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Un projet de Global Voices teste les “fake news”

jeudi 20 avril 2017 à 16:22

Dernière mise à jour des données : 14 avril 2017

Cette exploration des “fake news” fait partie d'une entreprise plus vaste d'appréhension des informations erronées ou trompeuses dans les mondes de la presse et des médias sociaux. Notre test se propose de clarifier la notion et d'en explorer la dimension planétaire.

Vers une clarification

Les acceptions des “fake news” sont très variables. Nous concentrons au départ notre action sur les cas suspectés d'informations factices. Nous définissons les informations factices comme des exemples dans lesquels une fausse information se fait passer pour factuelle, soit dans un organe de presse, soit sur un média social. Pour le but de cette expérimentation, nous nous centrons sur les présences en ligne qui se prétendent des sources légitimes d'informations. Ces exemples comprennent des productions de journalistes professionnels et non-professionnels, et pour la plupart, soulèvent des questions sur la tromperie délibérée.

Nos catégories – nous remercions nos partenaires de FirstDraftNews.com de nous les avoir inspirées – comprennent :

(de gauche à droite et de haut en bas) Connexions erronées entre titre et contenu (par ex. titre piège à clics, avec contenu inexistant ou trompeur): 8 ; Contenu erroné (images photoshoppées, faits fabriqués de toutes pièces): 38 ; Contexte erroné (information exacte et photo réelle mais sans rapport entre elles): 6 ; Description erronée (photo/vidéo avec description trompeuse ou erronée du contenu): 14 ; Source d'information contrefaite (contrefaçons de sites web de grands médias, de comptes Twitter, etc): 6 ; Satire/sarcasme ne cherchant pas vraiment à être des fake news MAIS pris au sérieux et rediffusés): 2

Ces catégories ne sont pas figées. Nous les mettrons à jour avec notre revue des différents cas. Explorer les dimensions des “fake news,” que les gens entendent de diverses manières, nous aide dans notre examen d'autres problématiques informationnels. Nous profiterons de l'occasion pour tenter de clarifier également des notions comme celles de chambres d'échopropagande ou désinformation.

La dimension planétaire
Nous savons que les “fake news” sont un problème mondial, c'est pourquoi la communauté Global Voices collecte les cas d'informations factices dans autant de pays que possible. Vous pouvez voir nos progrès sur cette carte :

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Les effets des “fake news” sont difficiles à vérifier en toute confiance, car le phénomène coexiste avec d'autres problèmes touchant à l'exactitude, aux biais, et aux conflits de hiérarchisation de l'actualité. A mesure que nous collectons des données et affinons nos interrogations, nous allons explorer les outils d'analyse de données pour tenter de trouver des réponses.

Toute l'année qui vient, la communauté Global Voices va contribuer à cette expérimentation en vérifiant, analysant et partageant avec le public de tels cas.

Pour en savoir plus sur ces informations erronées et fabriquées, voyez notre page Ressources. Les bénévoles souhaitant participer à notre projet sont invités à contacter l'équipe de NewsFrames team ici.

Le parlement albanais tente d'amnistier ses politiciens corrompus sous couvert de réforme judiciaire demandée par l'UE

jeudi 20 avril 2017 à 15:59

Manifestation du 11 avril à Tirana. Avec l'aimable autorisation de la page Facebook “Non à l'Article 499, Non à l'amnistie des crimes”

Les opposants à la réforme du code de procédure pénale albanais paraissent avoir remporté une victoire éclatante cette semaine : le président Bujar Nishani a choisi de ne pas valider les modifications, après deux manifestations dans la capitale.

Les législateurs en faveur des amendements affirment qu'ils sont un pré-requis à l'entrée de l'Albanie dans l'Union Européenne, mais aux yeux des militants et de nombreux juristes, les modifications qui seraient apportées à l’article 499 du code pénal affaibliraient ancore plus le pouvoir judiciaire. Les détracteurs soulignent que les amendements interdiraient le réexamen des jugements “si le but [de l'appel] est d'aggraver la position du défendeur”.

Les opposants à la loi modificatrice estiment qu'elle équivaut à une “amnistie” et à l'impunité pour les hommes politiques dès lors qu'ils sont exonérés par des enquêteurs et des juges corrompus. La campagne contre la réforme a commencé par une pétition en ligne avant d'organiser le 8 avril une manifestation devant les bureaux du Président, lui demandant de ne pas signer le texte.

