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Oumida Akhmedova, femme et cinéaste censurée d'Ouzbékistan

dimanche 13 septembre 2015 à 20:17

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Ceux qui ont vu son film, Le Fardeau de la virginité, y ont retrouvé la condition féminine universelle, et pas seulement celle qui prévaut en Ouzbékistan, pays d'Asie Centrale.

Oumida Akhmedova, cinéaste et photographe, préfère se définir moins comme une dissidente vivant dans un des Etats les plus répressifs de la région, que comme une artiste créditée de vingt années de réussites.

Oumida est une des rares femmes investie dans la réalisation de films documentaires et de photographie dans l'Ouzbékistan contemporain, une république enclavée de 30 millions d'habitants devenue indépendante de l'Union Soviétique en 1991.

Diplômée en 1986 de l'Institut du Cinéma en Russie, elle a aussitôt débuté une carrière artistique longue mais de plus en plus troublée.

Photo by Umida Ahmedova. Used with permission.

Photo Oumida Akhmedova. Utilisée avec autorisation.

Les ennuis d'Oumida avec l'Etat ouzbek ont commencé à la suite de deux documentaires et la publication d'un livre de photos en 2007, qui ont constitué le fondement d'une procédure pénale à son encontre.

Début 2010, elle a été accusée de diffamation et injure selon les articles 139 et 140 du code pénal d'Ouzbékistan. Un jury d'experts a statué dans ce cadre qu'elle avait avec son mari et partenaire de création Oleg Karpov discrédité les traditions et valeurs du peuple ouzbek en présentant “une information négative, susceptible d’ affecter négativement l'état moral et psychologique de la jeunesse”.

Le 11 février 2010, Oumida a été reconnue coupable et condamnée à six mois d'emprisonnement ou deux à trois ans en camp de travail, un verdict qui a aussitôt provoqué des protestations à Moscou et Paris.

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Photo Oumida Akhmedova. Utilisée avec autorisation.

Si elle a été ensuite amnistiée pour la fête nationale de l'Ouzbekistan fin août, sa vie n'est pas devenue facile pour autant. Tout dernièrement, son mari s'est vu retirer ses fonctions de directeur du Musée du Cinéma d'Ouzbékistan parce qu'il avait signé l'an dernier une pétition en soutien au mouvement de contestation Maïdan en Ukraine.

Global Voices s'est entretenu avec Oumida sur son combat artistique et personnel actuel, vécu à travers le prisme du profond conservatisme de l'Ouzbékistan.

Global Voices (GV): D'où est venue l'idée du “Fardeau de la Virginité”, et comment avez-vous vécu le tournage ?

Идея создания фильма о том как в мусульманских странах проверяют на девственность, была у меня давно.
Даже не столько проверка столько жертвы. В то время , почти 10 лет назад люди не боялись говорить свое мнение, сьемки шли спокойно. Но режиссер Олег Карпов тогда не хотел писать фамилии людей кто говрил в фильме. Потом мы поняли, что он сделал правильно.

Oumida Akhmedova (UA): J'avais depuis longtemps l'idée de faire un film sur la vérification de la virginité dans les pays musulmans.

Ce n'est pas tant un film sur la vérification elle-même que sur ses victimes. A l'époque, il y a presque 10 ans, les gens n'avaient pas peur d'exprimer leur opinion, et le tournage se passait calmement. Mais Oleg, le réalisateur, n'a pas voulu alors qu'apparaissent les noms de ceux/celles qui parlaient dans le film. [Note de l'auteur : la deuxième partie du film contient des entretiens individuels sur le déshonneur social et le conservatisme]. Nous avons compris par la suite que nous avions bien fait.

GV: Que serait-il arrivé, à votre avis, à ces personnes si elles n'avaient pas été anonymes ?

В любом случае, это хорошо, что было анонимно.

UA: Dans tous les cas, l'anonymat était une bonne chose.

Photo by Umida Ahmedova. Used with permission.

Photo Oumida Akhmedova. Utilisée avec autorisation.

