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Voyager à travers le Japon en autobus… sur YouTube

lundi 13 novembre 2017 à 09:36
Nagasaki Kenei Bus Shimabara

Prendre le bus de Nagasaki Kenei à la péninsule de Shimabara. Photo de Nevin Thompson.

Tamura Kenichi a réalisé un exploit incroyable : il a voyagé d'un bout à l'autre du Japon en autobus local.

Sous son pseudonyme OleOleSaggy, il a posté sur YouTube des vidéos de son voyage (220 vidéos en tout) comme une liste de lecture.

La première vidéo des séries a commencé à Wakkanai, la région la plus septentrionale du Japon. Le voyage se poursuit en autobus le long de la côte isolée de la mer d'Okhotsk, traversant certains des paysages les plus spectaculaires du Japon. La totalité du voyage de plus de 11 heures n'est pas documentée dans la vidéo, mais c'est malgré tout un excellent moyen d'explorer le Japon.

Plus de 200 vidéos et trois années plus tard, OleOleSaggy finit son voyage à la station de Kagoshima, une distance d'au moins 2.600 kilomètres, selon la voie empruntée. Vous pouvez voir la totalité du voyage ici.

D'après la description de la liste de lecture, OleOleSaggy n'a pas encore tout à fait terminé son projet. Il prévoit de parcourir et de filmer plusieurs lignes d'autobus plus en détails,et de voyager une journée en autobus à travers Okinawa pour conclure la série.

Les vidéos d'OleOleSaggy font partie d'un genre, ou d'une sous-culture, de YouTube appelée “vue de face” (前面展望zenmen tenbo), où les passionnés de trains ou d'autobus filment et téléchargent des vidéos de lignes de trains et d'autobus à travers le Japon.

Dans une autre vidéo, OleOleSaggy voyage en bus de la ville de la mer du Japon Kanazawa jusqu'à la côte ouest, vers la sauvage et lointaine péninsule de Noto, un voyage d'environ 100 kilomètres.

Vers la fin de cette vidéo, le bus passe dans quelques unes des villes les plus isolées de la côte. La conversation chaleureuse et animée montre que le conducteur de l'autobus sympathise avec les passagers, des locaux qui comptent sur le service pour se déplacer dans cette région rurale.

La chaîne d'OleOleSaggy sur YouTube propose des douzaines de listes de lecture et des centaines de vidéos “vue de face” de voyages en bus et en train au Japon. Il a aussi une page Facebook et un compte Twitter, ainsi qu'une chaîne YouTube distincte quasiment entièrement dédiée à la recréation des “ekiben“, les boîtes-repas contenant des spécialités locales vendues dans presque toutes les grandes gares du Japon, dans sa cuisine familiale.

Pakistan : A Quetta, un restaurant entièrement géré par des femmes fait bouger les lignes sociales

dimanche 12 novembre 2017 à 09:23

Hamida Ali Hazara, son personnel et des clients du Restaurant Hazara à Hazara Town, Quetta. Hamida est quatrième à partir de la gauche. Photo publiée sur la page Facebook de Hamida Ali Hazara. Utilisation autorisée.

Les restaurants n'ont rien de rare à Hazara Town, un quartier de classes moyennes dans la ville de Quetta, dans l'ouest du Pakistan. Mais il y en a un qui ne passe pas inaperçu. D'une magnificence subtile, l'intérieur du restaurant arbore un décor hazaragi traditionnel et un poster de Bouddha géant. Plus inhabituel cependant, est le fait que le restaurant a une direction et un personnel exclusivement féminins.

Les minorités Hazara ont pour langue le hazaragi/dari. Les Hazaras continuent à subir des persécutions régulières depuis qu'ils ont fui le nettoyage ethnique mené par les talibans en Afghanistan, et migré dans les pays voisins, Iran et Pakistan.

La plupart des populations d'ethnie hazara sont de religion musulmane chiite. Le Restaurant Hazara a ouvert ses portes cet été aux femmes et aux familles en quête d'un moment de qualité à Quetta, la capitale administrative de la province pakistanaise du Baloutchistan.

Hamida Ali Hazara, originaire de cette minorité marginalisée, est la force motrice de ce restaurant animé, dont la petite carte propose principalement des régals pakistanais authentiques, comme le biryani (généralement composé d'épices, de riz et de viande), le karhai (ragoût de viande), kebabs et jus de fruits frais pressés.

