PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Les survivants au virus Ebola parlent : vivants, mais rejetés

mercredi 27 août 2014 à 10:32

Virus Ebola sous un microscope électronique. Photo de l'utilisateur Flickr NIAID. CC BY 2.0

Selon les derniers chiffres de l'Organisation mondiale de la santé, 2615 cas d'Ebola ont été signalés dans toute l'Afrique de l'ouest et 1 427 personnes sont mortes dans ce qui est décrit comme la pire épidémie de ce virus dans le monde [fr]. Il n'existe aucun remède sûr et disponible contre le virus de l'Ebola, et le taux de mortalité parmi les personnes infectées atteint environ 50 pour cent [fr] – bien que les épidémies précédentes aient vu des pics atteignant un taux de 90 pour cent [fr] des personnes infectées.

Ceux qui ont survécu à l'infection du virus de l'Ebola racontent leur histoire émouvantes de résilience, et les actes héroïques des travailleurs de la santé locaux, mais aussi leur tristesse devant le rejet dont ils font l'objet, à cause de l'ignorance de la maladie.

Le 20 août, l'OMS a publié une vidéo sur YouTube présentant trois de ces survivants: M. Saah Tambah et M. Harrison Sakilla du Libéria et Mme Matu Kamara de la Sierra Leone.

M. Saah Tambah explique comment il s'est retrouvé infecté et la vie qu'il mène depuis sa guérison:

J'ai eu le virus Ebola d'un oncle dans la ville de Koindu. Je suis allé lui rendre visite pour deux nuits car il n'y avait personne pour prendre soin de lui. Après quelques jours, il est mort et sa femme et sa fille sont aussi mortes [..]. J'ai commencé à souffrir de vomissements et de diarrhée alors je suis allé à la clinique. Quand je suis tombé malade, ma famille doutait de mon rétablissement. Dieu merci et merci aux médecins aussi. Ils m'ont donné un certificat qui indique que je suis guéri d'Ebola au cas où quelqu'un douterait encore.

M. Harrison Sakilla, 39 ans, est de Foya, au nord du Liberia. Il est le premier survivant de sa région. Il a perdu sa mère à cause de la maladie. Il dit:

J'ai attrapé la maladie en prenant soin de ma mère. Si quelqu'un commence à voir les symptômes, il faut aller à un centre de santé traitant de l'Ebola. Ils fourniront des soins et on peut s'en sortir.

Mme Matu Kamara, 52 ans, dit qu'elle a perdu sa sœur et son enfant à cause de l'Ebola:

Ma fille était malade après avoir pris soin de l'autre épouse de mon mari. Elle avait froid. Je l'ai emmenée à l'hôpital et ils lui ont donné des médicaments. Elle se sentait mieux mais, plus tard elle a commencé à vomir. Elle est morte dans nos bras. Je me suis sentie malade et j'ai commencé à vomir. Je suis allée à l'hôpital et deux jours plus tard, je me sentais mieux. Nous, les survivants de cette maladie, avons besoin d'un certificat pour montrer aux gens que nous avions Ebola, mais nous avons été traités. N'attendez pas de devenir très malade avant d'aller à l'hôpital.

Souvent, les gens qui guérissent de la maladie font face à un rejet post-guérison écoeurant en raison d'un manque de compréhension de la façon dont la maladie se répand. Telle est l'expérience du Dr Melvin Korkor, un médecin de l'hôpital Phebe au Libéria. Le docteur a survécu à Ebola, mais il explique que ses parents et amis craignent de le toucher, comme le rapporte Front Page Africa Online:

Même si Dr. Korkor dit qu'il s'est débarrassé du virus Ebola, il dit que les gens l'évitent. “Maintenant, partout dans mon quartier, tous les regards se portent sur moi comme si j'avais la peste,” a-t-il dit. Le médecin de Phebe a raconté au journaliste de FrontPageAfrica qui l'a rencontré sur le campus de Cuttington lundi qu'il a observé que des gens quittaient les lieux quand il s'approchait tandis que des amis, des étudiants et des proches évitaient sa poignée de main ou de manger avec lui [...] “Merci à Dieu, je suis guéri. Mais maintenant, j'ai une nouvelle maladie : la stigmatisation dont je suis victime ” selon les propos du Dr. Korkor rapportés par une station de radio locale à Gbarnga. “Cette maladie (la stigmatisation) est pire que la fièvre”.

Le Liberia est l'un des quatre pays aux prises avec l'épidémie, aux côtés de la Guinée, du Nigeria et de la Sierra Leone.

