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Un jeune inventeur nigérien s'attaque à la pollution de l'air

vendredi 18 août 2017 à 19:33

Capture d'écran du documentaire réalisé par SciDev Afrique sur l'invention nigérienne.

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en français.

Vous avez peut-être entendu parler de Boyan Slat, un jeune inventeur et entrepreneur néerlandais qui a créé un système utilisant les courants marins pour nettoyer les océans des déchets et des polluants. Son projet, The Ocean Cleanup [en] [Le nettoyage de l'océan, NdT] a reçu beaucoup d'attention après la présentation de Slat à une conférence TEDx en 2012 [en] et a levé plus de 26,8 millions d'euros de sponsors, dont Salesforce.com et le philanthrope Peter Thiel.

Le prochain jeune inventeur à la rescousse de l'environnement vient peut-être du Niger. Voici Abdou Barmini qui, à vingt-deux ans, a inventé un système pour purifier l'air des fumées industrielles. Barmini a appelé son appareil APFI Barelec et explique qu'il peut ôter 80 % des impuretés de l'air provenant des cheminées d'usines. Si son affirmation est justifiée, son invention pourrait s'avérer particulièrement bénéfique dans les pays pauvres.

Barmini explique le fonctionnement de l'APFI Barelec dans la vidéo ci-dessous. Celle-ci fut produite par SciDev Afrique, un portail d'information africain sur la science et la technologie orientées vers le développement.

Barmini détaille son procédé dans la vidéo :

C'est un appareil qui est conçu pour être installé sur des cheminées industrielles d'où sortent les fumées. […] L'appareil en forme de T capture les substances lourdes qui contiennent du CO2 de la fumée par une méthode de dosage chimique par affinité, qui lie les particules de CO2. La fumée traitée, purifiée, sort de l'appareil par l'autre branche du T.

Capture d'écran de Barmini aux côtés de son prototype, via Africa 24.

Il ajoute que son appareil n'en est encore qu'au stade de prototype et qu'il peut être grandement optimisé. Son collègue Garba Boubacar, chercheur en physique et en sciences d'environnement à l'Université de Niamey, indique que :

Les particules en suspension dans l'air ne sont pas constituées que de gaz carbonique ; il y en a d'autres que son invention devra fixer pour atteindre un taux de purification à 100%.

Barmini a travaillé sans relâche pendant deux ans en finançant sa recherche lui-même pour construire son prototype. Sa motivation ? Trouver une réponse à ses inquiétudes grandissantes sur la qualité de l'air et le changement climatique au Niger.

Selon une estimation de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), la pollution de l'air ambiant (extérieur) dans les zones urbaines aussi bien que rurales a causé trois millions de décès prématurés en 2012, dont 88 % dans les pays à revenu faible ou moyen. En réduisant la pollution atmosphérique, ces pays peuvent diminuer le poids d'afflictions telles que les accidents vasculaires cérébraux, les maladies du cœur, le cancer des poumons et les maladies respiratoires chroniques et aiguës.

Le Niger est un pays enclavé d'Afrique de l'Ouest qui se retrouve systématiquement parmi les derniers de la liste de l'indice de développement humain des Nations Unies. Qui plus est, la région entière a été drastiquement touchée par le changement climatique ces dernières années. L'économie du pays, quant à elle, dépend fortement de l'exploitation minière : l'uranium et le charbon sont les principales ressources exportées.

Mine d'uranium à ciel ouvert près d'Arlit, au Niger. Photographie de David Francois, CC-BY-NC-2.0.

La qualité de l'air est ainsi un problème urgent pour un pays qui souffre déjà d'un climat extrêmement chaud et sec, de fortes sécheresses et de famines récurrentes.

Ceci étant, en quoi l'invention de Barmini diffère-t-elle des autres purificateurs d'air ? Voici l’explication qu'il a donnée à l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle :

Par ailleurs, en faisant l'état de la technique dans ce domaine, M. Abdou Barmini a souligné que les purificateurs ambiants existants sont des appareils électroniques qui sont utilisés pour nettoyer l'air. Ils le font en réduisant ou en éliminant complètement le nombre de particules nocives dans l'air (mais ils ne se focalisent pas à la source de l'émission) [..] Les purificateurs domestiques se font souvent via un filtre. Essentiellement, cela rend l'air sortant de la machine plus propre et plus sain. Mais cette technique présente des insuffisances. Elle provoque l'obstruction des mailles et ne peut faire l'objet d'une utilisation sur les cheminées industrielles.

L'appareil de Barmini n'utilise pas de filtre. Son prototype a été construit avec des matériaux locaux qu'il a recyclés, adaptés et assemblés selon ses besoins. Il espère que son invention sera remarquée par des organisations travaillant sur le changement climatique et qui l'aideront à finaliser son projet.

Une attaque terroriste fait 18 morts à Ouagadougou à 300 m de l'attentat survenu 20 mois plus tôt

vendredi 18 août 2017 à 15:49

Capture d'écran montrant la fuite des clients du café lors de l'attaque à Ouagadougou via BFM TV

Le Burkina Faso est encore sous le choc après l'attentat qui a fait 18 morts,dans sa capitale Ouagadougou le 15 aout 2017 et  dont le mode opératoire rappelle une attaque commise dans la même avenue en 2016 contre l'hôtel Splendide et le Café Cappuccino. L'attaque a visé le restaurant turc Aziz Istanbul, sur l'avenue Kwame Nkrumah à Ouagadougou, aux environs de 21 h, un café prisé des expatriés vivant dans la capitale.

