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Polarisée par le populisme, la société tchèque se prépare pour le second tour de l'élection présidentielle

samedi 27 janvier 2018 à 22:19

Les candidats à la présidence tchèque Miloš Zeman et Jiří Drahoš. Photos sur Wikipedia par OISV et Jindřich Nosek (NoJin), CC BY-SA 4.0.

L'élection présidentielle de la République tchèque s'est tenue les 12 et 13 janvier, sans qu'aucun des neuf candidats n'obtienne la majorité absolue des voix. Un deuxième tour a donc lieu les 26 et 27 janvier, avec un duel entre les deux candidats les mieux placés au premier tour : Miloš Zeman, l'actuel chef de l’État, et Jiří Drahoš, l'ancien président de l'Académie des Sciences du pays.

L'élection a engendré des débats enflammés entre citoyens, tant en ligne que hors ligne. Dans cette république parlementaire, les compétences très restreintes du président sont délimitées par la constitution [en], mais l'élection n'en polarise pas moins une société tchèque déjà divisée.

Durant son mandat, Miloš Zeman a largement contribué à creuser les divisions sociales par ses méthodes de tolérance zéro vis-à-vis de ses adversaires et par son attitude populiste vers ses partisans.

Selon l’enquête d'avant élection intitulée “Que lisent les électeurs des candidats ?” Les partisans de Zeman sont majoritairement des lecteurs de sites internet d'information alternatifs au financement mal identifié, souvent bâtis comme des propagateurs de ‘fake news’ pro-russes.

Un utilisateur de Twitter évoque les liens problématiques de Zeman avec la Russie :

Soient les deux prémisses : A (il y a une guerre hybride de la Fédération de Russie contre la République tchèque au moyen de sites internet de désinformation) et B (Zeman est le candidat de la Fédération de Russie et de la mafia qui fait des affaires en Russie – PPF, Nejedly et Zbytek ), alors ce graphique montre clairement que la guerre de désinformation a été absorbée comme une éponge par les supporters de Zeman. Selon ce graphique ils consomment uniquement des produits de la propagande russe.

Les sites d'actualités comme aeronet.cz/news, parlamentnilisty.cz et euportal.cz mobilisent les informations qui attisent les sentiments nationalistes, mettent fortement l'accent sur l'indépendance politique et militaire de la République tchèque d'avec l'Union européenne (UE) et d'avec l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Ces sites présentent les réfugiés des guerres du Moyen-Orient et les migrants économiques de l'Afrique sub-saharienne comme de dangereux terroristes islamiques.

Les pro-Zeman se réclament souvent de ces sites quand ils accusent la Radio de service public de manquer d'objectivité dans ses informations. Ce que Zeman renforce en exprimant ouvertement son absence de confiance dans les médias publics.

En 2014, de nombreux journalistes critiquèrent Zeman pour son parti pris d'Est en politique étrangère, et pour son usage de langage grossier à la radio publique tchèque. Il riposta en décidant de ne plus donner d'entretiens qu'aux sites alternatifs d'information et à la presse de caniveau, traitant la télévision publique de “boîte de conserve de viande avariée”. Il prenait régulièrement la parole dans son propre programme télévisé sur une chaîne privée.

Sur ses canaux de communication, Zeman a désigné un groupe non précisé de ses opposants comme le “café de Prague”, alimentant le cliché de l'intellectuel libéral de la grande ville qui paresse toute la journée dans les cafés et feint seulement la tolérance pour les autres.

Les supporters irréductibles de Zeman utilisent “café de Prague” comme une expression péjorative désignant artistes célèbres, acteurs, universitaires, intellectuels et tous autres qui critiquent publiquement Zeman. L'expression est aussi appliquée à ceux qui cultivent l'héritage de Vaclav Havel, l'ancien président décédé en 2011 qui aligna le pays sur les valeurs et politiques occidentales après la dissolution de l'Union soviétique. La politique étrangère de Havel basée sur les droits de l'homme contraste de façon saisissante avec l'approche exclusivement économique de Zeman.

Les loyalistes de Zeman traitent ses détracteurs de ‘traitres à la nation’ à la solde de George Soros, le philanthrope américain [d'origine hongroise] qui soutien un large éventail d'organisations sans but lucratif, y compris d'aide aux réfugiés. [Note de l’Éditeur : Global Voices reçoit un financement de la Fondation Open Society, qui fait partie du réseau Soros.]

Avant le second tour de l'élection présidentielle, Zeman n'a cessé d'insister sur les sujets apparaissant sur les sites d'information alternatifs. Il s'est efforcé de dépeindre son rival Jiri Drahoš comme un faible voulant détruire le pays par une politique d'immigration laxiste à l'avantage des réfugiés musulmans.

