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Le nouveau président par intérim peut-il restaurer la stabilité en Centrafrique ?

lundi 13 janvier 2014 à 20:31

Suite à la démission de Michel Djotodia de son poste de président intérimaire de la République centrafricaine, Alexandre-Ferdinand Nguendet a été choisi nouveau président du Conseil National de Transition.

Alexandre Ferdinand Nguendet, new CAR President via wikipedia CC-License-BY

Alexandre Ferdinand Nguendet, nouveau président de la Centrafrique via wikipedia CC-License-BY

 Philippe Hugon exprime son opinion sur les mesures nécessaires pour un retour à la stabilité en Centrafrique :

Il est très important qu’il y ait une conférence nationale qui regroupe les différentes forces, tels que les partis politiques, les entités religieuses et les représentants de ce qu’on appelle la société civile, pour permettre une réconciliation durable. Celle-ci me semble d’ailleurs tout à fait possible étant donné que traditionnellement il n’y a pas de conflits majeurs dans le domaine ethnique ou religieux en Centrafrique [..]Je pense qu’il faut donner là du temps au temps et que ces changements ne peuvent se faire immédiatement.

Traditions de Noël en janvier chez les chrétiens d'orient

lundi 13 janvier 2014 à 20:27

Tous les chrétiens ne fêtent pas Noël le même jour. Ceux d'Europe orientale, d'Afrique du Nord et de quelques autres pays attendent début janvier. Selon le calendrier grégorien, une des nombreuses méthodes inventées pour mesurer le temps, et calendrier mondialement utilisé aujourd'hui, le Christ est né dans la nuit du 24 au 25 décembre il y a un peu plus de 2.000 ans. Selon le calendrier julien, encore en usage dans de nombreuses institutions religieuses dans le monde, ces dates correspondent aux 6 et 7 janvier.

Parmi ceux qui fêtent Noël à ces dates en janvier, on trouve la plupart des chrétiens orthodoxes et coptes, de l'Europe Orientale à l'Egypte et l'Ethiopie. Nous avons fait appel à l'équipe merveilleusement diverse des plus de 700 auteurs de Global Voices pour qu'ils et elles nous décrivent leurs traditions locales orthodoxes et coptes de Noël préférées et avons constaté que notre planète reste festive bien après que le monde occidental a remisé les souliers et dépouillé les sapins de leurs décorations.

Markos Lemma explique depuis l'Ethiopie qu'une partie de hockey est au centre des célébrations de Noël dans son pays :

Noël tombe le 29 décembre du calendrier éthiopien (le 7 janvier selon le calendrier grégorien). Ledet (Noël), est célébré sérieusement par une messe qui dure toute la nuit après un jeûne de 43 jours appelé Tsome Gahad (l'Avent), et une procession spectaculaire, qui débute à 6h du matin et dure jusqqu'à 9h. Après la messe, on rentre chez soi rompre le jeûne avec de la viande de poulet, d'agneau ou de boeuf accompagnée d'injera et des boissons traditionnelles (tella ou tej). C'est la tradition que les jeunes hommes jouent une partie d'une sorte de hockey appelé genna en ce jour, et à présent Noël en est venu à être aussi connu sous ce nom.

En Serbie, c'est très différent, mais les fidèles de l'Orthodoxie en Serbie, au Monténégro et en Bosnie-Herzégovine fêtent la veillée de Noël le 6 janvier, le dernier jour du même jeûne de 40 jours observé en Ethiopie, et rompent leur carême le jour de Noël, le 7 janvier, avec un banquet familial similaire où abondent viandes de toute sorte et plats spéciaux de Noël. Si les traditions varient d'une région à l'autre de ces pays, l'auteur de ce billet en présente une que la très grande majorité des familles orthodoxes maintient vivante dans cette partie des Balkans :

