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Les journalistes tunisiens disent que les attaques des syndicats de policiers paralysent la liberté de la presse

samedi 2 juin 2018 à 20:17

Un policier tunisien surveille un rassemblement devant l'Assemblée constituante en décembre 2013. Photo : Amine Ghrabi. CC BY-NC 2.0 via Flickr

En Tunisie, les policiers ont l'obligation de protéger les journalistes non seulement en tant que citoyens, mais aussi parce que les agressions contre les journalistes sont punissables d'emprisonnement. Mais quand la couverture médiatique a mis en question la conduite des services de sécurité, les responsables du maintien de l'ordre et leurs puissants syndicats ont souvent ignoré leurs devoirs et proféré des menaces directes contre les travailleurs des médias, en ligne comme hors ligne.

Des attaques restées largement impunies. Pour compliquer un peu plus, un projet de loi controversé, poussé par le ministère de l'Intérieur et les syndicats de policiers ajouterait encore une couche de protection pour les forces de l'ordre, les isolant des critiques et des mécanismes de responsabilité.

“Certains de ces syndicats représentent une menace sérieuse pour l'état de droit, en ce qu'ils veulent instaurer une suprématie de la police sur le reste des citoyens : pleins pouvoirs, totale liberté et totale impunité”, à déclaré le journaliste et commentateur de radio Haythem El Mekki à Global Voices dans un entretien par courriel.

El Mekki a été lui-même la cible de tels abus. Tout au long de janvier, pendant les manifestations contre l'austérité, le gouvernement a eu la main lourde dans sa riposte : la police a gardé à vue et harcelé plusieurs journalistes en train de faire leur travail. Le 29 janvier 2018, El Mekki et l'animateur de radio Mosaïque FM Boubaker Ben Akecha ont invité un journaliste syndiqué à un débat sur ce sujet.

Le lendemain, Wahid Mabrouk, le secrétaire général du syndicat des forces de sécurité intérieure de la région de Gafsa, a traité El Mekki et Ben Akecha de “bactéries des média” dans des billets Facebook. “Ce que vous diffusez sur Mosaïque FM n'est autre qu'un poison que vous répandez dans notre société”, écrivait-il. Mabrouk a aussi appelé les Tunisiens à boycotter leur émission et déclaré, “puissiez-vous [les deux journalistes] avoir une maladie incurable.”

Ces billets n'ont pas été le seul exemple d'attaque des forces de l'ordre contre des journalistes et des média qui attiraient l'attention sur leurs violations. “Nous avons documenté des [cas de] dangereux propos, déclarations et prises de positions incitant à la violence contre les journalistes et leur syndicat. Nous sommes ciblés d'une manière qui nous diabolise ouvertement”, a dit à Global Voices Mohamed Yousfi, le secrétaire général adjoint du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) chargé des questions de liberté de la presse.

Yousfi a donné en exemple un cas impliquant la section de Sfax (à 270 km de Tunis) du syndicat des forces de sécurité intérieure. Quand le SNJT a dénoncé les mesures sur la liberté de la presse du ministère de l'Intérieur, la page Facebook officielle Facebook du syndicat régional des forces de sécurité intérieure a publié un texte qualifiant les journalistes de “traîtres.” Le porte-parole de la section, Noureddine Ghattasi, a quant à lui insulté les journalistes sur sa page Facebook personnelle et est allé jusqu'à inviter les policiers à les violer : ”Les hommes [du ministère] de l'Intérieur peuvent vous faire pisser le sang et engrosser le mâle avant la femelle”, a-t-il écrit.

Ces menaces verbales ont un effet paralysant sur la liberté de presse en Tunisie, surtout à un moment où groupes de défense des droits humains, journalistes et militants continuent à soulever des interrogations sur les abus par les agents des forces de sécurité. Tout récemment, début mai 2018, des images vidéo circulant en ligne montraient des policiers pourchassant et agressant deux frères, après la fin du match de leur équipe locale de basketball. Et le 1er avril, c'est un supporter d'une des équipes de football les plus populaires de Tunisie qui s'est noyé dans un canal alors qu'il était coursé par des policiers.

Les syndicats de policiers tunisiens, danger pour la démocratie et les droits humains ?

Quelques jours après la chute du régime Ben Ali en janvier 2011, des membres des forces de sécurité tunisiennes se sont mis à manifester dans les rues et à faire grève dans tout le pays, réclamant, entre autres droits, celui de former des syndicats. Les autorités intérimaires acceptèrent leurs revendications, et le Syndicat national des forces de sécurité intérieure (SNFSI) fut créé en mars 2011. En mai de la même année, le statut des Forces de sécurité intérieure fut modifié pour autoriser les policiers à former des syndicats.

Depuis, la plupart des différents services du ministère de l'Intérieur ont constitué leurs propres syndicats. Outre le SNFSI, il existe deux autres importants syndicats professionnels : le Syndicat des responsables de la direction générale des unités d'intervention (SFDGUI), et l'Union nationale des syndicats des forces de sécurité tunisiennes (UNSFST). Chacun de ces syndicats a des sections locales.

