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Si vous voulez tout savoir sur la situation d'Internet à Cuba, réinterprétez les titres de la presse

lundi 27 mars 2017 à 20:28

Des femmes autour d'un appareil mobile à un point d'accès wifi. Playa, La Havane. Photo de Ellery Biddle.

“Cuba réduit considérablement le coût d'Internet”

“Cuba signe un accord avec Google pour une connexion à Internet plus rapide.”

“Cuba adhérera-t-il à la révolution Internet ?”

Les unes récentes de AFP, Al Jazeera et BBC, décrivent une société qui, après plus de six décennies de dictature et environ 2 “d'isolement numérique”, fait enfin irruption sur la scène internet mondiale. Mais les articles qui suivent, tous publiés par des institutions médiatiques réputées, offrent une image bien plus modeste et réaliste d'un pays où l'accès à Internet est fugace, la connexion à Internet de mauvaise qualité, et a un coût d'utilisation astronomique.

Un autre exemple récent vient d'un article de Associated Press dont le titre  “L'essor de l'accès à Internet à Cuba est étroitement lié à la croissance de sa relation avec les Etats-Unis”. La version espagnole du même article, publiée le même jour, propose une description différente et plus précise des faits, avec ce titre : “Cuba a des manières bien à elle de se connecter à Internet”.

Capture d'écran de la version anglaise et espagnole de l'article d'Andrea Rodriguez. “Le titre espagnol présente tout simplement le thème principal ; la version anglaise le présente différemment.”

Écrit par Andrea Rodriguez, d'origine argentine et membre d'Associated Press et qui travaille au bureau d'AP à la Havane depuis plus de 10 ans, l'article offre une description très précise, incluant une série d'anecdotes détaillées des différentes façons qu'ont les Cubains à se connecter à Internet et comment ils utilisent les réseaux pour le travail, l'enseignement et pour communiquer avec leurs proches. L'article évoque également le programme de télécommunications de l’État qui offrira aux Cubains la possibilité d'avoir une connexion à Internet chez eux, pour 15 ou 115 dollars par mois, pour 30 heures d'Internet.

Les textes des versions anglaise et espagnole sont en quelque sorte le reflet l'une de l'autre—c'est une traduction directe, mais la version espagnole présente clairement le sujet principal, alors que la version anglaise le présente de manière très différente. Cette dernière reflète probablement le travail d'un rédacteur Web, dont la principale préoccupation est d'attirer un maximum de lecteurs. Le titre manque peut-être d'un peu de dynamisme s'ils veulent attirer l'attention d'un public qui parle anglais — un prétendu boom dans l'utilisation d'Internet attirera certainement de nombreux clics d'américains intéressés par Cuba.

Et dans la continuité d'autres articles qui évoquent les technologies à Cuba, le titre de la version anglaise renforce l'idée que le lien retrouvé entre Cuba et les États-Unis pourrait contribuer à la “Révolution Internet dans l'île”.

Depuis le rapprochement entre les États-Unis et Cuba en décembre 2014, les organes de presse américains sont de plus en plus intéressés par le rôle et l'utilisation de la technologie dans un pays qui reste méconnu pour la plupart des Américains. Certaines compagnies de la Sillicon Valley comme Google, AirBnB et Netflix, ont connu un impressionnant boom de leur communication du fait de certains articles mentionnant que “[leurs] services sont maintenant accessibles à Cuba.” La version des faits de certains médias américains est sensationnelle mais inofensive. Et d'autres sont complétement mensongères.

“Google a signé des accords avec Cuba pour un Internet plus rapide”

Fin 2016, lorsque Google a commencé à proposer à Cuba des caches de sites Google— un service standard universel pour aider les utilisateurs à accéder aux sites Google tels que Gmail et YouTube—de nombreux organes de presse importants ont publié un article de Reuters avec des titres ventant que l'accord Google améliorerait l'accès à Internet à grande échelle, y compris l'article d'Al Jazeera mentionné auparavant. (Pour la défense de Reuters, leur titre originale se centrait sur l'accord en lui même et ne faisait pas mention d'un “meilleur Internet.”)

Vue depuis le studio de Kcho et de l'espace artistique attenant, le Museo Organico Romerillo. Le logo de Google apparaît maintenant à côté du nom de Kcho's name. Photo Ellery Biddle.

