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Manifestations anti-USA au 45ème anniversaire du rattachement d'Okinawa au Japon

dimanche 28 mai 2017 à 12:03
Henoko Base Protests Okinawa

Des manifestants brandissant des pancartes “Nous ne céderons jamais” au rassemblement contre le projet de relocalisation de Henoko au Okinawa Cellular Stadium de Naha. Photo de l'utilisateur Flickr RyuFilms Licence d'image: Attribution-NonCommercial-NoDerivs 2.0 Generic (CC BY-NC-ND 2.0).

Le 15 mai 2017 célèbre le 45ème anniversaire de la restitution d'Okinawa au Japon par les USA. Le mois de mai a été marqué par des manifestations à Okinawa contre la construction en cours d'une base militaire américaine dans une baie relativement intacte. Certains craignent aussi que la loi anti-conspiration récemment adoptée au Japon puisse rendre plus difficiles les protestations contre la présence américaine dans cette région. Les manifestations continues contre la présence militaire américaine à Okinawa n'ont reçu que très peu d'attention en dehors du territoire même.

Suite à la défaite du Japon au cours de la seconde guerre mondiale et jusqu'en 1972, les USA ont administré Okinawa qui a servi de base militaire américaine dans le Pacifique occidental. Bien que constituant seulement 0,6 % du territoire japonais, Okinawa abrite plus de 70 % des installations militaires américaines du Japon.

Les bases sont un héritage de la tutelle qui a perduré jusqu'en 1972 et durant laquelle les USA avaient besoin d'installations pour soutenir leurs efforts de guerre contre le Vietnam du Nord. Depuis 1972, la présence de bases et de troupes américaines est généralement justifiée par l'Accord sur le statut des forces militaires (SOFA) et le Traité de Coopération et de Sécurité Mutuelle signé entre les USA et le Japon, connu au Japon sous le nom de Anpo joyaku (安保条約) ou Anpo (安保).

Image modified by Keiko Tanaka

Les zones rouges représentent les bases militaires à Okinawa. Image de Keiko Tanaka tirée de Wikipedia.

Bien que la présence militaire américaine représente une aubaine économique pour les habitants de la préfecture la moins riche du Japon, sur une île très peuplée les bases provoquent des nuisances sonores considérables et occupent beaucoup d'espace. Des efforts ont été déployés au fil des ans pour relocaliser les bases ailleurs.

Le 45ème anniversaire du rattachement d'Okinawa au Japon a déclenché de nouvelles manifestations en opposition à la construction d'une nouvelle base.

En 2013, le premier ministre Shinzo Abe et l'ancien gouverneur d'Okinawa, Hirokazu Nakaima, ont signé un accord autorisant la construction d'une nouvelle base militaire américaine dans la baie de Henoko, une zone relativement intacte qui servira à l'enfouissement des déblais du chantier. Cette décision a provoqué des manifestations continues et des mouvements de désobéissance civile qui ont été brièvement fait les titres des médias nationaux au moment même où Okinawa célébrait le 45ème anniversaire de son retour dans le giron japonais.

Selon un entretien récent avec l'ancien maire de Henoko, l'utilisation des terres pour motif militaire a toujours été basée sur l'entente que les habitants ont également le droit d'en faire usage, un compromis rendu dorénavant obsolète avec la nouvelle base.

En avril 2017 les travaux de remblaiement partiel de la baie de Henoko ont débuté, déclenchant des manifestations devant l'entrée sécurisée du chantier. La police a sévi contre les manifestants venus s'opposer à la construction de la base.

Une oppression injuste continue contre les manifestants qui bloquent le passage des véhicules de chantier lors d'un sit-in à Henoko.

Une vidéo publiée sur Facebook qui montre une intervention policière excessive en réponse à la manifestation a été visionnée des milliers de fois. La vidéo a été mise en ligne sur YouTube par le “militant rappeur” Ogesa Taro qui a aussi fourni sur son compte Twitter des photos et des informations relatives à la manifestation, parfois même accompagnées de poésie.