Ces syndicats ont montré leur force, et ont souvent agi au-dessus des lois, sans craindre de défier le pouvoir judiciaire. Le 26 février, 50 adhérents du Syndicat des responsables de la direction générale de la sécurité publique (SFDGSP) ont envahi un tribunal de Ben Arous (banlieue sud de Tunis), pour exiger la remise en liberté de cinq policiers en jugement pour torture. Brandissant leurs armes, les policiers contestataires ont appelé les adhérents à manifester dans l'enceinte du tribunal et à ne pas assurer la sécurité du procès.

L'incident du tribunal de Ben Arous n'a fait que davantage mettre en lumière le comportement et les abus de la police. Dans une lettre ouverte collective, 16 groupes locaux et internationaux de droits humains ont décrit ces faits comme ”caractéristiques de l'impunité régnante en Tunisie”, et demandé au gouvernement de faire cesser ”l'impunité qui prévaut pour les atteintes aux droits humains commises par les forces de sécurité tunisiennes.”

Restreindre la parole pour “protéger les forces de sécurité contre les attaques”

“Les discours de haine et les campagnes de diabolisation et d'incitation à la violence contre les journalistes menacent directement la liberté de la presse car elles mettent en danger l'intégrité professionnelle et physique des journalistes et créent une culture d'auto-censure au détriment de la liberté de la presse et du droit à l'information”, dit Yousfi.

Il développe : “Par ces pratiques de milices” certains syndicats de police “sont devenus les bras du ministère de l'Intérieur et de quelques-uns de ses chefs, pour cibler le syndicat national des journalistes et les travailleurs du secteur des médias”.

On voit aisément pourquoi Yousfi voit un lien entre l'attitude des syndicats de policiers et la stratégie du ministère de l'intérieur.

En effet, le ministère, en collaboration avec les syndicats de police, pousse un projet de loi “pour la protection des forces de sécurité contre les attaques.” En cas d'adoption, la loi restreindrait les libertés de presse, de parole et de réunion en criminalisant les discours jugés “diffamatoires” envers les policiers, et en interdisant de filmer ou enregistrer à l'intérieur des locaux policiers ou militaires, ainsi que sur les sites d'opérations militaires ou de sécurité.

Les groupes de défense des droits ont aussi descendu en flammes les dispositions du projet de loi qui mettraient les policiers à l'abri de toute mise en cause pénale pour l'utilisation d'une force excessive et/ou létale afin de repousser des attaques contre leurs domiciles, véhicules, locaux de police et de sécurité, ainsi que contre les lieux militaires de stockage des armes et munitions.

Bien que soumis au parlement il y a déjà plus de trois ans, le projet de loi n'a toujours pas été adopté, et plusieurs députés ont exprimé leurs inquiétudes de son caractère attentatoire aux libertés. Ce retard irrite les syndicats de policiers. En novembre 2017, après la mort d'un policier poignardé, ils ont menacé de cesser de fournir une protection personnelle aux députés et chefs de partis politiques si le parlement ne votait pas le texte sous deux semaines. Des menaces ‘qui équivalent à un chantage”, a écrit Sharan Grewal, une chercheuse sur la démocratisation au Moyen-Orient, dans un article sur la nécessité ”de réfréner les syndicats de policiers en Tunisie”.

Le parlement a réagi en reprenant la discussion du projet de loi en commission et en invitant les groupes de droits humains et les syndicats de police à discuter de leurs recommandations. En janvier 2018, devant la commission de la sécurité et de la défense du parlement, le ministre de l'Intérieur Lotfi Brahem a réitéré l'exigence de son ministère d'un cadre juridique protecteur des forces de sécurité et de l'armée.

L'impunité pour les abus de pouvoir “devient quasiment la norme”

Dans le même temps, les autorités n'ont pas fait ce qu'il fallait pour traiter les menaces contre les journalistes, réduisant la probabilité que ceux qui en sont responsables aient des comptes à rendre, selon le sundicat des journalistes. Le ministère de l'Intérieur “a rejeté le principe d'un dialogue” et le ministre actuel “n'a pas pris la peine de traiter les violations des syndicats de policiers”, explique Yousfi. Et il ajoute : “Les adhérents de syndicats de police qui ont été impliqués dans de telles violations sont après tout inscrits aux effectifs du ministère de l'Intérieur, comme agents et fonctionnaires, et ils devraient être tenus responsables”.

Selon l’article 14 du code de la presse de 2011, les journalistes sont considérés comme exerçant un “service public”. Il en résulte que quiconque les intimide, attaque ou menace par un moyen quel qu'il soit (y compris sur internet) encourt jusqu'à un an de prison et une amende de 120 dinars tunisiens (39 euros) en application de l’article 125 du code pénal. Il n'y a pourtant eu aucune condamnation en justice d'un adhérent de syndicat de police, en dépit de plusieurs plaintes déposées et de multiples enquêtes ouvertes.

