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La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères accuse Facebook de travailler pour l'Etat Islamique

mercredi 21 décembre 2016 à 11:38
Maria Zakharova, in lawn gnome form. Image: Facebook

Maria Zakharova, en nain de jardin. Image: Facebook

Maria Zakharova, la porte-parole haute en couleur du Ministère russe des Affaires étrangères, a accusé les administrateurs de Facebook de travailler pour l'autoproclamé Etat islamique, lorsque un de ses statuts a été temporairement effacé lundi.

Peu après la confirmation officielle par Moscou de la mort d'Andréï Karlov, l'ambassadeur de Russie en Turquie, Zakharova publiait une photo sur Facebook, montrant M. Karlov debout devant Mevlut Mert Altintas, l'homme qui allait lui tirer dans le dos quelques instants plus tard. Zakharova avait légendé l'image “Je n'aime pas quand on tire dans le dos” — citation d'une chanson célèbre du poète russe Vladimir Vyssotski.

L'image était parue dans le style d'un “démotivateur” internet, ce qui a pu paraître un manque de respect à certains usagers de médias sociaux et peut-être susciter des signalements.

Les administrateurs de Facebook auraient vu dans le geste de Mme Zakharova une infraction aux conditions d'utilisation du réseau, et huit heures plus tard la photo s'était évaporée de sa page.

Les médias russes ont eux aussi constaté la disparition de l'image de la page de Facebook de Zakharova, et au moins un site, celui de Gazeta.ru, rapportait qu'elle l'avait supprimée elle-même.

Mais Mme Zakharova ne tarda pas à souligner qu'elle n'avait rien supprimé du tout. Dans un nouveau statut, elle accusa les administrateurs de Facebook de “sabotage de l'information”, se demandant à haute voix si le site était de mèche avec les djihadistes de l'EI..

Удаление админами компании Фейсбук из моего аккаунт фотографии убитого посла Андрея Карлова – это акт не цензуры, но информационной диверсии.
В курсе ли компания, кто эти админы и какие цели они преследуют? Возможно, это игиловцы?

La suppression de mon compte par les administrateurs de la société Facebook d'une photo de l'ambassadeur assassiné Andreï Karlov n'est pas de la censure, c'est du sabotage de l'information. La compagnie est-elle au courant de qui sont ces administrateurs et des buts qu'ils poursuivent ? Ils sont peut-être de mèche avec l'E.I. ?

Quelques minutes après, Zakharova réécrivait cependant sur Facebook, pour partager la bonne nouvelle que son billet d'originel avait été rétabli après “la suppression accidentelle de [votre] statut par l'équipe Facebook”.

“Mes amis, merci pour votre soutien !” s'est réjouie Zakharova pour ses abonnés sur Facebook, devant leur triomphe collectif sur les forces de subversion de l'information.

Les Ghanéens exigent de CNN de rectifier sa fausse représentation de leur pays

mardi 20 décembre 2016 à 21:34
Un supermarché à Accra, Ghana. Image Creative Commons publiée par l'utilisateur de Flickr Michael Sean Gallagher.

Un supermarché à Accra, Ghana. Image Creative Commons publiée par l'utilisateur de Flickr Michael Sean Gallagher.

Après une élection réussie et pacifique le 7 décembre, Twitter a été inondé dimanche décembre de messages de Ghanéens disant qu'ils avaient assisté à une messe à l'église pour rendre grâce à Dieu pour l'issue claire ou pour célébrer avec le parti gagnant.

Cependant, un tweet du journaliste sportif ghanéen Gary Al-Smith (@garyalsmith) a apporté une note bien différente. Il a publié une capture d'écran d'une partie d'un reportage de la chaîne américaine de télévision CNN sur l'élection au Ghana dans lequel le pays a été présenté comme souffrant de pénuries alimentaires. Dans un tweet à ses plus de 166.000 fans, en utilisant le hashtag #CNNGetItRight (CNN rectifiez), il a dit:

Hmm @ CNN, je ne savais pas que les Ghanéens “faisaient de longues queues pour obtenir des produits” ou “luttent pour obtenir de la nourriture”. Et je vis ici.