Alors que je désespère de ce pays
Si ce même désespoir est partagé par d'autres
Mon espoir perdure
Ici repose le dernier rempart de la démocratie
[…]

La plupart des manifestations du mois de mai ont été provoquées par la décision de combler la baie de Henoko avec des rochers en vue d'y construire une digue et une aire d’atterrissage pour hélicoptères.

Voilà ce qui est en train de se passer ici au chantier de Henoko :

Quatre camions à benne de 10 tonnes ont lâché des tas de rochers dans l'océan. Comme vous pouvez le voir sur les images, les rochers libèrent énormément de poussière qui pollue les eaux de la baie. Cela brise le cœur de ces manifestants qui continuent à protester depuis des canots et des bateaux.

En avril, le gouverneur d'Okinawa Onaga Takeshi a demandé une injonction judiciaire pour cesser tout travail sur la digue, jusqu'ici sans succès. À la fin du mois de mai, Onaga a une fois encore demandé formellement de relocaliser la base à Guam, une demande qu'il avait déja faite auparavant.

Onaga, le gouverneur d'Okinawa, remet une nouvelle fois en question l'exécution du projet de construction de la base de Henoko ; il demande à ce que le projet soit réévalué et que la base soit à la place déplacée à Guam.

Les manifestations continueront, et des craintes subsistent quant à l'ampleur des moyens policiers qui seront utilisés pour les arrêter. Le Japon a récemment fait passer fin mai une loi anti-conspiration qui donne les moyens à la police de placer presque n'importe quel groupe sous surveillance.

[Bandeau et légende Twitter] Mettez fin au travaux de remblayage de la baie de Honoko ! Abrogez la loi anti-conspiration. (Action collective de Sapporo, Hokkaido).

Les médias d'Azerbaïdjan répandent la peur et la haine envers les personnes queer, disent les militants

samedi 27 mai 2017 à 21:25

Photo par Aziz Karimov. Utilisée sur Open Caucasus Media and republiée avec permission.

L'article suivant est une version dans le cadre d'un partenariat de partage de contenu d'un texte écrit par nitialement publié sur OC Media.

Lorsqu'ils abordent des sujets relatifs aux queer, les médias d'Azerbaïdjan ont tendance à complètement jeter par la fenêtre leur éthique journalistique la plus basique. Au lieu de produire un reportage objectif, les médias répandent la haine et la discrimination, et prennent le rôle de bastion pour la propagande conservatrice du gouvernement national.

L'homosexualité est encore et toujours un sujet tabou en Azerbaïdjan, et les personnes queer sont victimes de discrimination dans de nombreux aspects de la vie, et dans de nombreux domaines, tels que l'éducation, les services de santé, le travail, le logement, l'armée et la police pour n'en citer que quelques-uns.

Lorsque les médias abordent des sujets queer, cela attire inévitablement l'attention du public. Les acteurs politiques s'en servent pour influencer le public, et abuser des médias de masse, auxquels le public fait confiance bien qu'ils ne soient pas libres.

La guerre de l'information est un concept bien réel pour les personnes queer persécutées qui vivent dans ce pays. Les partis politiques essayent de répandre leur propagande et leur désinformation pour manipuler le public afin de l'obliger à considérer les minorités sociales comme l'ennemi.   

« Parfois les journalistes oublient le pouvoir qu'ils ont »

Les médias sont un outil essentiel pour la diffusion de désinformation et de propagande. Que les organes de presse soient contrôlés par le gouvernement ou l'opposition, ou qu'ils soient indépendants, dans la plupart des cas en Azerbaïdjan ils démontrent une discrimination envers les personnes queer.

Les médias façonnent la narration sur la sexualité, et ils affectent grandement la façon dont la société comprend et accepte les groupes marginalisés, notamment la communauté queer.