L'espace nouvellement créé sert aussi à des conférences commerciales, des réunions, des mariages et des fêtes d'anniversaire. Le Restaurant Hazara emploie six femmes au total.

Probablement le premier restaurant à Hazara Town, Quetta, propriété et conception d'une femme entrepreneur. Hamida Ali Hazara casse les barrières.

Le Restaurant Hazara est une deuxième maison pour de nombreuses femmes hazaras dans la communauté. L'initiative change les mentalités et pénètre dans les cœurs.

Tous les journalistes et documentaristes veulent faire un reportage sur la courageuse Hamida Ali Hazara qui a récemment ouvert un restaurant à Hazara Town. Toutes les femmes de l'équipe ne se contentent pas de faire marcher le restaurant, elles travaillent aussi comme artistes et évoquent les problèmes de la communauté hazara au Baloutchistan. Hamida, une fervente féministe, a ouvert le lieu spécialement pour les femmes et jeunes filles du Baloutchistan afin de leur donner un endroit pour échanger des idées et conseiller les jeunes femmes qui ont perdu leurs êtres chers dans les tueries de Hazaras […]

‘Ce n'est pas ce que pensent les gens qui va m'arrêter’

Hamida Ali Hazara, qui est aussi une militante sociale et politique, est probablement plus connue comme la fondatrice de la Hurmat-e Niswa Foundation (HNF), qui permet aux femmes hazara d'améliorer leur vie par la santé, l'éducation et les sports. La HNF aide des dizaines de jeunes filles hazaras à obtenir des bourses pour étudier dans les universités des grandes villes du Pakistan, Lahore et Karachi.

Briser un ou deux plafonds de verre dans le monde des affaires était peut-être la prochaine étape logique pour cette pionnière inflexible. Mais pour une femme seule dans une région profondément patriarcale, s'implanter dans l'industrie hôtelière dominée par les hommes était semé d'embûches.

“Des amis et des parents de mon entourage proche moquaient et ridiculisaient mon choix d'entreprise”, a rappelé Hamida Ali Hazara dans un entretien par téléphone avec Global Voices.

“Ils parlaient derrière mon dos. Mais je ne vais pas jeter l'éponge. Ce n'est pas ce que pensent les gens qui va m'arrêter”.

Jusqu'à présent, les succès l'ont emporté sur les difficultés. Au déjeuner et soirée, le restaurant peut avoir du mal à accueillir l'afflux de clients. Encore plus plaisant est le changement qu'a observé Hamida Ali Hazara dans son équipe soudée.

“Une des employées était au début réservée et mélancolique. [Elle disait] qu'à cause de problèmes financiers elle ne pouvait pas continuer ses études. Elle était près de renoncer à ce stade. Le restaurant l'a aidée à tenir le coup. Je suis heureuse pour elle”, dit-elle.

Quetta la nuit. Image initialement publiée sur Flickr by Beluchistan. CC BY-SA 2.0.

Tout comme l'éducation est un but pour ses employées, Hamida Ali Hazara croit que c'est aussi la principale raison pour laquelle des initiatives comme la sienne finiront par rencontrer une plus large acceptation dans la communauté. Illustrant son propos, une boulangerie de Quetta a publié le mois dernier ce qui pourrait bien être la première offre d'emploi à cibler particulièrement les femmes qualifiées.

Rejoignez notre équipe – Opportunité d'emploi de caissière pour une femme enthousiaste

Faites partie comme caissière de l'entreprise leader de Quetta.
La Boulangerie Française propose un poste de caissière à une employée hautement motivée, avec un salaire et des avantages attractifs. A la Boulangerie Française, nous sommes convaincus qu'une société prospère ne peut être instaurée que si hommes et femmes reçoivent des opportunités égales sur le lieu de travail […]

“Les temps ont changé”, explique Hamida Ali Hazara. “Il y a des années de cela, la vie des femmes se limitait aux quatre murs de la maison à Hazara Town, mais c'est fini désormais. L'éducation est en train de changer la mentalité des femmes”.

Un havre de sécurité dans un monde dangereux

Le mal qui continue à jeter une ombre sur les entreprises de Quetta, surtout celles dont les propriétaires sont Hazaras, est l'insécurité. Le 9 octobre encore, ont rapporté les médias pakistanais, trois Hazaras étaient parmi les cinq morts d'une fusillade que la police a qualifié de confessionnelle.