Gary Al-Smith a été déçu que l'article de CNN ne donne pas une vraie image de l'économie du Ghana. Dans le deuxième paragraphe de l'article, on lit, en référence au président élu Nana Akufo-Addo :

L'économie nationale sera le principal défi du Président Akufo-Addo. Des réserves de pétrole ont été découvertes au large des côtes du Ghana en 2007, mais les Ghanéens luttent pour se nourrir et satisfaire leurs besoins quotidiens. Les pannes de courant sont monnaie courante et les citoyens font souvent la queue pour s'approvisionner.

L'article déforme la réalité concernant le Ghana. Les Ghanéens ne luttent généralement pas pour avoir de quoi manger et les services quotidiens, et ils ont accès à suffisamment de nourriture et de ressources. S'il arrive de voir des queues ces jours-ci, ce pourrait être pour l'achat d'une délicatesse locale appelée “Waakye”, un plat très populaire fait de riz mélangé à des haricots – mais la longue file d'attente est un signe de la qualité du Waakye,pPas celui d'une pénurie alimentaire critique.

Dans le passé, il y a eu des problèmes liés à l'accès à l'électricité en raison d'une crise énergétique, mais actuellement, les Ghanéens en ont et ne subissent plus de pannes de courant comme le prétend CNN.

Le tweet de M. Gary a suscité beaucoup de colère contre CNN parmi les Ghanéens, et nombre d'entre eux ont répondu en ridiculisant la chaine pour son reportage inexact. D’ autres journalistes ghanéens, comme Nana Ama Agyemang (@JustNanaAma) de Citi FM, ont tweeté:

Quel traitement paresseux d'un sujet fantastique par @CNN. Aucune nuance, juste le cliché habituel “Les Africains souffrent.”

La première dame du Ghana, Mme Lordina Mahama (@firstladyGhana), a demandé à CNN de faire des reportages conformes à la réalité sur le Ghana :

Nous sommes un pays beau et prospère. Veuillez nous présenter avec exactitude.

Certaines entreprises locales de médias ont également repris l'affaire. Myjoyonline expose encore plus d'erreurs dans l'article, soulignant qu'il a été écrit par deux auteurs qui n'avaient pas été au Ghana ni n'étaient Ghanéens :

Les erreurs ont provoqué la risée des Ghanéens, qui sont devenus encore plus énervés quand il est apparu que l'article a été écrit par une journaliste nigériane basée à Lagos, Stephanie Busari, et un autre basé à Atlanta, Ralph Ellis.

L'article, entre autres erreurs, a également incorrectement dit que les gens du pays sont «Ghaniens», au lieu de «Ghanéens».

En outre, l'article citait de faux résultats définitifs. Il disait: “Akufo-Addo du Nouveau Parti patriotique a obtenu 5.180.389 voix contre 4.193.861 pour son adversaire soit environ 55% contre 45%, selon des représentants du Centre national de collectes de la CE (Commission électorale) qui a vérifié les relevés des résultats de 241 circonscriptions.

C'est inexact parce que les chiffres de la CE portant sur 241 circonscriptions sont 54,69% pour M. Nana Addo et 43,60% pour John Mahama. Les chiffres cités par la chaîne sont, donc, surprenants.

Une autre erreur factuelle a indiqué que le Président élu du Ghana, M. Nana Akufo-Addo, s'était présenté aux élections générales de 1998, alors que les élections ont eu lieu en 1996 et 2000.

D'autres médias internationaux, dont la BBC, le site web américain d'extrême-droite Breitbart et la chaine de TV russe financée par le gouvernement RT ont parlé de l'affaire.

Efo Dela a ironiquement commenté la décision d'inclure ceci dans le reportage:

CNN: nous devrions écrire sur les élections réussies au Ghana
CNN encore: le gens ne le liront pas. Ajouter “luttent pour obtenir de la nourriture” les gens aiment cette m….

Finalement, CNN, en réponse aux tweets, a corrigé les erreurs dans l'article et indiqué dans la note de l'éditeur que l'article précédent ne donnait pas une image fidèle de l'économie du Ghana. Jemila Abdulai (@Jabdulai), écrivaine et blogueuse, a tweeté la capture d'écran de l'article corrigé :

L'article de la @CNN sur les élections au Ghana a finalement été rectifié.

