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En Egypte, la majorité silencieuse reste silencieuse

lundi 17 décembre 2012 à 23:59

Les Egyptiens se sont rendus aux urnes pour voter sur une nouvelle constitution, promue et défendue par le président Mohamed Morsi et son parti Liberté et Justice, vitrine politique des Frères Musulmans. La première phase a fait apparaître 57 % de votants en faveur de la nouvelle constitution, malgré les inquiétudes de la société civile et de l'opposition que le texte, façonné par les Islamistes, ne restreigne les libertés, cimente le rôle de l'armée et poursuive l'islamisation de l'Egypte. La deuxième phase de ce référendum en deux étapes aura lieu samedi prochain.

Le scrutin controversé arrive à l'issue de trois semaines d'affrontements et d'occupations dans toute l'Egypte, qui se sont soldées par dix morts, des centaines d'arrestations et au moins mille blessés.

La fraude a été une préoccupation répandue. Bassem Sabry note :

@Bassem_Sabry: Je sais que beaucoup de signalements de fraude électorale sont souvent exagérés, mais cette fois je suis sincèrement inquiet. #Egypt

Rasha poste cette photo, qui montrerait une jeune garçon en train de compter les bulletins :

A photograph allegedly showing a child counting votes

Une photo qui montrerait un enfant comptant les bulletins de vote. Photo sur Twitter de @Rasha_Jan25

Elle twitte :

#امسك_تزوير طفل يجلس ويفرز الاصوات من داخل لجنة 43 مدرسة النهضة الابتدائية بعين شمس pic.twitter.com/23KMhUCn

@Rasha_25Jan: Pris sur le fait de tricher ! Un enfant compte les bulletins dans la commission N°43 à l'école primaire Al Nahdha de Aïn Shams

And Amr Salah dit qu'il y a eu beaucoup de piétinement dans les bureaux de vote. Il explique pourquoi :

اغلب الدواير التي لها سجل تصويتي قوي لصالح القوي المدنية هناك تعمد لتعطيل التصويت بها..الناس بالالاف من الصبح ممنوعين عمليا من التصويت بلا

@AmrSalah: On a essayé de ralentir le vote dans la plupart des circonscriptions réputées voter dans le sens des pouvoirs de la société civile .. Des milliers de gens ont été techniquement empêchés de mettre leur bulletin Non dans l'urne

Tarek Amr twitte les motifs de son refus de la constitution :

وماله لما الصحة تتخصخص، مش ده سبب أرفض عشانه الدستور، أنا رافض الدستور عشان دستور شرم برم كاتبينه شوية عاهات

@gr33ndata: Et alors, on privatise la santé ? Ce n'est pas pour cette raison que je rejette cette constitution. Je la rejette parce que c'est une constitution fragile, écrite par des déficients mentaux

La danseuse du ventre égyptienne Sama El Masry publie cette vidéo sur YouTube, où elle exprime avec son art sa réaction à ce qu'elle appelle une “constitution à la va-vite” :

Après l'annonce du décompte des résultats de la première phase, le blogueur Alaa Abdelfattah commente :

الأغلبية الصامتة لسه صامتة

@alaa: La majorité silencieuse reste silencieuse

A quoi Wael Ghonim ajoute :

نتيجة المرحلة الأولى: من كل 100 مصري له حق التصويت: 69 لم يشارك في الاستفتاء، 18 موافق على الدستور، 13 غير موافق على الدستور

@Ghonim: Résultats de la première phase : Sur 100 Egyptiens ayant le droit de voter, 69 n'ont pas pris part au référendum, 18 ont voté Oui et 13 ont voté Non

Omar Hagrass raconte comment les média ont rapporté les résultats :

لو عايز النتيجة “نعم” افتح قناة مصر ٢٥ و لو عايزها “لا” افتح أون تي في و لو عايز تريح دماغك افتح باب الأودة و ناااااااااااااااام.

@OHagrass: Si vous voulez que le résultat soit Oui, ouvrez la chaîne Egypt 25 [à la télévision] ; si vous voulez que le résultat soit Non, ouvrez ONTV ; et si vous voulez faire une pause, ouvrez la porte de votre chambre et allez dormir.

Karim Shafei remarque :

إللى فرحان بنعم وإللى فرحان بلا.. فرحانين على إيه؟ على دستور ما تنشرش رسميا وبيصوت عليه ناس ما لحقوش يقروه ولو قروه ما فهموهوش؟؟

@KarShaf: Vous qui êtes contents du Oui ou contents du Non … de quoi êtes-vous contents ? Une constitution qui n'a pas été publiée officiellement et est votée par des gens qui n'ont pas eu de possibilité de la lire, et ceux qui l'ont lue n'étaient pas en mesure de la comprendre ??

