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4 poèmes malgaches sur l'amour impossible pour la Saint Valentin

dimanche 14 février 2016 à 14:53
Baobab amoureux - Madagascar - avec autorisation

Baobab amoureux – Madagascar – avec autorisation

La Saint Valentin est la pire journée de l'année ou la meilleure selon les personnes et les circonstances.

A Madagascar, la thématique de l'amour est souvent teintée de nostalgie et de souffrance. Voici  5 poèmes  sur l'amour impossible, écrit par les auteurs malgaches les plus reconnus

Voninkazo adaladala ( Fleur folle) par Georges ANDRIAMANTENA (Rado)    

Rado a publié sept recueils de poèmes, parmi lesquels Dinitra (1973), ny Voninkazo adaladala (2003) et ny fiteny roa (2008) sur  l'amour impossible dont le poème Fleur folle qui compare son attirance pour une personne qu'il ne peut avoir a une fleur qui pousse dans le desert:

Voninkazo adaladala, Voninkazo tsy misaina, Fa maniry samirery, Eny an-tany karankaina,  Ny manodidina rehetra, Efa ringitra avokoa, Efa tapitra matory, Izy irery no mifoha, Ity foko koa adala, Tsy mba manadino e ! Ny rehetra raha mangina, Izaho mbola mino e ! Mbola tena mahatsiaro, Ilay fitiavako taloha, Mbola velona ao am-poko, Tsy mitsahatra mamoy Voninkazo, adaladala e !

Fleur folle, fleur irréfléchie, Qui persiste à pousser sur un terrain en jachère. Partout, tout autour et déjà, c’est la désolation et tout sommeille.  Et seule, elle demeure éveillée toute seule. Il existe encore et quelque part aussi. Mon cœur est tout aussi fou et refuse aussi l’oubli. Le silence demeure autour de mon amour mais je continue à croire.  Je garde en mémoire et me souvient toujours de mon amour perdu auquel j’ ai toujours cru. Cet amour est toujours aussi fort, et me tiens en eveil la nuit.

Le poème a été mis en chanson par le chanteur Erick Manana:

De la meme manière, un autre texte moins connu de Rado, traite aussi de la douleur silencieuse d'un coeur meurtri.

Georges Andriamanantena via his facebook tribute page with permission

Georges Andriamanantena (Rado) , via sa page Facebook. Avec permission

Voici  un de ses poèmes, Ho any ianao (Tu iras la voir), un extrait :

Ho any ianao,kanefa….
Aza ataonao fantany izao fahoriako izao
Fa aoka hiafina aminy
Ny ketoky ny jaly
Nanempaka ny aiko,tanatin'ny longoa
Izay namandrihany ahy…
Ny dinitry ny foko manorika ahy mangina,
Fa sempo-tsasak'alina
Misaina ity anjarako,
Aza ataonao fantany!
[..]
Eny e ! Ampy izay.Tongava soa aman-tsara !
Dia akatony mora
Io varavarako io
Fa hitomany aho…
Rado, janoary 1966

Tu vas la voir, mais…
Ne lui parle pas de ma souffrance,
Laisse-la ignorer la morsure de la douleur
qui déchire mon être,
dans les rets où elle m'a attrapé,
Mon coeur transpirant qui m'étouffe en silence
au milieu de la nuit
quand je pèse ma destinée,
Ne la laisse pas savoir !
[..]
Tel est mon message. N'oublie pas.
Et Adieu !
Mais avant d'aller,
cette main qui est la tienne, qu'elle ne touche rien,
avant de s'unir à la sienne…
Oui, c'est tout. Fais bon voyage.
Et je t'en prie, ferme cette porte
Sur mes larmes.
Rado, janvier 1996.

Tiako hianao (Je vous aime)- Hain-teny, texte traditionnel malgache (auteur inconnu)

Tiako hianao

Ary tianao tahaka ny inona ?