Cette tragédie d'octobre a amené des vingtaines de Hazaras en deuil dans les rues de Mizan Chowk à Quetta pour protester contre la recrudescence des violences contre leur communauté. Comme en Afghanistan, les Hazaras chiites sont régulièrement visés par les extrémistes au Pakistan, qui les considèrent comme des hérétiques.

Les peurs de possibles violences incitent les membres de cette communauté à installer leurs entreprises dans des quartiers comme Hazara Town, où ils sont majoritaires. La pionnière fondatrice du Restaurant Hazara a choisi Aliabad Road pour localisation de préférence au bazar bondé, d'abord pour des raisons de sécurité.

Mais si le monde extérieur reste plein de dangers et de problèmes, le Restaurant Hazara quant à lui est un sanctuaire. Ici, Hamida Ali Hazara et sa communauté peuvent discuter, s'organiser et se sentir à l'aise. Et en plus, de l'avis général, on y mange très bien.

Au Paraguay, une communauté lutte pour produire de la nourriture alors que 700 000 personnes ont faim

samedi 11 novembre 2017 à 21:12

Rien qu'au Paraguay, il existe 700 ou 800 variétés de manioc cultivées sur quelque 180.000 hectares. Chaque année, 6 millions de tonnes sont produites. Photo de Juana Barreto, utilisée avec l'accord de Kurtural.

Ce billet est une version courte d'un article de Kurtural. Il est publié sur Global Voices avec l'accord de ses auteurs et fait partie d'une série de chroniques appelée « Les exilés ne vont pas au supermarché », qui sera adaptée et publiée par Global Voices. [Sauf mention contraire, tous les liens sont en espagnol]

Avant le lever du jour, Severiano Ruiz Díaz fait détonner un pétard près de sa maison, sans qu'aucun de ses jeunes enfants ne se réveille. Les autres paysans de Primero de Marzo [“Premier mars”], attentifs, attendent une seconde détonation, qui leur indiquerait la présence de policiers. Mais aujourd'hui, non, pas de seconde déflagration. Un nouveau jour commence pour plus de 300 familles qui ont de la nourriture, dans un pays qui souffre de la faim.

Primero de Marzo est une colonie, l'une des 200 communautés (au moins) occupées par des paysans sans terre au Paraguay. On y trouve trois écoles, aucune église et presque dix kilomètres carrés de terre rouge et humide.

La colonie est entourée de soja ; le Paraguay en est le quatrième exportateur mondial. Afin de favoriser le développement d'une agriculture familiale, il a été interdit de planter du soja au sein de Primero de Marzo. La communauté vit de sa diversité agricole.

Au Paraguay, les petits paysans rencontrent de nombreux obstacles ; à Primero de Marzo, les obstacles sont l'absence de route et la concurrence des produits de contrebande sur les lieux de vente. Photographie de Juana Barreto. Utilisée avec l'accord de Kurtural.

Les paysans se sont réfugiés à Primero de Marzo, le dernier endroit où ils peuvent cultiver des aliments pour nourrir le district. Ils y récoltent deux espèces de bananes, trois de maïs, quatre de haricots, ainsi que de la canne à sucre, de l'herbe à maté, des cacahuètes, des fruits de quenettier, des patates douces, des pastèques et du manioc.

Chacun des habitants de la colonie possède au maximum dix hectares de terre, ce qui fait un total de 2000 hectares cultivés, sur les 4000 qui sont disputés à l'Etat paraguayen et à la famille Bendlin, un puissant propriétaire terrien.

Durant la dictature d’Alfredo Stroessner [fr], les Bendlin ont échangé à l’État du Paraguay des terres contre un avion – ce qui était illégal. Un avion qui n'existe pas, selon les registres aéronautiques officiels. Au Paraguay, les Bendlin sont les représentants d'une marque de voitures allemandes connue, ainsi que les plus grands propriétaires immobiliers d'Asunción et sont en lien avec le Président de la République, Horacio Cartes.

Les Bendlin furent accusés d'avoir engagé les hommes de main qui, après avoir harcelé la colonie Primero de Marzo pendant des années, ont essayé de tuer Severiano Ruíz Díaz le 11 juin 2014.

