PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Le blogueur éthiopien Atnaf Berahane : jeune, courageux, en prison

lundi 18 mai 2015 à 14:16
Atnaf Berhane, un des blogueurs de Zone 9, a été emprisonné pour sa dénonciation des violations des droits humains en Ethiopie. (Crédit photo: dessin numérique par Melody Sundberg Image utilisée avec sa permission.)

Atnaf Berhane, un des blogueurs de Zone 9, a été emprisonné pour sa dénonciation des violations des droits humains en Ethiopie. (Crédit photo: dessin numérique par Melody Sundberg, Image utilisée avec sa permission.)

En avril de l'an dernier, neuf blogueurs et journalistes ont été arrêtés en Ethiopie. Plusieurs de ces hommes et femmes avaient travaillé pour Zone9, un blog collectif  [fr] qui couvrait les questions sociales et politiques de ce pays et pour la promotion des droits humains et de la bonne gouvernance. Quatre d'entre eux étaient des auteurs de Global Voices. En Juillet, ils ont été inculpés [fr] en vertu de la loi anti-terrorisme. Ils sont  derrière les barreaux depuis leur arrestation. Leur procès a été reporté à maintes reprises.

La semaine dernière, nous avons présenté notre premier billet d'une série –  “They Have Names” (Ils ont des noms) – qui vise à mettre en évidence individuellement ces blogueurs qui sont actuellement en prison. Nous tenons à présenter leur personnalité pour raconter leurs histoires particulières et personnelles. Cette semaine, l'auteur ghanéen, Kofi Yeboah, a écrit à propos du plus jeune des blogueurs de Zone9, Atnaf Berahane.

Atnaf Berahane, 26 ans, est le plus jeune des blogueurs Zone9 [fr]. Il a été arrêté en Ethiopie le 25 et le 26 avril 2014,  avec Abel Wabela, Befeqadu Hailu, Mahlet Fantahun, Zelalem Kibret, et Natnael Feleke (tous des membres du blog collectif Zone 9) et les journalistes Asmamaw Hailegeorgis, Tesfalem Waldyes et Edom Kassaye.

L'Ethiopie est un pays où la liberté d'expression est réprimée par le gouvernement. Il existe une stricte surveillance des médias dans le pays, surtout quand il s'agit de politique et de droits humains. En conséquence, les citoyens obtiennent des informations principalement sur Internet.

La passion d'Atnaf pour l'engagement civique et son intérêt pour la diffusion d'informations aux citoyens afin qu'ils comprennent ce que la constitution dit à propos de leur droit et de la liberté l'a amené à co-fonder le blog Zone9: sa passion pour l'activisme pour les droits humains l'a poussé pour participer à la fondation de l'organisation. Mais sa passion pour les droits et les libertés lui ont valu de se retrouver en chaînes.

Dans la vie réelle, Atnaf est un spécialiste des TIC qui travaille auprès de l'administration municipale de la banlieue de la ville d'Addis Abeba. Le blog ouvert sur lequel ceux qui souhaitent apporter leur soutien aux blogueurs de Zone9 peuvent publier des mises à jour régulières sur l'affaire et l'état des blogueurs, le décrit comme un jeune qui est “connu pour sa régularité sur Twitter, publiant régulièrement des informations locales.” Atnaf possède également son propre blog ; en outre c'est un expert en sécurité numérique.

La triste réalité des aspirations étouffées d'une personne aussi jeune qu'Atnaf est bien décrite par ce commentaire:

 

Est-ce la “République fédérale d'Éthiopie” ou la “République de Dystopia” (état de police)?

L'Ethiopie est-elle entrée dans la zone Twilight, la cinquième dimension? …

L'Ethiopie pourrait ainsi être appelée, désormais, la “République de Dystopia”. Des jeunes hommes et femmes agés à peine d'une vingtaine d'années sont arrêtés et emprisonnés pour “terrorisme” seulement pour des commentaires publiés sur Facebook et pour s'être exprimés sur d'autres médias sociaux.