L'impunité des forces de sécurité

Une étude de 2018  du SNJT a documenté 25 dépôts de plaintes de journalistes victimes d'agressions.

Au moment de la publication des résultats de l'enquête, en février, 44 % de ces plaintes étaient encore au stade de l'enquête préliminaire, ce qui amenait 93.4 % des journalistes interrogés à penser que la procédure judiciaire est souvent lente.

64,4 % des journalistes interrogés qui signalaient avoir été agressés par des policiers ont dit n'avoir pas reçu d'excuses de la police ou du ministère de l'intérieur. D'autre part, seuls 4,5 % des coupables ont été sanctionnés administrativement.

Le journaliste Haythem El Mekki, qui a déposé ce type de plainte, ne croit pas au sérieux de la procédure judiciaire. “Ma plainte n'a eu aucune suite, mais ça ne me surprend guère”, a-t-il dit à Global Voices.

Si le procureur de Sfax a ouvert une information contre Ghattassi, qui avait menacé les journalistes de viol, il n'y a aucune certitude qu'elle conduise à une condamnation. Lui et trois autres policiers ont été exclus du syndicat des forces de sécurité au motif de “conduite immorale envers autrui”, a déclaré le syndicat dans un communiqué publié le 5 février. Le texte n'évoquait pas les attaques contre des journalistes comme motivant la décision.

L'Impunité pour les abus commis par les syndicats de policiers et les forces de sécurité “est en train de devenir quasiment une norme qui ne doit pas se banaliser’, a mis en garde Yousfi.

De zéro à super-héros

samedi 2 juin 2018 à 11:46

“L'intrigue est bien meilleure—et plus réaliste—que celle de Black Panther”

Le “Spiderman” immigré reçoit la nationalité française “Désolé, nous n'acceptons plus que les VRAIS super-héros” Dessin de l'auteur. Utilisation autorisée

Enfant, au Soudan, quand je lisais des versions en arabe des bandes dessinées DC et Marvel, j'ai cru aux super-héros. Mais je ne comprenais pas pourquoi aucun des super-héros ne me ressemblait ou ne vivait des histoires auxquelles des gens comme moi pouvaient s'identifier. C'est peut-être pour ça que j'ai décidé de devenir dessinateur ?

Tous mon ressenti d'enfance est revenu sur Twitter hier quand je suis tombé sur la vidéo virale d'un homme escaladant par altruisme un immeuble de quatre étages en moins de 20 secondes pour sauver un enfant, avec le hashtag  #ParisSpiderman.

Rafraîchissant mon flux Twitter j'ai eu plus de précisions sur l'identité secrète du mystérieux #ParisSpiderman, puis elles ont inondé mon flux Twitter. Il s'appelle Mamoudou Gassama et est un immigrant sans papiers du Mali. “C'est une intrigue bien meilleure et plus réaliste que celle de Black Panther”, me suis-je dit.

Tout en rafraîchissant le hashtag pour essayer de comprendre les origines de ce nouveau héros, il m'a semblé que sa religion n'était pas mentionnée, car il s'agit généralement du premier adjectif des titres et hashtags attrape-clics qui apparaissent  lorsqu'un immigré fait quelque chose de négatif.

En quelques heures, les manchettes rapportaient que #ParisSpiderman avait été invité à rencontrer le président français et que la nationalité lui serait accordée. Un début typique de zéro à héros dans une histoire de super-héros. Avec très peu d'éclairage sur ses antécédents, l'histoire a mis en évidence les stéréotypes (noir, en galère, pauvre, vivant à la marge), avec une avance rapide vers le coup de théâtre final où le héros, un défavorisé obscur, sauve un enfant devant un public de badauds – et BANG ! – un nouveau héros “minoritaire” est lancé, un nouvel ajout à la succession des superhéros majoritairement blancs.

Voici les antécédents absents du récit : Gassama a quitté le Mali à l'adolescence et a traversé [le Burkina Faso], la Libye – où il a été arrêté et battu – jusqu'à la côte, où il a entrepris un périlleux voyage en bateau vers l'Italie. Il a passé quatre ans en Italie avant d'arriver en France en septembre 2017 pour rejoindre son frère. Dépourvu des papiers nécessaires pour être en France, il dormait à même le sol d'un foyer pour migrants à Montreuil, à côté de Paris, déroulant un mince matelas chaque nuit et le repliant le matin. Il partageait une chambre exiguë avec six autres personnes et était, bien sûr, dans l'impossibilité de travailler légalement.

L'escalade de ce bâtiment était probablement l'une des choses les plus faciles que Mamoudou ait faites depuis des années.

