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One Billion Rising en Allemagne et Suisse

jeudi 14 février 2013 à 16:35
Screenshot aus dem Kurzfilm "One Billion Rising" von Eve Ensler

Capture d'écran du court-métrage d'Eve Ensler “One Billion Rising”

Une femme sur trois sera victime pendant sa vie de viol ou de mauvais traitements. Sur une population mondiale de 7 milliards, cela fait plus d'un milliard de femmes et filles confrontées chaque jour à la violence ou qui l'éprouvent directement dans leur chair. Plus de 603 millions de femmes vivent dans des pays où la violence domestique n'est pas considérée comme un crime. Selon une déclaration de presse [en anglais] en rapport avec la Campagne “UNIS pour mettre fin à la violence contre les femmes” (UNiTE to End Violence against Women) du Secrétaire Général de l'ONU Ban Ki-Moon, jusqu'à 70% des femmes subissent des violences sous une forme ou une autre. On lit aussi dans cette déclaration que la probabilité qu'une femme entre 15 et 44 ans soit violée ou en butte à la violence conjugale, dépasse celle de contracter le cancer ou le paludisme, d'avoir un accident de la circulation ou d'être une victime de guerre.

Das Logo von One Billion Rising auf Deutsch

Le logo allemand de One Billion Rising

L'organisation V-Day, qui devant ces chiffres horrifiants n'a plus voulu rester spectatrice passive, a aussitôt initié la campagne internationale One Billion Rising (Un Milliard se lèvent). Cette mobilisation rapidement croissante demande la fin des violences contre les filles et les femmes, ainsi que l'égalité des chances et des droits, et veut instaurer un signal commun, pour sensibiliser le plus possible d'individus à cette problématique.

C'est ainsi que le 14 février, un milliard d'êtres humains sont appelés, à travers le monde, à se lever et participer, ensemble, à des rassemblements. Sur toute la planète, des hommes et des femmes vont faire grève, danser sur les places publiques et manifester leur solidarité par d'autres activités ciblées.

One Billion Rising est une campagne qui nous concerne tous. Une semaine à l'avance, plus de 13.000 actions différentes ont été prévues dans 190 pays et ces nombres ont crû de jour en jour.

La blogueuse suisse Nathalie Sassine-Hauptmann écrit dans le magazine en ligne Clack à propos de cette “vague féministe” :

Les manifestations féministes remportent actuellement un grand succès – du moins dans les médias. Après ≠Aufschrei c'est le tour d'Aufstand ‘(se lever'). Actions locales et résonance mondiale caractérisent «One Billion Rising» : pour protester contre les violence aux femmes, ce sont 190 pays qui participeront, le «day to rise», 14 février 2013, à une gigantesque flashmob. Personne n'en est plus surpris qu'Eve Ensler, initiatrice et auteure des «Monologues du vagin». «Cela dépasse les classes, les mouvements sociaux et les religions. C'est comme un immense tsunami féministe», a-t-elle déclaré au «Guardian» britannique.

Les actions locales vont de la première flashmob de l'histoire de la Somalie à Mogadishu aux marches de protestation sur l'île écossaise de Bute en passant par les manifestations de masse en Inde et un événement de danse géant au Bangladesh [en anglais].

Karte mit allen geplanten Veranstaltungen in Deutschland

Carte des événements prévus en Allemagne

Rien qu'en Allemagne plus de 120 événements sont prévus : démonstrations de danse, chaînes humaines, représentations théâtrales, colloques anti-violences, etc…. En Suisse, l’Organisation féministe pour la paix (cfd) et PeaceWomen Across the Globe (PWAG) ont créé une plate-forme commune, sur laquelle les organisatrices et organisateurs de Suisse peuvent faire réseau et échanger idées et projets. Y sont en outre constamment publiés les manifestations qui auront lieu en Suisse. Jusqu'à présent, des flashmobs de danse ont été prévues à Bâle, Berne, Zürich, Genève, WorbThun, Lugano, Bienne, Lausanne et Gümligen. Le mouvement est incroyablement dynamique, car les gens se lient via les médias sociaux et tiennent à apporter avec beaucoup d'engagement et de créativité leur contribution personnelle à ce mouvement planétaire.

