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Voici trois activistes d'Afrique du Nord qui s'attaquent au changement climatique

jeudi 12 novembre 2015 à 21:20
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Le Forum Social Mondial en Tunisie a rassemblé des participants de toute l'Afrique du Nord. © Thelma Young / 350.org

Entre augmentation de niveau de la mer et désertification croissante, de jeunes activistes en Afrique du Nord, mènent des discussions sur ces grandes questions environnementales.

Devrions-nous y réfléchir à deux fois avant de couvrir le Sahara de panneaux solaires? Le printemps arabe a-t-il conduit à une meilleure action en faveur du climat? Comment porter la voix des communautés affectées par le changement climatique auprès des législateurs?

Dans cet ouvrage multimédia produit par 350.org, Thelma Young, Hoda Baraka et Sarah Rifaat, activistes de Tunisie, d'Egypte et du Maroc, parlent de leur rôle dans la construction d'un mouvement climatique en Afrique du Nord.

Tunisie: Radhouane Addala

Toute ma vie je me suis intéressé au changement climatique, au chaos climatique, à la justice climatique, parce que c'est comme ça que j'ai vécu, que j'ai grandi, en voyant toutes ces choses.

Radhouane  est correspondent et producteur à son compte, en Tunisie, le troisième pays au monde à reconnaître le changement climatique dans sa Constitution. Son documentaire “A Siege of Salt and Sand” – financé grâce à un crownfunding - rend compte des changements climatiques et des problèmes qu'ils posent en Tunisie. Le titre présente l'histoire d'un pays ” assailli de part et d'autre par la montée des océans et la désertification”. Il explique simplement: “Si nous ne réagissons pas, nous ne serons plus qu'un minuscule bout de terre coincé entre la côte et le désert”.

Quand on regarde le peuple tunisien avant et après la révolution, on sent qu'il y a eu un gros changement. Pour la première fois, les gens ont senti que le pays leur appartenait. Cela a amené les sujets du changement climatique et du chaos climatique sur le tapis. C'est ce qui a poussé les représentants de la nation et l'Assemblée constituante à faire de la Tunisie le troisième pays à avoir admis le changement climatique dans sa propre constitution.

Regardez la bande-annonce du film “A Siege of Salt and Sand”

Maroc : Fadoua Brour

Je n'ai pas choisi de devenir activiste climatique. C'est plutôt un choix qui s'est imposé de lui même face à un problème global qui menace la sureté de notre planète.

Cela m'a poussé à faire quelque chose.

Fadoua est la fondatrice et présidente du Mouvement des jeunes Marocains pour le climat. Elle souhaite un meilleur futur pour le Maroc, mais aussi une transition énergétique juste et équitable, ce qui signifie prendre en compte les droits et les exigences des populations locales affectées. Comme elle l'explique “Lorsqu'il s'agit d'un problème commun, quand on vient à la sureté de la planète, on doit inclure tous ces gens – tout le monde – dans la discussion.”

Alors avant d'applaudir le Maroc pour sa construction du plus grand parc solaire du monde, pensons à la façon dont le changement climatique impacte les communautés locales qui connaissent déjà une pénurie d'eau.

Il ne s'agit pas que d'actions ambitieuses, mais aussi de partager ces actions avec les populations concernées et mettre en place des politiques de façon juste.

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La marche des femmes tunisiennes pour leurs droits et leur futur pendant le Forum Social Mondial. © Thelma Young / 350.org

Égypte: Sarah Rifaat

Le changement climatique affecte déjà des communautés du Nord de l’Égypte, qui vivent dans le Delta du Nil et près de la mer Méditerranée, où la mer envahit les terres agricoles. Il y a des agriculteurs qui doivent quitter leur ville parce que l'eau est venue inonder leurs terres.

Des agriculteurs d'autres régions sont touchés par les saisons variables ; il y a un risque croissant dans la mer Rouge et pour la vie sous-marine qui s'y trouve. Les répercussions ont lieu partout autour de nous.