Mawuli Tsikata (@MawuliTsikata), un gestionnaire en ligne pour CitiFm, a demandé à CNN de présenter des excuses :

Nous remarquons les rectifications apportées à l'article précédent. Pouvez-vous maintenant présenter des excuses publiques aux Ghanéens?

En fin de compte, de nombreux Ghanéens ont été heureux d'avoir pu faire pression sur CNN pour corriger le mauvais reportage sur leur pays, mais c'est malheureux que cela ait pu se produire.

Mise à jour le 18/12/2016: Un porte – parole de CNN a transmis la déclaration suivante: “Ce reportage n'aurait jamais dû être publié dans sa forme originale. Les procédures éditoriales de CNN n'ont pas été suivies, et nous avons revu en profondeur nos procédures internes pour nous assurer que cela ne se répétera plus.L'article a été corrigé et la référence à Stephanie Busari a été supprimée parce qu'elle n'a pas participé à l'écriture de cet article. Nous nous excusons pour tout désagrément provoqué.”

En Russie, les enseignants réagissent aux projets d'éducation religieuse orthodoxe

mardi 20 décembre 2016 à 14:30
Source : Académie théologique de Saint Pétersbourg, Flickr

Source : Académie théologique de Saint Pétersbourg, Flickr

Certains responsables politiques russes aimeraient que les écoliers connaissent les capitales du monde et les dates historiques les plus importantes, mais qu'ils soient également capables d'identifier les différents types de cloches d'églises et de se repérer dans le calendrier orthodoxe russe. Le journal Kommersant rapporte dans son édition du 29 novembre avoir pris connaissance d'un projet de réforme scolaire examiné par le ministère de l'Education qui augmenterait significativement le nombre d'heures de cours consacrées à l'étude de l'orthodoxie russe pour les élèves de la maternelle à la fin du lycée. Kommersant écrit que les membres du ministère étaient alors prêts à voter en faveur de cette mesure sans discussion et sans délibération aucunes.

Bien que les responsables politiques en charge de l'éducation aient depuis confirmé que le cours en question ne serait pas obligatoire au niveau fédéral, le concept même a suscité des réactions intéressantes de la part des enseignants et a soulevé un certain nombre de questions concernant les relations étroites entre l'Eglise orthodoxe russe et le gouvernement. Le cours proposé était appelé à remplacer entièrement le programme d'enseignement religieux existant, privant les parents de tout contrôle sur l'éducation religieuse de leurs enfants. Dans les écoles publiques russes, l'étude de la religion fait actuellement partie du programme “Fondements de la culture religieuse et de l'éthique laïque” (ORKSE), enseigné aux élèves de quatrième année d'école primaire. Les parents peuvent choisir l'un des multiples modules afin de remplir ce programme facultatif de trente quatre heures, parmi lesquels figurent l'éthique laïque, la culture religieuse mondiale, l'orthodoxie russe, le judaïsme, l'islam et le bouddhisme.

Le projet prévoyait une forte augmentation du nombre d'heures consacrées au fait religieux : selon celui-ci, trois cent-cinquante heures par an ou jusqu'à deux leçons par semaines seraient “optimales” pour les élèves des niveaux cinq à neuf [équivalent du collège, NdT]. Parmi les sujets proposés, “La conception chrétienne orthodoxe du sens de la vie humaine” et “Les interprétations erronées des textes bibliques dans la littérature des sectes destructrices”.

Depuis la chute de l'Union Soviétique, il y a vingt-cinq ans, la Russie s'est efforcée de trouver un équilibre entre un développement sain de la culture religieuse —un aspect très important de la vie dans la Russie impériale avant que la religion ne soit bannie en URSS— et un maintien de la séparation entre l'Eglise et l'Etat. En 2007, dix scientifiques de renom ont adressé une lettre au Président Vladimir Poutine dans laquelle ils dénonçaient la religiosité grandissante dans les écoles russes. La controverse actuelle est un prolongement de ce débat sur la place de la religion dans l'éducation publique, et ce n'est pas la première fois cette année que de telles réformes ont été proposées au ministère de l'Education. En juin, la responsable de l'Académie russe de l'éducation, Lioudmila Verbitskaïa, qui avait suggéré que les élèves se penchent sur l'orthodoxie russe plutôt que sur les nouvelles de Léon Tolstoï et de Féodor Dostoïevski, avait demandé la révision d'un autre cours sur l'orthodoxie russe, révision qui avait finalement été abandonnée.