Le jour de Noël, le 7 janvier selon le calendrier julien, les foyers serbes orthodoxes accueillent un jeune homme ou jeune garçon, appelé un Položajnik, dans la maison de bon matin. Le garçon est d'habitude un cousin plus jeune, un petit-fils ou un voisin, et il doit être le premier à franchir le seuil ce jour-là. Il apporte une couronne ou un faisceau de branches de chêne bien sèches, de foin et autres, appelé un badnjak [anglais], qu'il utilise pour allumer le feu. En ville, où il n'y a généralement pas de cheminée, c'est le poêle qui sert à allumer le badnjak. Tandis que les étincelles volent autour des feuilles et branches sèches, il psalmodie “Autant d'étincelles, autant de santé ; autant d'étincelles, autant de richesse ; autant d'étincelles, autant d'amour ; autant d'étincelles, autant de chance…”, sans ordre particulier. Les différents villages ou familles ont leurs propres versions de cette ritournelle. Le položajnik représente la santé, la prospérité et toutes les bonnes choses. Il apporte chance, santé et amour dans la maisonnée. Il reçoit alors un cadeau de la famille et participe à son petit-déjeuner de Noël.

L'expatrié blogueur David Bailey, mieux connu comme “An Englishman in the Balkans”, a publié cette vidéo montrant la rupture traditionnelle du pain de Noël, ou Česnica, le jour de Noël dans un foyer orthodoxe en Bosnie. La Česnica prend toutefois des formes différentes à travers la région. Dans la Voïvodine serbe, par exemple, elle est très sucrée, plus proche du baklava que du pain.

La salutation traditionnelle de Noël en Serbie, en Bosnie-Herzégovine et au Monténégro est “Christ est né !”, à quoi on répond comme il se doit par “En vérité il est né”. Cela tombe bien, le Liban, un pays assez éloigné de l'Europe orientale, a adopté la même salutation de Noël. Thalia Rahme explique :

Au Liban … c'est de plus en plus à la mode de dire la phrase ci-dessus, en réaction à la sécularisation de Noël

Si elle est d'usage pour Pâques – Christ est ressuscité, vraiment Il est ressuscité – à présent nous le disons aussi à Noël – Christ est né, vraiment Il est né.

Le particularisme du Liban se manifeste en matière de calendriers et de célébrations de Noël, avec une pléthore de confessions religieuses et de traditions qui n'appartiennent qu'à lui. Thalia a réussi à démêler pour nous un peu de l'écheveau du Noël libanais :

Les orthodoxes libanais célèbrent Noël avec les catholiques maronites le 24 décembre.

Seuls les orthodoxes arméniens le font le 6 janvier, et comme c'est l'Epiphanie pour nous maronites [la fête du baptême de Jésus], c'est comme une double célébration et un jour férié officiel au Liban pour ne léser aucune communauté.

Nous avons une petite communauté copte et orthodoxe et [une] éthiopienne qui fêtent le 7 janvier.

Par contre, les orthodoxes arméniens ont décidé de fêter leurs Pâques le même jour que nous maronites, mais pas les autres communautés orthodoxes [...] mais cette année Pâques tombe le même jour pour les catholiques et les orthodoxes

Dès qu'on a parlé d'Epiphanie, de nombreux autres Européens de l'Est sont entrés dans le jeu avec leurs récits de cette fête chrétienne souvent négligée mais pas si mineure. Auteur à Global Voices pour la Bulgarie, Rayna St. décrit :

Pour les Français, le 6 janvier, c'est l'Epiphanie et on mange la Galette des Rois (et c'est délicieux).

Pour les Bulgares, le 6 janvier est aussi l'Epiphanie, encore appelée Yordanovden, la fête de tous les Yordan/ka, Daniel/a, Bogomil/a, Bojidar/a. Cette fête s'appelle aussi Bogoyavlenie (l'apparition de Dieu) et on la dit être le jour où Jésus-Christ a été baptisé dans le fleuve Jourdain. Quand il est sorti des eaux, les cieux se sont ouverts et une voix s'est fait entendre, disant “Tu es mon Fils bien-aimé, tout mon amour est sur Toi” ou quelque chose d'approchant.

