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Le Bangladesh veut mettre fin à l'ACCORD de sécurité dans l'industrie de l'habillement, les ouvriers craignent de risquer à nouveau leur vie au travail

jeudi 17 janvier 2019 à 15:59

(à gauche) “ACCORD : Travailler au Bangladesh veut dire un lieu de travail sûr” ‘à droite) “Nous avons besoin d'ACCORD pour travailler au Bangladesh parce que nous ne voulons pas mourir” Image sur le compte Instagram de l'activiste Kalpona Akter. Reproduction autorisée

En avril 2013, l'effondrement de l'usine textile dans l'immeuble du Rana Plaza à Savar, une banlieu de Dacca, capitale du Bangladesh, a causé la mort de 1134 personnes. La tragédie a mis en lumière le manque de sécurité de l'industrie textile au Bangladesh, premier employeur et premier exportateur du pays. Ses clients comprennent d'ailleurs les grandes marques de mode européenne et américaine. À la suite de cette catastrophe, plus 180 distributeurs, importateurs internationaux et régionaux ainsi que les organisations syndicales internationales ont signé un pacte quinquennal pour garantir la sécurité des usines de confection au Bangladesh.

Depuis sa mise en place, l’accord sur la sécurité-incendie et la sécurité du bâtiment au Bangladesh (appelé « l’Accord ») a permis de réaliser des inspections de 1620 usines de confection, d'assurer la divulgation au public des rapports de sécurité et des plans d’actions correctifs, et de fournir une formation en sécurité pour les travailleurs.

Désormais, le Bangladesh cherche à sortir l'Accord du pays et à transférer les activités de surveillance à l’organisme de contrôle de l’État, la Remediation Co-Ordination Cell (RCC), créée en 2017.

Le ministre du commerce Tofail Ahmed expliqua à la presse en juin 2018 : « Maintenant le Bangladesh a réussi à s'occuper de la sécurité et de l'ergonomie de sa machinerie RMG [vêtements prêts-à-porter] ». Il a ajouté : « Aucun accident ne s’est encore produit après l’incident inattendu du Rana Plaza. Désormais la Remediation Co-Ordination Cell (RCC) surveillera régulièrement ces usines. »

Le RCC a été créé grâce à la collaboration des organismes gouvernementaux et des associations de propriétaires des usines. Il ne comprend pas de représentants des syndicats des ouvriers du textile. Car nombre de ces syndicats estiment que le RCC n’a pas la capacité suffisante pour mener les inspections et les améliorations de toute l’industrie textile du Bangladesh, qui, selon une étude, pourrait représenter environ 8000 usines en tenant compte les petites entreprises et sous-traitants.

Au fil des ans, beaucoup de propriétaires d’usines se sont plaints des demandes trop coûteuses de l'Accord pour améliorer la sécurité. Et s'ils n’obtempèrent pas, ils risquent de perdre de précieux clients américains et européens.

Bien que l’Accord ait expiré en mai 2018, ses signataires ont convenu, en 2017, de le prolonger jusqu’en l'an 2021. Car seulement 174 des 1620 usines qu’ils surveillaient, ont jusqu'à présent achevé toutes les travaux de sécurité recommandés.

Toutefois, en avril 2018, une haute cour du Bangladesh a ordonné au gouvernement de ne pas renouveler la compétence de l'Accord au-delà du 31 mai après qu’une usine de confection locale eut déposé une pétition contre l'organisme.

Le groupe a alors interjeté appel. La cour suprême du Bangladesh a décidé de prolonger son mandat pour six mois dans le cadre d'un « accord temporaire ». La cour suprême devra rendre une décision définitive lors d'une audience prévue le 21 janvier.

L'Accord est une des trois initiatives similaires mise en place au Bangladesh à la suite du Rana Plaza. La plus petite Alliance pour la sécurité des travailleurs au Bangladesh est composée de 28 détaillants mondiaux, et a achevé son mandat de cinq ans le 31 décembre 2018 (ils n'ont pas demandé à le prolonger).

L'Alliance a dispensé la formation de base en sécurité-incendie à plus d'un million d'ouvriers dans 655 usines de confection. Quatre cents usines ont achevé leurs travaux de réhabilitation recommandés.

Un troisième projet, l'initiative nationale publique, surveille 745 usines, qui seront toutes transférées au RCC en 2019.

Dans une interview par courriel, Global Voices a abordé la question avec l'ouvrière Kalpona Akter, fondatrice et directrice exécutive du Centre bangladais pour la solidarité des travailleurs, groupe de défense des droits des travailleurs.

Akter a commencé à travailler à l'usine de confection quand elle avait 12 ans. À 15 ans, elle devint la présidente de son syndicat. Elle a été arrêtée, a fait l'objet de menaces, et a reçu des récompenses internationales du fait de son activisme syndical.

