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Le numérique comme véhicule de participation au processus démocratique pour les jeunes en Tanzanie et au Mexique

lundi 10 novembre 2014 à 13:45
jeune participant au  Forum mondial de la Démocratie - photo de Suzanne Lehn

jeune participant au Forum mondial de la Démocratie – photo de Suzanne Lehn

La troisième édition du Forum mondial de la démocratie qui s'est tenu à Strasbourg du 3 au 5 novembre 2014 a eu pour thème “De la participation à l'influence : la jeunesse peut-elle redynamiser la démocratie” ? L'intitulé sous la forme d'une question dévoile les obstacles complexes qui empêchent les jeunes de participer plus concrètement au processus démocratique. Les jeunes, ne se sentant pas représentés par les élus, se trouvent obligés de chercher les moyens qui leur permettant de développer une culture de la responsabilité dans le cadre d'une participation concrète à la vie politique et sociale. C'est le contenu du Lab 6 ”Gardiens de la démocratie” : ceux-ci seront-ils capables d'établir des relations de confiance entre les décideurs et les jeunes, et faire en sorte que les institutions soient vraiment plus responsables et à l'écoute de tous y compris des jeunes ? Shaban Ramadhani, fondateur et directeur exécutif de Mwanza Youth and Children Network (MYCN, Réseau des enfants et des jeunes de Mwanza) de Tanzanie, a décrit les activités du conseil des jeunes de Mwanza, où enfants et jeunes peuvent s'exprimer en toute liberté.

logo MYCN

Logo du MYCN, Tanzanie

Sarah Huxley, coordinatrice des Droits des enfants et des jeunes pour Action Aid International a insisté sur les efforts de cette organisation humanitaire de terrain pour sensibiliser les jeunes à lutter contre les injustices sociales tout en les aidant à trouver les moyens qui leur permettent de confronter les grands problèmes. En outre l'association cherche toujours à associer ces jeunes à sa gouvernance, à renforcer leur pouvoir et les inciter à fixer des projets politiques.  

#Yosoy132

Source image : Wikipédia

Comment inciter à participer au processus démocratique un jeune dans un régime autoritaire l'empêchant de s'exprimer, qui de ce fait ne retient de la démocratie que son aspect théorique et son concept le plus vague ? Une telle exclusion oblige donc les jeunes à sortir dans les rues pour défier les systèmes et réclamer leur droit à la liberté et à la démocratie. Le Lab 18 a traité de ce qu'on a appelé les mouvements sociaux, qui pourront être des moteurs de changement du système selon César Alain Ruiz Galicia, du mouvement #Yosoy132 : jeune militant et journaliste mexicain, il a démontré avec fougue que les moyens de communication traditionnels en Mexique constituent des grands obstacles pour instaurer une vraie démocratie. C'est pourquoi il exige de nouvelles initiatives pour une culture numérique plus fiable, plus authentique, plus objective et plus libre. Le débat a montré que les mouvements sociaux pourront certes influencer les structures démocratiques dans le monde mais il reste beaucoup à faire. Pensons particulièrement aux révolutions du monde arabe comme celle de la Tunisie ou de l'Egypte, qui ont réussi certes à montrer au monde entier que les mouvements sociaux pouvaient chasser les dictateurs du pouvoir et remplacer les régimes autoritaires par des systèmes plus au moins démocratiques, mais on est encore loin du compte !

Les débats de ces Labs ont été enregistrés et les vidéos peuvent être visionnées sur le site du Conseil de l'Europe.