Ahmed Atia Aboshosha conclut :

هذا الاستفتاء جرى فى جو ملئ بأكبر قدر من الشائعات والانقسامات ولم يكن هناك وقت لتنظيمه جيدا..والحقيقة كان من الأفضل تأجيله

@AD_Shosha: Ce référendum a été tenu dans un climat de rumeurs et de divisions. Il n'y a pas eu le temps de l'organiser correctement. En réalité, il aurait mieux valu le reporter

Le mouvement autochtone ‘Idle No More' se propage au Canada

lundi 17 décembre 2012 à 23:00

[Tous les liens renvoient vers des pages en anglais, sauf mention contraire]

Des milliers de personnes à travers le Canada se sont mobilisées lundi 10 décembre 2012 sous la bannière “Idle No More” (La passivité, c'est fini) pour manifester contre les effets des politiques gouvernementales actuelles et à venir concernant les peuples autochtones présents dans le pays.

Ayant reçu peu d'attention dans les médias traditionnels, le mouvement s'est appuyé sur les réseaux sociaux pour diffuser les informations sur les nombreux rassemblements, manifestations, et barrages routiers, créant ainsi au Canada une tendance sur Twitter autour du mot-clic #idlenomore.

Les rassemblements, qui se poursuivent dans les grandes villes telles que Toronto, Ottawa, Edmonton, Winnipeg et Calgary, sont les signes de mécontentement les plus forts qu'ait vu le Canada depuis des années de la part des Premières Nations. Le mouvement a été qualifié par certains d'”hiver autochtone”, en référence à la vague révolutionnaire du “printemps arabe” qui avait secoué le Moyen Orient à partir de décembre 2010.

Indigenous Idle No More protests

Des manifestants du mouvement Idle No More se rassemblent dans la Blood Reserve à Standoff, en Alberta. Photo de Blaire Russell, utilisée avec permission.

La grève de la faim commencée mardi 11 décembre par le chef Attawapiskat, Theresa Spence, est l'une des actions les plus visibles du mouvement Idle No More. Mme Spence compte continuer jusqu'à ce que le Président Stephen Harper et la reine Elizabeth II acceptent de rencontrer les dirigeants des Premières Nations pour discuter des traités.

Elle a affirmé être prête à mourir pour son peuple si le gouvernement conservateur de Harper ne montrait pas plus de respect pour ses citoyens autochtones. Le Ministre des affaires autochtones, John Duncan, a proposé de s'entretenir avec le chef Spence. Des sympathisants ont promis de jeûner en solidarité avec Mme Spence et s'organisent grâce à des événements Facebook à Toronto et dans d'autres villes du Canada.

En octobre 2011, le peuple Attawapiskat a été placé sur le devant de la scène internationale lors d'une crise du logement en plein hiver qui a mis en évidence les conditions de vie déplorables de cette petite communauté autochtone du nord de l'Ontario. Les manifestants ont rappelé que cet incident n'était qu'un exemple de la négligence du gouvernement conservateur vis-à-vis des besoins des Premières Nations.

Une relation coloniale

Le mouvement Idle No More a été provoqué par les événements du 4 décembre, quand les représentants des Premières Nations ont été empêchés d'entrer au Parlement à Ottawa pour évoquer leurs inquiétudes au sujet d'un projet de loi.

Le projet de loi C-45 du gouvernement Harper, englobant diverses mesures, a servi de point de ralliement au mouvement Idle No More. Aussi connu sous le nom de “Jobs and Growth Act 2012″ (loi 2012 sur l'emploi et la croissance), le projet de loi C-45 propose d'introduire des changements dans l'Indian Act sans consultation préalable avec les Premières Nations. Il comprend des amendements majeurs de plus de 60 lois, non seulement dans l'Indian Act, mais aussi la loi sur la protection des eaux navigables et la loi sur la pêche entre autres. Les opposants soutiennent que ces changements sont en contravention avec les traités existants et affaiblissent la protection de l'environnement, notamment en ce qui concerne la terre et de l'eau.

Dans un article puissant qui a suscité un vaste débat, intitulé “Les autochtones s'agitent. Vous vous demandez pourquoi?“, la blogueuse métisse Chelsea Vowel souligne que ce mouvement va au-delà de la contestation du projet de loi C-45, vers une résistance contre le système dans lequel s'inscrit la relation entre citoyens et gouvernement :

Voilà à quoi cela se résume: le Canada ne s'est pas engagé à remettre en question l'attitude coloniale que l'Etat continue d'avoir à l'égard de ses peuples autochtones. Le Canada est dans le déni de cette relation.

