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La perspective d'une victoire du parti Bharatya Janata en Inde inquiète le Bangladesh

vendredi 2 mai 2014 à 16:31

Subramanian Swamy lors d'un meeting à Mangalore, en Inde, le 17 Décembre 2013.

Les plus grandes élections au monde sont en cours en Inde, et à ce jour, le vote a eu lieu dans 21 états sur 28. Au fur et à mesure qu'elles approchent de leur terme, les partis politiques concurrents essaient d'attirer les électeurs avec des promesses populistes qu'ils promettent de réaliser s'ils étaient élus.

Subramanian Swamy, une figure de proue du parti conservateur Bharatya Janata Party (BJP=Parti du peuple Indien) [fr], dont le candidat au poste de Premier ministre est M. Narendra Modi, a provoqué l'indignation au Bangladesh voisin quand il a déclaré lors d'un rassemblement électoral dans la région de l'Assam, que le Bangladesh devrait dédommager l'Inde pour les Bangladais sans-papiers, en lui cédant un tiers de ses terres.

 Il a également affirmé que depuis l'indépendance du Bangladesh et sa partition du Pakistan en 1971, un tiers de la population musulmane du Bangladesh a migré vers l'Inde. Selon lui, le Bangladesh devrait les reprendre ou céder un tiers de ses terres à l'Inde.

Il n'existe pas de chiffres fiables sur le nombre d'immigrés bangladais qui se trouvent en Inde, mais un grand nombre parmi eux ont migré en Inde pour rejoindre leur  famille, pour des possibilités d'emploi ou pour échapper aux crises environnementales au Bangladesh, ou pour d'autres raisons encore. La vague d'immigrants dans la dernière décennie a incité l'Inde à renforcer la sécurité le long de sa frontière avec le Bangladesh, y compris par l'installation de clôtures en barbelés.

 Les journaux bangladais ont d'abord repris les remarques du quotidien bengali de la région de l'Assam, Samayik Prasanga, le 19 avril. Tout comme au Népal, au Bhoutan, au Pakistan et en Chine, les analystes politiques du pays suivent de près l'élection puisque leurs relations avec l'Inde seront façonnées par les politiques des partis qui gagneront les élections.

Des réactions de colère ont rapidement suivi. L'utilisateur Veja Beral commenté sur le forum projanmo.com:

বিজেপি বাংলাদেশ বিদ্বেষী দল। এরা এইবার ক্ষমতায় আসলে বাংলাদেশিদের কপালে শনি আছে। [..] তিস্তা, সীমান্ত কিছুতো হবেই না বরং যেইসব চুক্তি বাস্তবায়নাধীন সেই সব বন্ধ করতে কাজ করবে মোদি সরকার।

Le BJP est un parti anti-Bangladesh. S'il arrive au pouvoir, cela signifiera des difficultés pour le Bangladesh. Les questions en suspens [depuis longtemps], comme le contrat de partage de l'eau du fleuve Teesta [fr] ainsi que les litiges frontaliers resteront sans solution et tous les traités seront gelés par le gouvernement Modi.

L'utilisateur a aussi écrit:

ভারতে কিছু অবৈধ বাংলাদেশি আছে এটা সবাই জানে কিন্তু সেটা ৫ কোটি (বিজেপির দাবি) এটা বিশ্বাসযোগ্য না। হয়তো ৫ লাখকে ৫ কোটি বলে প্রচার করে ভোট পাওয়ার জন্য।

Il y a des bangladais sans papiers en Inde que tout le monde connait. Mais le chiffre astronomique de 50 millions (selon le BJP) est illogique et faux. Peut-être que le BJP avance volontairement le chiffre de 50 millions au lieu de 500 000, pour des raisons électorales.

Shamim Sujaet exprime son opinion sur le blog Shobdoneer:

বাংলাদেশ যেন খেলার পুতুল! যা খুশী ভাবতে পারো!

Comme si le Bangladesh était un jouet. Vous pouvez le changer comme bon vous semble.

Pendant ce temps, un groupe de hackers appelés les “Bangladesh Cyber ​​71″ aurait piraté plus de 300 sites Web du gouvernement indien pour protester contre les commentaires de M. Swamy. L'administrateur du groupe a dit au site BanglaNews24.com qu'ils continueront les attaques jusqu'à ce que le BJP retire sa déclaration.

