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L'élection présidentielle américaine vue d'Afrique

vendredi 5 octobre 2012 à 22:04

[Liens en anglais sauf mention contraire] Alors que l'élection à la présidence des Etats-Unis se tiendra le 6 novembre 2012, et que la campagne entre dans sa dernière ligne droite, on mesure déjà à quel point la politique étrangère du pays sera influencée par le résultat des votes. Les enjeux sont d'importance également pour les interlocuteurs de la diplomatie américaine, y compris ceux du continent africain, qui ont à prendre des décisions critiques concernant, entre autre, la crise au Mali [fr].

C'est pourquoi les blogueurs africains s'intéressent de près aux projets de chaque candidat concernant la diplomatie africaine, ainsi qu’à leurs promesses d'action respectives.

Bien que leurs divergences concernant le printemps arabe traduisent la volonté de Barack Obama et Mitt Romney d'opposer leur stratégie en matière de relations internationales, leur désaccord est en réalité beaucoup plus nuancé.

Tout deux ont par exemple convenu de l'importance du commerce. Lors d'un discours tenu par Romney au Clinton Global Initiative, on pouvait ainsi lire sur Twitter :

@AnnieFeighery: les échanges commerciaux sont à la base de son programme d'aide internationale #Romney #CGI2012

@MahaRafiAtal: Romney propose d'associer aide & commerce international : les $ iront aux pays qui en feront des investissements, s'engageant dans une réforme de marché. #cgi2012

Delegates from Madagascar and Mali at the Young African Leaders Forum Hosted by Obama. Image taken by author.

Les délégués de Madagascar et du Mali au forum des jeunes leaders africains organisé par Obama. Image de l'auteur.

Le président Obama partage un point de vue similaire concernant le débat sur l'aide humanitaire et le commerce. Tom Murphy souligne ici ces similitudes :

La mutation de l'aide humanitaire en opportunité commerciale a été mise en avant par l'administration Obama, tant par sa politique que par sa réflexion. La stratégie mise en place en juin pour l'Afrique sub-saharienne, s’est déclinée en 4 notions de base pour la région : renforcer les institutions démocratiques, encourager la croissance économique, le commerce et les investissements, améliorer la paix et la sécurité, et promouvoir les opportunités et le développement. Romney a semble t'il approuvé les bases de la politique de l'administration Obama, puisqu'il a déclaré que l'aide internationale se devait de contribuer à couvrir les besoins humanitaires, mais aussi de contribuer aux intérêts stratégiques des Etats-Unis, et de favoriser l’éducation de la population pour permettre un changement durable.

 

Le point de vue des blogueurs africains

Au même moment, les blogueurs africains dissertent sur le déroulement de l’élection, et ce que l’on peut attendre de chacun des candidats.

François-Xavier Ada au Cameroun, reconnait que bien peu de choses éloignent Obama de Romney. Il explique ainsi dans un billet intitulé “Le mythe Romney contre Obama” :

Je ne peux tout simplement pas accepter l’idée selon laquelle il y aurait une différence entre les politiques étrangères d’Obama et Romney [..] Selon moi, il n’y en a pas. La présence militaire au Moyen Orient est toujours la même; et c’est toujours le même argument qui est utilisé pour justifier l’agressivité des Etats-Unis.
Par exemple en Afrique, avec Africom. Juste une question : pourquoi former et équiper des militaires sur un continent qui a été, et est toujours ravagé par la guerre ? Les Etats-Unis renseignent et forment les militants au combat à travers tout le continent, de la Mauritanie a l’Ouest, jusqu’en Somalie.