GV: Dans quelles régions avez-vous filmé ? Parlez-nous de vos visites dans les zones rurales d'Ouzbékistan.

UA: Я всегда много снимаю народные обряды и ритуалы. В фильме использованы эпизоды из свадеб, которые снимались в основном Ташкентской области в регионе, где я родилась. Свадьбы здесь больше как фон и не имеют отношения к реальным героям. Кроме того как в начале фильма история рассказывает реальный человек-женщина, мать девушки, которая подвергалась проверке и потом ее выгнали.Есть интересный эпизод, где я наблюдала в Андижане за купающимся детьми, где одна девочка долго не может прыгнуть с моста на воду. Это получилось как образ. Женщины, которые продают головные уборы, это снято в Самарканде. Поверка на девственность не факт, что это происходить только в деревнях. В фильме есть две простые женщины, которые говорят об этом, одна из них, живет в отдаленном регионе в одной из южных областей Узбекистана, она говорить, что такого обычая проверять на девтсвенность у них нет. На самом деле, в ряде кишлаков нет такого обычая. Так что, проверка это не факт, что именно в кишлаках.Люди могут сделать вполне цивилизованную свадьбу, очень похожую на европейскую и при этом обязательно устроить проверку на девственность.

UA: J'ai toujours beaucoup photographié les cérémonies et rituels populaires. Dans le film il y a des séquences de mariages filmées principalement dans la région de Tachkent, où je suis née.

Les mariages sont plutôt là en arrière-plan et n'ont aucun lien avec les personnages réels. Après cela, le film commence avec l'histoire réelle d'une femme, la mère d'une jeune fille soumise à la vérification avant d'être chassée [par la famille du marié]. Dans un épisode intéressant, j'ai observé à Andijan des enfants se baigner. Une petite fille n'a longtemps pas pu sauter du pont dans l'eau. Une image qui s'avérait une métaphore.

Les femmes qui vendent des parures de tête nuptiales ont été filmées à Samarcande. La vérification de virginité ne se fait pas que dans les villages. Dans le film, il y a deux femmes ordinaires qui en parlent ; l'une d'elles vit dans une région reculée du sud de l'Ouzbékistan et dit que cette coutume de vérification de virginité n'y existe pas.

Et de fait, dans certains kishlatsi (villages) il n'y a pas de tel usage. La vérification n'est donc pas un fait propre aux kishlatsi. Les gens peuvent faire un mariage tout à fait civilisé très semblable à un mariage européen, et en sus arranger obligatoirement une vérification de virginité.

Photo by Umida Ahmedova. Used with permission.

Photo Oumida Akhmedova. Utilisée avec autorisation.

GV: Un jury d'experts a décidé que votre oeuvre donnait de l'Ouzbékistan une image négative et en sapait les valeurs spirituelles. Qu'est-ce qui, selon vous, a déplu à ce jury ?

Так называемая “экспертная комиссия” ничего не делает самостоятельно. Есть группа людей, которые “выполняют” “заказ” . Официально у нас нет цензуры, но когда если что-то не нравится есть такие “комиссия” и УЗАСИ(Узбекское агентство информации) агентство это “получает” “заказ” и проводить мониторинг. “Эксперты” эти “карманные”, когда нужно их “вытаскивают”. Уголовное дело-не они возбуждают.

UA: Cette soi-disant “commission d'experts” ne fait rien par elle-même. C'est un groupe de gens qui “exécutent les ordres”. Officiellement, nous n'avons pas de censure, Mais quand quelque chose ne plaît pas, une telle “commission” et UZASI (l'agence d'information ouzbèque) reçoivent un “ordre” et lancent une surveillance. Ces “experts de poche” sont tirés du chapeau quand on en a besoin. Ce ne sont pas eu qui intentent le procès pénal.

Umida Akhmedova. Personal archive. Used with permission.

Oumida Akhmedova. archive personnelle, utilisée avec autorisation.

GV: Qu'est-ce qui vous apporte à vous et votre mari un soulagement de vos problèmes au jour le jour ? Vous sentez-vous sous observation et contrôle dans votre vie quotidienne ?