Capture d'écran d'un site piraté par "Bangladesh Cyber ​​71" en signe de protestation contre des observations formulées par le dirigeant politique indien Subramanian Swamy du Bharatya Janata Party.

Capture d'écran d'un site piraté par “Bangladesh Cyber ​​71″ en signe de protestation contre les déclarations du dirigeant politique indien Subramanian Swamy du Bharatya Janata Party.

En représailles, le site officiel de la Division du Cabinet du Bangladesh a apparemment été piraté par un groupe indien.

Narendra Modi, candidat au poste de Premier ministre pour le BJP, a enfoncé le clou en revenant sur ses commentaires lors d'un rassemblement dans le Bengale occidental:

Vous pouvez l'écrire. Après le 16 mai, c'est mieux pour ces bangladais de se tenir prêts avec leurs sacs emballés.

La lutte contre l'immigration clandestine en provenance du Bangladesh constituait une partie du programme électoral du BJP, qui affirme qu'ils constituaient un réservoir électoral pour le Parti du Congrès, dirigeant actuellement le pouvoir fédéral en Inde. Mais les commentaires de M. Modi indiquent que ce pourrait être une arme politique qu'ils utiliseraient contre leur voisin si le parti arrivait au pouvoir.

Cependant, il ne s'agit pas d'un mouvement migratoire à sens unique. L’ Inde risque de perdre la source d'un cinquième des transfert de fonds si les relations venaient à se dégrader avec son voisin le Bangladesh. Environ un demi-million d'Indiens travaillent au Bangladesh, et ​​ils ont envoyé 3,7  millions de dollars en Inde l'année dernière.

 

Ce billet a été écrit en collaboration avec Abdul Aleem Khan

Une galaxie lointaine, très lointaine…

vendredi 2 mai 2014 à 15:44

Le site web Chileno rapporte [anglais] qu'une équipe d'astronomes menée par le Chili a apporté de nouvelles informations sur l'évolution des galaxies en observant la formation de jeunes étoiles dans les régions périphériques de la galaxie en interaction, NGC 92. Comme l'auteur principal, Sergio Torres de l'université de La Serena, l'explique, les galaxies en interaction comme NGC 92 ont quelque chose de spécial. Elles sont, d'après ses mots, “de parfaits laboratoires pour étudier l'évolution des galaxies”:

La galaxie modestement nommée NGC 92 n'est pas une galaxie proche. Au contraire, elle est plutôt lointaine, 160 millions d'années lumière pour être précis, soit approximativement 940 quintillions de milles. Ça fait beaucoup de zéros.

Une campagne libanaise contre le système du ‘Kafala’ et les abus contre les migrants

vendredi 2 mai 2014 à 12:46

Le Migrant Workers Task Force (MWTF) (Groupe de travail sur les travailleurs migrants), une ONG libanaise comprenant des militants libanais et étrangers, y compris des travailleurs migrants, a lancé une campagne pour lutter contre la fameuse pratique du Kafala (ou “parrainage”) [fr] avec le hashtag #StopKafala. La campagne montre des étudiants (migrants) et des enseignants (migrants, militants libanais et internationaux) qui tiennent une pancarte en anglais, avec des message en français ou arabe. L'exposition de photos a été accueillie à AltCity Hamra où le MWTF donne des cours hebdomadaires en français et en anglais aux travailleurs migrants le dimanche (leur jour de congé).

Sur leur page Facebook, ils ont écrit:

En soutien à la 4ème Célébration de la Journée annuelle des travailleurs et de la campagne Fi Shi Ghalat [Il y a quelque chose de mauvais], nos élèves et leurs enseignants ont préparé chacun sa banderole pour le défilé qui aura lieu le 4 mai. Ils prennent tous position contre le système de parrainage (kafala) qui est responsable de toutes les violations des droits de l'homme auxquelles sont exposés chaque jour les travailleurs migrants.

La célébration annuelle de la Journée des travailleurs ( Lien sur la page Facebook) mentionnée ci-dessus est un événement annuel célébrant la fête du Travail et organisée par quatre ONG libanaises  connues et soutenues par le MWTF. Les quatre organisations sont Fi Shi Ghalat («Il ya quelque chose est faux”) , KAFA (Assez), le Mouvement contre le racisme (ARM) , et le Centre des Migrants de Caritas Liban .