Samad Ismayilzadeh est le fondateur et l'un des éditeurs de Minority, le premier magazine queer du pays. Ismayilzadeh critiquent les médias; il pense qu'ils affectent grandement la façon dont l'opinion public voit les personnes queer.

Ismayilzadeh confie à OC Media :

Parfois les médias oublient le pouvoir qu'ils ont et induisent les gens en erreur avec leurs manières non professionnelles. Cela est particulièrement vrai dans le cas des sujets LGBT. Lorsque des agences de presse populaires ou des pages de médias sociaux partagent des publications provocatrices sur la communauté LGBT, pour essayer d'accroître la popularité de leur portail, la plupart du temps cela crée une atmosphère de haine et de souffrance. Les gens commencent à réagir de façon agressive, rapportant leurs opinions biaisées. 

Lorsqu'ils abordent des sujets queer, les médias d'Azerbaïdjan utilisent presque toujours un langage homophobe et transphobe. Cela inclut les gros titres qu'ils choisissent et les photos qu'ils présentent, lesquels ont un impact sur les lecteurs, et leur compréhension et leur ressenti envers les personnes queer.

Par exemple, lorsque des personnes transgenres font la une des journaux, c'est généralement en rapport à des crimes impliquant la police. 

La priorité est donnée au témoignage du malfaiteur dans la presse lorsqu'il s'agit d'un reportage sur des crimes haineux ou des meurtres de personnes transgenres.

Dans la plupart des cas, les détails de l'affaire ne seront pas abordés en intégralité, le reportage se concentrant plutôt sur une discussion de la sexualité ou de l'identité du genre de la victime. Le nom de la victime sur leur carte d'identité avant leur changement de sexe est presque toujours surligné.

Hatampasha, devenue une femme, a été assassinée à Bakou.

Répéter comme un perroquet la haine des politiciens et des responsables publics

Les médias répandent également aveuglément des discours haineux de la part de politiciens, de “psychologues”, d'élus, et autres figures d'autorité, sans remettre en question ce qui est dit ou offrir une perspective différente. Les discours des représentants de l’État sont souvent remplis de propagande haineuse, car ils contiennent des éléments discriminatoires, racistes, homophobes ou transphobes.

Ci-dessous, un exemple de la façon dont les médias confectionnent une narration délibérément discriminatoire :

Le changement de sexe, la transition d'homme en femme et vice versa, est interdite par la loi en Azerbaïdjan. Mais, dans la plupart des cas, les cliniques privées ne portent pas attention à cette loi. Bien que cela ne soit pas officiellement autorisé, il est possible de voir ces soi-disant “personnes” qui ont changé de sexe sur les réseaux sociaux. C'est intéressant, si la loi l'interdit, comment est ce que Kamil [nom masculin] devient Kama [nom féminin] ? La question concerne les changements de sexe. Cela veut dire que l'homme d'aujourd'hui est la femme aux longs cheveux et à la taille fine de demain, ou que l'élégante femme d'aujourd'hui est l'homme à barbe et aux larges épaules de demain.

La représentation des personnes queer dans les médias est donc presque toujours négative, ce qui reflète l'intolérance présente non seulement en Azerbaïdjan, mais dans la région du Caucase en général. Une représentation plus positive ou une présence accrue de la communauté queer dans les médias pourrait aider à améliorer l'acceptation et le soutien à la communauté queer, l'établir comme normale, et fournir des informations indispensables sur le sujet.

Offrir une représentation plus positive des personnes queer

D'après Ismayilzadeh, il y a certains cas où les personnes queer sont représentées de façon plus normale et même positive, et où elles sont mêmes invitées dans des émissions télévisées. Cela dépend de leur richesse, de leur métier, ou même de leurs opinions politiques, explique-t-il.

Pourtant, en général, ces personnes sont victimes de discrimination. Ismayilzadeh pense que les sujets queer sont quelque chose auquel les gens préfèrent ne pas penser.