Kalpona Akter (@kalponaakter). Reproduction autorisée.

Global Voices : Quels sont les risques encourus par les ouvriers du textile au Bangladesh ?

Kalpona Akter (KA): The main problem has been structural. When the industry was growing rapidly, the country wasn't ready with all the infrastructures. So many of these factories had been established in former residential buildings, which later were expanded illegally without an approved structural plan (to support heavy machinery etc.). The electric wiring system in these factories was poor and lack of emergency exits or firefighting system were common.

Le problème principal a été structurel. Avec la croissance rapide du secteur, le pays n'était pas prêt dans toutes les infrastructures. Ainsi beaucoup de ces usines ont été créées dans d'anciens immeubles d'habitation, qui ensuite ont été agrandis illégalement sans plan structurel approuvé (pour supporter des machines lourdes etc…). L'installation électrique dans ces usines était déficiente. Et l'absence d'issues de secours ou d'équipements de lutte contre l'incendie était courante.

GV : Quels sont les principaux progrès de l'Accord en matière d'amélioration de la sécurité au travail dans l'industrie de la confection au Bangladesh ?

(KA) : They found thousands of life-threatening hazards during their inspection in over 1600 factories which resulted in fixing over 90% of those hazards in subsequent times.

They included workers participation in the inspections in order to get first-hand information on safety – to know how workers are feeling about the working environment in the factory. They followed up with the workers sharing their follow-up reports and corrective action plan; giving a belief to the workers that their lives matter in the supply chain.

At the top of that the overall transparency that the Accord created was huge; sitting anywhere in the globe anyone could see the factory inspection report, the suggested corrective action plan of all those factories in the Accord website, that was phenomenal. Before 2013, hundreds of garments workers gave their lives succumbing to factory fires or many other work-related injuries. After Accord started work in Bangladesh the death tally is zero!

This is the main issue we are trying to address in the past years that, if there is an industry there will be industrial disasters but there is no point for the workers to die for lack of safety. The work of Accord showed us that, there can be a disaster or a freak accident but workers lives will be still safe if measures are in place!

Durant leurs inspections dans plus de 1600 usines ils ont trouvé des milliers de dangers potentiellement mortels. Ce qui a permis ultérieurement de remédier à plus de 90% de ces dangers.
Les inspecteurs ont fait participer les travailleurs aux inspections afin d'obtenir des informations directes sur la sécurité – pour savoir comment les ouvriers ressentent l'environnement de travail dans l'usine. Ils faisaient un suivi pour les travailleurs, en leur communiquant leurs rapports de suivi et le plan d'action correctif ; donnant la conviction aux travailleurs que leurs vies comptent dans la chaîne d'approvisionnement.

Avec tout cela la transparence générale que l'Accord a créée a été immense ; de n'importe où dans le monde n'importe qui pouvait consulter sur le site web de l'Accord, le rapport de l'inspection de l'usine ainsi que le plan correctif proposé de toutes ces usines. Ce qui était phénoménal. Avant 2013, des centaines de travailleurs de l'habillement ont succombé à des incendies d'usines ou à le multiples autres blessures liées au travail. Après que l'Accord a commencé son travail au Bangladesh il y a eu zéro mort !

C'est le principal problème que nous essayons de résoudre au cours de ces dernières années. Si il y a une industrie, il y aura des catastrophes industrielles, mais c'est absurde que des travailleurs meurent à cause du manque de sécurité. Le travail de l'Accord nous a montré que s'il peut y avoir une catastrophe ou un accident exceptionnel, les vies des travailleurs resteront quand même protégées si les mesures sont mises en place !

GV : Pourquoi l'industrie a-t-elle besoin d'un mandat plus long pour l'Accord ?

(KA) : The government is NOT yet ready with resources and expertise to sustain the change that Accord has made. The government and the manufacturers are saying that RCC (Remediation Co-Ordination Cell) is ready to take over all the work that Accord is doing but this is not true. The RCC is not ready yet to take all the job & responsibilities that Accord in doing in order to make these factories safer. Accord really needs to complete its current extension (up to 2021) and if still needed it should go beyond as well.

Le gouvernement n'est PAS encore prêt en moyens et expertise pour soutenir les changements que l'Accord a engagé. Le gouvernement et les fabricants disent que le RCC (Remediation Co-Ordination Cell) est prêt à reprendre tout le travail que l'Accord réalise. Mais ce n'est pas vrai. Le RCC n'est pas encore prêt à reprendre le travail et les responsabilités que l'Accord a entrepris afin de rendre ces usines plus sûres. L'Accord a réellement besoin d'achever son extension actuelle (jusqu'en 2021) et si besoin il devrait aller aussi au-delà.

