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La justice brésilienne statue en faveur d'un site internet satirique après sept ans de censure

lundi 3 juillet 2017 à 11:26

Collage des frères Bocchini avec le visage d'Otávio Frias Filho, propriétaire du journal Folha de São Paulo, sur le corps de Dark Vador. Reproduit sous licence CC 2.0.

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en portugais.

Après une bataille juridique [fr] de sept ans, le Tribunal supérieur de justice du Brésil a statué en faveur d'un site internet satirique brésilien bloqué en 2010, dans une décision historique qui a mis fin à l'un des cas les plus emblématiques de censure sur l'Internet brésilien.

Le site web Falha de São Paulo, créé en 2010 par les frères Lino et Mario Bocchini, était un site de parodie d'un des plus grands journaux du pays, Folha de S. Paulo. Le titre est un jeu de mots entre les termes « folha » (qui signifie papier en portugais) et « falha » (échec).

Ce site satirique publiait des montages ironiques du journal Folha de São Paulo et possédait un « générateur de unes », avec lequel les visiteurs pourraient créer des nouvelles fictives avec la typographie et la maquette graphique du journal.

L'intention des créateurs était d'attirer l'attention sur le reportage supposément partial de Folha des élections brésiliennes de 2010. Folha a tendance à favoriser les positions et partis politiques du centre droit.

Le site était en ligne depuis seulement 17 jours lorsque la famille Frias, propriétaire de Folha de São Paulo, a obtenu une injonction préliminaire imposant une amende de R$ 1.000 (environ 265 euros) pour chaque jour où le site est resté en ligne. L'accusation a argué que les frères Bocchini avaient copié la marque et la maquette graphique du journal et les exploitaient commercialement.

L'entreprise a aussi intenté un procès contre registro.br (qui gère tous les domaines qui se terminent en .br), en gelant le domaine falhadesaopaulo.com.br pour que personne ne puisse l'enregistrer.

Le 21 juin 2017, le Tribunal supérieur de justice est revenu sur les verdicts précédents, qui avaient confirmé la décision en faveur de la famille Frias, et a statué en faveur des frères Bocchini, leur permettant de remettre leur site en ligne.

Avec quatre voix contre une, le tribunal a conclu que le droit des brevets permet la parodie, l'irrévérence et le divertissement.

Le juge Luís Felipe Salomão, le premier à s'écarter des décisions précédentes, a invoqué le droit des brevets brésilien, qui prévoit la liberté de parodie « tant qu'elle n'est pas une reproduction véritable d'une œuvre originale. » Dans sa décision, il a également déclaré :

O objeto explorado pela Falha, reconhecido inclusive pela recorrida, é a crítica aos posicionamentos políticos ideológicos da Folha, sem qualquer intenção de autopromoção de matérias concorrentes. E isso pelo simples fato de que não haveria em seu sítio eletrônico as mesmas reportagens procuradas pelos consumidores da Folha.

L'objet exploité par Falha, reconnu même par l'appel, est la critique des opinions idéologiques et politiques de Folha, sans aucune intention d'auto-promotion des articles en concurrence. Ceci est basé sur le simple fait que le site internet ne présentait pas les mêmes articles recherchés par les consommateurs de Folha.

Les frères Bocchini n'ont pas encore décidé s'ils vont remettre le site en ligne.

Dans un entretien avec le magazine Caros Amigos, Lino Bocchini explique :

Seria muito ruim se prevalecesse a teoria deles de que era uma simples questão comercial – o que não fazia nenhum sentido, pois não havia nenhum banner comercial, anúncios, venda de nada.

Ça aurait été une très mauvaise nouvelle si leur théorie avait pu s'imposer, comme quoi c'était une simple question commerciale. Cela ne voulait rien dire puisqu'il n'y avait pas de bannière commerciale, pas d'annonce, et que rien n'était vendu.

L'ONG Article 19, qui lutte pour la liberté d'expression dans le monde entier, s'est réjouie de la décision du Tribunal supérieur :

Para a entidade, o processo foi movido com base na intolerância do jornal em relação à crítica que lhe era dirigida.