Le principal candidat d'opposition tchèque, un membre du ‘Café de Prague’ ?

Jiri Drahoš est peu connu et est dépourvu d'expérience politique directe si ce n'est ses huit années au poste semi-politique de président de l'Académie des Sciences. Chimiste, il est l'auteur de nombreux brevets, et a une réputation dans certains cercles d'homme honnête et poli, mais sans relief. Ses soutiens croient qu'il apportera impartialité et civilité à la présidence.

Il lui a suffi d'être candidat d'opposition pour que les soutiens de Zeman l'étiquettent aussitôt comme un membre du ‘café de Prague’ qui veut que la République tchèque renonce à son autonomie et se soumette aux exigences des grands pays de l'Europe.

Un utilisateur de Twitter s'est exclamé :

Vous entendez le silence ? Le café de Prague a peur des résultats de l'élection. Ils savent que c'est leur fin. Ils sentent la fin du culte de Havel.

Un autre plaisante sur le discours populiste et la politique anti-immigration de Zeman en rappelant la militante civique seins nus ukrainienne [FEMEN] qui s'est précipitée vers Zeman avec des cris de protestation dans la cabine de vote le 15 janvier [Elle l'avait traité de pute de Poutine]. Zeman, qui s'apprêtait à déposer son bulletin, a paru choqué et sans défense :

Le camarade Zeman n'a pas réussi à se défendre contre une fille nue et veut défendre le pays contre les migrants. Et est-ce que je me demande comment il le fera ???

Un autre croit savoir pourquoi le “café de Prague” ne veut pas que Zeman soit à nouveau président :

Pourquoi le café (de Prague) càd les organisations sans but lucratif, càd les mondialistes de Soros ne peuvent pas sentir Zeman ? Pourquoi ils ont désigné un chimiste “hyper-poli” qui n'a jamais voulu être président ? Peut-être parce qu'ils veulent détruire le groupe de Visegrád afin que nous, pays post-communistes, ne puissions pas nous défendre des diktats de la bureaucratie de l'Allemagne et de Bruxelles.

Et un autre se réfère à un sondage de la télévision indiquant que les deux candidats sont presque à égalité :

Sondage pour OVM : Pour Zeman 45,5 pour cent, pour Drahoš 45 pour cent. 9,5 sont encore indécis.

Le sort de l'élection sera sans doute fixé par les électeurs indécis qu'auront convaincus les deux semaines de débats télévisés et d'événements de la campagne d'entre-deux tours.

Dernière minute : M. Zeman a obtenu 51,36% des suffrages contre 48,63% à l'académicien pro-européen Jiri Drahos, pour un taux de participation de 66,6%, selon les résultats complets donnés par la télévision publique tchèque.

La lutte continue pour retrouver les petits-enfants perdus sous la dictature en Argentine

samedi 27 janvier 2018 à 20:20

Photo d'Emergentes, partagée publiquement sur Facebook et utilisée avec permission.

Le 27 décembre 2017, l’ONG argentine Grands-mères de la Place de Mai a annoncé la récupération de petite-fille N°127, fille de María del Carmen Moyano et Carlos Poblete, deux militants de l’organisation Montoneros séquestrés sous la dictature militaire et restés disparus.

Le journal en ligne Cosecha Roja a raconté brièvement l’histoire de ses parents, comme couple et comme militants, et les circonstances entourant leurs disparitions :

Con la llegada de la dictadura, los militares allanaron su casa y ella [María del Carmen Moyano] se mudó a San Juan, donde conoció a Carlos Poblete, un estudiante de Ingeniería 10 años mayor. “La pareja compartió militancia en la organizción Montoneros. Luego de seis meses decidieron vivir juntos”, contó Estela de Carlotto. Entre abril y mayo de 1977 Carlos y María del Carmen fueron secuestrados en Córdoba y trasladados al centro clandestino de detención La Perla. Ella ya estaba embarazada.

A l’arrivée de la dictature, les militaires ont fait une descente dans sa maison et elle [María del Carmen Moyano] a déménagé à San Juan, où elle a rencontré Carlos Poblete, un étudiant en ingénierie de dix ans son ainé. « Le couple a partagé le militantisme avec l’organisation Montoneros. Après six mois ils ont décidé de vivre ensemble », a raconté Estela de Carlotto. Entre avril et mai 1977 Carlos et María del Carmen ont été enlevés à Córdoba et transférés au centre secret de détention La Perla. Elle était déjà enceinte.

La « petite-fille 127 » est née en captivité entre mai et juin 1977 dans la maternité du centre secret de détention de l’École Supérieure de Mécanique de la Marine (ESMA). Récemment, après 40 ans, ses deux oncles et sept tantes ont fêté la fin d’un chapitre important de l’histoire familiale, mais la plaie reste ouverte parce qu’ils ne connaissent pas le sort de ses parents, qui sont toujours portés disparus.