M. Claudius Barnawolo [fr] l'assistant d'un médecin libérien, a également eu la chance de survivre au virus Ebola. Le site Front Page Africa Online a enregistré son témoignage ainsi que ceux des membres de sa famille qui ont également ressenti la stigmatisation et le rejet de la part de leur communauté:

La sensibilisation à propos du virus Ebola ainsi que sur son mode de transmission reste un défi. La Côte d'Ivoire a lancé une importante campagne de prévention Ebola [fr], même si aucun cas n'a encore été détecté. Les blogueurs ivoiriens ont réadapté la campagne #ALS #IceBucketChallenge (SLA virale Seau à glace) pour la sensibilisation sur le virus Ebola [fr] en utilisant le hashtag en  français #moussercontreEbola:

Le travail des chercheurs tels que le Dr Korkor ou Dr. Barnawolo pour détecter si des patients malades ont le virus Ebola est également crucial dans la lutte contre l'épidémie. Abdoulaye Bah, un auteur de bénévoles et traducteur pour Global Voices, a souligné l'importance de leur travail au Libéria (via Jina Moore):

Mme Jeejuah, 30, et deux autres femmes, toutes bénévoles, font la cuisine pour 12 des personnes les plus importantes, mais invisibles, au Libéria en ce moment. La douzaine de repas est destinée à l'équipe de techniciens qui teste le sang des patients suspects d'Ebola. Ils visitent les malades chez eux et dans les centres débordés pour le traitement d'Ebola, introduisant des aiguilles dans les veines de personnes à l'état de santé imprévisible, hautement contagieuses. Ils transportent alors le sang dans le seul laboratoire médical du Libéria, à plus d'une heure de voiture de la capitale Monrovia.

Evidemment le combat (et la survie) contre le virus Ebola exigera beaucoup d'efforts collectifs dans les pays touchés, compte tenu, en particulier, de la stigmatisation à l'intérieur et à l'extérieur des frontières. Dans le cadre de cette épidémie, il n'a jamais été aussi crucial pour les membres des communautés de se rendre compte qu'ils doivent s'organiser ensemble dans cette lutte, sinon, ils périront, bêtement, tous ensemble.

Des spécialistes du Moyen-Orient demandent au gouvernement allemand de réexaminer son soutien inconditionnel à Israël

mardi 26 août 2014 à 21:06
screenshot offener Brief

“Lettre ouverte des spécialistes allemands du Moyen-Orient sur la crise de Gaza”. Capture d'écran du site web de la lettre ouverte

Dans une lettre ouverte au gouvernement fédéral allemand [tous les liens sont en allemand], de nombreux intellectuels et spécialistess demandent un changement de la politique moyen-orientale allemande au vu de l'actuelle offensive d'Israël dans la bande de Gaza, qui a déjà provoqué la mort de plus de 2.000 Palestiniens.

Le gouvernement allemand actuel soutient, comme d'autres avant lui, la politique israélienne. Parmi les signataires du texte on trouve des spécialistes des territoires palestiniens occupés, ainsi que des scientifiques spécialistes du Proche-Orient et autres personnalités d'Allemagne qui se penchent sur le sujet.

Über einem Monat haben wir einem zerstörerischen Krieg zusehen müssen, der [...] auf Monate, möglicherweise auf Jahre hinaus die Entwicklungsperspektive des Gazastreifens beeinträchtigt und Hoffnungen auf einen dauerhaften Frieden in Nahost schmälert. Wir verurteilen die Anwendung von Gewalt zur Durchsetzung politischer Ziele. Gewalt, die sich gegen Zivilisten richtet, ist weder von militanten palästinensischen Gruppen noch von Seiten Israels zulässig.

Depuis plus d'un mois nous sommes obligés d'observer une guerre destructrice, qui portera atteinte pour des mois, voire des années aux perspectives de développement de la bande de Gaza et rétrécit les espoirs d'une paix durable au Proche-Orient. Nous condamnons l'usage de la force pour faire aboutir des objectifs politiques. La force dirigée contre les civils n'est admissible de la part ni des groupes militants palestiniens ni d'Israël.

La lettre veut, selon les déclarations de ses instigateurs, recentrer le débat en Allemagne sur le conflit lui-même. Ces dernières semaines, à la suite d'une multiplication de propos antisémites de quelques manifestants, la couverture médiatique sur le conflit de Gaza a glissé vers un débat sur l'antisémitisme, et la critique de la politique israélienne a paru devenir impossible. Le chercheur en communication Kai Hafez, a dit lors d'un entretien à la radio Deutschlandfunk :

Also es ist schon etwas bezeichnend, dass wir in Deutschland immer wieder kulturell orientierte Debatten über Islam und Judentum in Zeiten führen, wo man eigentlich eine politische Analyse oder sogar Kriegskritik führen müsste.

Cela devient typique pour nous en Allemagne de mener de façon récurrente des débats à caractère culturel sur l'islam et le judaïsme dans les moments où il faudrait plutôt une analyse politique ou même une mise en cause de la guerre. 