GV : Qui est contre la présence de l'Accord au Bangladesh ?

(KA) : The government and the Manufacturer Associations are against to the Accord since the beginning of its work. One of the reasons can be that they have not been included in the mainstream of the Accord's decision-making process regarding factory inspections, so they are not in the steering board. There are also rumors that the Accord has been imposed on the manufacturers by powerful foreign nations or that the Accord is a colonialism program.

Le gouvernement et les associations de fabricants sont contre l'Accord depuis le début de son travail. Ceci s'explique peut-être par le fait qu'ils n'ont pas été inclus dans les prises de décision générales de l'Accord concernant les inspections d'usines, de sorte qu'ils ne font pas partie du comité de direction. Il y a également les rumeurs selon lesquelles l'Accord a été imposé aux fabricants par des puissances étrangères ou encore que l'Accord est un programme colonialiste.

GV : Qu'est-ce qui se passera pour les centaines de milliers d'ouvriers du textile et pour l'industrie si l'Accord quitte le Bangladesh ?

(KA) : Then the factories will reverse back to the Rana Plaza situation. The problems in the RMG industry in Bangladesh are not new. If the government and the manufacturers would really care about the workers first before their profit then they would not have experienced all those horrified fire accidents and building collapses. If workers lives would really matter, then we wouldn't witness all these workers die in the last three decades. The bottom line is, the Accord leaving the country prematurely would mean an unsafe industry once again.

Les usines reviendront alors à la situation du Rana Plaza. Les problèmes dans l'industrie textile au Bangladesh ne sont pas nouveaux. Si le gouvernement et les fabricants voulaient se soucier réellement des travailleurs avant leurs profits, ils n'auraient pas connu tous ces incendies et effondrements d'immeubles horrifiques. Si les vies des travailleurs comptaient vraiment, alors nous n'aurions pas vu tous ces ouvriers mourir durant les trois dernières décennies. En un mot, si l'Accord quitte le pays prématurément, cela signifierait un retour à une industrie dangereuse.

Les réfugiés syriens au Liban face à de violentes tempêtes de neige et des conditions inhumaines dans les camps

jeudi 17 janvier 2019 à 09:28

Le camp d'Arsal au Liban sous la neige pendant la tempête Norma, le 6 janvier 2019. Photo largement diffusée sur les médias sociaux, reproduite avec autorisation.

Les réfugiés syriens au Liban subissent inondations et températures glaciales au milieu d'une succession de tempêtes appelée “Norma” qui s'est abattue le 6 janvier 2019. De grandes quantités de pluie sont tombées sur la côte libanaise et de neige sur le Mont Liban et la plaine de la Bekaa. Les intempéries ont causé de vastes dégâts au Liban, inondant les routes et fermant les écoles dans certaines parties du pays.

Les réfugiés syriens ont dû résister à la tempête dans des campements de fortune informels, puisque les autorités libanaises n'autorisent pas la constructions de structures permanentes. Selon un rapport de l'agence de l'ONU pour les réfugiés (UNHCR) publié le 9 janvier, “70.000 réfugiés vivant dans quelque 850 campements pourraient être en danger d'inondation, de fortes chutes de neige ou de froid extrême”.

Un autre article de l'UNHCR a indiqué que plus de 11.300 réfugiés sont concernés : les camps de Dalhamiya dans la plaine de la Bekaa sont totalement sous l'eau.

Une réfugiée, Juriya Ramadan, a déclaré au UNHCR :

People are sick. Everywhere there is water. We cannot sleep at night. It has been three days like this. All night we sit and watch the kids and we cannot do anything for them. Their situation is very bad.

Les gens sont malades. Il y a de l'eau partout. On ne peut pas dormir la nuit. C'est comme ça depuis trois jours. La nuit on reste assis, on surveille les enfants et on ne peut rien faire pour eux. Ils vont très mal.

Amina al Darak, une réfugiée de 60 ans, décrit :

We’ve never experienced such a situation before. The mattresses and the duvets got wet. We didn’t sleep all night. I had to put blankets on wooden boards and lie there. I can’t even make myself a cup of tea because of the flooding.

On n'a encore jamais connu ça. Les matelas et les duvets sont mouillés. On n'a pas dormi de la nuit. J'ai dû poser les couvertures sur des planches de bois et m'étendre là. A cause de l’inondation je ne peux même pas me faire une tasse de thé.

Selon Associated Press, le camp de réfugiés de Bar Elias dans la plaine de la Bekaa, près du plus long fleuve du Liban, le Litani, a été inondé pendant la tempête. Environ 420 réfugiés y vivent, dont 100 enfants.

L'AP a aussi rapporté qu'une fillette syrienne est morte noyée dans une rivière en crue dans le nord du Liban.

