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Bangladesh : toutes les routes mènent à Shahbag

dimanche 10 février 2013 à 10:48

A Shahbag, place centrale de Dhaka, la capitale de Bangladesh, la jeunesse prend la relève et proteste pour le 4ème jour consécutif. Des milliers de manifestants continuent d'occuper la place pour réclamer la peine capitale contre le dirigeant de la Jamaat-e-Islami du Bangladesh, Abdul Quader Mollah, pour crimes de guerre commis lors de la guerre de l'Indépendance en 1971, et contre les autres criminels de guerre actuellement en cours de jugement. Des milliers de personnes de tous les horizons sociaux se sont déjà réunies.

Cela faisait 42 ans que ce jugement était attendu contre des inculpés dont nombreux sont aujourd'hui des politiciens du parti islamiste Jamaat-e-Islami. Les manifestants soutiennent qu'ils ne reculeront pas tant que justice n'aura pas été faite.

Ce vendredi, jour chômé, les organisateurs de la manifestation prévoyaient un grand rassemblement populaire et le début du rassemblement des étudiants et des jeunes pour 15h. Lors de cette grande protestation, un réseau de blogueurs et d'activistes sur Facebook et des dirigeants d'organisations culturelles et étudiantes avaient prévu de s'adresser aux manifestants, alors qu'aucun dirigeant politique n'en avait l'autorisation. De plus, il avait été demandé de ne pas venir avec des bannières de partis politiques et associés. Les organisateurs avaient aussi invité tous les enseignants d'écoles, de lycées et d'universités à venir rejoindre la manifestation.

De jeunes activistes dont Shourov Hassan, Mahmudul Amin et Fahim Mahmud ont diffusé en direct le rassemblement par l'intermédiaire de ce lien.

Matir Manush a écrit sur Facebook :

একটি মোবাইল ফোন দিয়ে লাইভ স্ট্রীমিং হচ্ছে। ছবির জন্যে কৃতজ্ঞতা - মাটির মানুষ।

Un suivi en direct avec un téléphone mobile. Image Matir Manush.

Voici donc l'oeil digital, par lequel plus de 2 500 personnes ont observé le mouvement de Shahbag dans le pays et à l'étranger…

Dès l'annonce du jugement contre Abdul Quader Mollah mardi après-midi, la révolte a commencé sur la place Shabag. Ci-dessous, quelques photographies des manifestations (utilisées avec autorisation) :

শাহবাগে জনসমুদ্র: ছবি অনিন্দ কবির অভিক

শাহবাগে মশাল মিছিল। ছবি শিশির চৌধুরী

Une manifestation aux torches à Shahbag. Photographie de Sharat Chowdhury

স্লোগান - ফাঁসি চাই। ছবি আব্দুল আলীম খান

Slogan – “Nous demandons la condamnation à mort”. Photographie d'Abdul Aleem Khan

প্রতিবাদে শাহবাগে অবস্থান। ছবি শিশির চৌধুরী

Un sit-in de protestation à Shahbag. Photographie de Sharat Chowdhury

সিলেটে প্রতিবাদ। ছবি জামিল চৌধুরী

Manifestation à Sylhet. Photographie de Jamil Chowdhury

মোমবাতি জ্বালিয়ে প্রতিবাদ। ছবি শিশির চৌধুরী

Manifestation à la lueur de bougies. Photographie de Sharat Chowdhury

Quelques commentaires sur Twitter :

@Prithvi_Shams:  Des personnes de toutes origines sociales ont rejoint ce mouvement. Riches – pauvres – enfants – adultes – combattants pour l'Indépendance – athlètes. C'est ça le .

@tahmima : Après quatre décennies où le peuple n'a pas obtenu justice. Et les violeurs et les assassins sont devenus des ministres. Nous disons ‘assez!’    #71

Vous pouvez suivre ce mouvement en utilisant les hashtags #Shahbagh et #Shahbag.

Photos : Léviter à Singapour

dimanche 10 février 2013 à 10:00

Jayden Tan et Jeff Cheong ‘lévitent’ à Singapour et enseignent à des étudiants les secrets de la photo de lévitation.  Leur projet artistique commence à attirer l'attention à Singapour et la créativité de leur démarche a été remarquée par les amateurs de photos.