Quand Google s'est associé avec un l'artiste de La Havane et loyaliste du parti communiste cubain Kcho afin de créer un nouvelle possibilité d'accès au studio de l'artiste à la périphérie de La Havane, les médias internationaux ont mis en valeur la compagnie en rédigeant des titres tels que “Google aide à offrir une connexion à Internet infiniment plus rapide à Cuba” et “Google ouvre un studio de technologies dernier cri à Cuba”.

Néanmoins comme j'ai pu observer et d'après ce que m'ont dit les employés du studio de Kcho quand j'y suis allée l'année dernière, il s'avère que Google leur a essentiellement donné 20 Chrome books Acer, 20 smartphones Google de réalité virtuelle et une généreuse collection de matériels promotionnels, incluant de nombreux fanions “Google + Kcho”  qui décorent la chaussée devant le studio d'art. Le studio lui même existe depuis plusieurs années et la connexion internet était déjà ouverte au public par Kcho, avec l'accord du gouvernement, depuis 2015. La connexion, contrairement à l'annonce (ensuite corrigée) de 70 megabytes par seconde de vitesse de téléchargement, n'est pas spécialement rapide.

“Comment la décision de Netflix va aider les Cubains”

D'après ma propre expérience acquise en écrivant sur le sujet, je me suis battue avec des rédacteurs de nombreuses agences de presse reconnues et organisations politiques qui ont l'air déterminées à mettre en avant les récits d'une Amérique, qui “sauve” Cuba grâce à la technologie, même quand l'histoire que j'ai écrit contredit expressément cette idée.

Quand Elaine Diaz et moi avons écrit sur l'ironie du lancement des services de Netflix dans un pays où la connexion internet est fugace et personne n'a de carte de crédit, nous nous sommes réjouies de voir que notre article soit publié par les médias, en accord avec la licence Creative Commens de Global Voices, qui autorise les changements de titres. Mais lorsque nous avons vu notre article republié avec comme titre “Comment la décision de Netflix va aider les cubains,” nous avons réalisé que la réalité n'avait rien à voir avec le trope évocateur de “La révolution Internet cubaine”.

Ceci et d'autres traitements par des médias américains de la récente mutation dans les relations entre Cuba et les USA reflètent un récit populaire présent delongue date, dans lequel les États-Unis se considèrent comme le mécène ou père colonial d'un Cuba sous-développé. Et comme dans de nombreux autres pays moins développés que le nôtre [les USA], nous imaginons que notre gouvernement—et nos entreprises de technologies—agissent en sauveur des habitants du pays, faisant progresser les défavorisés par les effets (parfois) démocratisants de nos innovations technologiques à multi-milliards de dollars.

Sur fond d’hystérie collective due aux fausses informations paraissant dans les médias, ces titres reflètent un petit mais néanmoins important problème qui survient lorsque les articles sont écrits dans le but d'obtenir un maximum de clics.

Lorsque l'on combine la soif d'attirer de plus en plus de lecteurs avec les a priori indéracinables sur les États-Unis, considérés comme le mécène de ce que beaucoup trop d'Américains voient encore comme une île communiste délaissée, on s'aventure sur un chemin de plus en plus hasardeux à propos d'un pays qui est en effet connaissable et profondément connecté aux États-Unis, aux niveaux culturel, intellectuel, historique et d'autres encore.

A l'époque où les êtres humains —Cubains inclus—sont bien plus connectés les uns avec les autres qu'auparavant, les rédacteurs peuvent et doivent faire mieux pour leurs lecteurs.

Deux femmes importent le concept de bière artisanale au Kirghizistan

lundi 27 mars 2017 à 19:39
Photo by Ruslan Tokochev taken for Eurasianet. Reused with permission.

Photo par Ruslan Tokochev prise pour Eurasianet. Réutilisée avec autorisation.

Ce billet provient d'un partenariat avec EurasiaNet.org. Republié avec autorisation.

Dissimulé dans un endroit inattendu, tapi entre un club de domino fréquenté par des Turcs et un immeuble de logements construit par les soviétiques, se trouve un joyau pour les amateurs de bières de la ville de Bichkek, la capitale du Kirghizistan.

