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Pour mieux vivre en France, mangez des champignons

dimanche 9 février 2014 à 21:19

“Inspirer, relier, soutenir, ceux qui souhaitent participer à une transformation écologique et humaine de la société”, telle est la devise du mouvement Colibris, lancé en 2008, qui, avec ses 56 746 j'aime sur sa page facebook, est l'un des leaders du mouvement de retour à la terre, agitant les esprits d'une France tétanisée par la crise économique qui a démarré la même année. La gastronomie française suit le même mouvement de repli sur le “local”, anti-crise et néo-rural, parfaitement décrit dans la bande-dessinée du même nom, et c'est donc tout naturellement que le champignon, symbole du terroir et de la nature par excellence, y trouve une place maîtresse.

Avec plus de 708 000 résultats répertoriés dans le moteur de recherche “google search blog” pour le mot “champignons”, il est évident que cette curieuse espèce sait passionner les amateurs, et ce depuis longtemps. Cristau de Hauguerne n'a pas attendu les effets de mode pour s'exprimer avec lyrisme à propos de sa quête mycophile :

Dès que la neige eut fondu, que la pluie cessa et que le soleil put enfin réchauffer les pentes, les cèpes d'été en surprirent plus d'un dans la hêtraie-sapinière. Quelques sujets en prélude fin juin, mais, loin de faiblir, sans l'ombre d'un orage, l'activité mycélienne s'intensifia graduellement dans le courant du mois de juillet, aestivalis entrainant même pinophilus dans sa fureur de vivre. Après deux années d'indigence, au faîte de l'été, de par leur abondance ces cèpes conférèrent finalement aux sous-bois de hêtres l'allure de la grande pousse automnale.

Comestible? Pas sûr! licence creative commons Pavlinajane sur Flickr

Comestible? Pas sûr! licence creative commons Pavlinajane sur Flickr

Toutefois s'il est vrai que le champignon a ses amateurs depuis longtemps, il prend aujourd'hui une valeur plus fondamentale auprès du grand public : comme le vin ou les fruits et les légumes de saison, il s'inscrit dans les assiettes et les mentalités comme une valeur refuge, identifiée “mieux vivre” et de proximité immédiate.

Le “it-champignon”, source vitale

Le magazine We Demain l'affirme dans son nouvel opus à paraître le 13 février : les champignons, ce sont de “nouveaux élixirs de vie”.

Shiitake (Lentinula edodes) licence creative commons Kozumel sur Flickr

Shiitake (Lentinula edodes) photo Kozumel sur Flickr CC BY-ND 2.0

Parfois la mode se contredit elle-même, car elle galvanise d'une part le circuit court de production locale et d'autre part sublime l'exotique promesse du champignon d'ailleurs. Ce sont à présent les champignons asiatiques, tels que les shiitake ou les enoki, qui ornent les rayons des épiceries auprès des banals champignons de Paris. Le shiitake remporte tous les suffrages, anti-âge, anti-cancer, source de 3 vitamines B… Réseau Biloba donne un bon exemple des innombrables vertus prêtées à ce champignon :

Le shiitake est riche en fibres alimentaires; substances qui ne sont pas digérées par l’organisme. La majorité des fibres du shiitake sont sous forme insoluble, fibres qui contribuent particulièrement à maintenir une bonne  fonction intestinale. De plus, une alimentation riche en fibres peut participer à la prévention des maladies cardiovasculaires et du cancer du côlon, ainsi qu’au contrôle du diabète de type 2 et de l’appétit.

Tendance, arnaque ou découverte fantastique ? Le blog Absolutely Green fait un article intéressant:

A l’origine, on suppose que ce sont les Chinois qui ont découvert ce champignon, il y a plus de 6 000 ans. (…) Et pourtant, ce sont les Japonais (…) qui le diffusèrent à travers l’Asie, à partir du 11ème siècle. Plus qu’un aliment, le shiitake était envisagé comme une sorte de végétal miracle, augmentant la longévité, améliorant vigueur sexuelle et endurance physique. Encore de nos jours, cette réputation lui colle à la peau et fait débat. 