Atnaf, avec les autres blogueurs de Zone9 incarcérés, méritent des compliments et non une peine de prison. Ce n'est pas seulement l'avenir d'Atnaf qui est en procès, mais celui de tout jeune homme ou femme qui ose dénoncer le comportement d'un gouvernement qui réprime la liberté d'expression.

Des bateaux de réfugiés Rohingyas rejetés par la Thaïlande, la Malaisie et l'Indonésie

lundi 18 mai 2015 à 11:26
Non-recognition of Rohingya by Myanmar government / Artwork by AK Rockefeller

Le gouvernement du Myanmar refuse de reconnaître la communauté Rohingya. Composition de AK Rockefeller

Des milliers de bateaux de réfugiés Rohingyas en provenance du Myanmar ont cherché asile dans les pays voisins du Sud-Est Asiatique, mais ces pays les ont tous renvoyés chercher de l'aide ailleurs.

Le gouvernement du Myanmar a refusé de reconnaître les Rohingyas comme un groupe ethnique et les considère comme des migrants illégaux. La plupart des Rohingyas sont musulmans et vivent à la frontière du Myanmar et du Bangladesh.

Pour échapper à la persécution du gouvernement dirigé par les militaires, de nombreux Rohingyas ont traversé les frontières pour se réfugier et travailler en Thaïlande, en Indonésie et en Malaisie. Certains ont été victimes de groupes de trafic humain.

Avant la ‘crise des bateaux de migrants’ actuelle, on a découvert en Thaïlande une fosse commune soupçonnée d'appartenir à un ‘camp de la mort’ de migrants Rohingyas illégaux dans le pays. Au début du mois, plus de 30 corps ont été extraits de cette fosse dans la jungle, et selon l'Agence pour les Réfugiés des Nations Unies la responsabilité en incombe à des trafiquants impitoyables.

La semaine dernière, on a su que des bateaux qui transportaient des réfugiés Rohingyas ont été appréhendés par des garde-côtes thaïlandais, indonésiens et malaisiens. Mais au lieu de secourir les réfugiés, les autorités côtières ont renvoyé les bateaux en mer.

En Thaïlande, un hélicoptère a jeté des vivres à la mer près d'un bateau au lieu de les remettre directement aux réfugiés. Peu de temps après, le bateau qui transportait environ 300 Rohingyas a été forcé à faire demi-tour. Le Major Général Sansern Kaewkamnerd, porte-parole du gouvernement thaïlandais dirigé par les militaires, a dit que le bateau avait été renvoyé en mer après la réparation du moteur et la distribution d'eau et de nourriture aux réfugiés.

Il a justifié la décision du gouvernement de repousser les réfugiés dans ces termes :

Selon la loi thaïlandaise, les migrants illégaux doivent être rapatriés ou renvoyés dans un pays tiers. Ils ne peuvent pas s'installer en Thaïlande. Nous avons fait tout ce que nous pouvions en termes de principes humanitaires. Si nous devons être critiqués, j'aimerais bien que ceux qui nous critiquent s'interrogent sur ce qu'ils feraient si cela se passait dans leur pays.

Pour sa part, le gouvernement de Malaisie a nié ne pas avoir apporté d'aide humanitaire au Rohingyas malgré son peu de soutien constaté habituellement en matière de protection des réfugiés.

M. Wan Junaidi Tuanku Jaafar, adjoint au Ministre de l'Intérieur, dit que les autorités ont traité humainement les Rohingyas bien qu'ils soient entrés illégalement en Malaisie. Il ajoute que les réfugiés et les migrants ne doivent pas entrer dans le pays :

Nous devons être clairs, ils ne sont pas les bienvenus ici.

Selon Human Rights Watch, l'Indonésie voisine a admis avoir repoussé un bateau surpeuplé de réfugiés en début de mois et les avoir dirigés vers la Malaisie.