Crise hydrique au Brésil : l'assèchement des sources du “Vieux Frank”, une des plus longues rivières du pays

dimanche 9 novembre 2014 à 18:51
A nascente do Rio São Francisco no Parque Nacional Serra da Canastra, hoje seca. Foto tirada por Thiago Melo em 8 de janeiro de 2010. Publicada no Flickr com licença do Creative Commons (CC BY 2.0)

Les sources de la rivière São Francisco sont situées dans le parc national des montagnes Cantareira, dans la ville de São Roque de Minas. Voici l'état dans lequel elle se trouve en janvier 2010. Image Flickr de Thiago Melo (Flickr CC BY 2.0)

La pluie qui est tombée des montagnes Cantareira à la fin du mois d'octobre n'était pas suffisante pour nourrir l'espoir que les sources de la rivière São Francisco, qui s'est asséchée au mois de septembre pour la première fois dans l'histoire, se régénèrent. Le changement climatique, les longues périodes de sécheresse et la destruction croissante des écosystèmes constituent quelques unes des causes de la disparition de l'une des principales sources des rivières sud-américaines. Les sources ont toujours été considérées jusqu'à ce jour comme permanentes.

La rivière est tellement asséchée que les pêcheurs abandonnent leur travail à Iguatama, dans l'ouest de l'état de Minas Gerais, la première ville à être baignée par les eaux du São Francisco. Le Três Marias, le premier barrage sur la rivière qui fonctionne avec un volume de 3.5 pour cent de sa capacité normale a récemment vu son débit réduit. Selon le Comité de la rivière São Francisco (Comité du Bassin Hydrographique de São Francisco, CBHSF), s'il ne commence pas à pleuvoir, c'est un tronçon de 40 km situé après le barrage qui s'assèchera complètement. A Sobradinho, dans l'état de Bahia, le volume du second barrage est à 18 pour cent.

Longue de 2 863 kilomètres, une distance plus longue de celle séparant Madrid de Berlin, la rivière São Francisco traverse cinq états du Brésil – Minas Gerais, Bahia, Pernambuco, Alagoas et Sergipe – qui comprennent 504 villes. Elle constitue l'un des plus importants bassins du Brésil. Surnommée affectueusement “Old Frank” (“Vieux Frank”), elle est aussi connue pour être la “rivière de l'intégration nationale” dans la mesure où elle unit différents climats et régions, tout en reliant le sud-est et le centre-ouest au nord-est du pays. Elle est également appelée “la plus rivière la plus Brésilienne de toutes” car elle compte parmi les seules rivières au Brésil qui traversent le pays de la source au delta.

Même si la rivière coule toujours grâce à ses nombreux affluents, l'assèchement de sa source est considéré comme un symptome de la sévère crise de l'eau qui affecte actuellement le sud-est du Brésil. Pour le sociologue Roberto Malvezzi, il s'agit d'un deuil d'ampleur historique, pour la rivière São Francisco et les gens qui vivent en amont :

Nem o pior dos vaticínios nos anteciparia essa notícia. Agora não é mais previsão dos catastrofistas, dos apocalípticos, de ambientalistas sectários. Estamos diante do fato.

Même les prévisions les plus sombres ne s'attendaient pas à cette nouvelle. A présent, il ne s'agit plus de simples paroles d'alarmistes, de millénaristes ou d'environnementalistes sectaires. A présent, nous sommes confrontés à une réalité.

Le “Vieux Frank” est mort de soif selon le journaliste Carlos Costa, qui a indiqué combien il était attristant de voir se tarir les sources des rivières :

Ele não perecerá por completo porque também recebe água de outros afluentes, mas sua nascente já morreu e está cercada de pedras como se fosse em volta de uma sepultura. Um quadro triste! O “Velho Chico” morreu de sede em sua nascente, como outros rios poderão morrer também se eles não forem tratados com carinho, respeito e responsabilidade como se fosse mais um ser vivo, como na verdade é.

Il ne mourra pas complètement grâce aux courants d'eau qu'il reçoit d'autres affluents mais ses sources sont bien taries, au milieu de pierres, comme si c'était une crypte. Quelle triste image ! Le “Vieux Frank” est mort de soif à la source, tout comme d'autres rivières qui pourraient bien également se tarir si elles ne sont pas traitées avec bienveillance, respect et responsabilité, comme des êtres vivants, ce qu'elles sont en fait.