En comparaison, les Occidentaux se sont initiés tardivement à cette culture : il a fallu attendre les années 1970, alors que les Etats-Unis décrétaient un embargo sur les champignons vivants en provenance d’Asie, pour que des producteurs s’y attèlent. Et, encore de nos jours, les Européens restent frileux : quelques initiatives en Hollande et en France se comptent sur les doigts de la main.

Il faut aussi savoir que le shiitake n'est pas à la portée de toutes les bourses, comme le démontre l'analyse détaillée et comparative effectuée par Virginie sur le même blog. Cependant, pour qui a déjà eu la chance de le goûter, le shiitake est très savoureux, en particulier cuisiné frais, en lamelles, tout simplement poêlé avec un filet d'huile d'olive, du sel et du poivre.

Et pour résoudre les contradictions politiques, aucun problème : l'on peut aisément faire pousser des shiitake sur le territoire français.

De l'art de cueillir et d'accommoder les champignons

Lorsque l'on mange, c'est avant de tout de goût qu'il s'agit. Le goût sollicite tous les sens du gourmets, la vue, l'odorat, le toucher : manger est une expérience sensorielle. Loin du rêve innovant d'élixir de vie promis par les champignons asiatiques, c'est de proximité et de traditions qu'il s'agit, à portée de main, à portée de nez, dans la balade du cueilleur.

Cèpe de Bordeaux

Boletus edulis – Cèpe de Bordeaux. Photo caitphil sur Flickr – CC BY-NC-ND 2.0

La recherche des girolles, des morilles et des cèpes de Bordeaux, parmi tant d'autres espèces, fait partie du même mouvement de retour aux sources, à l'essentiel, que la course aux bienfaits du shiitake. On profite de la cueillette pour faire le plein d'humus et de nature, en plus des précieux trophées. Proche de la terre, l'on communie avec la forêt et l'on se sustente, puis cela ne coûte rien, ou presque. Attention toutefois aux cueilleurs du dimanche, car il convient d'être bien documenté pour éviter de fâcheux désagréments, parfois mortels, selon le site du Ministère de la Santé 546 cas d'intoxications auraient été répertoriés en France en 2013. Attention aussi aux lieux de cueillettes, car celle-ci est parfois règlementée, et que par ailleurs les champignons concentrent de façon étonnante les pollutions environnantes, le cas échéant.

Ainsi récolté, le champignon sauvage devient le mets d'honneur d'un table de convives, néo-ruraux ou citadins, et se cuisine sous des formes variées, des plus simples aux plus alambiquées. Anne, dans son blog Papilles et pupilles, décline le cèpe de Bordeaux au plus près de son essence :

C’est le roi des champignons locaux, à côté de lui nul n’est à la hauteur. (…) Les coins à champignon comptent parmi les secrets les mieux gardés que l’on ne partage que sur son lit de mort.

L'atelier des chefs propose, quant à lui, tout un tas de recettes pour les champignon sauvages. Entre la crème de morilles et champignons blancs et la galette de pied de cochon à l'échalote et à la truffe noire, il y en a pour tous les goûts, végétariens et omnivores, avec cours filmés à l'appui.

Une recette simple de cèpes crus par un chef étoilé :

Alors même au milieu de l'hiver, une seule question taraude le mycophile Cristau de Hauguerne :

Alors que nous sommes rendus au milieu d'un hiver méconnaissable, se dessine en sous-sol la future saison des champignons, qui ne connaît pas de trêve, et, quoi que cela s'avère fort difficile et hasardeux, nous sommes déjà nombreux à nous demander quelle sera la teneur du millésime 2014.

Nombreux sont les Français à s'interroger sur ce que leur réserve le millésime 2014, avec une inquiétude grandissante sur l'avenir sociétal et économique. Et, à choisir, le champignon est loin d'être la pire des valeurs “refuge” de repli identitaire qui pullulent aujourd'hui.