Tiako tahaka ny vola hianao

Izany tsy tianao aho

Fa raha noana hianao atakalonao hanina.

Tiako tahaka ny varavarana hianao.

Izany tsy tianao aho.

Tiana ihany ka atositosika.

Tiako tahaka ny lambamena hianao.

Izany tsy tianao aho.
Fa efa maty vao mihaona.

Je vous aime.

— Et comment m'aimez-vous ?

— Je vous aime comme l'argent.

— Vous ne m'aimez pas :

Si vous avez faim, vous m'échangerez pour ce qui se mange.

— Je vous aime comme la porte.

— Vous ne m'aimez pas :

On l'aime, et pourtant on la repousse sans cesse.

— Je vous aime comme le lambamena.

— Vous ne m'aimez pas :

Nous ne nous rencontrerons que morts.

TSIKY FOANA (Garder le sourire) de Hanitr’ Ony

Fanambinana no antsoiny
Fiherenana ho ambony
Famafàna lonilony
Faneken-tsy ho resy intsony
N'inon'inona ampitsoiny
Andramo kely anie ‘zany, hono,
Tsiky foana foana alohany
Dia lefahany ny fony…

Hanitr'Ony

Il demande la chance
Il se redresse pour aller plus haut
Ecarter les acrimonies
Pour ne plus accepter la défaite
Quelque soit l'avenir
Essayer donc cela
Mettre le sourire en avant
Maitriser son coeur

Hanitr'Ony

Dans la bourgade syrienne qui concentre les combattants étrangers, l'anglais et l'allemand deviennent langues courantes

samedi 13 février 2016 à 23:58
Daesh Terror Group Foreign Fighter after Friday's Prayer In #Aleppo. Source: @Terror_Monitor on Twitter

Des combattants étrangers de Daech (Etat islamique) après les prières de l'Aïd Al Adha à Alep. Source: @Terror_Monitor

Manbij est une des principales villes de la province d'Alep, située dans la campagne au nord de cette ville, dans la Syrie du nord, son territoire est contrôlé par l'Etat islamique (Daech en arabe) depuis mars 2014. Manbij est peuplée de tant de combattants étrangers que l'anglais et l'allemand sont des langues couramment parlées dans cette bourgade.

Manbij, surnommée Little London par les djihadistes, est à une heure de route de la frontière turque, et la première étape des combattants étrangers qui se rendent en Syrie pour rejoindre l'EI. Selon un reportage récent du journal britannique Telegraph, la bourgade compte le plus d'Européens de toutes les autres villes de Syrie. Les Britanniques sont en haut de la liste, suivis par les Allemands puis les Français.

Inutile de dire que cette invasion de djhadistes étrangers n'est guère appréciée par les habitants. En novembre 2014, Goha's Nail révélait sur son blog la place de ces derniers dans la gouvernance de l'EI :

L'EI paraît répugner à intégrer trop étroitement des membres potentiellement moins dévoués. S'il y a des administrateurs d'EI syriens, beaucoup sont étrangers. Les habitants de Manbij quant à eux préfèrent tenir le groupe à distance ; ils apprécient certains aspects de la gouvernance d'EI, mais ne veulent pas s'en approcher de trop. Ils subodorent cependant que l'insistance d'EI sur l'éducation et l'endoctrinement des enfants fait partie d'un plan à long-terme pour lier plus étroitement le groupe aux populations qu'il gouverne.

L'EI a publié des vidéos montrant des enfants, dont certains sont britanniques, entraînés et endoctrinés dans la ville de Manbij.

Le nombre estimé de combattants étrangers étrangers dans les rangs de l'EI en Syrie et en Irak frisait les 12.000 en juin 2014. Mais, selon un rapport de décembre 2015 du Soufan Group (une firme de consultant en stratégie internationale), le chiffre a presque triplé pour atteindre à présent les 31.000, composés de ressortissants de pays arabes, comme les Tunisiens et les Saoudiens, et au moins 5.000 recrues de pays de l'Union Européenne. La France à elle seule contribuerait avec 1.800 combattants, et le Royaume-Uni en aurait fourni 760.