Save the Ales (Sauvons les bières), une microbrasserie fondée par un duo kirghize-kazakh, Aïda Musulmankulova et Arzu Kurbanova, semble à première vue petite et austère. Mais ce qui se passe dans la culture de la consommation de bière de Bichkek n'est pas moins qu'une révolution. Alors que d'insipides bières importées et les brassages locaux peu savoureux sont la norme, Save the Ales propose ses propres moutures artisanales, imitant une tendance profondément ancrée aux États-Unis et ailleurs dans le monde.

« Partout où nous avons voyagé, nous avons toujours goûté de la bonne bière », dit  Musulmankulova.

Il y a trois ans environ, sa partenaire, Kurbanova, et elle-même ont décidé de plonger dans l'aventure.

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Photo par Ruslan Tokochev prise pour Eurasianet. Réutilisée avec autorisation.

« Nous avons décidé de brasser nous-mêmes. Nous avons tout appris sur Internet. Ce n'était pas aussi difficile que nous le pensions ».

Les bières artisanales s'avèrent plus expérimentales que les classiques bières européennes et sont brassées dans des petits tonneaux plutôt que dans des fûts, comme la traditionnelle ale britannique. Mais ce n'est pas donné. Save the Ales demande un exorbitant 2,80 dollars par verre, une somme largement au-dessus des moyens des gens excluant la population croissante d'urbains et d'expatriés de Bichkek, ciblée par le duo.

Musulmankulova et Kurbanova précisent qu'elles réinvestissent tous les profits dans le développement de leur jeune entreprise.

Photo by Ruslan Tokochev taken for Eurasianet. Reused with permission.

Photo par Ruslan Tokochev prise pour Eurasianet. Réutilisée avec autorisation.

Le bar a connu des hauts et des bas. Save the Ales a d'abord ouvert ses portes en mai, gagnant de nombreux partisans, mais a fermé pour une période d'un mois environ en septembre, à cause d'un défaut électrique. Les fidèles passionnés de l’India Pale Ale, de la stout et des bières parfumées aux fruits du duo ont finalement pu retrouver leur bar en octobre.

Une attention particulière est mise sur l'authenticité à la microbrasserie Save the Ales. Bichkek ne manque pas de ces pubs nouveau genre sans caractère et qui s'efforcent le plus souvent d'attirer les consommateurs avec des écrans de télévision géants et de la musique trop forte.

Photo by Ruslan Tokochev taken for Eurasianet. Reused with permission.

Photo par Ruslan Tokochev prise pour Eurasianet. Réutilisée avec autorisation.

En affaires, la bière artisanale s'avère un excellent marché. Selon la US Brewers Association, la valeur en dollars de la vente au détail de ce secteur était estimée à 22,3 milliards en 2015, représentant environ le cinquième du marché américain de la bière.

La bière devient de plus en plus populaire au Kirghizistan, mais les consommateurs ont tendance à croire le vieil adage russe voulant que « la bière sans vodka est de l'argent jeté par les fenêtres ». La part de marché des bières artisanales est statistiquement insignifiante, mais la mission de Save the Ales, où la bière est brassée sur place, est pour l'instant de développer tranquillement des saveurs et des habitudes plus raffinées. Au contraire des autres bars de Bichkek, Save the Ales ne servait pas à manger jusqu'à ce qu'il se décide tout récemment de fournir des petites bouchées.

Kurbanova et Musulmankulova mentionnent que plus de la moitié de leurs ventes se font aux expatriés, bien que le nombre de jeunes buveurs urbains de classe moyenne soit en hausse. Et le contingent de baikes – un terme signifiant « frère aîné » en kirghize aussi synonyme d'homme corpulent d'âge moyen – grimpe en flèche.

« Je me souviens qu'un jour un type est entré dans le pub », dit Sumsarbek Mamyraliev, propriétaire d'un studio de production et ami des deux brasseuses. « Il a dit : ‘Donne-moi une bière. Où est le chachlik ? Où est le chechel [fromage fumé] ? Où sont les propriétaires ? Comment vos maris vous laissent-ils brasser de la bière ? Ça ne marchera jamais !’ »

Quand le nouveau client a goûté à la bière, cependant, « son attitude a changé complètement », se rappelle Mamyraliev.

« C'était le genre patriarche avec une chaîne en or. Il a dit ‘Les filles, vous mettez tous les hommes du Kirghizistan dans la honte. Si jamais vous éprouvez des problèmes avec quiconque, appelez-moi.’ »

Photo by Ruslan Tokochev. Used with permission.