La lettre réclame du gouvernement allemand des changements concrets à sa politique proche-orientale menée jusqu'ici. Celle-ci reste toujours marquée par la “culpabilité historique de l'Allemagne”, due au génocide systématique pratiqué par les nazis contre les juifs pendant la deuxième guerre mondiale. Angela Merkel dans son discours de 2008 devant la Knesset a parlé de la “responsabilité historique particulière de l'Allemagne pour la sécurité d'Israël”. Et aujourd'hui aussi, la chancelière insiste sur le droit d'Israël à se défendre, tandis que les attaques de fusées du Hamas sur Israël sont sévèrement condamnées.

La lettre exige la reconnaissance du droit à une vie sans peur, qui s'applique également aux Palestiniens.

La population civile israélienne a droit à une vie sans peur, ce qui vaut aussi pour tous les Palestiniens et Palestiniennes. Près de 2.000 victimes, selon les évaluations de l'ONU, des civils à 80 %, dont encore une fois près de 30 % d'enfants selon les données de l'UNICEF, ne doivent pas être acceptés au nom des arguments de la lutte contre le terrorisme ou de la légitime défense.

Les auteurs de la lettre en appellent entre autres au contribuable allemand, car à Gaza ce sont aussi des projets financés à l'aide des impôts allemands qui ont été anéantis. Déjà en 2012, le gouvernement avait indiqué (PDF) que des projets financés par l'Allemagne dans les territoires palestiniens étaient interrompus ou carrément détruits par Israël. Selon les déclarations des auteurs de la lettre, dans le conflit actuel c'est presque la totalité du travail des organisations de développement, fondations, ONG locales de la bande de Gaza qui a été réduite à néant ; matériellement par les bombardements, mais, plus grave encore, humainement : l'ensemble de la population civile est traumatisée. Une situation qui ne peut pas être changée par de seuls projets. Il faut une réorientation de grande envergure, comme le demande la lettre ouverte.

Les demandes des scientifiques au gouvernement sont les suivantes :

  • sich für die Erreichung eines nachhaltigen Waffenstillstandes einzusetzen, der das weitere Sterben von Zivilisten auf beiden Seiten verhindert und der massiv bedrohten, überwiegend jungen Zivilbevölkerung in Gaza dauerhaften Schutz bietet;
  • gegenüber Ägypten und Israel die Aufhebung der Blockade des Gazastreifens durchzusetzen, um eine Normalisierung des Güter- und Personenverkehrs zu ermöglichen und dabei israelische Sicherheitsinteressen durch internationale Beobachter und Unterstützung zu gewährleisten;
  • Nothilfe und Wiederaufbaumaßnahmen in Gaza bereitzustellen, aber nicht ohne auch Israels völkerrechtliche Verantwortung als Besatzungsmacht für den Wiederaufbau einzufordern;
  • die bereits anerkannte, im Juni eingeschworene palästinensische Einheitsregierung und ihre Regierungsgewalt über den Gazastreifen sowie Handlungsfähigkeit in den gesamten palästinensischen Gebieten inklusive Ostjerusalems mit Nachdruck zu stärken;
  • die Tötung von Zivilisten vor und während der Angriffe auf den Gazastreifen zu untersuchen, zu einer internationalen Untersuchung aktiv beizutragen und den Beitritt Palästinas zum Internationalen Strafgerichtshof zu unterstützen. Gleichzeitig die Zerstörung ziviler Infrastruktur (so wie die Bombardierung des einzigen Elektrizitätswerkes von Gaza, Kläranlagen, Krankenhäuser etc.), die seit Jahren mit EU- und bundesdeutschen Geldern finanziert wird, zu untersuchen und Kompensation von Israel einzufordern;
  • die restriktiven deutschen Rüstungsexportbestimmungen auch im Nahen Osten auf alle Konfliktparteien anzuwenden sowie die militärische Zusammenarbeit mit Israel auf den Prüfstand zu stellen;
  • sich mit Nachdruck für ein Ende der israelischen Besatzung der palästinensischen Gebiete einzusetzen und für beide Seiten verbindliche, völkerrechtskonforme Vorschläge für eine Konfliktregelung zu machen.
  • s'investir pour l'obtention d'un cessez-le-feu permanent, qui empêche de nouvelles morts de civils de part et d'autre et offre une protection à long terme à la population civile en très grand danger et majoritairement jeune de Gaza ;
  • imposer à l'Egypte et à Israël la levée du blocus de la bande de Gaza, pour permettre une normalisation de la circulation des marchandises et des personnes et garantir en même temps les intérêts de sécurité israéliens par des observateurs et un appui internationaux ;
  • mettre à la disposition de Gaza une aide d'urgence et des dispositifs de reconstruction, mais non sans imposer la responsabilité de droit international d'Israël en tant que puissance d'occupation pour la reconstruction ;
  • soutenir vigoureusement le gouvernement palestinien d'union déjà reconnu et qui a prêté serment en juin, ainsi que sa juridiction sur la bande de Gaza, de même que sa compétence sur la totalité des territoires palestiniens y compris Jérusalem-Est ;
  • enquêter sur le meurtre de civils avant et pendant les attaques contre la bande de Gaza, participer activement à une enquête internationale et soutenir l'adhésion de la Palestine à la Cour pénale internationale. Enquêter en même temps sur la destruction des infrastructures civiles (comme le bombardement de l'unique centrale électrique de Gaza, de stations d'épuration, d'hôpitaux etc…), financées depuis des années par des fonds de l'UE et de l'Allemagne, et exiger des indemnisations de la part d'Israël ;
  • appliquer les réglementations allemandes restreignant les exportations d'armements aussi à toutes les parties en conflit au Proche-Orient et reconsidérer la coopération militaire avec Israël ;
  • se positionner fermement pour la fin de l'occupation par Israël des territoires palestiniens et faire des propositions obligatoires pour les deux parties et conformes au droit international en vue d'un réglement du conflit.
Anne Hemeda a contribué aux recherches pour cet article.