Une évaluation du flux de combattants étrangers en Syrie et Irak

Ce sont au moins 86 pays qui sont représentés dans les territoires sous contrôle de l'EI, avec un triplement des nouvelles recrues en provenance de Russie et d'Asie Centrale. Le Soufan Group affirme qu'environ 150 et 130 personnes sont venues respectivement des Etats-Unis et du Canada, sans vrai changement comparé à la tendance passée, malgré la campagne plus active de recrutement lancée par L'EI en Amérique du Nord en exploitant à fond les réseaux sociaux. Le Soufan Group dit que les pays occidentaux restent confrontés à la menace du retour de combattants entraînés.

La grande inquiétude est que 20 à 30 % selon les estimations de ces combattants retournent dans leurs pays occidentaux d'origine, des pays qui vont donc tous faire face à des arrivées de combattants désormais aguerris dotés de contacts internationaux.

Dans un billet de blog, British Mujāhidīn in Syria (

Je n'ai aucune idée de ce qui a causé la ruée sur les combattants étrangers britanniques en Syrie, mais soudain la chasse à “l'Européen barbu” a été rouverte. Tout a commencé avec une vidéo de Vice, montrant une interview de deux Anglais qui combattent actuellement en Syrie. L'interview est très intéressante en elle-même car ces types expliques ce qui leur a fait quitter leurs villes natales en Grande-Bretagne pour le Djihad dans la Syrie ravagée par la guerre.

Au bout de deux années sous Daech, les habitants de Manbij ne sont pas plus heureux de la férule islamique et ont manifesté, selon la page Facebook de Syria Post, qui a publié la vidéo ci-dessous accompagnée du commentaire : “Voyez les héros de Manbij, qui malgré la sécurité maximale dans la ville, sont descendus dans la rue demander au groupe extrémiste de quitter la ville.”

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#شاهدأبطال #منبج رغم التشديد الأمني لتنظيم #داعش يتظاهرون مطالبين بخروجه من المدينة.#سوريا_بوست #خاص #حصري #منبج

‎Posted by ‎سوريا بوست Syria Post‎ on‎ 16 نوفمبر، 2015

Et certes, les citoyens vivant sous e contrôle de l'EI souffrent grandement, ne serait-ce que des frappes aériennes de la coalition internationale sous direction des Etats-Unis, qui forcent les gens à fuir la zone pour garder la vie sauve. Al-Souria Net rapportait en octobre 2015 sur sa page Facebook en arabe que de nombreuses personnes mendient dans la rue pour joindre les deux bouts :

انتشار ظاهرة التسول في مناطق سيطرة “‫#‏تنظيم_الدولة‬” بريف ‫#‏حلب‬ الشمالي

Il y a plus de gens qui mendient dans les zones sous contrôle de l'EI dans le nord d'Alep

Du fait des mesures de sécurité de grande envergure des autorités, l'accès à l'aide humanitaire se rétrécit, d'où la mendicité généralisée, en particulier des femmes, enfants et personnes déplacées :

[…] في مدينة منبج عائلات ظهر الفقر عليها وبدأت ظاهرة التسول بالانتشار وذلك للحصول على ما يسد رمق العائلة في المنزل وخصوصاً تلك العائلات التي نزحت من الرقة ودير الزور.

[…] Dans la ville de Manbij, des familles démunies commencent à apparaître, qui se mettent à mendier pour avoir de quoi nourrir leurs proches chez eux—des familles qui ont été déplacées de Raqqa et Deir al-Zour, en particulier. […]

Et beaucoup disent que la prospérité promise par l'Etat islamique n'est qu'un leurre :

[…] “كل الازدهار الذي نسمع عنه لدولة البغدادي هو وهم بوهم، ويتم توزيع هذه الخيرات على عناصره فقط وبخاصة المهاجرين منهم”.