Elle explique ensuite le mouvement:

Aujourd'hui, dans les villes et les communautés à travers le Canada, les peuples autochtones se rassemblent pour faire entendre leurs voix contre une série de mesures législatives faites à la va-vite et créées sans consulter les Premières Nations. Cette législation promet d'avoir de sérieuses conséquences pour les droits des peuples aborigènes. Cependant, ce n'est pas le seul problème mis en avant. La relation coloniale malsaine actuellement entretenue entre le Canada et ses peuples autochtones est à la base de ce mouvement, et elle trouve son expression dans un grand nombre de problèmes, de l'environnement à la santé en passant par l'incarcération, le suicide, l'éducation, la violence etc.

Sous la bannière de “Idle No More“, ce mouvement véritablement populaire s'amplifie alors que les gens investissent les médias sociaux d'une façon que je peux honnêtement dire sans précédent. Si vous cherchez un message unique, vous ne le trouverez pas…à moins que ce soit “Eh, Canada, il faut commencer à prendre nos affaires au sérieux”

Mais il n'y a pas que les Premières Nations à penser cela. De fait, dans une interview publiée le 30 novembre par PostMedia News, Paul Martin, l'ancien Premier Ministre du Canada, évoquait le déficit de santé et d'éducation parmi les groupes autochtones du Canada. Il accuse ainsi le Canada:

Nous ne nous sommes jamais avoué à nous-mêmes que nous étions, et que nous sommes toujours, une puissance coloniale…et nous continuons à nous concentrer sur l'assimilation. Il n'y a aucune autre raison ni aucune autre excuse à la discrimination dans l'allocation des fonds.

Le projet de loi C-45 fait suite à d'autres actions du gouvernement qui pourraient affaiblir les organisations de peuples autochtones. En septembre 2012, le gouvernement fédéral a annoncé des coupes budgétaires d'au moins 10% pour toutes les associations les représentant au niveau régional et national. Mettant l'accent sur les conséquences de ces coupes budgétaires, Tanya L (@TanyaLalondie), étudiante à l'Université McGill et auteur métisse d'origine Cree a twitté le 12 décembre :

@TanyaLalondie: J'ai été témoin de coupes budgétaires répétées, pour des programmes destinés à aider nos peuples à cicatriser, à grandir, à se développer, et à prendre leurs marques dans un monde inégal.#idlenomore

Mais un autre blogueur métis, Aaron Paquette, soutient que la législation néolibérale actuelle affecte tous les Canadiens, et pas seulement les autochtones:

Ce gouvernement est en train d'essayer de systématiquement brader nos ressources et de mettre à disposition encore plus de ressources pour les exploiter… C'est bien plus important que la colère des manifestants autochtones, cela concerne la prise de conscience du monde dans lequel nous vivons.

Dans un billet, la blogueuse Nora Loreto a fait l'inventaire des moyens par lesquels les peuples non-autochtones pouvaient soutenir Idle No More et participer aux manifestations.

Le singe d'IKEA contre Idle No More

Idle No More Logo

Logo de Idle No More par Dwayne Bird. Publié sur la page Facebook de Idle No More.

Des manifestants ont critiqué les médias traditionnels pour s'être abstenus de parler des manifestations alors qu'elles étaient généralisées. Plusieurs blogueurs ont noté que l'histoire d'un singe vêtu d'une veste à IKEA Toronto a reçu plus d'attention que les innombrables rassemblements des Premières Nations dans tout le pays.

Cependant, sous le mot-clic #idlenomore, Twitter débordait d'activité en relation avec le mouvement. Les utilisateurs de médias sociaux ont disséminé les informations concernant les rassemblements, les barrages routiers et les meetings prévus. Ainsi que le souligne l'activiste et écrivain Derrick O'Keefe, les participants espèrent qu'une présence continuelle dans les médias sociaux va forcer le sujet à émerger dans les médias traditionnels.

Pour vous tenir au courant du mouvement national, rendez-vous sur www.idlenomore.ca ou sur la page Facebook du mouvement. Des photos et des informations sur la campagne sont disponibles sur le site de l'Aboriginal Multi-Media Society.

La prochain grand rassemblement des partisans de Idle No More est prévu le 21 décembre.