Le message est suivi par un appel à l'action:

Rejoignez-nous en publiant votre propre opinion avec votre message personnel sur le système Kafala ou l'abus des droits des travailleurs migrants qui a lieu au Liban au quotidien et ajoutez # StopKafala sur vos photos et messages.

Voici quelques exemples. Vous pouvez voir toute la campagne sur Facebook.

Olga du Cameroun: «Peu importe ce que nous disons rien ne changera, parce qu'ils ne se soucient pas de nos sentiments"

Olga du Cameroun: “Peu importe ce que nous disons rien ne changera, parce qu'ils ne se soucient pas de nos sentiments”

"Je suis fatigué du fait que la couleur de sa peau est corrélée à la qualité du travail qu'on peut atteindre au Liban"

“Je suis fatigué du fait que la couleur de la peau soit corrélée à la qualité du travail qu'on peut atteindre au Liban”

"Ils nous traitent comme des animaux. Nous ne sommes pas des prisonniers. Certains travailleurs sont enfermés et ne sont pas autorisés à quitter la maison pendant des années "

“Ils nous traitent comme des animaux. Nous ne sommes pas des prisonniers. Certains travailleurs sont enfermés et ne sont pas autorisés à quitter la maison pendant des années “

 "Les chiens peuvent sortir tous les jours, pourquoi ne pouvons-nous pas sortir chaque semaine? Sortir ne signifie pas nécessairement fuir, cela signifie la liberté. "

“Les chiens peuvent sortir tous les jours, pourquoi ne pouvons-nous pas sortir chaque semaine? Sortir ne signifie pas nécessairement fuir, cela signifie la liberté. “

"Le système du Kafala tue un travailleur domestique chaque semaine. "

“Le système du Kafala tue un travailleur domestique chaque semaine. “

Cuisiner et manger aux temps du siège, à Homs, en Syrie

vendredi 2 mai 2014 à 11:20

Ce post a été à l'origine publié sur le site Syria Untold.

Les ‘hamburgers de Homs', les ‘gâteaux du Siège', les ‘pizzas tenaces'…C'est ansi que les habitants de Homs en Syrie surnomment ce qu'ils mangent ces temps-ci, après 24 mois d'un siège qui les contraint à se nourrir de ce qu'ils trouvent. Depuis l'herbe qui pousse le long des routes jusqu'à des tortues, oiseaux et insectes. Les habitants d'Homs ont du pousser leur réputation de créativité et d'humour à un niveau inédit.  

Traditional Syrian manaqish, cooked in the besieged city of Homs. Source: Meals Under Siege facebook page

 Mannakish (pain) traditionnel syrien, cuisiné dans la ville assiégée de Homs. Source : Page Facebook Meals Under Siege (Repas sous siège)

 

Repas sous Siège 

En avril 2014, une page Facebook a été créée sous le nom de “Meals under the siege” (Repas sous le Siège). Elle est devenue un forum de discussions sur comment cuisiner et se nourrir, alors que le régime Assad tente de mater la rebellion en affamant la population. La farine, le riz, le blé, et tous les aliments de base que l'on trouve dans toutes les cuisines syriennes ont été saisis pour qu'ils ne parviennent pas aux millers d'habitants des zones assiégées.  Certains, s'attendant à un siège, avaient constitué des stocks, qui touchent aussi à leur fin. 

“Ils disent que la nécessité est la mère de l'invention” dit un habitant de la vieille ville de Homs. “Et bien, nous y sommes, nous essayons de préparer le mannakish avec ce que nous trouvons, comme ces graines que nous avons trouvées, mais on arrive pas à se mettre d'accord, est-ce que ce sont des épices, ou du henné ?”. “De toute façon, si vous ajoutez une pincée de sel…c'est mangeable !”, conclut-il.

Cette nécessité a aussi poussé les habitants sous siège à consommer n'importe quelle source de protéines. Ceci comprend des tortues, des oiseaux, des insectes, qui n'ont jamais fait partie de la cuisine syrienne. 