К сожалению, мы сейчас мало делаем фильмы, у моего мужа отобрали его киноклуб “Музей кино”, мешали, когда он проводил фестивали видеоарта за свои же деньги. Какой еще контроль, когда у моего мужа отобрали все! Особенно после узбекского “майдана”, когда мы, группа людей пришли в посольство Украины в Ташкенте с петицией. Потом фотографировались у памятника Тараса Шевченко в Ташкенте. Мой муж подписал петицию, но не был у посольства. Были я и мой сын. Но “там” решили, что нужно наказать моего мужа, отобрали у него последнее…Мы не можем здесь показывать свое творчество, куда еще хуже.

Malheureusement, nous ne faisons plus de films, on a enlevé à mon mari le ciné-club du Musée du Cinéma, on lui a mis des bâtons dans roues quand il a monté des festivals de . vidéo-art avec ses propres deniers. Y a-t-il plus grand contrôle, quand on a tout enlevé à mon mari ! Surtout après le “Maïdan ouzbek”, quand nous sommes allés en groupe à l'ambassade d'Ukraine à Tachkent avec une pétition [de solidarité]. Nous nous sommes ensuite photographiés devant le monument à [l'écrivain ukrainien] Tarass Chevtchenko à Tachkent. Mon mari a signé la pétition mais n'est pas allé à l'ambassade. J'y ai été avec mon fils.

Mais “on” a décidé qu'il fallait punir mon mari et on lui a a enlevé ce qui lui restait… Nous ne pouvons pas montrer notre oeuvre ici, quoi de pire ?

GV: Pensez-vous être populaire dans votre pays ?

Я в своей стране была известна прежде всего как первая женщина фото-кино документалист, первая женщина кто получил профессиональное образование в Москве(ВГИК) . До того как открыли на меня уголовное дело, много раз выступала по узбекскому телевидению. Получали призы даже в Узбекистане-). Сейчас известна на Родине как художник-диссидент-) Большинсто людей кто был в хороших отношениях со мной боятся общаться-) Особенно после узбекского “майдана”.

UA: Dans mon pays j'ai été célèbre avant tout en tant que première femme documentariste photo et film, première femme à avoir reçu une formation professionnelle à Moscou (à l'Institut du Cinéma).

Jusqu'à ce qu'une affaire criminelle soit ouverte contre moi, je suis apparue de nombreuses fois à la télévision ouzbèque. J'ai même été primée en Ouzbékistan :). A présent je suis connue dans ma patrie comme une artiste dissidente :). La majorité des gens qui étaient en bons termes avec moi ont peur de me fréquenter :) Surtout depuis le “Maïdan ouzbek”.

Photo by Umida Ahmedova. Used with permission.

Photo Oumida Akhmedova. Utilisée avec autorisation.

GV: Vous avez été accusée de dépeindre l'Ouzbékistan comme un pays médiéval. Que répondez-vous ?

Коротко- это у людей , которые возбудили уголовное дело против моего творчества-мозги средневековые!

UA: En peu de mots – ce sont les gens qui ont suscité l'affaire pénale contre moi qui ont un cerveau moyen-âgeux !

GV: Quelle est la taille de la communauté de créateurs comme vous en Ouzékistan ? Comment parvient-elle à s'exprimer ?

В реальном Узбекистане я уже не вхожу ни в какую общность после того как Президент Академии Художеств Узбекистана приказал убрать часть работ моих учеников, потом узбекский “майдан” и большинство моего фотоклуба “отвернулись” от меня , я окончательно поняла, что паутина страха сильно окутала людей и работать или общаться с такими людьми нет =смысла. Мне с коллегами здесь неинтересно и не вижу никакого развития. Есть очень маленькое количество людей с кем общаюсь, но они “погоду” не делают.

Слава Богу! Есть интернет, социальные сети, группы, Мы с мужем сотрудничаем с художниками из Кыргызстана и Казахстана. Участвуем на разных фестивалях вне Узбекистана.