Karte mit allen bisher geplanten Veranstaltungen in der Schweiz

Carte des événements prévus en Suisse

 

 

Sur la chaîne Youtube V-Day on trouvait séjà, il y a une semaine, 138 contributions vidéo de femmes et d'hommes du monde entier expliquant pourquoi elles et ils descendront dans les rues le 14 février. La blogueuse Helga Hansen de Braunschweig, qui écrit pour le blog Mädchenmannschaft (‘équipe de filles'), a elle aussi enregistré sa déclaration vidéo :

Sharon Adler, distinguée par le prix féminin de Berlin 2012 et fondatrice du magazine en ligne AVIVA-Berlin, a aussi participé à l'opération vidéo :

Sur le blog Die Münchnerin (‘La Munichoise') on trouve d'autres déclarations d'hommes et de femmes d'Allemagne.

La blogueuse Luziehfair écrit sur Ausrufern :

J'ai eu l'occasion, ces derniers temps, de participer entre autres à des discussions sur les “non-mots” de l'année, et le débat actuel sur le sexisme prend, dans les médias (probablement aussi dans les bistrots, mais je ne les fréquente plus) les formes les plus saugrenues, alors qu'en même temps des tragédies comme celle en Inde se déroulent dans le monde entier. Mais à présent je voudrais être constructive :

„Une femme sur trois sur cette planète sera battue ou violée durant sa vie. Cela fait un milliard de femmes, à qui on fait violence … un inconcevable calvaire. Le 14 février 2013, le Jour J invite un milliard de femmes à sortir de chez elles, à danser et se lever pour réclamer la fin de cette violence. [...] Nous montrons au monde notre force et notre solidarité mondiale au-delà de toutes les frontières. [...]“

Tel est le mot d'ordre de la campagne One Billion Rising et je trouve qu'il vaut d'être entendu. Il doit être entendu.

Luziehfair ajoute un lien vers la bande-annonce du célèbre clip d'Eve Enslers (Attention : message d'avertissement) :

Le Frauenblog (‘blog féminin') réfléchit à la suite :

Et c'est là que se pose la question de la suite. Cela fait-il sens de mettre en branle ces développements pour ensuite clore l'opération ? Il est assurément souhaitable de pouvoir proposer ici une continuité. Chaque événement ne peut pourtant pas être installé dans la durée, nous n'avons simplement pas assez de moyens et de forces en réserve pour cela. Et pourtant : un tel „événement“ ne surgit pas du néant, il est inclus dans des structures déjà présentes, qui existeront encore demain et continueront leur travail habituel. Si en liaison avec One Billion Rising […] il se trouvait des femmes qui se rallient à ce mouvement, que ce soit en groupe régional du V-Day ou en renfort des groupes féminins locaux déjà existants, un magnifique succès s'ajouterait à notre déclaration publique :„Nous sommes ici, nous sommes partout, nous sommes fortes, nous faisons du bruit, nous ne nous laisserons plus réduire au silence“.

One Billion Rising : Les danses des femmes

jeudi 14 février 2013 à 16:35

Aujourd'hui 14 février a lieu un mouvement féministe médiatique de grande ampleur, One Billion Rising [en], très suivi sur Twitter grâce au hashtag #1BillionRising. Le site de cette campagne en appelle aux femmes du monde entier :

Pour le 15ème anniversaire du V-Day [Journée contre la violence], le 14 février 2013, nous invitons un milliard de femmes et ceux qui les aiment à marcher, danser, se lever et demander la fin de cette violence. One Billion Rising va émouvoir la terre, activant femmes et hommes à travers chaque pays. V-Day veut que le monde voit notre force collective, notre nombre, notre solidarité à travers les frontières.

 

Affiche de la journée One Billion Rising Franc

Affiche de la journée One Billion Rising France

One Billion Rising, projet profondément humaniste, s’est fixé pour but de secouer le monde vers une nouvelle conscience [shake the world into a new consciousness], par l’expression corporelle et quasi-rituelle de la marche et la danse,  pour réintroduire dans la conscience humaine la force et l’intégrité féminine radicale.