George Bamu, le fondateur du blog Africa Agenda, est lui aussi Camerounais. Dans un article pour ce blog, il déplore le manque d’attention porté à l’Afrique dans les projets de politique extérieure des deux candidats. Il écrit:

Bien que l’administration Obama fasse des efforts pour régler certains problèmes africains; terrorisme dans la corne de l’Afrique, sécurité alimentaire en Afrique, VIH et SIDA, on regrette tout de même qu’elle ne porte que peu d’attention au continent. [..] Selon l’issue des élections, le gouvernement pourrait ou non développer sa politique africaine. En ce qui concerne Mitt Romney, son projet pour l’Afrique n’est pas clair. Il n’y a pas encore suffisamment d’informations sur la politique éventuelle qu’il pourrait appliquer en Afrique. Bien que cela ne reflète peut-être pas toute la pensée du candidat à propos de l’Afrique, il semble s’inquiéter des initiatives de la Chine ici, de l’extrémisme et de la piraterie en Somalie, du terrorisme au Nigeria, et des gouvernements “incompétents” au Soudan, au Zimbabwe, et en République Démocratique du Congo.

Toujours au sujet de Mitt Romney vu par les Africains, George Bamu ajoute:

Mais que savent au juste les Africains au sujet du candidat Mitt Romney ? Dans “A South African Take on the U.S Race” (Un point de vue africain sur la compétition américaine), Moeletsi Mbeki, Vice-Président du South African Institute of International Affairs (Institut Sud Africain des affaires étrangères) a déclaré au U.S Council of Foreign Relations (Conseil Américain des relations étrangères) que les Africains ne savaient rien sur Mitt Romney avant que celui ci ne se lance dans la course à la Maison-Blanche contre Obama.

Farouk Kayondo, rédacteur en chef du journal télévisé et présentateur à la Uganda Broadcasting Corporation, expose son point de vue sur la course présidentielle américaine dans une vidéo de TV2Africa:

A Mahajanga, à Madagascar, Vero Andrianarisoa a fait remarquer que tout comme les Etats-Unis, Madagascar se prépare aussi à son élection présidentielle :

Madagascar est à la veille d'élections. Pour mieux se préparer et pour pouvoir maîtriser les différents procédés dans le domaine, le pays a grandement besoin d'apprendre des autres nations démocratiques afin de pouvoir mieux les organiser.

Pour résumer, tout le monde n’est pas convaincu que les Etats Unis aient une action positive sur l’Afrique. Sébastien Perimony a ainsi décrit la désillusion ressentie lors du bilan africain du premier mandat d’Obama :

L’espoir qu’avait suscité l’élection de Barack Obama en Afrique a fait pschitt ! Les fantasmes ont disparu et laissent place aujourd’hui à une colère grandissante des populations africaines, qui attendaient un changement de politique. Au lieu de quoi elles se retrouvent envahies par les forces spéciales de l’armée américaine, pour lesquelles le gouvernement dépense des millions de dollars qui auraient dû servir, par exemple, dans la corne de l’Afrique, à une aide alimentaire.

Ce billet a été révisé par Michael Evans.

France : La Black Fashion Week entachée par des problèmes de visas

vendredi 5 octobre 2012 à 18:57

Pour montrer au monde la diversité et l’influence de la création panafricaine sur la mode contemporaine, la styliste sénégalaise Adama Paris a conçu La “Black Fashion Week” qui s’est tenue pendant 10 ans à Dakar (Sénégal). Une première édition a eu lieu à Prague en novembre 2011.

Black fashion Week in 2010 in Dakar by Seneweb ( CC-license-2.0)

Samba Doucouré écrit sur StreetPress :

La “Black Fashion Week” a donc la particularité d’être itinérante. Elle se déplacera en novembre prochain à Montréal (Canada), en attendant Bahia (Brésil) et Bratislava (Slovaquie).

Qui dit voyages dit visas. Deux stylistes de renom et des mannequins qui se sont vu refuser un visa d’entrée en France.

Black fashion Week in 2010 in Dakar by Seneweb ( CC-license-2.0)

D’abord, Mame Faguèye Bâ qui finalement obtiendra le sien et qui fait un communiqué de presse que l’on peut lire sur sa page Facebook dont voici quelques extraits :

… Nous avons gagné ensemble et je vous le dois !

Je pourrai donc faire défiler ma collection à “Black Fashion Week” à Paris le 6 octobre 2012. Notre détermination à communiquer une injustice et de lutter ensemble pour la faire reculer …

… Je voulais également vous sensibiliser sur le fait que nous allons travailler en direction du Ministère de la culture sénégalais, dans le cadre des accords internationaux notamment entre la France et le Sénégal pour une meilleure reconnaissance des ambassadeurs culturels et artistiques de chaque discipline.

