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Mégalomanie, pétrodollars et droits humains en Guinée équatoriale

mercredi 9 janvier 2013 à 17:30

Avec ses pétrodollars, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, le Président de la Guinée-équatoriale, a lancé en 2012 une opération de charme dans laquelle, showbiz, sport et diplomatie internationale se disputent la place d'honneur, sur fonds de cynisme.

La présidence de l'Union africaine a permis à Teodoro Obiang Nguema Mbasogo de jouir d'une médiatisation, au-delà des frontières africaines. Une autre occasion pour lui et sonrégime, il y a eu le Sommet des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) associés à l'Union européenne tenu à Malabo du 13 au 14 décembre 2012.

Pourtant, dès son accession à la présidence de l'UA, les médias, la société civile et la blogosphère ont dénoncé ses mauvaises habitudes en matière des droits humains. Le blog Gaboneco écrit :

La démocratie qu’il professe est juste bonne pour la consommation extérieure, celle des Occidentaux surtout, qui, enivrés par l’odeur du pétrole, ont rangé aux oubliettes leurs discours sur la démocratie, les droits humains, etc. Si fait que l’homme fort de Bata se permet de mâter ses opposants, de bâillonner la presse. Il n’y a seulement que les organisations de défense des droits de l’Homme qui osent se plaindre de temps à autres de ce qui se passe dans ce pays.

La Guinée équatoriale occupe la 4ème position dans le classement des pays où la censure est la plus sévère au monde, établi par le Comité pour la protection des journalistes. cpj.org/fr dénonce en ces termes le manque de liberté:

L'information est étroitement contrôlée en Guinée équatoriale, l'un des pays que le CPJ a identifié parmi les dix nations qui censurent le plus la presse au monde. Presque tous les médias d'information appartiennent au gouvernement ou à ses alliés et sont gérés par ceux-ci. Un journal indépendant parait dans le pays, mais il est obligé de pratiquer l'autocensure; aucune station de radio ou de télévision indépendante n'opère au niveau national.

Le régime a encore sévi peu de jours avant l'ouverture du sommet des pays ACP. Le blog Coup de Gueule de Samuel rapporte plusieurs cas de suspension de journalistes et de programmes:

 ” cultura en casa ” ‘Culture dans la maison’ en Espagnol, une émission de la radio nationale de Guinée équatoriale (RTVGE) brusquement ” arrêtée et suspendue jusqu’à nouvel ordre ” vendredi 19 octobre pour avoir abordé et dénoncé à l’antenne l’abus de pouvoir et incompétence de la justice et parlement national a-t-on appris auprès des animateurs de l’émission.

Il cite d’autres cas de suspensions similaires :

L'émission « La Tertullia »animée par Siméon Sopale avait été suspendue après avoir  dénoncé et critiqué les autorités suite à l’annonce que  «  les taxis de Malabo seront que des voitures Mercedes » il y a 4 années aujourd’hui.

Le journaliste de la section francophone Juan Petro Mendene a été suspendu en mai  2012 pour avoir évoqué Mouammar Kadhafi alors que  la révolution Libyenne a été  interdite de diffusion a la RTVGE par les maitres de la censure et anti liberté  de presse et d’expression de Malabo.

Pedro Luis Esono Edu Bidang lui aussi a été frappé par une suspension  en février 2010 jusqu’à présent pour avoir annoncé la découverte de 7 corps maliens  dans une décharge a Bata capitale économique de Guinée équatoriale.

Toujours, quelques jours avant l'ouverture du Sommet ACP, Reporters sans frontières se posait des questions sur la mort d’un journaliste qui avait démontré son indépendance depuis des années face au régime d'Obiang :

Est-il encore possible de faire la lumière sur cette affaire ? Le gouvernement devrait prendre publiquement position pour lever définitivement les soupçons qui pèsent sur lui et, si la famille en fait la demande, diligenter une enquête.”

