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En Asie Centrale, les Présidents chantent, les opposants aussi

dimanche 27 octobre 2013 à 23:08

Dans l'Asie Centrale post-soviétique, les Présidents cultivent leur image de chefs forts et paternalistes. Du haut de leurs millions de portraits, ils regardent leurs populations qu'ils instruisent par écrans de télévision et pages de journaux interposés. Certains d'entre eux sont immortalisés en statues et monuments. et pourtant certains de ces “pères” et “leaders” [anglais] de leurs nations aiment rappeler à leurs peuples qu'eux aussi sont des êtres humains. Ils dansent et chantent.

Tadjikistan

Au Tadjikistan, une vidéo du président Emomali Rahmon dansant au mariage de son fils est devenue virale en mai 2013. Si des internautes n'ont pas apprécié [anglais] l'exubérance de leur chef d'Etat à cette noce, d'autres ont estimé [anglais] que la vidéo montrait que le président était après tout “un vrai homme, normal”. 

Une partie de la vidéo controversée montre le président Rahmon en duo avec un populaire chanteur tadjik. Ils chantent en tadjik la beauté de leur pays, pendant que plusieurs hauts personnages dansent :

En commentaire sous la vidéo, quelqu'un écrit [tadjik] :

зур месарояд неки. хаккатан зур. агар президент намебуд, ситораи эстрада мешуд, дар туйхо баромад мекард.

Il chante bien. Vraiment bien. S'il n'était pas président, il aurait pu devenir pop star et chanter aux mariages.

Kazakhstan

Le “leader de la nation” Nursultan Nazarbaiev ne se contente pas de chanter, il joue aussi d'un instrument de musique.

Les internautes qui réagissent à la vidéo semblent aimer sa façon de chanter. Farida Salmenova commente [russe] sous la vidéo :

Ya priyatno udıvlena!!! ne znala, 4to on tak klassno poyet!!!

Je suis agréablement surprise !!! Je ne savais pas qu'iI chante aussi classe !!!

Ouzbékistan

Islam Karimov, l'indéboulonnable dirigeant de l'Ouzbékistan préfère ne pas chanter en public. mais il danse :

Mais qu'il danse laisse froids les internautes de son pays, en effet la plupart des commentaires sous la vidéo sont acerbes. Ainsi, Kate Malaïev écrit [russe] :

Urod. Vsyu stranu iskalechil. Narod v nishete sidit a on plyashet.

Le monstre. Il a estropié tout le pays. Le peuple est dans la misère et il danse.

Si Karimov s'abstient de chanter en public, les gens qui désapprouvent sa façon de gouverner chantent contre lui. Une chanson en anglais récemment chargée sur YouTube invite le “roi des rois au pays du coton” à céder la place :

Traductions en “externalisation ouverte” : votre jeu vidéo en Inuktitut

dimanche 27 octobre 2013 à 16:45

Implantée sur le beau village de Pangnirtung, au Nunavut, la région arctique de l'Est du Canada, Pinnguaq est une initiative de localisation de logiciel: une entreprise spécialisée dans l'adaptation de la programmation informatique aux différentes langues, aux exigences techniques et particularités régionales du marché cible. Le Nunavut, le plus récent territoire du Canada, est aussi le plus vaste et celui dont la population est la plus éparpillée. Conséquence de cette géographie difficile et isolée, la technologie joue un rôle crucial dans la fourniture des services de base.

La mission de Pinnguaq est d'adapter ce logiciel populaire en inuktikut, la langue indigène des Inuits, et de mieux refléter la culture locale. En Juin 2013, ils ont sorti une version en langue Inuktitut du jeu iPad le plus vendu, Osmos.

Pour rendre cela possible, le jeu a été traduit en externalisation ouverte (crowdsourcing). Cette façon de faire, de plus en plus utilisée comme outil de développement international, peut être une stratégie extrêmement et incroyablement efficace pour obtenir de l'information à travers la participation de plusieurs personnes et elle s'est révélée être d'une étonnante réussite.