“[Les gens] voient toujours ce sujet comme un problème à aborder en dernier, lorsque tous les autres problèmes seront réglés.” dit-il.

‘Apocalypse aujourd'hui. Ricky Martin et son nouveau petit ami Ivan Yosef sur le tapis rouge. Brrr’.

Les représentations positives des personnes queer dans les médias peuvent avoir un immense impact sur la société, et les médias ont l'opportunité et la responsabilité de façonner la culture. À travers toutes les chaînes médiatiques et tous les genres de médias, les personnes queer pourraient être représentées et se représenter elles-même telles qu'elles sont ; de la même façon que les autres, et les autres communautés l'ont fait au fil du temps.

C'est ce que Minority essaye de faire, de faire briller une lumière positive sur les personnes queer. Ismayilzadeh pense que les médias devraient écrire des articles sur des personnes queer, comme ils le font des médecins qui sauvent des vies ou des activistes qui se battent pour les droits de l'homme.

“Il y a beaucoup de gens merveilleux dans la communauté LGBT qui méritent à être connus,” affirme-t-il.

Il y a quelques organisations qui se battent pour protéger les droits des personnes queer et pour en présenter une perception différente en Azerbaïdjan. Mais il y a également beaucoup d'obstacles. Selon Ismayilzadeh, les groupes de défense des personnes queer sont confrontés à des difficultés lorsqu'il s'agit d'identifier des incidents de haine ou de discrimination.

“La communauté LGBT est encore un gros tabou, et les gens préfèrent cacher ces incidents de leur vie de tous les jours ; et c'est pour cela qu'il est plus difficile de les défendre,” explique-t-il.

‘Regardez qui ils cachent dans les cliniques. “Mavi” (une insulte contre les homosexuels) cachés à Semashko [un hôpital] ou le cache-cache des médecins.

Dans les USA de Trump, cet étudiant en médecine voit se tarir les offres de prêts étudiants

samedi 27 mai 2017 à 20:52

Julio Ramos est un enseignant dans le sud du Texas qui aspire à devenir médecin depuis l'âge de 12 ans, alors que sa mère subissait un traitement pour un cancer du sein. Photo: Julio Ramos

Cet article de Reynaldo Leanos Jr. a été à l'origine publié sur PRI.org le 17 mai 2017. Nous le republions ici dans le cadre d'une collaboration entre PRI et Global Voices.

Environ 11 300 personnes ont postulé cette année à la faculté de médecine de l'université Loyola de Chicago. 600 y ont décroché un entretien pour un total d'environ 160 admissions, soit moins de 2% de chances d'y entrer.

Sur l'ensemble des étudiants admis, 10 d'entre eux sont des sans-papiers ayant été amenés clandestinement aux États-Unis à un jeune âge. Ils disposent du statut DACA (Action Différée pour les Jeunes Migrants) qui leur permet de bénéficier d'un permis de travail temporaire et leur donne une chance de devenir médecins.

L'un d'entre eux s'appelle Julio Ramos.

Ramos, 24 ans, enseigne la biologie dans un collège de Brownsville, dans la vallée du Rio Grande au Texas. L'année passée il a postulé à plusieurs écoles de médecine (devenir médecin étant son rêve d'enfance) et a été admis dans deux institutions. La Loyola’s Stritch School of Medicine de Chicago était son premier choix mais lorsqu'on l'a appelé en février, la nouvelle a été douce-amère.

“J'ai reçu un appel du Dr Nakae que j'admire beaucoup. Elle se bat pour la justice sociale et pour les étudiants sans-papiers” dit Ramos, alors enthousiaste.

Mais Sunny Nakae, vice-doyenne des admissions et du recrutement à l'école de médecine de Loyola, est venue à lui avec des conseils inattendus : elle lui a recommandé d'aller plutôt à l'école de médecine de Mount Sinai de New York, là où on pourrait mieux l'aider à financer ses frais de scolarité.