En outre, la Croix Rouge libanaise a indiqué que 200 personnes ont dû évacuer leur camp sur la frontière nord du Liban avec la Syrie après qu'une rivière locale a débordé.

Le camp d'Arsal dans les monts de l'Anti-Liban a reçu une épaisse couche de neige et a subi des dégâts. Les vidéos du camp ont été largement partagées sur les médias sociaux :

Des militants syriens et utilisateurs de Twitter ont déploré ces conditions de vie misérables, ajoutant que les réfugiés syriens sont de plus en plus pris entre le marteau et l'enclume. Autrement dit, entre des conditions de vie déplorables au Liban et de graves risques de sécurité dans une Syrie sous le contrôle d'Assad s'ils rentrent.

Savez-vous pourquoi les gens sont encore là ?
La réponse est : parce que Assad est toujours en poste.

Sitôt Assad parti, leur souffrance prendra fin.

Certains réfugiés syriens dénoncent l'indifférence des autorités locales de la Bekaa. Ainsi, Hussam Mansour a déclaré à Al Jazeera qu'il a demandé de multiples fois à la municipalité locale de Ghazze dans la Bekaa de surélever le sol sous les tentes, en vain.

Les réfugiés syriens vont devoir affronter une nouvelle tempête qui apportera des rafales de vent de plus de 100 km/h et des vagues de 5 mètres. La tempête, appelée Miriam, culminera le 15 janvier.

L'UNCHR a indiqué que les réserves d'urgence et les équipements d'assainissement ont été réapprovisionnés pour anticiper les nouvelles intempéries.

Malgré les difficultés endurées par les réfugiés syriens dans tout le pays, le président libanais Michel Aoun a déclaré que “la crise des réfugiés continue à peser économiquement, socialement et sécuritairement [sur le Liban]” et que les réfugiés doivent rentrer en Syrie pour pouvoir vivre “dans la dignité”.

Des propos dans la droite ligne du discours anti-réfugiés de son parti, le Courant patriotique libre, depuis des années, et notamment de son gendre et ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, également président du parti aouniste.

Lire aussi : Pourquoi les réfugiés syriens au Liban ont peur de rentrer dans une Syrie sous le contrôle d'Assad [en anglais]

Aoun, qui est allié au Hezbollah, le mouvement libanais pro-Assad, pousse la communauté internationale à renvoyer les réfugiés syriens dans les soi-disant ‘zones sécurisées’ de Syrie. Des ministres dans le gouvernement libanais ont dénoncé la pression et affirment que des dizaines de réfugiés qui sont rentrés ont été tués.

Les bruits sur les réfugiés rentrés encourant l'emprisonnement, l'enrôlement forcé ou la mort courent dans les cercles syriens anti-Assad, surtout ces deux dernières années.

Wessal al Mustafa, un réfugié au Liban a dit à Aljazeera qu’ “il n'y a rien à quoi retourner”.

Un autre réfugié, Sleiman Ahmad, 25 ans, a dit au journal The Independent : “Si je rentre, je serai enrôlé ou arrêté, [..] j'ai une toute petite fille, qu'adviendra-t-il d'elle ?”

En Thaïlande, manifestations contre un nouveau report des élections

mercredi 16 janvier 2019 à 18:43

Des manifestants à Bangkok critiquent la décision de reporter à nouveau les élections prévues le 24 février 2019. Photo de Prachatai, partenaire de contenus avec Global Voices.

La nouvelle d'un possible nouveau report des élections parlementaires a fait descendre les Thaïlandais dans la rue pour la première fois depuis qu'en décembre 2018 le gouvernement a levé l'interdiction des attroupements publics de plus de cinq personnes.

Le 6 janvier, des manifestants se sont retrouvés sur la passerelle de la station Monument de la Victoire du train Skywalk, pour condamner l'ajournement du scrutin. Puis environ 200 protestataires ont rejoint un rassemblement plus vaste le 8 janvier sur le carrefour Ratchaprasong dans le centre de Bangkok pour réclamer la publication d'un décret fixant officiellement la date et les préparatifs des élections de février.

Des chefs de partis politiques ont décrit la contestation comme étant le reflet du désir des Thaïlandais d'un retour à la démocratie.

Démocratie ajournée

L'armée thaïlandaise s'est emparée du pouvoir en 2014 et a institué un Conseil national pour la paix et l'ordre (acronyme en anglais NCPO) pour gouverner le pays. L'armée a emprisonné plusieurs leaders d'opposition, imposé de stricts contrôles sur les média, et mis hors-la-loi les attroupements de cinq personnes et plus dans les lieux publics.