Retour sur la Conférence mondiale des télécommunications internationales 2012 : interview de Beatriz Busaniche

lundi 17 décembre 2012 à 22:48

[Les liens de ce billet renvoient à des pages web en anglais, sauf mention contraire.]

La conférence mondiale des télécommunications internationales (CMTI), organisée à Dubaï par l’Union internationale des télécommunications (UIT), une agence de l’Organisation des Nations Unies, vient de s’achever. Après deux semaines d’âpres négociations, pour la plupart menées à huis clos, les représentants n’ont pas réussi s’accorder sur la proposition d’un traité, soutenu par la Russie et la Chine, qui offrirait aux gouvernements plus de contrôle sur Internet.

L’UIT est une agence spécialisée des Nations Unies chargée de la standardisation des protocoles liés aux télécommunications dans le monde entier.

La conférence a donné lieu à de nombreuses controverses parmi les défenseurs de la liberté d’expression en ligne qui demandent une approche rassemblant diverses parties, accusant l’UIT de tenir délibérément à l'écart les groupes de la société civile.

Pourquoi la conférence a-t-elle suscité tant d’intérêt ? Quelle est son importance pour l’avenir de l’utilisation d‘Internet ?

Nous nous sommes entretenus avec Beatriz Busaniche [en espagnol], membre de la fondation Via Libre [en espagnol] et membre fondatrice de l’antenne argentine de Wikimedia. Celle-ci nous a expliqué les enjeux de la conférence et pourquoi il est important que les internautes s’y intéressent.

Mauritanie : Commémoration du massacre de soldats noirs d’Inal

lundi 17 décembre 2012 à 22:30

Le 28 novembre aurait dû être un jour joyeux pour les Mauritaniens, car il commémore l'indépendance du pays envers la France.

Mais, il rappelle aussi des souvenirs tristes et sanglants [anglais ; page suspendue entre-temps], car, à cette même date, en 1990, un nettoyage ethnique a été perpétré au sein de l'armée mauritanienne. Dans des circonstances mystérieuses, au moins 28 soldats noirs ont été exécutés dans un village isolé situé à 500 km au nord de Nouakchott, la capitale. Donc, ce jour du 52ème anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie, un groupe d'activistes mauritaniens représentant plus de 17 organisations de droits humains, s’est dirigé vers Inal, où les victimes du massacre sont enterrées, accompagnée par quelques proches des soldats massacrés, pour leur rendre hommage, réclamer que justice soit rendue et aussi attirer l'attention sur cette affaire, qui a longtemps été enterrée et oubliée. Le groupe a d'abord été intercepté par les autorités, qui ont finalement libéré ses membres. L'an dernier, une visite similaire avait eu lieu, organisée par le même groupe. Comme l'année dernière, le groupe a également visité le village de Sori-male dans la région de Brakna, pour commémorer ce qui est appellé les « années de cendre », au cours de desquelles des centaines de Mauritaniens noirs ont perdu la vie entre 1989 et 1990.

Le site d’Al Watan (La Nation) a publié en Une des témoignages des familles des victimes du génocide, qui ont parlé de leur tragédie et l'injustice qu’ils subissent et exigent la punition des auteurs du massacre [arabe] :

السيدة سالمتا جالو: تحكي أن زوجها وأخاها قتلا هنا وهي مفجوعة بمصيبتين في آن واحد، تحلف بالله إن هذه المجازر وقعت على حين غفلة من الأهالي “وتمت في يوم واحد هو يوم 28 نوفمبر هذا اليوم الذي يحتفل به الموريتانيون عيد استقلال وطني، حوله هؤلاء إلى مأساة تذكرنا كل سنة بهذه المجزرة”، تبدي سالمتا جالو تأسفها على تغاضي السلطات وتراخيها في معالجة الملف، وقالت إن ما قيم به حتى اليوم من صلاة على الغائب في مدينة كيهيدي وإعداد خريطة عن القبور “مجرد تحايل”.
وطالبت المفجوعة سالمتا جالو الحقوقيين وأصحاب الضمائر الحية أن يتحركوا جميعا ً لإعادة العدالة إلى ذويهم بإجراء تحقيق شفاف في ملابسات ما أسمته “المجزرة الجهنمية”.