Nesse sentido, a decisão desta quarta-feira tomada pelo STJ representa uma vitória para o direito à liberdade de expressão e deve ser encarada como jurisprudência em outros casos semelhantes que venham a ocorrer no país.

Pour l'entité, le processus a été déplacé sur la base de l'intolérance du journal à la critique qui lui était adressée.

Dans ce sens, la décision de mercredi par le TSJ représente une victoire pour le droit à la liberté d'expression et doit être considérée comme un précédent dans d'autres cas semblables qui peuvent survenir dans le pays.

Pas de panique : ce « Bouton rouge » est là pour aider les Russes

lundi 3 juillet 2017 à 10:36

Capture d'écran de la page officielle de l'application « Bouton Rouge ».

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en russe.

Une nouvelle application mobile conçue pour les manifestants russes, « Bouton Rouge », a été lancée fin avril. L'application a été mise en service juste à temps pour les manifestations anti-Poutine du 29 avril, menées par le mouvement pro-démocratique Open Russia [Russie Ouverte], dont les organisations basées en Grande-Bretagne ont récemment été déclarées « indésirables » par le Ministère de la Justice russe.

En mettant en contact les personnes interpellées avec leurs amis, leurs familles et des organisations de défense des droits de l'homme en un temps record, Bouton Rouge espère offrir aux manifestants une meilleure protection contre les arrestations et les sanctions illégales.

Mis au point par le développeur Alexander Litreïev, le programme permet aux utilisateurs de faire savoir où et quand a eu lieu l'arrestation, puis il localise automatiquement le poste de police où le manifestant a été officiellement enregistré. Les utilisateurs peuvent pré-sélectionner certains amis ou membres de leur famille pour qu'une notification les avertisse en temps réel de l'incident et leur donne l'adresse du poste de police. Des organisations de défense des droits de l'homme sont aussi informées de l'arrestation : l'application partenaire OVD Info propose ainsi une aide juridique aux détenus.

Pour les manifestations les plus importantes, Bouton Rouge diffuse aussi les lieux d'arrestations massives sur son compte Twitter, ce qui permet d'éviter la formation d'éventuels « épicentres ».

Russie, Saint-Pétersbourg, Kronverkskiy prospekt — arrestations en masse.

Dans un article de son blog sur la plate-forme Telegraph, Alexander Litreïev dit vouloir que Bouton Rouge devienne « un système entièrement russe pour suivre les arrestations illégales » et un service qui garantit que les manifestants « ne se retrouvent pas seuls face à l'arbitraire et à l'anarchie des forces de l'ordre ».

L'application arrive au bon moment, alors les actions de protestation semblent être de retour sur la scène publique. Elle a gagné plus de 4.000 utilisateurs [en] sur iOS et Android dans les jours qui ont suivi son lancement.

Lors des manifestations anti-Poutine du 29 avril, Bouton Rouge a signalé les premières détentions à Kemerovo, où au moins treize personnes ont été arrêtées. Si la mobilisation n'a pas été aussi longue et d'aussi grande ampleur que la campagne nationale de manifestations organisée en mars par l'opposant Alexeï Navalny, elle a été un bon banc d'essai pour Bouton Rouge.

Selon le site web Meduza, sur l'ensemble du pays, plusieurs manifestations se sont déroulées de manière pacifique et sans incident, comme à Novossibirsk et à Oufa. Mais à Saint-Pétersbourg, la police a arrêté plus de cinquante personnes.

Le 29 avril a aussi été l'occasion pour Bouton Rouge de tester son dispositif de sécurité. Litreïev a informé que l'algorithme de l'application avait rejeté plus de 270 fausses alertes.

Le développeur a annoncé qu'une version plus perfectionnée de l'application serait disponible avant les manifestations massives prévues en juin par Alexeï Nalvany, qui espère remporter le même succès qu'en mars en lançant une campagne nationale de mobilisation le Jour de la Russie, la fête nationale du pays.