Phil Robertson, directeur adjoint de Human Rights Watch pour l'Asie, a critiqué le Myanmar qui persécute les Rohingyas ostracisés et condamne les gouvernements de Thaïlande, d'Indonésie et de Malaisie qui refusent de porter secours aux réfugiés boat people :

La Thaïlande, la Malaisie et l'Indonésie empirent les choses par leurs politiques sans coeur qui consiste à repousser cette nouvelle vague de ‘boat people’ et qui met en danger la vie de milliers de personnes

L’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés exprime les mêmes préoccupations. Volker Türk, Haut-Commissaire assistant pour la protection au Haut-Commissariat des Nations Unies, explique que traverser les mers est un symptôme de désespoir car les gens sont acculés à n'avoir pas d'autre choix que celui de risquer leurs vies :

La principale priorité est de sauver des vies. Au lieu de se rejeter la responsabilité, il est primordial que les Etats se partagent la responsabilité de débarquer ces gens immédiatement.

Charles Santiago, député malaysien, condamne l'ASEAN, dans une déclaration sur Facebook pour ne pas avoir réussi à s'entendre sur une action collective pour régler le problème :

L'ASEAN accuse déjà un énorme retard – les chefs d'Etat auraient déjà dû mettre à plat l'épineux problème de l'exode massif des Rohingyas, qui s'est aggravé en juin 2012 à la suite de l'explosion de violence provoquée par l'Etat, comme évoqué dans les conclusions du dernier sommet de l'ASEAN. Ils n'ont pas réussi à discuter de ce problème crucial, ce qui aurait impliqué de considérer les nombreuses violations des droits humains des Birmans à l'encontre des Rohingyas.

Sur Facebook, un groupe pro-Rohingyas s'en prend au ‘préjugé racial’ des fonctionnaires malaisiens :

Le préjugé racial joue un rôle dans la décision de de la Malaisie de ne pas accorder aux réfugiés Rohingyas marginalisés entrés dans le pays protection, nourriture, eau et lieux de culte. Certains secteurs de notre société préfèrent peut-être que les Rohingyas retournent au Bangladesh et au Myanmar pour affronter génocide et persécution.

De nombreux abonnés Twitter dans le monde partagent ce même sentiment sur la victimisation des Rohingyas :

#Rohingya est un problème mondial. Le monde doit s'unir pour résoudre ce problème et leur permettre de s'installer dans n'importe quel pays.

A ceux qui disent que les réfugiés ne doivent pas débarquer en Malaisie, regardez ces enfants qui mendient de la nourriture.

Certains regrettent vivement que les chefs d'Etat de la région ne s'opposent pas au gouvernement birman :

Tous les gouvernements disent que les #Rohingya ne sont pas leur problème, et qu'ils ne peuvent pas les laisser entrer car il y en a des milliers d'autres là d'où ils viennent. Mais personne ne s'oppose au gouvernement de la Birmanie

Sauvez les #Rohingya par Weadee Patani

Agir pour les #Rohingya est un vrai test sur le rôle de l’ #ASEAN. Sommes-nous des nations compatissantes ou sans coeur?

Face au scandale public qui se répand sur la négligence du droit de la minorité Rohingya, espérons que la communauté internationale va faire pression pour que les chefs d'Etat s'opposent au gouvernement du Myanmar et mettent fin aux mauvais traitements que subissent les citoyens ‘oubliés’ du Sud-Est Asiatiique.

PayPal bloque la collecte de dons en Russie pour publier le livre de Boris Nemtsov sur la guerre en Ukraine

dimanche 17 mai 2015 à 19:56
PayPal has blocked the account collecting funds to print copies of the "Putin.War" report. The service says it can't be used for "political aims" in Russia. Image by Richard Levine from Demotix.

PayPal a bloqué le compte qui collectait de l'argent pour faire paraître une copie du rapport «Poutine. La guerre». Les représentants de la société ont dit que celle-ci ne pouvait être utilisée à des « fins politiques » en Russie. Illustration Richard Levine avec Demotix.

PayPal, le système de paiement basé aux Etats-Unis, a bloqué un compte créé par des militants russes pour collecter des dons destinés à la publication du rapport « Poutine. La guerre ». Le rapport se base sur des documents réunis par le défunt homme politique d'opposition Boris Nemtsov, assassiné à Moscou en février 2015, et présente des preuves de l'implication de la Russie dans le conflit dans l'est de l'Ukraine ; il affirme qu'au moins 220 soldats russes ont été tués au cours de combats dans le Donbass.

