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Mauritanie: Serions nous devenus moins cléments que le prophète Mohamed ?

mercredi 5 février 2014 à 23:08

Suite à l'inculpation pour apostasie de Mohamed Cheikh Ould Mohamed, forgeron âgé de 28 ans, par un tribunal de Nouadhibou (ville située à 465 kilomètres au Nord de Nouakchott), pour avoir critiqué sur Internet et mis en doute certaines des décisions du Prophète Mohamed (PSL) concernant le jihad (guerre sainte),  le Pr ELY Mustapha, auteur d'une vingtaine d'ouvrages dans de nombreuses disciplines (droit, économie, finances publiques, NTIC, littérature etc) et consultant international, a écrit sur kassataya.com :

Nul ne peut revêtir la condition du Prophète Mohamed, être unique, ni se substituer à lui. Mais si toute personne peut se faire passer pour un imam, jusqu’à preuve du contraire, personne ne veut revêtir la condition sociale de « forgeron ». Et quand le forgeron s’exprime pour dénoncer sa condition, c’est l’imam, être faillible, qui extrapole les paroles d’un opprimé au nom d’un Prophète, infaillible, libérateur des opprimés, pour le mettre aux fers.

Jusqu’où ira-t-on pour brandir l’Islam en toute occasion et détruire des vies. Sommes-nous devenus moins clément que le prophète Mohamed  lui-même ? Pourquoi cet acharnement contre un individu qui veut dénoncer sa vile condition sociale en justifiant ses propos par des écrits qui ne sont pas les siens ?

Une société qui entretient des castes et considère une partie de ses enfants comme des sous-hommes, des forgerons a-t-elle d’ailleurs le droit de s’en offusquer ? Et si cela était ne devrait-elle pas prendre exemple sur son Prophète pour pardonner et conseiller pour remettre celui qui faute dans le droit chemin.

Vous avez de l'acné ? La Corée du Sud va taxer votre traitement

mercredi 5 février 2014 à 20:35

Votre poussée de boutons est-elle imposable ? En Corée du Sud, le ministre des finances répond Oui.

Au début du mois de février, un nouveau système d'imposition sera instaur”, taxant de 10% [anglais] la chirurgie relative à l'apparence et à la beauté. La loi dite “de beauté “n'inclut pas seulement l'archiconnue chirurgie plastique, comme par exemple la rhinoplastie, la chirurgie bimaxilaire ou le gonflement des lèvres, elle s'intéresse aussi aux traitements de la peau comme le cas classique de l'acné.

Le nouvel impôt, proposé l'été passé, a pour objectif de freiner le nombre croissant d'opérations cosmétiques, mais dès sa publication, il a rprovoqué une levée de boucliers. Les plus critiques croient [coréen, comme les liens suivants] que la mesure est seulement une augmentation des impôts sous l'apparence d'une loi de santé publique. De nombreux internautes soulignent que la nouvelle loi ne va pas changer l'obsession des apparences dans la société sud-coréenne, et pour autant, n'affectera pas les personnes qui veulent à tout prix se soumettre à ces traitements.

Alors qu'approche l'entrée en vigueur de cette nouvelle loi, une taxe, de 10% sur les traitements contre l'acné, semble avoir ranimé l'animosité. Ci-dessous, on peut trouver quelques-uns des twitts où les usagers montrent leur mécontentement :

Comme si ce n'était déjà pas assez nul d'avoir de l'acné ou de perdre ses cheveux. On nous fait aussi payer pour ça maintenant.

Les hyènes tournent et cherchent quoi taxer. Ça y est elles ont trouvé, les boutons d'acné!

@mosfkorea [Compte officiel du Ministère Sud Coréen des finances]: Qui vous croyez-vous pour taxer mes boutons ?

La logique du ministre des finances est la suivante : étant donné que l'acné n'est pas un cas grave de maladie de la peau, n'importe quel traitement pour le soigner sera qualifié de “chirurgie esthétique” et en tant que tel, sera imposé. Comme si ce n'était pas déjà assez ridicule d'écouter leur proposition de loi, maintenant ça ! Peu importe les raisons données, vont-ils arrêter de créer des impôts ?

La communauté médicale est également mécontente de cette nouvelle. L'association médicale de Corée a fait circuler l'affiche ci-dessous où ils montrent leur agacement. La première phrase en gras, regrette que ce ne soit pas les professionnels de la médecine, mais le ministre des finances qui ait décidé du traitement à donner à l'acné, (ce n'est pas une maladie grave de la peau, mais les inconvénients peuvent altérer le physique). Les internautes ont partagé l'image sur Twitter et ont ironisé sur le slogan actuel du gouvernement en matière d'économie : “Economie créative”. Un usager a même cité le fameux surnom de la Présidente Park Geun-hye “poule”:

Taxer les boutons… c'est drôlement “créatif”.

Ajouter des taxes aux traitements de la peau, c'est un peu exagérer. Les personnes qui souffrent de l'acné payent déjà assez pour avoir un traitement adéquat. En plus, la majorité de ces personnes sont des adolescents en pleine puberté ou des jeunes d'un peu moins de 20 ans. Il semble que l'”économie créative” du gouvernement poule signifie en réalité “formes créatives de taxer n'importe quoi”.