Photo par Ruslan Tokochev. Réutilisée avec autorisation.

Musulmankulova et Kurbanova n'éprouvent toutefois aucun problème à embaucher des employés masculins, pour la raison notamment que le brassage peut parfois s'avérer exigeant au niveau physique.

«Nos amis nous ont dit de persévérer quand on a commencé », a mentionné Kurbanova à EurasiaNet.org. « Alors, quand on a publié sur Facebook que nous avions besoin d'aide, nous avons demandé une “pomochnitsa” (une assistante femme), ce qui a causé tout un émoi. »

Mamyraliev soutient que le succès de leur petite microbrasserie provient d'une culture émergente de jeunes entreprises au Kirghizistan, qui représente la société civile la plus dynamique de l'Asie centrale. Selon l'index Doing Business de la Banque mondiale, le Kirghizistan est le pays de la région où il est le plus facile d'enregistrer une création d'entreprise.

Photo by Ruslan Tokochev. Used with permission.

Photo par Ruslan Tokochev. Réutilisée avec autorisation.

Alan Laing, un client britannique travaillant dans le développement international, est d'accord pour admettre que le pub est un véritable « bijou caché ».

« Il n'y a aucun bar équivalent dans Bichkek », affirme-t-il, en faisant référence aux divers pubs de la ville. « [Save the Ales] pourrait se trouver à Brooklyn ou à Shoreditch (à Londres) avant que ces quartiers ne deviennent très chic. C'est simple, peu exigeant et entièrement dédié à la bière.»

Kurbanova attribue la popularité de leurs bières à une approche élargie du brassage. En effet, elles n'hésitent pas à importer des ingrédients de l'Allemagne ou des États-Unis, à l'opposé de l'attitude typique de réduction des coûts des autres brasseries.

Elles ont donc reçu maintes invitations pour servir de la bière dans des festivals d'art et des soirées musicales, invitations que le duo a acceptées, ainsi qu'à des offres de compétiteurs admiratifs pour acheter leur bière ou même leur compagnie. Jusqu'à maintenant, elles ont résisté à de telles opportunités.

« Ils viennent chez nous et nous disent, nous voulons voir votre bière dans notre restaurant », a dit Kurbanova à EurasiaNet.org. « Nous leur disons de rejoindre la file d'attente ».

Photo by Ruslan Tokochev. Used with permission.

Photo par Ruslan Tokochev. Réutilisée avec autorisation.

Art en transit : les dessinateurs des transports en commun de Singapour

lundi 27 mars 2017 à 13:10

Croquis d'Alvin Mark Tan, reproduit avec autorisation

Ils prennent le bus, le train, l'avion, pas uniquement pour se déplacer : aussi pour pratiquer le dessin.

Le groupe Facebook Commute Sketchers (‘croqueurs des transports en commun’) s'est créé il y a plus d'un an pour exposer le travail d'artistes qui rentabilisent leur temps en dessinant ce qu'ils voient à l'intérieur des transports en commun. Le groupe ne partage pas que des dessins de Singapouriens, il s'élargit aussi à d'autres pays.

L'artiste et professeur singapourien Erwin Lian, un des fondateurs des Commute Sketchers, explique pourquoi à son avis les transports en commun sont une plate-forme idéale pour les artistes :

Je pense que les transports en commun sont un endroit paisible et tout à fait unique. C'est une boîte en mouvement avec des roues ou des ailes qui peut contenir la plus grande diversité, parce qu'elle emmène littéralement chacun vers une destination commune. Je trouve cela intéressant, la notion d'aller quelque part ensemble. Et aussi, le fait qu'il y ait tellement de visages différents à dessiner dans un espace réduit m'excite. J'ai étudié les beaux-arts traditionnels, et avec l'intérêt faiblissant pour l'art traditionnel, les usagers des transports publics constituent un cadre unique, sûr et condensé pour pratiquer ce que j'aime.

Il ajoute que l'idée des Commute Sketchers a été inspirée par un programme similaire au Canada :

Le métro canadien m'a beaucoup inspiré. Ils ont ce programme ‘Croquer la ligne’ qui invite les dessinateurs des transports à envoyer leurs œuvres, et les affiche partout sur les lignes. J'ai trouvé cette disposition très naturelle, et très généreux de leur part d'accorder un espace publicitaire aux artistes des transports.