La riposte des enseignants

Les enseignants et les éducateurs n'ont pas vraiment été enthousiasmés par cette récente proposition faite par le ministère. Olga Sapoukhina, enseignante de mathématiques et de programmation à Moscou, a écrit sur sa page Facebook : “Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Où est l'éthique là-dedans ? Il n'y a déjà pas assez de temps pour la science, des disciplines comme l'astronomie et le dessin technique ont été éliminées du programme, et maintenant on va avoir des cours sur l'orthodoxie russe ? N'y a-t-il rien d'autre à enseigner à l'école ? Les élèves maîtrisent-ils toutes les autres matières ?”

Pendant ce temps, le lycée européen de Moscou a soutenu l'avis de sa directrice, Irina Bogantseva, qui s'est aussi exprimée contre la réforme proposée dans des commentaires au forum de discussion publique “La question”.

Bogantseva et Sapoukhina ne sont sans doute pas seules : une pétition lancée sur change.org après que la nouvelle de la réforme s'est propagée a recueilli à ce jour plus de cent mille signatures. Intitulée “Interdire l'enseignement de ‘Fondements de la culture orthodoxe russe’ et de tout autre matière imposant un point de vue religieux aux enfants des écoles russes”, elle exige du Président Vladimir Poutine qu'il se saisisse directement de la question.

En effet, les responsables politiques de l'éducation sont réticents à l'idée que l'éducation religieuse soit gérée par des instances supérieures. Alors qu'on lui demandait son opinion sur la possibilité d'une éducation religieuse obligatoire étendue au-delà des prérogatives de l'ORKSE, le responsable du Comité pour l'éducation de la Douma Viacheslav Nikonov a souligné que les décisions sur le renforcement de l'éducation religieuse ne devraient pas être prises au niveau fédéral : “Je pense que le choix d'étudier ou de ne pas étudier l'orthodoxie russe devrait toujours incomber aux parents et aux élèves.”

Après la fuite dans la presse du projet de réforme, la Ministre de l'Education Olga Vassilieva a publié un communiqué dans lequel elle affirme que le cours ne serait finalement pas obligatoire. “Pour que cette possibilité puisse être examinée en détail ou mise en avant, les experts auraient dû se réunir et en discuter ; autrement dit, le vote par correspondance n'est pas envisageable dans ce cas de figure”, a-t-elle affirmé en faisant référence au vote qui avait été proposé sur la réforme et qui n'a jamais eu lieu.

Vassilieva a certes paru discréditer le processus d'examen de la réforme, mais le contenu de la réforme lui-même a semble-t-il échappé à sa critique. Ceci n'est pas surprenant, étant donné son histoire personnelle. La nomination de Vassilieva au Ministère de l'Education en début d'année a suscité la méfiance lorsque l'on a appris ses liens étroits avec l'Eglise orthodoxe russe (et qu'elle a un point de vue controversé sur l'héritage de Staline). En août, l'Eglise orthodoxe russe a publié un communiqué sur son site internet concernant la nomination de Vassilieva, dans lequel on peut lire : “Le Seigneur vous a fait don d'un grand talent dont vous avez su tirer partie brillamment à toutes les étapes de votre travail.”

Le cours proposé par la réforme a toutefois été apprécié par certains utilisateurs des réseaux sociaux, qui considèrent que l'enseignement de l'orthodoxie russe est importante pour la préservation de la culture russe.

Vous n'avez pas encore remarqué que nous étions en train de perdre notre identité nationale ? MAIS PAS EUX ! L'introduction des fondamentaux de l'orthodoxie russe dans les écoles pourrait être notre dernière chance.

La liberté de culte est protégée par l’article 14 de la constitution russe. Une étude du Centre de recherches Pew a montré en 2008 que soixante douze pour cent des citoyens russes s'identifient comme russes orthodoxes, et que la Russie a également une nombreuse minorité musulmane : quatorze millions de personnes, soit dix pour cent de la population se considère comme musulmane.

Le billet d'Ahmed Makhmetov sur Facebook.

