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L'Uruguay a légalisé le cannabis

samedi 14 décembre 2013 à 17:06
marihuana

Photo  de @T13 sur Twitter

Avec les seules voix de la coalition de gouvernement de gauche Front Large, et après 12 heures de débat animé, le Sénat d'Uruguay a adopté une loi qui légalise le cannabis. Le texte qui en régule la production et la commercialisation a été approuvé à 22h38 mardi 10 décembre 2013.

La décision a propulsé l'Uruguay à la une des médias mondiaux, qui ont suivi la séance avec grand intérêt. Reste à rédiger les textes d'application et à promulguer la loi. Un délai de quatre mois a été alloué à ce processus.

Sur le terrain, la décision des parlementaires fait des vagues et agite l'opinion. Les Sénateurs opposés invoquent la difficulté de garantir la conformité avec la loi, et le doute que ce soit une stratégie valable dans la lutte contre le trafic de drogue. Et ils arguent aussi que, contrairement à la position du gouvernement sur la question, la loi va en réalité encourager la toxicomanie.

Les pharmacies uruguayennes, qui seront chargées de vendre le cannabis à usage médical, sont maintenant en proie à une intense controverse [espagnol, comme les liens suivants], certaines souhaitant vendre le produit et d'autres, non.

L'ONU, pour sa part, a relevé que la loi uruguayenne légalisant le cannabis viole les traités internationaux [anglais] signés par le pays. Qui plus est, la Société Psychiatrique d'Uruguay a mis en garde sur les conséquences de la consommation de cannabis et de son succès grandissant chez les jeunes. Les psychiatres ont aussi déclaré au journal El País que cette drogue joue un rôle dans le taux d'abandon scolaire.

Selon les informations collectées par Infobae, le président de l'Uruguay, José Mujica, a dit espérer que l'Uruguay “aide et que nous allions tous apprendre ensemble, parce que l'idée n'est pas d'instaurer l'Uruguay comme le pays de la fumette libre. Non, non. Ce n'est pas de cela qu'il s'agit. C'est un fléau, tout comme la cigarette. On vous offrira une ration légale et si vous en abusez, vous serez enregistré et recevrez un traitement médical.”

Au plan international, la loi a généré autant d'attentes que de scepticisme, alors que le monde suivait avec intérêt les discussions autour du projet de loi et exprimait des inquiétudes après l'adoption.

Les opinions se sont fait jour sur les réseaux sociaux tels Twitter. Le candidat à la présidentielle du Parti National conservateur, Jorge Larrañaga (@jorgewlarranaga), a écrit :

Pour la sécurité et la santé le cannabis, pour la liberté, la loi sur les médias. Pour l'éducation, rien.- Les majorités utilisées pour n'importe quoi.

L'utilisateur @charruasomos, pour sa part, a défendu la loi :

[Répondant au tweet de @NicoleOrtizCh] [Le monde est devenu fou, ils légalisent le cannabis en Uruguay. Où allons-nous ?]

@NicoleOrtizCh Eh bien à moi ça me paraît un GRAND PAS EN AVANT ET SORTIR les narcotrafiquants du tableau. L'Uruguay est un pays qui ne fuit pas les problèmes.

La présentatrice de télévision paraguayenne Lucía Sapena (@LuSapena) a déploré la confusion internationale entre les deux pays :

J'ai dû expliquer à déjà 3 amis étrangers que là où le cannabis se vend légalement, c'est l'Uruguay et pas le Paraguay ! Les gens confondent.

La Vénézuélienne Yusnay Bleque (@yusnayb) fait part de ses réflexions :

L'Uruguay se transforme en premier pays du monde à légaliser le cannabis. Quelle barbarie. Ils ne pensent pas à la santé des citoyens.

Le militant argentin Alex Freyre (@AlexFreyre) a fait un parallèle avec la législation en Argentine :

Le cannabis N'EST PAS INOFFENSIF, IL FAUT DONC LE RÉGLEMENTER. L'actuelle loi 23737 argentine est inefficace et encourage le narcotrafic.

Rubèn Jorge Castro (@elojodelciudada) rapproche les légalisations du cannabis et du mariage de personnes de même sexe :

La minorité a imposé le mariage gay, la minorité a imposé le cannabis Pendant ce temps d'énormes efforts se perdent l'Education sombre Plus égaux. Plus idiots.