Croquis d'Erwin Lian, reproduit avec autorisation

Croquis d'Erwin Lian, reproduit avec autorisation

Alvin Mark Tan, un autre membre actif des Commute Sketchers, est surpris de découvrir que beaucoup de gens ignorent ce qui se passe autour d'eux quand ils sont dans le bus ou le train :

Les gens sont en général tellement accros à leurs appareils mobiles, ils n'ont pas la moindre idée que je les dessine, ni même de ce qui se passe autour d'eux.

Croquis d'Alvin Mark Tan, reproduit avec autorisation

Il a aussi produit un court tutoriel sur vidéo détaillant les bases du croquis de transports :

Des Japonais trouvent les ‘dangereux’ frelons-géants mignons, inspirants et même délicieux.

lundi 27 mars 2017 à 12:03
オオスズメバチ

Le frelon-géant japonais. Photo de Yasunori Koide. Sous Licence GNU Free Documentation.

Le Japon a une fascination plutôt morbide pour le frelon-géant japonais (Vespa mandarinia japonica). On peut trouver ces insectes géants partout au Japon, ils sont surtout actifs durant le mois d'août. leurs morsures sont douloureuses, une seule piqûre peut entraîner une hospitalisation. Plusieurs piqûres peuvent causer la mort.

Au Japon, la saison estivale est parfois accompagnée d'histoires de paysans ou de randonneurs infortunés qui ont trouvé la mort après avoir été attaqués par un essaim de frelons-géants. Un blogueur a compilé une liste des règles à suivre lorsqu'on rencontre ces frelons-géants au Japon. Le meilleur conseil est de se tenir à distance de leurs nids, surtout en août.

En réalité, il existe plusieurs espèces d'abeilles, guêpes et frelons natifs au Japon. Les frelons sont généralement appelés “suzume-bachi” (littéralement “moineau-frelon”, probablement dû à leur taille) et incluent les frelons jaunes Japonais (Vespa simillima) similaire aux guêpes se trouvant en Europe et en Amérique du Nord.

Deux espèces de frelon-géant au Japon: à gauche, le frelon jaune japonais (Vespa simillima xanthoptera Cameron) une reine avec une ouvrière femelle et un frelon mâle; à droite le frelon-géant japonais (Vespa mandarinia japonica) une reine avec une ouvrière femelle et un frelon mâle. Image populaire sur les réseaux sociaux.

En revanche, le frelon-géant japonais (“oh-suzume-bachi,” Vespa mandarinia japonica) est une autre sorte d'animal. Faisant partie de la famille des frelons-géants d'Asie, une ouvrière femelle faisant partie de l'espèce du frelon-géant japonais peut mesurer jusqu'à 3 cm de long, elles sont tellement grandes et puissantes qu'elles peuvent transporter d'autres insectes à leurs nids en guise de proie.

Le frelon-géant remplit les esprits de certains Japonais d'une sorte d'angoisse émerveillée.

Dès que je suis rentré chez moi, j'ai rangé mes courses et j'ai commencé à regarder…

“Les frelons de l'enfer” sur la télévision. (‘ε'*)

J'ai peur des abeilles depuis que j'ai été piqué au collège (je sais bien que je me mêle aux abeilles et aux frelons). Prenons le temps de nous rappeler de faire attention aux frelons !

Le frelon-géant est surtout actif durant les mois d'août et septembre, c'est durant cette période que les larves présentes dans le nid maturent et deviennent des frelons mâles et femelles prêts à s'envoler, s'accoupler et trouver une nouvelle colonie, ils peuvent aussi être des ouvrières qui nourrissent et subviennent aux besoins des autres frelons. Toute personne se promenant en forêt, ou profitant d'un barbecue dans un parc, doit se montrer prudente.

De début août  début septembre (axe horizontal) le risque lié aux frelons-géants japonais grimpe en flèche à mesure que le nombre des frelons actifs (axe vertical) augmente dans chaque nid. Image fournie par grapee.

Les frelons et les humains peuvent vivre à proximité les uns des autres. Si les guêpes géantes préfèrent vivre dans les régions boisées, les frelons-géants quant à eux peuvent vivre en milieu urbain.

Bien qu'il ne s'agisse pas d'un nid de frelon-géant japonais, cet utilisateur de Twitter a capturé l'image d'un nid de frelons jaunes, montrant combien il est facile de se retrouver face à face avec cet insecte plutôt hostile :

Bon sang ! Il y a un nid de guêpes dans notre fenêtre ! C'est la première fois que je vois une guêpe d'aussi près !

