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Chili : La renaissance du mouvement étudiant

dimanche 21 avril 2013 à 00:12

(Tous les liens sont en espagnol)

C'est lors d'une manifestation gigantesque au niveau national que le mouvement étudiant pour une éducation gratuite et de qualité, a envahi avec force les rues chiliennes.

Entonnant des refrains tels que “elle va tomber, elle va tomber, l'éducation de Pinochet… et de Bachelet” des étudiants se sont donné rendez-vous le 11 avril 2013 dans les centres sociaux de plusieurs villes à travers tout le pays, afin d'exiger à nouveau du gouvernement une véritable solution contre l'inégalité et le profit dans l'éducation. Selon les organisateurs, entre 120 000 et 150 000 personnes ont défilé à Santiago, faisant de cette manifestation la plus suivie depuis des mois.

Karol Cariola (@Karolcariola), ex-présidente de la FEC (Fédération étudiante de l'université de la ville Concepción) et chef de file des jeunesses communistes appelle :

@Karolcariola: Mañana a las 11 hrs. En Plaza Italia marchamos por la educación pública gratuita y de calidad!! Chile se lo merece, la paciencia se acabó.

@Karolcariola: Demain à 11 h. Place d'Italie nous marcherons pour un enseignement public gratuit et de qualité !! Le Chili le mérite, la patience est finie.

L'acteur Benjamín Vicuña (@benjaminvicunaMORI) soutient cette nouvelle convocation ainsi que de nombreux internautes sous le mot-clic #NosVemosel11

@benjaminvicunaMORI: Porque la única manera de cambiar el orden de las cosas, es desde una educación digna y gratuita #NosVemosEl11

@benjaminvicunaMORI : Parce qu'on ne peut changer l'ordre des choses qu'à partir d'une éducation digne et gratuite #NosVemosEl11

Le sociologue Alberto Mayol explique dans son blog l'origine du mouvement étudiant qui a débuté en 2011.

Estudiantes en la marcha del 11 de abril de 2013 en Santiago, Chile. Foto del usuario Flickr Nicolás Roblez Fritz. CC BY-NC-SA 2.0

Des étudiants lors de la marche du 11 avril 2013 à Santiago, Chili. Photo de l'utilisateur Flickr Nicolás Roblez Fritz. CC BY-NC-SA 2.0

El movimiento estudiantil de 2011 tiene como uno de sus pilares las injusticias del modelo educativo, pero añade a ello un diagnóstico sobre la sociedad y un cuestionamiento de la estructura en que se han articulado lo público y lo privado, siendo esa tensión la que está en el trasfondo.

Un des piliers du mouvement étudiant de 2011 est un modèle éducatif injuste, auquel s'ajoute un diagnostic sur la société et une interrogation concernant la structure sur laquelle sont articulés les systèmes public et privé, c'est cette tension qui constitue la toile de fond.

Certains internautes comme La Anti Psicóloga (@janetnoseda) se réjouissent que le mouvement soit toujours actif.

@janetnoseda: apuesta del GOB al descarte del mov. Estudiantil falló pq #NoEstánSolos. Chile entero quiere otra educación! @el_dinamo @elquintopoder

@janetnoseda : le gouvernement a perdu son pari de l'abandon du mouvement étudiant. Le Chili tout entier veut une autre éducation ! @el_dinamo @elquintopoder

Cependant, des membres du gouvernement actuel, tel que le ministre de la défense Rodrigo Hintzpeter (@rhinzpeter) ont rejeté cette nouvelle manifestation.

@rhinzpeter: Voceros del movimiento estudiantil hablan bajo mismo formato de 2011. No son capaces de reconocer nada de lo hecho en 2 años. Es un Dejavu.

@rhinzpeter: Les porte-parole du mouvement étudiant ressortent le même discours qu'en 2011. Ils sont incapables de reconnaître ce qui a été fait en 2 ans. C'est un “déjà vu”.