Sarah est la coordinatrice pour le monde arabe pour 350.org. Il y a des années de cela, elle a réalisé que le changement climatique allait bien au delà des ours polaires. En tant qu'égyptienne, elle connaît de nombreux exemples de communautés forcées par la montée du niveau de la mer de déménager, parfois plusieurs fois.

Elle est préoccupée par l'adaptation au climat et la justice climatique. Elle s'interroge sur certaines mesures d'adaptation telles que la construction d'une enceinte qui protège les riches industries de la montée des eaux et met les populations voisines en danger; ou bien les politiques qui encouragent l'agro-alimentaire à réclamer des terres que les populations déplacées ont laissées derrière elles. Pour Sarah, ces exemples sont “à l'opposé de la justice climatique”.

Les gens commencent à se rendre compte des intempéries extrêmes. C'est effrayant de penser que quand cela deviendra encore plus extrême, et que tout le monde s'en rendra compte, est-ce ça voudra dire qu'il est trop tard ?

350.org œuvre à la construction d'un mouvement mondial pour le climat. Cet article est republié sur Global Voices en vertu d'un accord de partage des contenus.

Nouvelle “Airpocalypse” à Shenyang, en Chine du Nord-Est

jeudi 12 novembre 2015 à 15:23
Northeastern University's campus. Photo by a student, anonymously distributed online.

Campus de l'Université du Nord-Est. Photo d'un étudiant, diffusée anonymement en ligne.

Le Liaoning est l'une des principales régions industrielles de la Chine. Fusion de deux provinces, Liaodong et Liaoxi, ainsi que de cinq municipalités, la région est aux prises avec la récession économique. Ces derniers jours, le Liaoning connaît également ce qu'on a appelé une “airpocalypse” de pollution de l'air.

Depuis le 5 novembre un brouillard toxique enveloppe de nombreuses villes du Liaoning, dont sa capitale Shenyang, où la mauvaise qualité de l'air a battu un nouveau record le 8 novembre, à 130 fois les concentrations recommandées par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

L'air de Shenyang a enregistré le 8 novembre une valeur maximale de l'index PM2,5 à 1326 μg/m3. Les PM2,5 sont des particules inférieures à 2,5 micromètres. Dans certains quartiers de la ville, l'index a été enregistré à plus de 1400 μg/m3. Ces polluants peuvent rester dans l'air pendant des jours ou des semaines, et pénétrer dans les voies respiratoires humaines, où elles provoquent maladies pulmonaires, emphysème, cancer du poumon ou mort prématurée chez des individus présentant des pathologies cardiaques ou pulmonaires préexistantes. Selon les recommandations de l'OMS pour la qualité de l'air, l'air est considéré comme à risque lorsque la présence des PM 2,5 y est comprise entre 301 et 500 μg/m3.

Les spécialistes de l'environnement suspectent qu'une combustion accrue de charbon, de paille et d'autres matériaux pour le chauffage est en partie à l'origine du pic de polution atmosphérique. Le Bureau pour l'environnement a donc pour la première fois mis en oeuvre son plan d'intervention d'urgence.

Screenshot: PM2.5 reading of Shenyang on November 8 from Aqistudy.cn, an air-quality monitor website.

Capture d'écran : graphique des PM2,5 à Shenyang le 8 novembre, par le site de surveillance de qualité de l'air Aqistudy.cn

Un plan d'intervention d'urgence inopérant

Le plan d'urgence officiel en cas de pollution atmosphérique lourde exige la suspension temporaire des travaux de construction extérieurs et la limitation de la circulation des véhicules, or un journaliste de l'agence d'information Xinhua a trouvé un chantier fonctionnant malgré tout. Le service municipal de la circulation s'est aussi opposé à la limitation du trafic automobile.

De plus en plus irrités, beaucoup dans l'opinion et les médias remettent en cause l'efficacité du dispositif d'urgence de la ville.