Dans la région du Tatarstan, plus de cinquante pour cent de la population est musulmane, ce qui pourrait poser des difficultés dans la mise en place d'un cours obligatoire soutenant l'orthodoxie russe comme un fondement de l'identité nationale russe. Ahmed Makhmetov, qui travaille pour l'Administration cléricale islamique de l'oblast de Saratov, dans le sud-ouest de la Russie, est resté perplexe en apprenant l'existence de cette possible réforme. Ainsi, il a écrit sur sa page Facebook : “Il est interdit aux élèves filles de porter le voile parce que notre éducation est laïque, mais il est normal d'étudier davantage l'orthodoxie russe ?”

Pollution de l'air en Chine : “les autorités se cachent la tête dans le smog”

mardi 20 décembre 2016 à 13:07
Protesters put masks on statues outside the World Financial Center in Chengdu to protest against toxic smog in the city. Image from Twitterer @caichu88

Des protestataires mettent des masques à des statues devant le World Financial Center de Chengdu pour protester contre le brouillard toxique qui enveloppe la ville. Photo sur Twitter via @caichu88

Une bonne douzaine de villes de Chine du nord suffoquent sous le smog depuis la fin novembre. La concentration en particules fines, ou PM 2,5, dans l'air ces deux dernières semaines dépasse 300 microgrammes par mètre cube (µg/m³), et même 500 μg/㎥ à certains endroits. Une telle densité de polluants est dangereuse pour la santé humaine et peut provoquer des maladies pulmonaires : emphysème, cancer des poumons, voire des décès prématurés chez des individus présentant des pathologies cardiaques ou respiratoires préexistantes.

Le 15 décembre, le Ministère de la Protection de l'environnement a recommandé à 23 villes de tout le pays d’émettre une alerte rouge à la pollution atmosphérique. La municipalité de Pékin a été la première à l'appliquer en annonçant une alerte rouge de cinq jours.

Une photo virale prise par une journaliste pékinoise le 16 décembre du haut d'un gratte-ciel nouvellement construit de Pékin montre les effets du smog sur la métropole :

Extraordinaire photo de Pékin dans le smog prise du sommet du nouveau building China Zun de CITIC !

Encore plus grave, une récente étude scientifique a trouvé des gènes bactériens de résistance aux antibiotiques dans des échantillons d'air à Pékin en janvier pendant une période de smog. Même si des études complémentaires sont nécessaires pour connaître les conséquences de leur présence, les scientifiques y voient une menace à la santé publique.

Des études ont estimé que la pollution de l'air cause jusqu'à un million de morts prématurées en Chine chaque année. Les responsables de Pékin ont reconnu que la pollution atmosphérique en Chine est la pire du monde, et ont juré de prendre des mesures pour purifier l'air. L'an dernier, Pékin a introduit un système d'alertes, et une des mesures prises depuis début décembre est le déploiement de camions brumisateurs dans les très grandes villes :

Un véhicule anti-smog come on en voit en Chine, mais les spécialistes préviennent que “l'efficacité n'est pas meilleure que celle d'une arroseuse puissante”

La parade des canons brumisateurs est pourtant inefficace et beaucoup n'y voient rien d'autre qu'une mise en scène politique pour la population. La réapparition ces dernières semaines du populaire mème internet “servir le smog au peuple” (喂人民服雾), une déformation phonétique du mot d'ordre du Parti Communiste chinois “servir le peuple” (為人民服務), reflète l'exaspération de la population face à la pollution.

La levée de boucliers dans l'opinion contre la pollution de l'air ces dernières années a échoué à apporter la moindre évolution positive, attisant un mécontentement général. Bien que le problème soit reconnu officiellement et que les autorités s'assurent d'un ciel bleu pendant les grands événements, leurs actions sont vues comme superficielles.

Une récente étude menée par une équipe chinoise locale de recherche a établi qu'après les mesures temporaires prises par des exécutifs locaux telles que fermeture d'usines et restrictions à la circulation automobile pour créer des ciels dégagés lors d'événements politiques, les niveaux de pollution non seulement rebondissaient rapidement ensuite, mais montaient même plus haut qu'avant.