“Tout ce que nous entendions de la prospérité de l'Etat d'al-Baghdadi est une illusion, tous les biens ne sont distribués qu'à leurs membres, et en particulier aux immigrants.”

وينقل الناشط أحمد عن أحد سكان مدينة منبج، ويدعى أبو جاسم، قوله: “بأنه ونتيجة للضرائب التي تفرضها القوة الأمنية على المواطنين في مناطق منبج والباب وجرابلس إضافة للتضيق الكبير على الناس في هذه المدن فإن كل شيء يجب أن تعمله يتوجب وجود موافقة أمنية وكأننا في دولة الأسد”.

D'après un activiste appelé Ahmed, parlant pour Abou Jassim (un habitant de Manbij) : “Avec les taxes imposées par les forces de sécurité aux habitants des zones de Manbij et Bab al Jarables, tout papier officiel dont on a besoin nécessite un visa de la sécurité comme si on était dans l'Etat d'Assad.”

Veracruz, le lieu de tous les dangers pour les journalistes mexicains : 18 victimes depuis 2000

samedi 13 février 2016 à 20:28
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La journaliste Anabel Flores. Photo diffusée sur les réseaux sociaux.

Mauvaise nouvelle pour la liberté d'expression et le journalisme à Veracruz dans l'est du Mexique après la disparition de la journaliste Anabel Flores Salazar qui, selon diverses sources a été enlevée par un groupe armé le 8 février 2016. Le lendemain, la Commission Étatique pour l'Attention et la  Protection des Journalistes (CEAPP) a confirmé le meurtre de la journaliste après que son corps ait été retrouvé dans l'état voisin de Puebla.

Selon le blog Periodismo en las Américas [Journalisme en Amérique], “sur les 7 meurtres de journalistes commis en 2015 dans le pays, trois ont eu lieu dans cet état. En juillet 2015, l'organisation Article 19 a souligné que depuis 2000, 18 journalistes ont été assassinés dans l'état de Veracruz, parmi lesquels 12 l'ont été durant le mandat de l'actuel gouverneur Javier Duarte“.

Le site Aristegui Noticias a été l'un des premiers à relater les faits :

El cuerpo de Anabel Flores Salazar, periodista desaparecida en Veracruz la madrugada del lunes 8, fue encontrado en la carretera Cuacnopalan-Oaxaca, estado de Puebla, a unos 15 kilómetros del estado donde ejercía su profesión.

Un empleado de la Fiscalía General del estado de Puebla (FGE) confirmó a la revista Proceso la identidad del cadáver: “Ya es un hecho. Lamentablemente se trata de la reportera desaparecida la madrugada del lunes, ya se trasladó una comitiva a Puebla”.

Le corps d'Anabel Flores Salazar, journaliste disparue à Veracruz le matin du lundi 8, a été retrouvé sur la route Cuacnopalan-Oaxaca, dans l'état de Puebla, à environ 15 kilomètres de l'état où elle exerçait son métier.

Un employé du parquet général de l'état de Puebla a confirmé au magazine Proceso l'identité du corps : “C'est une certitude. Il s'agit malheureusement de la journaliste disparue lundi matin, un convoi est déjà arrivé à Puebla”.

Selon le site Sopitas, l'enquête a été qualifiée de la façon suivante, à Veracruz :

La Fiscalía de Veracruz clasificó el levantón como “desaparición”. Al mismo tiempo el fiscal del estado, Luis Ángel Bravo Contreras, dio la orden de activar inmediatamente los protocolos especializados del Mecanismo Federal de Protección a Personas Defensoras de los Derechos Humanos y Periodistas.

Le Parquet de Veracruz a qualifié l'enlèvement de “disparition”. Au même moment, le procureur de l'état, Luis Ángel Bravo Contreras, a ordonné l'activation immédiate des protocoles spécialisés du Mécanisme Fédéral de Protection des Défenseurs des Droits de l'Homme et des Journalistes.