Bi Deli, un spécialiste du bas carbone à l'Académie des Sciences Sociales du Liaoning, a déclaré sur les médias d'Etat que certains plans publics ne sont pas opérationnels :

一份预案看起来面面俱到,实际上可操作性怎样?各个部门之间应该如何联动?在极端重污染情况下,如果老百姓对相关污染状况知之甚少,或还是通过口口相传来了解污染程度、防护措施,那么这样的预案就会成为一纸空文。沟通渠道不畅通,各项指令不能真正落实,这样的“梗阻”很难真正收到实效。

Le plan semble résoudre tous les problèmes potentiels, mais est-il opérable ? Y a t-il une communication entre les administrations ? Dans les cas de grave pollution, si les habitants ne savent pas gand chose de la situation et viennent à apprendre les niveaux de pollution et les mesures de protection par des rumeurs, le plan devient inutile. Si les canaux de communication [entre les administrations] achoppent sur un goulet d'étranglement et que les instructions ne peuvent être distribuées ou exécutées, le problème sera malaisé à résoudre.

Des lycées et collèges ont maintenu les cours, en infraction au protocole d'urgence de la ville. Au lieu de chauffer toutes les classes, une école s'est ainsi contentée de dire aux élèves de cesser toute activité à l'extérieur. Une élève a republié le message de l'administration de l'établissement, exprimant sa déception sur le site chinois de microblogging Weibo :

作为沈阳的一名高二学生,我接到校讯通时候深深对教育部门表示失望。

通知:明天沈阳市天气处于橙色二级状态,按上级有关部门要求,要求我校同学明日停止一切教室外活动,注意关好门窗,并且上学、放学期间佩戴好口罩,做好一定的预防工作,学校也会停止一切室外大型活动,希望全体学生和家长周知。--28中学管理办公室管理员 11月08日

Lycéenne à Shenyang, j'étais très déçue par le service de l'éducation après avoir reçu ce message.

Note : Demain la météo de Shenyang sera au niveau 2. En vertu des ordres d'Etat, nos élèves doivent suspendre toutes activités de plein air, fermer les fenêtres, porter des masques en arrivant et en quittant l'école, et prendre les dispositions appropriées pour éviter les lésions. L'établissement scolaire arrêtera toutes les activités de plein air de grande échelle. Nous espérons que cette note a été distribuée à tous les élèves et professeurs. [Signé] L'administrateur du bureau de direction au Collège N° 28, le 8 novembre.

Un autre lycéen a critiqué le Service de l'Environnement et de l'Education :

沈阳雾霾严重污染,环保部门和教育局为什么不停课?这是对学生身体健康状况的忽视,也是对沈阳环保的无视,这不仅关系到学生的身体健康,也关系到老师的健康。我就搞不明白了,北京雾霾,停课;上海雾霾,停课;到我们大沈阳,停止户外活动,这是要把沈阳学生的体质搞差的节奏吗?

Il y a une pollution sévère à Shenyang, alors pourquoi le Service de l'Environnement et de l'Education n'a-t-il pas interrompu les cours ? C'est négliger la santé des élèves et les considérations de sécurité, aux dépens des élèves comme des professeurs. Je n'arrive pas à comprendre. Quand une telle fumée atteint Pékin et Shanghaï, on arrête tout l'enseignement. Mais ici à Shenyang, ce sont seulement les activités de plein-air qui sont supprimées. Ce qu'ils veulent, c'est compromettre la santé des élèves ?

Etouffer sous les combustibles fossiles

La fumée suffocante de Shenyang est un rappel implacable des conséquences de la consommation de charbon en Chine, qui atteignait 4,12 milliards de tonnes par an en 2012.

Dans les régions du Nord-Est de la Chine, brûler du charbon est de longue date la principale façon de se chauffer. L'hiver dernier à Shenyang, près de 18 millions de tonnes de charbon ont été utilisées pour fournir de la chaleur aux habitants de la ville. Pendant cette seule saison la ville a réalisé 60 % de sa consommation annuelle de charbon.