Luis Pachecho a publié dans El Quinto Poder un article appelé “L'inévitable : le devenir des changements” qui traite des différents mouvements citoyens qui ont mobilisé le Chili récemment, dont le mouvement étudiant. Il évoque la peur face à la “révolution” que ces mouvements provoquent.

Hay miedo y casi terror en los sectores más conservadores, de que se produzcan cambios que terminen con esta supuesta sociedad equilibrada y se vuelva a viejos escenarios de la política chilena.
Quienes así piensan, se equivocan en la forma y en el fondo. [...] Ciertamente cualquier cambio de estructura significa una revolución en la sociedad, que no tiene porque ser ni violenta ni traumática. [...]

Les secteurs les plus conservateurs ont peur voire sont terrorisés à l'idée qu'il y ait des changements qui puissent en finir avec cette soit-disante société équilibrée et qu'on en revienne à de vieux scénarios de la politique chilienne.
Ceux qui pensent ainsi, se trompent sur la forme et sur le fond. [...] Il est vrai que tout changement de structure signifie une révolution dans la société, mais elle n'a aucune raison d'être violente ou traumatisante. [...]

Ce qui est sûr, c'est que cette renaissance du mouvement a lieu dans un contexte de prochaines campagnes électorales et que beaucoup se demandent si cela affectera ou non le résultat de ces élections. De leur côté, les étudiants se sont détachés de tout lien avec un quelconque parti politique ou candidat. Ils ont en outre clairement manifesté le rejet de la gestion de l'ex-présidente  - et actuelle candidate à la présidence - Michelle Bachelet [fr] en matière d'éducation aussi bien dans les consignes de la manifestation que sur le Net. À ce sujet, l'étudiant en biochimie, Sebastián R. Serey (@sebaserey), affirme :

@sebaserey: Qué sentirá Bachelet al ver el descontento ciudadano q existe en Chile hoy en día? De verdad piensa que alguien le cree? #nosvemosel11

@sebaserey : Que ressent Bachelet en voyant l'actuel mécontentement des citoyens chiliens ? Elle s'imagine vraiment que quelqu'un la croit ? #nosvemosel11

D'autres, comme Lucas Alonso (@lucasxalonso), s'interroge si les manifestations ont un quelconque impact :

@lucasxalonso: Cuántas marchas faltan para que de verdad la clase política tome en serio al pueblo? #NosVemosEl11#YoMarcho

@lucasxalonso : Combien de manifestations seront encore nécessaires pour que la classe politique prenne vraiment le peuple au sérieux ? #NosVemosEl11#YoMarcho

Iran : 60 % de la population sont des internautes

samedi 20 avril 2013 à 23:49

Une organisation affiliée au gouvernement iranien indique que 60% des Iraniens sont connectés à internet, dont 40% sont des jeunes dans la vingtaine. Le “Centre Iranien Pour la Gestion du Développement National d'Internet”, le MATMA, dit que plus de 45 millions de personnes sont connectées à Internet, dont près de 2,5 millions via leurs appareils mobiles.

Myanmar: Aung San Suu Kyi devance Lady Gaga dans le classement de Time

samedi 20 avril 2013 à 20:35
Aung San Suu Kyi, photo by Htoo Tay Zar, taken from Wikipedia

Aung San Suu Kyi, photo de Htoo Tay Zar, sur Wikipedia

Le 17 avril 2013, Aung San Suu Kyi a été élue personnalité la plus influente de ces dix dernières années par l'hebdomadaire Time [en anglais]. Elle a battu Lady Gaga, avec 61% du total des votes. C'est un grand moment de fierté pour les Birmans qui ne lui ont pas ménagé leurs suffrages en signe de fidélité totale à ‘La Dame'. C'est aussi un beau cadeau de nouvelle année de la part de son peuple à Aung San Suu Kyi, puisque le 16 avril est le premier jour de l'année birmane.

A la fermeture du vote, quand sa victoire a été connue, ils ont été nombreux à partager leur joie et leur enthousiasme sur Facebook. Voici quelques uns des posts.