Il n'y a pas de société, qui, comme la nôtre, soit aussi obsédée par les apparences. En outre, ceux qui ont aidé à promouvoir cette vision dans la société sont maintenant en train de taxer toutes les choses liées à l'esthétique. C'est ridicule.

Waou. où veulent-ils en arriver? La prochaine étape sera de taxer les manucures et des régimes ? Ce n'est pas un péché d'avoir des boutons.

Des conteneurs pour loger les étudiants européens

mercredi 5 février 2014 à 20:23
 "Containers" at DTU Campus Village in Kongens Lyngby, Denmark via wikipedia CC-BY-SA-3.0

Les conteneurs du campus de l’université DTU à Kongens Lyngby, au Danemark, photo tirée de Wikipedia, licence CC-BY-SA-3.0

Au Danemark, en Allemagne, en France et en Espagne, plusieurs universités ont choisi de transformer des conteneurs en chambres d'étudiants. Les conteneurs ont l'avantage d'être peu coûteux et faciles à adapter pour y installer les équipements nécessaires. Toutefois, des associations ont déjà soulevé quelques questions concernant notamment l’isolation thermique et la sécurité.

“La marche des crayons rouges” exige la liberté de la presse en Malaisie

mercredi 5 février 2014 à 20:19
Journalists shouted 'Free The Media' and 'Free The Heat' during the 'Red Pencil' protest in Kuala Lumpur. Photo by Sam Ruslan, Copyright @Demotix (1/4/2014)

Journalistes criant  ”Libérez les média” et “Libérez The Heat’ pendant la marche des “crayons rouges” à Kuala Lumpur. Photo de Sam Ruslan, Copyright @Demotix (4/1/2014)

[Liens en anglais] Des journalistes et activistes malaisiens se sont rassemblés et ont organisé une manifestation des “crayons rouges” début janvier en réaction à la décision du ministère de suspendre le magazine d'information hebdomadaire The Heat pour une période indéfinie. Les manifestants accusent les autorités de suspendre The Heat en représailles suite à la publication d'un article sur les habitudes de dépenses du Premier ministre et sa femme. 

Plus de 200 personnes se sont rassemblées pour manifester dans le centre de Kuala Lumpur, la capitale. Les participants appartiennent au Gerakan Media Marah (Geramm) ou au mouvement des médias en colère, une coalition libre de journalistes qui s'est constituée pour exiger une plus grande liberté de la presse dans le pays. 

Pendant la manifestation, des crayons rouges étaient cassés en deux pour symboliser la violence commise contre les média. Fathi Aris Omar, porte-parole de Geramm et éditeur du site d'information Malaysiakini, a expliqué en détail le sens du crayon rouge : 

Le crayon rouge représente les journalistes qui étaient blessés (dans le passé, par les autorités) et la culture du contrôle par les pouvoirs. 

Ecoutez le son lorsqu'il casse. C'est la souffrance des journalistes et des média lorsqu'i est “brisé”. 

Geramm a huit revendications au gouvernement. Outre le retrait de l'ordre de suspension contre The Heat, le réseau veut aussi desserrer les liens qui réglementent les médias dans le pays. Certaines des autres revendications sont : 

Abolir le permis de publication qui est rendu obligatoire par la loi sur la presse écrite et les publications de 1984 (PPPA). 
Autoriser les professionnels des médias à couvrir les événements officiels et laisser l'accès aux bâtiments publics pour recueillir l'information. 
Des excuses auprès des professionnels des médias pour chacune des violations de la liberté de la presse. 

La controversée loi PPPA était invoquée par le gouvernement lorsqu'il a interdit The Heat. Les journalistes et activistes malaisiens exigent la révocation de la loi qu'ils affirment institutionnaliser la censure des médias dans le pays. 

L'appel à la révision de la loi était soutenu par Christopher Leong, président du barreau malaisien :

C'est une loi archaïque qui n'a plus aucune pertinence dans une démocratie moderne. On a usé et abusé de cette loi pour influencer, maltraiter, intimider, menacer et punir la presse. Un tel contrôle législatif et gouvernemental de la presse, y compris les régimes d'autorisation, devrait cesser.

Red pencils were broken in half to symbolize media violence in Malaysia. Photo by Sam Ruslan, Copyright @Demotix (1/4/2014)

Les crayons rouges étaient cassés en deux pour symboliser la violence contre les médias en Malaisie. Photo de Sam Ruslan, Copyright @Demotix (4/1/2014)

Le célèbre activiste et fondateur du mouvement Bersih [propre] Ambiga Sreenavasan a suivi les manifestations et commenté l'importance politique du rassemblement : 

C'est l'une des premières fois que je vois des journalistes se rassembler pour mener ce combat très important. Je sais que vous ne vous battez pas uniquement pour les média en ligne, vous vous battez pour tous les journalistes. Pour moi, il s'agit de votre intégrité et votre amour-propre en tant que journaliste.