Alors que les autorités de Malabo cherchent à abolir les formalités de visa avec l'Espagne, leurs forces de sécurités traquent les immigrés africains, n'hésitant pas dans certains cas à tuer. Le blog France-Guinée equatoriale publiait un billet révélant ces excès et l'impunité qui les accompagne:

Les agressions sur des ressortissants africains, et particulièrement sur des Maliens, sont fréquentes en Guinée équatoriale, elles ont généralement pour but d'extorquer de l'argent à de pauvres bougres, souvent des travailleurs clandestins, et, quand elles sont commises par des policiers ou par des militaires, celles-ci restent généralement impunies.

Commentant l'article de gaboneco, Ramirez le Rescape décrit les abus du fils du dictateur:

Népotisme, son fils est pire que le fils Kadhafi, pour ce qui est des pires extravagances comme acheter 250 complets homme en un seul jour, un seul achat un seul magasin, ne parlons pas des Lamborghini…

 

Teodoro Nguema Obiang Mangue, le fils prodige, amateur de voitures de haut de gamme, nommé deuxième vice-premier ministre, chargé de la Défense et de la sécurité,  fonction qui n'existe pas selon la constitution, aime jouer au play-boy et défraie fréquemment la chronique pour sa frénésie des dépenses. Il ne se refuse rien: hôtel particulier, villas luxueuses, collection de tableaux de maitres et objets ayant appartenu à des stars. Révélant la commande d'un yacht pour son usage personnel, pour la modique somme de 288 millions d'euros, soit l'équivalent de près de 3 fois le budget alloué à l'éducation de tous les enfants de son pays, Global Witness estime que:

Its total contract price is approximately 288 million Euros, or $380 million at current exchange rates. This would make it the world's second most expensive yacht, behind Russian oligarch Roman Abramovich's $1.2billion Eclipse.

Son prix total est d'environ 288 millions d'euros, soit 380 millions de dollars au taux de change courants. Il serait ainsi le deuxième yacht le plus cher, derrière Eclipse $ 1,2 milliard de l'oligarque russe Roman Abramovich.

Le 2ème yacht le plus coûteux au monde appartient au fils d'Obiang - domaine public

 

Voici une vidéo montrant les voitures de luxe saisies chez le fils de Obiang:

Pour l'organisation des sommets et conférences, selon Placido Mico, de la Convergence pour la démocratie sociale (CPDS), unique député de l'opposition, rapportés par diasporas-news.com:

Les projets comme Sipopo ou Oyala –ville créée sur le continent– ne servent pas au développement. Près d'Oyala, il n'y a que quelques cases, pas d'électricité, pas d'école, pas d'eau courante, pas d'hôpitaux. Ce projet est fou. Quand Brasilia a été construite, c'était pour décongestionner la capitale. Il y avait eau et électricité à Rio et Sao Paulo ….

“Nous sommes un pays de 700.000 habitants. On va déporter des gens pour aller à Oyala?”, questionne-t-il.

“C'est scandaleux. Pendant ce temps, il n'y a pas de tables, dans certaines écoles on fait cours par terre. Il n'y a pas de livres”, ajoute-t-il.

Tentant de jeter la fumée aux yeux de la communauté internationale, à la veille de Noel, selon MalaboNews, le Président équatoguinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo a octroyé la somme de 60 millions de FCFA à 12 partis politiques de l’opposition pour les fêtes de fin d’année. Samuel Obiang, estime sur le blog Coup de gueule de Samuel :

La majorité de ces partis dirigés par les amis du président Obiang Nguema prennent leur parti comme véritable source d’entrée de fond, un commerce comme le disent les équatoguinéens.

Certains de ces partis n’ont pas de militants, les fonds alloués sont pour qui, s’interroge –t-on.

… Dans un pays ou la presse indépendante n’est pas autorisée, devant une opposition corrompue, quel avenir donc  pour la Guinée équatoriale pourrie par la corruption et détournements des fonds publics.

La pauvreté est galopante, mais personne ne pense à l’après-pétrole.

Certains de ces partis n’ont pas de militants, les fonds alloués sont pour qui, s’interroge –t-on.