Le site indépendant Meduza, orienté en priorité vers la Russie, rapporte que l'un des militants à l'origine de ce rapport, Vsevolod Tchagaïev, a publié sur Twitter une capture d'écran d'un avis du service de maintenance de PayPal déclarant que la société n'offre pas la possibilité d'utiliser ses services pour « la collecte de dons dédiés à l'activité de partis et à des fins politiques en Russie ». Tchagaïev a ensuite précisé à la radio «Svoboda» [«Liberté»] [en anglais] que les employés du bureau russe de PayPal affirmaient que « c'était la position officielle de la compagnie ».

Now it's official: PayPal a bloqué le compte qui collectait de l'argent pour imprimer le rapport «Poutine. La guerre» pour raisons politiques.
[Texte du mail en capture d'écran: «Cher Vsevolod Tchagaïev, merci de nous avoir fourni les documents nécessaires à la vérification de votre compte PayPal personnel. Après étude de ces documents, nous sommes au regret de vous informer que les limitations de ce compte ne peuvent être annulées. En effet, PayPal ne propose pas actuellement la possibilité d'utiliser son système de collecte de fonds pour financer les activités des partis ou à des fins politiques en Russie.»]

Dans un commentaire sur le site d'information russe RBC, le représentant de PayPal explique que les utilisateurs russes n'ont pas le droit de récolter des dons pour des partis politiques ou des projets en Russie, en raison « de la difficulté qu'il y aurait à appliquer les procédures de contrôle ». Le représentant n'a pas précisé comment PayPal avait déterminé que l'argent de ce compte-là était destiné au financement d'un « projet politique ». Chez YandexMoney, un système de paiement électronique russe qui est aussi utilisé par les militants pour collecter des dons, on a affirmé à RBK n'avoir aucun problème avec ce projet, étant donné que les lois russes permettent aux citoyens de réunir des fonds pour la publication de livres.

Mise à jour : Pour clarifier la position de l'entreprise à propos de cet incident, un porte-parole de PayPal a déclaré ceci à Global Voices : « PayPal Russie ne permet pas actuellement à des partis ou des activités à des fins politiques en Russie de recevoir des dons, en raison de règles locales complexes qui exigent que soit validée l'identité des donateurs. Nous nous excusons pour le désagrément causé à nos clients. »

Les internautes russes supposent que PayPal a pu céder aux pressions du pouvoir russe tout simplement parce que la société ne veut pas voir ses activités dans ce pays interrompues.

PP ne veut pas partir de Russie, voilà tout

PayPal n'est pas seule dans ce cas. Avant sa décision, 14 imprimeries différentes ont refusé d'imprimer le rapport de l'opposition russe en se référant à la « situation dans le pays ». La seule à accepter l'a fait sous condition d'anonymat.

PayPal avait déjà bloqué des comptes qui en Russie peuvent être considérés comme politiques : en mai 2014, ceux de Rosuznik [«Prisonnier d'opinion russe»], une organisation de défense des droits qui milite pour le droit des prisonniers suite aux manifestations de la place Bolotnaïa, ont été bloqués par PayPal et Qiwi, un autre service de paiement. PayPal avait alors désigné comme raison principale de cette décision « des considérations de sécurité ».

En 2010 PayPal avait, on le sait, gelé le compte réunissant des fonds pour WikiLeaks, déclarant que le site avait violé la politique adoptée par le service (probablement parce qu'il organisait la fuite d'informations secrètes), qui interdit aux utilisateurs de «recommander, encourager, aider ou renseigner autrui en vue d'une activité illégale».