Les deux assaillants sont arrivés à moto un peu après 21h, selon les témoignages, et se sont mis à tirer sur les clients attablés à la terrasse. Ils ont ensuite envahi le café et ont gardé en otage plusieurs civils. A 21h30, des policiers arrivent sur place suivis par des gendarmes de l’Unité spéciale d’intervention de la gendarmerie nationale. Les échanges de tirs avec les assaillants, qui se sont réfugiés à l’intérieur du café-restaurant, sont nourris. Vers minuit, l’USIGN lance l’assaut. Selon le responsable de la gendarmerie, un des assaillants est tué un peu avant 2 heures du matin, l’autre aux alentours de 3 heures du matin.

Le Burkina a déclaré 3 jours de deuil national suite à ces attentats.  Les familles des victimes ont du mal à croire que des attaques terroristes aient pu avoir lieu au même endroit à 20 mois d'intervalles. Parmi les victimes, on compte Ahmadou Tanou, jeune Burkinabé de Ouagadougou. Son cousin Yacouba essaye d'aller au delà de la colère et croit que le Burkina fera face comme toujours:

On ne peut rien contre la volonté de Dieu. Contre ces gens, on n’y peut rien. Ce sont des barbares. Nous, on confie le Burkina Faso dans la main de Dieu. Les ennemis du Burkina, tout ce qu'ils font contre le Burkina, Dieu les voit

Un couple sénegalo-canadien a aussi péri lors de l'attaque qui attendaient un enfant: Mehsen, né à Dakar, et son épouse, Tammy Chen Fenaiche qui vivaient à Ouagadougou. Tammy Chen préparait son PhD en développment intenational et était enceinte de 4 mois. Son oncle Aboudi raconte la détresse de la famille:

Cela fait maintenant quatre ans que [Meshen] est au Burkina. Il venait de se marier avec une Canadienne, enceinte de trois ou quatre mois. Tous les deux, ils étaient au restaurant avec un ami. C’est un choc. C’est très dur. Bien sûr qu’on est en colère, bien sûr. C’est un choc quand même. On a perdu un enfant et la perte de son épouse qui porte un enfant. Ce n’est pas facile à encaisser. C’est très dur. On fait avec quand même. On est révoltés. Cela n’est pas l’islam. Effectivement, ce n’est pas l’islam. Ils disent qu’ils sont musulmans. Non. Un bon musulman ne fait pas cela. Ce sont des voyous, des bandits, des personnes sans cœur

Meshen et Tammy, morts durant l'attaque via Dakar Actus avec leur permission.

Hugo Larose, le président de l'université de Gonville and Caius College à Cambridge où Tammy Chen allait soutenir sa thèse a aussi tenu à rendre hommage à la jeune femme:

 I was devastated to hear about Tammy's loss. All of Tammy's friends echo that she was extraordinarily kind and caring, that she was the sort of person that the world sorely needs in times such as these, who would have made a real difference in this world, and whose loss will be sorely felt. Though many academics dedicate their life to improving the human condition, Tammy went many steps further, working tirelessly in the some of the poorest parts of the world. She was the heart and soul of our MCR

J'étais dévasté en apprenant la mort de Tammy. Tous les amis de Tammy se rappelent combien elle était extraordinairement gentille et attentionnée, qu'elle était la sorte de personne dont le monde a vraiment besoin dans des moments comme ceux-ci. Elle  aurait fait une véritable différence dans ce monde et sa perte sera grandement ressentie. Bien que de nombreux universitaires consacrent leur vie à l'amélioration de la condition humaine, Tammy a fait cela et bien plus, en travaillant sans relâche pour les régions les plus pauvres du monde. Elle était le coeur et l'âme de notre département.

Les attaques n'ont pas été revendiqué. Cependant, les autorités Burkinabé ont formulé des hypothèses sur les reponsables potentiels des attaques; un officier de l’armée Burkinabé sous couvert d’anonymat suggère:

Vu le mode opératoire des assaillants, leurs traits physiques, ils peuvent probablement venir du Nord Mali ou encore plus près de la frontière. Le fait que l’attaque ne soit pas encore revendiquée se signifie pas que c’est une acte isolé, il peut être lié à Ansarul Islam ou à Aqmi. Ce sont des pistes que les enquêteurs explorent et l’analyse des armements et des munitions retrouvés sur le commando permettra d’affiner les recherches. Le processus d’identification des assaillants n’est pas achevé.

Malgré ces débuts d'explications, l'incompréhension règne chez les habitants de Ouagadougou. Omer Bere, un entrepreneur de 35 ans, résume le sentiment général des habitants:

Je suis choqué par l’horreur de ce qui s’est passé à Aziz Istanbul. C’est la tristesse totale, on ne sait pas où va le Burkina. Chaque fois, on vient tuer nos frères. Ce sont deux restaurants prisés des Burkinabè qui ont été visés.