Une nouvelle conscience de la violence

Dans son livre J'ai tué Schéhérazade : Confessions d'une femme arabe en colère, (Actes Sud 2010, p. 57) contant son parcours de femme militante, Joumana Haddad écrit :

Un ami m'a demandé un jour : “Quel est ton endroit préféré dans le monde ?”…”Ma tête.”

Voici une réponse toute simple qui peut paraître trop facile à bon nombre mais qui décrit pourtant un combat encore non résolu.

En Egypte par exemple, les femmes ne se laissent pas faire [fr], et encore aujourd'hui – deux ans après le soulèvement populaire contre le régime politique – des marches ont lieu à Tahrir contre les harcèlements [en] dont elles sont victimes. Selon le témoignage de Laurie Penny sur son blog [en], depuis la place Tahrir :

‘Nous les jeunes allons libérer l'Egypte’ – marche contre le harcèlement sexuel, 6 février 2013

En Inde, si des manifestations ont régulièrement lieu pour dénoncer la normalisation des agressions quotidiennes, c'est le viol collectif à Delhi en décembre 2012 qui a enflammé les foules et attiré l'attention des médias.
En France, l'opinion se passionne pour les Femen, ce groupe d'activistes ukrainiennes qui manifestent torse nu à travers toute l'Europe aussi bien dans le cadre du mariage pour tous que dans celui des lois concernant la prostitution.
Sur Twitter, les opinions divergent. Les anonymes ne sont pas unanimes mais l'information circule : les marches sont rapportées en direct, on témoigne, on s'insurge, on questionne et on transmet son ressenti et son expérience personnelle. Cette violence s'inscrit dans un rapport agressif au corps et survit bien après, comme en témoigne Mona Eltahawy dans une interview :

J'ai été battue et agressée sexuellement, alors quand je parle de misogynie et de haine des femmes, je l'ai expérimentée personnellement sur mon corps. C'est le point central de ma rage.

Les violences quotidiennes faites aux femmes [fr] ne sont pas restreintes à une seule catégorie : elles touchent toutes les femmes, toutes les couches socioprofessionnelles, toutes les cultures ; des femmes aborigènes du Bangladesh [fr] jusqu'aux communautés numériques, comme l'écrit Asher Wolf sur son blog [en] :

L'inégalité ne fait pas irruption de nulle part. Et les femmes ne se retirent pas seulement des communautés de hackers à cause de cette rhétorique fatiguée “les maths et le hacking sont des affaires de garçons.” Non, les femmes restent en dehors des hacker-spaces, des conférences et des projets technologiques à cause des expériences continuelles de misogynie, d'abus, de menaces, de rabaissements, de harcèlement, de viol.

Les voix portent si loin que les médias décrivent un phénomène visuel, un mouvement radical et mentionnent une révolution en marche.

 ”Les femmes ne savent toujours pas prendre leur espace”

Pourtant, les femmes réunies dans le cadre de la performance artistique Silver Action, le 3 février 2013, par Suzanne Lacy au Tate Modern en Angleterre [en], ne semblent pas de cet avis. Lors de cette performance, des centaines de femmes britanniques, âgées de plus de 60 ans, ont transmis leurs ressentis par le biais d’une performance orale relayée sur Twitter par des auditrices/eurs invité/e/s, et ont témoigné de leur rôle actif au sein des manifestations féministes des années 50 à 80, dévoilant des avancées en matière de droits mais également des similitudes entre hier et aujourd'hui.

Sur Twitter, les auditrices rapportent les propos, par exemple de @leepster [en]:

“Mon fils a des amitiés avec des femmes, qui ne sont pas sexuelles. Avant c'était inconcevable” #Silveraction me fait réaliser ce que je prenais pour acquis.