Globalwitness.org rappelle quelques statistiques sociales:

Incredibly, since oil was discovered in the mid-1990s, poverty levels have actually worsened. Equatorial Guinea enjoys a per capita income of about $37,900, one of the highest in the world. Yet 77 percent of the population falls below the poverty line, 35 percent die before the age of 40, and 58 percent lack access to safe water.

Incroyable mais vrai, depuis que le pétrole a été découvert dans les années 1990 -, les niveaux de pauvreté se sont en fait aggravés. La Guinée équatoriale bénéficie d'un revenu par habitant d'environ $ 37,900, un des plus élevés au monde. Pourtant, 77 pour cent de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, 35 pour cent meurent avant l'âge de 40 ans, et 58 pour cent n'ont pas accès à l'eau potable.

La Guinée équatoriale n'arrive qu'à la 136ème place dans le classement mondial selon l'indice de développement humain, calculé sur les niveaux moyens atteints dans trois dimensions essentielles du développement humain : santé et longévité, accès à l’éducation et niveau de vie décent. Sur la plupart des investissements destinés à améliorer ces critères, la Guinée équatoriale, bien que plus riche, dépense moins que de nombreux pays africains.

Les priorités du pouvoir sont loin d'être les mêmes que celles de la population.

Bangladesh : 7ème édition du plus grand festival asiatique de photographie

mercredi 9 janvier 2013 à 15:11

Chobi Mela, festival international bisannuel de photographie, se tiendra de nouveau à Dhaka, la capitale du Bangladesh. Chobi Mela est le plus grand festival de photographie en Asie et réunira cette année, du 25 janvier au 7 février 2013, 34 artistes de 23 pays différents pour exposer lors de cette 7ème édition à Dhaka. Pour plus d'informations, consultez le blog de Chobi Mela.

 

Guinée-Bissau : José Ramos-Horta appelé au secours de la paix

mercredi 9 janvier 2013 à 15:10

Le chaos politique dans lequel se trouve la Guinée-Bissau - en particulier depuis le coup d'État d'avril 2012  - a peut-être fait un pas vers une solution, avec la récente nomination du Prix Nobel de la paix et ancien Président du Timor-Leste, José Ramos-Horta, pour diriger le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix dans le pays (UNIOGBIS [en portugais]), à partir de février.

La Guinée-Bissau, confrontée à une instabilité politique et militaire chronique, est un pays qui depuis son indépendance de la puissance coloniale, le Portugal, déclarée en 1974, n'a jamais vu un président élu atteindre la fin de son mandat. En avril 2012, quelques jours avant le second tour de l'élection présidentielle, le pays a plongé dans une nouvelle crise avec le coup d'état militaire qui a installé l'actuel « gouvernement de transition » au pouvoir.

José Ramos-Horta est désormais appelé à “consolider la paix”, succédant au diplomate rwandais Joseph Mutaboba, qui achèvera son mandat le 31 janvier 2013. Sa nomination a été saluée tant par des diplomates [en portugais, comme les liens suivants] étrangers que par des organisations de la société civile guinéenne. Un article publié sur le site de la Deutsche Welle (DW) explique pourquoi :

 

Ramos Horta em visita de Estado às Maldivas, enquanto Presidente de Timor-Leste. Foto de Mauroof Khaleel no Flickr (CC BY-NC 2.0)

José Ramos-Horta en visite d'Etat aux Maldives, alors qu’il était le Président du Timor-Leste. Photo Mauroof Khaleel sur Flickr (CC BY-NC 2.0)

 

 

Président du Timor-Leste de 2007 à 2012 et aussi ministre des Affaires étrangères de son pays de 2001 à 2006, José Ramos-Horta détient une importante expérience diplomatique et possède de l'influence internationale, ce qui peut être significatif pour mettre la Guinée-Bissau à nouveau sur l'agenda politique mondial. Il a été condamné à un exil forcé aux États-Unis, en raison de l’invasion indonésienne de son pays, et pendant  24 ans il a plaidé la cause du Timor-Leste auprès des Nations Unies et des grandes capitales mondiales. En 1996, son engagement lui a valu le prix Nobel de la paix, une récompense partagée avec l’évêque de Dili, Monseigneur Carlos Filipe Ximenes Belo.