Mais les balles tirées ne sont pas le seul problème. La police est entrée pour déloger la communauté trois fois (officiellement), brûlant les maisons, détruisant les cultures, volant ou tuant les animaux. Le procureur a inculpé plusieurs membres pour occupation des terres, et association criminelle. Néanmoins, il n'y a pas d'enquête ; ni sur l'attentat contre Severiano Ruíz Díaz, ni sur les violences policières qui ont accompagné les expulsions.

Le droit d'exister sur la terre

A Primero de Marzo, les activités commencent tôt et toute la famille est impliquée. Photographie de Juana Barreto. Utilisée avec l'accord de Kurtural.

C'est en terminant son petit déjeuner que Severiano Ruíz Díaz raconte les expulsions. Il est dans le couloir de la maison de bois dans laquelle vit sa famille. C'est la seconde maison qu'il a construite ; la première était située cinq mètres plus loin, mais a été brûlée par les policiers. La maison est petite, mais elle a les équipements basiques. L'électricité y arrive grâce à un réseau de 22 kilomètres de fils électriques installés par la communauté, sur lequel sont branchées toutes les familles.

Pour la population des campagnes, le droit à la terre et au territoire est synonyme du droit à exister. Quelque chose qui échappe complètement à la logique économique. Mais c'est un droit auquel peu de gens accèdent. 94% de la terre cultivable du Paraguay est utilisée pour des cultures d'exportation, avec une agriculture mécanisée :  le soja, le maïs et le blé.

L'industrie agricole génère un emploi tous les 200 hectares, et 5 emplois tous les 1000 hectares. C'est quarante fois moins que les emplois que génèrent une agriculture raisonnée, telle que celle pratiquée à Primero de Marzo… Le modèle de production pour lequel Severiano Ruíz Díaz a pris une balle.

Au Paraguay, l'inégalité dans la propriété des terres est presque au maximum du coefficient de Gini [anglais]. Quinze propriétaires possèdent ensemble une superficie équivalente à deux fois Porto Rico. Actuellement, on estime qu'il existe plus de 300 000 familles sans terres.

Jours de “semi-paix”

Chaque année, au mois de juin, les récoltes colorent la colonie. Tout au long du chemin inégal, aplani par les tracteurs et les motos, on peut voir se balancer sous le vent hivernal les champs de maïs, de bananes et de manioc, qui font jusqu'à deux mètres de haut. Ce sont des jours “semi-pacifiques”, disent les habitants.

Il faut considérer cette abondance au regard de la violence que les habitants ont vécue à Primero. Mais elle doit aussi être confrontée à la réalité du pays. 700 000 Paraguayens souffrent de la faim aujourd'hui ; aucun d'eux n'est de Primero de Marzo.

Malgré cette situation, les producteurs de Primero ne peuvent pas vendre ce qu'ils produisent. Le premier problème est celui du transport des récoltes : l'absence de routes, les arrangements injustes avec les intermédiaires. Et quand les produits arrivent jusqu'au Marché d'Abasto, le principal lieu de vente d'aliments du pays, les produits de Primero doivent concurrencer le prix des produits issus de la contrebande, qui vient notamment d'Argentine.

Bien qu'en théorie, l’État paraguayen se soit engagé à soutenir l'agriculture familiale, l'importation de fruits et de légumes a doublé rien qu'entre les années 2013 et 2016. La production de tomates au Paraguay a divisé son nombre d'hectares par deux entre 2003 et 2013. La perte de cette production, qui est synonyme de la perte de la capacité à alimenter le pays, autrement dit la perte de l'indépendance alimentaire, fait que durant de grandes périodes de l'année, acheter des tomates importées dans les marchés de la capitale coûte jusqu'à cinq fois plus cher que le prix habituel.

A Primero de Marzo, on cultive trois types de maïs : morotí, tupí et chipá, mais les paysans se plaignent qu'il n'y ait aucun marché où ils pourraient vendre leur production. Photographie de Juana Barreto. Utilisée avec l'autorisation de Kurtural.

L'incertitude est donc le terrain sur lequel continue à évoluer la population de la colonie et ses enfants. Aujourd'hui, une seconde génération est née sur ces terres. Une génération d'enfants qui se roulent dans la boue des chemins, rient, courent, se taquinent et vont à l'école. Et qui espèrent que le déjeuner sera un ragoût de poule [estofado de gallina], comme le réclament les enfants de Ruíz Díaz.

Et pendant qu'ils grandissent, Primero de Marzo continue d'attendre, chaque matin, la seconde détonation.

