Cependant, la plupart des observateurs diraient que l'édition 2015 des Jeux a très peu contribué à atteindre le dernier de ces objectifs.

La pagaille la plus frappante a eu lieu le 7 Aout à la suite d'une cérémonie de remise de médaille en athlétisme, et a déclenché des appels à la résistance patriotique à travers la communauté en ligne à Madagascar (“Ils ne peuvent pas prendre notre drapeau!” à la William Wallace). La malgache Marthe Ralisinirina, championne du 3000m steeple, est montée sur le podium pour recevoir sa médaille d'or, levant le drapeau de son pays au dessus de sa tête. Catherine Paoli, membre du comité organisateur, a couru vers le podium et a arraché le drapeau des mains de Ralisinirina. Voici la vidéo de l'incident:

Catherine Paoli a expliqué plus tard que le règlement officiel interdit le déploiement de tout drapeau outre le drapeau Olympique à ce stade de la cérémonie. Le drapeau a été rendu à Marthe Ralisinirina après la remise des médailles.

Mais l'explication de Catherine Paoli n'a pas aidé à apaiser l'affront perçu au symbole national de Madagascar. Et l'incident a provoqué plus de colère lorsqu'on a découvert que le drapeau français a été affiché lors de la cérémonie de remise des prix pour les athlètes de Mayotte.

Screen Capture of  athletes from Mayotte raising the French flag at medal ceremony

Capture d'écran des athlètes de Mayotte levant le drapeau français lors de la cérémonie de remise des médailles

La situation de Mayotte a causé des polémiques avant même le début des Jeux. Mayotte est un territoire français (comme l'île de La Réunion), mais fait également partie de l'archipel des Comores,  un compromis a déjà été décidé, où les athlètes de Mayotte seraient présentés sous le drapeau et l'hymne Olympiques. Cependant, le comité des Jeux a annoncé que pour l'évènement 2015 que les athlètes de Mayotte joueraient sous le drapeau français et l'hymne nationale français serait diffusé lorsqu'ils sont présentés dans le défilé de présentation. Les Comores ont réagi à cet affront en se retirant de la compétition.

Après l'incident avec les Comores, un nouveau protocole a été rapidement introduit interdisant tous les drapeaux et hymnes lors des cérémonies des médailles. Dans un évènement sportif qui est censé mettre en valeur la fierté nationale, la décision a laissé beaucoup d'observateurs perplexes. Comme le dit Nassimah Dindar, membre du Conseil Régional de La Réunion:

Au nom de quoi peut-on demander à des sportifs français, mauriciens, maldiviens, malgaches, seychellois, ou, s’ils étaient présents, comoriens, de camoufler leurs symboles nationaux alors même qu’ils en sont les porte-drapeaux et qu’ils font la fierté de leurs concitoyens ?

Autres affronts à l'équipe de Madagascar : le fait que plusieurs athlètes malgaches n'ont pas reçu leur visa à temps pour assister aux jeux et que des membres de la famille des athlètes se sont vus refuser l'entrée à la cérémonie d'ouverture. Certains officiels malgaches se sont vus refuser l'accès au stade. Des athlètes de Maurice et Seychelles se sont également vus refuser l'accès au cafétéria dédié aux athlètes.

L'indignation a été suffisamment grande en ligne pour qu’une pétition demandant des excuses formelles de la part du gouvernement français et le retrait immédiat de Madagascar des jeux soit créée.

La pétition et le tollé général ont obligé le gouvernement de Madagascar à demander des excuses officielles de la part des organisateurs des Jeux et du gouvernement français.

Le 7 Aout, les organisateurs des Jeux des Iles de l'Océan Indien ont envoyé une lettre d'excuses formelles au ministre malgache du sport.