Le blogueur Edivaldo Braga de Bahia a fait la liste des problèmes qui portent atteinte au “Vieux Frank”, dont il dit qu'il appelle à l'aide :

O Velho Chico está agonizando e prestes a morrer. A ponte que liga algumas cidades encontra-se completamente descoberta e denuncia o sério problema. A morte do rio significa o fim de muitos ribeirinhos.

Le Vieux Frank est en train d'agoniser et il est sur le point de mourir. C'est un pont qui relie des villes, et à présent ce pont est complètement sec, c'est signe d'un sérieux problème. L'assèchement complet d'une rivière peut signifier la fin de beaucoup de populations riveraines.

La rivière São Francisco est l'unique source d'eau douce pour beaucoup de populations riveraines — appelés “ribeirinhos” au Brésil — lesquelles en dépendent pour l'agriculture, l'élevage et le transport via la navigation fluviale. Le blog et les photos de Markileide Oliveira montre comment le flux de la rivière affecte la mobilité de la population de Xique-Xique, une ville de l'état de Bahia qui dépend d'un des bras du “Vieux Frank” :

O Rio São Francisco vem enfrentando uma das maiores secas da sua existência, as várias cidades das suas margens sofrem com a falta de água. São inúmeros os relatos dos ribeirinhos, que contam as dificuldades enfrentadas no seu cotidiano. Muitos caminham a pé pelo leito do rio até chegarem à cidade e fazem o mesmo trajeto de volta para casa. Alunos das redes públicas chegam a usar três transportes para ir à escola, acordam às 5h para poder assistir a segunda aula por que a primeira não é possível. Os ribeirinhos estão aportando os seus barcos nas margens de um rio seco. Sem profundidade, as barcas de médio porte não conseguem navegar e os barqueiros buscam outras formas de sobrevivência, pois o transporte coletivo ficou impossibilitado. Os ribeirinhos estão substituindo os barcos por bicicleta, carroças, carrinhos de mão, entre outras possibilidades de locomoção.

La rivière São Francisco fait face à l'une des pires sécheresses de son histoire, beaucoup de villes riveraines souffrent actuellement de pénurie d'eau. De nombreux rapports expliquent les difficultés rencontrées au quotidien par les populations. Beaucoup marchent à pied le long du lit de la rivière jusqu'à la ville la plus proche et font également le chemin inverse pour rentrer chez eux. Les enfants utilisent jusqu'à trois modes de transport pour aller à l'école. Ils se réveillent à 5 heures du matin pour être prêts pour le 2ème cours de la journée car assister au 1er cours demeure impossible. Les “ribeirinhos” amarrent leurs embarcations le long des rives d'une rivière asséchée. Les eaux n'étant pas assez profondes, les bateaux de taille moyenne ne peuvent naviguer et les bateliers recherchent d'autres moyens de survivre puisque les transports communs fluviaux sont devenus impossibles. Les gens remplacent les bateaux par des vélos, des charrettes, des brouettes et d'autres moyens de mobilité.

Carroça substitui a canoa em Xique-Xique, Bahia. Foto de Markileide Oliveira, publicada com autorização.

Les charrettes remplacent les bateaux à Xique-Xique dans l'état de Bahia. Photo de Markileide Oliveria, publiée avec autorisation.

Pendant que son cours est “dévié”, le “Vieux Frank” se meurt à petit feu

Les dégâts autour de la rivière São Francisco ne sont pas un problème récent et cela est décrit depuis des années par des spécialistes et des citoyens. En 2009, João Carlos Figueiredo, auteur des blogs Meu Velho Chico (Mon Vieux Frank) et Meu Velho Chico: memórias de uma expedição solitária (Mon Vieux Frank : mémoires d'une expédition solitaire, disponible également sur ebook) a navigué sur toute la longueur de la rivière en canoë pendant 100 jours, en ramant seul depuis les sources des montagnes Cantareira jusqu'au delta de la rivière à Piaçabuçu dans l'état d'Alagoas. Evoquant la sécheresse dans les montagnes, il explique :

Estamos chegando, rapidamente, no limite de resiliência (capacidade de recuperação) de nosso Meio Ambiente. Passado esse limite, o Brasil, gradualmente, se transformará em uma gigantesca savana seca e estéril. Regiões desérticas substituirão as florestas e as nossas gigantescas bacias hidrográficas. E até mesmo os ignorantes donos do agronegócio verão seus latifúndios se transformarem em terra seca e inútil para a lavoura. Será esse o nosso destino final?