Le 3 mai dernier, un tribunal russe a rejeté l'appel de Navalny suite à sa condamnation pour “délit grave” dans une affaire de détournement de fonds, ce qui l'empêche de se présenter à un mandat électif. Navalny dit cependant continuer à faire pression pour faire aboutir sa campagne pour les présidentielles, avançant que les lois fédérales qui interdisent sa candidature sont inconstitutionnelles.

Il ne fait aucun doute qu'il organisera d'autres manifestations après le mois de juin. L'avenir dira combien de ses partisans auront besoin d'appuyer sur le bouton rouge.

Pourquoi les étudiants de Porto Rico publient-ils leur numéro d'étudiant dans les réseaux sociaux?

dimanche 2 juillet 2017 à 20:49

Photographie : Pixabay / domaine public

L'Université de Porto Rico (UPR) est en crise après des coupes budgétaires qui ont entraîné une vague de démissions des principaux administrateurs.

Mi-2016, le Congrès des États-Unis a adopté la loi PROMESA (Loi de supervision, gestion et stabilisation Économique pour Porto Rico), qui a créé le Comité de contrôle fiscal. Le Comité a ordonné au gouverneur Ricardo Rosselló de réduire le budget de l'UPR de 300 millions de dollars afin d'éviter de devoir emprunter plus d'argent.

En réponse, Celeste Freytes, présidente de l'UPR, et neuf des onze doyens de l'université ont démissionné de leur poste et ont signé une lettre commune qui qualifie les coupes de “draconiennes” :

Rechazamos que se sacrifique más a la UPR mientras otras corporaciones y estructuras gubernamentales no dan un paso al frente, ni se les exigen los recortes draconianos que se le han requerido a una institución que ha probado ser vital en el desarrollo de nuestro país.  En el momento en que el país más necesita de su Universidad  y de ampliar las oportunidades para que un mayor número de estudiantes puedan acceder a ella, le dan un golpe que amenaza su viabilidad. No es sensato ni justo que, en estos momentos, se amenace su existencia. Repudiamos la insistencia de pagar la deuda pública a expensas de la Universidad.

Nous refusons que l'UPR soit encore plus sacrifiée alors que d'autres corporations et d'autres structures gouvernementales ne font pas un effort, et on ne leur demande pas les économies draconiennes qui ont été demandées à cette institution, qui a prouvé qu'elle est vitale pour le développement de notre pays. Au moment où le pays a le plus besoin de son université et d'élargir les opportunités pour qu'un plus grand nombre d'étudiants puisse y accéder, on lui porte un coup qui menace sa viabilité. Il n'est ni sensé ni juste qu'on menace actuellement son existence. Nous rejetons l'insistance de payer la dette publique au détriment de l'université.

Les étudiants et les professeurs ont organisé des manifestations contre les mesures d'austérité imposées par le comité de PROMESA, et ils ont prévenu que des économies si drastiques mettent en danger les programmes académiques vitaux.

Quand les étudiants ont eu connaissance des démissions massives des principaux administrateurs de l'université, beaucoup ont commencé à publier leur numéro d'étudiant en ligne en signe de solidarité.

Dans Dialogue Digital, le journal d'information de l'université, Karisa Cruz Rosado a également publié son numéro d'étudiant, avec ses explications pour soutenir l'université contre les économies budgétaires:

801-03-XXXX: Fue en la Universidad de Puerto Rico (UPR) donde oí el ruido de mis cadenas. Donde me reconocí presa de mis deseos sin cabeza. Allí, en esos salones con hongo, caldo de cultivo para alergias crónicas, casa del terror para los asmáticos, descubrí la brevedad de la vida y cuán “mcdonalizados” estamos. […] Sin la UPR mi vida sería silencio. Sosa. Sin historia ni poesía. Sin pachanga ni francachela. Sin lucha ni resistencia. Dejar que los buitres se coman- vivo- el Alma de la Máter (madre) de Puerto Rico sería un crimen de alta traición. Porque quizá es ahí, en su lecho, donde único nos hemos acercado a la efímera sensación de libertad.