 

A stew made of figs and medlar. Source: Meals Under Siege facebook page

Une bouillie à base de figues et de nèfles.  Source: page Facebook Meals Under Siege

“Vous faites bouillir la chair de la tortue, puis vous ajoutez comme légumes des nèfles et des figues, ou alors, vous la préparez comme une soupe. En fait, la viande de tortue est très bonne, du moins dans les circonstances.”

L'expertise que les habitants d'Homs accumulent dans cet art de la cuisine de survie sous le siège s'est révélée utile pour les habitants d'autres zones de Syrie, qui se trouvent dans la même situation. Les repas sont photographiés, et les photos partagées sur Facebook, au quotidien, pour que d'autres puissent s'en inspirer et utiliser les maigres ressources à leur disposition.

Fidèles à leur célèbre sens de l'humour, les habitants d'Homs évoquent leur situation au travers de commentaires tels que “Je viens de cuisiner cet oiseau, mais il était si petit que je me demande si c'était un oiseau ou une épice', ou  “Un ami m'a dit que que sa vigne lui a parlé : elle lui a dit que ses feuilles ont peur de sortir, vu ce qui est arrivé à celles des voisins.”

Surmonter tous les obstacles 

Pour un observateur extérieur, la barrière psychologique à franchir pour arriver à manger ce que l'on aurait jamais imaginé devoir manger semble difficile à surmonter. Mais les Syriens qui vivent sous siège n'en sont plus là depuis longtemps. “Quand on a faim, il n'y a plus de barrière psychologique sur ce qui peut être mangé.”

La créativité et l'humour aident les assiégés à résister à la politique qui veut les affamer, mais même le peu d'aliments à disposition commencent à manquer. Quand on l'interroge sur ce point, notre informateur répond :

“Nous ne pouvons pas penser au-delà du jour présent. Ce qui arrivera demain, on l'ignore, mais nous avons remarqué que quand nous pensons qu'il n'y aura plus rien à manger, nous trouvons quelque chose d'autre qui peut être consommé. Nous espérons que Dieu continuera à pourvoir.” 

Meal made of grasshoppers. Source: Meals Under Siege facebook page

Repas à base de sauterelles. Source: page Facebook Meals Under Siege

 

Et effectivement, la page Facebook où sont postées les idées de repas permet de lire des commentaires qui tendraient à prouver qu’ “un être humain peut être heureux même dans les pires circonstances. Ce qui importe est d'être en paix avec lui-même et avec Dieu.”  

Depuis les premières manifestations, quand des centaines de personnes sont descendues dans la rue, en mars 2011, jusqu'à aujourd'hui, les habitants de la ville d'Homs continuent à donner un sens aux mots dignité, résistance, créativité face à l'adversité. 

Ce post a été à l'origine publié sur le site Syria Untold.

Faut-il un Poutine au Kirghizistan ?

jeudi 1 mai 2014 à 22:39
Kalnur Ormushev, political analyst.

Le politologue Kalnur Ormushev. Source photo : vb.kg

Le président du Kirghizistan, Almaz Atambayev, dit que ses concitoyens “aiment” Vladimir Poutine, une montagne de cette république d'Asie Centrale porte le nom du président russe, et le poète-lauréat national a proclamé [russe] la semaine dernière qu'il était grand temps que l'homme fort du Kremlin ait sa rue dans la capitale kirghize Bichkek. 

Mais quand on en vient aux gouvernants, “le Kirghizistan n'a pas besoin d'un Poutine” a conclu [en russe] le politologue Kalnur Ormushev dans un entretien au journal en russe Vecherniy Bishkek. Selon M. Ormushev, un pays doté d'un système de multipartsme faible comme le Kirghizistan nécessite un dirigeant ‘proche des gens’, à l'opposé du modèle ‘tsar et Dieu’ pratiqué en Russie. L'entretien avec M. Ormushev figure parmi les articles les plus lus et discutés de vb.kg, la principale plate-forme d'actualités en ligne du Kirghizistan, et a attiré autant d'approbations que de rejets.