UA: Dans l'Ouzbékistan réel je n'entre plus dans aucune communauté depuis que le président de l'Académie des Beaux-Arts d'Ouzbékistan a ordonné d'enlever une partie des travaux de mes étudiants. Puis, après le “Maïdan ouzbek”, la plupart des participants de mon club photo “se sont détournés” de moi, et j'ai fini par comprendre qu'une toile d'araignée de peur enserrait ces gens et que travailler ou interagir avec de telles personnes n'avait pas de sens. Il est sans intérêt pour moi de travailler avec mes collègues et je ne vois aucune évolution. Il y a un très petit de nombre de personnes avec qui je suis en relation, mais elles sont sans pouvoir.

Dieu merci, il y a Internet, les réseaux sociaux, les groupes. Mon mari et moi collaborons avec des artistes du Kirghizistan et du Kazakhstan. Nous participons à divers festivals hors d'Ouzbékistan.

GV: Avez-vous pensé à émigrer, et si oui, pourquoi restez-vous ?

Об эмиграции никогда не думала. и не думаю, но не Дай Бог, будет очень опасно жить здесь(угроза жизни моих родных) конечно нужноэмигрировать. Но я оптимист, очень надеюсь, ч то в моей стране будет Мир!

UA: Je n'ai jamais envisagé l'émigration, ni dans le passé ni dans le présent, mais, à Dieu ne plaise ! si vivre ici devient très dangereux (ou si la vie de ma famille est menacée) il faudra évidemment émigrer. Mais je suis une optimiste, j'espère très fort que dans mon pays il y aura la Paix !

Photo by Umida Ahmedova. Used with permission.

Photo Oumida Akhmedova. Utilisée avec autorisation.

L’ accueil aux réfugiés : entre générosité et méfiance en France

dimanche 13 septembre 2015 à 19:28
Les manifestations dans les grandes villes européennes en faveur des réfugiés (sources diverses)

Les manifestations dans les grandes villes européennes en faveur des réfugiés (sources diverses)

Le 12 Septembre 2015, des centaines de milliers d'européens dans les centres urbains du continent sont descendues dans les rues pour montrer leurs solidarités avec les réfugiés qui traversent la méditerranée sur des embarcations de fortune.

L'accueil des réfugiés syriens s'organise dans toute l’ Europe de différentes manières. Les politiques nationales varient selon les pays aussi bien chez les politiques que chez les associations bénévoles. Malgré les efforts d'harmonisation entre les pays de l'Union Européenne, les disparités de mesure d'accueil entre les pays sont flagrantes: L'Allemagne  prévoit d’accueillir 98 700 réfugiés syriens en 2015 (et 500 000  par an sur les prochaines années) alors que la France en prévoit 6 700 sur 2015 (et 24 000 sur les 2 prochaines années) et le Royaume-Uni 7,000 (20 000 sur les 5 prochaines années.

Combinaison de données sur les réfugiés en Europe (sources:  The economist et The Independent)

Combinaison de données sur les réfugiés en Europe (sources: The Economist et The Independent)

Les initiatives citoyennes se multiplient aussi dans tous les pays en gage de solidarité avec les réfugiés. En Islande, 10.000 Islandais ont ouvert une page Facebook et lancé une pétition pour accueillir des réfugiés. En Allemagne, un groupe de citoyens ont lancé la plateforme «Bienvenue aux réfugiés» qui centralisent les foyers souhaitant partager leurs maisons avec les réfugiés. De nombreuses levées de fond se sont mis en place pour apporter de la nourriture aux migrants.

En France, une de ces initiatives est celle de l'association SINGA, qui se décrit comme une “communauté d’êtres humains souhaitant mieux se connaitre et mieux se comprendre”. Singa a lancé le projet CALM (Comme à La Maison) qui consiste en une plateforme connectant tous foyers souhaitant accueillir des réfugiés en France et ces derniers. Singa explique ainsi que :

Ce réseau permet la mise en relation entre des réfugiés mal logés ou sans domicile fixe et des particuliers. Pour cela, il s’appuie sur une communauté grandissante de citoyens souhaitant s’engager sur l’accueil des réfugiés et, à terme, sur une plateforme web qui permettra un impact plus important. Ce dispositif doit répondre, au-delà de l’hébergement, au besoin important et grandissant d’inclusion socio-professionnelle.

