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Le droit à l'oubli, un moyen pour des régimes répressifs d'étendre la censure d'Internet ?

mardi 14 octobre 2014 à 20:14

La version originale de cet article est parue sur le blog d'IGMENA. Les liens renvoient à des pages en anglais.

Le “droit à l'oubli” de l'Union Européenne a semé chez les défenseurs des droits du monde arabe la crainte que les gouvernements ne l'exploitent pour entraver davantage la liberté d'information et d'expression sur l'Internet.

Ben Ali meets with George W. Bush in Washington, DC, 2004. Photo by Paul Morse, released to public domain.

Rencontre Ben Ali – George W. Bush à Washington en 2004. Photo Paul Morse, domaine public.

L'arrêt de la Cour européenne de justice autorise les citoyens de l'UE à demander aux moteurs de recherche de désindexer les liens à leurs informations personnelles qu'ils estimeraient “inexactes, inappropriées, non pertinentes ou excessives” de façon à ce qu'ils n'apparaissent pas dans les résultats de recherches. La Cour a précisé que le droit à l'oubli “n'est pas absolu” et qu'une évaluation au cas par cas est nécessaire pour vérifier que le droit d'un individu à l'oubli n'empiète pas sur le droit du public à savoir. 

Google indique avoir reçu depuis le jugement plus de 135.000 demandes de retrait de liens de ses résultats de recherche. En août, le premier moteur de recherche mondial a annoncé avoir accepté un peu plus de la moitié des requêtes reçues. Y figuraient des liens vers du travail journalistique régulier et des articles publiés par la BBC, le Guardian et le Daily Mail, dont certains ont été rétablis suite aux objections de journalistes. Google publie périodiquement des éléments sélectifs sur la procédure, que l'on peut trouver ici.

Un tel dispositif pourrait-il être adopté dans les pays arabes ?
Même si son application se limite actuellement à l'Europe, le jugement sur le “droit à l'oubli” pourrait faire des émules chez les régimes répressifs tentés de développer leurs pratiques de filtrage d'Internet. “Il sera utilisé par d'autres gouvernements moins avancés et progressistes que l'Europe pour mal agir,” avertissait fin mai Larry Page, le PDG de Google.

Interrogée par courriel, la défenseure tunisienne de la liberté du net et de la protection de la vie privée Dhouha Ben Youssef s'est dite d'accord avec M. Page.

“Ces gouvernements vont tirer parti de cette directive. Les puissants seront en mesure de dissimuler leurs mauvaises actions pour protéger leur e-réputation. Par exemple, les hommes politiques pourront demander le retrait d'articles qui critiquent leur gestion et leurs abus de pouvoir”, a expliqué Mme Ben Youssef. “Cela affectera lourdement le journalisme d'investigation naissant dans la région”.

Rien n'empêchera les gouvernements arabes de mettre en place leur propre version du “droit à l'oubli”, s'ils le veulent. Il leur suffit de rédiger une loi répressive de plus ou simplement d'ordonner aux FAI de bloquer les contenus enfreignant le principe controversé.

Les pouvoirs de la région déploient déjà un arsenal de lois anti-diffamation rigoureuses et de protection étendue de la vie privée sans aucune supervision juridique ni mécanismes d'appel. Ces dispositifs refusent systématiquement aux usagers l'accès à l'information et servent à poursuivre ceux qui dévoilent les fautes et méfaits de fonctionnaires et autres personnages puissants. Au printemps dernier, le site Social Media Exchange a mené une étude approfondie des lois de ce type, un travail qui peut servir de feuille de route au plaidoyer pour empêcher les législations d'aller dans cette direction.

Le décret des Emirats Arabes Unis sur le cybercrime pave la voie
En 2012, les Emirats Arabes Unis [EAU] ont adopté l’Ordonnance fédérale N° 5/2012 sur la lutte contre la cybercriminalité, officiellement pour “garantir la protection juridique de la vie privée pour toute information publiée en ligne”.

En réalité, comme tant d'autres lois répressives approuvées par les régimes arabes au cours des années, ce texte n'est qu'un instrument de plus pour légitimer la répression de l'expression en ligne et de la dissidence politique.