Ce que les lecteurs doivent réaliser et que les conteurs doivent faire différemment cette fois-ci, c'est de mettre en lumière les détails de la vie de notre héros et les difficultés qu'il a dû endurer avant de grimper cet immeuble pour sauver l'enfant. Superman, le plus grand des super-héros, était un immigrant, mais il était un “bon type”, le genre qui semble “normal” et convenable, et qui ne se fait pas contrôler ou surveiller aléatoirement.

Puisse l'entrée de ce nouveau et différent super-héros faire comprendre à la France et au reste du monde combien de super-héros venus sur ces bateaux attendent encore leur scène d'introduction.

Prochaine question : Notre héros saura-t-il gérer ses cinq minutes de gloire ? Comment va-t-il se débrouiller maintenant que ses pouvoirs ont été découverts ?

#MamadouGassama : Faut-il sauver un enfant au péril de sa vie pour être admis au séjour en France ?

vendredi 1 juin 2018 à 13:59
Sans-papiers

Manif 1er mai 2018, par Jeanne Menjoulet sur Flickr, licence CC Attribution 2.0 Generic (CC BY 2.0)

L'exploit héroïque d'un jeune Malien sans-papiers pour sauver la vie d'un enfant de 4 ans samedi soir 26 mai 2018 dans le 18e arrondissement de Paris a tenu la France entière en haleine, toutes couleurs confondues.

Mamadou Gassama a vu le garçonnet, accroché du côté extérieur de la rambarde d'un balcon du 4e étage, au dessus du vide – on a appris ensuite qu'il s'y cramponnait après avoir déjà glissé depuis l'étage supérieur. Un voisin se tenait sur son propre balcon, empêché de le hisser par une cloison. Le jeune homme a escaladé en 30 secondes les balcons de l'immeuble à la seule force de ses muscles, et a hissé l'enfant pour le remettre au voisin. Selon son propre récit, recueilli par le magazine de courtes vidéos sur Internet Brut : 

Beaucoup de personnes sont en train de crier…mais je n'ai regardé personne, j'ai couru, j'ai traversé la route. C'est ma première fois [escalader un immeuble], Je n'ai pas pensé à ça [qu'il risquait sa propre vie], j'ai juste pensé à l'enfant, j'ai voulu le sauver.

Des personnes dans l'assistance ont filmé l'exploit avec leur téléphone. Plusieurs vidéos d'amateurs ont été mises en ligne, dont la première totalisant le 28 mai 547.000 vues et 739 commentaires, 3,6 K j'aime et 111 j'aime, a été ensuite retirée pour droits d'auteur. La vidéo ci-dessous reste visible :

L'enfant avait été laissé seul dans l'appartement par son père parti faire des courses et qui s'était attardé en chemin. Le père a été déféré au tribunal le lendemain.

Mamoudou Gassama a été reçu à l'Elysée par le président de la République Emmanuel Macron, qui lui a remis un diplôme et une médaille le remerciant de son courage héroïque, et surtout lui a annoncé sa régularisation rapide et son recrutement par la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Il l'a également invité à déposer un dossier de naturalisation.

L'histoire a aussitôt tourné en boucle sur tous les médias et les réseaux sociaux en France et même à l'étranger, et continue à s'enrichir d'innombrables articles et commentaires. Le site de la radio-télévision France Info publie et tient à jour un dossier complet sur les différents aspects de cette affaire.

Le mot-clic #MamoudouGassama a figuré en tête de tendance sur Twitter le lundi 28 mai, et les réactions de toutes natures ont bouillonné et continuent à affluer. Les innombrables tweets reflètent toutes les complexités et simplifications de la question des “migrants économiques” en France – les demandeurs d'asile n'étant pas concernés ici.

Fierté et amertume dans la diaspora malienne

La première réaction a été de célébrer le “Spiderman” malien :

Une fierté mêlée du regret des talents perdus par l'Afrique :

Une occasion de rappeler la situation invivable des sans-papiers en France :

L'indignation contre les dirigeants africains n'est pas loin :

Réactions françaises : défenseurs des migrants contre complotistes

Les deux camps ont rapidement fourbi leurs arguments.

Du côté des défenseurs des migrants, on rappelle la réalité du traitement indigne réservé aux migrants et à ceux qui les aident :

et on dénonce la récupération de l'acte héroïque pour redorer la communication officielle du gouvernement :

Au-delà des frontières françaises, un caricaturiste néerlandais compare “bon” et “mauvais” migrant :

Du côté des anti-migrants, les insinuations complotistes réunies sous le mot-clic #mamoudoufake notamment, seront rapidement démontées. Si certains suggéraient au jeune Malien de s'engager dans l'armée de son pays pour y combattre les djihadistes, de leur côté, personnalités ou citoyens ordinaires ont exprimé leur aigreur :

Pendant ce temps, ailleurs en France…

Pour d'autres migrants sauveteurs héroïques, la galère continue, comme pour Mohssen Oukassi, un sans-papier tunisien régularisé après avoir sauvé des vies lors d'un incendie. Et deux jours après la réception de Mamoudou Gassama par le président Macron, l'évacuation du campement de migrants du Millénaire dans le 19e arrondissement, a été lancée sur fond de bras de fer politique entre la maire de Paris, Anne Hidalgo et le gouvernement. L'examen du très répressif projet de loi “asile-immigration”, adopté en première lecture par les députés, suit son chemin.