Pour en savoir davantage sur le rôle des jeux vidéos dans cette région arctique à majorité indigène, nous avons pris contact avec le fondateur de Pinnguaq, Ryan Oliver. Il nous a entretenu sur le potentiel de la technologie numérique et du jeu parmi les Inuits, la puissance et l'importance du jeu dans la langue indigène, et la stratégie de l'externalisation des traductions.

Pinnguaq_logo_final

Rising Voices : Comment a débuté Pinnguaq ?

Ryan Oliver : Pinnguaq a commencé au milieu de 2012 comme résultat de ma passion personnelle pour la programmation et en particulier pour les jeux. Mon fils – et plus récemment ma fille – ont eu un intérêt aux jeux grâce à mes passions personnelles et à l'accessibilité des appareils comme l'iPad pour les enfants dès un ou deux ans. Au même moment il y a des enfants dans la communauté (de Pangnirtung) qui viennent souvent chez nous et jouent avec la grande collection de jeux que nous avons dans notre maison. Je fais de mon mieux pour partager avec mes enfants et leurs amis, l'accès que j'ai aux jeux et à la technologie .

En regardant un enfant jouer un jeu appelé “Inexploré” j'ai réalisé sur la Playstation que jouer, pour la plupart du temps, est vraiment une expérience “de blanc”. Les héros sont souvent blancs (et masculins, d'ailleurs), les histoires viennent de faits historiques occidentaux et les concepts sont directement issus de l'Occident, en particulier la façon dont le blanc de l'Amérique du Nord conçoit la vie telle que définie par les massmédia en particulier le blanc de l'Amérique du Nord et Hollywood durant les 50 dernières années. Ces enfants n'étaient pas en train d'entendre la langue qu'ils parlent à la maison ou à l'école dans ces jeux et ils ne voient pas de manifestation de leur culture à travers les médias qu'ils consomment.

Ceci n'a rien de nouveau. APTN [Réseau de Télévision du peuple Aborigène] était une réponse au manque de médias aborigènes à la télévision, mais il n'y a rien pour les jeux ou la technologie…

Je pense que [Pinnguaq] est une formidable opportunité de montrer aux enfants comment il est possible de réussir et de s'exprimer dans ce secteur d'activité. Le Nunavut est un territoire très artistique et l'expression culturelle et personnelle est ici une seconde nature. Le jeu offre une autre chance de progresser sur l'histoire artistique et des faits dans ce territoire. La pente d'apprentissage est raide (codage), mais il y a de la place dans cette industrie pour les artistes, les conteurs, les animateurs, les acteurs et vraiment n'importe qui. Alors avant tout, Pinnguaq est entrain de dire à Nunavummiut, “Vous avez de la place dans cette activité, il y a des gens prêts à vous ouvrir des portes ici”…

Photograph courtesy of Rachael Petersen

Photo Rachael Petersen, avec sa permission

Quelle est la mission de Pinnguaq ? Pourquoi jouer en langue est important pour les Inuits et les autres communautés indigènes ?

La mission de Pinnguaq a plusieurs facettes. Le plus important est l'adoption de la technologie à promouvoir, la défense et le partage de la culture et des idées des Inuits et du Nunavut à travers le monde. Nous travaillons présentement sur des projets qui utilisent la technologie pour diffuser la langue, la mythologie, et aussi bien plus que des projets de développement à volets économiques comme une application mobile pour faire la promotion touristique dans le territoire. Je peux apporter sur la table une richesse d'expérience et de contacts dans l'industrie de la technologie et c'est mon intention d'apporter cela à Nunavummiut, aux Inuits et à ma communauté pour aider à répandre cette culture et ce territoire dans tous les coins de la terre.

Jouer dans les langues indigènes est quelque chose qui m'excite vraiment et je m'attends à un engouement croissant.

Tout d'abord admettons une chose, ce n'est pas une idée commerciale géniale.

Les jeux peuvent coûter des centaines de millions de dollars à produire, et pour 99,9 % des entreprises là-bas prendre quelques instants sur leur emplois de temps débiles pour traduire un jeu dans une langue qui n'est accessible qu'à une minorité de la population n'est pas quelque chose de concevable dans une industrie basée sur le capitalisme. Cependant, cela ne signifie pas que cela ne devrait pas être fait. Cela signifie simplement que ces entreprises ont besoin d'orientation et de suivi de la part des gens vivant dans ces communautés et les représentant pour aider à s'assurer que la localisation peut se faire au coût minimal de production.