Madame Salimata Diallo dit que son mari et son frère ont été tués ici, elle a donc été frappée par deux catastrophes en même temps. Elle jure sur Dieu que ces massacres ont eu lieu à l'insu des familles le 28 novembre, le jour où les Mauritaniens célèbrent leur indépendance. Ils (les génocidaires) l'ont transformé en une tragédie qui nous rappelle chaque année ce massacre. Salimata Diallo exprime sa désolation sur la négligence des autorités dans le traitement de l'affaire et dit que tout ce qui a été fait jusqu'à présent comme les prières pour les victimes à Kihidi et les pourparlers pour identifier les tombes n’est que gadget. Le cœur brisé, Salimata Diallo demande aux avocats et ceux qui ont une conscience d’agir pour qu’il y ait une enquête transparente et que justice soit rendue pour ce qu'elle décrit comme le « massacre infernal ».

Photo du groupe à Inal. Crédit photo Dedda Ould Cheikh Brahim.

Photo du groupe à Inal. Crédit photo Dedda Ould Cheikh Brahim

بعد انتهاء الخطب والترحم سار المشاركون في الرحلة على أقدامهم خلف مؤلف كتاب “جحيم إنال” والعسكري الناجي من تلك الأحداث ممدو سي، حيث وجههم إلى أربع تلال مكسوة بالحجار قال إنها المكان الذي دفن في رفاقه بعد تعذيبهم…

Dedda Ould Cheikh Brahim, a participé à la caravane vers Inal et a blogué sur l'événement, racontant le harcèlement subi par le groupe de la part des forces de sécurité, racontant aussi l'atmosphère de la commémoration du massacre.

كان تحديد ذلك الموقع المجاور لمكان الثكنة العسكرية كفيل بإطلاق العنان للنحيب والبكاء والإغماءات بل وذهب الأمر إلى أبعد من ذلك حيث قام بعض الشباب بالدعوة إلى حمل السلاح لأخذ الثأر بدل البكاء.

Après les discours et les prières, les participants se sont rendus à pieds derrière le soldat survivant et auteur de l'ouvrage « L'enfer Inal », Mamadou Sy, qui les a mené vers quatre collines recouvertes de pierres et leur a dit que c'était l'endroit où ses amis avaient été enterrés après avoir été torturé.

Cet endroit près de la caserne militaire a fait monter des larmes aux yeux de beaucoup alors que d'autres s'évanouissaient. Ce qui a conduit quelques jeunes à appeler à prendre les armes pour se venger plutôt que de se lamenter.
Gerry Adams a critiqué le silence des élites mauritaniennes :

في ليلة الذكري الثلاثين لاستقلال موريتانيا نفذ الجيش الموريتاني مجزرة في قرية “إينال” في أقصي الشمال الموريتاني أعدم خلالها, بدون محاكمة ولا حتى تهمة واضحة, 28 عسكريا من الزنوج بعد أن مورس عليهم في تلك الليلة أبشع أنواع التعذيب والتنكيل…. وفي صمت أشبه بالمتعامي عن الجريمة سكت الجميع….. سكت المثقفون والسياسيون وعلماء الدين ودعاة المبادئ…. سكت التقدميون المدافعون عن الضعفاء والمحرومين…. سكت الإسلاميون الآمرون بالمعروف والناهون عن المنكر….. سكت الجميع قبل ذالك وبعد ذالك في ولاته وفي الجريدة و في غيرهما وتوالت جرائم قتل الزنوج الموريتانيين وتشريدهم ونهب أموالهم وهتك أعراضهم علي مرآي ومسمع من الجميع.

A la veille de la commémoration du 30ème anniversaire de l'Indépendance de la Mauritanie l'armée a commis un génocide à Inal, dans le nord du pays, où 28 soldats noirs ont été exécutés sans procès et sans aucune accusation formelle. Ils ont également subi cette nuit les pires formes de torture. Et dans un silence proche de l’aveuglement volontaire envers le crime, tout le monde se tait. Les intellectuels se sont tus, tout comme les politiciens et les membres du clergé et ceux qui disent avoir des principes. Les progressistes qui défendent les faibles et les démunis se sont également tus. Il y avait le même silence de la part des islamistes, qui appliquent la charia. Tout le monde s’est tu avant et après le massacre. Et les crimes contre les Mauritaniens noirs ont été répétés ainsi que leur déplacement, la confiscation de leur argent ; et leur honneur a été souillé et profané sous les yeux de tout le monde.