L'alerte rouge oblige les villes concernées à instaurer une batterie similaire de mesures temporaires : interruptions des chantiers de bâtiment et travaux publics, restrictions de circulation automobile et fermeture d'usines, ressenties par les gens comme perturbant leur vie quotidienne sans pour autant s'attaquer aux causes de la pollution.

En réalité, les autorités traitent souvent les efforts pour creuser les causes du smog toxique en perturbation de l'harmonie sociale, comme le montre la répression contre les citoyens qui tentent de sensibiliser l'opinion au problème à Chengdu, la métropole de la province du Sichuan.

On trouve ci-dessous une brève description de ce que fait la société civile, par le journaliste-citoyen basé aux USA @caichu88 :

La génération post-90s de Chengdu a manifesté le 8 décembre devant le World Finance Center de Chengdu. Récemment, Chengdu a été pollué par le smog et les post-90s [les moins de trente ans, NdT] ont manifesté devant le centre financier, exigeant que les autorités s'attaquent au problème. Depuis le 6 décembre, un message est devenu viral parmi les habitants de Chengdu sur les réseaux sociaux : Chengdu piégé dans le brouillard. Nous enterrons nos têtes dans le smog. Merdde à l'usine chimique de para-xylène (PX) de Pangzhou, qui transforme Chengdu en ville empoisonnée.

En 2013, les habitants de Chengdu avaient manifesté contre la phase deux d'extension d'une usine chimique à Pangzhou, mais en vain. Depuis l'extension, Chengdu subit depuis juillet 2015 les fumées noires en provenance de la zone industrielle de l'usine chimique. Le projet vient d'entrer dans sa phase trois de développement.

Au lieu de répondre aux inquiétudes du public à Chengdu, le gouvernement a déployé la police anti-émeutes pour faire cesser la contestation, et des internautes qui avaient mis en ligne des affiches de protestation sur les médias sociaux ont été placés en garde à vue. Sur WeChat, toutes les discussions sur le problème de smog de Chengdu ont été effacées. Les autorités auraient ordonné aux médecins des hôpitaux de Chengdu de n'établir aucun lien entre le smog et les maladies.

L'utilisateur de Twitter @xiucai1911 s'est moqué des méthodes des autorités pour traiter le problème du smog :

Nouvelle version de la politique de l'autruche : “Rapport au chef : Le problème du smog est résolu !” “Bravo ! Comment vous y êtes-vous pris ?” “Nous avons effacé tous les messages sur le smog, interdit le port de masques et arrêté ceux qui écrivaient sur le smog !”

Après le lancement de l'alerte rouge le 15 décembre, les médias traditionnels ont multiplié les articles sur le smog et les conseils de santé afférents. Toute discussion sur les origines dudit smog reste pourtant bannie.

Le Chef de l'exécutif de Hong Kong pro-Pékin s'en va. Mais son clone n'est pas loin.

lundi 19 décembre 2016 à 20:21
Many Hongkongers believe that Carrie Lam and Regina Ip, potential candidates for upcoming Chief Executive election, are current city's leader CY Leung's substitutions. Viral image on Facebook and Twitter via Kris Cheng.

De nombreux Hongkongais pensent que Carrie Lam et Regina Ip, candidates potentielles à l'élection du futur Chef de l'Exécutif, sont de facto des copiés-collés du dirigeant actuel de la cité CY Leung. Image virale sur Facebook et Twitter via Kris Cheng.

Le Chef de l'exécutif de Hong Kong Leung Chun-ying a annoncé le 9 décembre qu’il renonçait à briguer sa réélection pour s’occuper de sa famille. La nouvelle est tombée deux jours avant l'élection au poste de Chef de l'exécutif par le comité électoral composé de 1200 membres qui décideront du prochain dirigeant suprême le 26 mars 2017.

Lors d’une conférence de presse surprise, Leung a souligné que sa décision de ne pas se représenter était purement personnelle :

C’est une décision personnelle. En tant que mari, en tant que père, j dois prendre soin de ma famille… Ma fille n’a qu’un seul père, ma femme n’a qu’un mari.

Pourtant, la plupart des commentateurs croyaient que cette décision venait de Pékin et non de Leung qui avait clairement fait allusion à son ambition de se faire réélire lors d'une interview par l'Agence Xinhua News le mois dernier.