Les frelons-géants japonais peuvent se montrer très dangereux, il n'est pas rare de trouver des pancartes et des zones bornées avisant les gens durant la saison estivale.

Attention à toute personne se dirigeant vers l'aire de pique-nique ! Ne vous approchez pas du nid de guêpes!

Malheureusement pour les frelons-géants, la mentalité de “vivre et laisser vivre” est absente au Japon :

J'ai trouvé des frelons dans un nid souterrain, j'ai vaporisé de l'insecticide dessus.

Pourtant le Japon, comme plusieurs autres régions du monde, est depuis longtemps fasciné par les frelons-géants japonais.

Ça fait longtemps que je n'ai pas visité le musée… Voici un modèle d'un frelon-géant japonais que mon ami a produit. Il fera chaud demain, je vais faire de mon mieux  durant mon travail à temps partiel.  ^_^

Certaines personnes défendent cet insecte remarquable :

Bien que tout le monde ait peur des frelons-géants, ils sont plutôt mignons lorsqu'ils sont en train de manger de la sève sur les arbres. On peut facilement s'approcher d'eux lorsqu'ils mangent, ils ne vous attaqueront pas. Les frelons-géants sont assez cools. Faites seulement attention à ne jamais vous approcher de leurs nids.

On dit souvent que le frelon-géant est considéré comme mets fin par certaines personnes, mais il est fort probable que l'insecte ne soit considéré comme un plat exotique que si quelqu'un vous met au défi de le goûter.

Regardez ce délicieux souvenir que j'ai obtenu: une bouteille de shochu (une boisson alcoolisée distillée similaire à la vodka) avec deux frelons-géants à l'intérieur (le shochu a été distillé depuis du miel). On s'est mis en défi d'en manger. Apparemment le frelon-géant est un remède efficace contre le diabète ??? […]

Les insectes comestibles du jour : soupe au ver à soie, rouleaux de cigale, et des frelons-géants frits.

D'autres ont su apprécier la beauté du frelon, tel que ce potier qui se spécialise dans d'étonnantes créations inspirées par des insectes et autres animaux.

Je me demande si quelqu'un serait tenté d'acheter cette tasse en céramique (avec un frelon-géant) en forme de nid de frelons?

Une bénévole dans un camp de réfugiés en Grèce ouvre ses carnets

dimanche 26 mars 2017 à 20:18

Fresque d'Ismail Yazidi dans le camp de réfugiés de Ritsona, le 3 mai 2016. Photo : Page Facebook du camp de réfugiés de Ritsona.

Par Mai El-Mahdy

Les réfugiés syriens en Grèce. Il existe aujourd'hui des milliers de billets de blog, d'articles de journaux et de récits de témoins oculaires qui dévident les histoires de familles entières noyées en mer, dans l'espoir impossible d'une vie libérée de la guerre et de la misère. Il y en a certainement encore beaucoup plus sur ceux et celles qui ont fini par survivre à la violence des vagues, pour seulement aboutir dans des camps « provisoires » inhumains où ils finissent par passer des années. Mais pour le meilleur ou pour le pire, ce n'est pas des réfugiés que je vais vous parler, des vies qu'ils ont laissées derrière eux en Syrie ou comment ils se sont retrouvés en Grèce. Je veux parler ici des conditions actuelles et du rôle—ou son inexistence—de ceux d'entre nous qui essaient de les aider en vue de mettre fin à cette crise humanitaire.

J'ai récemment passé deux semaines au camp grec de Grèce de Ritsona, une plaque tournante pour cinq différentes ONG, à côté des opérations de l'ONU. Ritsona est une ancienne base militaire située à côté de Chalkida, le chef-lieu de l'île d’Eubée, à une heure environ en voiture du centre d'Athènes. Le camp a une population composée au deux tiers de Syriens, le tiers restant se partageant entre Kurdes, Irakien et Afghans.