L'ordonnance comporte une liste exhaustive d'activités illégales, toutes criminalisées sous couvert de protection de la vie privée. Sont mises hors la loi :

…l'utilisation d'un réseau électronique ou de tous moyens de technologies de l'information pour la violation sans mandat de la vie privée d'autrui par écoutes, interception, enregistrement ou divulgation de conversations, communications, matériau audio et vidéo ; la prise de photographies d'autrui, la création de photos électroniques d'autrui, leur divulgation, copie ou conservation ; la publication d'informations, de photographies électroniques ou de photos, de lieux, commentaires, données et informations même authentiques.

Le droit à l'oubli et l'ordonnancce des EAU N° 5/2012 ont un dangereux point commun : tous deux limitent la dissémination de contenu authentique à fins de protection de la vie privée d'autrui. Dans le monde arabe, l'objectif semble être de dissimuler les mauvaises gestions des hommes politiques et agents publics. Alors que dans l'UE le droit à l'oubli vise a priori la protection des particuliers, que d'anciennes personnalités politiques de l'UE soient admises à exercer ce droit ne laisse pas de troubler. 

Il ne faudrait pas que l'Internet et le monde oublient les agissements scandaleux et la corruption de politiciens qui ont quitté leurs fonctions. Nous avons tous vu comment le pouvoir démange les responsables publics sitôt leur mandat terminé. L'ex-président français Nicolas Sarkozy vient d'annoncer son retour en politique malgré les allégations de corruption contre lui. En Tunisie, où je travaille comme journaliste indépendante, les responsables publics qui ont servi sous le règne autocratique et corrompu du président déchu Zine el-Abidine Ben Ali reviennent sur la scène politique et se présentent aux élections présidentielle et législatives. 

On pourrait arguer que le filtrage d'Internet est déjà répandu dans la région et que la décision sur le droit à l'oubli dans l'UE ne va ni améliorer ni empirer la situation. Ce n'est pas faux, mais l'ampleur des pratiques de filtrage de l'Internet varient d'un pays à l'autre : très étendu pour les uns, minimal dans d'autres.

En Tunisie par exemple, l'Internet est resté ouvert et relativement non censuré depuis la chute de Ben Ali. Un certain nombre de responsables publics n'en plaident pas moins pour le rétablissement de pratiques de filtrage afin de combattre “la diffamation” et “le terrorisme”. Pourquoi n'appelleraient-ils pas bientôt à filtrer l'Internet pour protéger le droit à ce qu'on les oublie eux, en invoquant la sauvegarde de ce droit par la “démocratique” Europe elle-même. 

Les dictateurs ont beaucoup à apprendre des pratiques anti-démocratiques des “démocraties occidentales”
“Si Reporters Sans Frontières nous donne la loi cybernétique appliquée par la France, on s’engagera à faire mieux”, c'est ce qu'avait répondu l'ancien ministre des TIC Mongi Marzouk, aux critiques de RSF contre la création par le gouvernement tunisien de la controversée Agence Technique des Télécommunications, chargée d'enquêter sur la “cybercriminalité”.

“Cette loi a pris comme repère la convention de Budapest [sur la cyber criminalité],” avait déclaré M. Marzouk pour défendre le décret créant l'agence. Si la convention de Budapest a marqué un important pas en avant dans la construction de normes juridiques internationales sur la cybercriminalité, elle est loin d'être parfaite — de nombreux défenseurs des droits estiment que la Convention offre une protection insuffisante contre les usages malveillants de certaines technologies.

Les gouvernements arabes n'hésitent pas à clamer que leurs practiques ou lois égalent en démocratie celles de l'Europe, même quand ce n'est pas le cas. Ils s'instruisent aussi avec les pratiques anti-démocratiques des “démocraties occidentales”. Tout comme les pratiques d'espionnage de masse de la NSA, le droit à l'oubli peut consolider les dictatures

Les législateurs de l'UE doivent garder à l'esprit que chaque réglementation qu'ils élaborent peut aussi bien inspirer les réformateurs démocrates dans les pays qui le sont moins qu'inciter les dictateurs à “commettre de mauvaises actions”. Le choix leur appartient.