Après Paris, l’Italie et l’Allemagne vont acheminer des armes aux combattants kurdes en Irak

mardi 26 août 2014 à 12:50
Combattantes Kurdes par Jan Sefti on Flickr CC-BY-2.0

Combattantes Kurdes par Jan Sefti on Flickr CC-BY-2.0

Après la France qui s’était prononcée mi-août, c’est au tour de l’Allemagne et de l’Italie de se dire prêtes à envoyer des armes aux Kurdes d’Irak afin de lutter contre les djihadistes de l’État islamique qui progressent vers Bagdad.

La France proactive sur le dossier irakien

L’Élysée l’a annoncé dans un communiqué mercredi 13 août : la France comptait livrer des armes aux combattants kurdes d’Irak.

La situation catastrophique à laquelle doit faire face la population dans la région du Kurdistan irakien nécessite la poursuite et l’amplification de la mobilisation de la communauté internationale 

 exhortait la présidence, dans son communiqué.

« Afin de répondre aux besoins urgents exprimés par les autorités régionales du Kurdistan, le chef de l’État a décidé, en accord avec Bagdad, de faire acheminer des armes dans les heures qui viennent ». La France entend ainsi « jouer un rôle actif en fournissant, en lien avec ses partenaires et en liaison avec les nouvelles autorités irakiennes, toute l’assistance nécessaire ».

L’Élysée rappelle que « de premières livraisons humanitaires ont eu lieu ces derniers jours » et qu’« elles vont se poursuivre » ; le président Hollande ayant « demandé au ministre des Affaires étrangères et du développement international de suivre personnellement cette question ».

De son côté, Laurent Fabius avait insisté sur l’urgence de la situation :

Je sais bien que dans les pays occidentaux c’est la période des vacances, mais enfin quand il y a des gens qui meurent, j’allais dire qui crèvent, il faut revenir de vacances.

Réunion de crise pour la diplomatie européenne

La France a manifestement inspiré l’Union européenne, dont les ministres des Affaires étrangères se sont réunis en urgence vendredi 15 août, afin de mettre en œuvre une réponse collective au drame que connaissent les minorités chrétiennes et yézidies menacées par l’État islamique (EI). Une initiative qui est venue contrer l’échec de la réunion des ambassadeurs de l’UE qui s’est tenue peu de temps avant. Certains États membres, comme la Suède, s’étaient prononcés en défaveur de l’envoi d’armes en Irak.

Les États-Unis menaient déjà depuis plusieurs jours des frappes ciblées contre les positions de l’État islamique en Irak, dans la région de Sinjar, où sont coincés entre 20 000 et 30 000 personnes de la minorité Yézidie. L’Angleterre a également annoncé son intention d’acheminer des armes.

L’Allemagne et L’Italie se sont décidées

Par un effet domino, L’Allemagne et l’Italie ont rallié le camp des pays les plus engagés dans le soutien aux Kurdes le 20 août. Berlin a fait savoir qu’il était « prêt » à livrer « le plus rapidement possible » des armes aux Kurdes d’Irak. Le vote du Parlement italien a suivi peu de temps après.

Actuellement, parmi les plus engagés en faveur du soutien kurde, on retrouve donc la France,  Le Royaume-Uni, la République tchèque, l’Italie et l’Allemagne tandis que la Suède, l’Irlande, la Finlande et l’Autriche sont les plus réticentes.

Face aux djihadistes, Voltaire et son combat contre le fanatisme plus actuels que jamais

mardi 26 août 2014 à 12:19
Tunisie Ansar al Charia califat

Tunisie : Ansar al-Charia à une manifestation d'Islamistes à la Kasbah – Sur la pancarte tenue par le vieil homme : ” Le califat c'est la prospérité, la démocratie c'est l'occupation”. Photo Chedly Ben Ibrahim, 17/12/2013, copyright Demotix

Sarra Abrougui est Tunisienne et doctorante en littérature comparée à l'Université de Strasbourg.