Les militaires ont fait le serment de rétablir l'ordre civil et d'organiser des élections une fois les réformes politiques mises en place. Ils ont rédigé une constitution en 2016 qui stipulait la tenue d'élections tout en garantissait le maintien d'une place prédominante de l'armée à tous les niveaux de l’administration.

Le Général Prayut Chan-o-cha, président du NCPO et premier ministre, restait vague en répondant aux questions sur la date des élections. Mais en décembre 2018, son gouvernement confirma que les élections auraient lieu le 24 février 2019. Le gouvernement avait aussi abrogé l'ordonnance qui interdisait les campagnes politiques et les réunions publiques.

“Encore reportées. Le fils de p…”

Le 3 janvier, le Vice-Premier ministre Wissanu Krea-ngam annonça que les élections du 24 février pourraient être reportées afin de ne pas interférer avec les préparatifs officiels du couronnement du Roi Maha Vajiralongkorn, qui aura lieu le 4 mai. La monarchie est une institution révérée en Thaïlande, et le gouvernement applique une des lois de lèse-majeste les plus sévères du monde.

L'annonce de Wissanu a irrité un grand nombre de lycéens et leur a fait utiliser le hashtag Twitter #เลื่อนแม่มึงดิ (Luen Mae Mueng Di: Encore reportées, le fils de p…), pour exprimer leur frustration. Les étudiants ont aussi utilisé le hashtag #dek62 (Gosses de 2019).

Sur Twitter, un leader étudiant, a posté ceci sur son compte, comme le rapporte le site indépendant d'informations Prachatai :

This entire problem came about because Mr. Prayut is not a man of his word. Mr. Prayuth should at least come out and apologize to the kids.

Toute l'affaire est partie de ce que M. Prayut n'est pas un homme de parole. M. Prayut devrait au minimum venir s'excuser auprès des gosses.

L'annonce précédente que les élections auraient lieu en février avait déjà causé la modification des dates du Test d'aptitude générale et du Test d'aptitude professionnelle (acronyme en anglais GAT- PAT), que les étudiants passent à l'échelle nationale pour être admis dans les universités. Ajourner les élections reviendrait à bouleverser le planning du GAT-PAT et la préparation des étudiants à cet examen important.

Le Général Prayut a pris acte du sentiment des étudiants, qu'il a appelés ses ‘petits-enfants’ en les appelant à la patience et à la compréhension.

Des élections en mars ?

Le 11 janvier, quelques jours après les manifestations, Le Vice-Premier ministre Wissanu a fait l'annonce que les élections auraient lieu au plus tard le 11 mars.

Ce qu'il faut retenir de cette mise au point, c'est qu'il est déjà impossible de tenir les élections le 24 février. Le communiqué n'a pas non plus tenus compte des informations selon lesquelles le Département de l'Administration provinciale a sorti une circulaire donnant instruction aux officiers provinciaux d'état civil d'interrompre les préparatifs des élections.

Les activistes ont mis en doute l'engagement du NCPO à rétablir le régime civil puisque la junte reporte de façon répétitive l'échéancier électoral.

Dans le même temps, le Commandant en Chef de l'armée a accusé les opposants d'être ‘obsédés’ par les élections. Il a justifié que le gouvernement devait aussi donner la priorité au couronnement du Roi.

@ActLenguas : Yásnaya Elena Aguilar Gil est aux commandes jusqu'au 20 janvier 2019

lundi 14 janvier 2019 à 21:10

Yásnaya Elena Aguilar Gil

En 2019, nous avons décidé d'inviter différents hôtes à piloter le compte Twitter @ActLenguas et à partager leur expérience sur la revitalisation et la promotion de leur langue natale. Yásnaya Elena Aguilar Gil nous explique ce qu'elle a l'intention de discuter pendant sa semaine, du 14 au 20 janvier.

Rising Voices (RV) : Pouvez-vous nous parler de vous ?

Soy Yásnaya Elena Aguilar Gil de Ayutla Mixe en la Sierra Norte de Oaxaca, soy lingüista, mi lengua materna es el mixe, que pertenece a la familia lingüística mixe-zoque. Mi lengua es una de las más habladas del estado de Oaxaca y posee una gran variedad interna. Tiene 4 macrovariantes y variantes por comunidad. Una de las principales actividades que hago es difundir información sobre diversidad lingüística y el proceso de la muerte de las lenguas. También me interesa el estudia gramatical, las lenguas en la red y los procesos de lecto-escritura.

Je m'appelle Yásnaya Elena Aguilar Gil, je viens d'Ayutla Mixes, dans l’État d'Oaxaca, au Mexique. Je suis linguiste et ma langue maternelle est le mixe, une langue mixe-zoque. Ma langue est l'une des plus parlée dans l'Oaxaca et possède une importante variété interne. Elle compte quatre variantes principales et varie d'une communauté à une autre. Je travaille sur la dissémination de l'information sur la diversité linguistique et sur le processus de la mort d'une langue. Je suis aussi intéressée par les études grammaticales, les langues dans les réseaux en ligne et sur les processus de lecture et d'écriture.