Le site satirique et humoristique Le Gorafi résume à sa manière l'équation française :

Et à propos du controversé “délit de solidarité” au nom duquel sont poursuivis ou harcelés les citoyens secourant des migrants, le site fantasme :

Coupable d’avoir régularisé le sans-papiers Mamoudou Gassama, le président de la République a été mis en examen pour délit de solidarité.
« La loi c’est la loi. Aider un sans-papiers en France est un délit. Qu’on soit président ou pas. M. Macron doit assumer la gravité de ses actes. Que les Français soient rassurés, ce hors-la-loi est désormais entre les mains de la police » nous déclare solennellement le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb.

En quoi l'Afrique du Nord est-elle africaine ?

vendredi 1 juin 2018 à 12:51

Lorsque l’Égyptien Mohammed Salah [fr] a remporté le trophée du meilleur footballeur africain de l'année 2017, Internet a vibré. Pourquoi? Certains Africains ne pensaient pas que Salah était suffisamment “africain” pour mériter le titre.

Ce n'est certainement pas la première fois, ni probablement la dernière, que “l'africanité” de l'Afrique du Nord a été remise en question. En juillet 2015, The Guardian a rapporté que le Nigérian Chigozie Obioma était “le seul écrivain africain présélectionnés” pour le prix Man Booker de littérature de cette année, négligeant la présence de l'écrivaine marocaine Leila Lalami parmi les 13 de la liste.

Ce qui soulève la question suivante : pourquoi les Africains du nord du Sahara ne sont-ils parfois pas considérés comme totalement “africains”?

Nord et sud du désert

Le terme “Afrique subsaharienne” [fr] désigne généralement les 46 pays situés au sud du désert du Sahara. Les pays situés au nord du Sahara, ainsi que le Soudan, sont inclus dans l'unité géographique et géopolitique connue sous le nom de “région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord”, car leurs caractéristiques linguistiques, religieuses et culturelles ont plus de points communs avec le Moyen-Orient qu'avec leurs voisins au sud du désert.

Cette division a suscité de vifs débats parmi les intellectuels africains. Certains accusent le colonialisme d'avoir semé les graines de la division, tandis que d'autres disent que la division existait beaucoup plus tôt.

La vision de l'Union africaine

L'organisation qui unit théoriquement le continent est l'Union africaine (UA), qui comprend l'ensemble des 55 États souverains [fr] du continent africain, répartis en cinq régions géographiques [fr]: Nord, Sud, Ouest, Est et Centre. L'Afrique du Nord est composée de sept pays: l'Algérie, l'Égypte, la Libye, la Mauritanie, le Maroc, la République arabe sahraouie démocratique et la Tunisie,

L'UA fait remonter sa conception au panafricanisme [fr], un mouvement intellectuel qui cherchait à renforcer l'intégration africaine face à l'intrusion coloniale. Les principaux acteurs qui ont formé l'Organisation de l'unité africaine, devenue plus tard l'UA, étaient cinq chefs d'État, trois d'Afrique subsaharienne et deux d'Afrique du Nord : Kwame Nkrumah, qui devint plus tard le premier président du Ghana, Sekou Touré de Guinée, Léopold Sédar Senghor du Sénégal, Gamal Abdel Nasser d'Egypte et Ahmed Ben Bella d'Algérie.

Les dirigeants nord-africains ont donc joué un rôle tout aussi important dans la formation de l'Union africaine, l'institution géopolitique la plus importante du continent.

Afrique du Nord “blanche” et Afrique sub-saharienne “noire”

Pourtant, de nombreux Nord-Africains s'identifient davantage comme Arabes ou Arabo-Musulmans qu'Africains, et il est vrai que les “pays au sud du Sahara ont longtemps été considérés authentiquement” Africains “ [italique ajouté] alors que ceux au nord ont été perçus comme de la Méditerranée, du Moyen-Orient ou de l'Islam “, argumente la journaliste égyptienne Shahira Amin. Dans un article intitulé “Les Egyptiens sont-ils des Africains ou des Arabes?”, Amin rend compte de ses entretiens avec des centaines d'Égyptiens de divers horizons sur la façon dont ils se perçoivent :

Ma question a fait froncer quelques sourcils parmi les gens de la rue, dont la majorité a répondu “Je suis un Arabe Musulman, bien sûr” ou “un Arabe Musulman”. Ils ont haussé les épaules et semblaient perplexes en répondant, car n'était-ce pas un fait déjà connu que les Égyptiens sont des Arabes et que l’Égypte a une population majoritairement musulmane ? Quelques-unes des personnes interrogées ont déclaré “descendre des Pharaons” mais, étonnamment, aucuns des membres de l'échantillon interrogé ne se considéraient comme des Africains.