801-03-XXXX : C'est à l'Université de Porto Rico (UPR) que j'ai entendu le bruit de mes chaînes. C'est là que je me suis sentie prisonnière de mes désirs sans raison. Là, dans ces salons avec des champignons, bouillon de culture pour allergies chroniques, maison de la peur pour les asthmatiques, j'ai découvert la brièveté de la vie et combien nous sommes “mac donaldisés” […] Sans l'UPR ma vie serait silence. Sans saveur. Sans histoire, ni poésie. Sans danse, ni fête. Sans lutte, ni résistance. Laisser les vautours manger – vif – l'âme de la Mère de Porto Rico serait un crime de haute trahison. Parce que c'est peut-être là, dans son sein, et seulement là que nous avons approché l'éphémère sensation de liberté.

Mesures d'austérité et politisation menacent l'enseignement supérieur à Porto Rico

L'enseignement supérieur public Porto Rico a fait ses preuves comme la voie principale de la mobilité sociale pour beaucoup de diplômés, en grande partie grâce au fait que ses étudiants n'ont pas de dettes astronomiques, comme dans tant d'autres universités de nos jours.

Deux autres institutions publiques d'enseignement supérieur de Porto Rico sont également passés par des années de réductions budgétaires et de supervision politisée : le Conservatoire de musique de Porto Rico et l’École des arts plastiques et du dessin de Porto Rico.

One of the buildings of the Puerto Rico School of Plastic Arts and Design in Old San Juan, Puerto Rico. Image uploaded to Wikimedia Commons by Moebiusuibeom-en under a Creative Commons Attribution Share-Alike 4.0 International (CC-BY-SA-4.0).

Un des bâtiments de l'École des arts plastiques et du dessin de Porto Rico dans le quartier du Vieux San Juan, Porto Rico. Image publiée dans Wikimedia Commons par Moebiusuibeom-en sous licence CC-BY-SA-4.0.

Le gouverneur Rosselló a remplacé le conseil d'administration entier de l'École des arts plastiques et du dessin de Porto Rico et a imposé un nouveau recteur en décembre sans consulter la communauté académique, malgré les règles qui affirment que cette nomination ne peut se faire qu'après consultation du corps étudiant, du corps professoral et des administrateurs.

Rosselló a affirmé que sa décision faisait suite au rejet du conseil de Mónica Villaverde, que le gouverneur avait tout d'abord choisi comme rectrice. Ce renouvellement de l'institution a nécessité d'invoquer la Loi 3 (promulguée le 23 janvier 2017), qui octroie au gouverneur la capacité de renvoyer des directeurs de toute institution publique s'il a l'impression que la personne n'est pas en accord avec ses politiques fiscales.

De nombreuses voix inquiètes se sont fait entendre, arguant que la Loi 3 viole l'autonomie des universités et soutenant que celle-ci est vitale pour répondre aux normes d'accréditation internationale. L'administration de Rosselló a balayé ces craintes.

One of the buildings of the Puerto Rico Conservatory of Music in the area of Santurce in San Juan, the capital city of Puerto Rico. Image uploaded to Wikimedia Commons by Dsmorales under a Creative Commons Attribution-ShareAlike 3.0 Unported licence (CC-BY-SA-3.0).

Un des bâtiments du Conservatoire de musique de Porto Rico, dans le quartier de Santurce à San Juan, capitale de Porto Rico. Image publiée dans Wikimedia Commons par Dsmorales sous licence CC-BY-SA-3.0.

Il convient de souligner que le Conservatoire de musique de Porto Rico et l'École des arts plastiques et du dessin ont diplômé beaucoup d'élèves qui ont eu ensuite des carrières éminentes dans les arts, dans le pays et à l'étranger, ce qui a permis à ces deux institutions d'acquérir une grande renommée et d'inspirer d'innombrables Portoricains.

Malheureusement pour cet héritage, le climat politique actuel considère l'éducation publique comme une dépense inutile. Dans cette ambiance, surtout pour les étudiants des arts et lettres, les coupes budgétaires peuvent paralyser les futurs programmes éducatifs.