Voici une vidéo des défilés de Mame Faguèye BÂ par bbaabbccful:

Le deuxième cas, qui n’est malheureusement pas résolu celui de la styliste Mariah Bocoum Keita, sœur de la chanteuse Inna Modja (Fanta Bocoum), bloquée au Mali. Mariah Bocoum Keita écrit une lettre ouverte au Consulat de France au Mali dont voici quelques extraits :

Permettez-moi de vous exprimez ma stupéfaction face au refus qui m’a été signifiée pour ma demande de visa court séjour ce Mercredi 3 Octobre auprès du service des visas de votre ambassade au motif que les informations communiquées sur l'objet et les conditions de séjour ne sont pas fiables.

… j’ai résidé de façon permanente sur le territoire français plus précisément de 1993 à 1999 années au cours desquelles j’ai suivi des cours …. A la fin de mes études, je suis rentrée au Mali…

… Par ces temps de fort taux d’immigrations clandestines, je puis comprendre que cette décision puisse être motivée par une suspicion légitime. Mais au vu des documents présentés et des raisons que j’évoque ici, vous conviendrez avec moi que je n’en ai aucunement le profil visé.

 

Iran: “Laissez tomber la Syrie, pensez plutôt à nous”

jeudi 4 octobre 2012 à 23:38

Les forces de sécurité à Téhéran le 3 octobre 2012, Source: Greencity

Aucune boutique n'était ouverte [en anglais] jeudi 4 octobre 2012 dans le Grand Bazar de Téhéran, au lendemain de la grève entamée par les commerçants pour protester contre la glissade de la monnaie nationale mercredi. Les internautes iraniens ont publié plusieurs vidéos des rassemblements protestataires de mercredi, de la présence des forces de sécurité dans les quartiers du Bazar, et des boutiques fermées. Kalmeh, un site web d'opposition rapporte que plusieurs manifestants ont été arrêtés mercredi.

“Laissez la Syrie tranquille, pensez plutôt à nous”

Les gens ont scandé “Laissez tomber la Syrie, pensez plutôt à nous” place Toopkhone à Téhéran. L'Iran a déclaré à plusieurs reprises son soutien au régime syrien, et de récentes dépêches d'actualité ont fait état d'un transfert par l'Iran de 10 milliards de dollars à la Syrie. Une provocation au moment où les Iraniens pâtissent des effets d'un marasme financier né des sanctions internationales contre l'Iran.

Les forces de sécurité dans le Bazar de Téhéran

“Le dollar doit baisser”

Le régime iranien va-t-il s'effondrer avec sa monnaie ?

jeudi 4 octobre 2012 à 23:15

Le rial iranien a atteint un point bas historique mardi 2 octobre 2012, pourtant les autorités iraniennes sont apparues tétanisées devant ce tsunami financier. Les sanctions sont rendues responsables de la chute de la monnaie nationale [en anglais] à 34.500 rials pour un dollar américain. A peine deux jours avant, dimanche, on était à 29.500 rials le dollar.

Les législateurs iraniens ont signé [lien en anglais] une pétition pour convoquer le président Mahmoud Ahmadinejad devant le parlement à fins de l'interroger sur la dégringolade de la monnaie nationale.

Pendant ce temps, le président de la Chambre de Commerce, des Industries, des Mines et de l'Agriculture de Téhéran, Yahya Al Eshagh, a assimilé la crise financière à une guerre et dit qu' “un missile a frappé la place de la monnaie.” A son tour, le président iranien a défendu [lien en anglais] la politique économique de son gouvernement, affirmant que les ennemis du pays menaient “une guerre psychologique” contre l'Iran.

Mercredi 3 octobre, le Bazar de Téhéran a baissé le rideau en guise de protestation des commerçants contre la monnaie en chute libre.

Ahmadinejad nie la hausse du dollar

Plusieurs internautes ont reproduit l'interview d'Ahmadinejad de septembre 2012, faisant des prévisions d'un cours du dollar grimpant à 30.000 rials, simple exemple de guerre psychologique.