Aggravant encore son cas, Shenyang utilise du charbon de mauvaise qualité à haute teneur en soufre et en cendres. Brûlé dans dans des chaudières obsolètes, le charbon de basse qualité émet un niveau élevé de dioxyde de soufre, d'oxyde d'azote et d'autres polluants en particules qui sont les principaux coupables de la fumée mortelle.

Plus tôt cette année, le gouvernement de Shenyang a résolu de se reconvertir dans le futur du chauffage au charbon au chauffage électrique. Une stratégie visant à abaisser la consommation de charbon de la ville de 35 kg à 22 kg par mètre carré.

Dans le 13e Plan Quinquennal chinois, le gouvernement central s'engageait à réduire la dépendance aux énergies fossiles et à promouvoir l'énergie propre. Mais ce genre de résolutions, la Chine en a déjà vu auparavant, et une révolution dans la qualité de l'air prendra encore des années.

Un deuxième enfant ? La plupart des Chinois n'en ont pas les moyens

mercredi 11 novembre 2015 à 21:39
One child policy poster in the 1980s.

Affiche des années 80 pour la politique de l'enfant unique.

Les Chinois sont moins enthousiastes que prévu après l'annonce du Parti Communiste le 29 octobre, que la politique de l'enfant unique va être abolie et que les couples seront autorisés à avoir un deuxième enfant s'ils le souhaitent. Au contraire, un grand nombre de citoyens ont réagi à cette “bonne nouvelle” en exprimant leur frustration sur les réseaux sociaux, et en se plaignant du lourd fardeau que représente cette nouvelle “politique des deux enfants” comme on l'appelle à présent.

Le salaire d'une personne diplômée dans une grande ville comme Pékin est de seulement 3 000 yuan par mois (un peu moins de 450 euros), alors que le prix du mètre carré avoisine les 30 000 yuan (4 500 euros). De plus, élever un enfant implique entre autres d'acheter du lait maternisé importé très coûteux et de payer des frais scolaires souvent élevés, et les jeunes mères courent de plus en plus le risque de perdre leur emploi. Autant de problèmes bien réels qui se posent à la naissance d'un enfant.

Les nouvelles règles assouplissent encore le contrôle des naissances en Chine, qui est actuellement le pays le plus peuplé au monde. La politique de l'enfant unique avait été introduite à la fin des années 70 pour endiguer une natalité trop élevée. Cette politique contraignait la plupart des couples urbains à n'avoir qu'un seul enfant, tandis que les familles rurales avaient droit à un deuxième enfant si le premier était un fille.

Selon un communiqué rendu public lors d'une importante session du Parti la semaine dernière, la nouvelle politique vise à réduire l'écart des sexes qui se creuse, et à répondre au défi d'une population vieillissante.

Moins d'enfants mais au prix fort

Selon le Bureau National des Statistiques, la Chine comptait 1,368 milliard d'habitants fin 2014, tandis que la population indienne s'élevait à 1,25 milliard, en faisant le deuxième pays le plus peuplé au monde.

Le gouvernement chinois estime que depuis sa mise en place, la politique de l'enfant unique a endigué une augmentation de la population d'environ 400 millions de personnes. Cependant, on l'accuse d'être la cause de plusieurs problèmes de société, notamment un déséquilibre des sexes, un vieillissement de la population et de nombreuses familles en deuil d'enfant.

Selon des données officielles datant de 2014, la proportion des sexes pour la génération née dans les années 80 est de 136 hommes pour 100 femmes. Il s'agit du plus grand déséquilibre au monde.

En 2014, la Chine comptait également 212 millions de personnes de plus de 60 ans, soit 15,5 % de la population.

Enfin, depuis 1990 on compte plus d'un million de familles chinoises ayant perdu leur enfant à cause de catastrophes naturelles, d'un accident, d'une maladie, etc., selon l'Académie chinoise des sciences sociales.