En vingt-deux ans d'indépendance, le Kirghizistan a connu deux révolutions majeures, plusieurs tentatives de coup d'Etat, ainsi qu'un conflit ethnique [anglais] dans le sud de la république. Le renversement violent de l'apprenti-dictateur Kurmanbek Bakiyev par la seconde révolution de 2010 a amené des modifications constitutionnelles substantielles limitant les pouvoirs présidentiels, bien que certains estiment que la mutation s'est faite au détriment de l'ordre : les manifestations politiques, réprimées ou sévèrement contrôlées chez les voisins d'Asie Centrale du Kirghizistan ou en Russie, sont un trait récurrent de la vie politique dans la république. Il arrive qu'elles dérapent [anglais]. Nul doute qu'avec seulement une passation de pouvoir présidentiel sur trois effectuée dans le calme, le chef de l'Etat kirghize est un personnage vulnérable comparé à son homologue russe, dit [russe] M. Ormushev :

Между Путиным и массой российской бюрократии, в том числе и федерального уровня, не говоря уже о народе, стоит в прямом и переносном смыслах “бронированный” слой ближайшего президентского окружения…А президент Кыргызстана близок – просто физически близок – не только к бюрократии, но и к простым гражданам. Он воспринимается, как человек, который рядом, до которого рукой подать. Никому не придет в голову в Москве штурмовать кремлевские стены. А попытки “взятия” “Белого дома” в Бишкеке стали уже традицией.

Il existe entre Poutine et la masse de la bureaucratie russe, y compris au niveau fédéral, sans parler de la population, une “cuirasse”, au sens propre et figuré, d'entourage présidentiel rapproché. […] Tandis que le président de Kirghizistan est proche – physiquement proche – pas seulement de la bureaucratie, mais aussi des simples citoyens. Il est perçu comme un homme qui est là, à portée de main. Il ne vient à l'idée de personne à Moscou de donner l'assaut aux murs du Kremlin. Les tentatives de “prendre” la “Maison Blanche” à Bichkek, sont, elles, déjà devenues une tradition.

Une “tradition” qui a amené quelques-uns à réclamer un arbitre à la Poutine, voire une figure plus totalitaire comme Islam Karimov en Ouzbékistan, pour imposer l'ordre dans cette démocratie novice. Mais Ormushev y voit une impossibilité, à cause de l'élite plus ouvertement concurrentielle au Kirghizistan :

Возвышение Путина, каким бы высоким оно ни было, никого из российских политиков лично не задевает, любое чрезмерное (и даже умеренное) возвышение любого кыргызского политика делает его предметом обсуждения, пересудов, зависти и в конце концов непримиримым врагом для большинства участников политической жизни. Подражать Путину (то есть быть над всеми) – значит, в условиях Кыргызстана обрекать себя на неизбежное политическое поражение.

L'ascension de Poutine, aussi haut qu'elle aille, ne nuit personnellement à aucun politicien russe alors que l'ascension excessive (et même modérée) de n'importe quel politicien kirghize fait de lui un objet de discussion, d'envie et finalement, un ennemi irréconciliable de la majorité des participants à la vie politique. Imiter Poutine (autrement dit, être au-dessus de tous) c'est être voué au Kirghizistan à une inéluctable défaite politique.

La “démocratie de la rue” au Kirghizistan s'apparente donc à une partie dont les joueurs peuvent remporter temporairement des victoires “tactiques” sur leurs adversaires sans jamais arriver à assurer une “verticale du pouvoir” telle que Poutine l'a réalisée en Russie, ajoute Ormushev .

Russian president Vladimir Putiin and Kyrgyz counterpart Almaz Atambayev take a walk in the wild (kloop.kg)

Le président russe Vladimir Poutiine et son homologue kirghize Almaz Atambayev se promènent dans la nature (kloop.kg)

Dans ce pays ex-soviétique où les télévisions russes sont regardées par une grande partie de la population, surtout en période de fortes tensions internationales comme en ce moment en Ukraine, Poutine reste un sujet populaire. Les analyses de M. Ormushev ont donc été très commentées. PR a écrit [russe] :

Все правильно говорит, Путнин не панацея. У нас в КР уже формируется иммунитет на всяких там избранных свыше ханов или царей. Мы как кость в горле у ближайщих соседей, которые упорно придерживаются авторитаризму

Tout ce qu'il dit est juste, Poutine n'est pas la panacée. Au Kirghizistan nous nous sommes déjà immunisés contre tous ces tsars et khans choisis d'en-haut. Nous sommes une arête dans la gorge pour nos voisins les plus proches qui s'accrochent obstinément à l'autoritarisme.