Ça fait cinq ans déjà que j’ai entrepris mon travail de recherche sur la conception voltairienne de la religion et son rapport avec le fanatisme ; aujourd’hui et face à la montée de l’intégrisme religieux je me rends compte de l’utilité de son discours sur la tolérance et suis persuadée à quel point sa leçon d’humanisme est d’actualité.

Statue du Chevalier de La Barre, à Montmartre (Paris) Photo helicongus sur panoramio, CC BY-ND 3.0

Statue du Chevalier de La Barre, à Montmartre (Paris) Photo helicongus sur panoramio, CC BY-ND 3.0

Au XVIIIème siècle, Voltaire a condamné toute forme de fanatisme religieux soutenu par l’Eglise catholique, alors la première force politique et religieuse. Ce philosophe s’est battu pour séparer la religion de la politique et a préparé le terrain pour les valeurs de la laïcité. En défendant Calas, Sirven, le Chevalier de la Barre  et bien d’autres, il a instauré l’idée de la tolérance avec un grand T.

J’aimerais bien m’arrêter un peu sur cette conception de la tolérance qui est celle de Voltaire. En 1764 date de parution du Dictionnaire philosophique, Voltaire en propose une définition toute simple dans l’article « Tolérance » en affirmant qu’elle est « l’apanage de l’Humanité ». De ce fait elle est le caractère propre de l’homme, c’est le caractère qui nous rend humains !

Quand j’ai lu pour la première fois « Prière à Dieu », le chapitre 23 extrait de son Traité sur la Tolérance, écrit suite à l’affaire Calas, j’avais à cette époque 17 ans et je n’ai pas compris grand-chose puisqu'en Tunisie on ne parlait pas trop de religion. A cette époque c’était Ben Ali qui était au pouvoir et qui interdisait à son peuple de faire le choix puisqu’il en exige de ne pas « être trop musulman ». C’est-à-dire qu'on lui interdisait l’exercice libre du culte : les prières dans les mosquées par exemple n’étaient pas très appréciées et les femmes ne pouvaient pas porter le voile puisqu’il était interdit. A cette époque, on ne posait pas trop de questions car il semblait que malgré l’oppression, nous vivions comme un peuple homogène en dépit de toutes les différences.

Et le 14 janvier 2011, ce peuple bouleverse le monde en chassant le dictateur du pouvoir et depuis les révolutions se sont enchaînées dans le monde arabo-musulman sous le nom du Printemps arabe. Des peuples qui sont sortis dans la rue pour réclamer justice, liberté et dignité et pour mettre fin à la dictature mais malheureusement, ils se trouvent aussitôt affrontés à un monstre plus effrayant et plus destructif : celui du fanatisme religieux. C’est ce qui a mené certains à préférer la dictature politique à la dictature religieuse. J’ai même entendu en Tunisie des Tunisiens qui souhaitent le retour de Ben Ali tellement le fanatisme ou le « terrorisme », pour employer un terme plus moderne, leur fait peur.

Depuis ces révolutions, le fanatisme gagne progressivement du terrain et devient une vraie menace pour nos sociétés. Voltaire a condamné le fanatisme religieux au XVIIIème siècle car il était conscient que ce fanatisme est un vrai poison qui menace l’Humanité toute entière, il savait que le fanatisme est un vrai danger qui ne permet pas à l’homme de progresser. Il affirmait dans l’article « Fanatisme » du Dictionnaire philosophique que « le fanatisme est à la superstition ce que le transport est à la fièvre, ce que la rage est à la colère. Celui qui a des extases, des visions, qui prend des songes pour des réalités, et ses imaginations pour des prophéties, est un fanatique novice qui donne de grandes espérances; il pourra bientôt tuer pour l’amour de Dieu ».

Atelier de Nicolas de Largillière, portrait de Voltaire (détail) Musée Carnavalet Workshop of Nicolas de Largillière [domaine public], via Wikimedia Commons

Atelier de Nicolas de Largillière, portrait de Voltaire (détail) Musée Carnavalet [domaine public], via Wikimedia Commons

C’est ainsi que Voltaire décrit le fanatique : un homme qui tue sous le prétexte de l’amour de Dieu sans même savoir ce qu'est la vraie religion. Il y a trois siècles que Voltaire a lutté pour la tolérance mais ce qui se passe actuellement dans le monde nous fait penser que chaque homme doit mener un combat semblable à celui de Voltaire pour libérer l’homme de l’obscurantisme religieux et la haine qui nous empêche d’être frères.