Ambiga a fondé le Bersih il y a quelques années pour faire avancer les réformes électorales. 

Cependant, le journaliste Eric Loo a critiqué les médias à large diffusion pour leur tolérance face à la censure dans le pays. Il demande aux cyber-citoyens malaisiens et aux média alternatifs de persister dans la recherche de la vérité : 

Refusons d'avaler leur interprétation des réalités politiques, leur version de l'Histoire. Il est temps de raconter nos propres histoires et diffuser en ligne ce que nous savons être vrai, des récits qui reflètent les réalités politiques actuelles au lieu de celles encadrées par les médias classiques.

La chaîne de télévision alternative KiniTV présente des reportages supplémentaires sur la marche des “crayons rouges”

“No” : une campagne brillante et optimiste qui a propulsé une révolution

mercredi 5 février 2014 à 14:00
"No" campaign logo. Released to public domain.

Logo de la campagne “No”. Domaine public. 

Augusto Pinochet, l'auteur du coup d'état de 1973 au Chili, a perdu le pouvoir par la force des urnes en 1988. Il est le seul dictateur de l'histoire à avoir organisé une élection pour décider de son avenir et fut destitué démocratiquement. Comme dans toute course politique, il y a eu des campagnes de soutien de chaque côté. Le “Oui” plaidait pour la réélection de Pinochet ; le “Non” voulait mettre un terme à la dictature militaire. Diffuser publiquement un message publicitaire contre un régime militaire qui contrôle les média est une tâche héroïque, encore aujourd'hui. Mais la campagne du “Non” utilisait un message optimiste, changeant complètement la direction dans l'art de représenter les crues et douloureuses questions des droits de l'homme et fut capable de propulser la révolution. 

Le film “No” de Pablo Larraín sorti en 2012, raconte – sans pour autant être un documentaire – l'histoire du référendum de Pinochet du 5 octobre 1988 en gardant un point de vue positif. Le personnage central, René Saavedra (Gael García Bernal) est un jeune et brillant créatif d'une agence de publicité et fils d'une figure respectée de l'opposition qui revient au Chili après avoir grandi en exil au Mexique. Son talent et son histoire familiale amènent José Tomás Urrutia (Luis Gnecco), le leader de la campagne du “Non” à lui demander de participer à la stratégie et la conception des “franja” (nom donné aux 15 minutes officielles de programme télévisé utilisé pour la propagande politique par tous les parties lors des élections). 

Au début du processus, les membres de la Concertación (regroupant les partis de l'opposition) voulaient montrer la réalité brutale de la dictature : les assassinats, les tortures et les disparitions, pour ouvrir les yeux des gens et faire pencher l'opinion publique vers leur cause. René a réussi à convaincre l'opposition de parier sur la présentation de la démocratie comme un produit attirant plus que sur la mise en exergue des sombres réalités du présent. “No” devenait ainsi une campagne qui parlait de la joie de vivre en liberté. Ainsi le “No” a battu Pinochet. 

Ce serait être naïf que de penser que la campagne publicitaire à elle seule fut capable de renverser un dictateur. En revanche il est intéressant de considérer l'idée proposée par cette campagne : repenser la façon dont on défend ses droits en déplaçant son regard des aspects négatifs et douloureux vers l'espoir et la joie, pourquoi pas même l'humour, que le futur pourrait nous apporter. Ces dernières années nous avons été les témoins de nombreux mouvements révolutionnaires dans le monde mais également de nombreux cas de violences collectives et d'injustices. Beaucoup d'entre nous ont atteint le point de non retour en matière de surcharge de messages de lutte qui sont si souvent décourageants. 

De nombreux spécialistes des média comme Wendy Johnston et Graham Davey ont étudié comment l'abondance d'images et d'histoires d'atrocités sur internet peuvent mener à un sentiment d'apathie et même d'impuissance. Il pourrait être primordial de trouver de nouvelles façons de diffuser ce sentiment d'urgence pour atteindre la paix et la liberté – de nombreux activistes le font déjà et rencontrent beaucoup de succès. La vidéo humoristique “No Woman, No Drive” (une parodie de la chanson “No Woman, No Cry” de Bob Marley) créée par l'humoriste saoudien Hisham Fageeh pour soutenir la campagne Women2Drive en Arabie Saoudite est un superbe exemple de ce type d'ingéniosité. Syria Untold, une plateforme internet qui met l'accent sur des projets journalistiques et créatifs au sein du mouvement non-violent en est un autre. 

Le triste réalité des personnes qui font face à ces situations nécessite toujours d'être documentée et largement diffusée, mais nous pouvons compléter ces histoires avec de l'humour, de l'espoir et une approche optimiste afin de réaliser les changements que cette planète recherche. 

Dans un récent numéro de GV Face, le co-fondateur Ethan Zuckerman et les éditeurs de GV Solana Larsen, Sahar Habib Ghazi, et Ellery Roberts Biddle ont parlé des tenants et des aboutissants du “journalisme de solution.”