Nous prenons la photographie de lévitation au sérieux. Tout est réalisé sans câbles,  ce n'est qu'une question de transpiration et de passion. Pas de Photoshop, pas de retouches. Nous nous contentons de corriger les couleurs des photos pour créer une certaine ambiance :-)

levitation marinaJayden et Jeff nous ont donné l'autorisation de partager leurs merveilleuses photos avec les lecteurs de Global Voices. Voici ci-dessous un interview d'eux conduit par e-mails.

Qu'est-ce qui vous a inspiré pour lancer ce projet ? Quand l'avez-vous commencé ?

Natsumi Hayashi a rendu la photo de lévitation célèbre avec ses clichés défiant la gravité. Et depuis beaucoup de personnes en Asie et dans le monde entier ont été saisis par cette passion et ont partagé des photos chouettes d'eux mêmes “flottant” dans leurs activités quotidiennes. Nous avons ouvert notre page Facebook en juillet de l'an dernier.

Quelles ont été les réactions ? 

Plusieurs groupes à Singapour se consacrent à la photo de lévitation. Nous sommes tous liés par la même passion et on a été vraiment ravis de voir que les journaux locaux ont consacré des articles en première page à ces groupes qui partagent ce même intérêt.

levitation changiQuelles sont vos photos préférées de ce projet?

Nous aimons celles du dernier livre publié à Noël l'an dernier. Nous avons collaboré avec des danseurs, des blogueurs qui bloguent sur la gastronomie et certains de nos amis. C'était une séance de prises de vues épique avec tellement de personnes. Le thème était Noël sous les tropiques et nous pensons avoir capturé la magie de Noël.

Une autre qui nous plait beaucoup est celle réalisée à l'aéroport de Changi à Singapour. Nous avons eu la chance d'obtenir la permission de faire les photos dans la zone de transit.  L'aéroport est un cadre magnifique et propose des arrière-plans très intéressants, comme le Jardin aux libellules, l'installation artistique de la sculpture kinesthésique de pluie et une piscine sur le toit d'un immeuble.

levitation treesQuels sont vos projets cette année pour le Projet Lévitation ? 

Nous continuerons à photographier des histoires créatives en images et essayerons de faire mieux que pour le livre précédent.

Dernièrement, nous avons eu l'opportunité de partager notre travail avec de jeunes étudiants. Et c'est un côté très agréable de l'aventure d'avoir des compétences drôles à partager.

La photographie de lévitation demande beaucoup de travail pour arriver à capturer le cliché parfait.

Cela enseigne la persévérance, la ténacité et la recherche de la perfection et nous partageons ces leçons lors de rencontres informelles. La session se termine par des essais, pour qu'ils aient un idée de ce travail.

Mais quand ils voient le résultat, la fierté et l'émerveillement arrivent et cela donne à ces gosses un sens de grande réussite de voir qu'ils ont été capables de capturer l'impossible.

levitation street

levitation 2013

levitation skyfall

levitation sota

levitation butterfly

Japon : Esclaves de leur entreprise, mais avec humour

samedi 9 février 2013 à 21:57

[Tous les liens conduisent à des pages en japonais, sauf mention contraire]

Teinté d'humour, le soutien moral et technique afflue sur les sites de médias sociaux pour les “esclaves d'entreprise” du Japon ou shachiku, leur nom en argot japonais.

Ils bénéficient même d'une App ! Elle s'appelle “Amis des Shachiku, et permet aux shachikus d'automatiser les “j'aime” et “je partage” les statuts Facebook de leur patron. Elle génère aussi en favoris les URLs de ce que le chef a partagé ou aimé sur Facebook. L'app a même une fonction permettant de décider la fréquence à laquelle on veut “aimer” la publication de son chef ; il suffit pour cela de presser le bouton, “être un shachiku désirable”.