Sur Aswat (Voix), Djibril Diallo a écrit des séries de billets sur les crimes perpétrés contre les Mauritaniens noirs. Nous pouvons y lire des témoignages de soldats survivants :

جانب آخر من الوحشية حين كان الجناة يحتسون الشاي وهو يجلسون على الجثث في انتظار شنق الآخرين، أحد الناجين سمع، الضابط “خطري” يقرأ آية من القرآن وهو يجلس على جندي بعد أن شنقه، يقول هذا الناجي لا أصدق بأنه يؤمن بالرب الذي أنزل هذا القرآن العظيم المقدس.
لقد دام وقت الإعدام شنقا أكثر من ساعة زمانية. كان التعذيب في هذه الليلة جنونيا عقب الإعدامات، لقد ضرب المعتقلون ضربا شديدا. وأطلق الرصاص على بعضهم، لأنهم فقط “تأثروا” من هول ما رأوا. فقد قتل خمسة آخرين في نفس الليلة هم : لي همدي ،ممدو عصمان،جوب بوكر بيلا،صل عمر ،صل أمدو الحاج. يقول الضابط منصور، وهو مطابق لما وردر في كتاب “جحيم إنال”.
بقي في الأذهان أن 28 عسكريا أسودا قتلوا في هذه الليلة ، والحقيقة أن عدد قتلى إنال كثيرون في تلك الليلة ،يقول الضابط الناجي كان منصور، في شهادته المسجلة، وهو يحكي كيف طلب منه أن يعترف أمام “مسجلة” بأنه شارك في الإنقلاب ،  لقد جاء في هذه الشهادة أن كبار الضباط  الزنوج جمعوا في 23 من نوفمبر وبدأ تعذيبهم  وتهديدهم بالقتل وقد توفي أثناء تعذيبهم كلا من :  الملازم صل عبد الله موسى،  الملازم آن طاهير ضرب حتى الموت عند بوابة الزنزانة التي اعتقل فيها الضباط،النقيب لوم ، صل عمر مات وهو يقول منصور اعطني ماءا.لقد عذب حتى فقد جسمه كل السوائل.

Un autre côté de la cruauté, c'est quand les bourreaux prenaient le thé, assis sur les corps en attendant d'exécuter les autres, l'un de ceux qui ont survécu a entendu le sergent « khotri » lire le Coran alors qu'il était assis sur un soldat qu’il avait pendu. Le survivant dit: « Je ne peux pas croire qu'il croit en Dieu qui nous a donné ce Coran, puissant et sacré. »
Les exécutions ont duré plus d'une heure. Après les exécutions, la torture au cours de cette nuit fut démente. Les détenus furent violemment battus et certains d'entre eux ont été exécutés simplement parce qu'ils avaient été touchés par ce qu'ils avaient vu. Cinq autres ont été tués cette même nuit : Li Hamdi, Mamadou Osman, Job Boker Bil, Sall Oumar, Sall Amadou el Hajj, dit le sergent Mansour. Cette déclaration est identique à ce qui est rapporté dans le livre « L'enfer d’Inal ».
Ce qui reste dans les mémoires, c'est que 28 soldats noirs ont été tués cette nuit et que la vérité est que les morts de cette nuit sont nombreux comme l'a déclaré le sergent Mansour dans son témoignage enregistré, dans lequel il explique comment on lui a demandé d’admettre qu'il a participé au massacre. Le témoignage indique également que le 23 novembre, des hauts gradés noirs ont été rassemblés, torturés et menacés de mort et que certains d'entre eux sont morts sous la torture, comme Sal Abdallah Moussa, An Tahir qui a été battu à mort à la porte de la prison où Loum a été arrêté. Sal Oumar est mort en disant : « Mansour, donnez-moi de l'eau. » Il a été torturé jusqu'à ce que son corps soit complètement déshydraté.

Le militant Sidi Aly Moulaye Zeine dit sur Facebook sa tristesse que le massacre d’Inal se soit déroulé le jour marquant l’indépendance :

البعض يستعد للإحتفال ب ٢٨ من نفمبر بينما يحي هذا التاريخ آلام حداد لم يكتمل بعد عند آخرين. جنة الفردوس لشهداء موريتانيا من ضحايا الحكم العنصري و الدكتاتوريات العسكرية آمين

Certains se préparent à célébrer le 28 novembre tandis que pour d'autres, cette date fait revivre les douleurs d'un deuil qui n’est pas fini. Paradis aux victimes de martyrs mauritaniens de la domination raciste et des dictatures militaires. Amen

En outre, le mouvement d'opposition « Touche pas à ma nationalité », a organisé un rassemblement demandant de punir tous ceux qui sont impliqués dans l'élimination des Mauritaniens noirs. Mais le régime mauritanien a arrêté la marche par des tirs de gaz lacrymogène. Le mouvement avait déjà publié une liste des noms des membres de l'armée mauritanienne accusés d'avoir commis des crimes contre les Noirs, en particulier l'ancien président Ould Sid Ahmed Moaouia El Tae.