Appel pour Ahmadreza Djalali, médecin chercheur universitaire en Italie, condamné à mort en Iran

samedi 11 novembre 2017 à 19:52

“Sauvons Ahmadreza Djalali !” Manifeste de la Campagne d'Amnesty International pour demander la libération du chercheur universitaire condamné à mort en Iran.

Le docteur Ahmadreza Djalali, médecin et chercheur iranien de 45 ans, expert en médecine de catastrophes et assistance humanitaire auprès de l’Université du Piémont Oriental à Novara depuis cinq ans, a été condamné à mort par un tribunal de Téhéran. Depuis avril 2016, il est incarcéré dans la prison d'Evin dans la capitale de son pays d'origine. Il s'y était rendu sur l'invitation de l’Université de Téhéran pour tenir des séminaires académiques, et alors qu'il se rendait de Téhéran à Karaj le 25 avril 2016 [it, comme tous les liens suivants, sauf indication contraire], il a été arrêté par les forces de sécurité et transféré à la prison d'Evin. Il a initialement été placé en isolement pour 7 mois, sans l'assistance d'un avocat.

Riccardo Noury écrit sur le blog sur les droits de l'homme né d'une collaboration entre Amnesty International et le Corriere della Sera :

Ahmadreza Djalali è un medico di 45 anni residente in Svezia, docente e ricercatore in Medicina dei disastri e assistenza umanitaria, che ha insegnato nelle università di Belgio, Italia e Svezia. Lavora nel campo della Medicina dei disastri dal 1999 e ha scritto decine di articoli accademici. Ha lasciato l’Iran nel 2009 per un dottorato di ricerca presso il Karolinska Institute in Svezia, poi presso l’Università degli studi del Piemonte Orientale e la Vrije Universiteit di Bruxelles, in Belgio….

Il 31 gennaio 2017 Djalali è comparso davanti alla sezione 15 del Tribunale rivoluzionario di Teheran, senza il suo avvocato. Il presidente del tribunale ha informato che è accusato di “spionaggio” e che potrebbe essere condannato a morte.

Ahmadreza Djalali est un médecin de 45 ans résidant en Suède, professeur et chercheur en médecine de catastrophes et assistance humanitaire, qui a enseigné dans des universités en Belgique, Italie et Suède. Il travaille dans le domaine de la médecine de catastrophes depuis 1999 et a écrit des dizaines d'articles académiques. Il a quitté l’Iran en 2009 pour un doctorat de recherche à l'Institut Karolinska en Suède, puis à l’Université du Piémont Oriental et l'Université Libre de Bruxelles, en Belgique….

Le 31 janvier 2017, Djalali a comparu devant la section 15 du Tribunal révolutionnaire de Téhéran, sans son avocat. Le président du tribunal l'a informé qu'il était accusé d’« espionnage » et qu'il pourrait être condamné à mort.

Selon ce qu'a révélé un de ses avocats, il est accusé d'avoir travaillé pour le gouvernement israélien qui l'aurait aidé à obtenir un permis de séjour en Suède en échange d'informations sur les programmes militaires et nucléaires iraniens. Selon une note d'Amnesty International Italie :

Due giorni prima della sentenza, in un audio pubblicato su YouTube, Ahmadreza Djalali aveva denunciato che, durante l’isolamento, era stato costretto per due volte a rilasciare “confessioni” di fronte a una telecamera, leggendo una dichiarazione scritta dai funzionari che lo interrogavano. Aggiungeva di essere stato sottoposto a torture psicologiche e minacce di metterlo a morte e di arrestare i suoi figli, per obbligarlo a “confessare” di fare spionaggio per conto di un “governo nemico”, un’accusa del tutto fabbricata dai servizi segreti iraniani.

Per protesta, Djalali aveva iniziato uno sciopero della fame il 24 febbraio. Tuttavia, a causa dell’ulteriore peggioramento della sua salute che ne aveva causato il ricovero, ha deciso di interrompere lo sciopero della fame il 6 aprile.

La moglie, Vida Mehrannia, residente in Svezia con i loro due figli, ha denunciato ad Amnesty International che la salute fisica e mentale del marito è rapidamente peggiorata dall’arresto. “Chiediamo il suo rilascio, perché non ha commesso alcun reato”, è stato il suo appello.

