PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

La télévision d'Etat russe rectifie Wikipédia pour accuser l'Ukraine du crash de l'avion malaisien

vendredi 18 juillet 2014 à 15:46
The war in Ukraine moves to Wikipedia. Images mixed by author.

La guerre en Ukraine se déplace sur Wikipédia. Montage d'images de l'auteur.

Au lendemain de l'horrible catastrophe aérienne en Ukraine orientale, qui a coûté la vie à près de 300 personnes, les hypothèses vont bon train sur le tireur qui a abattu l'avion. Les responsables ukrainiens et russes, sans oublier les séparatistes de Donetsk, se renvoient mutuellement la responsabilité. A Kiev, le président Porochenko a accusé les rebelles de l'Est et  critiqué la Russie qui déstabiliserait la frontière. A Moscou, Vladimir Poutine a affirmé que tout ce qui se passe en Ukraine est du ressort de Kiev. Le chef putatif de Donetsk nie tout rôle dans le tir sur le vol malaisien MH17, pour lui forcément dû à l'Armée de l'air ukrainienne.

Cela n'étonnera guère que le jeu des accusations se soit maintenant déplacé sur Wikipédia, où les correcteurs peinent à suivre les polémiques reflétant le mieux les différentes versions de l'histoire. Ce matin, l’entrée de Wikipédia en russe sur les accidents de l'aviation civile a été le siège d'un de ces accrochages, lorsqu'un internautes ayant une adresse IP localisée à Kiev a modifié la mention du MH17 pour indiquer que l'avion avait été abattu “par des terroristes de la République populaire autoproclamée de Donetsk avec des missiles Buk, reçus de la Fédération de Russie par les terroristes.” Dans l'heure, quelqu'un avec une adresse IP de Moscou remplaçait ce texte par la phrase “L'avion a été abattu par des militaires ukrainiens.”

Grâce à un bot Twitter qui retrace les corrections anonymes faites sur Wikipédia depuis des adresses IP utilisées par l'administration russe, nous savons que la seconde modification à l'article sur le vol MH17 émane d'un ordinateur à VGTRK, la Compagnie d'Etat pan-russe de télévision et de radiodiffusion.

Un article sur Wikipédia de listes de catastrophes aériennes a été modifié par VGTRK.

VGTRK est le royaume de Dmitri Kisselev, l'officieux propagandiste en chef du Kremlin. Kisselev s'est fait connaître par ses critiques violentes des gouvernements de Kiev et Washington. Pendant la crise de Crimée, il a fanfaronné un jour à la télévision que la Russie reste “le seul pays au monde capable de transformer les USA en poussière radioactive”. En juin, deux journalistes de VGTRK ont été tués près de Louhansk après s'être trouvés sous des tirs de mortiers alors qu'ils accompagnaient des rebelles locaux. Nadia Savtchenko, la pilote d'hélicoptère capturée en Ukraine par les séparatistes et transférée il y a quelques jours à Voronèj, séjourne en ce moment dans un centre de détention russe, accusée de participation à l'attaque qui a tué les reporters de VGTRK.

Le compte Twitter qui a révélé l'activité Internet de VGTRK, @RuGovEdits, en reproduit un autre, @CongressEdits, qui piste les corrections Wikipédia depuis des adresses IP au Congrès des Etats-Unis. Le code pour CongressEdits, oeuvre du programmeur Ed Summers, est un logiciel ouvert et peut être aisément configuré pour guetter les corrections anonymes d'IP de toute provenance.

La junte thaïlandaise resserre l'étau sur la liberté d'expression en ligne

vendredi 18 juillet 2014 à 14:10
The National Council for Peace and Order (NCPO) is the official name of the junta government in Thailand. Photo from NCPO Facebook page

Conseil national pour la paix et le maintien de l'ordre (CNPO) : le nom officiel du gouvernement de la junte militaire en Thaïlande. Photo tirée de la page Facebook du CNPO.

Sauf indication contraire, les liens dirigent vers des pages en anglais.

Depuis le coup d'État du mois de mai, les méthodes de contrôle de la liberté d'expression en ligne utilisées par la junte thaïlandaise sont de plus en plus sophistiquées.

Une nouvelle étude effectuée par Citizen Lab a mesuré l'accessibilité à différentes pages web en Thaïlande entre le 22 mai et le 26 juin 2014 et ainsi confirmé que 56 URL avaient été bloquées dans le pays. Plusieurs sites d'information en ligne (locaux et internationaux) ayant critiqué le coup d'État ont été censurés. Par ailleurs, des outils de contournement et des comptes d'utilisateurs ayant partagé des messages soi-disant « anti-coup » sur des réseaux sociaux ont été bloqués.