Pour se faire, l'association a créé un formulaire en ligne pour s'inscrire comme hébergents potentiels.

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Logo du projet CALM

Le site en ligne de libération a centralisé sur une carte toutes les associations venant en aide aux réfugiés en France, permettant de s'engager localement sur tout le territoire:

Associations venant en aide aux réfugiés en France via Libération en ligne

Associations venant en aide aux réfugiés en France via Libération en ligne

Cependant une grande partie de la population voit la venue des réfugiés avec méfiance. Un sondage Odoxa mené le 5 septembre montre  que 55% des français s'opposent à ce que la France fasse comme l’Allemagne et assouplisse les conditions d’octroi du statut de réfugié aux migrants (ce pourcentage aurait changé depuis les derniers jours).

Ainsi Isabelle explique qu'elle ne comprend pas toujours ce qui différe maintenant :

Migrants”, “réfugiés”, “immigrés”, la distinction n'est pas toujours évidente. Il faudrait d'abord qu'on nous explique clairement la différence.

Fabien pense qu'il faut d'abord traiter le problème à la source:

Je comprends ces gens, ils n'ont pas d'autre choix que de fuir les combats. Le problème est que nous ne occupons que des conséquences de ces guerres, pas de leurs causes. Nous sommes pourtant pleinement responsables de la situation en Syrie et en Libye.

Sylvain Attal explique en quoi ces réticences ne se justifient pas:

À défaut d’avoir pu et su intervenir il y a quatre ans, si nous voulons rester cohérents avec nous-mêmes, notre devoir est d’organiser dignement l’accueil de ces réfugiés. On enverra alors un message aux futures recrues de l’EI tentées de commettre des attentats sur notre sol  : nous ne sommes pas contre les musulmans. [..] Aucun dispositif sécuritaire ne dissuadera jamais ceux qui veulent fuir la guerre pour donner un avenir à leurs enfants de venir le chercher en Europe. Ils ne sont pas attirés, comme on l’entend souvent, par la générosité de notre système d’aides sociales mais souhaitent trouver ici des opportunités de gagner dignement leur vie. Si ce n’était pas le cas, ils ne choisiraient pas d’abord l’Allemagne ou le Royaume-Uni mais plutôt… la France ! [..] En Allemagne, Angela Merkel ne pense d’ailleurs pas que les réfugiés vont voler le travail des Allemands mais au contraire qu’ils peuvent contribuer à changer le pays, pour le meilleur. Elle pense qu’elle fait un investissement. Et en cela elle donne une leçon au reste de l’Europe qui n’est pas seulement morale, mais aussi économique.

Alors que certains montrent de la méfiance, un diplomates français a fait preuve d'un cynisme exacerbé devant la tragédie des réfugiés. Le consul honoraire de la France en Turquie, Françoise Olcay, a avoué profiter du désespoir des migrants à vouloir rejoindre l'Europe en vendant des canots pneumatiques et des gilets de sauvetage à des migrants et réfugiés cherchant à gagner la Grèce au péril de leur vie. La vidéo ci-après résume comment Olcay justifie ses actions :

 

Interrogée pour savoir pourquoi elle n'arrête pas ce commerce, elle répond que si elle arrête d'autres le poursuivront à sa place. Olcay a été suspendue de ses fonctions le 12 Septembre.  Erika Colognon Hajaji, journaliste/blogueur, pense que les actes du consule honoraire reflète l'échec global de la diplomatie dans la gestion des crises actuelles:

La diplomatie est bien le chainon manquant à tous nos dérapages et qui ont engendré toutes ces guerres préventives et ouvertures de voies de circulation des migrants, mais aussi des intégristes qui ont pris la Libye dès que Sarkozy l'a… libérée. L'échec premier est de la responsabilité de cette diplomatie. Notre diplomatie en général, celle de l'Afrique, de l'Asie, de la France, de l'Europe, doit mieux œuvrer a être apte à endosser les responsabilités qui sont les siennes. Car on ne civilise avec aucun canon.