La gestion des bidonvilles à Conakry et à Freetown, un symptôme de la vulnérabilité des capitales africaines

vendredi 18 août 2017 à 10:51

Capture d'écran d'une vidéo des inondations à Freetown, Sierra Leone par Breaking News.

La catastrophe qui s'est abattue sur Freetown, la capitale de la Sierra-Leone, le 15 août lorsque des pluies diluviennes ont causé des centaines de morts et des milliers de sans-abri et provoqué des inondations ainsi que des glissements de terrains sans précédents, démontre encore une fois la vulnérabilité des grandes villes africaines et de ses populations fragilisées, notamment celles des bidonvilles.

A cause de la démographie galopante et du manque de revenus pour les habitants des zones rurales, les capitales africaines explosent sous la pression démographique, avec des bidonvilles qui apparaissent chaque jour. L'état ne parvient pas à suivre la croissance démographique et c'est ainsi que des bidonvilles se crééent. Ce n'est seulement que quand une population importante occupe des endroits non prévus pour des résidences que les autorités se réveillent et prennent des mesures drastiques.

C'est ce qui s'est passé à Conakry, capitale de la Guinée, pays voisin de la Sierra-Leone. Sans aucune planification, la population venue de l'intérieur s'est installée de manière anarchique sur les abords d'une rivière. Le gouvernement avait lancé une opération de démolition  du quartier de Démoudoula surgi à la fin du siècle dernier et au début du 21ème, soulevant un vif débat sur les réseaux sociaux.

Un bulldozer en action à Demoudoula. Crédit photo: http://guinee28.info, utilisée avec permission

Un bulldozer en action à Demoudoula. Crédit photo: http://guinee28.info, utilisée avec permission

Les utilisateurs des réseaux sociaux avaient réagi de manière contrastée. Alimou Sow, auteur, élu meilleur blogueur francophone en 2013 par le jury des Bobs de la Deutche Welle, a réagi sur sa page Facebook par une longue intervention après avoir visité les lieux:

C’est un drame humain qui est en train de se dérouler, presque à huis clos, à Démoudoula.

Depuis quelques jours, dans ce quartier de la commune de Ratoma (Conakry), des bulldozers s’activent à démolir des maisons habitées, jetant dans la rue femmes et enfants ne sachant ni où aller, ni à quel saint se vouer. Des sinistrés de juillet, mois pendant lequel, à Conakry, le ciel est comme troué. Mais on s’en fout non ?

Ces maisons détruites par l’Etat sont autant de rêves brisés, autant de liens familiaux disjoints, autant de corps avilis, autant de cœurs meurtris. Chaque brique brisée représente des mois, voire des années de dur labeur. Toute une vie démolie sous le regard hagard des enfants et impuissant des parents.

En Guinée, l’on vit pour deux choses : la famille et la maison. Chez nous, quand tu détruis la maison de quelqu’un tu auras détruit toute sa vie. Et aucun dédommagement n’est à la hauteur d’une telle tragédie.

Mais quel est le tort de ces sinistrés de juillet ? Occupation illégale du lit de la rivière “Démoudoula” (terre des chimpanzés en langue Poular), dit-on. Et quel est leur sort ? L’abandon dans la rue !

Est-ce que c’est pour protéger ces déguerpis d’une inondation éventuelle et pour préserver ainsi leurs vies et leurs biens ? Pas sûr, puisque comme dit le dicton “mieux vaut prévenir que guérir”. On aurait dû les empêcher de s’installer-là, dans le lit de la rivière. N’est-ce pas des commis de l’Etat vendus qui ont vendu les parcelles de terre à ces malheureux ?

D’ailleurs, en matière de risques à Conakry il y a bien pire ailleurs : la décharge de la Minière qui constitue à la fois une catastrophe humaine et écologique, le dépôt des hydrocarbures à Kaloum tout près de la centrale électrique de Tombo dont une explosion éventuelle pourrait ravager tout Kaloum (je touche du bois), les différentes garnisons installées au cœur de la capitale (on a encore en mémoire l’explosion meurtrière de la poudrière du camp Alpha Yaya au début des années 2000), etc.

Est-ce que c’est pour protéger l’environnement ? Peut-être. Mais Démoudoula est-il un cas isolé à Conakry ? Quid des forêts d’Enta, de Dabompa, de Démoudoula ? Quid de nombreux marigots ensevelis à Conakry ? Quid de l’occupation et de la destruction de notre littoral ?

Qu’en est-il des projets dévastateurs sur nos corniches que des activistes de la société civile dénoncent ? Notre Forêt guinéenne est-elle Forte dans un pays où la principale source d’énergie est tirée du charbon de bois ? Que fait-on pour promouvoir les énergies alternatives ? Combien coûte une bouteille de gaz en Guinée ?

Il y a longtemps qu’on a délogé, chassé et probablement mangé les chimpanzés de Démoudoula. Maintenant on y déloge des humains à coup de pelleteuses.

A supposer que c’était à la fois pour préserver l’environnement et pour protéger les riverains et leurs biens : ce n’est ni le moment, ni la manière. Cela devrait être fait à un moment approprié (pas en pleine saison des pluies), respecter un délai d’avertissement suffisant et un plan clair de relogement et de dédommagement.