Amérique latine : nous nous discriminons les uns les autres

mardi 14 octobre 2014 à 18:13
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Vue de Bogota depuis  Bolivar, un de ses quartiers les plus pauvres. Photo de Wolfgang Sterneck sur Flickr. Utilisation sous licence Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike 2.0 Generic (CC BY-NC-SA 2.0).

Dans un article récent, un correspondant de la BBC à Bogota raconte son expérience relative aux strates socio-économiques utilisées par le gouvernement colombien pour différencier les foyers qui bénéficient des services publics, mais servant aussi d’indicateurs de référence sur la manière dont les Colombiens se voient entre eux et, avouons-le, se discriminent.

Ces strates vont de 1 à 6, le niveau 1 étant utilisé pour désigner la classe socio-économique la plus basse et le niveau 6 étant utilisé pour désigner la plus haute. L’imaginaire colombien utilise des termes tels que «Niveau 0» ou «Couche 10» pour désigner les secteurs les plus extrêmes au sein d’une société considérée comme l’une des plus inégalitaires de la région et du monde.

“Le pouvoir ségrégateur induit par les strates socio-économiques marque l'identité des Colombiens à tel point que lorsque l’on recherche un partenaire, la classe sociale est précisée (dans les annonces dédiées aux rencontres) aux côtés des indications de sexe, de taille ou d'âge”, rapporte Consuelo Uribe, sociologue, interrogée à ce sujet dans un article de la BBC. Celle-ci note également que “l'une des conséquences matérielles de ce système de stratification se traduit à travers l’importante ségrégation socio-spatiale dans les villes, laquelle rend de plus en plus difficile la rencontre de différentes classes sociales au sein d’un même lieu”.

Il existe des différences sociales dans tous les pays mais en Colombie, elles vous collent à la peau jusqu'au niveau des factures.

Le débat sur cette stratification, qui date des années 90, est ancré depuis un certain temps au sein de l'intelligentsia colombienne. Par exemple en 2013, Oskar Nupia, qui blogue pour le média d’investigation La Silla Vacía, se déclarait en faveur de sa suppression sans préciser toutefois que sa substitution par un autre système serait coûteuse. Il commentait en outrre les recours à cette pratique, décrits comme abusifs :

Los estratos socioeconómicos crean mayor segregación social. Hay evidencia al respecto para algunas ciudades (ver aquí). Lo inentendible es que muchos gobernantes locales y nacionales tienen como bandera política la eliminación de la segregación social pero usan intensivamente el estrato socioeconómico para focalizar subsidios y crear polarización política.

Les strates socio-économiques créent une ségrégation sociale. Il en existe des preuves dans certaines villes (voir ici). La chose la plus incompréhensible reste le fait que beaucoup de gouvernements locaux et nationaux se réclament politiquement de l’élimination de la ségrégation sociale, bien qu’ils utilisent les strates socio-économiques pour cumuler les subsides et créer une polarisation politique.

Cependant, il ne faut pas croire que la société colombienne est la seule en Amérique latine à suivre cette tendance à la discrimination, laquelle se base sur un certain nombre de raisons. Au Mexique, une enquête réalisée par le Conseil national de prévention contre la discrimination (Conapred) note que “les causes les plus fréquentes de discrimination sont la pauvreté, la couleur de peau, l'orientation sexuelle, l'éducation et la situation économique.” À cet égard, le site Animal Politico [Animal politique] a observé que :

En un país con múltiples orígenes étnicos y una mezcla entre ellos, resulta impresionante el nivel de racismo que puede llegar a darse entre connacionales. La población más vulnerable a sufrir discriminación en México son los indígenas, los homosexuales y las personas con alguna discapacidad física o intelectual. ¿Qué se necesita para sobreponerse a este síntoma presente en la sociedad en pleno siglo XXI?

Dans un pays où les origines ethniques sont multiples et se mélangent entre elles, le degré de racisme constaté entre compatriotes est impressionnant. Les groupes les plus touchés par la discrimination au Mexique sont les populations indigènes, les homosexuels et les personnes ayant un handicap physique ou intellectuel. Que faire pour surmonter ce problème qui sévit encore dans la société en plein XXIe siècle?

