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Djibouti : futur terrain d’expression du conflit entre Trump et la Chine ?

samedi 4 février 2017 à 12:14
IOG-Djibouti-Trump-chine

Ismaël Omar Guelleh (IOG), président de Djibouti, s'exprimant à la tribune de l'Assemblée Générale des Nations Unies (www.news55.se)

Les Etats-Unis se souviendront longtemps de la période de transition présidentielle américaine. Donald Trump a passé les 72 jours qui ont séparé son élection de son investiture à dynamiter, à coup de tweets improbables ou de rencontres fortuites, tous les codes de la politique américaine. Le 2 décembre 2016, il rend ainsi publique la conversation qu'il vient d'avoir avec la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen. Une première depuis 1979, année qui a vu les Etats-Unis rompre leurs relations diplomatiques avec la petite île sur laquelle lorgne son puissant voisin chinois.

Rompant avec une longue tradition américaine, le président élu enfonce le clou le 11 décembre, lorsqu'il menace explicitement de ne plus reconnaître la « Chine unique » en l'absence de concessions de la part de Pékin. Selon le New York Times, « jamais (…) un dirigeant américain n'avait bouleversé à ce point le statu quo sur cette question ». C'est que le très protectionniste Donald Trump a la Chine en ligne de mire, qu'il accuse d'agressivité commerciale et dont il menace les importations d'une taxe de 45%.

Chine-Etats-Unis : vers un conflit inévitable ?

Pour de nombreux observateurs, le tropisme anti-chinois du 45e président américain ne fera qu'aggraver les tensions entre Washington et Pékin, tensions qui sont notoirement montées en intensité ces dernières années. L'enjeu principal est une question de domination commerciale et militaire en mer de Chine. Quelque 5 milliards de tonnes de marchandises transitent par cet espace maritime chaque jour, un espace dont la Chine revendique pas moins de 80%. Les Etats-Unis, quant à eux, incitent les pays ayant accès à cette mer (Thaïlande, Philippines, Vietnam, Brunei, Malaisie) à faire valoir leurs droits face à une Chine plus conquérante que jamais.

La mer de Chine est donc le théâtre de manœuvres militaires constantes, opposant porte-avions américains et sous-marins chinois. Le 24 janvier, le porte-parole du nouveau président a directement menacé Pékin : « Si ces îles sont dans les eaux internationales et ne font pas à proprement parler partie de la Chine, nous ferons en sorte que les territoires internationaux ne soient pas contrôlés par un seul pays». Et de préciser que les Etats-Unis feraient en sorte de « protéger leurs intérêts ». L'escalade n'est pas loin. Pour l'hebdomadaire américain Newsweek, la guerre entre les Etats-Unis et la Chine serait même devenue « inévitable ».

En Afrique, une guerre économique entre Washington et Pékin

La mer de Chine n'est pas la seule pomme de discorde entre les deux superpuissances. Le continent africain est également devenu le théâtre d'une véritable guerre économique entre Washington et Pékin. Alors qu'en 2014 les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l'Afrique dépassaient à peine les 73 milliards de dollars, ils s'élevaient déjà à 222 milliards avec la Chine. Non seulement le volume des investissements des deux pays est-il passablement déséquilibré, mais encore la nature de ceux-ci diffère-t-elle du tout au tout. Alors que 70% de l'aide chinoise en Afrique est destinée à la construction d'infrastructures lourdes (chemins de fer, routes, ponts, stades, etc…), la même proportion de l'aide américaine est dirigée vers des projets sanitaires ou humanitaires.

Le fraîchement retraité Barack Obama n'a pas manqué de dénoncer, quand il était encore locataire du bureau ovale, ce deux poids deux mesures. Soulignant les efforts des investissements américains pour promouvoir la démocratie sur le continent africain, le président américain dénonçait une Chine obnubilée par les seuls résultats économiques, une Chine prête à frayer avec les plus douteux des régimes africains si cela pouvait lui assurer l'accès aux précieuses matières premières dont le sous-sol du continent regorge, et qui sont si nécessaires à la croissance de son industrie.

Djibouti joue à un jeu dangereux

L'Afrique est devenue si stratégique pour Pékin que la Chine a récemment décidé d'y implanter sa première base militaire à l'étranger. Celle-ci ouvrira d'ici à la fin de l'année 2017, sans que l'on sache encore si elle servira à assurer le ravitaillement de ses navires commerciaux, à servir de base à un contingent de maintien de la paix en Afrique ou si elle préfigure une implantation militaire durable de la Chine sur le continent.