Au Mexique, le terme “enlèvement” [levantón en espagnol] est utilisé lorsqu'une personne est privée illégalement de sa liberté par des délinquants ou des membres des groupes armés qui participent au conflit interne dont souffre le pays.

Le journal La Jornada a recueilli des témoignages selon lesquels les personnes qui ont enlevé Anabel Flores, spécialisée dans les enquêtes criminelles, “avaient l'air de soldats” et se déplaçaient apparemment en camions militaires.

Sur Twitter, l'utilisateur Benito Taibo a fait le commentaire suivant :

Anabel Flores. Journaliste de Veracruz assassinée. N'oublions pas son nom.

Claudia Pérez Sosa a exprimé son opinion sur le meurtre de la journaliste :

l'assassinat odieux et cruel d'Anabel Flores est confirmé… #ÇaSuffit #FiniLaViolence

Veracruz est devenu un lieu extrêmement dangereux pour l'exercice du journalisme ces dernières années. Il suffit de citer comme exemple le cas de Gregorio Jiménez de la Cruz qui, il y a deux ans, a été poignardé avant d'être enterré dans une des fosses communes clandestines dont regorge le pays. Le risque pour les journalistes n'est – malheureusement – pas limité à Veracruz puisqu'en 2015, le Mexique a été considéré par Reporters Sans Frontières comme le pays le plus meurtrier pour les journalistes dans l'hémisphère ouest.

Dans le Classement Mondial de la Liberté de la Presse 2015, la même organisation s'est exprimée ainsi au sujet du triste panorama mexicain :

Asesinatos, secuestros, agresiones y amenazas se multiplicaron en un clima de impunidad casi total, lo que generó miedo y autocensura. La colusión de ciertas autoridades políticas y administrativas con el crimen organizado obstaculiza el buen gobierno y la justicia a todos los niveles en el país. El Mecanismo para la protección de periodistas y defensores de los derechos humanos no posee la eficacia ni la rapidez que se requieren para responder a las necesidades de los periodistas que se encuentran en peligro.

Meurtres, enlèvements, agressions et menaces se sont multipliés dans un climat d'impunité quasi totale, générant peur et autocensure. La collusion entre certaines autorités politiques et administratives et le crime organisé entrave la bonne gouvernance et la justice à tous les niveaux du pays. Le Mécanisme de protection des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme ne possède ni l’efficacité, ni la rapidité requises pour répondre aux besoins des journalistes en danger.

L’année dernière, Rubén Espinosa, reporter photographe ayant fui de Veracruz après avoir dénoncé être victime de menaces de la part du Gouverneur Javier Duarte, a lui aussi été torturé et exécuté à Mexico, lors d'un crime violent non éclairci à ce jour.

Javier Duarte, issu des rangs du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI) officiel, a une histoire conflictuelle avec la presse locale à cause de ces faits et d'autres. Il a de plus démontré son intention d'entraver la liberté d'expression sur internet à travers la loi appelée “Ley Duarte” [Loi Duarte], qui cherchait à criminaliser la diffusion de rumeurs sur les réseaux sociaux. Cette loi a ensuite été  déclarée inconstitutionnelle par le Pouvoir Judiciaire.

La célèbre écrivaine Guadalupe Loaeza a interpellé le mandataire régional :

Vous dormez bien la nuit, Monsieur le Gouverneur de Veracruz?

M. Duarte, pour sa part, ne s'est pas exprimé après ce nouvel épisode de violence contre les journalistes.

En Argentine, le “Projet Assiette Pleine” ne veut plus que la nourriture soit jetée

vendredi 12 février 2016 à 23:52
Voluntarios del proyecto Plato Lleno. Imagen usada con autorización.

Des volontaires du projet Plato Lleno. Image utilisée avec autorisation.