Même si elle est en diminution, la population active chinoise s'élevait à 916 millions de personnes en 2014, plus que l'intégralité de la population européenne (730 millions). Cela prouve bien que la main-d'oeuvre est suffisante et que le dividende démographique n'est pas près de disparaître.

Début 2014, la Chine avait assoupli sa politique de contrôle des naissances en permettant aux couples d'avoir un second enfant si l'un des parents était lui-même un enfant unique. Selon la Commission nationale pour la santé et le planning familial, à la fin du mois de mai seulement 1,45 million de personnes sur les 11 millions de couples concernés avaient fait une demande de deuxième enfant.

‘Donner naissance à un autre esclave des prêts immobiliers’

Un sondage en ligne publié par le site d'informations Sina.com révèle que 60 % des participants ne souhaitaient pas avoir un deuxième enfant, et ce malgré l'annonce de la nouvelle politique. Plus de 72 % d'entre eux citaient la pression économique comme obstacle principal à la naissance d'un second enfant.

Certains Chinois s'inquiètent aussi qu'en ayant un deuxième enfant, les femmes soient incitées à passer plus de temps à la maison et moins de temps au travail, ce qui pourrait amener les employeurs à hésiter au moment d'engager une femme.

Wang Pei'an, directeur adjoint de la Commission nationale pour la santé et le planning familial, estime qu'avec la fin de la politique de l'enfant unique, la population chinoise devrait atteindre 1,45 million d'habitants d'ici 2030. M. Wang a déclaré qu'environ 90 millions de couples auraient droit à un deuxième enfant une fois la loi promulguée, et a ajouté qu'à peu près 60 % des femmes qualifiées étaient âgées de 35 ans ou plus.

À la une du site de microblogging Weibo, voici les commentaires sur la “politique des deux enfants” ayant reçu le plus de mentions “J'aime” :

政策不是阻碍人生孩子的原因,有钱的出国去香港都能生,关键是生了养不起。

La politique de l'enfant unique n'est pas ce qui empêche les gens de procréer. Les riches vont à Hong Kong et ont tous des enfants là-bas. Les autres sont réticents car ils n'ont pas les moyens d'élever un enfant.

生了谁养,政府会帮我养吗?终究还不是我养,但是对不起,我不会生二,因为养不起,一个都已经过的很辛苦了,再生一个命还要不要了,日子还过不过了,说白了,政府不就是想让我们再生个房奴出来吗?

Après la naissance de mon enfant, qui va m'aider à l'élever ? Le gouvernement ? Au final, je devrai élever cet enfant par moi-même. Mais désolée, je n'en ferai pas un deuxième car je ne peux pas me le permettre. C'est déjà assez difficile avec un seul enfant, si j'en ai un autre, comment pourrai-je survivre ? Pour être honnête, le gouvernement veut seulement que nous donnions naissance à un autre esclave des prêts immobiliers.

移民吧,活着太贵了,死又死不起,牲口一样的日子

Il vaut mieux émigrer, la vie est trop chère et on ne peut même pas se permettre de mourir. On vit comme du bétail.

城市里负担压力大,二胎生不起,农村穷多生就是劳动力,最后又往城里跑,然后房价就又高啦

Les résidents urbains n'ont pas les moyens d'avoir un deuxième enfant car la pression financière est trop grande. À la campagne, les gens ont plus d'enfants car ils ont besoin de main d'oeuvre. Mais ensuite, ils émigrent en ville, et les prix de l'immobilier grimpent encore.

懒汉大Q:一个都养不起,还生?奴隶不够了,养不起你们了,急了吧

La plupart des gens ne peuvent même pas élever un seul enfant, et il faudrait qu'ils en fassent un autre ? Les esclaves ne sont-ils donc plus assez nombreux pour vous satisfaire ?