Le sommet de ce moment est aujourd'hui le rituel qui accompagne la journée : le prêtre lance une croix à la rivière et les jeunes hommes se jettent à l'eau pour la rapporter. Vous vous en doutez, c'est sportif, car les températures en Bulgarie ne sont pas celles du Jourdain… :) Alors, quand un gars attrape la croix, on croit qu'il sera béni, chanceux et qu'il aura une santé de fer dans la nouvelle année. Le prêtre fait aussi la tournée des maisons, et, dans ma région du moins, emplit les pièces de fumée de tamyan (un mélange particulier de cires) pour chasser les mauvais esprits. Bogoyavlenie est en fait le dernier des Mauvais Jours et seuls des plats sans viandes sont servis au dîner.

Curieusement, s'il n'y a pas de date unique de Noël pour tous les chrétiens d'Europe orientale, ils ont en commun de nager dans l'eau glacée pour reprêcher des croix à l'Epiphanie. La tradition dont parle Rayna existe aussi en Russie, en Serbie, au Monténégro et dans d'autres pays de la région. En revanche, le jour où on fête l'Epiphanie en brisant la glace de janvier n'est pas la même, et ceux qui suivent le calendrier julien “retardent” là encore de 13 jours.

Mais revenons au Noël oriental. Occupée à suivre le mouvement de contestation Euromaïdan 2013 de l'Ukraine, qui s'est poursuivi au long des vacances de Noël et dans la nouvelle année 2014, Tetyana Bohdanova a distrait quelques instants de ces événements préoccupants pour nous apprendre comment les fidèles orthodoxes fêtent traditionnellement Noël [anglais] dans ce pays quand ils ne sont pas dans les rues à tenir par centaines de milliers des rassemblements contre le gouvernement :

En Ukraine la plupart des gens fêtent Noël le 7 janvier selon le calendrier julien. La veille de Noël, le 6 janvier, nous nous retrouvons pour un dîner traditionnel consistant en 12 plats sans viande honorant les 12 apôtres. Le dîner ne peut commencer qu'après l'apparition au ciel de la première étoile, qui indique que le Christ est né.

Une autre tradition de Noël est le Vertep, qui comprenait à l'origine un théâtre de marionnettes représentant des scènes de la Nativité. Une version contemporaine est un groupe de personnes jouant l'histoire de la naissance du Christ. Dans le Vertep il y a aussi communément des personnages du folklore et des chants de Noël. Cet année le Vertep ukrainien a été influencé par la tourmente politique dans le pays. Parmi les acteurs costumés on peut reconnaître, aux côtés des personnages bibliques et folkloriques, les politiciens contemporains, qui ne figurent pas forcément au nombre des bons !

Tetyana Lokot, aussi d'Ukraine, a rebondi sur ce que disait Tetyana Bohdanova des chants de Noël et a ajouté un témoignage de cette tradition villageoise :

Une [tradition] c'est de chanter Noël – parcourir les rues en chantant des cantiques et en apportant la Bonne Nouvelle, en échange de quoi les chanteurs reçoivent des bonbons et de la menue monnaie. Il est typique pour les chanteurs de revêtir pour l'occasion les costumes nationaux et d'aller par groupes, et les mélodies et paroles des chants de Noël se transmettent à travers les générations. Un des plus populaires, et sûrement mon préféré, c'est Schedryk (en anglais, le chant des cloches), une vieille chanson ukrainienne. [La vidéo] est une version récente de 2011 par Oleh Skrypka, un musicien ukrainien. Le film d'animation qui l'illustre annonce curieusement l'esprit d'Euromaïdan 2013 et 2014, tout en nous rappelant que nous sommes tous au fond de nous des enfants :)

Si les coptes forment la plus nombreuse communauté chrétienne d'Egypte, ils sont une part encore plus large de la communauté éthiopienne. Befekadu Hailu d'Ethiopie nous rappelle que beaucoup d'entre nous ne sont peut-être pas dans la même année et encore moins à la même date :

Vous le savez peut-être, notre calendrier [éthiopien] est également différent et nous n'avons donc pas commencé une nouvelle année avec la plupart d'entre vous. Nous avons commencé 2006 en septembre et ceci est le 2006ème anniversaire de Jésus. nous fêtons Noël demain [le 7 janvier] et c'est un jour férié. Les chrétiens orthodoxes termineront aussi demain leurs 40 jours de carême. Ce sera donc aussi un jour où on mangera beaucoup de produits carnés. On passe la journée à la maison et comme d'habitude la cérémonie du café, la nourriture de fête et les réunions de famille caractériseront la journée.