Netizen Report : Un groupe terroriste impose des coupures d'internet en Somalie, et autres actualités du Net

dimanche 9 février 2014 à 16:44
Telco ad on a van in Kampala, Uganda. Photo by futureatlas.com via Flickr (CC BY 2.0)

Publicité pour Telco sur un van à Kampala, Ouganda. Photo de futureatlas.com via Flickr (CC BY 2.0)

Cet article, publié en anglais le 29 janvier, a été écrit de manière collaborative par Hae-in Lim, Lisa Ferguson, Ellery Roberts Biddle, Mohamed El Gohary et Sarah Myers. Liens en anglais.

Le Netizen Report de Global Voices Advocacy propose un aperçu international des problèmes, victoires et tendances émergentes en matière des droits d'Internet dans le monde. L'article de cette semaine commence en Somalie, où les deux pincipaux FAI – Hormuud Telecom et Nationlink – ont cédé aux exigences d'Al Chabab et bloqué l'accès à Internet en Somalie centrale et méridionale. Les représentants de la société, qui ont essayé en vain de négocier avec le groupe terroriste, pensent que la menace a été initiée par les hauts rangs de l'organisation. Dans une déclaration à la radio, le mouvement rebelle a mis en garde que toute institution ou individu qui violerait l'interdiction serait considéré comme traitant avec l'ennemi et devrait répondre de ses actes face à la Charia”. Les spécialistes suspectent que les leaders d'Al Chabab imposent l'interdiction par crainte qu'internet aide les autorités et les autres acteurs dans leur traque de leurs déplacements et activités. Bien qu'à peine 1 % des Somaliens utilisent Internet, la 3G mobile est de plus en plus populaire dans les zones urbaines. 

Liberté d'expression : Watchdogs et ‘Wolf’ font face à la censure au Kenya

Une nouvelle loi sur les médias au Kenya pourrait faire encourir aux blogueurs et journalistes indépendants des amendes vertigineuses pour des infractions sur une série de dispositions plus ou moins vagues. Les blogueurs locaux avertis que la définition élargie de ceux qui pourraient être considérés comme “journalistes” — elle pourrait s'appliquer à des blogueurs, des journalistes citoyens et même des utilisateurs de réseaux sociaux — va geler l'information indépendante à travers le pays. La loi autorise des juges désignés par le gouvernement à infliger des amendes allant jusqu'à 2 millions de KSH (23 310 dollars US) pour des structures de média et jusqu'à 500 000 KSH (5 827 dollars US) pour des individus. 

Deux individus vendant des copies piratées du film à succès “Le Loup de Wall street” ont été arrêtés la semaine dernière non pas pour piratage mais à cause du film lui-même, qui a été interdit par le Bureau de Classification des films du Kenya. Une vague de commentaires critiquant l'interdiction a depuis disparu de la page facebook de ce bureau. 

“Index on Censorship” (Index sur la censure) rapporte que les nouveaux filtres sur la pornographie mis en place par le Royaume-Uni montrent les failles classiques des systèmes de filtre étendu en bloquant des sites parlant “des problèmes LGBTI, d'éducation sexuelle et même de violence domestique ou de viols” mais filtrant moins la pornographie. David [Cameron], copie à revoir ! 

La plus grande panne généralisée d'Internet de l'histoire de la Chine a probablement été provoquée par le célèbre “Grand pare-feu” du pays. Les entreprises qui suivent l'Internet soupçonnent les censeurs chinois d'avoir, par erreur, redirigé la totalité du trafic internet du pays vers des serveurs appartenant à une société appelée Sophidea, localisée semble-t-il aux Etats-Unis. Selon certaines sources, les serveurs de la société ont explosé sous la charge pendant approximativement huit heures. Greatfire.org propose une analyse technique des événements, mettant en avant les possibles explications de l'erreur. 

Violences : Les fonctionnaires ukrainiens intimident les manifestants d'Euromaidan par SMS 

La semaine dernière, le gouvernement ukrainien a ciblé les manifestants Euromaidan avec un déluge de SMS : “Cher abonné, vous êtes enregistré comme participant à un trouble public”. Bien qu'une nouvelle loi pénalise la participation à des manifestations violentes, les messages ont eu peu d'effet quant à la limitation des violentes altercations avec la police anti-émeute. Trois opérateurs téléphoniques ukrainiens ont nié une quelconque implication déclarant que le gouvernement aurait pu avoir piraté les données des manifestants grâce à des antennes relais à proximité. 