Nous atteignons actuellement nos limites de résilience (capacité à se redresser). Après ça, le Brésil va devenir graduellement une gigantesque savane, sèche et aride. Les déserts remplaceront les forêts et nos énormes bassins. Même les ignorants propriétaires d'entreprises agroalimentaires vont voir leur latifundium {terme qui désigne les vastes propriétés foncières en Amérique du Sud} s'assécher et devenir impropre à la mise en culture. Est-ce là le triste sort auquel nous sommes rendus ?

Publié en 2012, le livre “La flore de Caatinga et la rivière São Francisco : histoire naturelle et conservation” constitue la description la plus complète de la végétation de la rivière, et conclut à son “inexorable” extinction. Résultat de quatre ans de recherche et d'exploration sur plus de 340 000 kilomètres carrés par plus de 100 experts venant des quatre coins du Brésil, le livre a mis en garde sur les dangers du projet de “déviation”, un plan gouvernemental massif qui vise à porter les eaux de la rivière jusqu'aux “sertões” — les régions semi-arides du Brésil. Les experts disent que cela portera encore plus atteinte à la “Caatinga“, et pas seulement au biome brésilien qui est déjà extrêmement menacé.

 Estação de Bombeamento do Eixo Leste do Projeto de Integração do Rio São Francisco. Foto: Moreira Jr. (CC BY-NC-SA 2.0)

Station de pompage au niveau du puits Est du projet de déviation de la rivière São Francisco, Octobre 2014. Photo tirée de Flickr par Moreira Jr. (Flickr, CC BY-NC-SA 2.0)

La déviation, qui a déjà coûté 3.2 milliards de dollars aux fonds publics et qui n'est toujours pas achevée, a allouée moins de 10 pour cent du budget au rétablissement des sources et de la végétation de la rivière. Selon quelques uns de ses détracteurs, le projet profite davantage à l'industrie agroalimentaire qu'aux populations pauvres avoisinantes. Roberto Malvezzi a mis en garde sur le fait que le processus pourrait accélérer l'assèchement total de la rivière São Francisco, déjà considérée comme une rivière intermittente.

Hoje ainda se fala na transposição, ela continua na mídia, por muitos considerada ainda como a redenção do semiárido. Vamos respeitar a ignorância dessa afirmação, afinal o Nordeste e o semiárido continuam desconhecidos para 90% dos brasileiros, mas vale lembrar que 40% do semiárido brasileiro está em território baiano, portanto, longe dos eixos da transposição.

Quantos ainda falam da revitalização? Alguém tem alguma notícia? O São Francisco continua em processo de extinção rápida e fatal. Mesmo assim fala-se em projetos de 100 mil hectares de cana irrigada em Pernambuco, 800 mil hectares de cana irrigada na Bahia, transposição para outros estados e assim por diante.

Certamente voltará a chover, o rio vai recuperar volume, mas as secas serão cada vez maiores e mais constantes. A NASA, anos atrás, projetava que o São Francisco seria um rio intermitente em 2060. Realizamos a façanha de antecipar a projeção em mais de 40 anos. 

Jusqu'aujourd'hui, les gens parlent encore de la déviation, ça fait partie des titres de journaux, pour beaucoup elle est considérée comme une rédemption pour les terres semi-arides. Respectons l'ignorance de cette décision, dans la mesure où le nord-est et les zones semi-arides restent méconnues pour 90% des Brésiliens, mais gardons à l'esprit que 40% de ces zones semi-arides se situent dans l'état de Bahia, par conséquent bien loin des digues de déviation. 