La plupart des étudiants en médecine couvrent leurs frais de scolarité par le biais de prêts étudiants fédéraux pour lesquels les bénéficiaires DACA ne sont pas éligibles. Les frais de scolarités à Loyola coûtent près de 30.000 $ par semestre, sans compter les frais de subsistance.

Auparavant, Loyala collaborait avec des prêteurs privés et des fondations pour aider à financer l'éducation supérieure des étudiants DACA. Avec les changements de politique en matière d'immigration, les créanciers ont fait savoir à la faculté qu'ils n'ont dorénavant plus la garantie que leurs investissements porteront leurs fruits. Si le gouvernement Trump décide de mettre fin au programme DACA, les étudiants comme Ramos n'auront plus l'autorisation de travailler et donc par-là même celle de pratiquer la médecine. Du point de vue des créanciers cela signifie que les étudiants n'auront peut-être pas la possibilité de rembourser les prêts dont ils bénéficient.

Il n'est pour l'instant qu'un professeur de biologie à Brownsville au Texas mais le rêve de Julio Ramos est de devenir médecin. Photo: Julio Ramos

“Ils voyaient ces étudiants comme des investissements au sein des communautés défavorisées,” dit Mark Kuczewski, directeur du département de formation médicale à Loyola. “Sans avoir l'assurance que les étudiants seront capables de poursuivre leurs études, de pratiquer la médecine et d'obtenir leur accréditation (ce qui signifie le maintien du permis de travail découlant du programme DACA), il est difficile pour ces fondations à but non lucratif d'utiliser leurs investissements communautaires de cette manière.”

Dans les semaines suivant le premier appel, Ramos a reçu un email de Loyola réitérant ce qui lui avait été communiqué par Nakae.

“J'ai du envoyer un message personnel à chacun des bénéficiaires DACA qui ont été acceptés dans la faculté afin de leur faire savoir que nous n'avons actuellement pas de sources de financement disponibles et qu'ils auraient besoin de prendre toutes les mesures nécessaire pour s'auto-financer cette année,” dit Nakae. “Nous serions prêts à leur accorder un sursis s'il se trouvaient dans l'impossibilité de rassembler les fonds.”

Depuis trois ans, la faculté ainsi que ses partenaires ont permis d'offrir des prêts et des bourses aux étudiants sans-papiers au nombre de 7 à 14 par programme.

Kuczewski affirme que les autres facultés de médecine acceptent habituellement seulement un ou deux étudiants DACA au travers de bourses d'étude. L'université Loyola a été jusque-là capable d'en admettre plus en faisant appel aux prêteurs privés.

Nakae déclare que même les facultés qui sont capables de financer les étudiants DACA par le biais de prêts entre institutions, de subventions ou de bourses d'études s'inquiètent des futures décisions du gouvernement Trump. Les étudiants doivent également compléter une formation pratique, c'est à dire être employés dans un hôpital, pour devenir médecins agréés. Il n'y a en revanche aucune garantie disposant les hôpitaux à le faire.

Kuczewski et Nakae sont aussi en train de concevoir un plan de secours pour financer les étudiants DACA déjà admis dont les prêts peuvent être compromis si le gouvernement Trump met fin au programme. Ils recherchent également de l'aide en ce qui concerne les bourses d'études pour aider les étudiants DACA récemment admis à se financer.

“Nous cherchons à parvenir à d'autres alternatives avec d'autres fondations et à nous orienter vers une optique philanthropique plutôt que pécunière” déclare Nakae.

Cinq des dix étudiants sans-papiers admis à l'université Loyola cette année ont décidé d'aller ailleurs. Un partenaire peut aider à financer les frais de scolarité de deux étudiants selon Kuczewski, mais la faculté ne peut pas aider les autres. Cependant il ne veut pas que l'incertitude qui règne actuellement puisse décider de l'avenir des étudiants.