Bien que le filtrage d'Internet ait pu être source d'inquiétude sous différents gouvernements thaïlandais, élus ou non, jusqu'à récemment, les pratiques des autorités étaient assez inconsistantes. La plupart des filtrages ciblaient des sujets comme la sécurité, le terrorisme, ou étaient à but social, comme le blocage des jeux d'argent ou de la pornographie en ligne. Mais l'adoption en 2007 de la loi sur les ‘crimes informatiques’ conjuguée à celle destinée à réprimer les crimes de lèse majesté (une loi sur les insultes contre la monarchie) ont eu pour conséquence une nette augmentation des répressions pour motifs politiques. Alors que le conflit politique s'intensifiait dans le pays, des groupes et des membres de l'opposition ont été de plus en plus ciblés sur internet. Il a été constaté que des fournisseurs d'accès internet publics comme le TOT ont filtré davantage de contenus que des fournisseurs d'accès privés comme True Corporation.  

Quand l'armée royale thaïlandaise a lancé le coup d'État le 22 mai 2014, les responsables militaires ont promis qu'ils seraient plus stricts que le précédent gouvernement, lui aussi issu d'un coup d'État. Le général Prayuth Chan-ocha, responsable du coup d'État et actuel premier ministre, a déclaré que la Thaïlande avait besoin d'un médicament « extra-fort » pour guérir du malaise politique dont le pays est atteint depuis 10 ans.

Le dernier régime issu d'un coup d'État ne donnait pas l'impression de prendre Internet au sérieux, contrairement au régime actuel, qui a fait preuve de plus d'initiative en imposant un contrôle de l'information plus strict et plus large.

Les résultats des tests du réseau Citizen Lab montrent qu'au cours des jours qui suivirent le coup d'État, les blocages ont été « très dynamiques ». 

… après les blocages des premiers sites web, des résultats de tests montrèrent que de nouveaux sites étaient bloqués chaque jour. Les techniques utilisées étaient également dynamiques puisque les pages affichées lors des blocages et leurs services d'hébergement changeaient aussi régulièrement.

Des chercheurs ont trouvé que différents fournisseurs d'accès bloquaient des contenus différents : « Combinés entre eux, ces changements reflètent un contexte instable au sein duquel l'utilisation du filtrage d'Internet a évolué rapidement au fur et à mesure de la progression du coup d'État. »

En vue d'uniformiser les pratiques de filtrage, l'armée a convoqué les directeurs de fournisseurs d'accès à internet Thaïlandais à une réunion où il leur a été demandé de faire preuve de « coopération » dans la surveillance. Dans un premier temps, il a été exigé que les fournisseurs d'accès remettent une liste des URL à bloquer sous une heure au ministère des technologies de l'information et de la communication, à la police chargée de la cyber-criminalité, ou à la commission nationale de l'audiovisuel et des télécommunications.

Le filtrage d'Internet a également proliféré, parallèlement à d'autres mesures de restriction de l'information. Les média traditionnels comme la télévision, les stations de radio, le câble ou les journaux ont été placés sous étroite surveillance et ont été sujet à la censure de la junte sur des sujets d'information politique.  

Le nouveau gouvernement a également essayé, sans succès, d'obtenir la coopération de géants comme Facebook, Twitter, Google ou l'application de chat sur mobile LINE. Incapable de s'assurer le soutien de ces réseaux sociaux clés, l'armée semble s'être tournée vers des méthodes éthiquement discutables pour récolter des adresses email d'utilisateurs, selon le réseau Thaï Netizen.

S'agissant de durcir sa position sur le contrôle de l'information en ligne, la junte thaïlandaise a jusqu'ici tenu promesse. Le coup d'État pourrait avoir involontairement mené les autorités à uniformiser les mesures de censure et à mettre de nouveaux outils de régulation et de surveillance d'Internet à la disposition de l'État.

Les Malaisiens et le crash du vol MH17 : “Quelle que soit la nationalité, nous sommes unis dans la douleur”

vendredi 18 juillet 2014 à 13:45
Family members rushed to Kuala Lumpur International Airport when informed about the flight MH17 crash. Photo by Danny Chan, Copyright @Demotix. (7/18/2014)

Les familles des passagers se sont précipitées à l'aéroport international de Kuala Lumpur en apprenant le crash du vol MH17. Photo Danny Chan, Copyright @Demotix. (7/18/2014)

Le vol MH17 de la compagnie aérienne Malaysia Airlines, effectuant le trajet Amsterdam-Kuala Lumpur, s'est écrasé dans l'est de l'Ukraine, faisant 298 victimes, la totalité des passagers et membres d'équipage.