@ahaworthbooth [en] :

“Les hommes ont changé, et nous devons continuer à les encourager à poser les mêmes questions que nous posons” – à propos du pouvoir et du statu quo #SilverAction

@JulieTomlin [en] :

“Les femmes jeunes ont des téléphones portables mais elles ont l'air d'être aussi ignorantes que nous l'étions…”

@JoannaSawkins [en] :

Les femmes ne savaient toujours pas prendre leur propre espace. Ce fait est effrayant #silveraction

La question de la transmission intergénérationnelle militante s'est également posée car si les femmes ont au fil des années obtenu plus de libertés, le problème fondamental auquel elles se trouvent encore aujourd'hui confrontées demeure le même : quelle place doivent-elles occuper ?

Cette question n'est pas anodine puisque les termes d'espace et d'occupation sont au cœur des expressions populaires actuelles, comme en témoigne la branche féministe du mouvement Occupy [en].

 

Se réapproprier son corps

Illustration de Chili Con Cacahuete, utilisée avec autorisation.

Illustration de Chili Con Cacahuete, utilisée avec autorisation.

Prendre possession de son espace, pour une femme, c'est en premier lieu se réapproprier son propre corps (avortement, prostitution [fr] et sexualité, par exemple). Exister en tant qu'être humain, c'est d'abord pouvoir être présente en tant que moi, pour reprendre le mot de Joumana Haddad. En France, l’homme contrôle sa terre, ses meubles, ses enfants et sa femme jusqu’en 1793, année qui voit proclamer l’égalité de cette dernière dans le mariage. Jusqu'en 1793, le corps de la femme est donc un objet appartenant juridiquement à l'homme, tel un meuble. Après 1793, si l'égalité dans le mariage lui reconnaît une première valeur, son statut d'être humain à part entière n'en demeure pas moins conditionné par son rattachement à l'homme. Les mentalités n’évoluant que très lentement, dans le Code Civil de 1802, la femme est encore une « incapable civile ». Incapacité qui ne sera supprimée qu’en 1938.
Ce corps de femme comme objet appartenant à l'homme n'est pas restreint à la seule société française. Martine Costes Peplinski [fr], sexologue, aime à commencer ses conférences avec une référence à un conte populaire :

Schérazade, voilà des années que je raconte cette histoire pour introduire mes exposés sur la violence conjugale : comment les femmes ont dû – faute de pouvoir civil, civique et économique – développer ce savoir-faire conjugal que les hommes ont longtemps nommé : « le pouvoir sur l’oreiller ». Utiliser les quelques heures partagées pour obtenir par mille habiletés et stratagèmes ce que le droit vous refuse.

 

Dans les Mille et Une Nuits, Schéhérazade se porte volontaire pour faire cesser le massacre perpétré par le roi de Perse, Shâhriar qui, persuadé de l’infidélité de toutes les femmes, épouse chaque jour une vierge qu’il tue au matin de la nuit de noces. Schéhérazade, pendant mille et une nuits, lui raconte un conte qui le tient en haleine, repoussant son exécution.
Il est question pour cette femme de conserver l'intégrité de son corps, c’est-à-dire le contrôle sur sa vie. Si l’on peut aujourd’hui taxer ce roi de tyran et de fou, le texte n’en relate pas moins le recours, de la part de Schéhérazade, à une imagination quotidienne qui reste la même que celle à laquelle doit encore aujourd'hui faire appel chaque femme prisonnière d'une relation abusive. Il peut s’agir de mécanismes d'évitement de tous genres, de la soumission à l’indignation ou la rage, pour reprendre le terme de Mona Eltahawy.

Il n'en a pourtant pas toujours été ainsi, rappelle Martine Costes Peplinski (dans son livre Nature, culture, guerre et prostitution, 2002) en s'appuyant sur des données archéologiques et ethnologiques. L'homme, raconte-t-elle, a pris conscience de son rôle fécondateur et par là même de la gravité de sa paternité au cours du Néolithique : s’il peut être certain que la femme est la mère de l'enfant qu'elle porte, comment l'homme peut-il être sûr de sa propre paternité ? Si ce n’est en possédant ce corps.

R-évolution globale

Aussi la lutte contre les violences faites aux femmes s’inscrit-elle depuis toujours sur deux axes : celui d’une réappropriation corporelle et spatiale, et celui d’une r-évolution humaine globale. Parce que les hommes ne sont pas les seuls à procéder à ces violences, mais également parce que – par transfert – les femmes ne sont pas les seules à les subir.