Manifestation du 8 avril à Tirana. Avec l'aimable autorisation de la page Facebook “Non à l'Article 499, Non à l'amnistie des crimes”.

Le 11 avril, une centaine de militants ont tenu une seconde manifestation devant le bâtiment du parlement. Les députés ont préféré éviter le face-à-face avec les manifestants en s'esquivant par une porte de derrière.

Le président ayant refusé d'apposer sa signature, la loi retourne à présent devant le parlement pour nouvel examen, et éventuellement un vote pour passer outre au veto présidentiel.

Désireux d'empêcher un tel vote, les opposants s'activent sur Facebook, dans l'espoir de discréditer la réforme. Parmi les principaux slogans, on trouve “Pseudo réforme judiciaire” “Non à l'amnistie pour les politiciens corrompus”, et “Non à l'article 449″.

Le silence de l'institution internationale qui a parrainé la réforme judiciaire en Albanie

Les recherches d'organisations anti-corruption comme Freedom House et Transparency International ont établi la proximité entre juges et politiciens en Albanie. L'année dernière, le Département d’État américain a énuméré les nombreux problèmes — pressions politiques, intimidation, corruption endémique, manque de moyens — qui entravent la justice en Albanie.

Sous la pression de l'UE, qui fait d'une réforme de la justice une condition préalable aux négociations d'adhésion, le parlement albanais a adopté à l'unanimité en juillet dernier les réformes de procédure, ce qui a provoqué les critiques à ricaner que le “parlement le plus corrompu de l'histoire du pays” se consacrait soudain à la réforme pénale.

Le scepticisme a encore été accru par le déroulement des discussions : les représentants de l'U.E. et des États-Unis se réunissaient à huis clos, hors de portée du public. Le Président Nishani lui-même objecta au manque de transparence et se plaignit dans une lettre ouverte que ses services étaient exclus des négociations.

Juste avant que le parlement n'adopte les réformes, le média en ligne EURACTIV révéla aussi que les députés albanais exigeaient des garanties de l'UE et des USA qu'ils puissent compter sur l'immunité pour protéger leurs “vies, familles et bases de pouvoir”, quelle que soit la formulation finale de la législation.

Depuis l'été dernier, officiels européens et américains refusent de commenter les informations des média selon lesquelles les réformes judiciaires de l'Albanie contredisent les propositions d’EURALIUS, un projet sur fonds de l'UE d'aide à la restructuration de la justice albanaise.

Une députée répond

Si les médias albanais d'information ont majoritairement ignoré les manifestations, la parlementaire socialiste Vasilika Hysi s'est chargée de rétorquer aux critiques dans un billet Facebook où elle défend que les amendements n'affaibliront pas les tribunaux.

Mme Hysi a aussi affirmé qu'il n'y aurait pas d'amnistie dans des affaires criminelles comme la tragédie de Gërdec en 2008, où 26 personnes ont été tuées par l'explosion d'un dépôt de munitions, ou meurtre de quatre manifestants devant les bureaux du premier ministre en 2011.

Plusieurs avocats et juristes ont contesté l'interprétation qu'elle fait de la loi, disant qu'elle offrirait au contraire l'amnistie dans la mesure où elle traite les jugements passés comme la production valide d'une justice opérationnelle.

La contestation éclipsée par la crise politique

“Non à l'amnistie pour les crimes” dit la pancarte de cet homme lors d'une manifestation à Tirana le 8 avril. Avec l'aimable autorisation de la page Facebook “Non à l'Article 499, Non à l'amnistie des crimes”.

L'Albanie est actuellement en pleine crise politique, due au conflit entre la majorité au pouvoir et le Parti Démocratique dans l'opposition, qui boycotte le parlement et a récemment confirmé qu'il ne participera pas aux prochaines élections, sauf si un “gouvernement de techniciens” est nommé pour administrer le pays.

La majorité aux commandes en Albanie, de son côté, accuse l'opposition de tricherie, et de vouloir engranger des avantages politiques dans une élection qu'elle a déjà perdue. Le parti au pouvoir a même menacé de voter sur les amendements en l'absence de l'opposition.

La centaine de contestataires venus s'opposer ouvertement aux réformes disent ne pas attendre beaucoup de visiblité dans les médias traditionnels. Ils ont manifesté, disent-ils, parce qu'ils craignent que ces amendements pourraient avoir encore plus d'impact sur l'Albanie que n'en avait eu une législation similaire sur la Roumanie, qui a aussi connu de récentes manifestations.