Deux jours avant la sentence, dans un communiqué audio publié sur YouTube, Ahmadreza Djalali avait dénoncé que, durant l’isolement, il avait été contraint à deux reprises à livrer des « aveux » en face d'une caméra, lisant une déclaration écrite par les fonctionnaires qui l'interrogeaient. Il ajoutait avoir été soumis à des tortures psychologiques et des menaces de le mettre à mort et d'arrêter ses fils, pour l'obliger à « confesser » de faire de l'espionnage pour le compte d'un « gouvernement ennemi”, une accusation complètement fabriquée par les services secrets iraniens.

Pour protester, Djalali avait entamé une grève de la faim le 24 février. Cependant, à cause de l’ultérieure dégradation de sa santé qui n'avait pas mené à une hospitalisation, il a décidé d'interrompre la grève de la faim le 6 avril.

Sa femme, Vida Mehrannia, résidente en Suède avec leurs deux fils, a dénoncé à Amnesty International que la santé physique et mentale de son mari s'était rapidement dégradée depuis son arrestation. « Nous demandons sa libération, parce qu'il n'a commis aucun délit », a été son appel.

Déjà début 2017, Cesare Emanuel recteur de l’Université du Piémont Oriental “Amedeo Avogadro”, où le Dr Djalali se livrait à des activités de recherche, avait lancé un appel à sa libération durant la cérémonie d'inauguration de l'année académique 2016-2017 qui a eu lieu à Vercelli le 3 février 2017. Le site de l'université multiblog.uniupo.it rapporte :

Noi ci siamo mossi e abbiamo scritto al presidente dell’Iran Rouhani, al segretario del consiglio iraniano per i diritti umani, ai rettori delle università di Tehran e di Shiraz. Abbiamo informato l’alto rappresentante dell’Unione europea per gli affari esteri Federica Mogherini e il Governo italiano. Abbiamo coinvolto Amnesty International e altre associazioni internazionali che si occupano di diritti umani. Anche i colleghi del Karolinska Institute di Stoccolma stanno muovendo i loro passi con l’aiuto del primo ministro svedese….

Facciamo appello a tutti coloro che ci possono ascoltare e aiutare a usare tutti i mezzi a disposizione per salvare la vita ad Ahmadreza Djalali.

Coraggio, Ahmadreza, vogliamo rivederti a Novara il prossimo maggio, quando inaugureremo la nuova edizione del Master!

Nous nous sommes remués et avons écrit au président de l'Iran M. Rohani, au secrétaire du Conseil iranien pour les droits de l'homme, aux recteurs des universités de Téhéran et de Shiraz. Nous avons informé le haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères Federica Mogherini et le gouvernement italien.Nous avons saisi Amnesty International et d'autres associations internationales qui s'occupent des droits de l'homme. Les collègues de l'Institut Karolinska de Stockolm aussi s'activent avec l'aide du premier ministre suédois….

Nous lançons un appel à tous ceux qui peuvent nous entendre à utiliser les moyens à leur disposition pour sauver la vie d'Ahmadreza Djalali.

Courage, Ahmadreza, nous voulons te revoir à Novara en mai prochain, quand nous inaugurerons la nouvelle édition du Master !

Toujours début 2017, le site cronacaqui.it rappelait qu'Amnesty International avait lancé une action urgente sur l'initiative des Radicaux, organisant un flash-mob devant la préfecture de Turin en soutien à Djalali et dénonçant la grave “violation des droits de l'homme et des principales garanties procédurales et de défense dans laquelle ont eu lieu son arrestation et sa détention.” En outre, rapporte le site :

L’assemblea generale della Crui ha approvato, sempre nel marzo scorso, una mozione, in cui i rettori delle università italiane ribadiscono “l’incondizionata difesa di tutte le libertà civili e processuali”. E lo stesso Djalali, che respinge le accuse al pari di chi lo ha conosciuto e ha lavorato con lui, ha osservato un lungo sciopero della fame per ottenere dall’Iran il rispetto dei propri diritti.

Dott. Ahmadreza Djalali, medico ricercatore iraniano, che fa parte dello staff docente del Master Europeo in Medicina dei Disastri dal 2012, condannato a morte in Iran

Ahmadreza Djalali, médecin chercheur iranien, qui fait partie de l'équipe enseignante du Master européen de médecine des catastrophes depuis 2012, condanné à mort en Iran

L’assemblée générale de la Crui a approuvé, toujours en mars dernier, une motion, dans laquelle les recteurs des universités italiennes répètent “l’inconditionnelle défense de toutes les libertés civiles et procédurales”. Et le même Djalali, qui repousse les accusations à l'instar de ceux qui l'ont connu et ont travaillé avec lui, a observé une longue grève de la faim pour obtenir de la part de l’Iran le respect de ses droits.