C'est le point de vue de Joumana Haddad dans son article de blog intitulé Boys against men [en]:

Ce dont nous avons besoin maintenant, en parallèle à la révolution féminine, ce n'est pas moins qu'une révolution masculine : une révolution radicale, structurelle, non-violente, non-sloganistique, ce qui pourra promouvoir une relation plus mature et accomplie entre les deux sexes. Et ce faisant, messieurs, souvenez-vous simplement de ceci : le machisme ce n'est pas les hommes contre les femmes. Ce sont les garçons contre les hommes.

Pérou : Le lac Titicaca est pollué

jeudi 14 février 2013 à 12:25

[Billet d'origine publié le 8 octobre 2012 -Tous les liens sont en espagnol sauf mention contraire]

Une ancienne légende raconte qu'à l'aube des temps, Manco Cápac et Mama Ocllo, enfants du dieu soleil inca Inti, sortirent des eaux du lac Titicaca pour fonder la ville de Cuzco et l’empire Inca. Aujourd'hui, la pollution du lac Titicaca est telle qu'on ne peut guère imaginer quelle créature pourrait en sortir. [liens précédents en français]

Ce sujet a donné lieu à de nombreuses discussions, sans toutefois que beaucoup d'importance lui soit accordée.

Situé entre le Pérou et la Bolivie, le lac Titicaca est le lac navigable le plus élevé du monde (3 812 mètres au-dessus du niveau de la mer). Les deux pays sont responsables de sa préservation à travers l'Autorité binationale autonome du système hydrologique du lac Titicaca qui gère également la rivière Desaguadero, le lac Poopó et le lac salé de Coipasa. Cet organisme supervise le Projet spécial du lac Titicaca (Pérou) et l'Unité d'exploitation bolivienne.

Il y a deux ans, l'émission Enlace Nacional (Lien national) diffusait un reportage sur l'état du lac Titicaca près de la ville de Puno :

Le 2 février 2012, Journée mondiale des zones humides, les organisations Global Nature Fund (Allemagne) et Living Lake (États-Unis) ont proclamé le lac Titicaca « Lac menacé de l'année 2012 ». Selon Alberto Rivera Lescano, directeur du Centre pour le développement social et environnemental (CEDAS – Centro de Desarrollo Ambiental y Social), les facteurs responsables de cette situation sont « les exploitations minières légales et illégales, la mauvaise gestion des déchets et les eaux usées provenant de la ville de Puno ». Pourtant, on trouve le taux de pollution le plus élevé « dans la baie de Cohana en Bolivie ».

Sur son site Internet, la radio Pachamama approfondit la question et rapporte les propos de l'écologiste Moisés Duran :

“Más de un millón de litros de agua contaminada por segundo, que ingresan al lago Titicaca, provienen en su mayoría de la minería, industria y hospitales” [...] Asimismo, cuestionó el trabajo del Proyecto Especial Lago Titicaca (PELT), porque no existe voluntad política para elaborar proyectos y descontaminar el lago.

Chaque seconde, plus d'un million de litres d'eau contaminée se déversent dans le lac Titicaca. Cette eau provient principalement des exploitations minières, des usines et des hôpitaux. [...] L'écologiste remet aussi en question les actions menées dans le cadre du Projet spécial du lac Titicaca (PELT – Proyecto Especial Lago Titicaca) car il n'existe aucune volonté politique de prendre des mesures visant à décontaminer le lac.

Lago Titicaca. En primer plano la "lenteja".

Lac Titicaca. « Lentilles d'eau » au premier plan. Photo Waiting for a voyage (En attendant de partir) du membre Flickr auntjojo, reproduction sous licence Creative Commons Attribution – Pas de Modification 2.0 Générique (CC BY-ND 2.0).