Pendant ce temps, les séparatistes soutenus par la Russie dans les républiques autoproclamées du Donbass et de Lougansk (DPR et LPR) continuent à utiliser des plateformes de paiement électronique pour récolter des fonds destinés au financement de leurs activités. Le 12 mai, des employés des services de sécurité ukrainiens ont déclaré qu'ils avaient pu mettre au jour et bloquer 17 comptes, liés aux DPR et LPR, mais n'ont pu établir sous quel système ces comptes avaient été ouverts ; ils ont seulement précisé qu'ils avaient collaboré étroitement avec «un système de paiement international » pour trouver et bloquer ces comptes. Présentant cela comme un succès, des hackers citoyens d'Ukraine présidés par Evgueni Dokoudine racontent qu'ils ont bloqué pour pour plusieurs mois des comptes séparatistes sur plusieurs systèmes de paiement électronique, et affirment qu'ils ont réussi à bloquer plus de 200 comptes «terroristes» [en ukrainien] depuis juin 2014 sous des systèmes comme WebMoney, YandexMoney, PayPal et autres.

La note de PayPal aux détenteurs du compte dédié à «Poutine. La guerre» déclare carrément que son service ne soutient pas le financement d'activités politiques « en Russie ». De sorte que l'on ne sait pas clairement si les mêmes règles s'appliquent aux comptes enregistrés dans d'autres pays. Selon la politique d'utilisation de PayPal en vigueur à l'heure actuelle (comme dans sa déclinaison pour les Etats-Unis [en anglais], et internationale), la collecte de fonds pour les partis politiques ou à des fins politiques n'est pas mentionnée parmi les restrictions ou interdictions faites à son utilisation.

La double carte d'identité du maire de Kampala augure mal des élections en Ouganda

dimanche 17 mai 2015 à 16:17
Les deux cartes d'identité nationales du maire de Kampala Erias Lukwago avec les mêmes données biométriques, mais de différents numéros de série et de dates d'expiration. Image partagée de sa page Facebook.

Les deux cartes d'identité nationales du maire de Kampala Erias Lukwago avec les mêmes données biométriques, mais pas les mêmes numéros de série et dates d'expiration. Image partagée sur sa page Facebook.

L'année dernière, le gouvernement ougandais a commencé le processus d‘enregistrement des citoyens afin de leur délivrer des cartes d'identité dans le cadre du Système d'information sur la sécurité nationale. Le 20 avril 2015, la Commission électorale a annoncé que les mêmes cartes seront utilisées pour les élections générales en 2016.

Les leaders de l'opposition sont contre cette décision, faisant valoir que lors de l'inscription des non-Ougandais ont été enregistrés. Il y a aussi des soupçons sur la forte présence de militaires dans la direction du Système national d'information de sécurité, ce qui provoque une certaine crainte que l'armée pourrait altérer les futures élections.

L'un des opposants à l'utilisation des cartes d'identité nationale est le maire de la ville de Kampala Erias Lukwago. En utilisant sa page Facebook, il a souligné la faiblesse du système en affichant ses deux cartes d'identité, qu'il a réussi à obtenir avec les mêmes données biométriques, mais avec différents numéros de série. Il veut que le ministre de l'Intérieur le général Nyakairima et la Commission électorale lui donnent des raisons de la délivrance de deux cartes :

C'est un pays unique avec des systèmes uniques, sinon je doute que la future bien nommée “Commission électorale indépendante” et / ou le futur Général à la retraite Nyakairima [ministre de l'Intérieur] puissent donner une quelconque raison valable pour justifier le fait qu'on m'ait remis deux cartes d'identité nationales, avec les mêmes données biométriques, mais âs les mêmes numéros de série, ni dates d'expiration, etc. Je me demande aussi si ma “votabilité” (je suppose qu'ils voulaient dire “éligibilité”) a également été doublée?

Son poste a suscité des réactions mitigées de la part des Ougandais sur Facebook.