Helen Ayekyaw écrit que ce ‘cadeau’ est le fruit de l'unité du pays :

vos enfants ont fait un beau cadeau à leur Maman, le fruit de notre unité. J'espère que vous êtes heureuse.

Taw Win Daund remercie  les votants:

Dites haut et fort qui est la gagnante…!!!.. :) Félicitez-vous parce que vous le méritez…

Hmuu Zaw aussi se félicite et écrit sur la signification d'une telle victoire:

Daw Suu est une icône au Myanmar. Notre président est également un symbole de la réforme du Myanmar. En tous les cas, nous avons voté pour présenter notre pays ; on voit là la fierté de notre peuple. Les fans de Lady Gaga aussi se sont mobilisés pour faire voter pour elle sur le pages Facebook. Il y a une grande différence sur la quantité de ‘followers', d'utilisateurs d'internet et sur la vitesse d'internet. Je ne veux pas critiquer Time pour avoir associé deux personnes si différentes (je veux dire une icône et une pop star ; cela aurait été préférable de l'associer avec Obama ou Hilary Clinton). Les opinions peuvent être différentes sur le processus de vote. Mais on est sensible au fait que Time nous ait permis de voter plusieurs fois. Certains penseront que cela n'était pas nécessaire, mais cela est très important pour nous qui commençons tout juste à nous ouvrir à l'extérieur. Les fans de Lady Gaga et les gens de Time pourraient être étonnés (en contrôlant les adresses IP ils pourront savoir qui a voté). Qu'il vive ici ou à l'étranger, le peuple du Myanmar est arrivé à un tournant. Le mot Myanmar, qui a toujours été délaissé, est maintenant reconnu. Nous avons commencé l'année par une bonne nouvelle.

Il a également mentionné quelques-uns des défis qui attendent le Myanmar:

J'espère sincèrement qu'à l'avenir nous formerons une nation unie et pacifique, que nous nous développerons et que nous maintiendrons le Myanmar en bonne place. Les élections de Time sont terminées, mais nous avons encore une nation à construire et la construction de notre Etat n'a que deux ans. Comme l'a dit notre Président, nous devons avancer en prenant en compte les leçons et les défis des années passées.

Voici quelques-unes des impressions des votants la veille de la clôture du vote:

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Photo d'une famille qui vote pour Aung San Suu Kyi, partagée par Taw Win Daund

Freedom News Group mettait régulièrement à jour les résultats du vote:

Lady Gaga 46% et Aung San Suu Kyi 54%. Il vous reste deux heures pour voter pour Aung San Suu Kyi

Demo Fatty écrit pour les Birmans qui n'ont pas accès à internet:

Nous sommes 2 millions à voter pour 40 millions de personnes qui voudraient voter pour Daw Suu mais qui n'ont pas internet. Alors ? Que tout le monde vote !

Michael Z Chu de son côté exprime ses préoccupations:

Lady Gaga contre notre Bien-aimée Prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi, le vote va fermer, allez-y votez votez votez et dites à vos amis et famille de voter

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Photo d'une enfant qui vote pour Aung San Suu Kyi, partagée par Zaw Min Tun

Un autre des votants, Tin Ko Ko Oo écrit :

N'abandonnez pas! respectez ceux qui ont voté toute la nuit.

Kaung Thant affirme que Suu Kyi restera une image vénérée même si elle perd ces élections:

Quel que soit le résultat, Maman Suu restera toujours dans le coeur de son peuple.

“Finies les excuses” : Une manipulation de révisionnistes japonais sur Facebook démontée

samedi 20 avril 2013 à 20:21

[Sauf indications contraires, les liens mènent vers des contenus en japonais.]

“C'en est fini des excuses” : un millier d'internautes japonais ont promu à leur insu et diffusé sur Facebook un montage photo qui ressemblait à une publication officielle, mettant en scène les supposés effets négatifs sur la jeunesse du pays de la posture d'excuse du Japon face à son histoire.