Cependant, si l'expérience sert d'indicateur, les Portoricains n'abandonneront pas leurs institutions d'éducation supérieure sans se battre.

Les Vénézuéliens échangent des conseils pour contourner les blocages de sites et de réseaux sociaux

dimanche 2 juillet 2017 à 20:15

Pendant quelques heures dans la nuit du 28 juin, des internautes de plusieurs villes du Venezuela ont constaté de nouveaux blocages de sites et de réseaux sociaux. Comme l'a relayé l'organisation Venezuela Inteligente:

Los servidores DNS del proveedor de servicio de internet del estado CANTV no respondían las solicitudes DNS sobre Facebook, Twitter, YouTube, Instagram y Periscope, impidiendo el acceso a los usuarios.

Les serveurs DNS du fournisseur d'accès à internet d'état CANTV ne répondaient pas aux requêtes DNS pour Facebook, Twitter, YouTube, Instagram et Periscope, empêchant ainsi l'accès aux utilisateurs.

Alrededor de una hora después [de las 11pm], dichos bloqueos fueron liberados y el acceso a esos sitios volvió a ser libre. Innumerables reportes de usuarios en las redes se suman a mediciones específicas de los servidores DNS del ISP.

Environ une heure après [11 heures du soir], les blocages ont cessé et l'accès aux sites est revenu à la normale. De très nombreux témoignages d'utilisateurs sur les réseaux confirment les mesures spécifiques des serveurs DNS de l'ISP.

Ce n'est pas la première fois que ce type de blocage survient au Venezuela. En mai déjà, Index on Censorship [la censure à l'index], avait apporté la preuve du blocage de 41 sites dont trois journaux en ligne : vivoplay.net, elcapitolio.tv et vpitv.com. Cette recrudescence de censure en ligne se produit alors que le gouvernement de Nicolás Maduro doit affronter les manifestations incessantes de ses opposants provoquées par la grave crise politique, économique, alimentaire et sanitaire qui frappe le pays.

D'après Venezuela Inteligente, le schéma des blocages est toujours le même :

En el pasado se ha observado el patrón de que luego de que CANTV bloquee un sitio web, siguen los demás proveedores. Volvimos a observar este patrón con el proveedor Movistar que comenzó a bloquear Twitter. Pedimos a la comunidad que estén atentos a futuras noticias relacionadas para ayudar a ejercer presión en caso de un bloqueo más permanente.

Dans le passé, on s'est rendu compte que dès que CANTV bloquait un site web, les autres fournisseurs suivaient. Nous avons constaté le même schéma avec le fournisseur Movistar quand il a bloqué Twitter. Nous avons demandé à la communauté des internautes d'être attentifs à toute nouvelle information à ce sujet, pour être prêts à exercer des pressions en cas de blocage plus permanent.

La Commission nationale des télécommunications  (Conatel) est l'organisme dont dépendent tous les fournisseurs d'accès à internet dans le pays. Sachant cela, le journaliste, Luis Carlos Díaz, collaborateur de Global Voices, a déclaré lors d'un entretien pour le journal El Nacional au sujet des blocages constatés :

Una autoridad decidió hacerlo sin juicio ni decisión de un tribunal, sino por vía administrativa.

L'autorité a décidé de passer non pas par un jugement ou une décision d'un tribunal, mais par la voie administrative.

Sur les réseaux sociaux, on échange des conseils pour contourner les blocages. Le portail Hipertextual explique ce qu'est le DNS et pourquoi il faut le changer :

Los usuarios casi nunca nos comunicamos directamente con el servidor DNS, sino que la resolución de los nombres la hacen las aplicaciones (navegador, cliente de correo, gestores de descarga, etc.). La mayoría de los usuarios usan como servidor DNS el que les proporciona su ISP (proveedor de servicio de Internet). Pero a través del protocolo DHCP estos servidores pueden ser configurados de manera manual.