Des milliers de personnes ont été victimes de disparitions forcées pendant la dictature. Pourtant, le chiffre est contesté : la Commission des disparus avait publié une liste dans les années 1980 énumérant environ 10.000 individus, alors que les Mères de la Place de Mai dénoncent un bilan de 30.000. Les enfants des victimes, dans la majorité des cas, ont été volés par l’État à travers d’adoptions illégales et d’accouchements secrets.

Conférence de presse des Grands-mères pour la récupération de la petite-fille N°127. Photo publiée sur Facebook

Adriana, la petite-fille 126 retrouvée seulement quelques jours avant, était à la conférence de presse aux côtés de deux tantes de la petite-fille 127. L’identité et les données personnelles de la famille qui l’a élevée n’ont pas été divulguées pour préserver leur vie privée. Pleine d’émotion, l’une des tantes a dit :

Vamos a decirle que se quede tranquila. Le vamos a dar todo el tiempo del mundo para que procese la situación. La buscamos por 40 años. La amamos intensamente.

Nous allons lui dire de rester calme. Nous allons lui donner tout le temps qu’elle veut pour digérer la situation. Nous l’avons cherchée pendant 40 ans. Nous l’aimons intensément.

La joie du moment ne pouvait pas être assombrie, même par la nouvelle du récent transfert en détention à domicile de Miguel Etchecolaz, le principal responsable de l’enlèvement, de la torture et du meurtre d’un groupe de lycéens, un événement connu sous le nom de « la Nuit des Crayons ».

Bienvenue petite-fille 127

Les Grands-mères de la Place de Mai ont confirmé la nouvelle. Elles ont affirmé qu'à la conférence de presse assistaient les tantes de la petite-fille, qui attendaient cette rencontre depuis 40 ans.
La mémoire a été plus forte que la détention à domicile d’Etchecolaz.
Photo : Mariana Leder Kremer pour Emergentes.

Twitter a débordé d'expressions de joie, certaines d’entre elles montrant aussi leur indignation et leur désaccord avec la décision de la justice concernant les responsables, avec le hashtag #Nieta127 :

La Maison pour l’identité des Grands-mères de la Place de Mai, la récupération de la petite-fille 127 est maintenant enregistrée dans l'espace de mémoire. Nous continuons à ajouter des réussites et des espoirs !

La petite-fille 127 est née dans l’ESMA. Le génocidaire Jorge Luis Magnacco, l’obstétricien de l’ESMA qui était présent à l‘accouchement, est libre, bénéficiant de l'accomplissement des deux tiers de sa peine de prison

L’arrivée est très tardive, mais finalement, finalement, il y a une récompense. Bienvenue

Nous avons compté de 1 à 127 et nous n’arrêterons pas de compter. Merci, grands-mères, et comme Estela de Carlotta l’a dit : « Bonne année et au prochain petit-enfant »

Taïwan est-il un pays ? Quid du Tibet alors ? Pour la Chine c'est non et les entreprises étrangères doivent s'aligner

samedi 27 janvier 2018 à 19:51

Taïwan essaie d'établir des relations bilatérales avec d'autres pays sous la présidence de Tsai lingwen. Cette dernière est ici photographiée lors d'une poignée de main avec Michael Szony, Directeur du Centre Fairbank d'Etudes Chinoises de l'Université de Harvard, lors de sa visite le 9 janvier 2017. Photo du Bureau de la Présidente de la République de Chine.

[Article d'origine publié le 17 janvier 2017] Malgré ce que les gens pourraient penser ou dire, Hong Kong, Macao, Taïwan et le Tibet ne sont pas des pays. Pas aux yeux de la République Populaire de Chine (RPC) du moins.

Cette semaine et à la demande des autorités chinoises, une poignée de multinationales se sont publiquement excusées d'avoir inscrit Hong Kong, Macao, Taïwan et le Tibet dans la liste des pays de leurs sites internet.

Cette vague d'excuses de la part des entreprises suivantes : Hôtels JW Marriott, Zara, Delta Airlines et Medtronic, entre autres, a été déclenchée par un questionnaire électronique daté du 9 janvier et envoyé par le Marriott à ses membres chinois. Dans ce mail, les quatre territoires étaient répertoriés séparément de la Chine dans une question à propos des lieux de résidence.

Y voir plus clair

Objectivement, considérer ou non ces territoires comme des pays dépendra de la définition qu'on donne à ce terme. La partie occidentale de la région himalayenne du Tibet a été placée sous domination de la Chine au début des années 1950. Un mouvement médiatisé prônant l'indépendance de la région, qui est aussi le berceau d'une des plus importantes minorités ethniques et linguistiques en Chine, a conduit à des niveaux de surveillance policière et de contrôle de la population notoirement élevés. 