“Je ne suis pas surprise d'apprendre que certains Africains (en particulier en Afrique sub-saharienne) remettent en question “l'africanité ” de nous, les Nord-Africains”, a déclaré Afef Abrougui, de la rédaction de Global Voices MENA (Moyen-Orient afrique du Nord) :

Je viens de Tunisie et la plupart des Tunisiens s'identifient comme des Arabes. Il y a cette blague en Tunisie qui dit que les Tunisiens ne se sentent africains que lorsque notre équipe nationale joue à la Coupe d'Afrique des Nations de football. Je ne me souviens pas à l'école que nous ayons appris que la Tunisie n'était pas “africaine” mais l'identité arabo-musulmane du pays était soulignée, particulièrement en politique.

Pour donner un exemple, dans son préambule, la Constitution tunisienne de 2014 renvoie à plusieurs reprises aux identités arabe et musulmane du pays, et une seule fois à l'Afrique. Bien sûr, je comprends pourquoi les Tunisiens s'identifient surtout aux Arabes à cause de l'élément linguistique. En grandissant, ce sont des séries et de la musique syriennes, égyptiennes et libanaises qui étaient sur nos télévisions. Ceci, cependant, est regrettable car s'identifier en tant qu'Arabe n'empêche pas de s'identifier aussi en tant qu'Africain. L'Afrique est diverse et nous devrions la célébrer, au lieu de mettre une étiquette sur ce qu'est un Africain.

Pour les Nord-Africains, la définition “d'africanité” peut aussi être liée à l'influence et au pouvoir. Après l'indépendance, des pays comme l'Égypte et l'Algérie se sont tournés vers le Moyen-Orient pour un modèle de nation islamique et vers l'Europe au nord pour des partenariats économiques.

Rawan Gharib, collaboratrice égyptienne de Global Voices, a vu la question à la lumière des récentes tensions entre l’Éthiopie et l’Égypte à propos d'un projet de barrage éthiopien :

…L'attitude du régime égyptien à l'égard de l'Éthiopie a ruiné une occasion incroyable de collaborer et de raviver le concept de l'Union africaine des années 60. Je pense que le sentiment de détachement de l'africanité chez les Égyptiens vient du manque de foi en une vérité qui n'est plus factuelle ou tangible. Nous sommes Africains, oui ! La liste des pays africains traversés par le Nil était l'une des premières leçons d'histoire que nous ayons apprises à l'école primaire, certains d'entre nous s'en souviennent encore très bien, mais au cours des trois dernières décennies, la seule fois où nous nous sommes rappelé que nous étions Africains a été durant la Coupe d'Afrique des nations de football.

Comme l'a écrit le chroniqueur algérien Iman Amrani dans The Guardian, la fracture a aussi à voir avec la perpétuation des hiérarchies de valeur en termes de couleur de peau, de classe et de race :

Il y a certainement quelque chose à dire au sujet des Nord-Africains essayant de se distancer de “l'Afrique noire”.

Des préjugés enracinés dans la langue, la culture, la religion

Cependant, le racisme exprimé par les Africains du Nord envers les Africains subsahariens ne justifie pas son inverse. Et l'idée que “noir” est synonyme “d'africain” est elle-même enracinée dans le racisme. Pendant des siècles, le terme “Afrique subsaharienne” a regroupé des cultures et des nations beaucoup plus diverses et complexes en termes d'ethnicité, de langue, d'expérience et d'histoire, que ne le suggèrent les stéréotypes.

Prudence Nyamishana, collaboratrice de Global Voices en Ouganda, a dû remettre en question certaines de ses idées préconçues sur l'Afrique du Nord lors d'une récente visite au Caire:

Je me suis habillée comme un clown avec une grande robe et un jean dessous. J'avais une écharpe prête pour me couvrir. On m'a dit que les femmes étaient censées être toutes couvertes parce que c'est un pays musulman et tous les trucs ce que j'avais lus sur Internet. Quand j'ai embarqué sur le vol Emirates de Dubaï au Caire, il y avait beaucoup de femmes égyptiennes habillées en jeans fantaisie avec de beaux cheveux non couverts. Je voulais aller aux toilettes pour enlever ma robe parce que j'avais tout faux … J'ai compris que mes préjugés et mes peurs étaient tous enfouis dans la déconnexion entre l'Afrique du Nord et le reste de l'Afrique. L'histoire des Arabes et du commerce des esclaves, les nouvelles dont on nous nourrit, proviennent des médias occidentaux. Au début, ça m'énervait quand on me demandait si j'étais originaire d'Afrique. Mais j'ai alors réalisé que les Égyptiens qui me demandaient si j'étais Africaine n'étaient jamais sortis leur pays. Peut-être que s'il était facile de voyager en Afrique, ces murs auraient été brisés brique par brique.