Le naufrage de la dignité

Une des dures réalités de la vie dans les camps, difficile à comprendre, et plus encore à survivre, c'est l'absence d'estime de soi—la dignité tombée si bas qu'on la croirait avalée par les vagues féroces avant de couler au fond. C'est la dignité cabossée de la personne heureuse de déménager d'une tente vers quelque caravane bricolée à partir d'un conteneur qui devient votre abri « provisoire » pour des mois et des mois. C'est le type de dignité dont il ne reste presque rien quand tous vos moyens d'existence sont à la merci d'employés d'ONG qui, par leur autorité et les décisions qu'ils prennent pour autrui, enseignent aux réfugiés à accepter le peu qu'ils reçoivent, et à s'en contenter. Pourquoi faire cela, quand ces gens sont déjà brisés ? Est-ce que nous, bénévoles, savons toujours ce qui est le mieux pour eux ? Permettrions-nous à d'autres de prendre des décisions similaires à notre place ?

Il ne s'agit pas de liberté de choix ; il ne s'agit pas de l'espace accordé aux gens pour prendre leurs propres décisions et faire leurs propres erreurs. Il s'agit d'auto-détermination. Les réfugiés prennent tous les risques imaginables, se fient à des facteurs hors de contrôle de quiconque, pour seulement arriver—miraculeusement—dans un camp et se soumettre au pouvoir de décision de quelqu'un d'autre, que ces décisions soient bonnes ou mauvaises.

« Apprenons-leur l'anglais !  » Tout le monde veut apprendre l'anglais et en a besoin, pas vrai ? « Achetons des jouets pour les enfants » en ignorant les désirs des parents, et des enfants eux-mêmes. Faire la queue pour manger ou se vêtir fait partie de la dure réalité qu'est accepter qu'à cause de circonstances hors de votre contrôle, vous êtes devenu de moindre valeur qu'un être humain.

Les réfugiés ne veulent pas faire interminablement la queue pour manger et se vêtir : ils veulent être traités comme des êtres humains, tout comme un noir dans l'Afrique du Sud de l'apartheid, un Palestinien face à l'occupation israélienne, ou une femme n'importe où dans le monde aujourd'hui. Une partie de la souffrance, c'est d'admettre, pendant qu'on est dans les files d'attente, que peu de gens hors de sa zone de guerre auront jamais à subir cela ni même à y penser. C'est la frustration de se voir offrir le non-choix d'être reconnaissant de faire la queue avec de la nourriture au bout, ou de figurer sur une photo partagée sur les médias sociaux qui inspirera de la pitié pour vous.

Peut-être devrions-nous voir le traitement des réfugiés comme un droit qu'ils se sont gagné, au lieu d'une charité que nous choisissons de leur octroyer. Peut-être devrions-nous consacrer nos efforts à leur permettre de se prendre en charge eux-mêmes. Peut-être s'agit-il simplement de paver la voie à leur auto-émancipation, où que cela les mène, et surtout où que cela nous laisse. Il nous faut nous concentrer sur leur éducation à leurs droits dans le pays où ils sont réinstallés, pourvoir à leur santé, donner accès à l'enseignement pour eux et leurs enfants, etc…

Peut-être devrions-nous les considérer comme nous voulons qu'ils nous considèrent : avec respect et estime de soi.

Une aide véritable ?

C'est drôle comment nous, bénévoles, sommes supposés arriver sur la scène et pousser à la roue avec les autres pour mettre la machine en mouvement. Comme si au lieu de faire partie de l'histoire, nous étions des tiers intérimaires amenés pour remplir une mission particulière. Pourtant, que cela nous plaise ou non, nous faisons partie du narratif, et nous l'influons, de façon significative.

Comme individus, nous luttons avec nos egos. C'est une chose de le reconnaître—et en réalité peu de bénévoles sont assez forts même pour cela. Réprimer nos egos, est une toute affaire. Il est probablement inévitable que les bénévoles trouvent plus facile de nourrir leurs egos que de nourrir les nécessiteux. Et la récompense est si gratifiante que beaucoup oublient de s'arrêter une minute pour se demander, est-ce que nous aidons vraiment ?

Sans surprise, il y a tant de bénévoles qui portent une attention spéciale aux enfants, prompts à s'attacher. Mais en quoi cela aide-t-il ?

Les bénévoles ne peuvent s'empêcher de se sentir supérieurs. Dans les camps ils sont flagrants, et ce n'est pas toujours involontaire. Les bénévoles se voient souvent comme les pourvoyeurs de services précieux, faisant un grand sacrifice de temps et d'expertise. Ils attendent d'autrui de la courtoisie et leurs rappellent quelles belles personnes ils sont de faire ce qu'ils font.