Nous les internautes, nous ne communiquons presque jamais directement par le serveur DNS. En fait, la résolution de noms se fait à travers les applications (navigateur, messagerie, gestionnaires de téléchargements, etc.). La plupart des internautes utilisent les serveurs DNS que leur fournissent leur ISP (fournisseur d'accès à internet). Mais, grâce au protocole DHCP, on peut les configurer manuellement.

Pour sa part, le journaliste Alberto Rodríguez a proposé la solution suivante :

Solution pour contrer blocage de ABA CANTV pour l'accès à #Facebook#YouTube#Twitter et #Instagram : changez les DNS

Jason Voorhess, quant à lui, a partagé d'autres options pour smartphones :

Je le répète pour ceux qui ne le sauraient pas téléchargez VPN gratuits pour PC et Smartphone (contre les blocages)
-Cyberghost
-HostPot Shield
-TOR
-Tunnel bear

Luis Carlos Díaz a publié sur Facebook un appel à ne pas se laisser surprendre par le prochain blocage :

N'attends pas que Conatel recommence à bloquer l'accès au réseau, comme hier soir. Renseigne-toi sur la sécurité numérique et les outils qui pourraient t'aider à gagner une manche sur la censure officielle. Hier soir, c'était de la folie. C'est difficile pour le commun des mortels d'expliquer quel type de branchement il a, à quoi il est connecté, sous quelle configuration, et comment faire pour différencier une panne d'un blocage. Cependant, il faut parer à toute éventualité. Il existe des niveaux d'actions et de stratégies plus ou moins forts. Nul besoin d'outils magiques. Il te faut l'outil adapté pour contourner le blocage sans attenter à ta vie privée ni limiter ta vitesse.
– Tu dois changer tout de suite de DNS (j'explique plus loin ce que c'est).
– Tu peux essayer une connexion VPN.
– Tu dois chercher sur Google, télécharger et installer The Tor Project, Inc pour l'avoir au cas où.
Tu n'as pas besoin de tout ça, ni de tout en même temps, mais tu dois savoir les utiliser pour te débrouiller tout seul quand il le faut. Cela ne va pas empêcher une coupure numérique définitive, mais il faut faire en sorte que ça devienne difficile pour le pouvoir… comme hier soir quand ils ont bloqué l'accès par les DNS à Twitter, Facebook, YouTube et Instagram (alors qu'on y avait accès par des applications mobiles), pour les débloquer une heure plus tard.

Et le directeur de Venezuela Inteligente de rappeler :

Ne minimise jamais un blocage sur #internetVE même si tu sais changer de DNS. C'est une violation des droits de TOUS

Les habitants de Mumbai transforment leur plage grâce à une gigantesque opération de nettoyage bénévole

samedi 1 juillet 2017 à 21:07

Déchets de plastiques sur une plage de Mumbai. Capture d'écran d'une vidéo de YouTube intitulée “Impacts du plastique de l'océan sur votre santé” par Sky News. Cliquez sur l'image pour voir le reportage [en anglais].

Sauf mention contraire, tous les liens de cet article envoient vers des pages en anglais.

Mumbai [fr], sur la côte ouest de l'Inde, est l'une de ses métropoles les plus peuplées. Elle est connue pour ses plages, mais depuis quelques années l'amoncellement d'ordures et la contamination des eaux usées les ont rendues insalubres.

Certaines plages sont plus polluées que d'autres. D'après une étude de neuf plages de Mumbai entre novembre 2015 et mai 2016, celles de Juhu, Versova et Aksa étaient les pires.

Il y a environ deux ans, les résidents du quartier chic de Versova [fr], inspirés par l'avocat et écologiste local Afroz Shah, ont décidé de prendre les choses en main.

Implacable ! Mais les bénévoles le sont aussi.

En octobre 2015, Shah a emménagé dans son nouvel appartement près de la plage de Versova et a remarqué les déchets de plastique sur la plage, dont certains tas atteignaient plus de 1,6 m de hauteur. Il a commencé à nettoyer la plage avec son voisin de 84 ans, Harbansh Mathur. Constatant leurs efforts, des douzaines d'habitants volontaires se sont joints à eux et environ 50 tonnes de déchets furent enlevés pendant la première opération de nettoyage des 2,5 km de plage.