C'est là que nous terminons notre rapide voyage à travers ce qui est pour certains un Noël attardé, là où nous l'avons commencé : en Afrique, avec un chant de Noël traditionnel interprété par une chorale éthiopienne. Puissent vos Noëls avoir connu la même plénitude, chaleur et préparation que les leurs, quels que soient les lieux et moments où avez voulu les fêter. Entre-temps, certains d'entre nous se sont apprêtés pour le réveillon orthodoxe, aujourd'hui 13 janvier. Fêtez-le avec nous !

Zayd Saidov est-il un héros ? Des avis divisés sur le magnat tadjik emprisonné

lundi 13 janvier 2014 à 15:57

Un tribunal du Tadjikistan a récemment condamné un ancien ministre et leader émergent de l'opposition à 26 ans de prison sur la base d'accusations perçues comme étant fondées sur des considérations politiques. Depuis son arrestation en mai 2013, Zayd Saidov est devenu un symbole de la résistance à la répression de l'Etat pour de nombreux activistes, journalistes et intellectuels du pays.
Cependant, les usagers des médias sociaux divergent sur l'emprisonnement de Saidov : les uns le condamnent, les autres s'en réjouissent. Pour certains citoyens du net, l'ex-magnat n'est pas un héros. Le blogueur Kharsavor Kharsavorovich demande [russe] :

Quelqu'un pourrait m'expliquer comment au juste Zayd Saidov est devenu notre Khodorkovsky local [oligarche russe devenu un héros pour de nombreux Russes après son emprisonnement en 2003] ? Pourquoi le soutiennent-ils tous ? Il n'est pas le premier (ni le dernier) à être condamné pour des raisons politiques. Alors, pourquoi sont-ils si nombreux à le défendre ? 

Mais Rustam Gulov suggère [russe] que Saidov est déjà devenu un héros pour beaucoup de Tadjiks :

Quoiqu'on dise sur Zayd Saidov, personne ne le voit réellement comme un criminel. Au contraire, pour une grande partie des gens, il est désormais une victime de l'appareil d'Etat, une victime politique… 

Sa réputation grandit ; les gens ont pour lui de la compassion, le respectent, apprennent de lui, écrivent des articles sur lui…

[Dans quelque temps], les gens commenceront à l'imiter!

Manifestations massives contre la discrimination envers les Noirs en Israël

lundi 13 janvier 2014 à 15:40
La grève des immigrés africains  à Tel-Aviv

Capture d'écran de la grève des immigrés africains à Tel-Aviv via Zahi Shaked on YouTube 

C'est sur la place au nom symbolique d'Yitzhak Rabin à Tel-Aviv que 30 000 Africains sans-papiers vivant en Israël ont commencé une grève de 3 jours et une série de manifestations, soutenues par des défenseurs des droits humains. Par une loi votée le 10 décembre 2013, les autorités israéliennes peuvent placer les immigrés clandestins en détention sans procès ni examen de leurs dossiers jusqu’à un an. En plus de  cette loi, les manifestants dénoncent le refus des autorités israéliennes d'examiner leurs demandes pour obtenir un statut de réfugié ainsi que le placement en rétention de centaines d'entre eux. La vidéo ci-dessous souligne l'ampleur des manifestations et précise les revendications des manifestants :   

Le centre de détention de Holot, dans le désert du Néguev, près de la frontière entre Israël et l’Egypte, héberge déjà plusieurs détenus depuis décembre 2013, les sans-papiers doivent y pointer à trois reprises et y passer la nuit.

Le site irinnews.org donne une idée de la capacité de ce centre : 

Holot can house 3,300 migrants and is set to expand, eventually reaching a capacity of between 6,000 and 9,000 people, according to Yitzhak Aharonovitch, Israel's Public Security Minister.

Holot peut accueillir 3.300 migrants et est appelé à se développer, pour finalement atteindre une capacité de 6.000 et 9.000 personnes, selon Yitzhak Aharonovitch, ministre de la Sécurité publique d'Israël.