Aujourd’hui la montée de l’intégrisme fait peur et inquiète le monde entier et nombreux sont les faits qui en témoignent : je me contente d’énumérer rapidement quelques uns ; des faits qui déplairaient certes à notre champion de tolérance par excellence !

Ce qui se passe aujourd’hui en Tunisie par exemple reste quelque chose de nouveau pour ce peuple qui, quand il a crié « Ben Ali Dégage » le 14 janvier 2011 n’avait aucune intention religieuse mais tout simplement réclamer des droits comme le droit de la liberté de pensée, d’expression ou le droit de manifester etc. que les fanatiques, eux rejettent aujourd’hui et disqualifient comme « Haram ». En effet, le pays fait face depuis la révolution de 2011 à un essor de groupes djihadistes. Une quarantaine de soldats, de policiers et de gendarmes ont été tués dans le pays dans des attaques terroristes depuis la chute du régime Ben Ali, dont la dernière s’est produite le mercredi 16 juillet au soir à Hinchir tela sur le mont Châambi où quatorze soldats tunisiens ont été tués. Depuis la révolution la Tunisie représente la première cible des terroristes puisque dans plusieurs vidéos postées sur le net et les réseaux sociaux Ansar Charia promet de conquérir le pays et de châtier ce peuple, qui, selon ce groupe terroriste est considéré comme mécréant en adoptant un islam qui s’oppose dans son ensemble à la Charia. Le 17 août 2014 Kamel Zarrouk leader n° 2 d’Ansar Charia a prédit dans un enregistrement audio posté sur Youtube la destruction de la Tunisie en dénonçant les principes de la démocratie et de la laïcité qui s’opposent aux principes de l’islam.

Nombreux sont les exemples d’intégrisme qui ont menacé la Tunisie surtout depuis l’arrivée du parti islamique Ennahdha au pouvoir, soupçonné aujourd’hui d'être derrière ces actes terroristes ou au moins de couvrir ces crimes

Le rejet de la différence

Le plus grand exemple du fanatisme est celui de l’Etat Islamique en Irak et au Levant, EIIL. Réputés pour leur cruauté forgée à coup de pendaisons et d’injustice à l’encontre de tous ceux qu’ils considèrent comme infidèles et qui n’adoptent pas les mêmes convictions religieuses et idéologiques, les membres de l’Etat islamique maltraitent les chrétiens et enlèvent les croix aux églises. Persécutés et menacés de mort à Mossoul par l’Etat islamique, ces chrétiens qui étaient plus de 35 000 se trouvent obligés de quitter leur ville. 

Qui plus est les maisons des chrétiens à Mossoul ont été marquées par le signe ن qui symbolise le terme « nazaréen » : un terme de connotation péjorative employé par les djihadistes pour désigner les chrétiens. Ces fanatiques rien ne les arrête puisqu’ils n’acceptent aucune différence religieuse et idéologique. Celui qui ne leur ressemble pas doit être rejeté voire massacré et lapidé. Ces hommes comme l’avait démontré Voltaire trois siècles avant se sont persuadés d'être les représentants de Dieu sur terre.

La religion de l’exclusion des femmes

Leur religion est fondée essentiellement sur l’idée de la mort et l’exclusion. Ces fanatiques excluent tous ceux qui ne leur ressemblent pas, ils excluent et massacrent ceux qui ne leur sont pas soumis. A titre d’exemple Roua Dhiyeb, une dentiste syrienne qui a été exécutée [anglais] par les membres djihadistes de l’état islamique suite à un crime consistant dans le simple fait de ne pas respecter les ordres du Calife Abou Baker Baghdedi exigeant des femmes de ne soigner que des femmes. Et combien de femmes encore seront victimes de cette politique de l’exclusion et de la mort ?! N’oublions surtout pas l’image dénigrante que ces islamistes donnent de la femme ! Aujourd’hui ce fanatisme est une vraie menace pour les droits de la femme ! Voltaire au XVIIIème siècle était conscient de cette réalité et a défendu la femme en s'indignant de la tradition religieuse qui méprise la femme en la considérant comme la cause première du péché (c’est la même image de la femmes qu’on trouve chez les djihadistes). et en rejetant la supériorité masculine sur les femmes comme dans son essai Femmes soyez soumises à vos maris de 1768. 

Rejet des arts

Ces fanatiques ont instauré aujourd’hui la culture de l’obscurantisme et de la terreur, ils menacent les arts et souvenons-nous les actes de barbarie et de violence accomplis par un groupe de salafistes lors d’une exposition au palais de Abedellia à La Marsa en Tunisie le 10 juin 2012. Ces salafistes ont détruit les œuvres d’art tout en criant des slogans contre les artistes en le traitant de mécréants car ils trouvent que ces œuvres artistiques sont une atteinte à Dieu et au prophète de l’Islam.