Cette vidéo a été poste par le site Al Akhbar sur sa chaine Youtube à la rubrique Caravane Inal 2012.

Football : Violences à la finale de la Coupe sud-américaine de football

lundi 17 décembre 2012 à 20:17

La finale de la Coupe sud-américaine de football qui s'est déroulée le 12 décembre 2012 dans le stade du Morumbi entre l’équipe de Sao Paulo et l'équipe argentine de Tigre a été interrompue de manière inhabituelle et violente.

L’équipe de São Paulo menait 2-0 contre l’équipe argentine après une première mi-temps tumultueuse, lorsqu'une bagarre générale a éclaté entre les joueurs lors du retour aux vestiaires, provoquée semble-t-il par des provocations des joueurs de Tigre.  Ceux-ci et les entraîneurs ont déclaré avoir été victimes de violences de la part de la police militaire et des agents de sécurité de l’équipe de São Paulo.

Le compte Twitter officiel du Tigre (@catigreoficial) a informé [en espagnol] d'une attaque de la police contre les joueurs et a ajouté [en espagnol] qu'ils ne se sentaient pas suffisamment en sécurité pour reprendre le match. L'entraîneur de l'équipe, Pipo Gorosito, ayant refusé de revenir sur la pelouse, la suspension du match a finalement été confirmée sur le compte Twitter officiel de la Coupe Sud-américaine (@CBS_oficial). Quelques minutes après, l’arbitre chilien Enrique Osses a définitivement interrompu le match.

Une vidéo de la confusion pendant la pause, avant les agressions présumées des joueurs de Tigre :

Le journaliste Vinicius Grissi (@viniciusgrissi) a reproduit les plaintes des joueurs de Tigre :

Un représentant de Tigre déclare avoir reçu un coup de crosse d’arme à feu (de fait, il est enflé) et dit qu’au moins six joueurs présentent des saignements ou des blessures.

Le journaliste Rodrigo Cardia a critiqué l'équipe de Tigre, en écrivant que s'il y avait eu des actes de violence, elle aurait dû aller sur le terrain pour les dénoncer au lieu de se cacher dans le vestiaire, mais que sa plainte est néanmoins sérieuse et mérite d'être considérée. L'attaché de presse de Rodrigo Weber (@RodrigoWeber) reproche à la fédération sud-américaine de football (Conmebol) son absence d'explications :

La Conmebol aurait dû expliquer au public dans le stade et à la presse tout ce qui s'est passé et pourquoi la décision a été prise.

Torcida do São Paulo comemora no estádio do Morumbi durante jogo contra o Tigre. Foto de Cleber Machado, sob licença Creative Commons.

Les supporters de São Paulo pavoisent dans le stade du Morumbi lors du match contre le Tigre. Photo de Cleber Machado, sous licence Creative Commons.

Les accusations de violence se sont répandues. Les joueurs de Tigre ont montré des marques sur leur corps et des hématomes. Fox Sports latina, la seule chaîne de télévision à avoir pu approcher les joueurs, a diffusé des images de taches de sang sur les murs du vestiaire. Selon le journaliste Mauricio Stycer (@MauricioStycer) un responsable de la police militaire aurait arrêté une bagarre entre les agents de sécurité de l’équipe de São Paulo et les joueurs de Tigre, ce qui peut corroborer les allégations des joueurs d'avoir été victimes de violences :

Police militaire : “Quand nous sommes arrivés là-bas, la bagarre était déjà en cours entre les joueurs de Tigre et les services de sécurité de Sao Paulo.

Alexandre de Santi, du blog spécialisé en football impedimento.org, a expliqué :

La pagaille aurait commencé dans le tunnel qui mène vers le vestiaire. Les premières informations sur la reprise du match disaient que deux joueurs étaient expulsés, un de chaque équipe. Mais le site de la Conmebol a juste confirmé que le joueur Paulo Miranda avait reçu un carton rouge (…) L’équipe de São Paulo était prête à jouer la deuxième mi-temps (…) lorsque le retard de Tigre a commencé à paraître bizarre. Déjà 23 minutes de pause et pas d'Argentins.  Dans la première information décalée, l’équipe de Tigre a affirmé avoir été agressée par des gardiens de sécurité de São Paulo. Entre autres informations, le Tigre alléguait que l’équipe avait été agressée par les agents de sécurité de São Paulo et que ceux-ci auraient pointé une arme sur les joueurs.