Tandis que nombreux sont ceux qui considèrent la nomination de José Ramos-Horta de “bon augure”, Nadia Issufo, journaliste mozambicaine, souligne qu'elle peut représenter un «cadeau empoisonné» pour le gouvernement de transition. Dans son blog personnel, Acalmar as Almas, elle indique plusiers organisations représentantes de la communauté internationale qui essayent d'intervenir dans la situation politique actuelle en Guinée-Bissau, mettant en évidence la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), qui ne reconnaît pas le gouvernement actuel de transition, et la Communauté économique des États de l’Afrique de l'Ouest (CEDEAO), qui le reconnaît:

Le gouvernenent de transition guinéen admet que la CPLP n’est pas exactement bienvenue dans la négociation de la crise, alors que la CEDEAO est le partenaire de confiance de la Guinée-Bissau. Par exemple, récemment, le gouvernement de Serifo Nhamadjo s'est dit satisfait de la présence des forces de cette organisation dans le pays, en dépit de l'affirmation de la Ligue Bissao-Guinéenne des Droits de l'Homme que cette force assiste passivement aux actes de violation des droits de l’homme dans le pays.

(…)

La nomination d'un représentant de l'ONU venu d'un pays membre de la CPLP peut paraître innocente, mais dans la pratique, cette action isole et étouffe la CEDEAO et, évidemment, la Guinée-Bissau. Qu'on le veuille ou non, en quelque sorte le gouvernement de transition sera forcé d'avaler la CPLP, et si ça ne glisser pas avec du miel, alors …

Tant que la guerre entre la CEDEAO et la CPLP n'aura pas cessé les possibilités d'une issue pacifique sont minimes. On sait que, au fond, la situation est contrôlée par l'Angola, qui veut s’imposer dans le continent africain sur le plan diplomatique, et le Nigeria qui veut aussi cette place. Par conséquent, la Guinée-Bissau devient un pays qui s'enfonce et aussi à cause des convoitises d'autrui.

A Guiné quer Paz. Foto de Sofia da Palma Rodrigues no blog Brancon'pelele (usada com permissão)

“La Guinée-Bissau veut la paix”. Photo de Sofia da Palma Rodrigues sur le blog Brancon’pelele

 

 

Les « ambitions des autres » auxquelles Nadia fait référence sont également mentionnées par le consultant en marketing politique Portugais José Paulo Fafe, qui commente sur son blog :

Il convient de rappeler que, en 2004, Jose Ramos-Horta a dirigé la mission de la CPLP que a «inspecté» (sans grand succès, disons en passant …) les élections dans ce pays, où, sous le regard complice de la communauté internationale et du gouvernement alors dirigé par Durão Barroso, se sont succédées  les fraudes electorales dans tout le territoire. Nous espérions maintenant que l'ancien mandataire timorais, “reprenne le bon chemin» et, du moins, ne ressemble pas du tout au chef de la diplomatie portugaise [Paulo Portas], un porte-parole des intérêts angolais dans ce pays. C'est que pour « mandarete » (personne qui ne pense pas pour soi-même, mais sert uniquement à servir les intérêts des autres) il suffit celui que nous avons…

La journaliste Helena Ferro de Gouveia, sur son blog Domadora de Camaleões, dit que José Ramos-Horta, «l'homme qui s'est exclamé que “Timor ida deit »( en tétun : Le Timor est un seul, du Nord au Sud, d'Est en Ouest), appelant à l'union du peuple timorais, peut-être « l'homme  indiqué pour que l'avenir ne dépeuple pas la Guinée-Bissau et retrouve son chemin », mais prévoit  quelques-unes des difficultés qu’il pourra rencontrer :

- L’ossature d'un État est composée de deux piliers: celui de la sécurité et celui de la justice ; en Guinée-Bissau, le pilier de la sécurité s'est effondré il y a longtemps et le système de justice fait défaut.