La plupart des informations attribuent l'accident à un tir de missile, à approximativement 50 km de la frontière Ukraine-Russie. Le gouvernement ukrainien accuse les insurgés pro-Russes d'avoir tiré un missile sol-air BUK pour abattre l'avion, mais les leaders des rebelles ont démenti.

Cette infographie présente le plan de vol et le lieu du crash du vol MH17 :

Infographie: lieu du crash, et plan de vol du vol MH17 - pic.twitter.com/JkPwUJAv8u

 Le premier ministre malaisien, Najib Razak, a assuré à ses électeurs que ceux qui ont tiré sur l'avion seraient traduits en justice.

C'est un jour tragique, dans une année qui a déjà été tragique, pour la Malaisie.

S'il est avéré que l'avion a en effet été touché par un missile, nous insistons pour que les responsables soient traduits rapidement en justice. 

Les passagers et les membres d'équipage venaient de nombreux pays différents.

 Mais aujourd'hui, quelle que soit leur nationalité, nous sommes tous unis dans la douleur.

 

 Il a également précisé que l'itinéraire de l'avion, même s'il passait directement au-dessus d'une zone de confit, avait été déclaré sûr par l'Organisation internationale de l'aviation civile. 

Flight MH17 crashed in eastern Ukraine. Photo by  Danny Chan, Copyright @Demotix (7/18/2014)

Le vol MH17 s'est écrasé à l'est de l'Ukraine. Photo Danny Chan, Copyright @Demotix (7/18/2014)

Le crash du vol MH17 est le second drame que connait la compagnie Malaysan Airlines, un autre Boeing 777-200 a disparu cette année. Le 8 mars, le vol MH370 de la Malaysian Airlines transportant 237 personnes a disparu juste une heure après son décollage de Kuala Lumpur, en route vers Pékin. Le vol MH370 et ses passagers sont toujours portés disparus.

La fille d'un membre de l'équipage du vol MH370 a tweeté un message de soutien aux familles et amis des passagers du vol MH17 :

En tant que membre de la famille d'un membre de l'équipage du vol MH370, et en leurs noms à tous, nous prions pour MH17. Soyez fortes, chères familles.

Josie Fernandez, de Transparency International Malaysia, réclame une enquête complète sur l'accident :

Ce qui est arrivé est sans précédent : la Malaisie est le seul pays où la même compagnie, le même type d'avion, sont impliqués dans des tragédies entrainant la perte de nombreuses vies, en quelques mois. Le vol MH370 n'a pas été retrouvé.

La Malaisie doit exiger une action internationale pour cette tragédie sans précédent. Il s'agit d'un avion de passagers. Nous ne sommes en guerre contre aucune nation. 

Ecrivant pour The Ant Daily, Alyaa Alhadjri compare le tir sur le vol MH17 à un ‘meurtre de masse’:

Pourquoi les vols commerciaux volent-ils toujours au-dessus d'une zone de conflit, où des avions ont été pris pour cibles, et où il leur est demandé de se tenir au large de cet espace aérien.

Quelles que soient les causes du crash d'un nouveau Boeing 777 de la compagnie MAS, le second en 133 jours, perdre 537 personnes dans deux catastrophes aériennes n'aide pas à relever la confiance des passagers dans la compagnie nationale. 

La Malaisie est à nouveau en deuil après un nouveau drame aérien, et il semble inévitable que les citoyens presseront à nouveau leur gouvernement d'expliquer la disparition mystérieuse du vol MH370.

Discussions autour des ordinateurs portables boliviens Quipus

vendredi 18 juillet 2014 à 13:36
Quipus

Photo d’un quipus, partagée par Phil Dokas sur Flickr (licence CC BY-NC-SA 2.0).

Le gouvernement bolivien a annoncé récemment la mise en place d’un nouveau programme dans le cadre duquel les élèves de dernière année d’enseignement secondaire auront accès à un nouvel ordinateur portable. Cette machine, baptisée Quipus, est assemblée à El Alto, une ville située dans la banlieue de La Paz. Ce mot quechua désigne un système d’écriture des nombres sous forme de séries de cordelettes sur lesquelles les Incas faisaient des nœuds.

Fernando Balderrama, blogueur et développeur, salue l’initiative et souligne les avantages d’offrir un accès à la technologie à un plus grand nombre de secteurs de la société. Sur son blog, il compare le coût des ordinateurs assemblés à El Alto et de ceux vendus dans les magasins spécialisés. Toutefois, il s’étonne du fait que des logiciels propriétaires soient préinstallés sur ces ordinateurs [ES] :

Supuestamente el Gobierno promueve el uso de software libre, y buscan que Bolivia tenga soberanía tecnológica en base al software libre. Pero parece que esto es solamente en palabras, ya que los hechos dicen otra cosa. Las laptops quipus ensambladas en Bolivia vienen con Windows, el cual además de ser software privativo, encarece el costo final por el pago de licencias que deben hacer a Microsoft.