Si Taïwan est une entité politique autodéterminée depuis 1950, la Chine continentale revendique toujours ce territoire et a constamment utilisé son influence internationale pour isoler le gouvernement taïwanais. Les territoires de Hong Kong et de Macao relèvent eux du statut de “régions administratives spéciales” de la Chine. Cela maintient un haut niveau d'autonomie vis-à-vis du continent même si cette situation tend à être de plus en plus menacée. Ces trois territoires possèdent également leurs propres exécutifs.

Hong Kong, Macao et Taïwan disposent aussi de leurs propres documents de voyage différents de ceux de la Chine et reconnus internationalement. Dans les aéroports de la RPC, Hong Kong, Macao et Taïwan sont placés dans le hall des départs internationaux pour faciliter les modalités de contrôle de l'immigration.

L'information est devenue virale après qu'une capture d'écran du questionnaire du Marriott a été postée sur le réseau social chinois Weibo et à la suite de plusieurs articles de médias sociaux couvrant cette histoire. L'hôtel a rapidement retiré le questionnaire, mais le mal était déjà fait. Un journaliste chinois de The Paper a également prouvé que l'application mobile de la chaîne hôtelière listait les quatre territoires en tant que pays pour son enregistrement d'utilisateurs.

Deux jours plus tard, les responsables de l'Administration de la Cybersécurité de Shanghai ont signifié à la direction de Marriott Asia Pacific que leur formulaire ainsi que leur enregistrement d'utilisateurs avaient violé la loi chinoise, nui aux sentims du peuple chinois et ont ainsi ordonné la fermeture du site et de l'application pour au moins une semaine.

En réponse, le Marriott a publié trois excuses publiques sur Weibo entre le 9 et le 11 janvier. Ci-dessous se trouve la version traduite des excuses publiées sur Twitter le 11 janvier :

Marriott International respecte la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Chine. Nous ne soutenons pas les groupes séparatistes qui subvertissent la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Chine. Nous nous excusons sincèrement pour toute action qui aurait pu suggérer le contraire.

Cependant, dans la sphère internet chinoise, ces excuses étaient largement considérées comme dépourvues de sincérité après qu'un média chinois eut remarqué que le compte Twitter@MarriottRewards avait “liké” un tweet autour d'une histoire postée par un groupe séparatiste tibétain.

Pendant que les “patriotes” virtuels continuaient d'attaquer le Marriott, un certain nombre de compagnies nationales ont été forcées d'annuler leurs réservations de banquets dans les hôtels chinois de Marriott. Les sites de réservations ont également retiré les hôtels Marriott de leurs bases de données. Arne Sorenson, le directeur exécutif de Marriott International, a ainsi dû s'excuser une nouvelle fois lors d'une prise de parole publique.

“Ces sociétés étrangères immorales”

Le 12 janvier, avec la médiatisation publique grandissante du sujet, l'Administration de la cybersécurité de Shanghai a exigé de la marque de prêt à porter espagnole Zara et du constructeur de matériel médical américain Medtronic des excuses publiques pour avoir listé Taïwan comme un pays sur leurs sites internet. Les deux compagnies ont rapidement effectué une correction de leurs interfaces web avant de s'excuser.

Le même jour, l'Administration de l'aviation civile de Chine (CAAC) demandait à Delta Airlines de s'excuser pour avoir référencé Taïwan et le Tibet en tant que pays sur son site et son application mobile. Delta s'exécutait dès le lendemain.

Depuis lors, les internautes chinois et fidèles au parti se sont lancés dans une chasse aux sorcières pour trouver les multinationales listant l'une des quatre entités en tant que pays distinct. Jusqu'à présent, 23 compagnies aériennes internationales supplémentaires ont été dénoncées pour avoir référencé Hong Kong, Macao et Taïwan en tant que pays.

Les marques étrangères comme Christian Dior, Cartier, Hermès, Burberry et Armani ont également été signalées pour le même problème. Même la très populaire application mobile de streaming vidéo Huajiao, qui est pourtant une entreprise chinoise, a été épinglée pour avoir commis la même “erreur.”

Sur Weibo, la plupart des commentaires exprimaient des sentiments nationalistes hostiles aux sociétés multinationales, des commentaires que l'on pouvait retrouver sur le fil d'informations de la chaîne d'Etat, CCTV :

早就该对这些吃中国饭还砸中国饭碗的无良外商下手了!

Il faudrait sévir contre ces sociétés étrangères et immorales qui fracassent les bols de riz chinois après avoir mangé notre riz.