- L'usage de la force par l'armée [a remplacé] les institutions de l'Etat. Sans aide extérieure pour mettre fin à l’ingérence de l'armée dans la vie politique, il est impossible de mettre fin au chantage militaire sur les hommes politiques, leur manipulation des pouvoirs législatif et judiciaire et à la dégringolade du pays vers le trafic de drogues entre l'Amérique latine et l’Europe.

Toujours sur la question du trafic de drogue, un éditorial du blog Página Global, dédié à la lusophonie, dit qu'il s'agit d'une dette [qui] pèse inhumainement sur le peuple guinéen (…) aux prises avec une crise provoquée par des corrompus et des fraudeurs compromis avec les cartels des drogues”.

La détermination de faire de la Guinée-Bissau un territoire soumis au trafic de drogues est trop évidente et ce ne sera pas Jose  Ramos-Horta qui réussira à changer le cours de ces objectifs si la communauté internationale, l'ONU, ne donne pas un “coup de poing sur la table”. Il faut qu’elle utilise les arguments et les preuves en sa possession pour condamner devant la Cour pénale internationale de justice, les criminels et leurs complices qui détiennent le pouvoir et la soumission systématique du pays aux règles du trafic de drogue, des tricheurs et de l'arrogance. Assez d'impunité.

 

Des journalistes en grève en Chine, un rare pied de nez à la censure

mercredi 9 janvier 2013 à 14:37

Le 6 janvier 2013 marquera un tournant dans l'histoire du journalisme en Chine, avec la chute en disgrâce de “Southern Weekend”, un journal renommé pour avoir été en flèche dans la réforme des médias en Chine.

Aux alentours de 21h30 le microblog officiel du journal sur Sina Weibo [chinois] a publié une note “Aux Lecteurs” pour démentir le rôle joué par le service provincial de la propagande dans la récente censure et ré-écriture de son éditorial de voeux.

Une heure plus tard, la majorité du personnel éditorial a annoncé qu'ils se mettaient en grève et désavouaient la note “Aux Lecteurs”, en publiant sur un compte de microblog de 163.com une déclaration commune [chinois]. Ils déclarent que le microblog officiel du journal a été pris de force.

En signe de soutien, de nombreux intellectuels et journalistes sur Sina Weibo ont remplacé l'image de leur profil par une version en noir et blanc du logo de Southern Weekend.

Un groupe d'étudiants en journalisme solidaire du Southern Weekend. Photo inmediahk.net. Utilisation non-commerciale.

L'incident

Le lendemain, l'équipe éditoriale de Southern Western a publié un long microblog sur 163.com pour expliquer comment on en est arrivé à cette note “Aux Lecteurs”. Initialement, la direction et le personnel de Southern Weekend s'étaient mis d'accord pour enquêter et faire la lumière sur l'incident de la révision de l'éditorial. Cependant, sous la pression du ministre de la propagande de la province de Guangdong, Wang Genghui, l'adjoint au rédacteur en chef de Nanfang Media (propriétaire du Southern Weekend), et Huang Can, membre du comité de rédaction du groupe et rédacteur en chef du Southern Weekend, ont demandé à l'équipe éditoriale de publier une note “Aux Lecteurs” qui déforme les faits. Wu Wei (@风端), responsable du blog officiel de Southern Weekend, n'était pas d'accord avec la modification mais a fini par donner accès au compte et aux mots de passe. Il a ensuite annoncé sur son microblog personnel qu'il n'assumait pas la responsabilité du contenu de l'article publié sur le blog officiel (son information a par la suite été supprimée).

Pied de nez

La Chine a la réputation de censurer les journalistes. La plupart des journalistes chinois doivent garder le sourire et s'accommoder de la censure tout au long de leur carrière. Cependant, fait sans précédent, cet incident a permis de défier ouvertement tous les échelons de la censure et en a même appelé au soutien public des intellectuels. Cette provocation exceptionnelle reflète non seulement la crédibilité et la visibilité de Southern Weekend dans l'opinion mais elle met également en avant la nouvelle dynamique des forces entre le pouvoir et le public, sous l'effet des nouveaux média.