A l'opposé, de l'avis de Luis Alberto Borsari, la loi sur le mariage de même sexe [fr], la légalisation de l’avortement [anglais], et désormais, la production et distribution légales de cannabis [fr] sont causes de fierté. Sur son blog, il écrit :

cuando nuestros hijos y nietos estudien todo esto en sus Libros de Historia, los imagino sacando pecho por lo hecho hoy, o cantando “Uruguay es el mejor País…”

Quand nos enfants et petits-enfants étudieront tout cela dans leurs livres d'histoire, je les imagine bomber le torse pour le fait d'aujourd'hui, ou chanter “L'Uruguay est le meilleur pays…”

L'acte simple et impossible de la traduction littéraire, en direct sur un blog

vendredi 13 décembre 2013 à 23:09

flores-azuisL'écrivain, éditeur et traducteur britannique Daniel Hahn relate sur un blog l'avancement de sa traduction du portugais vers l'anglais de Flores Azuis [Blue Flowers], le roman de l'écrivain brésilien Carola Saavedra, un processus qui est à la fois “simple et impossible” :

Ainsi donc, les deux mois qui viennent, je vais essayer d'exprimer le plaisir et la frustration que je ressens lorsque je traduis un roman. Je vais tenter de vous donner une idée du mécanisme en action dans ce genre de travail. Je vais essayer de vous transmettre ce qu'est réellement le fait de se glisser dans l'écriture d'un auteur de manière si complète, si attentive que vous vous sentez parfois capable de la contrefaire et si bien, avec ses plaisirs et ses manies, que votre propre voix dans l'écriture finit par sembler s'identifier à celle de l'auteur que vous traduisez. Vous effectuez apparemment une transformation dont la magie réside dans le fait même que rien du tout n'a changé. (Sauf, évidemment, que tous les mots ont été, un à un, ôtés et remplacés.)

Le livre commence par une lettre d'amour à un destinataire inconnu, et déjà le début de cette lettre mène à une multitude de choix inattendus. Vous trouverez ici l'avancée de cette oeuvre à ce jour.

L'Uruguay est le premier pays à légaliser le marché de la marijuana

vendredi 13 décembre 2013 à 22:52

Le Sénat Uruguayen a légalisé la production et la vente de marijuana, par 16 voix pour et 13 voix contre. Il ne manque plus maintenant à cette loi  qui entrera probablement en vigueur l'année prochaine que la signature du président Mujica.

Je suis en faveur de la légalisation de la marijuana mais pour notre sécurité et notre éducation il serait bien de le faire savoir à tout le monde…

Ignacio de los Reyes, correspondant de la BBC en Argentine et dans le Cône sud, a écrit le tweet suivant :

Des centaines de jeunes célèbrent déjà la légalisation imminente de la marijuana en Uruguay

Le dessinateur syrien Akram Raslan aurait été tué par le régime

vendredi 13 décembre 2013 à 12:14

[liens en anglais] L’incertitude demeure sur le sort du dessinateur syrien Akram Raslan, lauréat du Prix du Courage de la caricature politique 2013 du CRNI, le Réseau international pour les droits des dessinateurs politiques, arrêté en octobre 2012 par le régime Assad. Certains disent qu'il a été tué par le régime Assad après une parodie de procès, d'autres affirment qu'il est toujours en vie.

Le caricaturiste a été arrêté par le renseignement militaire syrien, alors qu'il se trouvait dans les locaux du journal gouvernemental Al-Fedaa à Hama, le 2 octobre 2012. Akram, aurait selon certaines informations, été jugé secrètement.

Nous avons appris que le 26 juillet 2013, Akram Raslan et d'autres prisonniers de conscience, journalistes, artistes, chanteurs et autres intellectuels sont passés en jugement secrètement, sans témoins, sans avocats, sans avocats de la défense, sans appel, et sans espoir de justice. D'informations non confirmées et parcellaires nous avons aussi appris qu'ils ont tous été condamnés à la prison à vie.