看来,国外确存在分裂中国的势力,而且渗透到了许多地方,从酒店到航空公司都有。

Il semblerait que des forces séparatistes extérieures aient pénétré l'espace chinois, notamment parmi les secteurs de l'hôtellerie et de l'aviation.

希望各个部门都查一下相关行业,领土主权问题没有讨价还价的余地

Les représentants de certaines industries doivent subir un examen complet. La souveraineté ne peut pas être compromise.

Certains ont appelé à une prise de décision plus punitive. Un utilisateur qui se fait appeler “West Crusade” explique :

维护国家主权尊严,不可指望一些不良外国公司的自查自改和所谓“道歉”,因为在中国国家主权和核心利益问题上,他们从来不是历史的法盲,也不是现实的瞎子,而是政治的流氓,我们必须以法律和外交的手段与其交涉,主动出击。

La souveraineté et la dignité de l'Etat devraient aller au-delà de la simple demande aux entreprises étrangères immorales de s'autocensurer, de corriger les erreurs et de s'excuser. Les entreprises n'ignorent pas la loi puisqu'elles sont totalement familières des principes de la Chine au regard de sa souveraineté. Elles ne sont pas aveugles mais jouent un jeu politique. Nous devons être proactifs en réglant le problème par des canaux légaux et diplomatiques.

 “C'est de facto un Etat séparé de la Chine”

En dehors du “Great Firewall of China” (La Grande Muraille électronique de Chine, c'est-à-dire les mesures de censure appliquées sur Internet), cet incident a déclenché des escarmouches entre Chinois continentaux, Hongkongais et Taïwanais sur Facebook. Les internautes des deux derniers cités expliquant en quoi Hong Kong et Taïwan opèrent indépendamment de la Chine.

On retrouve ci-dessous une sélection de commentaires issus de divers fils d'actualités. Depuis Taïwan pour commencer :

台灣有自己憲法 政府 軍隊 議會 本來就跟中國不是同一個國家,幾根五星旗叫言論自由 數千餅終們就是你中國的一部分 笑死人了 領居民證的算人民嗎? 領居民證的居民而已

Taïwan possède ses propres constitution, gouvernement, armée et législature. C'est de facto un Etat séparé de la Chine. C'est une blague de forcer les gens à faire partie de la Chine en brandissant le drapeau national à 5 étoiles autour de quelques milliers de personnes qui jurent fidélité. Les gens en Chine ne possèdent qu'une carte d'identité de résident, ils ne sont que des résidents [pas des citoyens].

以國家的高度去要求強迫外國企業行不義之事,你的高度就只能這麼低

Forcer des entreprises étrangères à accomplir des actes injustes au nom de l'Etat, cela définit votre niveau de bassesse.

Depuis la Chine continentale :

要讓一個中國原則稱為國際商界共識,馬虎不得。

Nous devons être sérieux dans la construction d'un consensus au sein du secteur commercial international autour du principe “d'une seule Chine”.

以前是一家人,给个面子,大家无所谓。现在弯弯要做统独议题,那就有得玩了。还是那句话:你们爱独立就滚去美国,日本独立,中国人的土地没你们的位置。

Par le passé, [la Chine et Taïwan] formaient une famille et étaient tolérants. L'indépendance de Taïwan est à l'ordre du jour désormais et cela marque le début d'une nouvelle partie dans le jeu. Si vous voulez l'indépendance, allez au Japon ou aux USA. Il n'y a pas de place pour vous sur le territoire du peuple chinois.

Depuis Hong Kong :

從今以後,大家記住叫中國的地方名,記住要加中國兩個字呀!例如,中國深圳,中國上海,中國北京,中國廣州,中國東莞等等!如果唔係,中國會嬲嬲豬㗎

A partir de maintenant, attachons Chine à toutes les régions chinoises. Par exemple Shenzhen Chine, Shanghai Chine, Beijing Chine, Guangzhou Chine, Dongguang Chine. Sinon la Chine se mettra en colère.

提提大家, International Country Calling Codes 如下:
中國–86,香港–852,澳門–853,台灣–886
分裂祖國,鐵証如山

Petit rappel pour tout le monde, voici les indicatifs d'appels des pays internationaux : Chine–86, Hong Kong–852, Macao–853, Taïwan–886
Une preuve si concrète qui divise notre patrie.

抵制淘宝,全國包郵不包括香港,即係香港已經獨立!!!

Nous devrions boycotter Taobao, son service de courrier national ne comprend pas Hong Kong. Cela veut dire que Hong Kong est indépendant !!