“Cela serait terrible si dans 10 ans on se rappelait que le gouvernement n'avait rien fait pour les étudiants tributaires du programme DACA et que l'on avait arrêté de créer des opportunités” dit Kuczezski.

En attendant, Ramos a pris la décision de joindre la Icahn School of Medicine de Mount Sinai à New York l'automne prochain. L'école de médecine lui a offert des prêts et des bourses pour financer ses études. Il terminera ce mois ci sa dernière année en tant qu'enseignant avant de redevenir étudiant.

Maintenant il essaie de s'arranger pour que ses parents – également sans-papiers – puissent assister à la cérémonie de remise des sarraus qui aura lieu à New York au mois de Septembre. Il s'agit d'une cérémonie de bienvenue destinée aux étudiants de première année qui prennent l'engagement de s'occuper de patients. Les parents de Ramos craignent que s'ils s'aventurent au delà des postes frontières du Texas, ils pourraient être arrêtés et expulsés.

Comment le village sud-africain de Mankosi a réussi à abaisser ses coûts de communications

samedi 27 mai 2017 à 19:13

Une version de ce billet a été initialement publiée sur le site de l'Association for Progressive Communications (APC), qui vise à promouvoir l'utilisation d'Internet pour la justice sociale et le développement durable.

Le mot “Zenzeleni” en xhosa [fr] signifie “faites-le vous-même”, ce qui est précisément ce que le village de Mankosi, situé dans la province du Cap oriental [fr] en Afrique du Sud, a fait pour faire face aux coûts élevés des communications. Grâce à un réseau [fr] fonctionnant à l'énergie solaire appartenant à la collectivité, les résidents de ce village rural ont maintenant accès au téléphone et à Internet à des prix plus abordables.

Le projet Zenzeleni Networks, c'est son nom, est enregistré comme coopérative dans la communauté traditionnelle rurale de Mankosi située dans la municipalité de Nyandeni dans la province du Cap oriental, considérée comme l'une des régions les plus défavorisées du pays. Le projet, qui est membre du réseau APC, a pour but de créer un modèle pour la mise en œuvre de manière durable de services de télécommunications villageois de bas en haut dans les communautés rurales en Afrique du Sud.

Dans de nombreuses régions du pays, les zones rurales n'ont pas d'infrastructure internet, et des initiatives telles que Zenzeleni travaillent de manière collaborative pour changer cela.

L'histoire de Mankosi

Le chercheur Carlos Rey Moreno de l'Université du Cap occidental a constaté que dans un pays à forte inégalité de revenus, les habitants de Mankosi consacraient environ 22% de leurs revenus à la communication. Ce taux est significativement plus élevé que l'objectif de 5% du revenu mensuel moyen à consacrer à la bande large fixé par l'Union internationale des télécommunications.

Zenzeleni cite le manque de concurrence dans de nombreuses régions rurales du pays comme l'une des principales raisons pour lesquelles ces coûts de communication sont si élevés. Ainsi, afin de fournir des services de communication à moindre coût, le village de Mankosi devait prendre les choses en main.

Le cofondateur de Zenzeleni, Masibulele Jay Siya, qui travaille également au Département d'informatique de l'Université du Cap occidental, a déclaré à APC dans une interview :

La plupart des habitants des zones rurales en Afrique du Sud n'ont pas accès à d'infrastructure internet et cela limite leur aspiration à de meilleures compétences et conditions de vie dans le monde d'aujourd'hui. Mais si vous voulez les aider, vous devez le faire en l'expliquant aux gens de manière à qu'ils voient l'importance d'être connecté. Donc, parler aux autorités locales est la première chose que nous avons faite, en veillant à ce que tous les autres membres de la communauté aient leur mot à dire.