Le sentiment anti-clandestins africains a atteint un niveau préoccupant, nourri par des discours haineux comme on peut le voir dans cette vidéo publiée par Djemila Yamina :

Ailleurs,  ceux sont des groupes extrémistes minoritaires qui s'attaquent aux immigrés. En Israël, le gouvernement et l'appareil judiciaire y prennent une part active. Déjà en juillet 2012, Allain Jules dénonçait sur son blog :

 Ce qui se passe en Israël actuellement est indigne. Entre un ministre qui demande que les clandestins soient simplement assassinés, puisqu’il recommande qu’on tire sur eux au moment où ils tenteront de franchir les frontières, un autre qui parle du risque d’impureté future de l’État d’Israël qui doit garder son caractère juif, la boucle est bouclée.

Selon un billet de Jean Shaoul publié sur cameroonvoice.com : 

En vertu de la loi israélienne, il est interdit aux immigrés de travailler tant qu'ils ne sont pas enregistrés comme demandeurs d'asile. Ce qui leur est pratiquement impossible. En effet, selon l’agence des Nations unies pour les réfugiés, alors que le taux de reconnaissance national moyen des demandeurs d’asile est de 39 pour cent, en Israël ce taux est inférieur à 1 pour cent. En Israël, la plupart des demandeurs d’asile sont des Erythréens et des Soudanais qui connaissent un taux de reconnaissance international moyen de 84 pour cent et de 64 pour cent respectivement.

 Dans un billet publié sur un blog de Mediapart, JOSEPH AKOUISSONNE écrit :

Ce racisme est incompréhensible de la part d’un peuple qui a souffert de l’abjection nazie, avec sa cohorte d'actes odieux visant à l'extermination des juifs. Pourtant, c'était bien Madame Golda Meir qui proclamait que  : « …les Africains et le peuple juif partagent des points communs. Ils ont été victimes de l’histoire : morts dans les camps de concentration ou réduits en esclavage… » Dans les années 1960, l'état d'Israël avait tissé des liens très forts avec le continent noir. Des étudiants africains étaient accueillis dans les kibboutz. Inversement, nombreux étaient les Israéliens qui allaient en Afrique pour soutenir le développement des états fraîchement indépendants. Il faut aussi rappeler le combat des juifs sud-africains, aux côtés de Nelson Mandela dans sa lutte contre l’apartheid. Sans oublier ceux qui s’engagèrent avec les militants des Droits Civiques aux États-Unis.

Quelle est l’importance du phénomène de l’immigration clandestine qui soulève autant de haine en Israël ? Pour y répondre, le site JOL Press cite les chiffres communiqués par l'association Freedom 4 Refugees :

“Environ 50 000 demandeurs d'asile et réfugiés africains vivent aujourd’hui en Israël. Nous avons fui la persécution, les forces militaires, la dictature, les guerres civiles et le génocide. Au lieu d'être traités comme des réfugiés par le gouvernement d'Israël, nous sommes traités comme des criminels » explique Freedom4Refugees.

“Nous réclamons l’abrogation de la loi, la fin des arrestations, et la libération de tous les demandeurs d'asile et les réfugiés emprisonnés”, ont encore déclaré les réfugiés dans une pétition relayée par l’association Freedom4Refugees. Principalement d'origine soudanaise, sud-soudanaise et érythréenne, les manifestants demandent également que les demandes d'asile soient effectuées de “manière individuelle, équitable et transparente ”.

Certaines de ces ONG qui se battent aux côtés des Africains soulignent le caractère discriminatoire des mesures contre les immigrés africains. Le site Al Monitor relève que:

At the same time, however, there are some 93,000 “tourists without valid visas” in Israel, about half of them from the former Soviet Union. Needless to say, the government is not building special detainment centers for them. The number of people requesting asylum is also significantly lower than the number of legal guest workers in Israel (approximately 70,000), much to the relief of those companies that arrange to bring them to the country and employ them.

Pourtant  il y a quelques 93 000 “touristes sans visa valide” en Israël, près de la moitié d'entre eux provenant de l'ex-Union soviétique. Inutile de dire que le gouvernement n'est pas entrain de construire des centres de détention spéciaux pour eux. Le nombre de personnes demandant l'asile est également significativement plus faible que le nombre de travailleurs étrangers en situation régulière en Israël (environ 70 000), au grand soulagement de ces sociétés qui organisent pour les amener dans le pays et les employer.