Hisaju est l'ingénieur indépendant qui a créé cette application :

みなさんがコンプレックスや仕事など何かで悩んでいるときにそれを(アプリで)解消しようとは思ってはいなくて、そのサイトを見てクスっと笑って悩みがその瞬間だけでも和らげるようなサービスがあったらなという思いで作っています。

Elle ne prétend pas être une solution parfaite à ce que vous recherchez au travail, ni même à votre amour-propre. J'ai fait cette app avec l'espoir que les gens s'amuseront un peu en utilisant ce service, et pour leur donner un bref répit dans leur labeur quotidien.

Au 12 décembre, 2012, “le nombre de chefs” enregistrés par les utilisateurs de cette application s'élevait à 9.669.

A Japanese boxed lunch,

Un bento japonais (coffret-repas), sur le riz est écrit “Gozensama” (les femmes appellent ainsi leurs maris qui travaillent tard). Photo sur Flickr de Y.S.K.31 (CC BY-NC-SA 2.0)

Shachiku est un mot-valise récemment créé avec kaisha et kachiku, en japonais : entreprise et animal domestique. Il s'applique de façon littérale aux cols-blancs domestiqués par les entreprises et qui vivent désormais de leur salaire sans plus disposer d'eux-mêmes.

Jouant sur le jeu de cartes japonais traditionnel karuta et les conditions proches de l'esclavage subies par les shachikus, le mot-clic #社畜死亡かるた (traduction : #MotDeJeuShachikuMort) est devenu viral sur Twitter en décembre 2012.

(Note : Pour comprendre les tweets ci-après, il faut un cours accéléré de karuta ! Les cartes de Karuta portent soit des symboles (les caractères japonais hiragana en l'occurence) ou des proverbes. Les tweets suivants s'inspirent du ”Iroha Garuta”, un jeu de karuta populaire où l'on fait correspondre des symboles et des proverbes. Ainsi dans ces tweets, leurs auteurs jumellent des caractères avec des phrases d'allure proverbiale sur les shachiku.)

Par exemple, un utilisateur a décrit les rudes conditions de travail subies par le shachiku :

@Tarodigy : 胃カメラ飲むまではひよっこ扱い。 #社畜死亡かるた

@Tarodigy U: Tant que vous ne travaillez pas dur au point [d'avoir un ulcère] et de devoir avaler un endoscope, vous n'êtes qu'un petit garçon [qu'on peut mener à la baguette] #MotDeJeuShachikuMort

Un autre évoque les chefs qui pensent que les dépassement d'horaires sont la norme :

@hebomegane_sun「上の判断をあおがないと定時退社できません」 #社畜死亡かるた

@hebomegane_sun O: Seule une autorisation spéciale peut vous permettre de rentrer chez vous. #MotDeJeuShachikuMort

Celui-ci met l'accent sur les bas salaires :

@teracy :「給与明細みたくない」 #社畜死亡かるた

@teracy P: La paye, c'est pour regarder et s'attrister. #MotDeJeuShachikuMort

Quant aux invitations pour les relations sociales après le travail :

@YangZerstoerung『ま』:「また飲み会か…」 #社畜死亡かるた

@YangZerstoerung N [NdT : 'Destruction du Yang']: Ah non ! Encore un dîner avec le chef. #MotDeJeuShachikuMort

Tous ces tweets font naître un sourire amer.

@kirikami a utilisé togetter, un outil d'agrégation de tweets, pour créer une page sur le sujet. Quelques commentaires recueillis :

@hiro_britpop: 社畜大杉w 泣けてくる → #社畜死亡かるた – Togetter http://togetter.com/li/397644

@hiro_britpop: LOL. trop de “shachiku”. J'en pleure. → #Karuta de mort de Shachikus (#社畜死亡かるた) – Togetter http://togetter.com/li/397644

@hhhrk このタグ私を見てるみたいで、みんなもそうなんだ!と安心しかけたw #社畜死亡かるた

@hhhrk Ce mot-clic semble parler de ma situation. Je suis presque soulagé de savoir que tout le monde me ressemble. #Karuta de mort de Shachikus (#社畜死亡かるた)

@kirinnnn「うちの会社は誰も文句言ってない」という経営者に見せてみたい。RT @work_bpt: #社畜死亡かるた – Togetter http://bit.ly/WJmo1J

@kirinnnn: Je veux montrer ces tweets au directeur qui pense “aucun employé ne se plaint dans mon entreprise” RT @work_bpt: #Karuta de mort de Shachikus (#社畜死亡かるた) – Togetter http://bit.ly/WJmo1J

[1] “Gozensama” signifie rentrer à la maison après minuit, ou une personne qui rentre tard. Selon un dictionnaire d'argot japonais le terme est souvent utilisé par les épouses au sujet de leurs maris qui travaillent tard.

