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Un système de surveillance de la pollution en Chine : trop peu, trop tard ?

jeudi 10 octobre 2013 à 12:34

Cet article fait partie de notre dossier spécial sur le problème de la pollution en Chine [certains articles ont été traduits en français].

[Les liens proposés dans cet article sont en anglais et chinois]

Screen grab from Youku, smog engulfed north China during the October National holiday

Sur cette capture d'écran tirée du site de vidéos Youku, on peut voir le smog qui a englouti le Nord de la Chine pendant les vacances nationales cet octobre

 L'épaisse brume de pollution qui a recouvert le nord de la Chine pendant la semaine de vacances nationales a provoqué la fermeture provisoire de plus de trente autoroutes et de plusieurs aéroports à Pékin et ses environs.

Afin de répondre aux plaintes du public et à la frustration ambiante, les autorités chinoises ont remis sur le tapis leur projet de surveillance de la pollution, censé s'étendre sur une durée de trois à cinq ans. Ledit projet avait été dévoilé au début du mois de septembre. Mais les internautes s'impatientent : au lieu de surveiller, pourquoi ne pas plutôt s'attaquer à la racine du problème ?

Le Centre Chinois pour la Prévention et le Contrôle des Maladies a assuré qu'un réseau de surveillance d'envergure nationale serait mis en place dans les trois à cinq années à venir. Ce système devra établir des corrélations entre le niveau de pollution de l'air et l'état de santé des habitants. Un certain nombre de sites de surveillance entrera en fonctionnement cette année : 43 stations au total, situées dans les provinces les plus affectées par le smog.

La population est sceptique quant à ce système de surveillance. Sur le site de microblogging Weibo, Hanlei Qiu Baoyang, qui réside à Pékin, s'interroge sur l'efficacité d'un tel réseau. [le post a depuis été supprimé]

3-5年只是建立一个监测的。是不是还得10年去控制?对中国只能说呵呵了

Nous allons passer les trois à cinq prochaines années à simplement mettre en place un système de surveillance. Et après ça, encore dix ans pour contrôler [la pollution] ? Je ne peux que rire de la Chine.

“Shenyang Jixiangzi”, qui réside à Shenyang dans le nord-est de la Chine, est lui aussi méfiant. Il écrit [post également supprimé] :

真不可思议啊,检测的数值明明都已经爆表了,却还说要等5年建立一个检测网络。请问有关部门是不是还需要10年后才考虑建立一个管理机制、15年后考虑建立一个考核机制,20年后考虑建立一个监管考核机制……,到最后都没有惩罚机制的考虑。

C'est vraiment incroyable, même avec un index de pollution qui dépasse déjà les plafonds, ils veulent passer cinq ans à construire un réseau de surveillance. Puis-je me permettre de demander aux départements en charge, vous faudra-t-il encore dix ans pour mettre en place un mécanisme de gestion, quinze ans pour une évaluation, vingt ans pour de la supervision….. et à la fin personne n'aura même pensé à des mesures punitives.

“YiZhi Xianren”, un directeur des ventes originaire de Chengdu dans le sud de la Chine, s'exclame:

我国今年雾霾影响人口约6亿。自杀行为,原由在哪儿?谁该为此负责??能不能及时刹车,根本治理??

Près de 600 millions de personnes ont été victimes du smog cette année. Cela s'apparente à du suicide. Quelles en sont les causes ? Qui sera tenu pour responsable ? Ne peut-on pas arrêter tout cela et essayer d'éliminer la pollution une bonne fois pour toutes ??

Des nombreuses recherches ont déjà prouvé l'influence néfaste de la pollution sur la santé. Selon une étude récemment publiée par l'Académie Nationale des Sciences, une personne habitant le nord de la Chine verrait son espérance de vie diminuer de cinq ans et demi à cause de la pollution. Xu Donggun, un membre officiel du Centre Chinois pour la Prévention et le Contrôle des Maladies, affirme que le smog a touché dix-sept provinces chinoises en 2013, soit 600 million de personnes- pratiquement la moitié de la population.

Face à cette situation, le Conseil d'Etat a annoncé en juin dernier le lancement d'une série d'initiatives anti-pollution, parmi lesquelles une amélioration de la qualité des carburants, une réduction du secteur industriel qui est très polluant, et la bascule progressive vers les sources d'énergie renouvelables. Ce projet a été consolidé et officialisé dans le “Programme de contrôle de la pollution atmosphérique” publié par le Conseil en septembre, et qui s'étendra de 2013 à 2017. Cet ensemble de mesures, dont le budget s'élèvera à 1700 milliards de yuans (environ 206 milliards d'euros), a pour objectif ambitieux de réduire de 25% le nombre de PM2.5 dans l'agglomération de Pékin d'ici à 2017. En effet, ces microparticules sont les plus nocives pour nos poumons.