RV : Quel est l'état actuel de votre langue sur et en dehors d'Internet ?

La lengua en mi comunidad, como en muchas de las cabeceras municipales de le región mixe se encuentra en periodo de desplazamiento. En línea hay presencia y uso pero es necesario que haya más.

La langue de ma communauté, comme dans dans de nombres capitales municipales de la région mixe, est en train de subir un déplacement. Elle est présente et utilisée sur Internet, mais elle a besoin de plus.

RV : Sur quels sujets allez-vous communiquer sur le compte @ActLenguas ?

En la diversidad de lenguas, en el proceso de pérdida de ellas y de iniciativas que plantean opciones para frenar este proceso.

Sur la diversité des langues et le processus de leur perte, ainsi que les initiatives qui offrent des options pour freiner cette perte.

RV : Qu'est-ce qui motive votre militantisme linguistique pour le mixe ?

Creo que la muerte de las lenguas está acompañado de una violación sistemática de derechos humanos y por un procesos histórico y político, revitalizarlas pasa por detener ese atentado a los derechos de personas concretas.

Je crois que la mort des langues est accompagnée d'une violation systématique des droits humains et par un processus historique et politique, et que revitaliser ces langues veut dire stopper cette attaque sur les droits de groupes spécifiques.

RV : Qu'espérez-vous pour votre langue ?

Que se fortalezca y viva y que adquiera más espacios de uso, la lengua como territorio de resistencia de los pueblos indígenas del mundo.

J’espère que ma langue devienne plus forte, continue de vivre et soit utilisée dans un plus grand nombre d'espaces. Les langues sont des territoires de résistances pour les peuples autochtones du monde.

Comment un collectif de photographes syriens résiste à la narration d'Assad, de l'intérieur

lundi 14 janvier 2019 à 19:39

Textes, de gauche à droite : En 2018, ils ont gagné – Et ainsi le nombre de cadavres a monté – La production de cercueils a augmenté. Trois photos de ‘Story of 2018‘. Utilisation autorisée.

Après huit années de guerre sans merci en Syrie, la Ligue arabe a annoncé qu'elle allait réintégrer le pays parmi ses membres et reprendre les relations avec le régime du Président Bachar al-Assad. La Syrie fut exclue de la Ligue arabe au motif de la féroce répression contre les manifestants non-violents anti-Assad, mais à présent la guerre paraît ‘toucher à sa fin’ avec la victoire du régime Assad soutenu par la Russie et l'Iran.

Le 17 décembre 2018, le Président soudanais Omar Bachir a rendu visite à Assad en Syrie, malgré l'agitation politique et la violente répression chez lui. Le 27 décembre, les Émirats arabes unis ont rouvert leur ambassade en Syrie, et la Tunisie a repris les vols directs vers Damas. Le lendemain, l’Égypte, qui depuis des années développe ses relations avec le régime Assad sous le gouvernement d'Abdel Fattah el-Sissi, a invité le chef de la sécurité nationale syrienne à rencontrer son homologue égyptien. L’Égypte presse aussi la Tunisie à monter à bord, ce que l'Algérie a déjà accepté.

La Jordanie a repris les échanges commerciaux avec le régime Assad en octobre 2018 (tout en fermant ses frontières aux réfugiés fuyant les offensives du régime), et le ministre des Affaires étrangères du Bahraïn et membre de la famille régnante, Khalid bin Ahmed al-Khalifa, a échangé une accolade et un baiser très médiatisés avec son homologue syrien Walid al-Muallem à l'Assemblée générale des Nations unies ce même mois.

Pendant ce temps, au Liban, le Hezbollah, toujours plus conforté, a appelé à ce que Damas soit invité officiellement au Sommet du développement économique et social arabe, qui doit se dérouler à Beyrouth de mois-ci. Une source a déclaré à Al-Arabiya (une télévision propriété des Saoudiens) que le retour du régime Assad dans la Ligue arabe “pourrait être soumis au débat” à ce moment.

Depuis le début de la révolution et de la guerre consécutive en 2011, le régime Assad promeut un récit de ‘normalité’ à Damas, à l'intention de ses soutiens à l'intérieur et à l'extérieur. Pour contrer ce récit, un collectif photographique appelé “[vu dans] L'objectif d'un jeune Damascène” est de ceux qui documentent la vie à l'intérieur de la Syrie gouvernée par Assad au moment où celle-ci se réinsère dans la vie diplomatique, en particulier dans le monde arabe.