Finalement, je pense que notre Etat est atteint de “démolitionite”. Sur les ruines de Kaporo-rails, la haine et la délinquance ont germé. On détruit des habitations pour construire la frustration, l’amertume et la haine.

Alimou Sow fait allusion à Kaporo-rail, un quartier de Conakry qui a été rasé au sol en 1998, mettant à la rue plus de 120 000 personnes avec la destruction de milliers bâtiments pour habitations, mosquées et écoles.

Cette émouvante intervention d'Alimou Sow a provoqué beaucoup de réactions, certaines approuvant l'action de l'état, d'autres se posant les mêmes questions que M. Sow mais diffèrent sur la solution à prendre. Ainsi, Cellou Diallo dénonce le moment choisi pour cette action, mais approuve l'action gouvernementale:

Le moment est très mal choisi, j'en conviens. Mais ils doivent être déguerpis par l'état qui doit en contrepartie les soutenir soit en les dédommageant pour se retourner contre ceux qui sont les complices ou cessionnaires…ou soit en soutenant leur action directement contre les personnes qui ont cede les terrains. Mais ils doivent quitter.

Quant à Sény Touré, il dénonce une série de négligences de l'autorité publique qui font du tort aux plus pauvres, en particulier la dépossession d'un terrain de l'hôpital Ignace Deen pour la construction d'un hôtel de luxe et la vente d'un autre domaine de plus de 3 hectares cédé par l'état à 250 000 GNF, (soit l'équivalent de 25 Euros) selon les dires de Ibrahima Camara, Directeur de l’Aménagement du Territoire et de l’Urbanisme, dans une interview accordée à guineetime.com en février 2014, déguerpissant les occupants originaux. 

Ce terrain situé dans une des zones les plus dynamiques de la capitale guinéenne accueille le complexe Résidence 2000 qui comprend une centaine d’appartements de standing avec vue sur la mer (Corniche Sud) pour des loyers à partir de 2000€ par mois. Le projet est très controversé car seulement à cause de l'expulsion de la population autochtone, mais aussi pour son impact environnemental négatif.

Il s'insurge:

Trop de paradoxes dans ce bled! On casse des maisons, certes construites dans le lit d'une rivière, mais on a encouragé la construction d'un hôtel dans le jardin de l'hôpital Ignace Deen! Un ex jardin pour malades reconverti en hôtel!
Et les pauvres habitants de Koba qui souffrent des effets de la résidence 2000? A qui doivent ils se plaindre? Je le dis encore une fois: on voit la paille chez l'autre, et non la poutre chez nous!
Alimou Sow, je ne sais pas, mais j'ai l'impression que ce régime affectionne les crises sociales. Et une dernière chose: quel est le concessionnaire qui déloge en pleine saison hivernale? Pfff n'importe quoi.

Un autre utilisateur de Facebook Ousmane Yattara, vivant à Nice, France, a fait plusieurs interventions défendant la légalité tout en demandant que l'état indemnise les victimes et invite la société civile à veiller à ce que personne ne soit au-dessus des lois; voici une synthèse de ce qu'il pense:

Demoudoula j'encourage cette action du gouvernement …j'espère que personne ne sera épargnée y compris les hauts cadres qui ont leur maison là-bas …la fin de l'anarchie en Guinée est un reve …que ca sert d'exemple à tous ceux qui achètent dans les zones protégées. .un jour on detruira vos maisons … il faut par contre indemniser tout le monde même ceux qui n'ont pas de titre foncier….

En guinée particulière à Conakry , un jour on passera forcement par détruire plusieurs maisons pour que notre capitale retrouve sa beauté …. au dela des zones protégées conakry n est pas lotis …le jour on commencera ce travail y aura forcement des victimes …c'est pour cela tout ce qu'on fait aujourd hui on le payera un jour , par des douleurs de plusieurs … c'est la violence légitime de l'Etat…
Perso j'aime la force légitime de l'Etat , ce qui me dérangerai c'est si on épargne les maisons des hauts cadres et si on indemnise pas les victimes , il faut que la société civile veille à ce que personne ne soit au dessus des lois …

Ce qui fait mal à Souleymane Barry c'est que tous les citoyens ne sont pas logés à la même enseigne:

Souleymane Barry Ce qui fait plus mal dans cette histoire c'est cette démolition sélective. Kiridi Bangoura a son château en plein lit de la rivière mais il n'est pas inquiété. Quel est ce commis de L'état aujourd'hui qui ne dort pas dans un luxueux palace pieds dans l'eau? Des édifices bâtis à coups de centaines de mètres cubes de terres déversées sur les côtes pour repousser les eaux afin de se faire des parcelles sèches. À ce rythme la mayonnaise est entrain de bien prendre car tous les ingrédients sont déjà réunis et les conséquences risquent d'être très fâcheuses.

Le Ministère de l'Habitat a suspendu les démolitions pour des raisons humanitaires pour une période allant du 15 juin au 15 octobre, suite aux nombreuses protestations des citoyens et des organisations de la société civile. Mais comme pour se moquer des victimes, le communiqué a été publié le 29 juin, alors que les démolitions ont commencé le 13 juillet, soit près d'un mois après le début de la période de grâce.