Personnalité connue du Microblog Sina, @五岳散人 écrit :

@五岳散人:事件发展至今,明显可以看出已然犯了众怒,而且事情有越演越烈之势,不能釜底抽薪、只会扬汤止沸、最终引火烧身。这就是问题所在:所有狗屁倒灶的行为必须维护而不能切割,切割就证明错了,错了就会被追问,追问就会追到执政手法的根子上。

@五岳散人: A l'évidence, l'incident a déchaîné le public, et cela va s'intensifier. Si le pouvoir ne peut pas résoudre le problème à la source, il finira par se brûler lui-même. Au lieu de bloquer l'opinion publique, le gouvernement devrait la laisser s'exprimer. S'il y a censure, cela veut dire que le pouvoir a des choses à se reprocher et devra affronter les questions sur les problèmes de gouvernance.

En fait, les écrivains, les auteurs dramatiques et les metteurs en scène sont tous pris en otage par la censure en Chine. Hanhan, un blogueur et écrivain célèbre, décrit dans son blog [en chinois]  la réalité que vivent les artistes en Chine (il a créé ce blog après la suppression de deux de ses microblogs) :

“你可以有那些所谓的自由,因为他们有惩罚你的自由。无论是文学,新闻,影视,你都要花相当的精力用于得到他们的许可。哪怕你想讲讲规则,他们也不明确告诉你规则是什么,以便让每个人都或多或少是违反“规则”的。想要符合他们的规则,只有变成他们。我们自审互审,诚惶诚恐,战战兢兢,不停揣摩。”
Alors que vous profitez d'une prétendue liberté, la leur est de punir. Que vous travailliez dans la littérature, le journalisme, le cinéma ou la télévision, il faut s'épuiser à obtenir leurs autorisations. Il n'y a pas de règles prédéfinies à suivre, alors on finit toujours plus ou moins par enfreindre leurs règles [arbitraires]. Fondamentalement, il faut devenir l'un des leurs et suivre ces règles [arbitraires]. Finallement, en essayant de comprendre les règles, nous censurons notre propre travail et celui de nos pairs. Nous sommes prudents et nous avons peur.”

A l'inverse du personnel éditorial de Southern Weekend, d'autres ne veulent pas compromettre leur poste de travail en se joignant à la provocation. Le secrétaire de rédaction de People Magazine écrit dans son microblog :

@林天宏: 这些年,我们这些人,被毙稿,被封口,被噤声,然后开始习惯,开始妥协,开始自我安慰,开始熟悉那些明里暗里的边界和尺度,开始自我审查,就好像温水里煮 着的青蛙。。。我们走得太远了,好像都忘记了当初为什么选择这个行当。为什么要守护Nz同仁?要我就一句话,人生短短数十载,怎能忘掉初心?
@林天宏:Au cours de toutes ces années nous avons pris l'habitude de voir nos brouillons disparaître et nos voix censurées. On commence par faire des compromis et se bercer d'illusions. On devient habitués de ces frontières ambigües et on commence à s'auto-censurer. On ne peut plus se passionner [pour son métier]. On est allé trop loin pour se souvenir de ce qui nous a fait choisir ce métier à l'origine. Pourquoi soutiendrions-nous l'équipe éditoriale de Southern Weekend ? Un mot seulement : la vie est courte, comment pouvons-nous oublier notre décision initiale [de choisitr le métier de journaliste] ?

Deux homosexuels lynchés au Cameroun

mercredi 9 janvier 2013 à 14:14

Oscarine Mbozo rapporte dans L'Actu que deux homosexuels ont été lynchés sur un marché le 6 janvier dernier à Maroua, dans le nord du Cameroun :

Goche Lamine, marchand d’articles médicaux, a été vu avec un étudiant de 17 ans prénommé Sanda. La foule, avertie par un garçon qui criait  Samaroka ! Samaroka ! (« homosexuel » en fulfulde), s’est précipitée vers les deux hommes et a commencé à leur lancer des pierres.