L'indifférence au niveau international est frappante. Dans un article publié sur Rue89, Renée Greusard décrit le racisme au quotidien contre les Noirs en Israël :

Quand nous abordons ce sujet ensemble, David Sheen, le journaliste américain, pèse ses mots et parle plus lentement :

“Le niveau de racisme actuel en Israël, il peut être comparé à ce qu’on a connu dans d’autres pays occidentaux, il y a cinquante, soixante ans. Les gens se font insulter dans la rue. Souvent, quand les Noirs entrent dans les bus, les gens se bouchent le nez, bloquent les places à côté d’eux, ouvrent les fenêtres, pestent : “Ah ! Mais on n’a pas besoin de tous ces Noirs !”

Dans les autres pays, les gens sont gênés par leurs pensées racistes. Ils ne les disent pas en public. Là, non. C’est un racisme assuré, et dont les gens sont fiers. “

Ces sentiments anti-noirs se retrouvent jusque dans les commentaires parus sur des blogs ou de médias en ligne comme lemonde.frseneweb.com, tempsreel.nouvelobs.com, etc.  

Chaque commentaire suscite souvent la passion et attire des adhésions ou des rejets. Ainsi, un article de Jack Guez sur news.yahoo.com a reçu 2 410 commentaires. Beaucoup de ces commentaires ont à leur tour attiré de nombreux “like”. Le commentaire suivant publié à la suite de cet article a récolté 82 avis favorables : 

People criticize Israel but no one says a thing about Saudi Arabia, why? 

Saudi Arabia expelled 200,000 Africans a few weeks ago!

Les gens critiquent Israël mais personne ne dit rien à propos de l'Arabie saoudite, pourquoi?
L'Arabie Saoudite a expulsé 200.000 Africains il y a quelques semaines !

 La mort d’Ariel Sharon a interrompu la série de manifestations. Mais les peines des sans-papiers en Israel ne sont pas terminées. Après avoir défilé devant les bureaux du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ainsi que devant des ambassades étrangères à Tel-Aviv, ils ont manifesté devant la Knesset, le Parlement israélien à Jérusalem. Cependant, le gouvernement continue à tenir des propos peu encourageants.

Combattre la corruption : Comores, Cameroun et Madagascar

lundi 13 janvier 2014 à 15:40
CPI Index 2013 for ssAfrica via Transparency International CC-License-BY

Index 2013 de perception de la corruption dans le secteur public pour l'Afrique sub-saharienne, par Transparency International CC-Licence-BY

Les habitants des Comores, du Cameroun et de Madagascar ne croient guère à l'honnêteté et l'intégrité du secteur public, à en juger par l’Index de perception de la corruption (IPC) du secteur public, établi chaque année par Transparency International.

Le rapport mesure les niveaux perçus de corruption du secteur public et “sert de rappel que l'abus de pouvoir, les marchés opaques et les pots-de-vins continuent à faire des ravages dans les sociétés du monde entier,” est-il écrit sur le site [anglais]. Sur une échelle de 0 (fortement corrompu) à 100 (très propre), plus des deux tiers des pays de l'index se situaient en-dessous de 50.

Les Comores et Madagascar étaient ex-aequo 127èmes sur 177 pays, avec une note de 28. Le Cameroun a fait pire, sortant 144ème avec une note de 25.  

Etat des lieux dans ces trois pays francophones d'Afrique. 

Comores

Etat de la corruption

March against Corruption in Moroni in November 2013 via Comores actualités - Public Domain

Marche contre la corruption à Moroni en novembre 2013 par Comores actualités – Domaine Public

Toyb Ahmed à Moroni pour AlWatan Info résume la situation en matière de corruption aux Comores :

Les Comores sont placées au 127ème rang sur 177 pays évalués, avec la note de vingt-huit points sur cent. L’archipel grignote encore six places en comparaison au classement de 2012. l’installation de la Commission nationale de prévention et lutte contre la corruption (Cnplc) par le président Ikililou Dhoinine avait posé la première pierre. Dans la foulée, le chef de l’Etat avait concrétisé sa volonté de transparence dans la chose publique par la signature du décret d’application instituant l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp). La Justice comorienne est régulièrement pointée du doigt, accusée de laxisme dans la répression des actes de corruption.