Le gouvernement promet dans un communiqué en date du 19 juillet 2017 d’indemniser les citoyens dont les titres de propriété sont reconnus réguliers, tout en poursuivant en justice les occupants illégaux des lieux.

La plus grande usine sucrière de la partie occidentale de Cuba pollue et n'est pas rentable

jeudi 17 août 2017 à 10:33
Central Héctor Molina (Foto: Geisy Guia Delis)

La sucrerie Héctor Molina. Photographie : Geisy Guia Delis. Publiée avec autorisation.

Tous les liens de cet article renvoient vers des pages ou des documents en espagnol.

Cet article est un extrait exclusif pour Global Voices de Geisy Guia Delis. Vous pouvez lire ici sa version complète “Les jours du sucre”.

En octobre 2002, le gouvernement cubain a décidé de restructurer l'industrie de la canne à sucre. Toutes les sucreries qui n'étaient pas en mesure de produire du sucre à un coût maximum de 4 centavos la livre ont été fermées.

Depuis cette décision, le complexe agroindustriel Héctor Molina, situé dans la province occidentale de Mayabeque, donnait des signaux de faible rendement. Cependant, il est resté en activité grâce à une exploitation adaptée des terres cultivables aux alentours, à la main d'oeuvre disponible et à l'infrastructure de transport.

Pour le village de San Nicolás de Bari, c'était la meilleure situation.

Mais la plus grande usine de la région a été pendant des années la lanterne rouge lors des campagnes de récolte. Elle ne respectait pas toujours les planifications, elle consommait trop d'eau et d'électricité et les pannes d'équipement constantes causaient d'importantes pertes financières.

Depuis la création de la sucrerie en 1850, les colons ont construit un système d'irrigation afin d'arroser la canne à sucre avec les eaux usées, puis une distillerie. Mais l'eau qui en sort contient des substances hautement corrosives qui augmentent le niveau d'acidité des sols et endommagent les cultures. La délégation du Ministère des sciences, des technologies et de l'environnement (CITMA) du village a fini par interdire l'emploi des eaux usées pour l'arrosage, compte-tenu du risque qu'elles contiennent des métaux lourds nocifs pour la santé humaine,

“Je suis ici depuis quinze ans et nous avons utilisé les eaux usées pendant tout ce temps”, admet Rodobaldo León Aguilar, président de la Coopérative de Production Agricole et de la Pêche (CPA) Cuba-Nicaragua. “Nous les utilisons pratiquement sans retraitement. Avant que j'arrive, cette coopérative les utilisait pour les semences de riz et pour les autres cultures. Je sais qu'il y a un risque grave. Je les utilise parce qu'elles ne me coûtent rien.”

Rodobaldo reconnaît qu'ils ont voulu utiliser de l'engrais organique comme la cachaza [écume de canne à sucre] qui est un autre résidu de la récolte. Cependant, il perdrait de l'argent avec la cachaza, parce qu'elle est chère et qu'il n'y a pas de système pour l'épandre dans les champs.

Dans sa thèse de doctorat de 2014, “Bons sols en extinction : la dégradation des sols ferralitiques rouges dans la partie occidentale de Cuba”, José M. Febles González a souligné que durant les trente dernières années, les sols ferralitiques rouges de Mayabeque et d'Artemisa ont connu une dégradation intense. “Toutefois, comme la littérature spécialisée répertoriait ce type de sol comme non érodé, cela a provoqué la dégradation constante des sols les plus productifs de Cuba”.

Le rôle d'Ana Julia Castillo, chef de section de la délégation du CITMA dans le village, est de faire respecter les dispositions du CITMA et de sa délégation provinciale. Les moyens utilisés pour réduire la charge polluante de la sucrerie ont commencé à être mis en place en 2015. Maintenant, l'usine réalise des mesures de suivi des déchets liquides et a commencé à construire deux bassins d'oxydation et des systèmes de fertigation, de capture des graisses et de gestion des résidus solides comme la bagasse. Les métaux lourds doivent se déposer dans les bassins de sorte que l'eau, en passant dans le système d'irrigation, puisse être utilisée dans les cultures.

Quelques jours avant la nouvelle récolte de novembre 2016, les travaux n'étaient toujours pas finis. “S'il n'y a pas de solution aux résidus, le moulin ne se mettra pas en marche”, a déclaré Ana Julia à cette occasion.

Mais la décision n'appartenait pas au CITMA du village, mais au CITMA de la province, au gouvernement provincial ou au Conseil d'état. Le 15 novembre 2016, les chaudières ont sifflé pour annoncer la mise en route du moulin à canne à sucre. Les résidus étaient alors un problème mineur comparé au coût d'une sucrerie paralysée.

Dans chaque village, il y a un centre d'hygiène et d'épidémiologie. Pastor Soto Fernández en est l'un des spécialistes à San Nicolás de Bari. Selon ses explications, il est quasiment impossible de mesurer totalement l'activité de la sucrerie. Ils ne disposent d'aucun équipement pour mesurer la qualité de l'air, les niveaux sonores, la pollution des sols et l'agressivité des résidus.