Les réseaux sociaux se sont demandé si l'utilisation d'armes à feu avait pour but d’intimider les joueurs argentins. Le journaliste Fernando “Gravz” pense que la sécurité de São Paulo ne portait pas d'armes à feu, tandis que le journaliste Rodrigo Vianna  (@rvianna) a souligné la nécessité de s'assurer si “l’arme à feu manipulée appartenait à l'équipe argentine.” Selon les informations, les joueurs de Tigre n'ont pas raconté à la police après le match, qu’ils ont été menacés avec des armes à feu.

L'avocat Vinicius Duarte (@viniciusduarte) a complété l’information avec la déclaration de la police militaire:

Police militaire: “Armes à feu = ZERO, la bagarreétait d'environ 10 agents de sécurité de São Paulo contre toute l'équipe de Tigre. Nous l’avons juste arrêtée. ».

Alexandre Lozetti (@Ale_Lozetti), a retransmis des informations à José Francisco Manssur, le conseiller de la  présidence et l'un des avocats de São Paulo Football Club, que les joueurs de Tigre auraient essayé d'envahir le vestiaire de Sao Paulo, et les agents de sécurité les ont empêchés, sans armes à feu, puis les Argentins ont saccagé le vestiaire .”

Le journaliste Menon résume l’événement sur son blog :

1) Version de Tigre - Les joueurs ont été attaqués dans le vestiaire par les agents de sécurité de São Paulo. Il y avait une arme. Les joueurs ont été frappés abondamment. Trois ou quatre d’entre eux ont subi une perte de la capacité physique à retourner sur le terrain.

2) Version de São Paulo – Les joueurs de Tigre, continuant la bagarre de la fin de la première mi-temps, ont envahi le vestiaire de São Paulo. Les agents de sécurité du club ont défendu les joueurs et il y a eu affrontement.

Je pense que les deux versions sont fantaisistes. Difficile à croire. Quelle que soit la vérité, elle est honteuse, c'est  un affront au football

Adré Kfouri a commenté sur la possibilté de sanction [en espagnol] pour les deux équipes, sans croire à leur exécution :

Pour l'instant, on parle d’exclure le Tigre de la prochaine Coupe des Libérateurs. Le São Paulo recevrait une lourde amende et perdrait  les “mandos de jogos” (NdT: l’équipe avec les “mandos de jogos” a le droit d’organiser le match, recevoir  l’équipe adverse et encaisser les revenus de la vente des billets) de l’année prochaine.

Enfin, certains commentaires sur Twitter comparaient l’événement actuel au célébre épisode Rojas*[1] lors de la qualification de la Coupe du Monde 1990.

Torcida do São Paulo comemora no estádio do Morumbi durante jogo contra o Tigre. Foto de Cleber Machado, sob licença Creative Commons.

Les supporters de São Paulo en fête au stade du Morumbi lors du match contre le Tigre. Photo Cleber Machado, sous licence Creative Commons.

Où s'arrête le journalisme sportif ?

N'ont pas manqué non plus les critiques traditionnelles sur la couverture médiatique. Le professeur Idelber Avelar  (@iavelar) a déclaré que “le Brésil continue de faire l'un des pires journalisme sportif dans le monde” et a également critiqué :

Malgré la présence de deux chaînes de télévision, des dizaines de journalistes dans le Morumbi, et des accusations d'Argentins, personne ne sait ce qui s'est passé. Toutes nos félicitations au journalisme sportif!

Alors que le journaliste Emerson Luis (@emerluis) a pris l’initiative de louer la chaîne Fox Sports, la seule qui ait cherché à comprendre ce qui s'est réellement passé, la chaîne Globo a été critiquée pour son silence. Twitter  Impedimento (@impedimento) a également fait mention des tortures et des décès qui ont eu lieu dans le Stade national du Chili lors du coup d'Etat militaire chilien :

Excellente couverture de la chaîne Fox, mais comme dit sur la timeline, on ne peut pas en dire autant de la chaîne Globo, elle aurait été dans le stade national du Chili en 1973 qu'elle n'aurait couvert qu'un match de football.

Pedro Venâncio, du blog Trivela, a posté la réaction des médias internationaux sur l’événement :

A diverses occasions, la presse européenne ne donne pas beaucoup d'attention au football brésilien ou sud-américain. Une notule de bas de page ici, un appel timide là, et le match continue, la vie continue, chacun à sa place. Mais lorsque qu'il y a du sang, mon ami, la curiosité est universelle et il y a de fortes répercussions dans le monde entier

On espère une enquête sérieuse pour dévoiler ce qui s'est réellement passé.