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Assemblée et manifestation de dessinateurs du monde entier en soutien à Akram Raslan
05.10.2013, à St Just Le Martel (France). Source : Cartooning for Peace

D'autres blogs de caricatures, comme Comic box resources blog, Cartoon for Peace, The CAGLE Post et The Daily Cartoonist ont aussi repris l'es informations du CRNI et dit leur inquiétude sur le sort d'Akram. Un des commentaires :

Akram, toi et ta famille êtes dans nos prières… Assad, toi et ton engeance êtes… !@#$%^&*

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Source : page Facebook [arabe] Prisonniers et disparus ne sont pas que des chiffres dans les infos. Licence CC BY 2.0

Le 18 octobre 2013, Redac_MM écrivait : Un dessinateur courageux assassiné par le régime syrien

Je suis affligé d'écrire que le Réseau des Droits des Dessinateurs rapporte que le caricaturiste syrien Akram Raslan a été exécuté par le régime syrien après une parodie de procès.

Tandis que Syrian Observer citait un message plus fort : Here There Be Dragons : en Syrie Akram Raslan a été tué :

Les tyrans peuvent bien repousser la critique, ou une insurrection ou même une tentative d'assassinat avec des matraques, des balles et la  terreur. Mais où vont-ils tourner leurs fusils pour empêcher les gens de se moquer d'eux ?  Peut-il y avoir un moyen plus efficace, plus puissant et plus économique de donner du pouvoir à un peuple que de dissiper ses peurs avec un dessin courageux qui fera rire à travers la peur ? 

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Un des dessins d'Akram qui a provoqué le courroux du régime Assad. Source : Blog Cartoon Movement. Licencer CC BY 2.0

Sur Twitter, Rime Allaf écrit :

Ne posez jamais vos crayons, c'est eux qu'Assad craint le plus. Repose en paix Akram Raslan, dessinateur assassiné par le régime syrien.

Sur Facebook, Alisar Iram dit sa solidarité :

Akram Raslan, mort ou vivant, nous nous souvenons de toi et nous t'aimons.

Tandis que Syrian Observer conclut, avec regret et espoir mêlés :

Je regrette de n'avoir pas pu descendre dans la fosse et t'en extraire Akram. Pardonne-moi. Ton sacrifice nous fera peut-être nous regarder de nouveau dans la glace, et nous redemander où franchir la ligne entre la peur et le courage et nous remettre au défi de prendre un nouveau départ.

Six personnalités qui ont fait ou font Madagascar

jeudi 12 décembre 2013 à 23:15

Dans l'actuel climat politique clivé de Madagascar (après les élections du mois dernier, le deuxième tour de la présidentielle est fixé au 20 décembre 2013), il y a très peu de figures unanimement révérées par les Malgaches. Découvrez ici six personnages contemporains de Madagascar qui ont transformé la Grande Ile.

Albert Rakoto Ratsimamanga, le pionnier de la science 

Albert Rakoto Ratsimamanga via arom asso

Albert Rakoto Ratsimamanga via arom asso CC-BY-2.0

Albert Rakoto Ratsimamanga est de loin le savant le plus renommé de Madagascar. Il s'est rendu célèbre par son vaste travail consacré à une meilleure compréhension des propiétés médicinales de la flore endémique unique de Madagascar. Il est crédité de près de 350 publications scientifiques allant de la fonction de la glande surrénale aux remèdes naturels du diabète.

Voici ce qu'il a dit de l'interaction entre la nature et la population malgache :

Nous devons avancer à notre rythme, nous devons avant tout avoir confiance en nous-mêmes et dans les vertus thérapeutiques de la nature. Car la nature et l'homme ne font qu'un.

Dans la vidéo ci-dessous [en français], Ratsimamanga décrit le corps de son oeuvre et sa passion de la recherche :
http://www.youtube.com/watch?v=7RSgQnz7yqw

L'entretien relève que

(Rastimamanga) a mis au service de son pays le fruit de ses connaisances modernes conciliées au savoir empirique des guérisseurs malgaches 

Mais son oeuvre scientifique n'est qu'une moitié de sa vie. Il a aussi été un élément majeur du mouvement pour l'indépendance malgache d'avec la France en tant que co-fondateur de l'Association des Etudiants Malgaches (AEOM), une des organisation à l'avant-garde de la lutte contre le colonialisme.

Cover of Gisele Rabesahala biography via ocean editions CC-BY

Couverture des Mémoires de Gisèle Rabesahala via ocean editions CC-BY

Gisèle Rabesahala, la patriote 

Gisèle Rabesahala a été l'une des figures de proue de la lutte pour l'indépendance de Madagascar. Journaliste et militante politique, elle a créé le journal Imongo Vaovao. Elle a aussi été la première femme malgache élue, en 1958 au conseil municipal d'Antananarivo, la capitale de Madagascar. Elle est morte en 2011, et Internet a débordé d'hommages à sa mémoire.   