 

 

Porto Rico face à sa crise économique

dimanche 13 septembre 2015 à 10:33
Photo by author.

Photo de l'auteur.

Des représentants de la société civile portoricaine se sont organisés pour mener la lutte contre les mesures mises en place le gouvernement en réponse à la crise économique.

Une grande part de ces mesures émanent du dénommé « rapport Krueger » [en], élaboré par l'ex-directrice générale adjointe du Fond Monétaire International, Anne Krueger. Le rapport recommande [es] la réduction des dépenses publiques, l'augmentation des impôts, la réduction du salaire minimum, entre autres mesures.

Plusieurs membres de la société civile ont appelé à divers événements l'été passé. Certains sont sortis avec des pancartes dans la zone bancaire et financière de Hato Rey —à San Juan—, alors que d'autres groupes se réunissaient dans des amphitéâtres, des parcs ou des librairies.

Global Voices s'est entretenu avec le groupe #A12J qui a lancé l'assemblée du 12 juillet et qui a participé à la réunion Action du Peuple réalisée en face du Capitole le 24 juillet dernier. L'entrevue a été réalisée de façon collective.

Au sujet de qui organisait la réunion et de ses objectifs, ils notent que : « L'assemblée a été convoquée par un groupe d'artistes de tous types, intéressés à impulser des processus collaboratifs esthétiques/politiques/poétiques, de façon ouverte et décentralisée ».

Pour ces portoricains tout doit être discuté : le sujet, la forme, la structure et comment communiquer à la suite de cette première assemblée. Par ces délibérations il était clair pour le groupe que la réunion de tant de participants divers leur donnerait de l'inspiration pour « réaliser des projets concrets, des actions directes et d'autres interventions ». Ils pointent que la façon de s'organiser était « autonome, du bas vers le haut. L'assemblée en elle-même n'est pas une organisation ».

Dans l'appel initial, il était fait référence à l'utilisation de méthodes non traditionnelles pour s'exprimer :

Fue una asamblea convocada, en parte, por y para una comunidad que usualmente está en minoría frente a procesos políticos tradicionales. Es una que se dedica a generar nuevas formas de relaciones sociales, nuevas economías, nuevas maneras de educarse; que incluso piensa su trabajo artístico como un trabajo político.

C'est une assemblée convoquée, en partie, par et pour une communauté qui habituellement est en minorité face aux processus politiques traditionnels. Elle se dédiée à générer de nouvelles formes de relations sociales, de nouvelles économies, de nouvelles manières de s'éduquer ; et qui pense son travail artistique comme un travail politique.

Sur les résultats produits par cette première réunions, ils ont indiqué que :

La asamblea produjo una serie de grupos de trabajos: uno anti-carcelario; sobre recuperación y acceso a espacios; de guías gráficas para un nuevo país; sobre la industria del cannabis; de acción directa; uno de medios, y otros 4 o 5 grupos. Estos se formaron y reunieron por primera vez en la asamblea y están estableciendo próximas reuniones presenciales.

L'assemblée a produit une série de groupes de travail : un contre la prison ; un sur la récupération et l'accès aux espaces ; un pour des guides graphiques pour construire un nouveau pays ; un sur l'industrie du cannabis ; un sur l'action directe ; un sur les médias ; et 4 ou 5 autres groupes. Ils se sont formés et réunis pour la première fois durant l'assemblée et sont en train d'établir de prochaines réunions.