Ce besoin éprouvé par certains de discriminer l'autre, et le fait que celui qui discrimine est ou se sent supérieur aux autres, se manifestent de manière évidente dans la société mexicaine à travers l’utilisation de termes comme “mirrey” utilisé pour désigner ceux qui vivent au-dessus de leurs moyens. On différencie les “nacos”, personnes pauvres, des “riquillos” ou “fresas”, personnes riches.

Au Pérou, pays multiculturel et multiethnique, mais détenant une longue histoire de racisme et de discrimination, la situation est semblable, avec pour circonstance aggravante le fait que, parfois, ces attitudes sont acceptées et même propagées par les médias. Récemment, le site satirique El Panfleto a consacré un article à l’habitude prise par les médias de dénommer “vecino” les habitants des quartiers riches, et “pobladores” les habitants de quartiers défavorisés. L'article regroupe dix “astuces” à l’intention des nouveaux journalistes afin qu’ils sachent comment procéder selon différents cas de figure. En voici quelques-extraits :

1. Si es de Huancavelica y protesta (y no es ingeniero de alguna mina): POBLADOR.
2. Si es de La Molina y protesta por un estudiante universitario (y no es empleada del hogar): VECINA.
10. Y para terminar, una regla de oro. Nunca, PERO NUNCA, le digas vecina a alguien que protesta contra la minería… peor si es serrana: POBLADORA.

1 S’il [ndlr : le sujet du reportage journalistique] est d’Huancavelica et qu’il proteste (et qu’il n’est pas ingénieur dans les mines): il s’agit d’un POBLADOR [ndlr : habitant d’un quartier défavorisé].

2 S’il est de La Molina et qu’il proteste en faveur d’un étudiant (et n’est pas employé dans la ville) : il s'agit d'un VECINA [ndlr : habitant d’un quartier riche].

10 Et enfin, une règle d'or. Jamais, au grand jamais, vous ne devez identifier quelqu’un qui proteste contre l'exploitation minière comme étant un vecina… pire encore si celui-ci vient des régions montagneuses : il s’agit d’un POBLADORA.

Il est à noter qu’Huancavelica est l'une des régions minières les plus riches du pays, mais aussi l'un des endroits où les infrastructures sont les plus pauvres et en moins grand nombre. Dans le cas de La Molina, il s’agit d’un quartier de Lima où la plupart des résidents sont des familles de la classe moyenne ou supérieure.

Par ailleurs, l'Argentine, pays plus ethniquement homogène, ne rencontre pas moins de problèmes de discrimination. Micaela Urdinez, qui tient le blog, “El vaso medio lleno” ["Le verre à moitié plein"] dans le journal La Nacion de Buenos Aires, écrivait en Octobre 2013, dans le cadre de la campagne d'une fondation appelée « Encontrarse en la diversidad » [ «Se réunir dans la diversité»] :

¿Cuántas veces hemos escuchado palabras como “negro”, “puto”, “minita”, “trola”, “bolita”, “mogólico” sin pensar en sus consecuencias? Por eso rescato el mensaje de esta campaña que señala que “La manera de no equivocarnos es preguntar a cada persona cómo quiere ser llamada”.

Combien de fois avons-nous entendu des mots comme « negro » [ndlr : «nègre»], «puto» [ndlr : « pute »], «minita » [ndlr : prostituée], « trola »[ndlr : prostituée], “bolita” [ndlr : terme d'argot désignant péjorativement les personnes d’origine bolivienne], « mogólico » [ndlr : mongol] sans penser aux conséquences? J'ai donc rappelé le message de cette campagne qui indique que «le moyen de ne pas commettre d’impairs consiste à demander à chaque personne comment elle souhaiterait qu’on la désigne ».