Une menace pour la liberté de l’information

Ils représentent notamment une vraie menace à la liberté de l’information et de la presse : l’état islamique a diffusé le 19 août une vidéo sur Facebook de l’exécution [anglais] du journaliste américain détenu en Syrie depuis 2012 James Foley. Cette exécution a un double aspect : c’est à la fois un chantage aux otages pour obtenir l’arrêt des frappes américaines et un avertissement à l’occident qui est souvent considéré comme mécréant aux yeux de ces djihadistes. 

Obscurantisme : rejet des sciences

La foi qu’ils éprouvent s’oppose fermement aux sciences, au savoir et aux critiques. On les voit par exemple à Raqqa, en Syrie interdire l’enseignement de la chimie [anglais] en prétendant que cette matière ne connaît pas la puissance de Dieu.

Rejet de la philosophie

L’enseignement de la philosophie quant-à lui a été interdit dans la même perspective. En effet, la philosophie a été toujours considérée par les fanatiques comme un vrai danger qui nuit à l’ordre général : c’était le cas de Socrate qui a été exécuté rappelons-nous car tout simplement il adoptait une religion tout à fait différente de celle qui était adoptée par la cité grecque. N’oublions surtout pas que la philosophie est comme l’affirme Voltaire dans le même article « Fanatisme » le seul « remède à cette maladie épidémique ».

L’esprit philosophique tel qu’il est conçu par le philosophe français soutient l’inexistence de la vérité absolue et conserve une religion fondée essentiellement sur l’idée de la raison et du cœur. Ces extrémistes ont aujourd’hui et depuis toujours une loi à eux seuls qui ne devra pas être discutée ni rejetée. Et si c’est le cas on est considéré comme mécréant !

« Les lois sont encore très impuissantes contre ces accès de rage : c’est si vous lisiez un arrêt du conseil à un frénétique. Ces gens là sont persuadés que l’esprit saint qui les pénètre est au-dessus des lois, que leur enthousiasme est la seule loi qu’ils doivent entendre. Que répondre à un homme qui vous dit qu’il aime mieux obéir à Dieu qu’aux hommes, et qui en conséquence est sur de mériter le ciel en vous égorgeant ? » Voltaire décrivait le fanatique d’hier comme si il décrivait celui d’aujourd’hui !

Le premier intellectuel engagé de l’Histoire de France a excellé dans tous les genres littéraires, théâtre, conte, roman, traités, pamphlets et versifications. Tous ces genres ont été mis au service d’un seul et unique combat : le combat contre l’infâme (le fanatisme incarné par l’Eglise et le clergé). Ses combats parlent aujourd’hui et pour toujours pour lui. Voltaire avec cette œuvre gigantesque qu'il nous a laissée ne cessait de se moquer des dogmes de la religion et s’acharnait inlassablement contre le fanatisme, la superstition et les injustices.

C’est tout en condamnant le fanatisme que Voltaire a instauré son fanatisme à lui « un fanatisme de la tolérance ». S’il était vivant aujourd’hui et voyait ce qui se passe actuellement il aurait écrit encore des chefs d’œuvre sur la tolérance et le fanatisme. Voltaire devrait être enseigné dans les écoles et il faut apprendre à chaque enfant à aimer les leçons de Voltaire pour que les fanatiques cessent d’exister. Le discours de Voltaire reste un remède efficace à ce poison qui menace le monde et l’humanité. Aujourd’hui le fanatisme triomphe et Voltaire nous manque !

Des cinéastes inuit parlent de leurs traditions dans le petit hameau canadien d'Arviat

mardi 26 août 2014 à 11:36
The shore of Arviat. Photo by Paul Aningat (CC BY-NC-ND 2.0)

Le rivage d'Arviat. Photo de Paul Aningat (CC BY-NC-ND 2.0)

[Sauf indication contraire, les liens dirigent vers des pages en anglais]

Pensez seulement à ce que la prochaine génération va pouvoir faire…”

Ces sages paroles nous sont transmises par Mark Kalluak, inuit âgé, maintenant décédé, en s'émerveillant des possibilités données aux jeunes d'Arviat par les technologies numériques. Arviat se situe sur la côte ouest de la baie d'Hudson, sur le territoire de Nunavut [fr] au Canada. Kalluak a passé une bonne partie de sa vie à transmettre les connaissances inuit traditionnelles aux générations futures en créant des programmes éducatifs.

Kalluak a aussi fait l'objet d'un court métrage du réalisateur Eric Anoee, Jr, habitant de longue date d'Arviat et l'un des fondateurs de l’ Arviat Film Society. Le collectif s'est approprié la technologie de la vidéo numérique pour créer des films documentaires sur la langue et la culture inuit, l'illustration même de ce que Kulluak a toujours défendu avant son  décès.

Sur cette vidéo dont le titre est “Tunngavik & Uqaujjiji”, Kalluak nous fait part de ses réflexions sur le fait d'être un chef et un conseiller pour sa communauté et nous explique son rôle à l'aide d'outils inuit, le ulu [fr] et le couteau à neige.