Pour sa part, le site Internet Verde y Gris (Vert et Gris) publie un article sur la présence toujours plus importante de « lentilles d'eau » dans le lac :

en la bahía interior de Puno (Perú) existe la presencia de Lemna (Lemna es un género de plantas acuáticas de libre flotación de la familia de las lentejas de agua Araceae). Cubren toda la superficie del agua debido a los altos niveles de contaminación por fosfatos y nitratos. Esta planta se reproduce de forma muy rápida, lo cual complica mas su erradicación. La existencia de esta planta está produciendo la muerte de muchos peces y otros organismos del lago, ya que al cubrir la superficie impide la oxigenación correcta del agua y también produce un desagradable olor.

Dans la baie intérieure de Puno (Pérou), on note la présence de lemna (la lemna est une espèce de plantes aquatiques flottantes de la famille des Araceae). En raison de la très forte contamination par les phosphates et les nitrates, ces plantes recouvrent toute la surface de l'eau. Elles se développent très rapidement, ce qui rend leur éradication difficile. En recouvrant la surface de l'eau, elles empêchent toute oxygénation de l'eau et entraînent ainsi la mort de nombreux poissons et d'autres organismes vivant dans le lac. De plus, elles dégagent une odeur nauséabonde.

Mais une étude, menée par l'Université nationale agronomique La Molina, démontre qu'étant donné « la capacité de cet organisme à se développer dans des milieux difficiles, […] la gestion [de la lemna] serait une solution pour enrayer le processus d'eutrophisation du lac ». L'eutrophisation est le processus selon lequel une étendue d'eau développe, par excès de substances nutritives, une biomasse, pouvant alors entraîner un manque d'oxygène dans l'eau puis un assèchement.

Le PELT a récemment annoncé le lancement de travaux visant à combattre la pollution minière. Ces travaux devraient débuter « à Crucero, dans le district de Puno, qui est traversé par le fleuve Ramis, un des principaux affluents du lac Titicaca, où des taux élevés de pollution ont été relevés ». Côté bolivien, on a également déclaré qu'il « était prévu de construire des égouts sanitaires et pluviaux dans les villes de Copacabana et Gauqui ainsi qu'un centre d'enfouissement des déchets à Desaguadero afin d'empêcher qu'ils ne se déversent dans le lac Titicaca ».

Le Centre Pulitzer a réalisé une vidéo intitulée Lake Titicaca : At Risk From Upstream Urban Pollution [en anglais] (Le lac Titicaca menacé par la pollution urbaine en amont) sur l'état de la contamination du lac en Bolivie.

En 2009, la Réserve nationale du Lac Titicaca a réalisé une vidéo sur la pollution minière au Pérou.
Ce sujet soulève également la controverse. Au mois de juin, des irrégularités dans la gestion des fonds par l'Autorité binationale autonome du lac Titicaca ont été révélées. L’inefficacité de ses actions est également montrée du doigt. D'autre part, le maire de Puno, Luis Butron Castillo, a été soupçonné d'avoir « commis un crime environnemental en autorisant le déversement de 80 bactéries exotiques dans les eaux du lac Titicaca ».

Les habitants de cette région ne se contentent pas de lancer des accusations. Ils protestent et utilisent tous les moyens disponibles pour attirer l'attention sur cette situation. Au mois de juillet dernier, à Puno, un groupe d'écologistes a protesté sur les rives du lac Titicaca. En septembre, le groupe ATitiQaqa « sumáq káwsay-suma jakaña » a proposé de former une chaîne humaine autour du lac pour entrer dans le Guiness des records, espérant ainsi sensibiliser le monde entier et aboutir à l’élaboration de lois rigoureuses interdisant le déversement de produits polluants dans le lac.

À cette occasion, l'auteur a pu discuter avec Fanny, représentante de l'association « Juntos por el Titiqaqa » (Ensemble pour le lac Titicaca) qui a organisé des marches en faveur d'une revalorisation écologique du lac. Voici ce qu'elle lui a expliqué :

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La préservation future du lac Titicaca est incertaine mais tant qu'il y aura des gens pour s'en préoccuper, il y aura de l'espoir. Toutefois, comme le suggère le réalisateur bolivien Roberto Calasich dans son dernier film La Sirena del Lago (La sirène du lac), une sirène devra peut-être émerger des eaux du lac Titicaca pour témoigner de la pollution qui la tue.