Article relu par Sahar Habib GhaziKeiko Tanaka

Les Prix Best of Blogs 2013 : Et maintenant, en ukrainien aussi !

samedi 9 février 2013 à 20:07

La radio allemande Deutsche Welle organise pour la 9ème année consécutive son concours, The Bobs (Best of Blogs), qui récompense les meilleures initiatives d'activisme en ligne. Les inscriptions sont en particulier ouvertes pour les blogs et sites en ukrainien [uk].Le journaliste ukrainien Mustafa Nayyem, qui fait partie du jury international de cette édition, rappelle sur sa page Facebook [russe, ukrainien] que lors des éditions précédentes, les blogueurs ukrainiens ne pouvaient concourir que si leur travail était publié en russe.

Bobs Ukr

L'édition de bandes dessinées au Brésil : un secteur haut en couleurs

samedi 9 février 2013 à 19:36

[Sauf mention contraire, les liens renvoient vers des pages en portugais]

Après avoir approfondi l'univers de la bande dessinée en l'Amérique Latine dans nos articles précédents [1/Les B.D. hispaniques au Brésil et 2/Bouillonnement culturel en Amérique Latine - en français], nous retournons au royaume de la B.D. brésilienne après que le Brésil ait tout juste fêté ce 30 janvier 2013 le Dia do Quadrinho Nacional, “la Journée Nationale de la bande dessinée [brésilienne]“.

Fêtée d'abord en 1984 par l'Association des dessinateurs de B.D. de São Paulo, cette journée de célébration rend cette année hommage, pour la première fois, à “As aventuras de Nhô Quim” (“Les aventures de Monsieur Quim”), publiées en 1869 et considérées comme la première B.D. brésilienne.

Pour fêter cette date à notre façon, attardons-nous sur les dernières tendances et innovations qui émergent de cette vivante communauté au Brésil.

A comic strip by Pablo Carranza.

Planche de B.D. de Pablo CarranzaVoir l'original
Elle met en scène le destin redouté du dessinateur de B.D., sous la forme de son pire cauchemar.
“(1) Monsieur, tu fais mon portrait ?” (2) Mais non, tu ne vas pas finir dans une fête pour enfants à dessiner la caricature d'une fille nommée Evelyn… Ce n'était qu'un cauchemar…” Publiée avec la permission de l'auteur.

Auto-édition et financement participatif

Avec un marché de la B.D. concentré principalement à Rio de Janeiro et São Paulo, les artistes issus d'autres régions du Brésil peinent à faire connaître leurs travaux. Certes, le coeur de l'activité demeure situé dans ces vastes zones métropolitaines, mais les artistes disposent aujourd'hui d'autres options pour diffuser leur travail auprès d'un public plus large. Ainsi, Vitor Batista (originaire de l'Etat du Ceará, au nord du Brésil) a décidé de publier son travail sur son propre blog intitulé Território Marginal (“Territoire Marginal”), depuis lequel il vend aussi ses albums de B.D.

L'homme avec une douleur !

“L'homme avec une douleur” de Vitor Batista, publié sur son blog Território Marginal sous licence CC BY-NC-ND 2.5 BR
[Le titre de cette série fait référence au vers du poète brésilien Paulo Leminski, pour lequel : "un homme avec une douleur est beaucoup plus élégant"]
(1) Le gros problème de la répression de nos jours est que celle-ci est invisible. (2) Oh ! (3) Vous avez vu ? Je viens tout juste d'être arrêté et condamné”.