Obtenir l'accord de la communauté était essentiel, le “inkosi” (chef) [fr] a, donc organisé une réunion des villageois pour leur expliquer le projet en détail, ainsi que le choix des ménages qui fonctionneraient comme des “nœuds” ou la technologie hôte qui distribue des données le long du réseau.

Zenzeleni explique  avec plus de détails sur son site web comment son réseau de maillage fonctionne :

La différence de base entre un réseau de télécommunications traditionnel et un réseau de maillage est que le premier se compose de grandes et coûteuses balises centrales ou de mâts auxquels chaque utilisateur périphérique (comme un téléphone portable) se connecte, tandis qu'un maillage est constitué de nœuds dispersés (petits, bon marché), dont chacun peut se connecter avec nombre d'autres. Un message se propage d'une partie d'un maillage à n'importe quelle autre partie en passant par autant de nœuds que nécessaire.
Dans un réseau traditionnel, les balises sont habituellement connectées l'une à l'autre (et au monde) par une liaison terrestre ou hyperfréquence “backbone”. Un réseau maillé peut ou non avoir une “passerelle” qui n'est qu'un de ses nœuds, également connecté à un réseau traditionnel. Ainsi, si un membre d'un maillage a une connexion Internet, elle peut être partagée par l'ensemble du maillage. Mais les nœuds se connectent toujours quand il n'y a pas de passerelle – par exemple, les membres de la communauté Mankosi peuvent se téléphoner gratuitement même si leur connexion Internet est interrompue.

Les rencontres initiales avec les habitants ont été suivies d'une série d'étapes administratives pour enregistrer le projet comme coopérative, appartenant à toute la communauté. En outre, l'ouverture d'un compte bancaire ainsi que la sollicitation de licences et d'exemptions de l’Autorité indépendante des communications d'Afrique du Sud (ICASA) [fr] constituaient des étapes importantes supplémentaires dans le processus.

Avec un budget initial fourni par l'Université du Cap occidental pour la formation à l'installation et l'utilisation du matériel, le projet a demandé aux résidents locaux d'aider à la construction et mise en œuvre de l'infrastructure du réseau. Les panneaux solaires fournissent de l'énergie au réseau, car l'électricité n'est pas disponible dans le village, et servent à recharger les téléphones portables.

“Il s'agit de collaboration”

A la question du plus grand défi auquel ils ont été confrontés, Siya a mentionné la résistance initiale au changement :

Les changements technologiques impliquent une frustration, et vous avez besoin de solutions durables. Dans de nombreuses régions rurales, nous avons trouvé des ordinateurs installés là sans que personne ne les utilise parce que personne n'avait jamais appris comment ça fonctionne. Ainsi, une grande partie de notre travail consiste maintenant à fournir des services aux écoles, à recueillir des informations pour voir ce pourquoi elles ont besoin d'Internet, afin qu'elles le trouvent utile et créent une solution durable pour que les enseignants puissent l'utiliser avec les élèves. Il y avait déjà eu des projets de formation, mais pas des projets d'approche ascendante, de sorte que la communauté ne se les était jamais appropriés. La formation est nécessaire et nous voulons le faire localement, par le biais de personnes locales, en formant des formateurs

Tout ce qui concerne le projet Zenzeleni Networks souligne l'importance de l'implication de la collectivité. Cela inclut la fourniture de services connexes dans la langue parlée par les habitants – les utilisateurs peuvent accéder et interagir avec les menus vocaux en Xhosa pour choisir s'ils veulent payer le service sous forme d'argent ou de cartes prépayées – ce qui constitue un autre avantage d'avoir un réseau local. Siya conclut :

Nous comprenons la collectivité comme des personnes se réunissant pour voir quels sont les problèmes et trouver des solutions ensemble. Bien sûr, tout cela ne concerne pas uniquement l'internet, il s'agit de collaboration, de compétences, de besoins sociaux, de construction de quelque chose ensemble.