Billet d'origine publié sur le blog personnel [en espagnol] de Juan Arellano.
Sous-titres en anglais de Hernan Botero

Espagne : Victoire sur le terrain et sur Internet contre les expulsions

mercredi 13 février 2013 à 22:51

[Les liens de ce billet renvoient vers des pages web en espagnol.]

“Cette victoire est le fruit de nos efforts. Les réseaux sociaux ont chauffé ces derniers jours. Que cela soit clair : cette victoire est la nôtre et que la nôtre. » Voilà ce que proclamait hier, devant le siège du Parti Populaire, l’un des porte-parole de la Plataforma de Afectados por la Hipoteca (PAH), le collectif qui lutte depuis plusieurs années pour le droit au logement et contre les expulsions hypothécaires en Espagne.

Contre toute attente, quelques minutes avant cette déclaration, le Parti Populaire avait annoncé au Congrès qu’il ne s’opposerait pas à étudier l’Initiative législative populaire (ILP) lancée par la PAH dans le but de modifier la législation relative aux hypothèques. La nouvelle a été reçue avec une clameur : Sí, se puede [« Oui, c’est possible »], dans la rue, sur le Web, dans et autour du Parlement, duquel un petit groupe de membres de la PAH s’est fait expulser.

[embed]http://youtu.be/215AhJ521UU[/embed]

Au final, le vote fut presque unanime : 333 députés se sont prononcés en faveur de l’étude de la ILP. Seul un, membre du PP, s’est abstenu. La proposition de loi (qui réclame la dation en paiement, un moratoire sur les expulsions et la création de logements sociaux dans les logements vides aujourd’hui aux mains des banques) a obtenu près de 1,5 million de signatures, recoltées durant des mois par des centaines de personnes à travers tout le pays.

Número de firmas recogidas a favor de la ley. Foto tomada de @tomstomkitrur.

Nombre de signatures récoltées en faveur de la proposition de loi. Photo de @tomstomkitrur.

Malgré ce soutien de la population sans précédent, les députés du Parti Populaire, au bénéfice de la majorité absolue, avaient annoncé qu’ils bloqueraient le texte, alors que le reste des groupes parlementaires s’étaient déjà prononcés en fsa aveur. Vous pouvez consulter leurs positions publiées via Twitter, compilées par la plateforme Que hacen los diputados [« Que font les députés »].

Le Parti populaire a finalement cédé et fait marche arrière au vu de l’énorme pression populaire, exercée notamment au cours des derniers jours au travers d’une ingénieuse campagne, #ILPescrache, lancée par la PAH dimanche dernier en s’inspirant des mouvements de protestation en Argentine. La journée d'hier était malheureusement marquée par le suicide d’un couple de retraités, à Majorque, suite à l’annonce de leur expulsion prochaine. Les chiffres ne sont pas clairement établis, mais la PAH estime que plus d’un tiers des suicides qui se produisent en Espagne sont en lien avec ces expulsions. La mort du couple fut mentionnée lors de la manifestation à Barcelone.

La mobilisation #ILPescrache s’est déroulée au moyen de divers outils numériques permettant aux citoyens de contacter les députés du Parti Populaire, via leur profil Twitter (tous disponibles dans une liste), leur compte Facebook, par courrier électronique ou par téléphone, pour leur demander de ne pas suivre la consigne de vote et d'accepter l’étude de la ILP. Tous les mots-clic utilisés pour l’occasion (#ILPoALaCalle [« ILP ou à la rue »], #ILPesDemocracia [« ILP c’est la démocratie »], #PPcriminales [« PP criminels »] et #ImPAHrables [« imPAHrables »]) se sont placés parmi les plus utilisés en Espagne).

Le site Querido diputado no desahuciado [« Cher député non expulsé »] a permis d’envoyer automatiquement des tweets à des groupes de députés avec le message « Voterez-vous pour la ILP ? Ou préférerez-vous promouvoir les expulsions ? ». Une autre initiative, sur le site Oiga.me, offrait la possibilité d’envoyer automatiquement des courriers électroniques. Selon leurs chiffres, en 2 jours, plus de 7000 personnes ont envoyé près d’un million de messages aux députés du PP.