Remontant de proche en proche à la source de l'image, qui inclut même le sceau officiel du gouvernement japonais [en français] dans le coin supérieur gauche (alors même que ce sceau ne figure pas dans les publications officielles), un journaliste citoyen a finalement été conduit jusqu'à la page Facebook d'un groupe d'extrême droite.

Montage photo

Montage largement diffusé sur internet. Le texte vertical indique : “Maman, Papa, est-ce que mes ancêtres ont fait du mal ? Est-ce que cela fait de moi un mauvais Japonais ? – Et vous, comment répondez-vous à vos enfants ?”
Le texte horizontal conclut : “Enseignons la véritable histoire à nos enfants. Publication du gouvernement.”

L'utilisateur Tsubasa, ayant cliqué sur le bouton “J'aime” de l'image présente sur Facebook, a écrit un message de soutien dans une veine patriotique :

自虐的な教科書には、もううんざり(´・ω・`)ちゃんとした教科書を、今の子供達に読んで欲しい!!戦争を美化するつもりは、ありませんがその当時の先人が、何を想い何のため戦い散ったのかを、教えて欲しいです。

J'en ai vraiment plus qu'assez de ces manuels qui ressassent la même histoire. Je souhaite que les enfants d'aujourd'hui apprennent [l'histoire] dans des manuels plus réglo. Je ne cherche pas à rendre la guerre plus belle qu'elle ne l'est, mais les gens devraient réfléchir à ce pour quoi [nos ancêtres] se sont battus et sont morts.

Quittant son cercle de diffusion initiale, le montage photo s'est ensuite propagé sur Facebook lorsque de célébres citations empruntées aussi bien au juriste indien Radha Binod Pal [en français], à l'homme politique thailandais Kukrit Pramoj [en français] ou encore au grand savant indonésien Arifin Bey [en anglais] et à l'historien britannique Arnold J. Toynbee [en français] y ont été associées, renforçant ainsi l'idée selon laquelle le Japon n'a jamais mené la guerre qu'au nom de la libération de l'Asie tout entière.

En début d'année [janvier 2013], le premier ministre japonais Shinzo Abe a presque offensé la Chine et la Corée quand il a annoncé qu'il entendait “revoir” les excuses [en anglais] présentées par son pays [en 1995, lors du 50ème anniversaire de la capitulation] pour l'agression de la Seconde guerre mondiale. Il s'est ensuite rétracté [en anglais] en déclarant qu'il ne réviserait pas l'histoire du Japon pendant la guerre et qu'il s'en tiendrait aux déclarations officielles de ses prédécesseurs sur cette question.

L'utilisateur Rie sur Facebook a remarqué que l'image était un faux :

この画像は偽造です。確認しましたが、このような政府広報はありません。誰かが何らかの意図を以て「政府広報」を偽造し、フェイスブックで拡散するのは異常な事態だと思います。一体何の目的で偽造するのでしょうか。分からない。

Cette image est un montage. J'ai vérifié et peux vous affirmer qu'il n'y a aucune publication gouvernementale de la sorte. C'est tout de même insensé que quelqu'un crée volontairement une photo d'apparence officielle et la répande sur Facebook. Je ne comprends pas à quoi cela les mène.

Le journaliste citoyen Norifumi Ohtani du Miyazaki Citizen Media a critiqué les membres des réseaux sociaux ayant diffusé ce montage sans en vérifier la source. Il a remonté jusqu'aux activistes d'extrême droite qui ont manifestement procédé au montage en y apposant le sceau officiel du gouvernement.

L'image de l'enfant en uniforme provient d’un magasin en ligne vendant des cartables. Ohtani a rédigé une série d'analyses présentant les étapes suivant lesquelles l'image avait été retouchée, puis le texte d'extrême droite et le sceau officiel ajoutés, avant que les utilisateurs sur Facebook ne se l'approprient et la diffusent sans aucun contexte.