C'est important parce que ces enfants sont en train de consommer ce média, de toute façon. Les enfants au Nunavut sont un matière première lorsqu'il s'agit de jeux comme n'importe quels autres dans le monde. Ils sont branchés à Call of Duty, ils sont obsédés par la Saga Candy Crush sur Facebook, ils vont à l'école en jouant à Mario sur leur DS. Rendre ces mêmes expériences de jeux, là où c'est possible, disponibles dans leur langue est une étape importante dans la validation de la langue pour ces enfants et dans l'assurance qu'ils comprennent que cela a de la valeur en dehors de leur communauté…

Parmi tous les jeux, pourquoi avez-vous décidé de localiser Osmos ?

La réponse la plus rapide est qu'Osmos nous séduit. La plus longue, l'explication la plus détaillée est qu'ils étaient des partenaires très enthousiastes et qu'ils croyaient vraiment à sa valeur intrinsèque. En fait, chaque entreprise que j'ai contactée était enthousiaste et cela m'a vraiment encouragé dans la mission…

Lorsque j'ai exposé le jeu à Hemisphere Games [les fabriquants de Osmos], c'était quasiment instantané. Ils ont immédiatement compris sa valeur pour la communauté ici et étaient soucieux de le soutenir. Au fait, j'ai présenté à trois entreprises en même temps (au cas où quiconque dirait “non”), et toutes les trois étaient entièrement partantes. Osmos a été finalement choisie parce que le dialogue dans le jeu est au minimum et cela a été vu comme un excellent point de départ. Il n'y avait que 300 phrases/termes qui devaient être traduits et c'était un processus technique beaucoup plus facile que ce que cela aurait pu être avec d'autres jeux. Osmos avait du sens et les développeurs n'ont pas hésité une seconde.

[Note de l'auteur: Hemisphere Games a écrit sur tout le processus sur son blog].

La réaction a été très positive. Les gens sont excités qu'il y ait une application en inuktitut dans la boutique App, que la langue se diffuse et gagne en reconnaissance.. Cela n'a été que du positif.

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Pour les autres lecteurs qui peuvent être intéressés par le logiciel de localisation pour leur langue, pouvez-vous expliquer comment vous avez intéressé et fait adhérer les gens aux traductions en externalisation ouverte ?

J'ai eu la chance d'être impliqué dans plusieurs initiatives de communauté et de levée de fonds ici à Pangnirtung et j'ai utilisé des techniques similaires pour faire adhérer Nunavummiut à cette traduction avec un vif intérêt. Le tout a été une affaire de Facebook et de prix.

L'engouement pour Facebook à Nunavut est dingue. Je parierai, par habitant, que Nunavut a une plus forte densité sur Facebook que tout autre province/territoire/état en Amérique du Nord.

Nunavummiut a crée des tas de groupes pour chaque communauté et intérêt et nous sommes constamment en contact les uns avec les autres, les 2 millions de kilomètres carrés de surface physique rendus infiniment petits par la possibilité de se connecter les uns aux autres de façon numérique.

Nous avons lancé la campagne d'externalisation la semaine précédant la sortie du nouveau “iPad Mini”.. et nous avons fait de l'iPad Mini le Grand Prix pour un traducteur participant tiré au sort. J'ai crée un “questionnaire” en ligne qui présentait à l'utilisateur 15 termes du jeu sélectionnés au hasard. L'utilisateur devait juste se connecter, répondre au questionnaire et il était ainsi inscrit pour le tirage de l'iPad Mini. La réponse a été instantanée. Il y en avaient certains qui l'on fait pour soutenir la langue et le concept, il y en avaient d'autres qui voulaient remporter l'iPad. En tout et pour tout 86 personnes ont participé. Le jeu lui-même a été traduit à l'équivalent de 4,5 fois au total. A la fin j'étais capable de fouiner à travers une base de données de traductions, et ensuite je les ai fait utiliser par mon équipe dans Pangnirtung pour choisir les meilleurs expressions. Par la suite nous avons testé le jeu dans des foires commerciales et avec des amis dans la communauté, en modifiant quelques traductions au fur et à mesure.