Depuis 2010, la Film Society fait appel aux jeunes qui habitent la communauté Inuit [fr] d’Arviat. Grâce à une formation et un tutorat en vidéo, la Film Society espère faire émerger une nouvelle génération de vidéastes en insistant  sur les opportunités d'avancement professionnel. La plupart des sujets traités par les vidéastes sont en lien direct avec la vie traditionnelle et les coutumes, et sont un moyen de faire partager leur culture à un public local et global.

La Film Society s'est aussi récemment rapprochée de Isuma TV afin de créer une station de télévision locale qui participe à la diffusion de ses oeuvres.

Rising Voices a récemment interrogé Anoee pour savoir pourquoi il avait choisi de faire des vidéos sur sa communauté et ce qu'il en attendait.

Rising Voices (RV): Qu'est-ce qui vous a incité à faire des vidéos ?

Eric Anoee, Jr. (EA): il y a de bons metteurs en scène au Nunavut, comme Zacharias Kunuk qui m'a aidé à comprendre que les inuits peuvent être de bons metteurs en scène et que l'on peut faire des films en langue inuit. Les producteurs de la Société Audiovisuelle Inuit, et Peter Tapatai par exemple, m'ont donné confiance en moi, quand j'étais plus jeune, et m'ont encouragé à faire des films d'un côté ou de l'autre de la caméra.

Mon frère m'a aussi montré un caméscope qu'il avait, quand j'étais jeune, et m'a initié aux différentes étapes de la fabrication d'un film, de la préparation d'une prise de vue à la révision des rushes, jusqu'à la projection de son travail à la famille.

Les plus âgés sont ceux qui m'ont le plus apporté car ils m'ont encouragé à poursuivre mon travail en me disant que ce travail est important. Ils m'ont dit qu'ils ne seraient pas toujours là et que leurs connaissances se perdront si l'on n'en parle pas et si on ne les partage pas dans des films. Les aînés m'ont donné la volonté de continuer à faire des films.

RV: quelles ont été les difficultés à surmonter pour faire des vidéos ?

EA: le plus difficile a été d'être bon techniquement pour faire passer mes idées dans le tournage. Il faut dire aussi qu'il n'y a pas beaucoup de cinéastes passionnés dans le nord qui partagent mon intérêt, mais c'est en train de changer grâce à la jeunesse locale qui commence à s'y intéresser. De plus, gagner sa vie en tant que cinéaste est très difficile pour quelqu'un qui débute, qui n'est pas très connu et qui n'a pas beaucoup d'expérience et de relations dans le milieu de l'audiovisuel.

RV: qu'est-ce qui vous a apporté le plus en faisant des vidéos?

EA: l'un des aspects les plus valorisants est de partager son travail avec d'autres au sein de la communauté. Inciter les jeunes à faire des films et voir le résultat de leur travail est aussi un aspect valorisant, particulièrement pour quelqu'un d'engagé dans ce domaine. Dans mon travail quotidien j'ai aussi la chance d'aider à la production de matériel pédagogique pour le cinéma et mes contributions sont utilisées dans les écoles de Nunavut. Un autre point positif c'est qu'en étant cinéaste on a la chance d'apprendre continuellement et de s'améliorer et on prend conscience de l'importance de son travail.

La vidéo suivante produite par Anoe analyse le travail d'une équipe de sauveteurs. Dans ce passage, Anoee interroge Daniel Alareak qui parle des outils qu'ils utilisent pour leur travail.

RV: quel message espérez-vous transmettre grâce à vos vidéos?

EA: ils sont nombreux. Parmi eux, l'importance d'être fier de son identité et de sa culture. J'espère aussi que le cinéma peut être une façon de mettre en avant et de faire prendre conscience de notre culture et de notre langue qui sont en train de s'éteindre face aux agressions externes des médias et de la TV modernes.

RV: Quel conseil donneriez-vous aux futurs réalisateurs de vidéos ?

EA: Un conseil que je peux donner aux apprentis réalisateurs de vidéo c'est de faire des films aussi souvent que possible, de ne pas manquer une occasion de filmer, pour progresser et s'affirmer comme cinéastes. La vidéo est une sorte de loisir, une éducation et une façon de présenter ses récits aux autres. Il n'est pas grave de se tromper et c'est souvent la meilleure façon d'apprendre. Soyez persévérant et parlez-en autour de vous, montrez votre travail et soyez attentifs aux remarques, bonnes ou mauvaises. Utilisez internet pour vous faire aider et apprendre en ligne; il y a énormément de sites qui peuvent vous intéresser et vous donner des idées pour faire de bons films et toujours apprendre et s'améliorer. Internet est aussi la meilleure façon de diffuser son travail.