Tandis que Konsul [Консул] concluait [russe] qu'une nouvelle sorte de dirigeant était certes nécessaire, mais que ce chef devrait plutôt ressembler au légendaire héros kirghize Manas que de copier Poutine :

(1) “Уличная демократия” – является лишь индикатором вопиющего кризиса власти.

(2) Основная проблема нынешних партий не в том, что “они “зациклены на своих лидерах”, а в том ,что они некомпетентны в вопросах политики и экономики. Партия это сплочённая группа людей объединённых общей идеей, у которой имеется конкретный план действий во имя всеобщего блага и процветания. То, что мы сегодня наблюдаем – это мышиная возня всякого рода посредственностей в кулуарах власти с целью личной наживы.

(3) Политический лидер не должен быть дешёвым популистом и панибратом, как этого хотел бы уважаемый политолог. В первую очередь лидер должен пользоваться авторитетом во всех слоях общества и должен уметь сплотить и повести за собой. Быть лидером, это талант.

(4) Путин хорош на своём месте. Даже у своих ненавистников на западе он пользуется уважением. Кыргызы должны найти своего нового Манаса — мудрого, смелого, благородного, милосердного и самобытного. Почему он должен быть похож на кого-то в своей политике?

(1) La “démocratie de rue” n'est qu'un indicateur de la crise béante du pouvoir.

(2) Le problème de base des partis d'aujourd'hui n'est pas leur ‘obsession du chef’, mais leur incompétence en matière économique et politique. Un parti, c'est un groupe soudé de gens unis par des idées communes, qui possèdent un plan concret d'action au nom d'idéaux et de prospérité universels. Ce que nous observons aujourd'hui est un remue-ménage de toutes sortes de médiocrités dans les allées du pouvoir à la recherche de profits personnels.

(3) Le leader politique ne doit pas être un populiste et familier à bon marché, comme le voudrait l'honorable politologue. En premier lieu, un leader doit être respecté à tous les niveaux de la société et doit savoir rassembler et commander. Etre un leader est un talent.

(4) Poutine est bon là où il est. Il est respecté, même par ceux qui le haïssent en Occident. Les Kirghizes doivent trouver leur nouveau Manas – sage, brave, généreux et original. Pourquoi doit-il être semblable à quiconque dans sa politique ?

Frunze quant à lui a résumé [russe] la question politique kirghize avec le vocabulaire de l'activité dominante du pays, l'élevage :

Стадо баранов во главе козла,без надзора пастуха. Такие вот реалии.

Un troupeau de moutons menant un bouc, sans surveillance du berger. Voilà la réalité.

D'autres lecteurs de VB.kg ont traité l'interview de “бла-бла-бла”, et l'un d'eux a déploré [russe] le nombre croissant de Kirghizes employés comme “politologues” :

Каждый мнит себя политологом. Рассуждать о политике за пиалой бозо и быть политологом это не одно и то же.

Chacun se croit politologue. Raisonner sur la politique derrière un bol de bozo [lait fermenté kirghize] et être politologue ça fait deux.

Au delà du stress de l'analyste, le thème le plus partagé dans les débats sur l'article était probablement le fait que s'agissant de politique, le Kirghizistan restera toujours le Kirghizistan [russe] :

Мы смотрим зомбоящик и знаем тамошних политиков лучше чем наших. Надо сконцентрировать внимание политиков и народа на нашей Стране. Нужно учитывать то что мы это не они, у нас свой минталитет…Нужна Национальная идея которая сплотит народ и подтолкнет к прогрессу и желанию работать а не митинговать. Короче  сами знаете а то еще процитируете типо бла-бла-бла.)))))

Nous regardons la boîte à zombies [la télévision d'Etat russe, en argot courant] et connaissons les politiciens de là-bas mieux que les nôtres. Il faut concentrer l'attention des politiciens et du peuple sur notre pays. Il faut considérer que nous ne sommes pas eux, nous avons notre mentalité… Il faut une idée nationale qui rassemble le peuple et pousse au progrès et un désir de travailler au lieu de manifester. En bref vous le savez mais vous citerez quand même ce genre de bla-bla-bla.)))))