Enfin sur Twitter, Curtis S. Chin, l'ancien ambassadeur des USA, a résumé la réaction de la RPC sur cet incident par l'utilisation du mème du panda destructeur :

La réaction de la Chine quand elle trouve Taïwan et le Tibet listés comme des pays sur des sites internet : elle exige des excuses publiques de la part de Delta, Marriott, Medtronic, Zara, etc.

L'Afghanistan sous le choc de deux attentats mortifères en moins d'une semaine

samedi 27 janvier 2018 à 19:18

Des enfants fuient le complexe ciblé par des hommes armés dans la province de Jalalabad. Photo offerte par Zahra Joya. Utilisée avec sa permission.

Janvier a apporté sa moisson habituelle de mauvaises nouvelles à l’Afghanistan après deux attentats consécutifs qui ont secoué le pays. [Dernière heure : un nouvel attentat a fait au moins 95 morts le 27 janvier à Kaboul. L'article d'origine a été publié le 25 janvier, NDE]

Le 24 janvier, des hommes armés ont attaqué le complexe de l’organisation internationale d’aide humanitaire Save The Children à Jalalabad, en Afghanistan. Trois personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées, selon les autorités afghanes.

Cette attaque fait suite à l’assaut par des insurgés de l’hôtel Intercontinental à Kaboul, il y a de cela moins d’une semaine. Plus de 40 personnes en sont mortes, soulignant le danger extrême qu’entraîne la vie dans la capitale autant pour les Afghans que pour les étrangers.

L'attaque contre Save the Children

Le bureau de Save the Children à Jalalabad a été ciblé par une attaque à la voiture piégée le 24 janvier. Après l'explosion, les assaillants ont échangé des tirs avec les forces afghanes pendant environ une heure.

Save the Children a confirmé que trois de ses employés ont été tués dans cette région de l'Est, deux gardes et un civil. Attaullah Khoygyani, un porte-parole du gouvernement afghan, a affirmé que 20 personnes étaient blessées. Il a ajouté que les forces de sécurité afghanes en ont secouru 46 autres.

L'organisation a temporairement suspendu ses opérations en Afghanistan.

L'organisation l'État islamique a revendiqué ce quelle a appelé une attaque contre les « institutions anglaises et suédoises ».

Bien que l'attaque de l'hôtel Intercontinental ait causé plus de victimes, même les citoyens habitués de voir leur fils d'information noyés sous la violence étaient bouleversés par cette attaque contre une organisation œuvrant pour les enfants.

Une autre journée noire en Afghanistan : une attaque lâche et haineuse par une bande de terroristes contre une organisation humanitaire au service des enfants Afghans. Nous sommes avec #SaveTheChildren

Imaginez ces enfants. Ce qui doit se passer dans leurs esprits.

Je suis bouleversée [de constater] à quel point quelqu’un peut s’abaisser au point d’attaquer un centre  de SaveTheChildren ! Un endroit où la charité est la priorité pour aider à sauver des enfants innocents et le futur de notre monde !

Des résidents locaux s'échappent après une attaque suicide contre le bureau de Save the Children à Jalalabad.

L’assaut du 20 janvier sur l’hôtel Intercontinental a vu quant à lui lui des insurgés mitrailler les clients d’un hôtel de luxe dans la capitale Kaboul, tuant 25 locaux et 15 étrangers. Les récitss des survivants sont atroces.

L’attaque a été revendiquée par les talibans.

Nous en étions encore à saigner de l’attaque de Kaboul, maintenant les soldats du mal ont attaqué l’organisation Save the Children à Jalalabad. Ça n’arrêtera jamais !

Dans les dernières années, les agences d’aide internationale sont la cible constante de divers groupes qui se battent contre l’armée afghane assiégée à travers le pays. Résultat, plusieurs de ces agences ont fermé ou diminué leurs présences, mettant en danger les Afghans vulnérables. L’année dernière, le Comité international de la Croix-Rouge a diminué sa présence après l’assassinat et l’enlèvement de plusieurs de ses membres dans différentes parties de l’Afghanistan.

La Croix-Rouge a déjà diminué ses activités après une fusillade, MSF a été attaqué, et d’autres organisations en Afghanistan continuent à se retirerr. Cette attaque peut avoir des conséquences graves pour les Afghans qui ont besoin d’aide.

Les limitations que Save the Children va imposer à ses futures activités dans le pays ne sont pas encore connues. Cependant, leur mission est certainement nécessaire. L’Afghanistan est considéré parmi l’un des endroits les plus dangereux pour la naissance et le développement des enfants suite à trois décennies de guerres qui ont enraciné la pauvreté et la violence.

Save the Children est en fonction en Afghanistan depuis 1976 et coordonne présentement des programmes à travers 16 provinces dans le pays. L’organisation d’aide humanitaire, qui vise à promouvoir l’amélioration de l’éducation, de la santé et de la fourniture de biens essentiels pour les enfants, a indiqué qu’elle aurait aidé plus de 700.000 enfants afghans durant ses opérations dans le pays.