Quoi qu'il en soit, les ambitions géopolitiques de Pékin en Afrique ne sont pas passées inaperçues chez les traditionnels alliés du petit pays de la Corne de l'Afrique, dirigé depuis 1999 par Ismaïl Omar Guelleh (IOG). Les Etats-Unis, qui ont dû abandonner une partie de leurs équipements à Djibouti aux militaires chinois et rapatrier leurs forces au sein du seul Camp Lemonnier, voient d'un très mauvais œil ce nouveau voisinage forcé. Et ce alors que leur base de Djibouti revêt une importance stratégique en termes de renseignement et qu'elle sert de tarmac pour leurs drones à destination du Moyen-Orient. Le revirement d'alliance d'OIG, attiré par les subsides internationaux qui constituent la majeure partie de la richesse du pays, fait de plus en plus douter Washington de la pertinence de soutenir un potentat qui maintient sa population dans l'extrême pauvreté à plus de 50% et conserve son pouvoir au prix d'une féroce répression.

Signe que le vent pourrait commencer à tourner, les Etats-Unis, échaudés par l'arrivée de la Chine, seraient en train d'envisager le transfert progressif de leurs troupes basées à Djibouti vers le Sénégal. Un départ qui signerait également la baisse des aides financières américaines, et ce alors que la sur-dépendance de Djibouti à la Chine est lourde de menaces à long terme. Si IOG peut compter sur Pékin pour fermer les yeux sur la gestion non démocratique de son pays, en tournant le dos à Washington et en ouvrant les bras à Pékin, il lie le destin de son pays à une puissance dont la croissance s'essouffle et qui n'a pas pour habitude de redistribuer les profits réalisés par ses entreprises aux populations locales. À la différence de leurs conséquences humaines et environnementales que les Djiboutiens seront, encore une fois, bien seuls à assumer.

Des « légendes vivantes », stars d'un instantané coloré de la diversité linguistique australienne

vendredi 3 février 2017 à 23:30

Capture d'écran de la carte Gambay.

Quelle meilleur moyen qu'une carte multimédia pour visualiser la diversité linguistique des Aborigènes d'Australie et des Iles du Détroit de Torrès ?

«  Gambay », qui signifie «  ensemble » en butchulla (parlé dans la région de Hervey Bay au Queensland) est une carte sur plus de sept cent quatre-vingt langues natives d'Australie. Chaque point sur la carte représente une région linguistique différente, et les points de même couleur indiquent que ces langues ont des points communs. Seulement une vingtaine sont utilisées couramment dans la vie quotidienne, d'où l'importance d'établir des liens entre langues similaires pour qu'elles puissent se soutenir mutuellement.

Capture d'écran de Gambay map's Language Legends feature.

First Languages Australia a constitué un partenariat avec le Comité consultatif des langues indigènes du Queensland (Queensland Indigenous Languages Advisory Committee), qui a partagé la technologie développée pour Nyurrangu Ngardji, une application similaire montrant les langues du Queensland.

Les  « Légendes vivantes de la langue », des locuteurs de langues aborigènes et des Iles du Détroit de Torrès et militants locaux, ont apporté d'importantes contributions. Ces personnes ont enregistré des témoignages vidéo soulignant l'importance de soutenir et revitaliser les langues pour les générations actuelles et futures. Ces vidéos sont un moyen idéal pour ces représentants de se présenter à leurs propres communautés en tant qu'individus engagés pour la promotion de leur langue, et sur lesquels on peut compter pour tout conseil et soutien à ce sujet.

Ces témoignages vidéos insistent tout spécialement sur la façon dont les communautés linguistiques choisissent de se représenter, vérifient leur localisation et l'orthographe du mot utilisé pour nommer leur langue. Selon Melissa Holden de First Languages Australia, cette dernière caractéristique est particulièrement pertinente car les langues australiennes étaient purement orales avant l'établissement de l'Etat australien, et que :

they have been named/spelled various ways over the years by the missionaries, government officials, linguists and other researchers who have worked with the language communities; and by community members themselves.

Elles ont été nommées et orthographiées différemment au cours des années par les missionnaires, les fonctionnaires, les linguistes et autres chercheurs qui ont travaillé avec les communautés, ainsi que par les communautés elles-mêmes.