Quels sont les défis de l'externalisation ouverte des traductions dans un contexte médiatique numérisé ? Comment opérez-vous l'externalisation dans un territoire aussi vaste que le Nunavut ?

[Le] plus important inconvénient est le dialecte. Lorsque vous êtes inclusifs et que vous établissez une traduction de cette manière, vous sollicitez les dialectes et opinions de 25 communautés uniques, chacune avec son dialecte légèrement unique – et dans certains cas extrêmement différent. Si vous observez le document de traduction que nous avons produit, vous verrez vite à quel point les traductions sont différentes. C'est aussi stimulant que difficile. Dans un certain sens, nous avons produit une traduction qui est réellement “Nunavut”. Elle représente chaque dialecte, chaque région.

Au même moment, nous avons effectué une traduction qui sur une base quotidienne, n'est parlée par personne présentement. Je ne peux énumérer le nombre de fois où durant la phase de test bêta nous avons eu des gens disant, “Oh.. bien.. c'est un dialecte différent, mais je comprends ce que vous êtes en train de dire”. Les expériences ont donc été très variées. Je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure solution. Il aurait été très facile d'embaucher un seul traducteur et de lui faire traduire tout le jeu en un après-midi.

Mais le processus d’[externalisation] était beaucoup plus une affaire de vulgarisation du jeu qu'une opération de production d'une traduction complète. Il s'agissait beaucoup plus de faire prendre aux gens conscience de l'existence sur le territoire de personnes intéressées et voulant localiser les jeux que de s'assurer que la traduction soit la meilleure expression d'un dialecte.

Comme je l'ai mentionné ci-dessous, malgré la lenteur de notre internet, le territoire est très connecté et très technophile. Je n'avais pas de problème du point de vue technique. Les gens ont immédiatement compris le questionnaire et Facebook/Twitter nous ont permis de diffuser le message à chaque coin du territoire en moins d'une heure.

Ryan explique plus loin le processus d'externalisation dans cette vidéo :

Quels sont les défis de la localisation de logiciel en langue Inuktitut en particulier ?

Après que le jeu fut lancé et que la presse commença à couvrir l'évenement, nous avons reçu quelqu'un du Comité de la Langue signalant des erreurs d'orthographe que nous avons faites selon l'officiel “système d'écriture normalisé pour Inuktitut”. Je n'était pas avisé de l'existence d'un tel système.

Une chose que j'ai apprise par des années de travail avec l'Inuktitut et de tentatives de production de documents écrits est que vous ne satisfaites jamais tout le monde. Et même, rarement quelqu'un lorsqu'on essaie de transcrire.

Cela mène à d'autres défis de localisation en Inuktitut. Osmos est un jeu avec tout un texte écrit, et l'Inuktitut est d'abord et avant tout une culture orale. Écrire n'a jamais fait partie de la culture et c'est seulement l'invasion des missionnaires qui mena au système écrit. Ceci étant dit, l'écriture syllabique a été adoptée par la plupart des Inuits et le système d'écriture perdure et joue un rôle dans un territoire de plus en plus occidentalisé. Il est difficile de travailler avec ce système. Sur plusieurs aspects, la localisation aurait été plus facile en la faisant oralement. La langue se prête elle-même à la traduction orale plus facilement. Cependant, elle est aussi très coûteuse et prohibitive en technologie. Le coût de l'enregistrement de quelqu'un qui fait de la voix sur des textes (et de bien le faire), et ensuite d'insérer ceux-là dans un jeu est énorme ; avec une localisation écrite il suffit d'éditer un fichier unique…

Quelle est la prochaine étape pour Pinnguaq ?

Nous avons un certain nombre de projets à développer. Le premier sera le lancement de notre première application originale pour iPad dénommée “Songbird”. Elle devrait sortir en début septembre et va s'atteler à promouvoir la culture et la langue Inuit en enseignant la langue par la musique. C'est un peu une sorte d'expérimentation pour voir s'il est facile (et quels sont les meilleurs moyens) d'enseigner la langue à travers la musique. C'est quasiment fait, nous sommes en train d'effectuer les réglages en ce moment.