Joey Ayoub, rédacteur libanais de Global Voices MENA, note que contrairement au panarabisme, le panafricanisme n'est pas devenu un idéal avec un soutien institutionnel :

Le fossé entre les Africains subsahariens “noirs” et l'Afrique du Nord “arabe” me semble être le résultat du fait que le panafricanisme occupe une voie historique différente de celle du panarabisme. Le panarabisme a “gagné” en ce sens que son récit avait un soutien structurel plus significatif (Ligue arabe). Je pense aussi qu'il a “gagné” parce que la cause palestinienne coïncidait avec la période de “l'anti-impérialisme”.

Nwachukwu Egbunike, collaborateur de Global Voices au Nigeria, se souvient qu'on ne lui avait jamais enseigné le panafricanisme à l'école:

Le passé fracturé du Nigeria, après une guerre civile, explique pourquoi l'histoire a été tenue à l'écart du programme d'études secondaires .. . . Néanmoins, j'ai grandi dans un Nigeria où presque tous nos musiciens ont dénoncé les horreurs du régime de l'apartheid en Afrique du Sud. Ainsi, la croyance profonde en la solidarité de l'Afrique était une marque de mon enfance …. Néanmoins, je ne suis pas indifférent à la dichotomie tout aussi répandue entre l'Afrique subsaharienne noire et l'Afrique du Nord arabe. Je pense que la raison derrière ces étiquettes est évidente, les stéréotypes sont à consolider. Je suis venu à réaliser que les préjugés ethniques ou raciaux sont des aspects intégraux de notre humanité profondément imparfaite. Les gens se cachent derrière des catégories et des étiquettes parce que faire autrement signifie une transformation radicale : une rencontre avec cet ‘autre’ dans la vérité et l'amour.

“Il est difficile de reconnaître aujourd'hui l'Algérie, le pays dont Nelson Mandela disait: “C'est l'Algérie qui a fait de moi un homme” [fr], a déclaré Abdoulaye Bah, collaborateur de Global Voices, Italien d'origine guinéenne, ancien des Nations Unies, ajoutant :

L'Algérie a joué un grand rôle dans la libération des anciennes colonies en Afrique. C'est pourquoi il est difficile de voir aujourd'hui que ce gouvernement édicte des lois raciales [fr] stigmatisant et limitant les libertés des noirs sur son sol.

Au Maroc et en Tunisie, les Sub-sahariens souffrent également. Pourtant, ces deux pays ont également joué un grand rôle dans la création de l'Organisation de l'unité africaine. En outre, ces deux pays deviennent membres des groupements économiques régionaux africains, au sud du Sahara. L’Égypte de Gamal Abdel Nasser a également été très active en termes d'unité africaine.

D'un autre côté, les citoyens de certains pays subsahariens n'avaient pas besoin d'un visa d'entrée [pour certains de ces pays] quand j'y ai été la dernière fois. En outre, tous ces pays ont formé des milliers d'universitaires subsahariens. A mon avis, malgré tout ce que subissent les Subsahariens dans ces pays, il est difficile de mettre en doute leur africanité.

L'analyste politique Imad Mesdoua, un Algérien élevé au Nigeria, affirme que la dichotomie entre une Afrique du Nord arabe et une Afrique subsaharienne soi-disant noire est fausse. Les Africains, dit Mesdoua, ne sont pas définis par le langage, les frontières ou la géographie, mais plutôt par “une histoire commune, des valeurs contraignantes et un destin commun”.

Peut-être, dans l'esprit de ses valeurs et vision panafricaines fondatrices, l'Union africaine devrait-elle se concentrer sur la déconstruction de cette dichotomie entre Afrique du Nord et subsaharienne et leur destin commun.

Le dernier site d'informations indépendant du Cambodge racheté par une agence de relations publiques proche du parti au pouvoir

vendredi 1 juin 2018 à 11:49

Photographie de couverture de la page Facebook du Phnom Penh Post

Plusieurs membres de la rédaction et journalistes salariés du Phnom Penh Post ont démissionné, craignant que le rachat du quotidien anglophone – fondé il y a 26 ans au Cambodge – par le dirigeant d'une entreprise de relations publiques malaisienne ne remette en question leur indépendance éditoriale.

Le Phnom Penh Post a récemment été racheté par Sivakumar S. Ganapathy, le directeur général de l'entreprise ASIA PR, basée en Malaisie.

L'équipe du Phnom Penh Post a publié un article sur le rachat, détaillant le profil commercial et les intérêts d'ASIA PR et mentionnant que l'entreprise avait mené un projet intitulé « Le Cambodge et l'entrée de Hun Sen à la tête du gouvernement ».

Le projet semble avoir été conduit pour le compte de l'actuel Premier ministre cambodgien Hun Sen, au pouvoir depuis trois décennies. Le site d'ASIA PR ne fournit pas davantage d'informations sur son contenu.