Cette carte remet le pouvoir de décision dans les mains des membres de chaque communauté, pour qu'ils choisissent la façon dont ils seront représentés.

Une autre « Légende vivante de la langue », Bridget, qui parle le Warrgamay, écrit :

I’m a Djambi in our language. That means old woman. I’m a linguist, I prefer to use the term community linguist or first language linguist. I translate resources from English into our languages, and look at the materials that we need to support language learning. I work a lot with our community. We have a lot to do with our people, talking and agreeing on ways to support language.

I live it and breathe it everyday. Language work is the best thing I can do. Who wants to go out and do other things, when I can be saving our languages?

Dans notre langue, je suis une djambi. Ca veut dire une vieille femme. Je suis linguiste, je préfere utiliser le terme linguiste communautaire ou linguiste des langues premières. Je traduis de l'anglais dans nos langues et je regarde de quel matériel d'apprentissage nous avons besoin pour soutenir l'enseignement des langues. Je travaille beaucoup avec notre communauté. Nous avons beaucoup à faire avec les nôtres, parler et se mettre d'accord sur les façons de soutenir les langues.

Je le vis et le respire chaque jour. Le travail de la langue est la meilleure chose que je puisse faire. Qui veut sortir et faire autre chose, quand je peux sauver nos langues ?

En plus des « Légendes vivantes » et des centres linguistiques régionaux, les populations aborigènes et des Iles du Détroit de Torrès ont d'autres moyens numériques de participer à Gambay et de contrôler la représentation de leurs langues et de leurs communautés. Le contenu actuel de la carte pourrait être utilisé à l'école dans des matières essentielles comme l'anglais, les maths, les sciences, l'histoire, la géographie et l'éducation civique. Les notes qu'elle fournit sont liées au programme scolaire national australien et couvrent chaque année scolaire.

Philippines : Des centaines de disparus dans un incendie d'usine dans une zone franche industrielle

vendredi 3 février 2017 à 17:26

Douze heures après le début de l'incendie, l'usine HTI toujours en feu vue depuis l'entrée du parc industriel. Photo : page Facebook de Iohsad Phils

Quelque 120 ouvriers ont été blessés dans l'incendie qui a entièrement détruit l'usine Housing Technology Industries (HTI, Industries de Technologie du Logement) située dans la zone franche industrielle de Cavite (CEPZ), au sud de la capitale philippine Manille. Le bilan des victimes pourrait s'alourdir car les autorités n'ont pas encore donné le décompte définitif des centaines d'ouvriers qui auraient été pris au piège à l'intérieur de l'usine pendant l'incendie.

Le départ de feu a eu lieu à 18hh20 le 1er février, après une explosion entendue au premier étage où étaient entreposés les produits chimiques utilisés par le personnel. Douze heures plus tard, les pompiers luttaient toujours pour éteindre l'incendie.

HTI produit des maisons préfabriquées pour l'exportation, dans la CEPZ, un centre manufacturier où syndicats et grèves sont prohibés.

Amis et familles des ouvriers, habitants du voisinage et autres internautes ont posté des photos et vidéos de l'incendie en cours. Les demandes d'assistance aux victimes et à leurs familles, ainsi que d'une liste complète de toutes les victimes ont de même fait le tour de l'internet. La tragédie est comparée à l’incendie de l'usine Kentex à Manille qui avait coûté la vie à 72 ouvriers en 2015.

Photo : compte Facebook de Ghie Nedo.

Le journaliste Kenneth Guda a posé quelques questions dérangeantes :

HTI, avec sa société-soeur HRD, fait des maisons préfabriquées à isolation technologiquement avancée et haute efficacité énergétique. Bien que HRD soit une société de Singapour, elle exporte essentiellement au Japon et à des filiales aux USA et en Australie (et peut-être ailleurs). Dans quelles conditions sont fabriquées ces maisons dans cette usine de la zone franche de Cavite ? Dans quelles conditions pouvait-on produire une maison saine, écologique, tout en exposant ceux qui la fabriquent à des risques comme par exemple un incendie se déclarant dans une mousse utilisée pour l'isolation de ces maisons ?