Ils mettent en avant que cette rencontre ne prétendait par atteindre un consensus, sauf s'il émanait spontanément :

Sabemos que estamos convocando a gente que ya se educan en cuanto lo político y tienen muchas ideas sobre acciones que se pueden o deben tomar, si es que no lo están haciendo ya. A una comunidad diversa, inteligente, alérgica a los discursos y los modos de organización jerárquicos e impositivos. A las mesas de discusión de expertos, no se le puede convocar para llegar a consensos ni ofrecer una posición política de antemano. Ofrecimos una estructura para la auto-organización. La asamblea le pidió a cada persona una manera de tomar acción; da la oportunidad para que el ‘consenso’ se produzca mediante la acción de los participantes.

Nous savons que nous en appelons à des gens qui s'informent déjà sur la politique et qui ont beaucoup d'idées sur les actions qu'ils peuvent ou doivent mener, s'ils ne sont pas déjà en train de le faire. C'est une communauté diverse, intelligente et allergique aux discours et aux modes d'organisation hiérarchiques et imposés. Sur des tables rondes d'experts, on ne peut pas espérer atteindre un consensus ni offrir d'emblée une position politique. Nous offrons une une structure pour l'auto-organisation. L'assemblée a demandé à chaque personne une façon de passer à l'action ; elle donne l'opportunité pour que le « consensus » se produise par l'action des participants.

Ils disent ne pas espérer rencontrer la réceptivité des responsables gouvernementaux aux propositions produites par l'assemblée :

No estarán receptivos, pero ellos tienen muy poco poder ahora mismo. Y el poco que tienen no lo ejercen a favor de los ciudadanos, sino a favor de los acreedores. Posiblemente los administradores gubernamentales no tienen ni una silla en la mesa de esta discusión. Estamos entre acreedores y procesos políticos más amplios y globales. Tenemos que reconocer nuestro propio poder como ciudadanos, organizarnos, encontrar los puntos de presión reales y proponer nuevas relaciones sociales y formas de vivir, que no dependan de todo tipo de saqueo e injusticia para ‘funcionar’.

Ils ne seront pas réceptifs, mais ils ont beaucoup moins de pouvoir à cet instant. Et le peu qu'ils ont ils ne l'utilisent pas en faveur des citoyens, mais en faveur des créanciers. Potentiellement les responsables gouvernementaux n'ont même pas une chaise à la table des négociations. Nous sommes entre des créanciers et processus politiques plus amples et globaux. Nous devons reconnaître nôtre propre pouvoir en tant que citoyens, nous organiser, trouver les points de pression réels et proposer de nouvelles relations sociales et façons de vivres, qui ne dépendent pas de toute sorte de pillage et d'injustice pour « fonctionner ».

Au sujet de l'assemblée, ils réaffirment qu'elle n'existe pas comme organisation. « Pour l'instant, les groupes font leur travail et s'organisent à travers une plateforme/réseau. Quiconque peut s'insérer dans un groupe. Si un ensemble de groupes considèrent que c'est important ou nécessaire, peut-être que dans le futur ils nous reconvoquerons pour nous parler des différents groupes et prévoir des choses qui ne peuvent se faire qu'en personne ».

Il y a encore des start-ups en Irak

samedi 12 septembre 2015 à 16:43

Ahmed Marwan raconte l'histoire de quelques start-ups irakiennes à Wamda, un an après la prise de contrôle par ISIS de certaines zones d'Irak.

Qu'est-ce qu'il y a de plus incertain que calculer les probabilités de réussite d'une start-up dans une ville située à moins de  50 km du chaos créé par ISIS?

Voilà exactement ce que c'est d'être un entrepreneur à Baghdad:  ils travaillent dans des conditions d'incertitude extrême.

Marwan cite quelques start-ups irakiennes et conclut :

Ces jeunes types et les autres entrepreneurs ont prouvé une chose : l'esprit d'entreprise en Irak à un potentiel illimité face à l'adversité.

L'insécurité, la crise financière irakienne, les infrastructures détruites, le peu de connaissance des investisseurs locaux du milieu des start-ups et d'autres obstacles majeures sont des arguments de poids pour ceux qui veulent douter et nier dans le débat sur le futur de l'entreprendrait en Irak.

Mais les entrepreneurs demandent à clore le débat et continuent à faire ce qu'ils font le mieux : survivre dans ce marché brutal et essayer de se faire un nom.