Le blog Gradiloafo a relevé ses activités caritatives multiples et son militantisme politique : 

Dans le social, Gisèle Rabesahala a été la fondatrice de l'ONG Comité de solidarité de Madagascar ou « Fifanampiana malagasy » qui œuvre, en l'occurrence, dans l'aide aux démunis [..] Militante engagée dès son jeune âge dans la lutte pour la souveraineté du pays, elle était de tous les mouvements de jeunesse solidaires de la libération des pays sous la tutelle coloniale 

Jean-Luc Raharimanana, le gardien de la mémoire 

Raharimanana on flickr by Gangeous CC-BY-2.0

Jean-Luc Raharimanana. Photo sur Flickr de Gangeous CC-BY-2.0

Jean-Luc Raharimanana est un écrivain malgache. A 20 ans, il avait déjà obtenu le Prix de poésie Jean-Joseph Rabearivelo pour ses premiers poèmes. Ses écrits sont appréciés pour leur description des beautés de la nature dans sa patrie, mais aussi de la pauvreté sordide qui y règne, notamment dans les bidonvilles. Dans son oeuvre, légendes et superstitions anciennes se juxtaposent à l'histoire politique contemporaine.

Catherine Bédarida, une critique littéraire de France, a écrit sur Raharimanana et son livre “Nour, 1947″ :

 ”Nour, 1947″ son premier roman, est à la fois livre d'histoire, oratorio, récit poétique, pages battues par les vents, l'océan, le sel, le sang.  1947, c'est l'heure de l'insurrection malgache. La colonie française voit le retour de ses tirailleurs, enrôlés dans la deuxième guerre mondiale, qui rêvent de se libérer à leur tour de l'occupant. La répression fait des milliers de morts. [..] ” Les mots s'en sont allés et nous ont laissés sans mémoire “ : reconstituer la mémoire de Madagascar, telle est l'obsession du narrateur. 

Erick Manana, l'icône de la culture

Erick Manana est un chanteur-compositeur qui a été appelé le “Bob Dylan de Madagascar”. Sa carrière de musicien professionnel a débuté en 1982 dans le groupe Lolo sy ny Tariny. Manana a été récompensé de plusieurs prix, et il a fêté ses 35 ans de carrière en 2013 à l'Olympia, la salle parisienne historique.

Uli Niebergall écrit de Manana :

Le répertoire de Manana fait alterner harmonieusement ballades lyriques (comme “Tany niaviako”) et des mélodies pop aux irrésistibles rythmes libres et complexes (comme “Izahay tsy maintsy mihira”), et un public appréciatif réagit avec enthousiasme à chaque note et syllable. Les paroles des chansons de Manana parlent souvent de la vie quotidienne des Malgaches. [..] Manana ne se limite pas pour autant aux influences de sa mère-patrie : il déploie un éclectisme particulier dans son choix de chansons d'autres artistes, tant géographiquement que stylistiquement. Par exemple, en hommage à Air Madagascar qui couvre la distance entre Paris et Antananarivo, il a remodelé “Amazing Grace” en une chanson appelée “Vorombe tsara dia” (L'avion qui vole bien). Il chante une version malgache de la “Suzanne” de Leonard Cohen, qui sonne d'une fraîcheur étonnante.

Voici une vidéo d'une de ses plus célèbres chansons, “Izaha tsy maintsy mihira”:

Jacques Rabemananjara, le précurseur politique  

Jacques Rabemananjara était un homme politique, dramaturge et poète malgache. Il est né en 1913 dans une petite ville de la baie d'Antongil, sur la côte orientale de Madagascar. Rabemananjara est considéré comme un des auteurs les plus prolifiques de la Négritude, le mouvement littéraire et idéologique développé par les intellectuels francophones noirs qui rejetaient le racisme colonial français. Léopold Sédar Senghor, le célèbre écrivain sénégalais devenu président de son pays, est le fondateur de ce mouvement. Rabemananjara fut suspecté d'avoir aidé à fomenter l’insurrection malgache manquée de 1947 contre le régime colonial, malgré le fait qu'il avait appelé les insurgés au calme. Il fut arrêté et condamné aux travaux forcés à perpétuité.