Les milieux syndicaux ont dénoncé le silence des autorités sur l'incident :

Nous sommes indignés par le silence persistant des responsables du Service du Travail et de l'Autorité des Zones Franches économiques philippines sur l'incendie meurtrier survenu hier à House Technology Industries, une usine située dans la zone franche économique Cavite. La presse a a rendu compte de plus d'une centaine d'ouvriers transportés d'urgence dans les divers hôpitaux du secteur. Des témoignages sur le terrain indiquent aussi que des centaines d'ouvriers étaient pris au piège à l'intérieur de l'usine.

Des groupes de travailleurs comme le Kilusang Mayo Uno ont en outre dénoncé ce qu'ils ont appelé des violations de la santé au travail et des normes de sécurité à l'origine de la tragédie :

Nos coeurs pleurent justice pour les ouvriers de HTI. Pas un seul travailleur ne devrait mourir sur le lieu de travail, pas même quand un incendie éclate. Le nombre estimé de travailleurs qui ont péri est un indicateur sans équivoque de violations de la santé au travail et des normes de sécurité. Nous tenons les actionnaires de HTI, l'Autorité philippine des zones franches (PEZA) et les Services du Travail et de l'Emploi (DOLE) responsables des négligences criminelles qui ont provoqué cette nouvelle tragédie  sur un lieu de travail.

Piquet de grève de militants devant les bureaux centraux de l'Autorité philippine des zones franches (PEZA) à Manille pour réclamer justice pour les victimes de l'incendie de l'usine HTI CEPZAe. Crédits photos : College Editors Guild of the Philippines

Mieux vaut tard que jamais ? L'or olympique 2008 à Trinité-et-Tobago après la disqualification des Jamaïcains pour dopage

jeudi 2 février 2017 à 23:03

L'équipe de relais 4x100m de Trinité-et-Tobago aux Jeux Olympiques de Londres, en 2012. Photo de Citizen59, CC BY-SA 2.0.

[Tous les liens mentionnés sont en anglais, sauf mention contraire]

L’équipe de relais d’athlétisme de Trinité-et-Tobago décrochera prochainement une nouvelle médaille d’or – neuf ans après la compétition.

La nouvelle stupéfiante annonçant que Nesta Carter – un des quatre relayeurs vainqueurs du 4x100m aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008 – a été testé positif à une substance interdite a valu à la Jamaïque d’être privée de sa première place. De fait, les athlètes de Trinité-et-Tobago, seconds, se voient attribuer l’or. Dans ce jeu de dominos, le Japon récupère la médaille d’argent, tandis que le Brésil remporte le bronze.

Le site satirique Wired868, spécialiste des sports et de la politique, a ainsi relayé l’information de la façon suivante :

It started off as a sprint but ended up as a marathon. On 22 August 2008, eight nations and 32 athletes contested the men’s 4×100 metre final in Beijing, China.

And, on 25 January 2017, Mr Live Wire can now reveal the impending result.

The winner, with an amazing time of eight years, six months, three days and 38.06 seconds… Trinidad and Tobago! Bawh!

Cela a démarré comme un sprint mais s’est terminé en marathon. Le 22 août 2008, huit nations et 32 athlètes ont disputé la finale du 4x100m à Pékin, en Chine.
Et le 25 janvier 2017, Mr Live Wire peut enfin vous révéler le résultat quelque peu gênant.
Le vainqueur, dans un temps extraordinaire de huit ans, six mois, trois jours et 38.06 secondes… Trinité-et-Tobago ! Noon !

Sur Facebook, Late O’Clock News rit de la situation en publiant un sous-titre plein d’esprit :

Mème posté par le site satirique The Late O'Clock News avec le titre suivant “Trinité-et-Tobago, premier pays à remporter une épreuve olympique au rythme des îles”, publié et partagé sur Facebook.

Suite à l’annonce du Comité International Olympique (CIO) [français] concernant le contrôle positif, le Comité Olympique de Trinité-et-Tobago s’est montré prudent :

The Trinidad and Tobago Olympic Committee (TTOC) has not at this time received any official communication from the International Olympic Committee (IOC) in respect of the Trinidad and Tobago Beijing 2008 Olympic Games Men’s 4 x 100m Relay Team.

It is therefore premature of the TTOC to speculate on any upgrading of the Trinidad and Tobago Beijing 2008 Olympic Games Men’s 4 x 100m Relay Team medals from Silver to Gold. The IOC has its protocols and procedures in respect of medal upgrades. […]

It is always a disappointing and an unfortunate situation when an athlete from any country is embroiled in such a situation and, more so a Caribbean athlete.