J'ai vu cette image le 15 avril 2013 sur mon fil d'actualité de Facebook [...]. Elle reçut semble-t-il plus de 1 300 “Likes” et beaucoup de commentaires. Je me suis demandé quand cette image avait été publiée par le Secrétariat aux relations publiques. J'ai donc vérifié sur le site du gouvernement mais je n'en ai trouvé aucune comme celle-ci.

Je me suis demandé si cette image n'était pas un montage, et j'ai donc poursuivi mes recherches.
Celle que j'avais vu sur Facebook avait été publiée par “Japanism“, une page comprenant plus de 4 617 “Likes”.
En l'absence de références dans la description de l'image, j'ai effectué une recherche via Google avec des mots clés tels que “Secrétariat des relations publiques. Enseignons la véritable histoire a nos enfants” et suis tombé sur cette page [hébergeant la photo et comprenant quelques liens].

Cette page m'a conduit tout droit vers un compte Twitter ayant délibéremment agrandi l'image.
Grâce à cet indice supplémentaire, je me suis rendu sur Twitter et ai trouvé un blog intitulé “Réveillez-vous ! L'esprit japonais et les yeux d'un patriote avec le billet datant du 14 janvier 2013.

Ohtani ajoute :

Citer les billets d'autres blogueurs n'est pas un problème en soi, mais il faut s'assurer de mentionner la source quand on cite.
Je pense que l'on devrait s'abstenir de partager des images de Facebook à brûle-pourpoint, hors-contexte, surtout quand elles ne reflètent pas le point de vue de l'utilisateur.
Il est sans doute plus sage de s'arrêter une seconde et de vérifier la nature de la source.

Les créateurs présumés de l'image se trouvent sur une page Facebook intitulée “反日対策協議会“ [supprimer les activités anti-japonaises]. Les auteurs ont reconnu depuis qu'il s'agissait bien d'un montage, mais à vocation “parodique”. La page Facebook de “Japonism” a également ajouté un commentaire, présentant ses excuses pour avoir diffusé l'image sans en avoir au préalable vérifié la source.

Le journaliste Ohtani a critiqué cette “parodie” induisant les citoyens en erreur, affirmant que les activistes nationalistes, sous couvert de publication prétenduement officielle, ont été trop loin.

La citation est issue du billet du blog en japonais de Norifumi Ohtani publié sous licence Creative Commons BY-NC-ND 2.1, par Nippon:Citizen's Media Miyazaki

Brésil: Conflit avec la FIFA sur la vente d'acarajé lors de la Coupe du Monde

samedi 20 avril 2013 à 15:39

(Les liens renvoient vers des pages en portugais)

En interdisant la vente des acarajés dans le stade de Fonte Nova à Salvador de Bahia pendant la coupe du monde 2014, la FIFA a provoqué l'indignation des Brésiliens. Cette atteinte à un symbole de la culture brésilienne a été très critiquée par les blogueurs et les journalistes et a fait descendre dans les rues les vendeuses traditionnelles d’acarajé (un en-cas typique, vendu par les baianas, femmes de Bahia).

D'origine africaine, l’acarajé est devenu un symbole culturel au Brésil et une tradition pendant tous les matchs de football à Salvador de Bahia. Un groupe de Bahianaises de l’Associação das Baianas de Acarajé e Vendedoras de Mingau (Abam) a défilé devant le stade de Fonte Nova le vendredi 5 avril, jour de sa nouvelle inauguration, et remis une pétition à José Vermohler qui représentait la présidente Dilma Rousseff. Cette association souhaite la libre circulation des “Baianas” pendant les matchs car elles vendaient déjà l'acajaré dans le stade avant ces nouvelles mesures pour la Coupe. Le conflit entre les Baianas et la  FIFA a commencé il y a un an et poussé l'ABAM à lancer une campagne sur le site Change.org, qui continue à recueillir des signatures. L'association explique :

Une résolution de la FIFA interdit tout commerce ambulant dans un rayon de 2 km autour des stades de  la Coupe du monde. Ceci exclut les vendeuses de nourriture traditionnelle du Brésil. Les acarajés ne sont pas interdits dans les stades mais les vendeuses le sont !