Dans une autre publication, l’on peut constater le poids des préjugés et trouver quelques données sur la discrimination en Argentine :

De acuerdo con el Mapa Nacional de la Discriminación presentado por el Inadi a fines de 2013, los principales motivos de discriminación padecida en nuestro país tienen que ver con el nivel socioeconómico, con la condición de ser migrante, con el color de piel y con el aspecto físico. El estudio también señala que la mayor parte de las conductas discriminatorias no se da en situaciones de crisis, sino en la normalidad de los ámbitos educativos, los laborales y la vía pública.

Selon la carte nationale des discriminations présentée par l'INADI à la fin de l'année 2013, les principales raisons des discriminations subies dans notre pays sont liées au statut socio-économique, à la condition immigrée, à la couleur de la peau et à l’apparence. L'étude note également que la plupart des comportements discriminatoires ne se produit pas dans les situations de crise, mais dans le cadre quotidien de l’école, du travail ainsi que sur la voie publique.

Certes, si l'on observe la situation dans les autres pays de la région, l'on trouve d’autres pratiques de discrimination. Catalina Restrepo, travailleuse sociale, auteur pour Global Voices, tente d'expliquer cette attitude du point de vue de la Colombie:

(Esto) tiene sus bases en aspectos contextuales, especialmente culturales, en los que por años uno ha escuchado a las generaciones mayores decir: “mijo, consiga plata. Y si no consigue, consiga”. En Colombia el dinero más que éxito representa poder y se tiene que ser colombiano para comprender lo que tener el poder representa en nuestra cultura. Por más que genere llaga, el conflicto interno armado y el narcotráfico han dejado instalada una idea del dinero fácil y de “soy más entre más tengo”. Puedo ejercer más control si mi familia “es de nombre o no”. No en vano en muchas de nuestras ciudades se pueden ver escenas (diciéndolos sin sesgo discriminatorio alguno) que parecieran el lugar más pobre de un desierto de África, y otras el lugar europeo más ostentoso. Y no en vano, hay un gran número de adolescentes queriendo ser el chico con la moto más lujosa de la cuadra o la chica de la que digan, tiene el mejor cuerpo.

(Ce phénomène) est enraciné dans son contexte, en particulier au niveau culturel, au travers du discours tenus par les anciennes générations pendant des années, “mon fils, il te faut obtenir de l'argent. Et si tu n’en as pas, il te faut l’obtenir “. En Colombie, l'argent, plus que le succès est synonyme de pouvoir et il faut être colombien pour comprendre l’importance du pouvoir dans notre culture. En plus de générer davantage de douleur, le conflit armé interne et le trafic de drogue ont installé la culture de l'argent facile, «je suis donc j’ai de l’argent ». Je peux exercer plus de pouvoir selon que ma famille possède un nom ou pas.” Il n'est pas surprenant de voir dans beaucoup de nos villes des scènes de vie (entendu sans biais discriminants) ressemblant à des endroits plus pauvres encore que certaines zones désertiques d’Afrique et d'autres ressemblant à un cadre européen très ostentatoire. C’est sans surprise que l’on trouve un grand nombre de jeunes qui souhaitent être celui qui possède le vélo le plus cher du quartier ou bien être la fille qui a le plus beau corps.

Catalina Restrepo, Indira Cornelio y Cecilia Cárdenas ont participé à la documentation et à la rédaction de ce post 
Ce post a d'abord été publié sur le blog personnel de l'auteur, Globalizado.

La ‘révolution des parapluies’ de Hong Kong en une formule mathématique

lundi 13 octobre 2014 à 12:27
A high school test paper on the background of Hong Kong umbrella revolution. via Facebook OCLP's page

Devoir d'un lycéen de Hong Kong, sur fond de Révolution des parapluies via la page Facebook OCLP

Le devoir d'un lycéen, photographié ci-dessus, est devenu viral sur les médias sociaux de Hong Kong ces derniers jours. La question du professeur était : quels sont les facteurs qui ont provoqué la Revolution des parapluies le 28 septembre dernier ?

Le lycéen a répondu par une formule mathématique :: 64+71+101+689+3=928.