En janvier dernier, l'ambassade américaine à Pékin avait annoncé sur Twitter que le taux de PM2.5 “dépassait le plafond de l'index”, à savoir 500. L'Agence américaine de protection de l’environnement déconseille toute activité à l'extérieur si le taux se situe entre 301 et 500. Un journaliste du New York Times a même comparé ce taux de pollution record à l'espace fumeur d'un aéroport.

De nombreux internautes y sont allés de leurs commentaires ironiques face au chaos causé par le smog durant les vacances nationales. Yaochen, une actrice de Chine continentale qui a 50 millions d'abonnés sur Weibo, se moque dans ce commentaire :

国庆长假期间,北京车辆稀少,市内道路畅通,呛人雾霾依旧。”主要污染源是机动车” 的谣言不攻自破,机动车终于得以沉冤昭雪…

Il y avait très peu de véhicules dans les rues de Pékin pendant les vacances, la circulation était fluide, mais l'air était tout autant embrumé et étouffant. La rumeur selon laquelle “les véhicules sont les principaux pollueurs” ne tient pas la route, voilà les voitures enfin réhabilitées après avoir été accusées de tant de maux…

Il parait clair que la pollution est liée à la poursuite de l'augmentation du PIB, comme le remarque Chai Xiaowei, qui souligne la relation entre le smog et l'économie chinoise :

雾霾成常态后下的中国,汽车消费的不可阻挡,环保、医药、新能源行业趋势向好,提升行业估值。

Dans une Chine où le smog est la norme, l'achat de véhicules reste incontrôlable. La protection de l'environnement, l'industrie pharmaceutique et les nouvelles énergies sont des secteurs amenés à se développer, et ils gagneront en valeur.

VIDEO: “Tu te peignes avec quoi ?” Un débat sur le racisme au Brésil

jeudi 10 octobre 2013 à 12:27

Durs, mauvais, “paille de fer”… quelques uns des adjectifs péjoratifs utilisés pour décrire la chevelure de l'Afrodescendant au Brésil. Ceux qui ont déjà été victimes de commentaires racistes à cause de leurs cheveux pourront partager leur histoire sur le documentaire ”Qual é o pente que te penteia?” (littéralement: quel est le peigne qui te peigne?) imaginé par Ana Esperança, une étudiante de 25 ans en cinéma et vidéo à la faculté des Beaux-Arts du Parana (Fap/Unespar). Par cette vidéo elle souhaite dénoncer des idées préconçues. Ceux qui souhaitent y participer peuvent envoyer leurs témoignages par courriel ou en remplissant un formulaire sur le site du projet.

Imagem do site pente que te penteia

Fond d'écran du site du projet: ” Qual é o pente que te penteia?”

Ana a eu un échange par courriel avec  Global Voices, expliquant que c'est à partir de sa propre expérience qu'elle a eu l'idée de ce film qui validera également une épreuve universitaire (Direção II ) :

Depuis bien longtemps on m'a fait des tas de traitements capillaires et j'ai grandi avec le sentiment que mes cheveux étaient étranges, que j'étais une personne laide, bref, j'ai passé une partie de ma vie sans bien accepter mon image (…)  Maintenant, je suis fière de déclarer que je suis ce que je veux être et non pas ce qu'on me dit que je devrais être.

Le titre “Qual é o pente que te penteia”, vient d'une musique des années 40  de David Nasser et Rubens Soares, retrouvée par des artistes brésiliens comme Elis Regina et Planet Hemp.

On peut lire également : Femmes afro-brésiliennes, cheveux crépus et conscience noire, publié le 20 novembre 2012 par Global Voices.

La folie des cours particuliers à Singapour

mercredi 9 octobre 2013 à 20:05
Singapore students of Nan Hua High School. Photo from Wikipedia.

Elèves de l'école secondaire Nan Hua à Singapour. Photo Wikipedia.

[Tous les liens renvoient vers des pages en anglais]

Plus de 90 % des élèves du primaire à Singapour suivent des cours particuliers ou d'accompagnement scolaire. On estime que chaque année à Singapour les parents dépensent près de 680 millions de dollars américains pour envoyer leurs enfants dans des centres de soutien scolaire après l’école. Malgré la déclaration du gouvernement selon laquelle ces cours particuliers ne sont pas nécessaires, les parents continuent d’y inscrire leurs enfants et cette tendance est en hausse depuis les dernières années.