Le Comité Olympique de Trinité-et-Tobago n’a, à ce jour, reçu aucune notification de la part du Comité International Olympique concernant le relais trinidadien du 4x100m des Jeux Olympiques de Pékin, en 2008.
Il est donc prématuré de spéculer sur un éventuel reclassement du relais 4x100m trinidadien aux JO 2008, et l’obtention d’une médaille d’or. Le CIO doit suivre ses propres protocoles et procédures […]
Il est toujours décevant et malheureux qu’un athlète d’un autre pays soit impliqué dans une telle situation, et plus encore lorsqu’il s’agit d’un athlète caribéen.

L’annonce de la décision du CIO a ensuite été publiée sur son site Internet, dans laquelle elle proclame sans ambages [français] que « l’équipe de Jamaïque est disqualifiée ; […] les médailles inhérentes, les pin's des médaillés et les diplômes sont retirés et seront réattribués ; [et] il est demandé à l’IAAF (Association Internationale des Fédérations d'Athlétisme) de modifier les résultats selon les informations mentionnées plus haut, et d’envisager toute procédure selon ses compétences ».

Suite à cette déclaration, le Trinidadien Richard Thompson a évoqué publiquement les conséquences de cette situation sur ses coéquipiers :

A few months ago we got the news that we may be upgraded, and this morning we woke up to messages confirming that we are now, in fact Olympic Gold medalists. Every athlete works hard to cross the line first, every athlete strives to stand at the top of the podium and hear their anthem play and we all want to come back home to the fanfare but unfortunately, this is not our fairytale story.

However, […] we still hold our Jamaican brothers in high regard and cannot/will not judge your unfortunate circumstances for we do not know the intricate details of what transpired.

Il y a quelques mois, nous avons appris que nous pourrions être reclassés, et ce matin, des messages m’ont confirmé que nous étions bel et bien médaillés d’or olympique. Chaque athlète travaille durement pour franchir la ligne en première position, chaque athlète donne le meilleur de lui-même pour être sur la première marche du podium et entendre son hymne national, nous voulons tous rentrer chez nous en grande pompe mais malheureusement, ce n’est pas le conte de fées que nous avons vécu.
Toutefois, […], nous tenons toujours nos frères jamaïcains en haute estime et ne pourrons/ne voudrons pas juger ces fâcheuses circonstances, car nous ne connaissons pas les détails précis de cette affaire.

Thompson a également saisi l’occasion pour critiquer les promesses non tenues effectuées à l’équipe après qu’une situation similaire se fut produite après les Jeux Olympiques de Londres, en 2012, lorsqu’ils se virent adjuger l’argent :

There was a function held for us by the president, […] then there was a follow up convo that we had with [sports] Minister Smith regarding retroactive financial compensation.

We were promised in July that something would be done to assure that we were rewarded for our efforts and representing T&T with integrity. There were media releases and pictures taken… and then nothing! […]

To make matters worse, in trying to prepare for the Rio Olympics, we endured an immense struggle to receive elite funding, which was intended to assist us with our Olympic preparation. To this date, I still have not received funding despite several attempts to coordinate with the minister, his assistant and the ministry officials.

I mention many of the things above—not to sound bitter or ungrateful for some of the luxuries afforded to us in the past—but to illustrate to the people, the obstacles that we face in order to perform against the best in the world.

Une cérémonie avait été organisée pour nous par le président […], puis nous avons eu une conversation avec le ministre des Sports Smith concernant la compensation financière rétroactive.
En juillet, on nous a promis que tout serait fait pour que nous soyons récompensés de nos efforts et pour avoir représenté Trinité-et-Tobago avec intégrité. Il y a eu des communiqués de presse, des photos… et puis plus rien ! […]
Et pour ne rien arranger, au cours de notre préparation pour les JO de Rio, nous avons dû immensément nous battre pour recevoir des aides financières. A ce jour, je n’ai toujours reçu aucune aide malgré mes tentatives pour contacter le ministre, son assistant et les représentants du Ministère.
Si j’ai évoqué tous ces faits, ce n’est pas pour paraître amer ou ingrat malgré tous les avantages que l’on nous a octroyés, mais pour illustrer les obstacles auxquels nous devons faire face pour être au niveau des meilleurs athlètes du monde.