Un tribunal koweitien a condamné l'utilisateur de Twitter Abdullah Fairouz Abdullah Abd al-Kareem à cinq années de prison après avoir été déclaré coupable d'insulte à l'Emir sur le réseau social. La loi locale interdit tout message qui “désapprouve les droits et l'autorité de l'Emir ou le met en défaut.” Al-Kareem fera bientôt appel devant une cour supérieure. 

Le professeur d'économie ouïgour Ilham Tohti, fondateur du site Uyghur Online et un défenseur de l'autonomie pour la région  de la minorité ethnique en Chine a été arrêté la semaine dernière, pour avoir prétendument promu un programme séparatiste, alors qu'en réalité il ne défend pas cette position. Malgré une pétition en ligne signée par plus de 1 000 intellectuels chinois et un appel du Département d'Etat américain, Tohti reste en détention. Sa famille est assignée à résidence et sept de ses étudiants ont été interrogés par les autorités locales. 

Surveillance : Espionner l'Inde avec NETRA 

Le gouvernement indien intensifie encore une fois sa capacité à arrêter et espionner les communications en ligne des citoyens. Plus tôt ce mois-ci, des officiels ont annoncé le lancement du système d'espionnage NETRA créé pour surveiller des mots-clés sur toutes les formes majeures de communications en ligne — e-mail, plates-formes de réseaux sociaux, VoIP, chat et forums en ligne — en temps réel. Il n'y aura aucune supervision juridique des activités de NETRA et les fournisseurs d'accès à Internet se seront pas impliqués et n'auront aucune connaissance de l'espionnage du gouvernement via NETRA.

Une nouvelle loi exige que les cyber-citoyens chinois utilisent leurs vrais noms lorsqu'ils chargent des vidéos sur les sites internet chinois. Le gouvernement indique que cette mesure a pour but “d’interdire du contenu vulgaire, des formes d'art basique, à violence exagérée ou sexuel… exerçant un effet négatif sur la société.”

Gouvernance d'Internet : Se battre pour “.gov” (en chinois)

Les défis que lance l'Internet à la souveraineté nationale étaient mis en avant cette semaine suite à la bataille entre la Chine et Taïwan pour le contrôle du domaine de haut niveau (TLD) .政府  (les caractères chinois signifiant .gouv). Le gouvernement chinois s'est plaint auprès de la Société pour l'attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet, après qu'une société affiliée au gouvernement taïwanais eut déposé un dossier pour le TLD, justifiant que la société, Net-Chinese, « n'est pas investie de l'autorité ou du mandat pour approuver des réclamations de statut de gouvernement au nom de tous les gouvernements. »

Insécurité sur Internet : Les hackers pro-gouvernementaux du Vietnam en pleine expédition de hameçonnage mondial

L'enthousiasme du gouvernement vietnamien pour la censure est bien connu mais les pirates informatiques pro-gouvernementaux du pays visent même les personnes non-vietnamiennes avec des campagnes de phishing (hameçonnage) malveillantes. Selon l'Electronic Frontier Foundation, les cibles récentes incluent un blogueur basé aux Etats-Unis qui gère un site web dissident populaire, un journaliste britannique basé à Hanoï, un professeur de maths et activiste vietnamien basé en France et un activiste américain. Bien qu'il manque des capacités avancées de la censure de la Chine, le régime autoritaire du Vietnam a admis employer 900 personnes « pour contrer les critiques en ligne. »

Activisme des cyber-citoyens: “Libérez notre ami,” scandent les blogueurs.

Blogueurs, activistes, journalistes et artistes du monde arabe se sont rassemblés la semaine dernière à Amma en Jordanie pour la 4ème rencontre des blogueurs arabes, organisé par Global Voices et 7iber. Après quatre jours de formation, de collaboration, de discussion et de débat le groupe a lancé un appel à la libération des défenseurs des droits Alaa Abd El Fattah en Egypte et Bassel Safadi en Syrie, ainsi que pour Razan Zeitouneh

Bonnes nouvelles

Guyana Crime Reports, un nouveau site innovant rapportant des crimes en Guyane, combine la géolocalisation GIS et la détection de crime crowdsourcée, ainsi qu'une vérification détaillée des signalements par une équipe motivée. 