Au même moment nous travaillons sur trois nouveaux projets :

Dans le futur proche (20 Juillet), le Musée de l'Art Inuit Toronto tiendra une exposition dénommée L'Art du Jeu, observant la représentation Inuit dans le jeu et les jeux. Pinnguaq joue un grand rôle dans cela. Songbird and Osmos seront tous les deux des membres de la collection et des oeuvres de l'exposition. Je serai sur place en septembre pour parler du processus de développement de ces jeux et des projets/ et de l'énoncé de mission de l'entreprise.

Pour en savoir plus sur Pinnguaq, visitez leur site, aimez leur page Facebook et suivez-les sur Twitter sur leur compte @Pinnguaq.

Zambie : Une augmentation de trop pour le salaire du président

dimanche 27 octobre 2013 à 11:51

[Liens en anglais] A peine l'écho de la voix du ministre zambien des finances, Alexander Chikwanda s'était éteint après sa présentation du budget au parlement annonçant le gel des salaires des fonctionnaires pendant deux ans, que le site Zambia Watchdog déterrait un décret daté du 8 octobre 2013, augmentant le salaire du président Michael Sata en même temps que celui d'autres titulaires de fonctions constitutionnelles.

President Michael Sata addressing parliament. Picture used with permission from Lusaka Times.

Le Président Michael Sata s'adressant au Parlement. Photo utilisée avec la permission du quotidien Lusaka Times.

Il s'agit d'un décret que le gouvernement aurait souhaité enterrer parmi les documents que les citoyens ne doivent pas connaître car la colère qu'il a causée a conduit le président Sata à offrir de renoncer à son augmentation de 10 %, à condition que les députés de l'opposition fassent de même pour eux.

Rompant le silence sur l'augmentation du salaire présidentiel, Zambian Watchdog, qui a été bloqué par le gouvernement zambien, a indiqué:

Trois jours après avoir augmenté le salaire du Président Sata et de ses ministres, le ministre des finances Alexander Chikwanda a déclaré au parlement lors de sa présentation du budget 2014 qu'il y aurait un gel des salaires des fonctionnaires pour les deux prochaines années et qu'il n'y aurait pas de recrutement dans le secteur public [...]. La dernière augmentation du salaire de M. Sata a été faite en plein milieu des grèves d'infirmières et de sages-femmes pour réclamer de meilleurs salaires.

 

La dernière augmentation de salaire du président Sata était la troisième depuis qu'il a pris ses fonctions en septembre 2011.

Le ministre du travail, Fackson Shamenda, un ancien chef du Congrès des syndicats zambiens, a justifié l'augmentation du salaire présidentiel en disant que le Président Sata était le chef d'Etat le moins bien payé dans la région de la Communauté des Etats d'Afrique australe (SADC), ajoutant que :

Les gens devraient être heureux que l'on améliore les conditions de vie des autres. Certes, dans le monde d'aujourd'hui nous devrions être fiers que notre président soit le moins bien payé dans la région.

M. George Chellah, le porte-parole du Président Sata a publié un communiqué, en ligne avec la déclaration de M. Shamenda, expliquant la procédure :

C'est lorsque la Commission du Règlement a déterminé le montant minimum que le ministre des Finances publie le décret correspondant [...]. En fait, cette année, la Commission, qui comprend des membres de l'opposition au Parlement, s'est réunie et a proposé une augmentation de 10 % en tenant compte des ressources nationales et nonobstant le fait que les fonctionnaires du secteur public aient bénéficié d'augmentations allant de 0 à plus de 150 %.

Un autre ministre, Edgar Lungu, en charge des affaires intérieures, a communiqué la volonté du président de renoncer au minimum :

Le Président dit que c'est bien, mais nous avons parlé aux partis de l'opposition, l'UPND et le MMD, et ils disent qu'ils nous soutiennent et qu'ils pensent même que ce n'est pas assez. Demandez aux élus de l'opposition au parlement pourquoi ils critiquent cette augmentation alors qu'ils l'ont approuvée au sein de la Commission. 