Résistance intérieure

Malgré les nombreux signes de coopération des régimes arabes, les membres du collectif “L'objectif d'un jeune Damascène” savent que la guerre n'est pas terminée en Syrie. Les gens continuent à enterrer leurs morts et à dire adieu à ceux qui ont fui. La tragédie et la destruction sont toujours là : les enfants dorment dans la rue et vendent n'importe quoi pour survivre. La pénurie et surtout la peur prédominent.

Le collectif utilise diverses plateformes de médias sociaux, comme Tumblr, Flickr, Twitter, Facebook et Instagram pour faire connaître ces réalités à l'aide d'images de la vie quotidienne à Damas, mettant en lumière les épreuves des Syriens ordinaires dans un pays où les violations des droits humains sont devenues la nouvelle norme.

Récemment, le collectif a rassemblé des images annotées de commentaires poétiques, les transformant en histoires sur Instagram pour saisir les situations pitoyables et intolérables.

Ces histoires sont très regardées par les utilisateurs de médias sociaux de la diaspora syrienne, qui considèrent ce compte comme un rare aperçu de la vie dans un pays où ils ne peuvent retourner par crainte d'être arrêtés ou tués par le régime syrien.

Textes, de gauche à droite : La séparation des amis – et des êtres chers. Deux photos de ‘Story of 2018′. Utilisation autorisée.

Textes, de gauche à droite : En 2018, les chiffres du chômage ont chuté – parce que notre jeunesse, à dire vrai – se faisait soit torturer sous les fouets dans les prisons, Trois photos de ‘Story of 2018‘. Utilisation autorisée.

Montrer Damas ‘comme dans la réalité’

Global Voices s'est entretenu avec des membres du collectif “L'objectif d'un jeune Damascène”.

Global Voices (GV ): Qui est “L'objectif d'un jeune Damascène” et qu'en espérez-vous ?

عدسة شاب دمشقي انطلقت بأيام المظاهرات وقت كان الاعلام الرسمي عم يكذب المظاهرات ، وانطلقت الصفحة لتوثق المظاهرات والدمار والانتهاكات يلي كانت عم تصير عن طريق الصور الفوتغرافية عوضا عن الفيديو يلي كان منتشر بالفترة هديك.
اهدافنا كانت انو نبرز حقيقة الواقع وتشوف الناس المظاهرات والاحداث يلي عم تصير بعيون اهل الشام.

L'Objectif d'un jeune Damascène : “L'Objectif d'un jeune Damascène” a commencé dans les premiers temps des manifestations quand les médias officiels syriens en niaient l'existence même. La page a donc commencé à documenter ces manifestations et les destructions et violations qui se sont produites, au moyen de photographies plutôt que de vidéos qui étaient alors l'outil usuel. Notre but est de montrer ce qui se passe pour que les gens voient se dérouler les manifestations et les événements à travers les yeux de Damascènes.

GV : Quelle est l'histoire de votre projet “Fin 2018″ ? Et comment les Syriens ont-ils réagi ?

في كل سنة نختار صور تحكي قصة العام السابق، ولكن في هذا العام وقد بدأنا بنشر واستخدام القصص على انستغرام وعملنا على عدة قصص حتى الآن مميزة روائيا وأدبياً كانت آخرها حكاية 2018 ، فقد قمنا بعرض صور العام من خلال حكاية أدبية من كتباتنا وروايتنا عن الاحداث التي وثقناها وسجلناها خلال هذا العام.
القصة لقت رواجاً كبيراً واحبها الناس لانها حكت ما حصل في هذا العام بصدق وشفافية وصراحة، وعبرت عما في داخلهم.. وأعطتهم الأمل رغم كل الألم والقصص المحزنة التي سردناها.

OJD : Chaque année, nous choisissons des photographies qui racontent l'histoire de l'année précédente, mais cette année nous nous sommes mis à utiliser et partager ces images sur Instagram et nous avons travaillé sur plusieurs histoires spéciales qui contiennent une charge poétique. Une des dernières histoires a été celle de 2018 dans laquelle nous avons présenté les photos de l'année à travers un récit que nous avons écrit et qui relatait les faits que nous avons documentés au long de l'année. L'histoire a été un énorme succès et elle a été très aimée, parce qu'elle disait l'histoire véritable de ce qui se passait, en toute vérité, d'une manière qui exprimait leur ressenti à son propos.

GV : Avant cette histoire, vous en avez eu beaucoup d'autres de publiées sur vos pages de méfias sociaux qui décrivent la situation des civils de Damas par la photographie. Comment décririez-vous les photos que vous prenez et les histoires qu'elles recouvrent par rapport à la narration qui cherche à normaliser le régime ?