Le gouvernement est censé promouvoir l’utilisation de logiciels libres et viser la souveraineté technologique par l’utilisation de ceux-ci. Cependant, il semblerait que ce ne soit que des paroles en l’air. Les faits transmettent un message tout à fait différent. Les ordinateurs Quipus assemblés en Bolivie sont fournis avec Windows. Outre le simple fait qu’il s’agisse d’un logiciel propriétaire, cela augmente le coût final car les licences d’utilisation de Windows sont payantes.

Dans la section consacrée aux commentaires, Sergio Bowles, directeur général de Quipus, clarifie la situation et explique qu’il sera possible d’installer plusieurs systèmes d’exploitation (Windows et Linux) sur les ordinateurs portables. D’autres personnes ne semblent pas convaincues et rejettent l’argument selon lequel les étudiants doivent apprendre à manier Windows car une grande partie du monde des affaires et académique utilise toujours ce système d’exploitation.

Les 5 réactions les plus insensibles au crash du vol MH17 en Ukraine

vendredi 18 juillet 2014 à 13:03
So much for "knowing that feel," when it comes to polemics surrounding the downed Malaysian airliner. Images mixed by Kevin Rothrock.

Assez de “on sait ce que c'est” au sujet des controverses sur l'avion malaisien abattu. Montage d'images par Kevin Rothrock.

En Russie, hauts-fonctionnaires, hommes politiques et personnalités des médias ont réagi sans attendre au crash du vol MH17 de Malaysia Airlines, qui s'est écrasé sur l'Ukraine orientale jeudi 17 juillet. Les autorité de Kiev, Moscou et Donetsk se sont accusées mutuellement d'avoir abattu l'avion civil, provoquant la mort des 298 personnes à bord. Au milieu du paroxysme d'émotion, une poignée de déclarations d'une indifférence crasse de la part de personnalités de Moscou et Donetsk ont été relevées par les internautes russes. 

1. Cette fois, c'était pas nous.

Le premier ministre autoproclamé de la République populaire de Donetsk, Alexandre Borodaï, étrangement, ne savait pas trop si les rebelles étaient impliqués dans l'affaire :

Malheureusement, la citation du jour. [Sur l'image :  "Si c'était vraiment un avion de ligne, alors ce n'était pas nous", Alexandre Borodaï.]

 

2. Qui l'a fait, quelle importance ?

Le vice-président de la commission des affaires internationales de la Douma Leonid Kalachnikov a déclaré à TV-Dojd que peu importe qui est coupable d'avoir abattu l'avion :

“Вам что, легче станет, если узнаете, кто сбил самолет?”

“Eh bien quoi, vous vous sentirez mieux si vous savez qui a descendu l'avion ?”

 

3. La sinistre cinquième colonne.

Soucieux de ce que les libéraux russes et les “propagandistes” ukrainiens relaient beaucoup d'opinions similaires (la critique de la politique ukrainienne de la Russie), Konstantin Rykov du parti au pouvoir a cru bon d'affirmer :

Dans de tels moments on voit parfaitement qui espère quoi et ce qu'ils veulent vraiment.. nos libéraux et les propagandistes ukrainiens, même mouvement..

 

4. Très simple : la faute à personne.

La rédactrice en chef de Russia Today Margarita Simonyan a imputé la tragédie à la bonne vieille étourderie soviétique :

Je travaille depuis si longtamps au coeur même des nouvelles retentissantes que je ne crois absolument pas aux théories du complot. Mais ce que je crois, c'est au simple bordel soviétique. 

 

5. Rebelles ? Quels rebelles ?

La palme revient à la réaction de Vladimir Poutine en personne, qui a déclaré à ITAR-TASS que Kiev est responsable du ciel au-dessus de l'Est ukrainien sous contrôle des rebelles.

“Безусловно, государство, над территорией которого это произошло, несет ответственность за эту страшную трагедию. [...] Этой трагедии не произошло бы, если бы на этой земле был мир, не были бы возобновлены боевые действия на юго-востоке Украины”

“A l'évidence, l'Etat au-dessus du territoire duquel c'est arrivé porte la responsabilité de cette terrible tragédie. [...] Cette tragédie ne serait pas arrivée s'il y avait la paix sur cette terre, si les combats n'avaient pas repris dans le Sud-Est de l'Ukraine.”