Le professeur lui a infligé un zéro et lui a demandé de corriger. Le lycéen a décodé sa formule :

64 = la répression du 4 juin 1989 à Pékin (ndlr : les dates sont ici données à l'anglo-saxone, avec d'abord de mois, puis le jour). Depuis, les gens de Hong Kong tiennent une veillée aux bougies chaque année pour demander que le 4 juin soit vengé. 
71 = le 1 juillet 1997, Hong Kong, ancienne colonie britannique, a été rendue à Pékin. Depuis, chaque année, des groupes politiques pro-Pékin célèbre la réunification le matin de ce jour, tandis que les groupes pro-démocratie se rassemblent pour demander des réformes démocratiques.
101 = le 1er octobre est la fête nationale chinoise. 
689 =  le total des votes que le chef actuel de l'exécutif de Hong Kong, Leung Chun Ying, a obtenu devant le comité électoral, composé de 1200 membres.
3 = “le trio de la réform”, surnom des trois membres du gouvernement responsables de la consultation sur la réforme politique. Les trois personnes sont la Première secrétaire, Carrie Lam, le Secrétaire à la Justice, Rimsky Yuen et le Secrétaire aux questions constitutionnelles et aux affaires du continent, Raymond Tam.

La somme en est 928, soit le 28 septembre, le jour où la police a tiré des gaz lacrymogènes sur des manifestants pacifiques, qui ont résisté avec leur parapluie.

GV Face: Alaa Abd El Fattah et Maryam Al Khawajah parlent des grèves de la faim, des prisons et de militantisme en Egypte et à Bahrain

dimanche 12 octobre 2014 à 18:22

Jusqu'à il y a quelques semaines, Maryam Al Khawajah et Alaa Abd El Fattah étaient en grève de la faim et en prison. Des hashtags réclamant leur libération de prison à Bahreïn et l'Egypte ont connu le buzz sur Twitter.

Ces militants de premier plan nous ont rejoint pour ce numéro de GV Face, depuis chez eux, libres, mais leur combat est loin d'être terminé.
 
Maryam est actuellement à Copenhague, dans l'impossibilité de voir son père, un militant de Bahreïn qui a été derrière les barreaux et en grève de la faim à deux reprises depuis 2011.
 
En Egypte, Alaa a été libéré sous caution peu de temps après, juste après avoir terminé ses 40 jours de grève de la faim en prison il y a quelques semaines. Il est actuellement en attente d'un nouveau procès et soumis à une interdiction de voyager. Sa sœur cadette, âgée de 20 ans, est à son 47e jour de grève de la faim derrière les barreaux.
 
Des centaines de prisonniers politiques sont actuellement en grève de la faim en Egypte et Bahreïn.
 
Maryam et Alaa en tweetant leur combat jour par jour au cours des trois dernières années, depuis le “printemps arabe”, ont capté l'attention de centaines de milliers d'utilisateurs de Twitter à travers le monde. Alaa a plus de 636 000 abonnés et Maryam en a près de 101000 sur le site de micro-blogging.
 
En Egypte, des grévistes de la faim sont en prison depuis que des manifestations contre le régime ont éclaté le 25 janvier 2011. A Bahreïn, qui a connu des manifestations anti-régime depuis le 14 février 2011, plus de 600 prisonniers politiques ont entamé une grève de la faim pour protester contre la torture pratiquée dans les prisons.
 
Dans cette interview, nous parlons avec Alaa et Maryam à propos de leur militantisme, des combats qu'ils mènent à Bahreïn et en Egypte ainsi que de l'espoir qui les anime sur l'avenir de leur pays.
 
Alaa a été emprisonné ou subi des enquêtes sous chaque chef de l'État égyptien en poste au cours de sa vie. En 2006, il a été arrêté pour avoir participé à une manifestation pacifique. En 2011, il a passé deux mois en prison, manquant la naissance de son premier enfant. En 2013, il a été arrêté et détenu pendant 115 jours sans procès. Et maintenant il risque 15 ans de prison.
 