Au contraire, le site de Mywage a montré que le président Sata était en fait l'un des chefs d'Etat les mieux rémunérés selon Zambian Watchdog :

Selon une compilation par  ‘My Wage’, le Président Sata, jusqu'à la semaine dernière [avant son augmentation de salaire] avait un salaire équivalent à 845.436,00 rands sud-africains par an, soit 3.382,00 rands par jour.

Dans un billet publié sur le site Zambian Watchdog, M. Michelo Hansungule, un professeur de droit zambien résident en Afrique du Sud, a demandé au président Sata d'annuler l'augmentation de son salaire :

Le président doit renoncer en annulant son augmentation de salaire et prendre ses responsabilités de leader plutôt que de renvoyer puérilement la balle à une commission du Parlement. Cela devrait être facile pour lui de le faire étant donné qu'il réfute sa responsabilité ainsi que celle de son entourage préférant l'attribuer à une commission du Parlement et en particulier aux membres de l'opposition dans ladite commission ; ce qui signifie à l'en croire que la décision n'émane pas de lui et que c'est quelqu'un d'autre qui est en train de mettre l'argent des contribuables sur son compte sans son consentement.

L'impression générale est que pour l'homme qui a passé dix ans dans l'opposition et probablement dépensé une fortune pour organiser le Front patriotique (PF), un parti qu'il a créé seul et dirigé comme un fief personnel, veut essayer de récupérer sa mise de toutes ces années. 

L'iHub de Nairobi et ses réalisations

dimanche 27 octobre 2013 à 01:06

Erik Hersmann explique [EN] ce que l'iHub, centre des technologies de Nairobi, a accompli durant ses premiers trois ans et demi d’existence :

L'iHub a ouvert ses portes en mars 2010, il y a donc trois ans et demi. Depuis, beaucoup de choses se sont produites ici. De nombreuses personnes me demandent ce que l'iHub a réalisé. La meilleure réponse qui me vient à l’esprit est d’énumérer tout ce dont à quoi je peux penser. Voici donc une liste assez complète, même si je suis sûr d’avoir oublié certaines choses.

Mais avant cela, il convient peut-être d’expliquer pourquoi l’existence de tels centres technologiques est importante. Ils ne sont pas là uniquement pour les start-up. D’ailleurs, notre vision de l’incubation et des produits en 2010 se limitait aux activités nécessaires avant l’incubation en tant que telle et aux contatcs avec d’autres projets et des investisseurs. Les lieux comme l'iHub existent pour permettre à cette communauté de se rassembler. Nous nous engageons dans d’autres activités qui font défaut sur le marché (expérience utilisateur, incubation, recherche, etc.), mais celles-ci font partie d’un même objectif plus large : offrir un lieu propice aux découvertes pour les personnes de ce secteur.

Attentat suicide de Volgograd : La lettre d'une écolière musulmane

samedi 26 octobre 2013 à 19:30
Russian special forces training in the North Caucasus. Screenshot from Youtube video published by hardingush.

Les forces spéciales russes s'entraînant dans le Nord-Caucase. Capture d'écran de Youtube publiée par hardingush.

RuNet Echo traduit rarement des articles de blogs dans leur intégralité, mais dans ce cas précis, nous faisons une exception. Suite à l'attentat à la bombe [article de Global Voices] commis à bord d'un bus à Volgograd par une femme kamikaze, qui avait coûté la vie à 6 personnes et blessé des dizaines d'autres, une jeune fille musulmane a écrit une lettre au blogueur anonyme hardingush [article de Global Voices], un soldat des forces spéciales russes opérant au sein d'une équipe anti-terroriste dans le Nord-Caucase et tenant un blog sur son activité. Dans cette lettre, la jeune fille aborde les inquiétudes, craintes et espoirs ressentis par de nombreux Russes musulmans à l'heure actuelle. Hardingush a publié [russe] cette lettre en supprimant les informations personnelles de la jeune fille et en corrigeant son orthographe, car comme celui-ci l'a écrit, “elle contient des informations importantes qui donnent de l'espoir pour l'avenir…”. Nous pensons nous aussi que cela est important. Voici donc la lettre dans son intégralité :

Салам тебе, Хардингуш!