« Lalades », ces tulipes sauvages de Chios qui annoncent l'arrivée du printemps sur l'île grecque

vendredi 26 mai 2017 à 22:07

Tulipe de l'île de Chios, Égée-Septentrionale. Photographie de l'auteur

[Article d'origine publié en grec le 25 avril 2017. Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en français.]

En entendant le mot tulipe, vous pensez probablement aux Pays-Bas, peut-être même à la tulipomanie du XVIIe siècle. Pourtant, saviez-vous que l'âge d'or de l'Empire ottoman a été nommé « l'ère des Tulipes » (Lâle Devri, en turc) ? Il s'agit là d'un témoignage parmi tant d'autres de la présence de ces fleurs dans d'autres régions du monde.

Sur Chios, petite île grecque de la mer Égée septentrionale, les tulipes sont appelées lalades [el]. Au début du mois de mars, elles recouvrent de leurs fleurs les champs et les oliveraies. Leur floraison est cependant éphémère : de sept à dix jours seulement.

Connue pour ses arbres à mastic (pistachiers lentisques) particulièrement renommés, et plus récemment, pour avoir accueilli un afflux considérable de migrants et de réfugiés venus du Moyen-Orient via la Turquie, Chios évoque depuis longtemps le printemps à travers la floraison des tulipes. La culture de ces fleurs y est une tradition, qui assure la subsistance des habitants de l'île.

Originaires d'Asie centrale, les tulipes se sont ensuite répandues dans les régions méditerranéennes jusqu'à atteindre l'Europe centrale et l'Europe de l'Est. Le nom des tulipes sur l'île de Chios, lalades, rappelle l'histoire de la fleur : lale est un terme perse signifiant tulipe, d'abord introduit dans la langue turque puis dans le dialecte de Chios.

La Grèce compte 14 espèces de tulipes, parmi lesquelles quatre sont particulièrement cultivées dans le centre et le Sud-Est de l'île de Chios (Tulipa praecox, Tulipa agenensis, Tulipa clusiana et Tulipa undulatifolia).

Un champ de lalades dans le village de Kallimassia, île de Chios. Au fond, des oliviers et des lentisques (arbres à mastic). Photographie de l'auteur

La Tulipa praecox, que l'on appelle « tulipe (lale) turque » sur l'île de Chios, est une fleur de couleur rouge vif dont la hauteur peut atteindre 70 centimètres, que l'on rencontre généralement à proximité des champs cultivés et des oliveraies.

La Tulipa agenensis, ou « tulipe (lale) franque » selon l'expression locale, mesure jusqu'à 50 centimètres de hauteur. Ses pétales rouges dévoilent à l'intérieur de la fleur des taches noires cerclées de jaune.

La Tulipa undulatifolia est une espèce rare et menacée, mesurant jusqu'à 30 centimètres. Ses fleurs sont rouge orangé et ses feuilles ondulées. Cette variété de tulipe se trouve également sur les terrains cultivés, habituellement aux abords des vergers de pistachiers.

Pour finir, la Tulipa clusiana, connue à Chios sous le nom de « tulipe (lale) de Constantinople ou de Babylone », peut atteindre 60 centimètres de hauteur. Ses fleurs blanches se distinguent par leurs stries d'un rouge écarlate intense, à l'extérieur des pétales. Cette espèce rare est originaire de Perse.

Les lalades représentent un trésor naturel précieux pour l'île de Chios. Mais cette flore insulaire subit des pressions. En l'absence de mesures de préservation, la récolte intensive des tulipes et l'arrachage de leurs bulbes tous les ans risquent d'épuiser les sols. Par ailleurs, l'abandon des méthodes de culture traditionnelles et l'adoption de techniques de labourage modernes menacent de détruire les bulbes.

Envie d'un moment apaisant ? Contemplez les fleurs de Chios grâce à un aperçu vidéo, filmé par Panos Mavrakis et mis en ligne sur sa chaîne YouTube, dévoilant un parterre infini de tulipes rouges sur l'île de Chios :