Combien sont-ils ceux qui parlent encore de rétablissement de la rivière ? Est-ce qu'on a encore des nouvelles à ce sujet ? La rivière San Francisco s'avance vers un assèchement total, rapidement et fatalement. Pourtant, ils parlent actuellement de projets de 100 000 hectares de champs de sucre de canne irrigués à Pernambuco, 800 000 hectares de champs de sucre de canne à Bahia,  de déviation vers d'autres états etc.

Certainement qu'il repleuvra de nouveau, la rivière retrouvera un peu de son volume mais les sécheresses deviendront de plus en plus sévères et fréquentes. Il y a des années de cela, la NASA avait prédit que la rivière São Francisco deviendrait une rivière intermittente d'ici 2060. Nous avons dépassé cette projection avec 40 ans d'avance.

Concernant ce pronostic, l'historien Carlos Bittencourt s'interroge : “Mais qu'est-ce que nous dévions au juste ?”

Transpõe-se a seca, transpõe-se a água que acaba aqui para lá. Transpõe-se a barbárie do Sudeste ao Nordeste, aponta-se a proa do navio para o buraco. Soluciona-se a causa aprofundando as consequências. Círculo vicioso da acumulação de capital, da coisificação da vida e dos meios da vida. A transposição do Rio São Francisco bebe da mesma água de sua extinção.

Nous dévions la sécheresse, nous dévions le manque d'eau d'un endroit à un autre. Nous dévions la barbarie du sud-est au nord-est, nous entraînons le navire par le fond. Nous trouvons des solutions aux causes en aggravant les conséquences. C'est un cercle vicieux d'accumulation du capital, c'est la chosification de la vie et de ses ressources. La déviation de la rivière São Francisco boit l'eau même de sa propre extinction.

Historiquement, le nord-est de la région a toujours du faire face à des sécheresses prolongées. La nouveauté réside actuellement dans le fait que le sud-est, où se trouvent les sources de la rivière São Francisco, fait face à une pénurie de pluies. La géographe et blogueuse basée à São Paulo, Martina Sanchez, a conclu que les Brésiliens ont besoin de comprendre que la nature poursuit sa propre course, ses propres cycles, et ses propres phases, et que l'unique alternative pour l'être humain est de s'y adapter :

Algo está confundindo os climatólogos que não acertam com as causas da seca prolongada no Sudeste neste ano (2014). Até as nascentes do Rio São Francisco na serra da Canastra (MG) secaram. O nível dos reservatórios da Cantareira, na cidade de São Paulo, está baixo e começa a comprometer o abastecimento. É o aquecimento global! Dizem uns. Outros acusam sobre o mau uso dos recursos hídricos, a falta de planejamento, o  excesso de consumo e desperdício. Todos têm razão e nenhum tem o direito de apontar o dedo para o outro. Os cidadãos terão que aprender a conviver com os extremos climáticos que não obedecem a decretos nem leis humanas.

Un élément cependant a déconcerté les climatologues qui n'arrivent pas à se mettre d'accord sur les causes de cette longue sécheresse qui a touché le sud-est cette année (2014). Même les sources de la rivière São Francisco se sont asséchées. Le niveau des réservoirs de Cantareira à São Paulo sont bas et commence à compromettre l'approvisionnement de la ville en eau. C'est le réchauffement climatique disent certains. D'autres accusent la mauvaise gestion des ressources en eau, le manque de planification, la consommation excessive et le gaspillage. Tout le monde a raison mais personne n'a le droit de montrer l'autre du doigt. Les gens doivent apprendre à vivre avec les phénomènes climatiques extrêmes qui n'obéissent pas aux décrets et aux lois de l'homme.