La production et l'édition de bandes dessinées au Brésil ont beaucoup changé avec le temps. Comme le remarquait le dessinateur Bira dans un entretien sur un blog polonais :

[Au Brésil,] nous achetions d'ordinaire les petits formats de B.D. dans les kiosques à journaux. Aujourd'hui, si l'on cherche des B.D., le kiosque serait bien le dernier endroit où l'on pourrait en trouver. Certes, on y trouvera quand même les B.D. [des maisons d'édition] Marvel, DC ["Detective Comics"], Disney et des éditions brésiliennes de MSP. Mais comme les éditeurs ont privilégié l'album ou le roman graphique (“graphic novel”) [au petit format], le meilleur endroit pour trouver des B.D. reste la librairie. Cela étant, on assiste depuis 2006 à un essor prodigieux de la production de B.D., avec la publication de fanzines et l'émergence d'éditeurs indépendants ou de petite taille. Dans les années 1970, l'apparition du fanzine constitua un élément culturel majeur au Brésil, et ce format resurgit aujourd'hui.

L'auto-édition représente une démarche stratégique en mesure d'influencer l'univers de la B.D. à l'échelle locale comme à l'échelle nationale, favorisant une plus grande diversité géographique dans ce secteur.

Malgré tout, l'auto-édition n'est pas toujours une tâche facile. Dans un entretien mené pour le blog Itiban Comic Shop, l'artiste José Aguiar, administrateur de la convention de B.D. Gibicon, revient sur les avantages et les inconvénients de l'auto-édition :

 L'auto-édition oblige l'auteur à ne pas rester inerte et lui évite de dépendre d'intérêts d'éditeurs qui ne se montrent pas toujours ouverts à des approches différentes. Cette démarche lui donne donc une totale liberté de création (…).

En revanche, dans le circuit [de l'édition imprimée traditionnelle], le temps et l'énergie consacrés à la distribution et au retour [des B.D.] depuis points de vente représentent un inconvénient. [Ce circuit] manque d'organisation, et même franchement de respect, pour les éditeurs indépendants.

L'auto-édition s'est révélée très concluante pour certaines initiatives, à l'instar de cette campagne [de financement participatif, "crowdfunding" en anglais] de Quadrinhos Rasos, un duo d'artistes réinterprétant par l'illustration des chansons populaires, mettant en scène des situations dont le sens est généralement bien éloigné de celui des paroles initiales.

Quadrinhos Rasos

Une bande dessinée de Quadrinhos Rasos, un projet proposant d'autres interprétations des paroles de chansons populaires brésiliennes.
“(1) Allez, allez, allez (2) Ô Temps, sois mon ami (3) Sois gentil avec moi (4) Je compte tant sur toi (5) Toute la nuit (6) Et ne me quitte seulement (7) Qu'au dernier moment”.
Adapté de la chanson “Sobre o tempo” (“Du Temps”) de Pato Fu. Publié sous licence a CC BY-NC-SA 3.0.

De plus en plus d'artistes recourent à l'alternative du financement participatif (“crowdfunding”) pour financer leurs projets. Le site brésilien de financement participatif Catarse fournit quelques exemples de projets de bande dessinée ayant suivi cette stratégie. Quelques artistes ont déjà réussi à obtenir les fonds nécessaires à la réalisation de leur projet.

L'influence de la bande dessinée brésilienne à l'étranger

Dans un éditorial de 2010 pour Comic Book Resources, l'écrivain spécialisé dans la B.D. Timothy Callahan constatait qu'un pourcentage significatif de la B.D. grand public aux Etats-Unis était en réalité “faite, ou du moins dessinée, au Brésil. Ce pourcentage est relativement important”. On dirait que la plus part des dessinateurs de B.D. brésiliens sont issus de la même agence artistique.

Dans ce même éditorial intitulé “The Boys from Brazil” (“Les gars du Brésil”), il poursuit :

Il me semble intéressant de noter que l'aspect général de la B.D. grand public dépend pour une grande part d'une seule agence artistique (“talent agency”) au Brésil. Et, même si les deux faits ne sont pas nécessairement liés, je trouve intéressant que quelques uns des meilleurs dessinateurs de la B.D. actuelle proviennent eux aussi du Brésil.