Vous pouvez consulter la liste des différentes initiatives mises en place dans le cadre de cette campagne.

Voici une photo du Palais de la Moncloa, résidence du président du gouvernement, qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux :

Tomada de @elpadrecorajede.

[« Cela fait 15 mois que la personne vivant dans cette maison manque à ses obligations. Quant va-t-elle être expulsée ? »] Photo de @elpadrecorajede.

La campagne pour faire pression afin que la ILP soit acceptée démarre ce samedi avec une manifestation déjà convoquée dans 46 villes espagnoles, sous le thème « pour le droit au logement et contre le génocide financier ».

La PAH a gagné la première bataille, maintenant il faut gagner la procédure parlementaire.

Journée mondiale de la radio 2013

mercredi 13 février 2013 à 22:31

Ce mercredi 13 février 2013 est la Journée mondiale de la radio de l'UNESCO. Cette journée a pour but de rassembler les organismes de radiodiffusion, les amateurs, les créateurs et les réseaux afin d'améliorer et de célébrer la radio partout dans le monde. L'UNESCO rappelle que la radio demeure dans les situations d'urgence la meilleure façon de relayer l'information auprès de ceux qui en ont le plus besoin – et qu'elle peut le reste du temps aider les gens à s'impliquer dans les sujets qui les touchent au quotidien.

Le site de l'UNESCO rappelle les propos de Desmond Tutu :

(…) La radio est le plus important média de tout le continent africain. C'est la source depuis laquelle les gens s'informent, et là où les sujets d'actualité sont débattus. C'est à la radio que les communautés prennent la parole, c'est là qu'elles débattent de sujets qui les touchent au plus près et qu'elles apportent des solutions aux problèmes qui leur sont propres.

Cette journée met l'accent sur certains domaines spécifiques, tels que l'utilisation de la radio pour une meilleure représentation de la jeunesse. Le site internet de l'UNESCO indique :

Au cours des dix dernières années, des projets nombreux et variés de radios de jeunes ont poussé dans le monde entier. De la Bolivie au Bangladesh, de New York à New Delhi et de Kinshasa à Kuala Lumpur, les stations de radio voient les avantages qu’elles peuvent tirer en confiant l'antenne aux jeunes. En plaçant des jeunes aux commandes, elles créent des occasions de dialogue et attirent les jeunes auditeurs.

L'UNESCO apporte également son soutien aux projets de radio destinés à la jeunesse dans le monde, à l'instar du projet dans la Zambie rurale [sur UNESCO World Radio Day en anglais] :

L'UNESCO souligne aussi l'importance de la radiodiffusion traditionnelle en ondes courtes, qui se révèle souvent être l'outil le plus pratique pour s'adresser aux communautés locales et faire émerger des débats.

Président de la Conférence de coordination sur les hautes fréquences, l'invité Oldrich Cip traite à l'occasion de cette journée de l’actualité de la radio en ondes courtes dans un environnement médiatique en pleine évolution et de l'importance de maintenir cette technologie en usage dans certaines situations et en raison de son faible coût et de son accessibilité.

UNESCOVoyez si d'aventure une célébration a eu lieu près de chez vous. L'événement principal de la journée s'est tenu au siège de l'UNESCO à Paris. Le programme de la journée [en anglais] sera diffusé en direct partout dans le monde. [Vous pouvez aussi consulter les 15 idées pour fêter la Journée mondiale de la radio sur le site de l'UNESCO   - de nombreux liens - site en français].

Vous pouvez aussi y participer d'où que vous soyez ! La plateforme en ligne du Comité de la journée mondiale de la radio organise des échanges d'archives sonores [en anglais] (d'une durée d'une minute maximum) afin de promouvoir ce média. Vous êtes invités à créer et envoyer vos productions audio, quel que que soit votre lien avec le monde de la radio (radio publique, radio privée, radio communautaire, producteur indépendant, auditeur, fan, …).

Une carte interactive [en anglais], permettait de trouver un lieu de célébration de cet événement dans les différents pays ou d'en renseigner un.

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