Beaucoup croyaient également que sa tentative musclée d'évincer du parlement deux députés très pro-indépendants était une démarche pour gagner le soutien de Pékin à sa réélection.

Même si le nouveau Chef de l’exécutif sera inévitablement issu de l’establishment, la population continue d'espérer que le chef suprême de la cité restera fidèle à la devise de la constitution « un pays deux systèmes » qui régit les relations entre Hong Kong et la Chine continentale.

Tout Sauf CY?

La frustration ne s'arrête pas aux Hongkongais, l’incapacité de Leung à négocier avec les différents groupes d’intérêt, dont ceux venant du clan de l’establishment, est aussi un casse-tête pour Pékin.

Au cours des derniers mois, le « TSC – Tout Sauf CY » est devenu un slogan politique parmi les dissidents du clan de l’establishment. Commentateur politique, Lau Sai Leung a souligné sur une plateforme de journalisme d’investigation the Initium :

ABC 陣營除了地產商外,也加入了建制派政黨,陣營決定提早終結梁振英的政治生命:曾俊華明示自己有意參選,大法官胡國興以反梁姿態宣布去馬,而中央摸底亦發現,在 ABC 因素干擾下,挺梁的危機是梁根本不夠票當選,中央必須出手終止建制分裂影響特首選舉的局面,而唯一方法就是換馬。

Les membres du clan “TSC” sont composés de promoteurs immobiliers et de quelques partis politiques pro-establishment. Le clan veut mettre fin à la carrière politique de CY Leung plus tôt [que prévu par Pékin] : John Tsang [le secrétaire aux finances hongkongais ] a exprimé son intention de mener sa campagne électorale, le juge en retraite Woo Kwok Hing a même adopté le TSC dans son programme de campagne pour l’élection du Chef de l’Exécutif. Le gouvernement central, conseillé par divers partis, a découvert que sous l’impact du TSC, Leung pourrait manquer de voix nécessaires à sa réélection. Pékin doit mettre fin à la division du clan pro-establishment et la seule façon d’y parvenir est de changer de candidat.

Lau a également expliqué que l’échec de CY Leung n’était pas personnel, mais inhérent au système politique anti-démocratique de Hong Kong :

梁的失敗,其實與前特首曾蔭權最後兩年的失敗有着驚人地相同的背景,就是當特首民望低迷,失去政治能量時,「西環治港」(指中聯辦介入香港政治)乘虛而入,而結果是令特首出現結構性低民望局面。[…] 香港人對特首的期望,是希望他能以本地利益為先,代表香港這一制,而非中央的委派代理人。

L’échec de Leung est similaire à celui du Chef de l’exécutif  Donald Tsang il y a deux ans, lorsque sa popularité s'est réduite et qu’il a perdu son dynamisme politique. Le Bureau de Liaison Chinois est intervenu [et sa popularité est descendue encore plus bas]. Leur manque de popularité est structurel [ …], les Hongkongais veulent un Chef de l’Exécutif qui fasse passer les intérêts locaux en priorité et maintienne le système en place à Hong Kong, plutôt qu’un agent à la solde de Pékin.

Ainsi, même si CY Leung quitte son poste, le prochain Chef de l’exécutif, faute de mandat populaire, sera toujours issu des structures du pouvoir. Approuvée par le Bureau de liaison chinois et soutenu par Tung Chee Hwa, premier chef de l’exécutif à Hong Kong, la députée et ancienne secrétaire à la sécurité intérieure Regina Ip Lau Suk-yee est l'une des figures susceptibles d'intégrer la course.

Carrie Lam est une alliée clé de CY Leung qu'elle a aidé dans la mise en oeuvre de nombreuses mesures impopulaires sur l’île, ces quatre dernières années. Regina Ip, en attendant, est une figure controversée pour avoir promu des lois sévères sur la sécurité nationale en 2003. Les deux sont ainsi considérées comme des substituts de CY Leung. La photo en haut de cet article, représentant le visage de Yeung « photoshoppé » sur les deux femmes, résume habilement ce sentiment.

Certains commencent aussi à appeler Regina Ip par les initiales R IP, conduisant au slogan politique « les Hongkongais ne veulent pas de RIP » (les Hongkongais ne veulent pas d’arnaque).