Le Proyecto Plato Lleno (“Projet Assiette Pleine”) est une initiative solidaire et volontaire en Argentine qui a pour objectif de récupérer la nourriture non consommée au cours de diverses activités, banquets et fêtes, qui terminerait sinon à la poubelle. Ils ont déjà collecté 24 000 kilos de nourriture, qui ont rempli 48 000 assiettes et autant d'estomacs affamés.

Tout a commencé par une conversation entre deux amis. Alexis Vidal, organisateur d'évènements, et Paula Martino, qui travaille dans une agence d'évènements durables, se sont rendu compte qu'il y avait beaucoup de nourriture non consommée qui était jetée, et ils ont décidé d'agir à ce sujet. Le résultat fut Plato Lleno, projet créé en 2013.

Comme ils le racontent sur leur page Facebook :

Le projet apparaît comme la conséquence d'une alliance […] dans le but d'organiser des évènements ayant une approche durable, face à cette question : “Que pourrions-nous faire de la nourriture qui n'est pas consommée lors de ces évènements – ce qui représente une grande quantité – et qui finit toujours à la poubelle ?”

Peu à peu, ils ont donné forme à ce projet à caractère 100 % solidaire, afin que la nourriture cuisinée qui n'est finalement pas consommée lors de chaque évènement puisse être destinée à des foyers, des cantines, des institutions, etc., la clé du succès étant… la VOLONTÉ !

Imagen usada con autorización

Nourriture emballée avant distribution. Image utilisée avec autorisation.

Tel qu'ils l'ont raconté au quotidien La Nación, les volontaires de Plato Lleno “arrivent au beau milieu de la fête, emballent ce qui a été cuisiné mais n'a pas été consommé, et emportent tout directement à des institutions sociales afin que ce soit distribué le plus vite possible ou congelé pour être livré plus tard”.

En plus de Buenos Aires, le projet est également présent à Mendoza, La Plata et Posadas. Le groupe de Mendoza a commencé à fonctionner en octobre, quand deux Mendociens ont entendu parler de l'initiative qui faisait ses débuts dans la capitale argentine. C'est ainsi qu'ils ont décidé de l'étendre à leur province. Rien qu'au cours de leur première nuit de travail, ils ont récupéré 30 kilos de nourriture, ce qui a pu aider 60 personnes en à peine quelques heures.

Ils racontent :

Le groupe […] se présente à un évènement et mettent un point d'honneur au soin apporté à la nourriture. Les volontaires portent des vêtements appropriés pour ce travail (charlottes, masques, etc.) et les plats sont conditionnés sous vide pour ensuite être déposés dans une glacière. On remet ensuite la nourriture à une cantine contactée au préalable par Plato Lleno.

Le soin apporté au processus d'emballage de la nourriture avant que celle-ci ne soit répartie est très rigoureux, comme on peut le voir sur ce Décalogue de l'Emballage :

Decálogo

Image utilisée avec autorisation

Cette vidéo raconte de manière graphique la procédure à suivre avec la nourriture récupérée. Vous remarquerez que le plus gros de l'activité présentée dans cette vidéo est réalisé pendant la nuit, afin que les personnes bénéficiaires en profitent tôt le matin suivant :

Le projet utilise aussi Twitter pour diffuser son travail et ses activités

 

Tu nous aides pour que @PlatoLleno puisse poursuivre son travail ? On ne jette pas la nourriture

Tu as un restaurant et tu ne sais pas quoi faire de la nourriture que tu n'as pas pu servir ? Voilà comment tu peux nous aider…

[Image : Le projet Plato Lleno est une initiative solidaire, menée par des volontaires et qui a pour objectif principal d'éviter de jeter la nourriture cuisinée qui n'est pas servie lors d'évènements. Notre consigne est d'essayer de redistribuer cet excédent de nourriture qui finirait à la poubelle !]

#LaComidaNoSeTira Des Mendociens récupèrent des aliments pour aider des cantines

Moscou dit adieu (ou au-revoir) à ses kebabs et échoppes

vendredi 12 février 2016 à 19:58
Image edited by Kevin Rothrock.