La sucrerie elle-même ne peut pas estimer la réduction de sa pollution, ainsi que le commente son directeur, l'ingénieur chimique Alexis Rodríguez. Les tests réalisés en laboratoire permettent seulement de contrôler que l'acidité de l'eau est maintenue à un niveau suffisant pour continuer à produire, mais rien d'autre n'est mesuré. Les bassins d'oxydation et le système de fertigation devraient avoir un impact rapide, mais aucun chiffre ne permet de s'en assurer.

Alexis reconnait qu'ils ne sont pas encore en mesure de respecter les politiques environnementales. Cela fait deux ans qu'il dirige la sucrerie d'Héctor Molina et il n'ignore pas qu'il est dans la pire usine de Cuba, “ou dans celle dont on dit qu'elle est la pire”.

“Tout d'abord, il faut prouver que l'on fait du sucre. Ensuite, il faut développer une culture de l'économie des ressources énergétiques et de l'eau. C'est dans ce sens que le système évolue et que les gens sont contents.”

La sucrerie est la principale source d'emploi du village, et la majorité des travailleurs dépend de la récolte. Tous savent que si la sucrerie ferme parce qu'elle n'est pas rentable, leur village deviendra un village fantôme, comme c'est déjà arrivé dans d'autres villes.

Avant de diriger la sucrerie, Alexis était à la tête de la distillerie. En 2016, il a gagné un prix du CITMA pour avoir conçu une usine qui utilise les déchets de cette industrie pour fabriquer de la nourriture pour les cochons. Il assure qu'il a une vocation pour la préservation de l'environnement, mais pour l'instant, il a un défi plus urgent à relever : “Je dois faire du sucre pour faire de l'argent”.

Au Brésil, le rituel de protection pour “fermer le corps” relie les différentes traditions religieuses

mercredi 16 août 2017 à 22:24
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Candomblé. Image de l'utilisateur de Flickr Luciano Paiva. CC BY-NC-ND 2.0

[Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en portugais]

Quand le commerce d'esclaves a atteint le Brésil au 16ème siècle, les croyances et les rituels africains ont survécu aux longs et périlleux voyages transatlantiques. Au fil des siècles, ces croyances ont été amenées à unifier beaucoup de descendants d'environ quatre millions d'esclaves ramenés au pays, par le biais des religions afro-brésiliennes actuelles du candomblé et de l'umbanda.

Pendant cette même période de la colonisation, 700.000 immigrants portugais se fixèrent au Brésil, apportant leur propre type de catholicisme avec eux. Certains de ces colons se fixèrent dans le Sertão, l'implacable désert brésilien, et leurs descendants sont connus comme “sertanejos”.

Les deux groupes furent amenés à partager non seulement une grande partie de la même région, le Nordeste, mais aussi un aspect important dans leurs religions : un rituel connu comme la “fermeture du corps”.

La fermeture du corps est basé sur une prière de protection qui a pour résultat de protéger le corps. Le rituel est fait pour éloigner le mal, qu'il soit spirituel, physique ou les deux. Si la garantie recherchée concerne le sens physique, le bénéficiaire croit être protégé contres les attaques de ses ennemis, qu'elles soient perpétrées par des couteaux, des armes à feu ou le venin de cobra.

Comment la fermeture du corps est-elle devenue un fil conducteur qui parcourt ces deux traditions religieuses différentes au Brésil ? L'histoire commence il y a plus de 500 ans.

Le catholicisme, une couverture

Au 15ème siècle, les Portugais s'en allèrent en Afrique à la recherche d'une route pour les Indes, ils initièrent la production de canne à sucre puis passèrent à un commerce plus lucratif : la traite des esclaves. Pendant cette même période, en Afrique subsaharienne, les missionnaires portugais arrivèrent avec l'objectif de convertir les habitants locaux au christianisme.

La manifestation postérieure de systèmes de croyances africaines au Brésil suggère que la mission des prêtres portugais n'a pas eu un total succès. Au lieu de modifier fondamentalement leurs croyances, les Africains ont fini par les compléter et/ou les déguiser avec les éléments de la religion des esclavagistes portugais.

La revue brésilienne “Mundo Estranho”  a écrit sur cette dissimulation dans un article de janvier 2014 :

Naquela época, chegaram ao país os primeiros africanos de origem iorubá, um povo que ocupava a região onde hoje ficam Nigéria, Benin e Togo. A religião dos iorubás era o candomblé, mas eles aportaram no Brasil como escravos e não podiam cultuar suas divindades livremente […] Por causa dessa proibição, os escravos começaram a associar suas divindades com os santos católicos para exercerem sua fé disfarçadamente. Como os santos católicos são bem numerosos, existem divindades que são identificadas com mais de um santo. Por exemplo: Oxóssi, o rei da caça, é associado a São Jorge e a São Sebastião.

Á cette époque, arrivèrent au pays les premiers Africains d'origine yoruba, un peuple qui occupait la région où se trouve aujourd'hui le Nigeria, le Bénin et le Togo. La religion des Yorubas était le candomblé, mais ils ont débarqué au Brésil en tant qu'esclaves et n'ont pas pu pratiquer leurs cultes librement […] À cause de cette prohibition, les esclaves ont commencé à associer leurs divinités à des saints catholiques afin d'exercer leur foi de façon déguisée. Comme les saints catholiques sont très nombreux, il existe des divinités qui sont identiques à plus d'un saint. Par exemple : Oxóssi, le roi de la chasse, est associé à Saint Georges et à Saint Sébastien.