Les protestataires ont argué sur les médias sociaux que l'UE a eu tort de s'appuyer aussi massivement sur les politiciens albanais en s'adressant à leur pays.

Après le rejet de l'amendement par le Président Nishani, l'activiste Brizida Gjikondi a félicité ses camarades pour leur succès, cérivant sur Facebook pour remercier “tous les Albanais qui ont compris l'importance de cette cause et nous ont rejoints”.

Dans une large indifférence de l'opinion à la réforme de la justice en Albanie, le parlement reste susceptible de passer outre à la décision du président, et les opposants aux amendements se disent déterminés à poursuivre leur résistance.

Près de Tchernobyl, la lumière se rallume brièvement le temps d'un anniversaire

jeudi 20 avril 2017 à 15:22

Des aventuriers polonais sont entrés dans la ville de Pripiat, dans la Zone d'exclusion de Tchernobyl, et ont allumé les lumières pour la première fois depuis la catastrophe nucléaire de 1986.

Le 26 avril 1986, la fusion du coeur d'un réacteur de la Central nucléaire de Tchernobyl, dans le nord-est de l'Ukraine, a libéré d'importantes quantités de matière radioactive dans l'atmosphère, exposant des centaines de milliers de personnes – sinon des millions – en Ukraine, Biélorussie, Russie et ailleurs en Europe de l'Est, à des doses de radiation extrêmement élevées.

Les conséquences des retombées radioactives se font encore sentir : plus de cinq cent mille biélorusses (le pays le plus touché par la catastrophe) ont des problèmes de thyroïde causés par l'irradiation. Plus de deux millions de personnes courent un risque de contamination élevé dans les régions du pays où ils vivent.

La semaine dernière, à l'occasion du trente-et-unième anniversaire de la catastrophe, un groupe d'aventuriers polonais a décidé de rallumer les lumières de Pripiat. Située à cinq kilomètres de la centrale, la ville fut évacuée le lendemain de la fusion du réacteur et est restée abandonnée depuis. C'est aujourd'hui une ville fantôme radioactive qui se trouve également au coeur de l'industrie du tourisme de catastrophe qui s'est développée dans la Zone d'exclusion de Tchernobyl.

Les lumières s'allument dans une école de Pripiat.

Le groupe utilisa des générateurs pour connecter quelques bâtiments de Pripiat, éclairant la ville pour la première fois en plus de trente ans. Les photographies postées sur internet se sont rapidement répandues sur les médias sociaux russophones.

Facebook parmi les premières entreprises à payer « l'impot Google » russe

jeudi 20 avril 2017 à 14:56

Source : Pixabay

Sauf indication contraire, tous les liens de ce billets sont en russe.

Dimanche 9 avril, le journal Vedemosti rapportait l'annonce de Facebook, qui paiera « l'impot Google » russe, la TVA de 18 % sur les ventes de contenus numériques en Russie due par les sociétés étrangères. Facebook rejoint Apple, Microsoft, Netflix, Bloomberg et une centaine d'autres entreprises étrangères qui se sont enregistrées pour payer cet impôt au Trésor public russe.

Ce nouvel impôt, approuvé par le Parlement russe l'été dernier et entré en vigueur le 1er janvier 2017, est prélevé sur les sociétés qui vendent de la musique, de la littérature, des noms de domaine [en], des jeux vidéos et d'autres biens et services en ligne. Les autorités russes expliquent qu'il est équivalent à celui payé par les fournisseurs de contenus en ligne de l'Union Européenne, du Japon et de la Corée du Sud.

Les entreprises enregistrées doivent faire leur premier paiement d'ici au 25 avril. Les autorités s'attendent à percevoir environ dix milliards de roubles chaque année (presque cent soixante cinq millions d'euros).

Certaines sociétés s'y adaptent en augmentant les prix des contenus vendus, transférant ainsi le coût de l'impôt sur les consommateurs russes : Google, par exemple, a augmenté les prix des services de Google Drive de 18 % l'année dernière suite au vote du Parlement. En revanche, Apple n'a pas augmenté ses prix en Russie, ni la société de jeux vidéos Wargaming qui a déclaré que ses clients n'auraient pas à subir cette nouvelle taxe.