Vista do Rio São Francisco a 8000 metros de altura. "Só pra você ter idéia da imensidão do 'Velho Chico'", por George Vale, publicada no Flickr com licença do Creative Commons (CC BY 2.0)

Vue de la rivière de São Francisco depuis 8 000 mètres d'altitude “Juste pour vous rendre compte de la taille du “Vieux Frank” au mois d'octobre 2012″. Image Flickr de George Vale (Flickr, CC BY 2.0)

Au Brésil, une communauté citoyenne de “hackers” se mobilise pour surveiller la qualité de l'eau

dimanche 9 novembre 2014 à 18:42
Encontros aconteceram no Garoa Hacker Clube, em São Paulo, em setembro.

Les rencontres se sont déroulées dans le club Garoa Hacker, à São Paulo, au mois de septembre. Photo de Bruno Fernandes/InfoAmazonia, publiée avec autorisation.

Ce billet initialement publié sur le blog de InfoAmazônia est reproduit ci-dessous via un accord pour le partage des contenus.

Préoccupés par la crise hydrique au Brésil, des professionnels issus de diverses disciplines se sont réunis au cours de l'évènement “Hackaton : des données et des capteurs pour mesurer la qualité de l'eau”, promu par l'équipe de Red InfoAmazonia (plateforme de données et de cartes focalisées sur la plus grande forêt tropicale du monde). L'objectif des rencontres à São Paulo des 5 et 15 septembre fut de discuter d'alternatives pour surveiller la qualité de l'eau (telles que les capteurs à bas coûts) et diffuser des résultats de manière efficace et transparente.

La première rencontre a été consacrée à l'Amazonie et la seconde à la crise de l'eau à São Paulo. Au total, 60 participants, dont des universitaires, des consultants en ressources hydriques, des programmeurs, des journalistes et des activistes se sont répartis en deux groupes de recherche : développement de logiciels libres et données publiques.

Le groupe sur les logiciels a été dirigé par Ricardo Guima, chercheur et développeur de logiciels libres. Pour Guima, la création de capteurs à bas coûts est un défi au regard des dispositifs brevetés de veille environnementale existants. Il pense que le développement de ces capteurs garantit la transparence des données depuis leur collecte jusqu'à leur diffusion.

Ricardo Guima, desenvolvedor de sensores do projeto Rede InfoAmazonia, coordenou a trilha sobre hardware livre.

Ricardo Guima, développeur de capteurs au sein du projet Red InfoAmazonia, a coordonné le groupe sur les logiciels libres. Photo de Bruno Fernandes/InfoAmazonia, publiée avec autorisation.

Le groupe dédié aux données publiques a été coordonné par le journaliste Gustavo Faleiros d'InfoAmazonia. Le groupe de travail a tenté de mettre en relation les bases de données publiques sur la santé et l'assainissement (IBGE et DataSUS, qui constituent à ce jour l'index de Fiocruz Agua Brasil) afin de mettre à disposition, sur internet, les analyses de données grâce à des cartes et des infographies. Ce travail a donné naissance aux portails Visaguas et mananciais.tk, réalisés par deux développeurs d'InfoAmazonia, Miguel Peixe et Vitor George. Les deux applications réalisent la publication des données sur la qualité et la disponibilité de l'eau en Amazonie et à São Paulo.

Rodrigo de Luna et Maru Whately ont présenté la plateforme “Cidade Democrática” {ville démocratique} comme un exemple de participation citoyenne dans les politiques publiques, à l'instar de celles liées à la crise de l'eau dans la ville de São Paulo. Elle permet en plus de montrer à quel point la visualisation des données peut constituer un facteur clef dans l'élaboration et la promotion de nouvelles propositions. 

Le développement de capteurs

Pendant la rencontre, les participants ont parlé des méthodologies d'analyse de l'eau qui utilisent une fréquence d'échantillonnage supérieure à celle utilisée par les organismes officiels de l’Amazonie légale.

La discussion a été menée par des spécialistes en surveillance de la qualité des eaux et grâce à la littérature scientifique citoyenne disponible sur internet, laquelle décrit les projets similaires ayant rencontré des obstacles connus en matière de travail avec des capteurs.

Testando as placas de arduino para futuros protótipos de sensores de qualidade d´água. Foto por Rede InfoAmazonia, publicada com autorização.