En Inde, le système d'identification biométrique des individus fuit de partout, et les autorités laissent faire

samedi 27 janvier 2018 à 17:00

Prise des empreintes digitales pour Aadhaar, le système d'identification indien, photo via Wikimedia Commons, par Kannanshanmugham. CC BY 3.0

Toutes les liens de ce billet renvoient à des pages en anglais, sauf mention particulière.

Le gouvernement indien détient les données personnelles de plus de 1,13 milliard de citoyens et résidents indiens dans un système d'identification unique nommé Aadhaar [fr], signifiant “fondement” en hindi.

Mais alors que de plus en plus de preuves révèlent que le gouvernement ne protège pas le caractère privé de ces informations, les fondations actuelles du système paraissent très précaires.

Le 4 janvier 2018, l'édition indienne de The Tribune, journal d'information basé à Chandigarh, a soulevé un véritable tollé quand elle a rapporté que l'accès aux données d'Aadhaar était vendu à Whatsapp pour des prix incroyablement bas.

500 roupies, 10 minutes, et vous avez accès à des milliards d'informations sur Aadhaar

L'enquête du journal a suivi un homme nommé Bharat Bhushan Gupta, un entrepreneur villageois à qui a été fait miroiter l'achat d'un accès à la base de données par des personnes l'ayant contacté sur WhatsApp. Gupta a réalisé par la suite qu'il avait accès à beaucoup plus d'informations que ce qu'il avait demandé.

Inquiet de ce que cela pouvait impliquer pour les titulaires de ces données d'identifications, Gupta a essayé d'alerter sur ce problème l'autorité indienne d'identification unique (UIDAI), l'agence responsable de la mise en place des numéros Aadhaar. Mais il a été incapable de confirmer si l'UIDAI connaissait ce problème, ou du moins si elle essayait de le résoudre. Gupta est l'un des 270.000 entrepreneurs villageois qui travaillent avec les Centres de Services Communs (ou Common Service Centres) responsables de la gestion de divers e-services entre les administrations, les commerces et les citoyens.

Il s'est ensuite rapproché du journaliste Rachna Khaira pour The Tribune, qui s'est chargé de l'enquête.

Suivant l'enquête, India Today a aussi mené de son côté une opération d'infiltration pour confirmer les découvertes du journaliste de The Tribune.

Opération Aadhaar Leaks. Vos informations Aadhaar à vendre pour seulement 2 roupies ! Suivez l'enquête spéciale d'India Today. En direct

Réponses inconsistantes des autorités

La réponse de l'UIDAI à cette fuite a été de déposer plainte contre Rachna Khaira, qui avait conduit l'enquête sur la fuite des données personnelles, en qualifiant ses informations de ‘données erronées’. Lorsque la Guilde des Editeurs a condamné la mise en cause du journaliste, la réponse de l'UIDAI a été qu'ils devaient justifier leur action.

Dans la logique de cette information, les services d'enquête devraient déposer des plaintes contre tous les journalistes qui font des révélations. Pseudo-défense. L'UIDAI doit retirer sa plainte contre le journaliste à l'origine des Aadhaar Leaks. L'agence est connue pour intimider les lanceurs d'alerte. Ils ne peuvent pas intimider la société civile.

Le Ministres des Technologies de l'Information, Ravishankar Prasad, a déclaré :

Le Gouvernement est pleinement engagé pour la liberté de la Presse ainsi que pour le maintien de la sécurité et l'inviolabilité d'Aadhaar pour le développement de l'Inde. Une plainte contre X a été déposée. J'ai suggéré à l'UIDAI de demander à The Tribune et son journaliste d'accorder toute leur aide à la police pour trouver les vrais perpétrateurs.

Ce n'est pas la première fois que l'UIDAI “assassine le messager”, pour ainsi dire. Au début de l'année 2017, l'UIDAI a déposé une plainte pénale contre Dabayan Ray, journaliste de CNN-News18 pour son enquête où il avait réussi à obtenir deux identifications Aadhaar en utilisant les mêmes données biométriques.

L'UIDAI a aussi déposé une seconde plainte contre l'entrepreneur Sameer Kochchar après avoir décrit sur son blog comment Aadhaar pouvait être piraté par une “attaque par ré-exécution d'authentification biométrique”.

Dans les trois cas, l'UIDAI a soutenu que les informations étaient “erronées“.

Destiné à “fuiter” dès sa conception

Le numéro d'identification unique Aadhaar permet de réunir les différentes informations démographiques et biométriques d'une personne, incluant sa photographie, ses empreintes digitales, son adresse de résidence et d'autres données personnelles. Ces informations sont toutes conservées dans des bases de données centralisées, qui sont ensuite rendues accessibles à une longue liste d'agences gouvernementales qui peuvent consulter ces informations pour administrer les services publics.