 

Le 9 novembre en Allemagne : un jour pour franchir nos murs physiques et culturels

mercredi 11 novembre 2015 à 21:22
Fall der Berliner Mauer

Chute du Mur de Berlin en 1989. Des murs physiques et culturels se dressent aussi en 2015 dans le destin de nombreux réfugiés. Photo Raphaël Thiémard sur Flickr (CC BY-SA-2.0)

1918, 1938, 1989 : Le 9 novembre est un jour marquant dans l'Histoire allemande, connu en Allemagne comme le “jour du destin”. Outre la Révolution du 9 novembre 1918, qui, à la fin de la Première Guerre Mondiale, a mené à l'effondrement de la monarchie, deux autres événements historiques sont en ce jour dans les esprits en Allemagne : la Nuit de Cristal, la première des actions violentes dirigées par le régime national-socialiste contre les Juifs, le 9 novembre 1938, et la Chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989. Ces deux événements sont, en cette année 2015, plus présents que jamais dans les mémoires : c'est précisément ce jour que le mouvement d'extrême-droite PEGIDA (Patriotische Europäer gegen die Islamisierung des Abendlandes : Européens patriotes contre l'islamisation de l'Occident) veut appeler à des manifestations, comme chaque lundi depuis plus d'un an.

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, des milliers de synagogues, de lieux de réunion juifs, de magasins juifs, d'appartements et de cimetières ont été détruits dans toute l'Allemagne. Ce jour a marqué la transition de la discrimination vers la persécution systématique et le meurtre de Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. Des utilisateurs de réseaux sociaux montrent leur solidarité. Voici la photo d'un “Stolperstein” (que l'on pourrait traduire par “pavé de la mémoire”), une plaque commémorative apposée devant des maisons de personnes persécutées ou déportées.

Quand des suiveurs suivent et que des citoyens ne défendent plus leur démocratie…

Un autre événement fut la chute du Mur le 9 novembre 1989. Le Mur de Berlin, qui sépara pendant plus de 28 ans la RDA et la RFA, fut ouvert progressivement le 9 novembre, suite à des protestations citoyennes. Un an plus tard venait la réunification.

Les commémorations du 9 novembre 2015 ont cependant pris un tournant, car on a autorisé ce jour le groupe PEGIDA à appeler à manifester, en marge de nombreuses cérémonies du souvenir. La ville de Munich a tout d'abord interdit au groupe de manifester, mais un tribunal administratif a levé cette interdiction. Pour beaucoup d'Allemands, le rassemblement du groupe d'extrême-droite en ce jour est insupportable. En beaucoup de lieux, les délits à motivation xénophobe et les actes de violence contre des centres d'accueil ont augmenté au fil de l'afflux de migrants, et des formations de droite sont apparues. Le groupe islamophobe PEGIDA appelle aux manifestations dans toute l'Allemagne depuis l'été 2014, particulièrement à Dresde, où des milliers de personnes l'ont suivi.

Sur les réseaux sociaux, le rassemblement de PEGIDA est âprement critiqué. Quelques utilisateurs font le parallèle entre la violence contre les Juifs de la Nuit de Cristal de 1938 et la violence xénophobe en 2015 :

Entre des Nazis qui brûlent des synagogues et des Nazis qui mettent le feu à des camps de réfugiés, il y a 77 ans.

Le 9 novembre doit surtout rappeler que la xénophobie et les murs ne sont pas une solution en 2015. Franchir ces murs physiques et culturels est un défi que l'Allemagne a déjà relevé une fois.

Peur d'une autre langue, d'autres coutumes et d'une autre manière de s'habiller ? On a déjà connu ça !

Les clôtures ne sont pas une solution. Ni en 1989. Ni en 2015.

Un artiste performeur russe met le feu à l'entrée de la Loubianka, siège du FSB

mercredi 11 novembre 2015 à 19:04
The artist poses in front of the burning door as the action is being recorded. Screen cap from the video on Vimeo.

L'artiste pose devant la porte en flammes pendant l'enregistrement de son action. Capture d'écran de la vidéo sur Vimeo.