La religion candomblé fut formalisée au 19ème siècle. Ensuite est arrivé l'umbanda au 20ème siècle, qui est principalement un mélange de candomblé et de spiritisme, un mouvement religieux qui croit à l'existence des esprits et à la réincarnation.

Les deux religions d'origine africaine sont “comparables au christianisme et à l'islam”, même si “elles ont des fondations, des rites, des visions et des interprétations complètement différentes”, d'après le blog “Tenda de Umbanda Filhos da Vovó Rita”(Tente des fils d'umbanda de la grand-mère Rita), qui est géré par un temple umbanda à Santa Catarina (État du sud du Brésil). Cependant, le blog explique que le candomblé et l'umbanda partagent quelques traits communs, comme la dévotion aux dieux connus en tant qu'orixás (prononcé orisha) et l'utilisation des chapelets et de petits tambours.

Une des croyances africaines faisant partie de cette parure catholique était justement le rituel de la fermeture du corps. Étrangement, le rituel, également appelé “kura”, se pratique normalement le vendredi saint de chaque année, dans des terreiros (maison de candomblé) à travers tout le Brésil.

Le blog “O Candomblé” explique le déroulement du rituel :

As Kuras são incisões feitas no corpo do Yaô (noviço já iniciado no Candomblé), que por um lado representam o símbolo de cada tribo, como o símbolo de cada Ilê (casa ou terreiro), mas têm o objectivo de fechar o corpo do Yaô, protegendo-o de todo o tipo de influências negativas.

Para isso são feitas as incisões (o que chamamos de abrir) e nessas incisões é colocado o Atim (pó) de defesa para aquele Yaô (iniciado). O Atim tem uma composição base de diversas plantas e substâncias, mas o Atim utilizado para as Kuras, contêm também as ervas do Orixá daquele Yaô em quem ele vai ser aplicado.

Les Kuras sont des incisions faites dans le corps du Iaô (novice déjà initié au candomblé), qui représentent le symbole de chaque tribu, comme le symbole de chaque Ilê (maison ou terreiro), mais ont aussi comme objectif de fermer le corps du Iaô, le protégeant de toutes sortes d'influences négatives. Ainsi des incisions sont faites (des ouvertures) et dans ces incisions est versé de l'Atim (poudre). L'Atim est composé de différentes plantes et substances, mais l'Atim utilisé pour les Kuras contient aussi des herbes de l'orixá du Iaô en question.

De son autre côté l'umbanda emprunte généralement des méthodes moins invasives pour “fermer” le corps. À la place des scarifications, le père ou la mère de saint (chef d'un terreiro) utilise un mélange d'herbes et d'autres ingrédients pour ensuite faire un signe de croix délicatement sur les différentes parties du corps de la personne qui se soumet au rituel.

Les ingrédients varient. D'après le blog de “Sete Porteiras“, les éléments comme des clés, de la craie blanche, des herbes, de l'huile d'olive, des chaînes, des amulettes, des bougies, de l'eau, des coquillages, et de l'ail sont normalement utilisés. Chaque chef de maison a une façon particulière de manipuler les éléments physiques centrés sur la protection astrale.

Les prières de protection faites par un bandit

Les Afro-Brésiliens ne furent pas les seuls à commencer la pratique de la fermeture du corps. Les campagnards habitants du Sertão adoptèrent aussi le rituel.

Situé dans l'intérieur du Nordeste, le Sertão est le désert brésilien. Les faibles précipitations annuelles dans la région entraînent des épisodes de sécheresse prolongés. Le sol est peu favorable à l'agriculture. Là-bas la vie dépend du cycle de la nature, des sacrifices et des luttes journalières, mais malgré tout la population résiste et survit. Euclides da Cunha, un écrivain et reporter brésilien qui a couvert la guerre de Canudos, une rébellion campagnarde de la fin du 19ème siècle au Sertão, a parlé de la longévité et de la force rurale quand il a dit que “le sertanejo est avant tout une forteresse”.

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Maison de sertanejo. Image de l'utilisateur Flickr Wagner Rochink. CC BY 2.0

La région a une culture distincte. Tout au long des siècles, les traditions orales se sont mélangées et ont donné naissance à une riche littérature locale, connue sous le nom de cordel, des styles musicaux comme le forró, le frevo, le xaxado, la samba de roda et la samba de coco, et des festivités hivernales (pendant la saison des pluies) centrées autour de Saint Jean Baptiste.

La religion dans le Sertão a également une touche unique. Les campagnards ont créé leur propre type de catholicisme rural au Brésil, mélangeant “la magie, les superstitions, la présence d'amulettes, les prières et le corps-fermé, les guérisseuses et les béatifiés”, d'après la chercheuse en sciences sociales Max Silva D'Oliveira.

Dans sa thèse intitulée “Le despotisme du Sertão”, l'auteur Luis Carlos Mendes Santiago décrit les différentes méthodes et cérémonies pour fermer le corps pratiquées dans le Sertão, qui parfois vont plus loin que de simples prières. Par exemple, décrit par le fameux anthropologue brésilien Câmara Cascudo, le bénéficiaire reste debout, avec le pied droit sur le gauche, dans un seau d'eau, pendant que sont effectués des gestes avec une clé. Une autre manière implique une religieuse cousant une hostie, considérée comme le corps du Christ, sous la peau, pendant que sont faites des prières et des mouvements rituels.