Test de plaques Arduino pour de futurs prototypes de capteurs de qualité des eaux. Photo de Bruno Fernandes/Red InfoAmazonia, publiée avec autorisation.

L'une des conclusions de la rencontre est que le système de détection autonome, qui nécessite une exposition aux intempéries naturelles, rend difficile la conformité des mesures avec les normes rigoureuses de collecte des données. Par exemple, le fait de laisser dans l'eau l'électrode chimique utilisée pour la lecture du pH, pendant à peu près un mois, sans entretien ou nettoyage, augmente considérablement l'imprécision des données collectées. Ricardo Guima explique les alternatives présentées par le groupe pour éviter le problème :

“Foi sugerido um sistema capaz de bombear um volume de água em uma câmara interna da caixa do sensor e decidimos investigar tecnologias que solucionem a leitura de dados a partir de técnicas in vitro. O projeto ganhou cara de um microlaboratório de espectrometria (técnica que utiliza a luz para medir concentrações em soluções por meio da interação da luz com a matéria). Para muitos dos colaboradores de São Paulo, que desejavam um sistema para análise da própria água em casa, a solução é viável, mas colocar um microlaboratório de espectrometria à deriva em um rio, lago ou reservatório, é um desafio. O sistema precisaria de uma colaboração mínima da comunidade local.”

Nous avons proposé un système capable de pomper un volume d'eau dans un boîtier du capteur et nous avons décidé de rechercher des technologies qui permettent de lire les données à partir de techniques in vitro. Le projet a pris la forme d'un micro laboratoire de spectrométrie (technique qui utilise la lumière pour mesurer les concentrations dans des solutions grâce à l'interaction entre lumière et matière). Pour beaucoup de collaborateurs de São Paulo, qui souhaitaient un système pour analyser leur propre eau à la maison, la solution est viable, mais installer un micro laboratoire de spectrométrie sur les abords d'un fleuve, d'un lac ou d'un réservoir est un réel défi. Le système exigerait un minimum de collaboration avec la communauté locale.

InfoAmazonia a élaboré un projet de logiciels qui doit être lancé à la fin de cette année, ledit projet utilise des capteurs moins complexes, pouvant répondre aux normes minimum exigées pour la collecte de données. Il sera ainsi possible d'associer un groupe de travail aux communautés locales pour analyser l'eau, en utilisant des capteurs tels que les spectromètres construits avec un logiciel libre.

Mexique : Attentat en plein campus universitaire contre un spécialiste de la transparence

dimanche 9 novembre 2014 à 18:41
Vista de la Ciudad Universitaria, lugar del atentado. Foto del autor, J. Tade (mayo 2012).


Le campus de l'université où la tentative d'assassinat a eu lieu. Photo courtoisie de l'auteur, J. Tadeo (mai 2012).

Le juriste mexicain Ernesto Villanueva a survécu à un attentat dans la matinée du 29 octobre 2014, pendant qu'il circulait en voiture sur le campus de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM ) [fr], considérée par beaucoup comme la plus prestigieuse institution d'enseignement supérieur du pays. Plusieurs coups de feu ont été tirés sur M. Villanueva juste à l'extérieur du bâtiment qui abrite l'Institut pour la recherche juridique.

Ernesto Villanueva (@evillanuevamx) a passé une grande partie de sa carrière à étudier les droits à l'information, à la liberté d'expression, à la transparence et contre l'impunité. Plus tôt cette année, il a été classé parmi les candidats possibles au poste de commissaire pour le Mexique de l’Institut fédéral pour l'accès à l'information publique et la protection des données, dont le mandat est de garantir l'accès à l'information.

M. Ernesto Villanueva. Photo de son profil Twitter.

Ernesto Villanueva. Photo de son profil Twitter.