Sky explique comment cette folie des cours particuliers a débuté à Singapour : 

Auparavant, on voyait les cours particuliers comme un accompagnement supplémentaire destiné aux élèves ayant des résultats scolaires très faibles et dont les parents ne pouvaient pas se permettre d’embaucher des professeurs particuliers pour revenir sur ce qui était censé avoir été couvert à l’école. À la longue, comme les revenus des ménages augmentaient, la plupart d’entre eux ont pu se permettre de débourser l’argent nécessaire à ces séances d’accompagnements privées. C’est désormais devenu un secteur représentant un million de dollars, et si votre enfant ne reçoit pas de cours particuliers, vous faites partie d’une rare minorité.

En tant que parent, Amie pense qu’il est parfois nécessaire de « sous-traiter auprès de professeurs particuliers » pour aider les enfants à progresser : 

J’ai moi-même longuement hésité à payer des cours particuliers à mes enfants. Je pense qu’il est impossible d’éviter que cela n’arrive un jour si le besoin s’en fait ressentir. Chaque enfant a des capacités d’apprentissage et des besoins différents. Il faut juste suivre le mouvement et les aider. Le niveau de stress à l’école n’est plus le même que par le passé et les enseignants attendent des parents qu’ils s’impliquent dans le parcours scolaire de leurs enfants. Si nous, en tant que parents, ne sommes pas capables de les aider à se dépasser, nous devons sous-traiter avec des professeurs particuliers.

June pense que les cours particuliers ne sont pas une mauvaise chose pour les enfants, mais que cela peut mener à une forme de « dépendance » :

De nos jours, les écoliers sont soumis à plus de stress et d’anxiété. Leur emploi du temps est tellement chargé, ils ont tellement peu de temps pour rêver…

Je rêve d’un jour où « cours particuliers » et « enrichissement » n’occuperont plus une place obligatoire dans la journée d’un élève.

Je ne dis pas que les cours particuliers sont nécessairement mauvais. Ils occupent toujours une place légitime dans la société, pour pourvoir aux besoins d’apprentissage de chaque enfant, avec ses problèmes spécifiques. Mais souscrire aveuglément à l’idée que « si-je-ne-le-fais-pas-mon-enfant-ne-réussira-pas » peut créer chez votre enfant un sentiment de dépendance pendant la majeure partie de sa vie d’enfant, voire de sa vie d’adulte.

Selon @mummybean, les élèves qui sont déjà en situation de réussite ne devraient pas être forcés à prendre des cours particuliers :

Je peux comprendre le besoin de cours particuliers pour offrir une aide supplémentaire lorsque l’élève a des difficultés et qu’il est susceptible de tirer parti de cet accompagnement, mais de là à offrir des cours particuliers aux élèves qui s’en sortent bien ? Cela montre selon moi que nos enfants ont un besoin constant de « béquilles », c’est-à-dire qu’ils ont l’impression que ces cours particuliers sont nécessaires alors qu’ils pourraient en fait très bien s’en sortir tous seuls. En plus d’être un gâchis de ressources, je pense que c’est extrêmement malsain.

Le secteur de l’accompagnement scolaire se développe car les parents continuent de croire en l'efficacité des cours particuliers, selon Hri Kumar :

Les parents qui pensent, pour une raison ou une autre, que leurs enfants ont besoin de plus d'attention personnelle iront chercher des solutions ailleurs. Chaque examen requiert un certain niveau de préparation et de pratique. Les parents et les élèves chercheront toujours à avoir une longueur d'avance, et s'ils croient que payer des cours particuliers les aidera dans ce sens, alors c'est ce qu'ils feront.

Certains rapports suggèrent que les cours particuliers ne sont d'aucune aide. C'est peut-être le cas, mais la vérité est que nous sommes pour la plupart en situation d'insécurité et que nous nous sentirons coupables si nous pensons ne pas avoir fait tout notre possible pour nos enfants.

Petunia Lee s'est entretenue avec des parents dont les enfants étaient inscrits dans des centres d'accompagnement scolaire :

Ils font de leur mieux pour naviguer dans le système et dépensent de 500 à 1200 $ par mois en soutien scolaire pour UN seul enfant. AUCUN d'entre eux ne pense que Chaque École est une Bonne École. Aucun d'entre eux ne pense que les cours particuliers sont inutiles, car ils ont vu les résultats de leurs enfants s'améliorer APRÈS avoir dépensé de grosses sommes en accompagnement scolaire.