Publications et études

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Le coin des jeunes de la bibliothèque publique de Zavidovići

dimanche 9 février 2014 à 16:17

En Bosnie-Herzégovine, de nombreux élèves font la navette chaque jour en bus à partir des villages pour aller à l'école en ville. Pour ces jeunes élèves, cela signifie souvent de longues heures d'attente pour les autobus, à ne rien faire.

Les responsables de la Bibliothèque publique de Zavidovići [en anglais, comme les liens suivants sauf mention contraire], située juste à côté d'une station de bus, se ont rendus compte que les élèves attendant leur bus passaient leur temps de manière improductive tous les jours après l'école.

L'oeuvre primée lors de la compétition de photos. Photo de Eldar Muhic.

L'oeuvre primée lors de la compétition de photos. Photo de Eldar Muhic, reprise de la page Facebook de la bibliothèque

Cette prise de conscience a conduit à la création d'un espace dans la bibliothèque locale dédié à ces enfants. Pour attirer les jeunes et leur enseigner de nouvelles compétences, les responsables de la bibliothèque ont ouvert un centre multimédia avec une programmation créative, ouvert avant et après l'école avec accès à des ordinateurs, à Internet et à des formations pour acquérir des connaissances technologiques – soutenus par l‘ONG EIFL. Ils ont également organisé des événements, comme un concours de photos, pour encourager la participation des élèves et promouvoir le projet.

Les bibliothécaires appellent le Coin des jeunes un “deuxième salon” pour de nombreux enfants. Il attire un large éventail d'élèves, y compris de jeunes réfugiés en provenance de Syrie, qui passent du temps avec les élèves locaux en apprennent le bosniaque. Grâce à la bibliothèque, ces élèves peuvent socialiser plus facilement.

Le Coin des jeunes  - photo reproduite avec la  permission de la biblothèque publique de Zavidovići

Le Coin des jeunes – photo reproduite avec la permission de la biblothèque publique de Zavidovići

 

 

 

 

 

Depuis le début de ce Coin des jeunes, le nombre de visiteurs à la bibliothèque est passé en un an de 50 par semaine à 252.

Voici une courte vidéo expliquant la situation locale et les réponses des élèves à la création de ce coin des jeunes:

Suivez la bibliothèque sur sa page Facebook.

Des photos de cochons censurées en Malaisie

dimanche 9 février 2014 à 15:55

On sait qu'il est interdit aux musulmans de manger du porc mais peuvent-ils regarder des cochons ? 

Un imprimeur de Malaisie pense qu'il est aussi haram pour les musulmans de voir des photos de cochon et a donc également décidé de noircir les groins sur deux photos publiées dans l'édition internationale du New York Times du 22 janvier 2014.

Les photos illustraient un article intitulé “La demande s'accentue pour les porcs élevés en plein air”. 

The controversial 'blacked out' photo that appeared on the Malaysian edition of the New York Times. Photo from website of The Malaysian Insider

La photo “noircie” controversée apparue dans l'édition malaisienne du New York Times. Photo du site internet du Malaysian Insider

Le représentant de la société d'impression KHL Printing Co a déclaré que c'était une pratique courante de couvrir des images “interdites” telle que la nudité, le tabac et les armes à feu dans une nation à majorité musulmane. Mais le gouvernement malaisien a nié l'existence d'une loi interdisant de publier des photos de cochons. Le New York Times n'est pas non plus au courant de la décision de noircir les photos. 

Les Malaisiens ont réagi avec humour mais beaucoup étaient aussi consternés. Anak1malaysia s'inquiète que dans le futur des enfants ne soient pas capables de savoir à quoi ressemble un cochon : 

Je peux présager que dans un futur pas si lointain, les gens voudront savoir à quoi ressemble un cochon. Ce serait dangereux si nos jeunes enfants musulmans se retrouvaient à caresser un petit porcelet parce qu'il ou elle n'en avait jamais vu auparavant dans les manuels scolaires. 