Si un maire peut obtenir deux cartes d'identité, a dit Brian Nandala, lui, une personne ordinaire, devrait être en mesure d'en obtenir plus aussi :

haha alors le maire a deux cartes d'identité, je suppose que je devrais en obtenir 7

Didas Kisembo évoque des électeurs fantômes :

Hehehe …Erias Lukwago Voilà comment les électeurs fantômes arrivent à s'inscrire

Emmy Otim implore la Commission électorale de clarifier la question :

C'est mauvais pour la crédibilité des inscriptions pour les élections 2016 et la Commission électorale. On a délivré à un leader de l'opposition deux cartes d'identité nationales avec les mêmes noms et date de naissance, mais des numéros de série et des dates d'expiration différentes. Combien d'autres Ougandais ont obtenu plus d'une carte d'identité sans se faire connaitre. La CE [Commission électorale] doit clarifier ça au plus vite…

Denis Indani ironise:

Je ne savais pas que le maire avait un frère jumeau. partageant le même nom !!!!!!!!

Cependant, tous ceux qui ont réagi à la publication du maire ne sont pas de son côté. Agaba Jebedian Jonan, par exemple, a dit que le maire est impliqué dans la fraude :

en fait Lukwago devrait expliquer pourquoi il a pu avoir deux cartes d'identité, ce qui signifie qu'il est impliqué dans la fraude

Mugisha Andrew a expliqué comment le maire a obtenu deux cartes d'identité, en disant que l'une d'elle est invalide :

la première carte il l'a obtenue en 2011 en tant que VIP pendant la phase pilote du projet, vous pouvez le voir à partir du numéro de série … ces cartes ont été ensuite déclarées nulles, la deuxième carte est valable, Lukwago lui-même sait que la deuxième carte est invalidée, il essaie juste de trouver un prétexte pour perturber le scrutin à venir sur la base de fausses déclarations … si vous avez reçu votre carte d'identité nationale comparez votre numéro de série avec ces deux cartes d'identité et constatez laquelle est valable et laquelle ne l'est pas …

Patrick Senyonga demande pourquoi les deux cartes portent deux photos différentes suggérant qu'il s'est inscrit à deux reprises :

Et pourquoi at-il deux photos d'identité différentes sur les deux cartes … s'est-il inscrit deux fois ?

Cosmas Kabona n'est pas convaincu par cette histoire du maire. Il fait valoir que le maire a commis une infraction : 

Je ne suis pas convaincu. Le processus pour la délivrance de cette carte est long et implique une signature et une empreinte du pouce dans le système. Comment le maire a-t-il su qu'il avait deux cartes pour lui dans la boîte de sorte qu'il s'est présenté deux fois? Se présenter deux fois pour demander une carte équivaut déjà à un délit

La Commission électorale est actuellement en cours de restructuration, ce qui impliquera de changer son nom en  “Commission électorale indépendante de l'Ouganda” dans le but de créer la confiance dans le corps électoral. C'est une habitude : après chaque élection en Ouganda l'opposition attribue en partie son échec à la Commission.

Egypte : L'ex-président Mohammed Morsi condamné à mort pour son évasion de 2011

dimanche 17 mai 2015 à 15:40
A cartoon by @Khalidalbaih comparing between ancient Egypt and Egypt today, shared by  @_amroali  on Twitter

Le dessin du caricaturiste politique @Khalidalbaih compare l'Egypte antique et celle d'aujourd'hui, partagé par @_amroali sur Twitter

Premier président démocratiquement élu d'Egypte, Mohammed Morsi a été condamné à mort avec une centaine de co-accusés le 16 mai 2015.

Le sort de ce Frère Musulman, qui purge déjà une peine de 20 ans de prison pour avoir ordonné l'arrestation et la torture de manifestants pendant son passage au pouvoir, est maintenant entre les mains de l'autorité religieuse suprême du pays, le Mufti d'Egypte, avant que le verdict puisse être appliqué. La prochaine audience est fixée au 2 juin.

La condamnation de hier a été infligée à M. Morsi pour sa collaboration avec des militants étrangers pour libérer des islamistes lors d'une évasion collective de la prison de Wadi Natroun au temps de la révolution égyptienne en janvier 2011. Parmi ses 105 co-défendeurs se trouvaient quelque 70 Palestiniens, accusés d'être membres du Hamas, inculpés et jugés par contumace, dont Hassan Salameh, dans une geôle israélienne depuis 1994, et Raed Attar, déjà mort.