Uber a d'abord demandé à ses chauffeurs, déclarés auprès des autorités russes et imposables individuellement, de prendre temporairement ce surcoût en charge. Toutefois, suite à la démission [en] de certains chauffeurs en guise de protestation, la société a changé d'avis et a affirmé qu'elle paierait l'impôt elle-même.

La capitale du Kirghizistan vue à travers les pare-brises fissurés de ses trolleybus bien-aimés

mercredi 19 avril 2017 à 23:47

La plupart des trolleybus kirghizes ne sont pas décorés à la manière d'une toile de Salvador Dali. Celui-ci a été peint à la bombe par un collectif d'artistes de Bichkek, Doxa. Photo tirée de Kloop.kg. Creative commons.

Depuis leur apparition dans la capitale du Kirghizistan, la ville de Bichkek, aux temps sombres du stalinisme, les trolleybus forment une part importante et sympathique du paysage urbain local. Et bien qu'avec le temps ils aient cédé la place aux taxis collectifs, plus maniables même si souvent méprisés, ils ont gardé une place à part dans le cœur des usagers, à qui ils offrent un voyage lent, bon marché et paisible entre les principaux points de cette ville d'un million d'habitants.

Ah oui, et en plus, ils permettent de réduire les émissions de carbone.

Depuis environ deux ans, le chercheur américain Ryan Johnson  [en anglais] poste sur Twitter des instantanés de la vie urbaine vue de derrière le volant des trolleybus de Bichkek. Le hashtag  («#TrolleysStylés») vous fait découvrir les goûts de différents conducteurs de trolley en matière de décoration d'intérieur, tout vous offrant un coup d’œil sur le trafic automobile de Bichkek à travers des pare-brises tout fendillés.

Le trolleybus ci-dessous, décoré d'une draperie ornée d'un motif typique des tribus nomades kirghizes, a été pris en photo par Johnson au cours d'un trajet derrière son ennemi numéro un, la marchroutka, ou taxi collectif.

Le Kirghizistan est l'un des rares coins du monde post-communiste où l'on n'est pas obligé de s'asseoir dans les minibus, et par conséquent se faire écrabouiller par les passagers debout dans les omniprésents marchroutki Mercedes Sprinter est un motif récurrent de ressentiment collectif. Les trolleybus prévoient certes des places debout eux aussi, mais ils offrent davantage d'espace.

Le motif floral bleu qui orne le pare-brise de ce trolleybus est plutôt caractéristique de l'Ouzbékistan voisin, et il fait penser aux villes de la légendaire Route de la soie : Samarcande, Boukhara et Khiva.

Notez les lunettes de soleil accrochées au bord, en cas de fort ensoleillement.

Et voilà notre champion de la catégorie «roses et papillons».

Malheureusement, à Bichkek il n'est pas encore interdit d'utiliser son téléphone portable en conduisant, alors que c'est une ville où les accidents de la circulation mortels sont monnaie courante.

Encore un exemple:

Certains conducteurs de trolleys s'en remettent aux talismans et inscriptions islamiques pour les aider à se frayer un chemin le long de périlleuses avenues, tandis que d’autres préfèrent se fier au proverbe russe «l'argent va à l'argent».

Le trolleybus suivant expose fièrement des coupures du Kirghizistan, mais aussi de l’Ouzbékistan et du Turkménistan. Voici un spécimen de monnaie turkmène (en bas à droite) qui n'a plus cours et qui représente l'ancien dictateur de ce pays riche en gaz, Saparmourat Niazov.

La majorité des rues de Bichkek sont en mauvais état, au grand dam des conducteurs.

A cause du mauvais état des rues, les pare-brises sont presque toujours fendus. Ci-dessous, un exemple à un stade de dégradation débutant…

…et un autre à un stade plus avancé.

Au tarif de 8 soms (6,5 roubles, soit environ 10 centimes d'euro), le trolleybus est plus accessible que le minibus (10 soms) et revient dix fois moins cher que prendre un taxi pour traverser la ville.

Et surtout, le trolley est bien mieux ventilé, un avantage non négligeable quand il se met à faire chaud.

Il arrive que le conducteur fasse un bout de chemin avec sa femme ou un ami. Ce qui, en plus du vase occasionnel ou des fleurs artificielles, ajoute au sentiment d'être une mouche au mur du salon chez quelqu'un, et non un passager des transports en commun.