#IranJeans : Mais oui, M. Netanyahou, nous portons des jeans !

mercredi 9 octobre 2013 à 19:57
#IranJeans

‘Vous voyez, M. Nethanyahou, nous portons tous des jeans.’ par le célèbre caricaturiste Mana Neyestani (avec sa permission)

[liens en anglais sauf mention contraire] Les Iraniens ont submergé l'internet de billets, tweets et photos moquant la remarque du premier ministre israélien Benjamin Netanyahou que les Iraniens ne sont pas libres de porter des jeans.

M. Netanyahou avait déclaré dans une interview sur BBC Persian samedi que “si les gens en Iran étaient libres ils pourraient porter des blue-jeans, écouter de la musique occidentale et avoir des élections libres.”

Meir Javedanfar, un spécialiste israélien-iranien du Moyen-Orient, traduit : ”Ce que le premier ministre Netanyahou avait en tête avec ces propos sur l'Iran était certainement l'ex-URSS.”

C'est le match #IranJeans contre Netanyahou.

Arash Kamangir, un blogueur et cyber-activiste de Toronto, écrit sur Twitter :

#IranJeans le nouveau visage de l'utilisation iranienne du web : maintenir la critique de l'Etat iranien et en même temps défendre sa propre identité.

Iiriix, un chef de projet iranien a publié une photo d'une boutique de jeans en Iran avec ce commentaire :

Mr. @netanyahu, voilà un magasin qui vend des armes de destruction massive en #Iran. #jeans :)

Nima Shirazi note que le premier ministre israélien a appelé Hassan Rohani, le nouveau président de l'Iran, “un loup habillé en mouton” et tweete :

Pour Netanyahou les Iraniens sont des loups habillés en loups ou habillés en moutons qui ne peuvent pas se mettre en jeans. La réalité : pic.twitter.com/hkXlQLp072

hhhhhN,avi,D veut connaître la taille de Nethanyahou pour les jeans et tweete :

J'ai pensé envoyer une paire de jeans fabriqués en Iran (des jeans Iran Tafteh) à M. Netanyahou. Quelqu'un connaît sa taille ???

Sur son blog, Freedomseeker a eu une autre idée : elle a publié une photo qui semble montrer des policiers iraniens arrêtant des femmes dans la rue à cause de leurs vêtements. Et d’ironiser [farsi], “Maintenant j'écoute de la pop occidentale déguisée.”

Un autre blogueur, Andarbab écrit [farsi] qu'il n'est pas pour le premier ministre israélien, son problème avec la République Islamique c'est les bombes atomiques et il ne se soucie pas des Iraniens. Mais voici un article publié [farsi] par l'agence semi-officielle Isna selon lequel un spécialiste de cinéma prétend que son image n'a pas été diffusée à la télévision parce qu'il était en jeans.

Un manuel de la cyberculture brésilienne

mercredi 9 octobre 2013 à 13:28
Cover of the book @ Internet e # Rua (The internet and the street) - ainternetearua.com.br
Couverture du livre @ Internet e # Rua. Visitez la page ainternetearua.com.br pour acheter ou télécharger gratuitement l'e-book (pdf).

Un nouveau livre sur le cyber-activisme et la mobilisation sociale sur les réseaux sociaux @ Internet e # Rua, vient de sortir au Brésil.

Les auteurs, Fabio Malini (@fabiomalini), de l'Université Fédérale d'Espirito Santo et Henrique Antoun (@antounh), de l'Université Fédérale de Rio de Janeiro, sont cyber-activistes et universitaires. Ils résument leur projet : 

Os protestos no Brasil e no mundo permitiram que a hipótese central deste livro se confirmasse: rua e rede se interpenetram e fazem emergir uma política colaborativa, direta e em tempo real. E possui relação intrínseca com as práticas de compartilhamento peer-to-peer, abertas pelas gerações ciberativistas das comunidades virtuais e grupos de discussão dos anos 80; pela radical cultura hacker do vazamento de códigos e informações que amplia o livre fluxo da informação; e pelas teias das páginas públicas virtuais da WWW.

Les manifestations au Brésil et dans le monde ont permis de confirmer l'hypothèse centrale de ce livre : la rue et les réseaux sociaux s'interpénètrent et font émerger une politique collaborative, directe et en temps réel. Et [ceci] possède une relation intrinsèque avec les pratiques de partage peer-to-peer, ouvertes par les générations cyber-activistes des communautés virtuelles et groupes de discussions des années 80 ; par la culture hacker radicale de fuite de codes et d'informations qui amplifie le libre flux de l'information ; et par les réseaux des pages publiques virtuelles du www.