Un sertanejo qui devint célèbre pour la pratique du rituel du corps fermé est Virgulino Ferreira da Silva, plus connu sous le nom de Lampião. Pendant les années 1920 et 1930, Lampião a été un leader de cangaceiros, des bandes de campagnards armés qui parfois prêtaient leurs services à des grands propriétaires terriens, parfois se rebellaient contre eux. L'auteur américain Billy Jaynes Chandler, qui a écrit le livre “Bandit King”, le compare avec l'américain Jesse James, un célèbre hors-la-loi des États-Unis et une figure centrale dans l'imaginaire du western américain.

Tandis que Lampião enfreignait continuellement la loi avec ardeur, il n'a jamais abandonné ses croyances religieuses, qui touchaient au mysticisme. Le blog “Lampião Aceso” décrit les croyances de Lampião pendant sa période de banditisme itinérant :

…onde era comum a crença de que aquele que soubesse alguma oração de corpo-fechado e tomasse seus cuidados, estaria protegido contra a peste e as balas mortais dos inimigos. Lampião e seus cangaceiros recitavam esta oração diariamente. O líder do cangaço acreditava que a força da fé era suficiente para protegê-los dos perigos naturais do Sertão […]. Outro guerreiro, séculos antes, tornou-se símbolo da proteção divina: São Jorge, que corresponde, na mitologia, ao Orixá dos exércitos e dos guerreiros. […] Lampião incluiu em sua oração de fechamento de corpo não só vários elementos da oração a São Jorge, como principalmente a imensa religiosidade que recobre o povo sertanejo.

…où la croyance était commune que ceux qui connaissent quelques prières de corps-fermé et en prennent soin, seraient protégés de la peste et des balles mortelles des ennemis. Lampião et ses cangaceiros récitaient cette prière quotidiennement. Le chef des bandits croyait que la force de la foi était suffisante pour le protéger des périls naturels du Sertão […]. Un autre guerrier, des siècles auparavant, est devenu le symbole de la protection divine : Saint Georges, qui correspond, dans la mythologie, à l'Orixá des militaires et des guerriers. […] Lampião a inclus dans sa prière de fermeture du corps non seulement différents éléments de la prière à Saint George, mais principalement l'immense religiosité qui enveloppe le peuple sertanejo.

Lampião, ao centro, e sua esposa Maria Bonita, à direita, por volta de 1936. Foto: Benjamin Abraão Moto/domínio público

Lampião, au centre, et son épouse Maria Bonita, à droite, vers 1936. Photo: Benjamin Abraão Moto/domaine publique

En plus de réciter des prières de protection, Lampião était bien connu, autant de ses amis bandits que de ses ennemis, pour sa capacité à voir “au-delà”. Et ses ennemis des Forces Volantes, des soldats engagés pour lutter contre les bandits, prenaient au sérieux l'interprétation de ses rêves. Dans le livre “Lampião: Senhor do Sertão” [Lampião : Seigneur du Sertão], l'auteure Elise Grunspan-Jasmin ajoute :

Lampião não tinha somente o dom de interpretar os sinais anunciadores de boa fortuna, de perigo ou de desgraça. Dizia-se que era dotado de uma intuição de adivinho e, de acordo com alguns dos seus companheiros, de um ‘sexto sentido': ele ‘via’ o que os inimigos procuravam dissimular e também o que ninguém tinha possibilidade de ‘ver’.

Lampião ne possédait pas seulement le don d'interpréter les signes annonciateurs de bonne fortune, de danger ou de disgrâce. Il se disait qu'il était doté d'une intuition de devin, et, d'après quelques uns de ses compagnons, d'un “sixième sens” : il “voyait” ce que les ennemis voulaient dissimuler et aussi ce que personne n'avait la possibilité de “voir”.

Malgré ses prières quotidiennes de protection, Lampião, se sentant probablement invincible pendant son règne de 16 ans en tant que hors-la-loi le plus célèbre du Brésil, finit par être trahi, et fut assassiné par des troupes de police. Son corps “fermé” fut littéralement ouvert et une partie fut exposée publiquement afin de donner l'exemple aux autres qui auraient pu s'inspirer de sa cause. On peut dire que sa mort est la preuve que le rituel du corps fermé ne fonctionne pas, mais peut-être que ses deux décennies en tant que hors-la-loi prouvent le contraire.

Une issue pour ceux qui souffrent le plus

Le plus intéressant n'est peut-être pas le fait que le rituel du corps fermé survive ou meure avec certaines personnes, mais qu'il survive culturellement à travers les siècles, même pratiqué par des descendants de deux groupes sociaux complètement différents.

Bien que ce rituel soit né au Brésil, le fait qu'il ait créé des racines entre ceux qui souffrent le plus, des descendants d'esclaves et des colons du Sertão, ne paraît pas être une coïncidence. Peut-être que la raison pour laquelle le rituel a survécu se trouve dans le paysage, que ce soit géographique ou religieux. Un point de convergence qui par hasard se trouve au Brésil.