Piotr Pavlenski, un artiste performeur russe, a été placé en détention provisoire pour suspicion de vandalisme apès avoir mis le feu aux portes du siège du Service Fédéral de Sécurité (FSB) russe, sis place de la Loubianka à Moscou.

Pavlenski, connu pour ses happenings percutants et parfois outrageants, s'est fait photographier et filmer, jerrican d'essence à la main en train de mettre le feu à une des entrées des bureaux du FSB. La vidéo de la performance a été postée sur Vimeo.

Les photos de l'action ont également été publiées par le blogueur russe Ilia Varlamov, et ont rapidement fait le tour des médias sociaux.

Selon Pavlenski, sa performance (intitulée “La Menace”) symbolisait la lutte contre les “méthodes constantes de terreur” du FSB (ex-KGB). L'artiste parle pour ses happenings de “gant jeté par la société à la tête de la menace terroriste” du FSB.

Les journalistes Vladimir Romenski et Nigina Beroeva, qui couvraient la performance, ont été appréhendés par la police en même temps que Pavlenski, puis relâchés.

Les utilisateurs de médias sociaux ont soit rejeté soit louangé la performance, une polarisation habituelle des réactions à la production artistique de Pavlenski.

- Pourquoi votre FSB est en feu ?
– Je suis un artiste, c'est ma vision.

Ça peut être tout ce qu'on veut—art moderne ou carnaval antique (genre [l'incendiaire] Erostrate), sauf de la politique. Et encore moins de la protestation.

Le député russe Dmitri Goudkov (du parti Russie Juste) a écrit un billet d'opinion Facebook réfléchi, où il examine la nature de la performance, la réaction de la société, et la signification de tout ceci pour l'avenir de la contestation et de l'Etat russes.

Я тоже скажу свои пару слов про новую акцию Павленского. Во-первых, все, конечно, прекрасно продумано: и время — утро понедельника, чтобы сразу обеспечить СМИ главной новостью, и картинка — лицо аскета на фоне пожара. Как акт искусства — практически безупречно, не нужны никакие пояснения.
А вот во-вторых — все печальнее. Представьте, что тот же Павленский вышел утром к ФСБ с плакатом в одиночный пикет. Этого никто и не заметил бы, сколько таких пикетчиков только за последний месяц повязали в центре города «без шума и пыли». А раз нормальный протест не работает — у ФСБ начинают гореть двери. И все, кого я читал в Фейсбуке, восторгаются. Не красотой картинки, а именно самим поджогом.
[…]
…другого способа диалога власти и общества уже нет. И искусство адекватно отвечает на такой вызов времени. Мы дошли до той точки, когда низы не могут достучаться до верхов, а те не хотят слышать этот стук.

Je vais aussi dire quelques mots de la nouvelle action de Pavlenski. Premièrement, tout est évidemment parfaitement pensé : le moment—un lundi matin, pour fournir aux médias leur article de une, et l'image–un visage ascétique sur fond d'incendie. Pour un acte artistique c'est quasi-parfait, pas besoin d'explication.
Et deuxièmement, c'est bien pire que ça. Imaginez ce même Pavlenski s'en aller un matin au FSB avec une pancarte pour une manifestation individuelle. Personne ne l'aurait remarqué, avec les innombrables manifestants individuels coffrés rien que le mois dernier dans le centre [de Moscou], “sans tambour ni trompette”. Et comme une manifestation normale ne marche pas, les portes du FSB se mettent à brûler. Et tous ceux que j'ai lus sur Facebook de s'extasier. Pas sur la beauté de l'image, mais sur l'incendie volontaire même.
[…]
…il n'y a pas d'autre voie de dialogue entre le pouvoir et la société, et l'art répond de façon adéquate à ce défi de notre époque. Nous avons atteint un point où ceux d'en-bas ne peuvent pas atteindre ceux d'en-haut, qui ne veulent pas les entendre frapper.