Les kebabs, c'est fini à Moscou. (Le maire Sobyanine chevauche une boule de démolisseur.) Photo-montage de Kevin Rothrock.

Moscou s'est réveillée cette semaine avec un autre visage. Le 9 février avant l'aube, la mairie a lancé une vaste opération de démolition d'une centaine de petits commerces, édifiés illégalement disent les responsables municipaux. Les décombres étaient jusqu'à la veille des boutiques, des cafés et des kiosques.

Depuis des années, Moscou guerroie contre les commerces qui ont colonisé les espaces vides de la ville dans les années 1990. Les démolitions de cette semaine sont un nouvel épisode de cette longue bataille, mais tranchent par leur étendue.

Au métro Tchistye Proudy on a commencé à démolir le second pavillon. #NuitDesLonguesPelleteuses [référence à la “Nuit des longs couteaux, la purge nazie meurtrière en 1934]

Au moins 104 constructions sont vouées à la démolition, dont beaucoup situées en plein centre de Moscou, autour de stations de métro célèbres et touristiques comme Tchistye Proudy, Kropotkinskaya, Arbatskaya, ou Place Pouchkine.

Les bulldozers et pelleteuses ont travaillé toute la nuit, au milieu d'un grand déploiement policier, et au lever du jour, les décombres émaillaient la ville. La rapidité et le secret de l'opération l'ont fait comparer par ses défenseurs, ses opposants et les plaisantins de l'internet, unanimes, à une opération militaire.

La nuit dernière à proximité du métro Novoslobodskaya, une frappe aérienne de précision a détruit un centre de commandement de Daech.

Dans un billet de blog sur Vkontakte, le réseau social le plus populaire de Russie, le maire Sergueï Sobyanine a justifié les démolitions par des motifs de sécurité  :

Сегодня снесли строения, незаконно возведенные на инженерных коммуникациях и над технической зоной метро, опасные для москвичей. Объекты возведены, в основном, в 90-е годы при явном попустительстве либо содействии чиновников.
Места, где находились эти объекты, благоустроим.
Прежним владельцам при их желании предоставим возможность построить торговые объекты в других местах и уже на законных основаниях.

Aujourd'hui nous avons démoli des édifices érigés illégalement sur les réseaux de distribution et au-dessus des zones techniques du métro, des dangers pour les Moscovites. Les sites avaient été construits essentiellement dans les années 1990 avec à l'évidence le concours ou la tolérance de fonctionnaires.
Les lieux où se trouvaient ces édifices seront aménagés.
Nous offrirons aux anciens propriétaires qui le souhaitent la possibilité de construire leurs commerces ailleurs et cette fois sur des bases légales.

L'ultra-nationaliste Mouvement de Libération Nationale a proposé sa propre justification, un peu étrange, à ces démolitions :

[…] московское метро, это стратегический военный объект №1 в Москве. В случае ракетно-ядерного удара США/НАТО – подходы в метро должны быть максимально освобождены, чтобы успело спастись максимально большее количество людей. Поэтому, всегда думайте головой, а не эмоциями, когда видите то или иное событие.

Le métro de Moscou est la cible stratégique N° 1 à Moscou. En cas d'attaque nucléaire des USA ou de l'OTAN, les entrées du métro doivent être dégagées au maximum, pour pouvoir sauver le plus grand nombre possible de gens. C'est pourquoi il faut toujours penser avec sa tête, et non avec ses émotions, en voyant cela ou d'autres faits.

Esthétiquement, les constructions démolies étaient presque universellement honnies, et la plupart du temps qualifiées de “monstruosités” ou “horreurs”. Ces mini-centres commerciaux de bric et de broc sont de plus en plus voyants, notamment dans le centre de Moscou, là où la ville est en voie d’ “hipsterisation.” A commencer par le relooking complet du Parc Gorki et de l'ancien parc des expositions soviétique VDNKh, la ville a montré des dispositions à hausser les espaces publics aux standards soi-disant européens.