Voilà qui est vite fait. Les gens de HK ne veulent pas de R.Ip (Regina Ip)

Les jeux de pouvoir de CY Leung

Le commentateur de l’actualité Leung Man Tao a également rappelé aux Hongkongais que même si CY Leung ne sera plus le responsable de l’exécutif, le prochain continuera probablement de gouverner de la même manière, c’est-à-dire en intervertissant les élites et en encourageant les batailles politiques :

這整套人事變化的要點就是換血,它不是設法吸納民間潛在反對力量,更不是要加速原有建制力量的新陳代謝,卻是要以一脈除了忠於自己之外就樣樣都缺的新血去徹底代替本來的建制同盟。

Les changements majeurs dans la nomination à des postes officiels et politiques sont des « transfusions sanguines » [substitution d’élite]. Cette stratégie ne tente ni d’absorber les élites de la société civile pour les empêcher de tomber dans l’opposition, ni d’accélérer la circulation des élites à l’intérieur de l’establishment. Elle change plutôt le « sang ancien» en « sang fidèle » pour construire une alliance qui peut être entièrement sous contrôle.

「梁振英路線」的第二大特點就不必多說了,路人皆知,那便是沿襲了大陸新近維穩政治特色的鬥爭為綱,無中生有,小事化大,直至社會撕裂,達到危害國家安全的地步。利用種種外緣條件的變化,內外人鬼,一樁又一樁的案件,一個又一個的危機,然後就可以替自己樹立英勇忠義的形象,藉大義之名博取政治地位,甚至乎維穩成本,這原是內地部份地方官員的伎倆,不料近年卻也隱隱出現在香港了。[…]「DQ」議員數目從辱華反中的梁游二人增加到根本和港獨無關的四個本土派上,只是最新的例子而已。既然這一招能夠挾全國民意和政治上的根本底線來逐步壓毀非建制勢力,同時鎮懾所有建制派中蠢蠢欲動的對手,誰能擔保梁振英之後不會有人再用?而這招屢見奇效的手法又要香港和整個中國的民間為它付出多少彼此誤會、懷疑和仇視的代價呢?

La seconde caractéristique du style de pouvoir de Leung est évidente. Elle suit le principe récent du contrôle de stabilité de la Chine continentale, qui amplifie les petits conflits en menaces sur la sécurité nationale et divise la société. Si l’on se réfère aux transformations politiques des autres régions et aux incidents, il conduit directement à une série de crises politiques pour justifier la répression pour faire des héros et accumuler un capital politique. Ce genre de manœuvres électorales sont fréquemment utilisées par les officiels de la Chine continentale mais a débarqué à Hong Kong ces dernières années […]. L’exclusion des députés Leung Chung Hang et Yau Wai Ching pour leur serment anti-chinois et l’extension de telles sanctions politiques à quatre autres députés locaux sont les exemples les plus récents. Ces tactiques utilisent l’opinion publique de la Chine continentale pour réprimer les partis d’opposition et menacer les dissidents issus de l’establishment. Qui peut garantir que de telles manœuvres ne seront pas utilisées à l’avenir ? Ces jeux de pouvoir ont déjà mis la société en pièces, avec pour conséquences des relations antagonistes entre Hongkongais et Chinois continentaux.

Le comité électoral de 1,200 membres pour la nomination du Chef de l'exécutif a été élu le 11 décembre. Ce n'est un secret pour personne que Pékin contrôle les votes majoritaires. En plus des 300 candidats nommés par certains membres opérationnels pro-Pékin ayant gagné sans aucune concurrence, environ 250 membres favorables à la Chine deviennent d'office membres du comité grâce à leur fonction au sein du Conseil Législatif, du Congrès de la Chine Populaire, ou encore de la Conférence Consultative Politique de la Chine Populaire,  etc …

Contre toute attente, les pan-démocrates [partisan de la démocratie] parviennent encore à obtenir 340 sièges et sont devenus une minorité critique au sein du comité électoral. Comme chaque candidat, qui pose sa candidature au poste de Chef de l'exécutif, doit avoir 150 voix des membres du comité, les pan-démocrates peuvent proposer deux candidats. Leurs votes pourraient également permettre de mesurer la popularité du prochain Chef de l'exécutif.