(CC BY-SA 2.0) Fora do Eixo/ André Costa

sur le “Fora do Eixo”/ André Costa (CC BY-SA 2.0)

La page Facebook Paroles de Bahianais, qui rassemble plus de 260 000 “bronzés”, a publié la photo ci-dessus. Photo également publiée sur Flickr avec le commentaire suivant: #Je ne veux pas McDonald's #Je veux l'Acarajé, elle a été partagée par presque 2000 personnes. Ces mots-clics se retouvent également sur  twitter.

Sur le blog Littérature populaire de “cordel” brésilienne du professeur, poète  et cordeliste bahianais Antonio Barreto, est publié un poème qui a pour titre: “Cordel de la Coupe : La FIFA va s'attaquer à l'acarajé de Bahia ?” :

(CC BY-SA 2.0) Elói Corrêa/SECOM

(CC BY-SA 2.0) Elói Corrêa/SECOM— Vendeuse d'Acarajé.

Le président de la FIFA
Doit être mal informé ;
Car notre acarajé est
Depuis longtemps Patrimoine historique
Reconnu par l'IPHAN ici dans notre Etat.

J'ai su que MacDonald ,l'envahisseur sera sponsor de la Coupe
Je ne veux pas de fast food de cinquième catégorie.
un sandwich importé,ça ne vaut rien du tout.

“Terrorisme culturel”

Le retrait du nom du fameux joueur des années 1950-60 Mané Garrincha du Stade National à Brasília, a provoqué une onde d'indignation. L'argument de la FIFA était que la Coupe étant un événement de niveau international, il était nécessaire de maintenir une certaine cohérence au niveau du choix du nom des joueurs locaux de football. Les fans du football brésilien ont évidemment considéré cette attitude comme une insulte.

Sur twitter, @CesarOliveira10 déclare:

On ne peut pas utiliser le nom de Mané Garrincha, on ne peut pas vendre l'acarajé ! Pourquoi faire cette connerie de Coupe du Monde si on ne peut même pas être ce que nous sommes !

Sur le blog Mundo Botafogo dédié à l'époque de Mané Garrincha, Rui Moura note:

Garrincha a été une vedette au niveau mondial, le meilleur joueur de tous les temps ! Depuis quand la FIFA régit-elle un pays ? Depuis quand intervient-elle dans le choix du nom d'un stade de ce pays ? Si ce stade s'appelait Pelé, est ce que cela lui conviendrait ? Les députés vont-il accepter cette réduction de souveraineté, c'est absurde et révoltant !

Zé Reinaldo, un journaliste qui s'intéresse à la résistance dans les mouvements culturels et sociaux, fait le constat suivant  sur son blog :

Les bureaucrates de la FIFA dans leur sacro-sainte ignorance, estiment que les noms Mané Garrincha, Maracanã, Mineirão, Itaquerão et d'autres proposés par la population sonnent difficilement pour ceux qui ne parlent pas la langue de ce pays….. depuis le début des années 20, quand on a commencé ici à jouer au football en utilisant des mots britanniques exotiques, les Brésiliens ont été tout à fait capables d'intégrer ces vocables sans cérémonie. Ils ont fait de Football : Futebal, goalkeeper : goleiro, defender : beque, centre midfield : centerralfe, corner : escanteio, penalty : penalidad maxima, et ainsi de suite.

Xico Sá, un journaliste, rappelle dans les colonnes de la Folha de São Paulo que Garrincha a été le héros des deux prem!ères sélections mondiales au Brésil, c'était une icône qui a fait perdre au pays son complexe d'infériorité sur les stades. Il considère l'attitude de la FIFA face aux Bahianaises et à la mémoire de Garrincha comme un véritable terrorisme culturel.

Pour ceux qui n'auraient pas entendu parler de Garrincha, de précieuses images sont à revoir ici :