Я читаю все, что ты пишешь. Почти с самого начала, как ты начал вести блог. Спасибо за то, что ты показываешь людям другой Кавказ. Настоящий. Мне очень нравится как ты пишешь. Я живу в Волгограде. Наша семья приехала сюда из ______. Учусь в ______ классе _______ школы. В Волгограде я живу уже больше 6 лет. Я, конечно, мусульманка. Никогда у меня здесь не было проблем из-за моей религии или национальности. Но когда произошел терракт, родители запретили мне ходить в школу. Они боялись, что меня могут обидеть. Многие девушки, мусульманки тоже не пошли в школы и институт, потому что тоже боялись, что вся вина будет возложена на нас. Мы переписывались с ними в интернете и все друг другу советовали вообще никуда не выходить. 

Позвонила учительница, она тоже волновалась за меня. Я ей сказала, что пока не буду ходить на уроки. Она отнеслась к этому с пониманием. Мне звонили одноклассники, тоже волновались за меня. Я тоже ответила, что пока не могу ходить в школу. На следующее утро ко мне в дверь позвонили одноклассники. Они сказали мне, собирайся, мы будем сопровождать тебя в школу и  домой столько времени, сколько понадобится и никому не позволим обидеть. Все они – русские мальчишки и девочки. Даже мама моя заплакала, когда услышала.

Просто хотела с тобой поделится. Ты недавно писал про народ и про то, что все равнодушны к другу другу. Это не так. Меня провожают в школу и из школы мои русские братья и сестры – я так их называю теперь, потому что не могу называть просто одноклассниками. Мы, мусульмане, против террористов. И никогда их не поддерживали. Не публикуй мое письмо, потому что мне плохо дается русский язык и я допускаю много ошибок. Но, если будешь писать в блоге, исправь, пожалуйста, ошибки и не пиши мое имя и где я учусь. Я их только для тебя написала. Просто хотела рассказать тебе, что у нас не все так плохо. 

Salaam, Hardingush!

Je lis tout ce que tu écris. Presque depuis le tout début, quand tu as commencé ce blog. Merci de montrer aux gens l'autre Caucase. Le vrai Caucase. J'aime vraiment ta façon d'écrire. J'habite à Volgograd. Notre famille a quitté ______ pour s'installer ici. Je suis en classe de ______, à l'école de ______. Je vis à Volgograd depuis 6 ans. Je suis bien sûr musulmane. Je n'ai jamais eu le moindre problème à cause de ma religion ou de ma nationalité. Mais quand l'attaque terroriste a eu lieu, mes parents m'ont interdit d'aller à l'école. Ils avaient peur que quelq'un s'en prenne à moi. Beaucoup de filles musulmanes ne sont pas allées à l'école ou à l'université, parce qu'elles avaient peur que nous soyons montrées du doigt. Nous nous sommes écrit les unes aux autres sur internet et nous nous sommes mutuellement conseillé de ne pas quitter notre domicile du tout. 

Ma professeure m'a appelée, elle se faisait du souci pour moi. Je lui ai dit que pour le moment, je ne viendrais pas à l'école. Elle a été très compréhensive. Mes camarades de classe m'ont aussi appelée, ils s'inquiétaient aussi. Je leur ai également dit que pour le moment, je ne pouvais pas venir à l'école. Le matin suivant, ils ont sonné à ma porte. Ils m'ont dit “prends tes affaires, on va t'accompagner à l'école et te raccompagner chez toi aussi longtemps qu'il le faudra, et on ne laissera personne te faire de mal”. Ils sont tous Russes. Même ma mère s'est mise à pleurer quand elle a entendu ça. 

Je voulais juste te dire ceci. Récemment, tu as écrit à propos des gens et de leur indifférence les uns envers les autres. Ce n'est pas vrai. Mes frères et mes soeurs m'accompagnent à l'école – Je les appelle comme ça à présent, parce que je ne peux pas seulement les appeler mes camarades de classe. Nous, les musulmans, sommes contre les terroristes. Nous ne les avons jamais soutenus. Ne publie pas cette lettre, parce que je ne parle pas très bien le russe et je fais beaucoup d'erreurs. Mais si tu la publies, corrige mes fautes s'il te plaît, et ne dévoile pas mon nom ni celui de mon école. Je les ai écrits seulement pour toi. Je voulais juste te dire que les choses ne vont pas si mal.