Des représentants du nouveau propriétaire du journal ont demandé à son rédacteur en chef, Kay Kimsong, de supprimer l'article qui contiendrait selon eux des « erreurs factuelles ».

Après avoir refusé, Kay Kimsong a été licencié. D'autres membres de la rédaction ainsi que des journalistes étrangers travaillant pour le quotidien ont présenté leur démission en signe de protestation.

L'article a rapidement été retiré du site, mais il a pu être récupéré et remis en ligne.

Les journalistes ayant quitté le Phnom Penh Post se sont exprimés sur les médias sociaux en soulignant les risques que représente la politique éditoriale de la nouvelle direction pour la liberté de la presse au Cambodge.

Mots d'adieu de l'ancien rédacteur en chef Kay Kimsong lundi : « Je suis content d'avoir sorti cette une aujourd'hui. Je pense qu'il s'agit là du sens de la profession de journaliste – leur travail est de dire la vérité. Le propriétaire [du journal] n'accepte pas la vérité. »

Notre rédacteur en chef a été viré pour avoir défendu le journalisme indépendant et refusé de retirer un article faisant toute la lumière sur notre nouveau propriétaire. Quatre autres ont démissionné. Triste journée pour la liberté de la presse au Cambodge.

Après de longues discussions avec les nouveaux propriétaires du Phnom Penh Post, sept autres employés étrangers, moi y compris, ont démissionné. Dans ces circonstances, nous estimons que notre indépendance éditoriale a été compromise dans des proportions inacceptables.

Lorsque les nouveaux dirigeants m'ont ordonné de retirer du site internet mon article sur la vente du Phnom Penh Post, j'ai refusé et ai présenté ma démission, qui a été acceptée. Je souhaite bonne chance aux fantastiques journalistes du Post.

Le nouveau propriétaire du Phnom Penh Post nous a ordonné de retirer l'article sur la vente du journal. Je ne retournerai pas travailler au Post. Je suis dévasté à l'idée de ne plus pouvoir travailler chaque jour aux côtés de quelques uns des meilleurs journalistes que je connaisse. Je leur souhaite bonne chance.

Aujourd'hui nous comptons sept démissions supplémentaires du Phnom Penh Post dont la mienne, et je le regrette.

Premier tweet : Je suis bouleversée par le nombre de médias qui s’intéressent au limogeage de notre rédacteur en chef et aux démissions massives de plusieurs cadres supérieurs du Phnom Penh Post. Il ne s’agit plus d’un seul petit journal, mais du recul de la liberté de la presse au Cambodge avant les élections nationales.

Second tweet : Nous pensons en particulier à nos collègues khmers, dont certains travaillent pour le Post ou d'autres médias indépendants depuis des décennies. C'est une triste journée pour nous tous, mais surtout pour eux. Beaucoup de questions restent sans réponses quant à la transparence de l'information à l'avenir.

Nos nouveaux suzerains voudraient nous faire croire que le journalisme se limite à strictement décrire ce qui s'est passé. Sans analyse, sans contexte, sans évoquer les implications plus larges.

Le dernier site d'informations indépendant du Cambodge

Le Phnom Penh Post était considéré par beaucoup comme le dernier site d'informations professionnel indépendant depuis que le gouvernement avait ordonné la fermeture de dizaines de radios en 2017, prétextant des problèmes fiscaux ou de licence. Le Cambodia Daily, un quotidien anglophone majeur, a été obligé de mettre la clé sous la porte après s'être vu imposer de lourdes taxes.

La vente du Phnom Penh Post à une entreprise qui entretiendrait des liens avec le parti au pouvoir a provoqué l’inquiétude de nombreux groupes, et notamment de l'opposition politique. Beaucoup craignent que les voix critiques ne soient réduites au silence, au détriment de la liberté de la presse.

Ces événements surviennent dans un contexte de forte répression des voix dissidentes, où le parti d'opposition fait face à des poursuites judiciaires et où Hun Sen est accusé d'avoir neutralisé la liberté d'expression en amont des élections générales.

Chak Sopheap, la directrice du Cambodia Center for Human Rights, a rendu hommage au Phnom Penh Post tout en soulignant ce qu’impliquerait la perte de l'indépendance éditoriale et de l'intégrité du journal :

It is difficult to overestimate the crucial role that the Post has played in Cambodia over the years. It has consistently spoken truth to power, fearlessly exposed corruption, and unflinchingly held a mirror to Cambodian society – often revealing uncomfortable truths.

Cambodian democracy and its pillars – press freedom and civil society – lie in ruins.

Il est difficile de surestimer le rôle crucial qu'a joué le Post au Cambodge au fil du temps. Le journal n'a eu de cesse de dire la vérité aux puissants, dénoncer la corruption avec courage et refléter sans faillir la société cambodgienne, en révélant souvent des vérités dérangeantes.

La démocratie cambodgienne et ses piliers – la liberté de la presse et la société civile – tombent en ruines.