Il restait encore des tonnes d'ordures, et ils ont donc lancé une campagne de nettoyage hebdomadaire en invitant plus de bénévoles.

En décembre 2015, la mairie mit de l'équipement à leur disposition et en six mois, les bennes à ordures et les pelleteuses ont transformé la campagne en un véritable mouvement. Le nombre de bénévoles, de tous milieux, atteint 300 par semaine. Peu après, le groupe des Résidents bénévoles de Versova (VRV) fut formé. Ils mettent régulièrement leurs progrès à jour sur leur page Facebook.

En juillet 2016, les efforts de VRV obtinrent une reconnaissance internationale quand le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) surnomma leur mouvement “la plus importante campagne de nettoyage d'une plage au monde“. En janvier 2017, le groupe se mit à nettoyer les 52 toilettes à proximité de la plage pour empêcher les eaux usées de finir à la mer. Entre ses débuts et mars 2017, VRV a enlevé un total de 5.000 tonnes d'ordures de la seule plage de Versova.

Chapeau aux gens qui se sont portés volontaires pour le nettoyage d'aujourd'hui.

Afroz Shah est la preuve qu'il suffit de volonté et d'inspiration pour apporter du changement.

Voici la plage de Versova il y a une heure. 85ème semaine de nettoyage. La plage est superbe et propre maintenant. Nous avons fait notre boulot. Nous devons l'entretenir.

Compliments à Afroz Shah et son équipe pour le nettoyage de 5 millions de kg en 85 semaines sur la plage de Versova, superbe initiative. Qu'elle en inspire d'autres.

Quelle vue ! Je ne pouvais pas croire que c'était la même plage que celle que j'ai visitée l'an dernier avec mon ami qui me disait, c'est tellement sale.

Les bénévoles travaillent encore :

Semaine 88 du nettoyage. 300 cocotiers matures arrivent dans leur nouveau chez-soi sur la plage de Versova. Merveilleux weekend. Nous retournons à nos racines.

Semaine 90 du nettoyage. Samedi et dimanche, nous avons collecté 160 tonnes de plastique. Pluie battante et caractère des bénévoles de même.

Le PNUE a reconnu l'exploit de Shah en faisant de lui un Champion de la Terre, la plus haute récompense des Nations Unies pour l'environnement.

La mission de cet homme de sauver une plage a fait de lui un champion de la Terre.

Le Premier ministre indien Narendra Modi a lui aussi félicité l'initiative de Shah, “un exemple et une inspiration” dans la lutte contre la pollution :

Le Premier ministre félicite Afroz Shah sur Mann ki Baat pour son mouvement de nettoyage de la plage de Versova. Félicitations Afroz !

L'initiative fait tache d'huile. Celle-ci (ci-dessous) est une opération de nettoyage de la rivière Kahn (Khan), à Indore, à environ 600 km de Mumbai :

Mission Indore propre, Kahna propre, Inde propre avec un début positif avec sir Afroz Shah.

“Mission rivière Khan propre” a commencé avec Afroz Shah. “L'avocat qui a nettoyé la plage de Versova à Mumbai.”

Et les gens en réclament davantage :

Afroz Shah je pense qu'on a besoin d'un mouvement de masse dans toute l'Inde côtiere comme le nettoyage de Mumbai, vous pourriez provoquer un énorme changement avec votre popularité.

Après Versova, ces plages du Maharashtra seront-elles elles aussi nettoyées ? Le Hindustan Times liste quelques unes des pires !

D'après le PNUE, 13 millions de tonnes de déchets plastiques finissent dans les océans de la planète chaque année, et le monde doit agir dès maintenant. Le public a maintenant un exemple de succès avec la plage de Versova, mais de nombreuses autres actions sont nécessaires pour réduire la quantité d'ordures en plastiques et rendre l'élimination des déchets plus efficace.