Maryam  a été arrêtée à l'aéroport à la fin du mois d'août, alors qu'elle tentait d'entrer à Bahreïn pour rencontrer son père, un éminent militant des droits de l'homme qui est derrière les barreaux depuis avril 2011 Son père était à son 27e jour de grève de la faim. Plus de 600 prisonniers politiques ont entamé une grève de la faim à Bahreïn pour protester contre la torture qu'ils ont subie en prison, depuis le 14 février 2011, lorsque les manifestations contre le régime ont commencé. Après l'arrestation de Maryam à l'aéroport, elle a été accusée d'avoir frappé un policier. Maryam nie ces accusations. En détention, elle a commencé une grève de la faim. Elle a été libérée de prison le 19 septembre et a depuis quitté le pays. Son père est toujours en prison. Maryam est co-directrice du Centre pour les droits de l'homme des pays du Golfe.

Netizen Report : La croisade de Rafael Correa contre les médias critiques

dimanche 12 octobre 2014 à 17:52
Rafael Correa at a 2013 parade in Guayaquil, Ecuador. Photo by Cancilleria Ecuador via Flickr (CC BY-SA 2.0)

Rafael Correa en 2013 à une parade à Guayaquil, Équateur. Photo de Cancilleria Ecuador via Flickr (CC BY-SA 2.0)

Mahsa Alimardani, Juan Arellano, Ellery Roberts Biddle, Lisa Ferguson, Bojan Perkov, Sonia Roubini et Sarah Myers West ont collaboré à l’élaboration de ce rapport.

[Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en anglais.]

Le Netizen Report de Global Voices Advocacy présente un résumé des défis à relever, des victoires et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde. L’édition de cette semaine s’intéresse tout d’abord à l’Équateur où une vidéo intitulée Lo que Correa no quiere que veas! [« Ce que Correa ne veut pas que vous voyiez », en se référant au président Rafael Correa] a été supprimée de YouTube le 29 septembre. La vidéo présente des extraits d’un discours dans lequel le président évoque les forces de l’ordre sur des images de violences policières contre des participants à une manifestation [ES] organisée à Quito, la capitale, le 18 septembre. YouTube a retiré la vidéo à la demande du bureau du secrétaire d’État à la communication qui dénonçait une violation du droit d’auteur. Également supprimée de Facebook, la vidéo a été remise en ligne sur YouTube le 2 octobre.

L’incident met en lumière une autre facette des politiques et des pratiques toujours plus restrictives du gouvernement équatorien dans l’ensemble du secteur médiatique. Rafael Correa, récemment décrit par le Comité pour la protection des journalistes comme le « critique en chef des médias », a promulgué des lois relatives à la communication de grande portée aux conséquences désastreuses à tous les niveaux pour les médias et leurs collaborateurs. Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle règlementation en 2013, de nombreux médias traditionnels et en ligne ont dû fermer. Dans une affaire très médiatisée, le dessinateur Xavier Bonilla avait reçu l’ordre de supprimer une vignette où apparaissaient des membres du gouvernement et de la redessiner sous un angle plus flatteur.

Frank La Rue, rapporteur spécial des Nations Unies pour la liberté d’expression, a décrit la loi comme « visant clairement à limiter la liberté des journalistes de publier des informations sur des événements d’actualité, des politiques publiques ou des membres du gouvernement ».

Des hackers pro-Pékin attaquent des sites d’informations indépendants
Des médias indépendants et des sites d’organisation citoyenne de Hong Kong, tels que Passion Times, Post852, HKDash et inmediahk.net ont fait face à des cyberattaques massives qui les ont mis hors ligne pour des périodes variables au cours des dix derniers jours. Des craintes d’une panne totale du réseau existent encore, bien qu’il semble que ce ne soit que des rumeurs pour le moment.

En réponse au battage médiatique concernant FireChat, une application prenant Bluetooth en charge qui permet aux utilisateurs de communiquer dans des salons de discussions publics, Global Voices a travaillé avec des experts de inmediahk.net, de Citizen Lab et du Tibet Action Institute pour souligner les failles de sécurité de l’application et élaboré une liste de conseils afin que les utilisateurs puissent mieux sécuriser leurs communications lors des manifestations.

Un logiciel espion prétenduement destiné à « la coordination d’Occupy Central » circule à Hong Kong parmi les manifestants qui utilisent l’application de messagerie WhatsApp. Lorsqu’un lien introduit dans un message WhatsApp est activé, l’application révèle la géolocalisation de l’utilisateur, son carnet d’adresses et ses courriers électroniques, entre autres.