Shawn Tan pense à l'impact négatif de l'auto-censure :

C'est une culture d'auto-censure parce que personne ne veut avoir de problèmes. Principalement les commerces, ils veulent éviter les ennuis. Jouer la sécurité. 

Mediha a rappelé à la société d'impression que ce n'est pas haram de regarder des cochons : 

Ce n'est pas haram de regarder des cochons. C'est seulement haram de les manger et on doit se purifier si on les touche. Quel con ! 

On deviendrait pas un peu trop sensible ? Et après ça ? Le mot cochon ? 

Ce n'est pas la première fois qu'une image était noircie dans un journal. Kilgore a rappelé comment un article sur ‘des manifestations de baisers‘ au Chili avait subi le même caviardage : 

Previously, the New York Times did a story on Chilean students’ ‘kissing protest'. These same people censored the picture by painstakingly pasting black boxes over thousands of students’ mouths as they simultaneously kissed.

Malaysian public saved again. Taxpayers’ money well-spent.

Précédemment, le New York Times avait publié un article sur une manifestation d'étudiants chiliens qui s'embrassaient. Les mêmes personnes ont censuré l'image en collant laborieusement des carrés noirs sur des milliers de bouches d'étudiants en train de s'embrasser en même temps. Le public malaisien est encore une fois sauvé. L'argent du contribuable est dépensé intelligemment. 

Les droits de diffusion des Jeux de Sotchi laissent les téléspectateurs des Caraïbes sur leur faim

dimanche 9 février 2014 à 14:14

[Liens en anglais] Six équipes caribéennes sont en compétition au cours de ces Jeux olympiques d'hiver à Sotchi, en Russie : Bermudes, îles Caïmans, Dominique, Jamaïque, îles Vierges britanniques et les îles Vierges américaines. Evidemment, les passionnés de sport de toute la région veulent regarder – mais il y a un problème. SportsMax, une chaîne de télévision privée réservée aux abonnés, a remporté les droits exclusifs des Jeux 2014 de Sotchi pour les Caraïbes. “Inside The Games” [Au coeur des Jeux] relatait les détails :

L'accord, passé entre le Comité international olympique (CIO) et International Media Content Ltd (IMC), la maison mère de SportsMax, s'applique  à 21 pays et territoires allant d'Anguilla à Trinité-et-Tobago.

Il repose sur les droits de diffusion exclusifs en anglais sur toutes les plateformes médiatiques, avec une couverture en direct offerte à la fois sur SportsMax et SportsMax2 pour la durée des Jeux se déroulant à Sotchi.

Columbus Communications, propriétaire du réseau câblé Flow qui diffuse dans plusieurs territoires caribéens, s'en est remis aux médias sociaux de ses points de vente pour informer sur le problème :

Fans de [la chaîne] “Flow”, nous vous informons que SportsMax détient les droits exclusifs de diffusion des Jeux olympiques d'hiver 2014 dans les Caraïbes pour la période du 7 au 23 février 2014. La programmation des JO sera principalement diffusée sur Sportsmax 1 avec certains contenus sur Sportsmax 2. Par conséquent, nous sommes légalement obligés d'interrompre la couverture des Jeux sur toutes les chaînes inclues [dans le bouquet des chaînes offertes aux abonnés] mais non limitées à NBC et CBC qui transmettront des parties des Jeux de Sotchi. Au cours des périodes [de diffusion] interrompues, les chaînes concernées établiront une note d'information à nos abonnés les avisant de l'obligation d'interruption [de programme] et indiquant de suivre SportsMax. 

Nous comprenons le désagrément que pose ce problème, nous sommes conscients et  reconnaissons que le blocage de contenu est perturbant pour nos téléspectateurs, cependant nous DEVONS nous y soumettre. Lorsque les droits de diffusion pour transmettre un programme sont engagés (sic), nous sommes obligés de bloquer ce programme (quand cela est requis) autant par obligation légale que réglementaire (TATT). Ne pas s'y soumettre conduirait à des poursuites judiciaires contre Columbus Communications Trinidad Limited. Cet accord n'est pas spécifique à Trinidad, tous les fournisseurs de services télévisuels du monde ont pour obligation de se conformer à des dispositions similaires selon le réseau auquel les droits du pays concerné est soumis. 