Solutions

Al-hamdi Abdillah Hamdi, un journaliste-citoyen de Moroni, a proposé les mesures suivantes pour faire baisser le niveau de corruption aux Comores :

On peut noter la mise en place de la Commission anti corruption et l'organe de contrôle des passations des marchés publics.
L'avocat franco-comorien Me Ben Ali Ahmed avait récemment dressé un constat d'échec dans la lutte contre la corruption en indiquant que les mauvais comportements n'ont pas changé d'un iota. En plus des pratiques peu musulmanes dans les administrations publiques et leurs incapacités à rendre des comptes aux citoyens, les forces vives de la nation regrettent régulièrement l'impunité dont bénéficient certaines autorités.

Cameroun

Etat de la corruption

Le haut niveau de corruption au Cameroun reste un gros souci. Malgré la pression internationale et d'innombrables plans et lois anti-corruption échafaudés depuis dix ans, la pratique reste omniprésente dans le quotidien des Camerounais.

Plus de 50 % des ménages camerounais auraient payé au moins un pot-de-vin [anglais]. Selon Samuel Ekoum, président de l'ONG camerounaise SOS Corruption, l'Etat camerounais perd en moyenne 400 milliards de francs CFA francs (about 610 millions d'euros) par an du fait de la corruption.

Solutions

Divers organismes appliquent un certain nombre de programmes pour contrôler la distribution de l'aide au Cameroun ; un de ces projets est décrit dans la vidéo ci-après, où l'on voit une ONG surveiller l'usage approprié des fonds d'aide pour des projets immobiliers :

Ben Christy Moudio de Douala analyse les raisons du fréquent fiasco dans son pays de la lutte contre la corruption :

Dynamique Citoyenne, réseau de suivi indépendant des politiques publiques et des stratégies de coopération, réclame à nouveau que les hautes personnalités dont le président de la république Paul Biya concernées par cet article, se plient aux injonctions de la loi en déclarant leurs biens. Le non respect de ces dispositions légales étant entre autres un facteur qui favorise les détournements des derniers publics et la corruption au Cameroun. Justement, le classement 2013 de l’indice de perception de la corruption  a repositionné comme en 2012, le Cameroun à la 144e place. l’incapacité du Cameroun à s’insérer dans une logique démocratique et à réellement mettre en œuvre les mécanismes de lutte contre la corruption justifient l’attribution dans cet indice de la note de 25/100.

Madagascar

Etat de la corruption

Dans son Index 2013, Transparency International écrit à propos du niveau accru de corruption à Madagascar :

Parmi les secteurs les plus corrompus à Madagascar, l’on peut citer la gendarmerie nationale, les collectivités territoriales décentralisées, la justice, le service foncier et l’éducation. 58% des enquêtées estiment que le niveau de la corruption a augmenté durant les deux dernières années et le secteur juridique est vu comme étant l’organisme public le plus corrompu. 32% de la population enquêtée ont affirmé avoir payé un pot-de-vin, soit pour accélérer le processus auprès d’un service public quelconque, soit parce que c’est l’unique moyen pour un aboutissement, tandis que 54% ont déclaré que les actions du gouvernement pour combattre la corruption sont inefficaces.

Solutions

Le système judiciaire joue un rôle crucial pour garantir que la corruption soit maintenue au plus bas. En préserver l'indépendance est essentiel pour assurer que toutes les mesures anti-corruption soient applicables. Selon le rapport sur la corruption mondiale de Transparency International, quelques principes peuvent être mis en oeuvre pour garantir la crédibilité du système [PDF, en anglais] : 

  • Les magistrats doivent déclarer leurs revenus à un organisme indépendante
  • les membres de la cour suprême doivent être élus par leurs pairs
  • les règles de désignation des juges doivent être rendues publiques
  • Tout paiement au tribunal doit faire l'objet d'un reçu
  • Une procédure de référé contre les fonctionnaires corrompus doit être mise en place