Alors que les Trinidadiens se réjouissaient pour leur équipe et se montraient sensibles à leurs difficultés, ils ont sincèrement été peinés pour les Jamaïcains, affectés par le contrôle positif de Carter et ses conséquences – en particulier Usain Bolt, révéré dans cette région du monde. Sur Facebook, Leslie-Ann Boiselle expliqua :

There are opposing views on the issue, one of which that it's not fair that Usain Bolt should lose his medal because of what someone else did.

People this is a team event – when one goes down they all go down. That's just the way the cookie crumbles. You agree to abide by the rules when you chose to participate.

I'm sorry but I for one am not going to support rewarding wrong behavior. It is a pity that the other Jamaican team members have become collateral damage.

But our empathy for the Jamaican team should not cloud or outweigh our obligation to support doing what is right.[…]

Bolt's achievements have been recorded in the annals of athletics and no one can take that away.

Rather than lament for the Jamaican team, I prefer to focus all my energy on lauding my Trinbagonian athletes who ran a ‘clean’ race.

Les avis contradictoires se multiplient sur cette question, certains estimant qu’il est injuste qu’Usain Bolt perde sa médaille pour une faute commise par un autre.
Mesdames, messieurs, il s’agit d’une épreuve par équipes – quand quelqu’un chute, tout le monde chute. C’est la vie. Quand vous choisissez de participer à une compétition, vous acceptez de respecter les règles.
Je ne cautionne pas ce type de comportement. Il est regrettable que les autres membres jamaïcains doivent subir les dommages collatéraux.
Notre empathie pour l’équipe jamaïcaine ne doit pas obscurcir ou l’emporter sur notre obligation de défendre ce qui est juste […]
Les exploits de Bolt sont entrés dans les annales de l’athlétisme, et personne ne pourra les retirer.
Alors, plutôt que de s’apitoyer sur le sort de l’équipe jamaïcaine, je préfère chanter les louanges de mes athlètes trinidadiens, qui ont réalisé une course « propre ».

Chequeado.com, la coopération de journalistes argentins pour vérifier l'information et le discours public

jeudi 2 février 2017 à 22:48

L'équipe de Chequeado travaille avec ses méthodes et  outils de vérification. Photographie de Martín Fernández, publiée sous licence Creative Commons.

[Sauf mention contraire, tous les liens de ce billet renvoient vers des pages web en espagnol]
Depuis l'aube du nouveau millénaire, grâce à l'essor d'internet et au développement des réseaux sociaux, l'information est disponible et accessible à tous en seul clic. Il y a moins de deux décennies, l'accès à l'information était le privilège de quelques uns. Aujourd'hui, c'est un droit inaliénable pour tous les citoyens et un outil de lutte fondamental pour de nombreux autres droits.

Sans doute, une grosse partie de l'information disponible est à double tranchant : quelle est la qualité de cette information ? Est-elle fiable ? Faut-il croire tout ce qu'ils disent ? Tout ce que nous lisons ?

Chequeado.com est le premier média dédié à la vérification du discours public en Amérique latine. Projet principal de la Fondation La Voz Pública créé en 2010 par un groupe de journalistes argentins, il se décrit comme un site non partisan qui vérifie les déclarations des politiques, des leaders d'opinion, entrepreneurs, médias et d'autres institutions.

Le projet fait partie d'un mouvement mondial qui valorise la vérification par les faits [fr], ou fact checking, né aux États-Unis en 2003 avec l'association à but non lucratif Factcheck.org [en]. Son but est de vérifier les erreurs, inexactitudes et mensonges dans le discours public, non seulement dans l'arène politique mais aussi dans la culture populaire.

Dans cette conférence donnée en octobre 2013,  Laura Zommer, directrice de Chequeado.com, fait cas de l'importance de remettre en question toutes les informations que nous recevons pour “réduire la marge d'impunité intellectuelle de ce qui est dit, écrit, promis, critiqué ou caché”.

Les autorités dénoncent l'opposition et nous accusent de s'opposer à elles. Heureusement d'ailleurs car nous ne  sommes pas là pour être amis ; nous sommes là pour créer une communauté avec vous. Nous croyons en la vérification par les faits, et qu'ils priment sur nos préjugés et nos positions personnelles.

Chequeado.com est un projet de journalisme d'investigation financé par une stratégie de fonds diversifiés. Il inclut un blog, une page Facebook et un compte Twitter, ainsi qu'une newsletter.