La Russie interdit la diffusion d'un discours de Alexey Navalny, du leader de l'opposition

samedi 12 septembre 2015 à 10:29
Un discours prononcé par Alexey Navalny (à droite) durant son procès vient d'être interdit en Russie. Image de Kevin Rothrock.

Un discours prononcé par Alexey Navalny (à droite) durant son procès vient d'être interdit en Russie. Image de Kevin Rothrock.

Les censeurs russes ont interdit une série de vidéos politiques sur YouTube qui mettent en scène des appels à l'activisme anti-Poutine. Ont notamment été interdits des enregistrements du discours de clôture que le leader d'opposition Alexey Navalny a prononcé en décembre 2014 lors de son procès, alors qu'il était accusé de fraude et de blanchiment d'argent — il avait finalement écoppé de 3,5 années de prison avec sursis. Le procès avait été très critiqué car perçu comme une attaque contre Navalny, dont le discours de clôture fut un réquisitoire vigoureux contre le régime de Poutine. Les censeurs ont également interdit la vidéo d'une manifestation à Nizhny Novgorod soit-disant organisée contre “Poutine et les occupants du Kremlin”.

Fin décembre 2014, alors que Moscou attendait de savoir si Navalny serait envoyé en prison, l'opposition et l'Etat se sont livrés à une véritable course médiatique. Des activistes ont commencé à faire de la publicité pour une manifestation non autorisée hors des murs du Kremlin, et la performance passionnée de Navalny au tribunal a fourni une parfaite source d'inspiration pour les vidéos promotionnelles de la manifestation.

Les responsables de la censure ont tout d'abord fait pression sur Facebook pour qu'il bloque la page principale de l'événement de la manifestation, mais Moscou a ensuite rapidement soit perdu de l'influence sur le réseau social, soit décidé de changer de tactique. En guise de remplacement, les pages Facebook d'événements ont commencé à se multiplier ; alors que devenait plus probable la tenue d'un rassemblement illégal juste au dehors du Kremlin, prévu pour le 15 janvier 2015, la court annonça contre toute attente son verdict de suspension de peine le 30 décembre 2014, supprimant l'apparent besoin d'une manifestation de masse deux semaines plus tard. Comme l'affirme Ilya Klishin de TV Rain dans une récente chronique sur Slon.ru, “à la fin, les supporters de Navalny ne servaient qu'à utiliser les réseaux sociaux américains [Facebook et Twitter] pour savoir pourquoi si peu de personnes avaient pris part au rassemblement du 15.”

La répression gouvernementale de cette semaine contre deux douzaines de vidéos YouTube cible avant tout les contenus liés à la manifestation de décembre 2014 qui n'a pas vraiment eu lieu. Cela fait plus de huit mois que le procureur général de Russie a ordonné l'interdiction de ces pages, mais ce n'est que récemment que Roskomnadzor, l'organe de censure du Kremlin, les a ajoutées à sa liste de sites internet illégaux. Selon Rublacklist.net, il est fréquent que les censeurs “oublient [les ordres du procureur général] et ne traitent les requêtes que des mois ou même une année après que les procureurs les aient soumises, essayant de résoudre le problème avec des services spécifiques, sans devoir bloquer les sites.”

Roskomnadzoz a agi aujourd'hui en accord avec une demande formulée par les procureurs en décembre dernier. Grâce aux amendements passés en 2013, le procureur général de Russie est autorisé à ordonner le blocage immédiat de toute ressource en ligne à partir du moment où il est considéré qu'elle contient des éléments “extrémistes”. Roskomnadzor a pour mission de mettre en oeuvre ces décisions. 

Vadim Ampelonsky, l'attaché de presse de Roskomnadzor, a déclaré à Roem.ru qu'il n'y avait aucun danger que les Russes perdent totalement l'accès à YouTube, bien que le service utilise le protocole HTTPS, dont les censeurs ont récemment affirmé qu'il nécessitait le blocage d'un site dans son entier et pas seulement d'une seule de ses pages.