Des Jamaïcains furieux ont publié des messages sur la page Facebook de Flow Jamaica à propos du fait qu'ils doivent payer pour regarder leur équipe défiler lors de la cérémonie d'ouverture et pendant les compétitions. Diego Armando Thomas disait à ce sujet :

Donc parce que je n'ai pas la chaîne #SportsMax sur [le bouquet] #Flow je n'ai pas le droit de regarder les #Olympics [JO] ? C'est ENORME. Vous bloquez les chaînes pour lesquelles je paie ? N'importe quoi !!!

Un autre téléspectateur, David Valentine, enjoignait les Jamaïcains à passer à l'action en écrivant à la Commission de diffusion Jamaïcaine :

C'est une situation intolérable : abuser des gens qui n'ont pas le choix. Ces fichus Jeux ne doivent pas être pris en otages, en obligeant les gens à payer pour quelques chaînes uniquement basées sur abonnements. Vous imaginez si Showtime [chaîne de TV payante américaine] avait les droits exclusifs des Jeux ?  Il y a quelque chose qui ne va pas dans cette f… histoire mon vieux. Ils sont vraiment corrompus. ECRIVEZ TOUS A LA COMMISSION DE DIFFUSION !!

D'autres ont exprimé leur écœurement sur Twitter :

J'aurais pu regarder les JO d'hiver, mais Flow a choisi d'accorder tous les droits à SportsMax qui ne les diffuse même pas en direct #SMH [NdT : argot Internet, "je secoue la tête"

Un téléspectateur qui s'est abonné au service SportsMax était mécontent de la couverture de la cérémonie d'ouverture :

J'essaie de regarder cette fichue cérémonie d'ouverture des Jeux d'hiver et ces connards sur #SportsMax discutent ! Vous allez la fermer, merde !!! Dégagez de mon écran !!!

Le câble concurrent Lime s'est attiré des téléspectateurs dans certains des pays où il diffuse, avec une période d'essai gratuite à SportsMax pour la durée des Jeux :

Testez Sportsmax gratuitement pendant la durée des Jeux d'hiver sur LIME TV

La question des droits de diffusion pour les chaînes de télévisions locales contre celles des entreprises du câble a été discutée dans ce message :

Les programmes de télévision produisent des revenus publicitaires pour les diffuseurs comme TV6 et CNC3. Pendant que les abonnés paient les fournisseurs de câble pour des chaînes privées, il faut remarquer que les programmes qui occupent les grilles de ces chaînes sont régies par des contrats indépendants.

SportsMax est native de la région, c'est un service de vidéo à la demande, et certains internautes se sont plaints de l'échec des diffuseurs gratuits à obtenir les droits [de diffusion] des jeux. Yvon Tripper s'exprimait dans un article du Bermuda Royal Gazette :

Le CIO accorde simplement des droits au plus grand enchérisseur. Rien ne peut empêcher un diffuseur des Bermudes de demander au CIO d'accorder les droits aux Bermudes uniquement, et ensuite n'utiliser que les réseaux de diffusion américains et canadiens. Si personne dans les Bermudes ne paie pour les droits de diffusion pour les droits de couverture [des athlètes] de l'île aux Jeux, alors ce n'est pas la peine de se plaindre quand quelqu'un d'autre le fait. Le CIO doit être heureux d'exclure les Bermudes de la région des Caraïbes si cela signifie qu'ils gagnent plus d'argent — eh oui, tout est affaire d'argent.

Comme Trinidad-et-Tobago ne prend pas part aux Jeux, aucun diffuseur hertzien n'en a acheté les droits, obligeant les téléspectateurs intéressés à souscrire auprès de SportsMax pour suivre en direct. Des abonnés au câble agacés se sont épanchés sur Twitter :

.@SportsMax_Carib a acheté les droits. RT @DayVan_TeaMal : Pourquoi les Jeux de Sotchi sont bloqués sur @Flowtt ?

@Flowtt bien, alors offrez Sportsmax gratuitement pendant ce temps

Les Jeux de Sochi durent jusqu'au 23 février 2014.