Dans un article publié récemment dans la revue Proceso, le Dr Villanueva a dénoncé le manque de transparence et d'autres irrégularités présumées qui ont empêché la nomination du directeur de l'Institut pour la recherche juridique, à laquelle l'ancien directeur de l'Institut Diego Valadés avait également participé. Plusieurs universitaires, exerçant leur droit de réponse dans le même périodique, ont vigoureusement réfuté les allégations formulées par M. Villanueva et l'ont accusé de discréditer l'institution.

À la lumière du différend, selon Proceso, le Dr Villanueva a soutenu que M. Valadés aurait été impliqué dans des actes criminels :

Villanueva identificó a Diego Valadés, exdirector del Instituto de Investigaciones Jurídicas, como uno de los que podrían estar detrás del atentado que sufrió cuando manejaba un vehículo Mitsubishi, que recibió por los menos tres balazos calibre 38 de un sujeto desconocido.

M. Villanueva a identifié M. Diego Valadés, ancien directeur de l'Institut pour la recherche juridique, comme l'un de ceux qui auraient pu être derrière l'attaque du véhicule de marque Mitsubishi qu'il conduisait. Au moins trois balles de calibre 38 ont été tirées par un inconnu.

Les informations disponibles indiquent que M. Villanueva était indemne.

M. Carlos Brito utilisateur de Twitter a partagé ses commentaires à propos d'un tel acte de violence :

Assez c'est assez ! Le Dr. @evillanuevamx a été attaqué sur le campus universitaire. Nous sommes solidaires. 

Le sociologue mexicain M. Raul Trejo a également soutenu Ernesto Villanueva :

Solidaire avec le Dr. Ernesto Villanueva, @evillanuevamx, qui a dénoncé un attentat contre sa personne. L'enquête doit aller jusqu'au bout.

Dr. Villanueva a publié une série d'articles sur l'actualité au Mexique, les plus importants étant sa couverture de l'explosion de violence dans son Michoacán natal et le coût élevé des transports en commun pour les navetteurs dans la capitale du Mexique.

Épidémie: En quoi cette épidémie est-elle différente des précédentes?

dimanche 9 novembre 2014 à 16:16

A la date du 2 novembre l'OMS signale, dans son rapport sur l'évolution de l'épidémie en date du 5 novembre, qu'il y a un total de 13 042 cas cumulés, probables, suspects ou confirmés avec plus de 4818 morts principalement en Guinée, Liberia et Sierra Leone. Plus de 540 travailleurs de la santé ont été infectés, résultant en plus de 300 morts.

Dans une interview publiée par le site vgrotius.fr, Rony Brauman, ancien Président de Médecins sans frontières et Professeur associé à Sciences Po Paris explique les caractéristiques spécifiques du virus Ebola qui a provoqué une épidémie dans les trois pays d'Afrique de l'ouest:

Cette épidémie est différente des précédentes dans la mesure où celles-ci se déclaraient dans des régions rurales, sous forme de foyers isolés. Et les cas n’étaient pas très nombreux. Cette fois, elle a éclaté aux confins de trois régions frontalières, entre la Sierre Leone, le Libéria et la Guinée, au sein d’une population très mobile qui se moque un peu des frontières…D’emblée l’épidémie s’est étendue à travers ces personnes en mouvement et a rapidement gagné les capitales.

Le virus en lui-même n’a pas muté mais c’est l’allure qu’elle a prise qui a surpris. Son apparition en milieu urbain est une nouveauté, en plus du fait qu’elle était jusqu’alors inconnue dans cette région. Les épidémies précédentes se situaient en Afrique centrale. Ajoutez à cela que la maladie se présente sous forme d’un syndrome grippal, sans signe typique, et l’on comprend que les premiers cas soient passés inaperçus entre décembre et mars derniers. Une fois la maladie identifiée, la réaction a été insuffisante du fait de la faiblesse des structures sanitaires locales et la dénégation des gouvernements. MSF a été accusée par le président guinéen d’exagérer le phénomène à des fins publicitaires. Les autorités sanitaires, comme l’OMS pensaient que l’épidémie s’épuiserait d’elle –même, comme lors des épisodes précédents.