Le Brésil recèlerait-il donc une mine d'or de talents ? Serait-il un terrain fertile pour les dessinateurs de B.D., voire le rouage même de la B.D. grand public ? Je vous laisse forger votre propre opinion.

Ce changement contraste avec les décennies précédentes, où il n'était pas si fréquent que les dessinateurs de B.D. grand public brésiliens rencontrent un tel succès.

Le neuvième art ne s'adresse pas qu'aux hommes

La bande dessinée est un des domaines historiquement dominés par les hommes, et beaucoup d'auteurs et de collectifs au Brésil s'emploient à changer cela. Les blogs comme celui de Lady's Comics fournissent un autre point de vue, traitant de “personnages [féminins], d'auteurs femmes et de dessinatrices ["penciller", chargée des crayonnés]“.

Mulheres nos Quadrinhos (“Les femmes dans la B.D.”) est une communauté sur Facebook et demande :” Qui a dit que seuls les hommes s'y connaissaient en BD ?”. La page comprend des dessins provenant de différentes sources, reliées par la thématique des femmes.

Mulheres nos Quadrinhos

Cours d'autodéfense
Illustration sur la page Facebook de “Mulheres nos Quadrinhos” (“Les femmes dans la B.D.”)
(0) Technique progressive d'autodéfense pour les femmes. (1) Adoptez une posture vigilante. (2) Montrez votre intérêt pour un engagement sérieux – Je t'aime, Je veux vivre avec toi pour toujours et avoir beaucoup d'enfants. (3) Observez l'homme s'enfuir paniqué.

Le projet Inverna présente les créations individuelles et collectives de femmes dans le domaine des arts graphiques. En partenariat avec un magazine canadien, elles propose un concours Defrosting Women encourageant les travaux des femmes travaillant dans ce secteur.

Projets collectifs et collaboration

Les alliances artistiques reposant sur la collaboration deviennent de plus en plus fréquentes. Les dessinateurs joignent leurs forces à celles d'éditeurs de livres ou de musique, à celles de vidéastes ou de toute autre profession artistique pour travailler ensemble, et donc favoriser la création de produits originaux dans le domaine de la B.D. et, en plus d'en consolider le marché, d'y apporter davantage de diversité.

Pour l'imprimé, la chaîne de distribution demeure un problème, alors qu'atteindre un public plus large et mondial n'a jamais été aussi facile avec internet. C'est pourquoi les artistes Pablo Mayer, Fernando Medeiros et Diogo César sont passés par une approche en ligne pour publier leurs dessins communs sur leur site Pocotomics, mis à jour chaque semaine.

Autre exemple de l'édition indépendante, la maison d'édition Beleléu, installée à Rio de Janeiro, présente des travaux collaboratifs de différents artistes, publiant le calendrier Pindura réalisé à plusieurs mains. Ils proposent du contenu en ligne et sur papier, y compris en anglais (visitez leur magazine Beleléu Magazine).

L'avenir de la bande dessinée brésilienne

La journée nationale de la bande dessinée au Brésil fut marquée par de nombreuses célébrations, comme celle de la ville de Fortaleza dans l'Etat de Salvador (nord du Brésil). L'édition 2013 étant terminée, que peut-on envisager pour l'avenir de la bande dessinée au Brésil ?

Dans un article datant de 2005, le blogueur Ubiratan Araújo formulait déjà cette question :

 L'avenir de la bande dessinée au Brésil dépend peut-être de notre volonté à nous, artistes étrangers, de publier ou non aux Etats-Unis…

Mais en a-t-il jamais été autrement ? Ce n'est pas dans cet article que vous ne trouverez la réponse, car il n'existe tout bonnement pas de formule unique pour réussir dans l'univers la B.D. au Brésil. Tant que les artistes brésiliens poursuivront leurs démarches d'expérimentation, le futur de la bande dessinée laisse présager de nombreuses démarches alternatives remplaçant celles de l'édition traditionnelle.

Cet article a été écrit avec la collaboration de João Miguel Lima.