Les défenseurs de ce genre de transformation urbaine ont fait de ces verrues commerciales le symbole de tous les errements de l'ère post-soviétique : l'anarchie, la pauvreté, et la corruption du maire précédent Iouri Loujkov.

Parmi ces défenseurs se trouve Ilia Varlamov, un blogueur et photographe populaire, et peut-être le plus ardent propagandiste en Russie des pistes cyclables, des zones piétonnes et de tout ce qui est censé rendre une ville “civilisée”. Le nouveau site internet de Varlamov, Moslenta.ru, entièrement dédié à Moscou, a retransmis en direct les démolitions et documenté ce qui a été réduit à l'état de gravats.

Si ces mini-centres commerciaux de fortune sont odieux à beaucoup, leur destruction n'a pas été unanimement applaudie par les Moscovites. Les méthodes du maire Sobyanine (équipes de démolition nocturnes, libertés prises avec les documents juridiques et les procédures judiciaires) illustrent les incertitudes de la jurisprudence russe .

Maxim Katz, un militant libéral du camp Varlamov, a résumé ainsi la situation :

1. Строения сейчас находятся в собственности, их постройка с властями была согласована и это никакой не самострой, конечно,
2. Согласования эти получены в нарушении действующих тогда правил с помощью заноса мешков с наличными в кабинеты тех людей, которые отвечают за выдачу согласований (и в более высокие кабинеты),
3. Мэрия придумала сложную юридическую закавыку позволяющую ей снести эти объекты без решений судов так как они находятся рядом с коммуникациями.

1. Ces édifices ont des propriétaires, et leur construction avait le consentement de la municipalité, ce n'étaient certainement en rien des squatters.
2. Ces permis ont été obtenus en infraction des lois existant à l'époque, grâce aux sacs d'argent liquide déversés dans les bureaux de ceux responsables de délivrer ces accords (et chez leurs supérieurs).
3. La mairie a élaboré une procédure juridique complexe lui permettant de démolir ces édifices sans décision de justice au motif qu'ils se trouvent à proximité de réseaux de distribution.

Le militant anti-corruption Alexeï Navalny (qui avait défié Sobyanine à l'élection municipale de Moscou en 2013, et avait failli le contraindre à un second tour) réclame des poursuites contre les fonctionnaires qui avaient accordé au départ les autorisations d'activité :

Заявлено, что снесут 104 объекта. Мне дайте, пожалуйста, 104 уголовных дела или административных дела или хотя бы дисциплинарных дела против бывших и нынешних чиновников, разрешивших или «не заметивших» строительство.

[La ville a] annoncé la démolition de 104 constructions. Accordez-moi, je vous prie, 104 procès criminels, ou affaires administratives, ou au moins actions disciplinaires contre les fonctionnaires passés et présents qui ont autorisé ou “n'ont pas remarqué” cette construction [illégale].

Tandis que cette discussion de citadins a touché à de nombreuses questions politiques d'importance, les Moscovites font aussi étalage d'une nostalgie pour l'ère en voie de disparition des kebabs pas chers et des échoppes kitsch qui ont fleuri sur les épaves de l'URSS.

“Quand tu iras à Moscou, essaie les kebabs”

Quelle sera la suite pour Moscou ? Les commerçants ne seront probablement pas dédommagés, même s'ils ont déjà juré d'aller au tribunal. Le chef de l'administration présidentielle de Poutine a recommandé de laisser inoccupé l'espace autour des stations de métro, pour restaurer la grandeur de l'ère soviétique. D'aucuns suspectent que les fonctionnaires de la ville finiront par vendre de nouveaux permis douteux à une kyrielle de nouveaux entrepreneurs, relançant le cycle de l'illégalité et de la corruption. Une seule chose est sûre pour le moment : le maire Sobyanine promet de poursuivre les démolitions.