L'Egypte condamne à mort les Palestiniens Hassan Salameh & Raed Attar – l'un est emprisonné en Israël depuis 1994, l'autre est mort.

Selon l'acte d'accusation contre Morsi, les militants du Hamas utilisaient les tunnels depuis Gaza pour pénétrer en Egypte, où ils assiégeaient les prisons et libéraient les islamistes enfermés par Moubarak. Parmi les libérés se trouvaient les 30 membres dirigeants le la confrérie des Frères Musulmans, dont Morsi, ainsi que jusqu'à 20.000 détenus.

M. Morsi a présidé l'Egypte durant une année après la révolution qui a renversé début janvier 2011 Hosni Moubarak après un règne de plus de trois décennies. La présidence Morsi a pris brutalement fin en juillet 2013, après les manifestations de masse appelant à son départ. C'est alors l'armée égyptienne qui a pris les commandes, sous la direction de son Commandant en chef et ministre de la Défense, le général Abdul Fattah El Sissi, actuel président de l'Egypte.

Depuis la déposition de Morsi, son mouvement des Frères Musulmans est interdit en Egypte, et ses partisans ont été arrêtés par milliers. Notamment le guide suprême de la confrérie Mohamed Badie, et le dirigeant Mohamed Beltagy, également condamnés à mort.

Selon la journaliste Sarah El Sirgany, 85.000 abonnés sur Twitter, qui a assisté au procès :

Le renvoi au Grand Mufti signifie condamnation à mort. Son avis n'est que consultatif. Le juge annoncera les véritables verdicts le 2 juin

Elle précise :

Résumons : dans l'affaire d'espionnage 16 ont été renvoyés au Mufti. Sans Morsi. Dans le procès pour évasion Morsi et plus de 100 autres ont été renvoyés au Mufti.

Sitôt connue, la condamnation de Morsi a soulevé une tempête de réactions en ligne, les commentateurs de tout le spectre religieux et politique dénonçant un procès politique.

De prisonnier à président

La tournure des événements dans la vie de Morsi, détenu puis président, a intrigué Rana Allam, qui se demande comment un évadé de prison pu être autorisé à se présenter à l'élection présidentielle. Elle tweete :

Un tribunal égyptien réclame la peine de mort pour l'ex-président Morsi, pour évasion en 2011..pourtant on l'a laissé être candidat à la présidence !!

Beaucoup prédisent que Morsi ne sera pas exécuté, car il y a possibilité de faire appel dans ce genre d'affaires et la justice peut traîner des années.

L'Egypten Amr affirme à ses 4.500 abonnés :

A moins que Sissi n'ait perdu la raison Morsi ne sera jamais exécuté. MAIS ce sont les bribes restantes de respect pour la justice égyptienne qui ont été exécutées aujourd'hui

A quoi Fustat, 3.900 abonnés, ajoute :

Ni Morsi ni le Frère Musulman Muhamed Badie ne seront vraisemblablement exécutés au final, leurs peines seront commuées.

Les organisations de défense des droits humains ont qualifié le procès de simulacre.

Après le verdict, le directeur exécutif de Human Rights Watch (HRW) Kenneth Roth a tweeté :

Morsi a pris 20 ans sur la base non de preuves mais de conjectures de la police et de parti-pris du tribunal : analyse HRW.

Son collègue, le directeur Médias de HRW Europe Andrew Stroehlein a ajouté :

Le tribunal condamne à mort le président déchu Morsi. Preuve de plus que le respect de l'Egypte pour les droits est nul

Les internautes de toute la région sont du même avis.

Omar Ghraieb de Gaza note :

Beaucoup de gens m'ont dit ne plus comprendre l'Egypte ni son système judiciaire. Je suis du même avis.

Tandis que le Bahraini Adel Marzooq écrit à ses 39.100 abonnés :

Définition de la honte ? Réponse : le judiciaire égyptien, et les lois, mécanismes et procédures qu'il a introduits et exportés vers les autres pays arabes (dont Bahrein) qui suivent les lois égyptiennes et emploient des magistrats égyptiens