Bien que la centralisation de ces informations permette d'augmenter l'efficacité, cela crée aussi une situation hautement vulnérable où une simple brèche peut conduire à l'exposition des données de millions d'Indiens.

En juin 2017, pour cette même raison, les utilisateurs de Twitter avaient prévenu des dangers potentiels si des agents publics pouvaient avoir accès à la base de données via des informations de connexion et télécharger des e-Aadhaar :

.@databaazi nous avait prévenus de l'existence d'un accès pour rechercher dans les données d'UIDAI en avril de l'année dernière. Aujourd'hui après 10 mois, des articles @thetribunechd, plus de 100.000 personnes ont obtenu un accès illégal

Réaction de l'UIDAI :  la suppression des données relatives au DSDV & SRDH de leur site web.

Le Rapport Annuel 2015-16 du Ministère de l'Electronique et des Technologies de l'Information a mentionné l'existence d'un service appelé DBT Seeding Data Viewer (DSDV – visionneuse d'informations communiquées DBT) qui “permet aux départements/agences de voir les informations démographiques du titulaire Aadhaar”.

D'après @databaazi, les identifiants DSDV ont permis à des tiers d'accéder aux informations Aadhaar (sans le consentement du titulaire des informations UID – d'identification unique) depuis une adresse IP sur liste blanche. Cela signifiait que n'importe qui avec une adresse IP valide pouvait accéder au système.

Captures d'écran du DSDV (licence de base), qui permet à des tiers (aussi bien publics que privés) d'accéder aux données Aadhaar (1/2)

L'UIDAI a de plus confirmé sur Twitter:

Des personnes ont fait un mauvais usage du service de recherche démographique, donné à des fonctionnaires désignés pour aider les résidents qui ont perdu leur Aadhaar/ billet d'enregistrement à retrouver leurs informations.

Ce défaut de conception met donc les données personnelles de millions de titulaires Aadhaar sous le risque d'être largement exposées, ce qui est clairement en violation avec l’Aadhaar Act.

#AadhaarLeaks par les entités de l'administration centrale

L’Aadhaar Act interdit l'affichage public des numéros Aadhaar. Et cependant, il existe des preuves irréfutables que l'Etat et les services du gouvernement central ont tous exposé les comptes bancaires et les numéros Aadhaar des retraités, mineurs, boursiers et autres.

En octobre 2017, @iam_anandv a souligné comment même une simple recherche Google sur le slogan de l'UIDAI divulgue des centaines d'informations d'Aadhaar.

Au PDG de l'UIDAI ; La recherche de votre slogan sur Google fait apparaître des centaines de résultats avec des données Aadhaar. Pouvez-vous les faire supprimer ?

Au mois de novembre de l'année dernière, il a été prouvé que plus de 200 sites web du gouvernement divulguaient des informations Aadhaar. L'UIDAI l'a reconnu, après avoir été obligée de publier cette information en réponse à une demande dans le carde du Droit à l'information (RTI – Right to Information).

Le PDG de l'UIDAI, Ajay Bhushan Pandey, n'a cessé de maintenir que l'exposition des numéros Aadhaar seuls constituait un risque faible vu que les “numéros Aadhaar sont comme des numéros de comptes bancaires”. Mais il a été prouvé que les gens étaient alors vulnérables au phishing, à l'usurpation d'identité et aux entreprises malfaisantes, comme en décembre 2017 quand le géant des télécommunications Airtel a ouvert trois millions de comptes de paiement pour des clients sans obtenir leur consentement éclairé au préalable.

Capture d'écran du site web de l'autorité indienne d'identification unique (UIDAI) affichant un avertissement contre le partage public des Numéros Aadhaar.

Malgré la colère, les fuites continuent. Celles-ci ont aussi été remarquées par les spécialistes internationaux des données privées dans la technologie. Le Professeur Graham Greeleaf l'a récemment identifié comme l'un des plus “dangereux développements concernant les données privées” dans le monde.

Le plus dangereux développement sur les données privées dans le monde ? L'Aadhaar indien et le Système de Crédit Social chinois sont ex-aequo. Mais l'Inde a tout de même une Cour Suprême, une constitution et l'Affaire Puttaswamy pour laisser de l'espoir – la Chine n'a rien de cela.

Alors que les actions de l'UIDAI laissent peu de place à l'optimisme, le dernier espoir pourrait être la Cour Suprême de l'Inde qui examine en dernier ressort les principales requêtes concernant l'Aadhaar à partir du 17 janvier 2018.