Nouvelle arrestation d’un défenseur des droits de l’homme au Bahreïn
Nabeel Rajab, leader en matière de défense des droits de l’homme au Bahreïn, a été arrêté pour « insultes à une institution publique » après avoir envoyé un tweet insinuant que l’appareil sécuritaire du Bahreïn servait d’« incubateur » pour des combattants du Daech (EI).

Deux nombreux Bahreïniens qui ont rejoint les terroristes et EI proviennent d’institutions de sécurité qui étaient leur premier incubateur idéologique.

Nabeel Rajab avait été libéré de prison en mai 2014 après avoir purgé une peine de deux ans pour avoir participé à des manifestations contre les violentes répressions contre les soulèvements au Bahreïn. Il est toujours en garde à vue lorsque nous rédigeons ce rapport. Le mardi 7 octobre, une campagne sur Twitter demandant sa libération a été organisée autour du mot-clic #FreeNabeel.

Les yeux toujours plus vigilants du gouvernement égyptien
Le gouvernement égyptien essaye de développer un système de surveillance de masse pour contrôler les activités des tous les internautes dans le pays. Le ministre de l’Intérieur a lancé un appel d’offres limité pour fournir et exécuter un logiciel de contrôle d’Internet, y compris des conversations privées et des messages envoyés via des applications mobiles telles que Viber et WhatsApp.

Colombie : projet de création d’un guichet pour les données des citoyens ?
Le ministre colombien des technologies de l’information et de la communication, Diego Molano, essaye de faire adopter une initiative stratégique qui permettra au gouvernement de créer pour chaque citoyen un « portfolio numérique » regroupant toutes les données personnelles que possède l’État, allant des numéros d’identification nationale et de passeport aux informations fiscales et aux données sanitaires, liées à une adresse électronique unique fournie par le gouvernement.

Même si cette politique vise à améliorer la communication entre les services administratifs et à réduire l’utilisation du papier, elle soulève des préoccupations concernant la vulnérabilité des citoyens face à une plus grande surveillance du gouvernement ou à un piratage malveillant.

Cyberactivisme : campagne #FreeSaeed pour le développeur de logiciel libre iranien emprisonné
Reconnu coupable de menaces contre les idéaux islamiques de la nation et contre la sécurité nationale, Saeed Malekpour, Iranien développeur web et d’outils de contournement, a passé six ans derrière les barreaux pour avoir créé un logiciel libre que des internautes ont utilisé pour mettre en ligne des images pornographiques. À l’occasion de l’anniversaire de son arrestation, des activistes et des blogueurs ont organisé un tweetathon autour du mot-clic #freeSaeed.

Un nouvel outil aide les parents à espionner leurs enfants aux États-Unis
La police étasunienne distribue un logiciel espion aux parents qui souhaitent contrôler ce que leurs enfants font en ligne. Des chercheurs de l’Electronic Frontier Foundation ont découvert que ce logiciel, ComputerCOP, inclut un enregistreur de frappe et permet de chercher des fichiers et des vidéos dans un ordinateur. Ils ont aussi remarqué que le programme envoie certaines données au moyen d’une connexion chiffrée à un serveur appartenant à la compagnie qui le développe.

Ironiquement, il y a quelques jours, les autorités fédérales ont mis en examen, pour surveillance illégale, le créateur d’un logiciel espion similaire destiné aux personnes souhaitant espionner leur conjoint.

La Commission européenne devra enquêter sur l’espionnage public au Royaume-Uni
Emily O’Reilly, médiatrice européenne, a demandé à la Commission européenne de publier une série de documents relatifs à la surveillance de masse sur Internet menée par l’agence de renseignement du Royaume-Uni, GCHQ, faisant valoir que les citoyens de l’Union européenne ont le droit d’être informés sur de telles discussions. La Commission avait refusé à un journaliste allemand d’accéder aux documents, qui comprennent des lettres échangées entre le gouvernement britannique et la Commission ainsi que des courriers de citoyens demandant à la Commission d’ouvrir une enquête.

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