في قصصنا نعمل جاهدين على ان نصور الشارع كما هو وننقل صورة الحدث كما هية .. بعين أهل البلد واحساس اهل البلد… الاعلام الرسمي ينقلها بعين النظام وبلسانه … وروايته دائما تمشي في سكة معينة مضللة لكل الناس.
فهو يسمى المهجرين ارهابيين ويرحب ويظهر ايران وروسيا على انهما صاحبا البلد بينما نراهما دولتان محتلتان استباحاتا الارض مقابل حماية النظام وابقاءه في دمشق

OJD : Dans nos histoires nous travaillons dur à dépeindre telle qu'elle est la situation actuelle dans les rues de Syrie, vue par les gens, en reflétant ce qu'ils ressentent. Ceci pendant que les médias syriens dévident le récit du régime, qui a toujours été trompeur parce qu'ils dépeignent les déplacés internes en terroristes, tout en accueillant les nouveaux venus iraniens et russes comme étant des nôtres. Nous, nous les voyons comme des pays envahisseurs qui ont profané le nôtre en échange de la protection du régime et la garantie de la mainmise d'Assad sur Damas.

GV : Vous êtes à Damas. Quelles sont vos impressions sur la vie des gens là-bas et les conditions de vie en général ?

الله يعين الناس.. الناس حالها حال.. في شي لا يتسع بصورة وكميرا وقصة… دمشق مليانة ملايين قصص البؤس التي لا يرويها احد. على الرغم من ذلك هناك فئة تعيش حياتها في دمشق وهي فئة الاغنياء واصحاب المصالح مع النظام أما البقية فهم فقراء ولا يوجد طبقة
وسطى بتاتا.
لا يوجد ما يسمى عودة سوريا كما كانت قبل الحرب لأن سوريا لم تعد سوريا بالأصل. فهي بلاد محتلة خسرت مليون على الأقل من شعبها كشهداء ومعتقلين وحوالي 10 ملايين لاجئ حول العالم.. فهل منطقي ان نقول ذلك؟
مؤيدو النظام واعلامه يسوقون لذلك ويقولون انها تحت سيطرة الاسد بينما سوريا يرتع ويلعب فيها الايرانيون والروس وكل ما يخطر ببالك من جنسيات.
هذا ولم نتحدث عن البناء والاقتصاد الخ… سوريا لتعود لما قبل الحرب تحتاج لخمسين عام على الأقل

OJD : Que Dieu leur vienne en aide. La situation est vraiment terrible ici et on ne peut pas la traduire fidèlement avec seulement des récits, des photos et des vidéos. Damas regorge d'histoires de malheurs que personne ne raconte. En dépit de cela, il y a une certaine couche à Damas qui jouit d'un train de vie opulent ; ce sont usuellement les riches dont les intérêts s'alignent avec ceux de régime. Pendant que le reste est dans une pauvreté totale, car la classe moyenne a cessé d'exister.

Un retour à la Syrie d'avant guerre est impossible, parce que la Syrie n'est plus la Syrie. Nous parlons d'un pays envahi dont au moins un million d'habitants est soit martyr soit en prison. Nous avons aussi 10 millions de réfugiés à travers le monde, alors où est la logique de faire croire que les choses reviennent à la normale ?

GV : Vos histoires paraissent avoir atteint un large auditoire parmi la diaspora syrienne. A quoi l'attribuez-vous ?

هم يحتاجون من يريهم دمشق دون كذب وتلفيق ، ونعمل جاهدين على ان نلبي هذه الحاجة.. نحن نروي بصدق ليس لدينا شيء نخسره ولا مكسب ولا نتبع لأي جهة

OJD : Ils avaient besoin que quelqu'un leur montre Damas tel qu'il est sans aucun mensonge ou invention, et nous travaillons dur à faire cela pour eux. Nous racontons nos histoires de façon véridique et nous n'avons rien à y perdre ou gagner. Et nous ne sommes inféodés à aucune faction.

GV : En conclusion, quel est votre message aux médias internationaux ?

رسالتنا أن لا يلتفت الاعلام لما يقوله النظام ، وان مصادر الناس والمصورين والمواطنيين الصحفيين اصدق بالف مرة من رواية الاعلام الرسمي.

OJD : Notre message est qu'ils ne doivent pas prêter attention au récit du régime, et que les sources apportées par les gens et les journalistes citoyens sont beaucoup plus fiables pour dire le vrai que les médias officiels syriens.

Textes, de gauche à droite : Pendant qu'une mère fouillait les ordures pour le prochain repas de sa famille, – en 2018, les médias ont parlé du retour de la “paix”. Deux photos de ‘Story of 2018′. Utilisation autorisée.

Textes, de gauche à droite : Et nos cartes restaient peintes sur ses murs – Et dans les cœurs des exilés. Deux photos de ‘Story of 2018′. Utilisation autorisée.