Le régime va-t-il s'effondrer ?

Le blogueur iranien Azark écrit [en farsi] :

Le rial continue à se déprécier par rapport aux devises étrangères, heure par heure, c'est une une crise sans précédent… Une faction dans le parlement accuse Ahmadinejad d'être impliqué dans cette crise, tandis que les responsables gouvernementaux, sans avancer la moindre preuve, accusent une bande mafieuse dans le pays d'être à l'origine de la brutale baisse du rial. Le guide de l'Iran, l'Ayatollah Khamenei, et son bureau se taisent sur le sujet. La plupart des observateurs estiment que les sanctions contre le programme nucléaire iranien ont conduit à cette crise… dans un pays où de nombreux travailleurs sont au chômage et certains manifestent pour seulement se faire payer leur salaire. La pauvreté croît dans la société, peut-on anticiper que la chute du rial peut faire s'écrouler la République Islamique ?

Darzarehbin ironise [en farsi] que dans 40 ans on aura cette dépêche : “La banque centrale d'Iran invite les gens à échanger un dollar contre 30 milliards de rials”.

At le blogueur d'ajouter [en farsi] :

J'espère que la crise monétaire sera bientôt réglée, si cette situation persiste elle pourra vraiment mettre à mal la société… Les dirigeants iraniens ne prêtent attention aux citoyens que lorsqu'il y a une élection… Les Iraniens sont impuissants à changer leur destin et l'opposition est absente. Des jours sombres nous attendent et tout peut s'écrouler. Je voudrais me tromper.

Greencity écrit [en farsi] :

Iraniens, quelle patience vous avez. Sachez qu'ailleurs dans cette situation, les gens manifesteraient et les autorités démissionneraient.

Pendant ce temps, les Iraniens galèrent de plus en plus pendant que le rial plonge sous l'effet des sanctions. Les Iraniens semblent devenus des victimes en série de la répression du régime et des sanctions des puissances mondiales.

Le Bazar de Téhéran baisse le rideau contre l'effondrement de la monnaie iranienne

jeudi 4 octobre 2012 à 22:08

Grève au Bazar de Téhéran, Source: Green City

Baztab, un site web installé en Iran, rapporte que le Bazar de Téhéran s'est mis en grève mercredi 3 octobre 2012 en guise de protestation des commerçants et boutiquiers contre la monnaie nationale en chute libre. Le rial iranien a atteint la veille son cours historiquement le plus bas face au dollar US, avec un dollar s'échangeant à 34.000 rials environ. Selon Baztab, le régime iranien a tenté de contrecarrer la hausse des devises étrangères en filtrant les sites web qui annoncent les taux de change, comme Mazane.

Le président Mahmoud Ahmadinejad a dit aux journalistes le 3 octobre que la crise monétaire était le résultat du “problème temporaire” de l'embargo international sur les importations de pétrole iranien.

Les manifestations de retour dans les rues

Une vidéo sur YouTube montre les “commerçants en grève au Bazar de Téhéran” :

Un rassemblement se forme à Téhéran :

Le blogueur iranien Sedaiazad écrit que selon des informations venues d'Iran, des gens se sont rassemblés place Toopkhoneh à Téhéran et ont brisé les vitrines de plusieurs magasins.

Manifestation et grèves au Bazar de Téhéran source: Green City

Bayandeandishe écrit que les manifestants se sont heurtés à la police sur la place d'Istanbul à Téhéran, et qu'ils ont marché vers la place Ferdoussi au centre de la ville, en criant “A bas la Syrie !”.

Un slogan certainement inspiré par le fait que les Iraniens sont nombreux à reprocher au gouvernement iranien son soutien (supposé) au régime syrien à un moment où leur propre pays est à court de finances. Cela peut aussi être une façon moins explicite de critiquer le pouvoir iranien qui ne tolère pas la dissidence.

Xcalibur indique que des parents qui travaillent dans le Bazar l'ont informé sur la grève et les jeunes qui scandent des slogans. Pour le moment les forces de sécurité ne sont pas intervenues.