Le blog Green Integer a retracé sa vie

Après avoir quitté l'école, Rabemananjara devint un organisateur du premier syndicat de fonctionnaires malgaches, et co-fonda La Revue des Jeunes de Madagascar, un périodique qui se faisait l'écho de sentiments nationalistes contraires aux maîtres français, qui obligèrent le magazine à cesser sa publication au bout de 10 numéros. Pendant la guerre en France il rencontra les membres du mouvement de la négritude, dont Léopold Sédar Senghor et Alioune Diop, qui contribuaient à la revue africaine Présence Africaine. [..] Mais en 1947, les révolutionnaires malgaches attaquèrent une installation militaire française. Les autorités répliquèrent en tuant ou blessant quatre vingt-mille Malgaches. Et, sans aucune preuve que son Mouvement démocratique de Rénovation Malgache fût impliqué, Rabemananjara fut menacé de mort, soupçonné d'avoir organisé l'insurrection. Jugé, déclaré coupable, il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité. Son Antsa (Chant), publié en France en 1956, a fait de lui un héros national, et l'a associé encore plus étroitement à Senghor et Césaire.

Rado, le poète  

Georges Andriamanantena [malgache], plus connu sous le nom de Rado, est un poète malgache renommé, mort il y a cinq ans. Mais son oeuvre a passé l'épreuve du temps dans la culture malgache, y compris dans la blogosphère.

Georges Andriamanantena via his facebook tribute page with permission

Georges Andriamanantena, via une page Facebook d'hommage. Avec permission

Rado descend des chefs du village d’Amboanana dans la région d'Itasy, connu comme le berceau des combattants de la liberté les plus acharnés contre la colonisation française. Tebokaefatra, un blogueur malgache d'Antananarivo, a expliqué [malgache] en quoi les origines de Rado ont conditionné son indéfectible patriotisme :

“…ilay vohitra kely ao atsimon'Arivonimamo, izay nisehoan'ireo Menalamba sahy nanohitra voalohany indrindra ny Fanjanahantany teto Madagasikara. Araka izany koa dia mba nandova ny ran'ireo tia tanindrazana tsy nanaiky hozogain'ny vahiny.”

…le petit village au sud d'Arivonimamo, d'où sont originaires les Menalamba, les premiers et plus acharnés adversaires de la colonisation à Madagascar. Rado a hérité du patriotisme de ses ancêtres qui ont toujours refusé toute domination étrangère.

Il tenait à son indépendance : il a démissionné d'un emploi bien payé pour l'époque et a préféré fonder son propre journal, appelé Hehy, avec son frère Célestin. Il a publié sept recueils de poèmes, parmi lesquels Dinitra (1973), ny Voninkazo adaladala (2003) et ny fiteny roa (2008). Un grand nombre de ses poèmes ont été mis en musique par quelques-uns des artistes malgaches les plus célèbres. Maintikely, un blogueur malgache du Cap, en Afrique du Sud,  a publié [malgache] un de ses poèmes, dont voici un extrait : 

Ho any ianao,kanefa….
Aza ataonao fantany izao fahoriako izao
Fa aoka hiafina aminy
Ny ketoky ny jaly
Nanempaka ny aiko,tanatin'ny longoa
Izay namandrihany ahy…
Ny dinitry ny foko manorika ahy mangina,
Fa sempo-tsasak'alina
Misaina ity anjarako,
Aza ataonao fantany!
[..]
Eny e ! Ampy izay.Tongava soa aman-tsara !
Dia akatony mora
Io varavarako io
Fa hitomany aho…
Rado, janoary 1966

Tu vas la voir, mais…
Ne lui parle pas de ma souffrance,
Laisse-la ignorer la morsure de la douleur
qui déchire mon être,
dans les rets où elle m'a attrapé,
Mon coeur transpirant qui m'étouffe en silence
au milieu de la nuit
quand je pèse ma destinée,
Ne la laisse pas savoir !
[..]
Tel est mon message. N'oublie pas.
Et Adieu !
Mais avant d'aller,
cette main qui est la tienne, qu'elle ne touche rien,
avant de s'unir à la sienne…
Oui, c'est tout. Fais bon voyage.
Et je t'en prie, ferme cette porte
Sur mes larmes.
Rado, janvier 1996.

Mialy Andriamananjara a contribué à ce billet.