Le 27 octobre 2017, Gianni Rufini, directeur général d'Amnesty International Italie, a consigné à l’ambassadeur d’Iran en Italia les dernières signatures recueillies durant les quatre jours après la condamnation à mort. Il était accompagné de la sénatrice Elena Ferrara et du sénateur Luigi Manconi, qui ont présenté à l’ambassadeur le texte de l’interpellation, adressée au ministre des Affaires étrangères Alfano, signée par plus de 130 sénatrices et sénateurs appartenant à tous les partis politiques, qui demande que soit abandonnée l’exécution de Djalal. La pétition d'Amnesty a ajouté plus de 60 000 signatures.

La mobilisation est forte aussi au niveau international. Par exemple, une autre pétition [en] lancée sur change.org par Hakan Altıntaş, en Turquie, et adressée au président iranien Hassan Rohani a déjà recueilli plus de 262 000 signatures, en témoignage de la mobilisation. On y lit :

During those months, he could only call his family for 2 minutes every 2 weeks. When he was in section 209, he started a hunger strike 3 times, and each lasted for a week. He started another hunger strike again from 26th of December, 2016 which he is currently continuing. The hunger strike is becoming a big health issue for him, he has pain in his kidneys and has very low blood pressure.

Durant ces mois, [Djalali] pouvait seulement appeler sa famille pendant 2 minutes toutes les 2 semaines. Quand il était dans la section 209, il a entamé une grève de la faim à 3 reprises, dont la dernière a duré une semaine. Il a commencé une autre grève depuis le 26 décembre 2016, qui est encore en cours. La grève a aggravé son état de santé, il a  des douleurs aux reins et a une tension très basse.

Le site improntalaquila.com rapporte ce qui a été réalisé par l'Association Luca Coscioni, qui a parmi ses priorités l’affirmation des libertés civiles et les droits de l'homme, en particulier celui à la science :

L’Associazione Luca Coscioni aveva già presentato la vicenda di Djalali ai ministri italiani che si erano recati a Tehran per una manifestazione sulla collaborazione tecnico scientifica tra Iran e Italia e aveva partecipato alla Marcia per la Scienza di Roma e Milano dell’aprile scorso chiedendo la liberazione del ricercatore iraniano.

Djalali ha 20 giorni per ricorrere in appello. L’Associazione Luca Coscioni chiede al Governo italiano, un Paese tra i leader della campagna mondiale per l’abolizione della pena di morte e da sempre uno dei più vicini all’Iran, di usare tutta la moral suasion nei confronti di Teheran per scongiurare l’esecuzione di Ahmadreza Djalali.

L’Association Luca Coscioni avait déjà présenté le cas de Djalali aux ministres italiens qui s'étaient rendus à Téhéran pour une manifestation sur la collaboration technico-scientifique entre Iran et Italie et avaient participé à la Marche pour la Science de Rome et Milan en avril dernier, réclamant la libération du chercheur iranien.

Djalali a 20 jours pour faire appel. L’Association Luca Coscioni demande au gouvernement italien, un pays parmi les leaders de la campagne mondiale pour l’abolition de la peine de mort et depuis toujours un des plus proches de l’Iran, d'utiliser toute la persuasion morale à l'égard de Téhéran pour surseoir à l’exécution d'Ahmadreza Djalali.

Sur le compte Google Plus de Johnny Jacques, la chercheuse Martin Lagrange et sa collègue Tara Brady de Liverpool, Royaume-Uni, écrivent [en] :

Ahmadreza Djalali is an honourable man who I am fortunate enough to have met as a fellow EMDM student. The allegations against him are so far fetched and it is particularly disturbing that he was arrested after being invited to share his expertise.

Ahmadreza Djalali est un homme respectable que j'ai eu la chance de connaître comme collègue d'études à l'EMDM [le Master européen en médecine de catastrophes]. Les accusations montées contre lui sont invraisemblables et il est particulièrement inquiétant qu'il ait été arrêté après avoir été invité à partager son expertise.

Malgré toute cette mobilisation, on craint pour le sort de Djalali. En effet, par rapport à sa population, l'Iran est le pays qui applique le plus la peine capitale [fr] dans le monde. En 2016, il a exécuté la condamnation de 567 personnes, contre 977 en 2015.

Les fils de Djalali, Amitis et Ariou, 14 et 5 ans, qui vivent en Suède avec leur maman, ont aussi écrit au Pape François, lui demandant de l'aide pour faire rentrer leur papa à la maison.

Tadjikistan : Pourquoi les futures épouses ont peur de leurs beaux-parents avant même le mariage

samedi 11 novembre 2017 à 15:58

Une représentation théâtrale consacrée au militantisme contre la violence machiste au Tadjikistan. Photo : OSCE/Nozim Kalandarov (CC BY-ND 4.0)

Un reportage diffusé récemment par la fréquence tadjike de la radio Free Europe (RFE /RL) a énuméré certaines des nombreuses maltraitances que subissent régulièrement les jeunes femmes du Tadjikistan (une république d’Asie Centrale) quand elles vivent avec les familles de leurs maris. Les commentaires qui figuraient en dessous montrent cependant que malgré l’augmentation des signalements de ces maltraitances le problème n’est toujours pas pris suffisamment au sérieux.

Il y a une loi non-écrite dans la société tadjike : ce qui se passe dans le foyer reste dans le foyer. C’est une règle qui s’applique massivement, et ce même pour la violence domestique la plus flagrante. Les maltraitances dont ces jeunes femmes souffrent et leurs conséquences ont fait les gros titres de la presse internationale ces derniers temps. Quelques-un de ces cas très médiatisés de ces maltraitances ont eu une issue tragique.

Des organisations de défense des droits de l’homme locales et internationales ont donné l’impulsion permettant au gouvernement tadjik d’adopter une loi sur la prévention de la violence domestique en décembre 2012.

Cette loi semble avoir fait une différence. Quelques 300 jeunes mariées ont porté plante pour maltraitance contre leurs belles-mères dans les premiers mois de 2017 dans la seule province du Khatlon du Sud, ce qui ne représente probablement que le sommet de l’iceberg.

Ce reportage expliquait pourquoi la violence domestique est si répandue au Tadjikistan, en mettant l’accent sur les difficultés économiques et financières de nombreuses familles, ce qui oblige les hommes à aller en Russie pour gagner de l’argent. En l’absence de leur mari, les épouses doivent vivre avec leurs belles-mères, ce qui crée souvent des situations conflictuelles.

Beaucoup de commentaires de l'article étaient très critiques envers ces jeunes femmes qui s’étaient présentées pour déposer des plaintes contre leurs belles-mères, au lieu de leur manifester du soutien.

Un des commentateurs, qui écrit sous le nom Afsus dit :

ин духтарои хозира телефон баромаду вайрон шуданд боварим хай ки аз ин шикояткунандагон 95% аз пушти телефон чунки хозира духтархо як соат кори хона кунанд 2 соат тарики интернет ба кихо гап мезанад худо медунад.

Toutes ces filles modernes sont gâtées par l’utilisation des téléphones portables. Et je suis sûr qu’elles ont aussi porté plainte en utilisant leurs téléphone. Elles assurent des tâches domestiques pendant à peine une heure, et elles passent les deux heures suivantes à parler à quelqu’un au téléphone.

Un autre commentateur du site plaisante :

Тамоми чомеа хамин хел аст. Масалан декани мо яз ягон хушдоман мондани надорад.

Tous les membres de notre société agissent de cette manière. Par exemple, un de nos doyens de faculté ne vaut pas mieux que ces belles-mères.

Un autre commentateur encore, Shohin, propose des cours spéciaux pour apprendre aux femmes comment se comporter quand elles sont mariées.

Кумитаи занон аз корхои бехуда дида, лоихахои махсус барои Ба шавхар баромадани духтархо тахия намояд. Чунки маблагхо бе маьни сарф нашаванд. Модарони бехунар бошад акалан Ба духтаронашон одоби муоширатро ёд диханд.

La commission des droits des femmes (qui entre autre s’occupe des plaintes des femmes) dépense son argent pour rien. Il devrait y avoir des cours spéciaux pour préparer les jeunes femmes au mariage… Leurs mères devraient leur apprendre à se bien se conduire.

L’État tadjik doit travailler plus dur pour montrer que la violence domestique est une des priorités du gouvernement et que les lois qui protègent les victimes fonctionnent en pratique aussi bien que sur le papier.