Seulement ce n'est pas un service—c'est un droit des réfugiés. Sans discussion possible.

Un jour, à l'un des commerces où nous faisions des achats pour les gens du camp de Ritsona avec des fonds donnés, j'ai voulu marchander avec la caissière pour obtenir davantage pour mes dollars donnés. La caissière, une Égyptienne comme moi travaillant de l'autre côté de la Méditerranée, a accepté de « coucher avec moi ». Mais au lieu de baisser le prix, elle a proposé de m'écrire une facture d'un montant supérieur. Selon elle, de nombreux bénévoles et employés d'ONG acceptaient les fausses factures et empochaient la différence, pour elle j'étais évidemment une novice. Et non, elle n'a pas cédé d'un pouce sur le prix.

Ce n'est que la pointe de l'iceberg. Il y a des bénévoles qui financent leur transport avec les dons qu'ils reçoivent. Malgré les demandes de plus grande transparence, peu d'ONG publient réellement les détails de leurs comptes. et moins encore de donateurs réclament ces détails. Si nous voulons des changements, voilà probablement le bon endroit pour commencer.

Mon opinion est que la meilleure façon d'aider les réfugiés, c'est de court-circuiter purement et simplement les ONG. Rien de plus facile que d'entrer en contact directement avec les réfugiés. Ce sont des humains, comme nous, seulement dans une situation qui craint. Les traiter comme des patients malades ou handicapés n'est d'aucune aide.

Réfugiés. Photo: Pixabay, domaine public.

Un de mes amis a une position différente là-dessus. Il raconte l'histoire d'un médecin allemand, un monsieur âgé, extrêmement professionnel et méticuleux dans son travail. C'est son travail de traiter les patients au mieux de sa capacité au vu de l'installation fournie. Du matin au soir ce médecin reçoit les patients, les diagnostique, les soigne. Il ne parle pas la langue du pays où il travaille, et est très distant, presque froid. Mais il soigne chaque personne sans exception sur qui il tombe, et il installe et développe le dispensaire, forme le personnel pour que le projet soit autonome après son départ. Beaucoup ne le connaîtront pas, ne s'inquiéteront pas de lui, ou même ne se souviendront pas de lui, bien qu'il soit celui qui a directement aidé et fait progresser le collectif. Aucune mention. Aucune ostentation. Aucune émotion. Résoudre des problèmes, et rien d'autre.

Je ne désapprouve pas forcément. Les ONG imposent des règles strictes aux bénévoles, dont l'une interdit de rester dans le camp après 17 heures. Une règle que je détestais, aussi au bout de deux semaines j'ai quitté l'hébergement de l'ONG pour m'installer à l'intérieur du camp. Je suis restée avec une amie réfugiée et ses deux filles dans leur conteneur. Jamais je ne prétendrai avoir vécu leur vie, mais je dirai que j'en avais une vision plus nette.

Si je suis d'accord qu'être distant et professionnel peut être hautement efficace et productif, je pense que la proximité est aussi utile. Certes, nous finissons par repartir ; et certes, nous pouvons investir plus de temps et d'effort dans la formation de liens émotionnels avec les réfugiés que dans la fourniture de biens matériels concrets. Et je ne nierai pas avoir plus appris des réfugiés sur le contexte politique et culturel syrien que je n'ai partagé mon propre savoir.

Mais en établissant des liens de proximité, nous rappelons aux autres, comme à nous-mêmes, qu'ils sont humains. Et nous devenons plus humains dans le processus.

Les hôpitaux ne parlent pas toujours votre langue

Les besoins médicaux quotidiens des habitants du camp de Ritsona, et il y en avait en abondance, étaient largement négligés. Pour les urgences, toutefois, les Services nationaux grecs d'urgences médicales (EKABEthniko Kentro Amesis Voitheias) transportait les habitants du camp à l'hôpital le plus proche, et retour.

Personne n'aime aller à l'hôpital, mais quand on est un Syrien dans un pays étranger, c'est encore pire qu'on ne l'imagine. Les réfugiés sont immergés dans un océan de solitude et de peur de l'inconnu. Ça se lit dans leurs yeux. Et les rigoureuses conditions du voyage jusqu'au camp laissent chez la majorité des enfants, en particulier, de sévères problèmes respiratoires.

Beaucoup de médecins grecs ne parlent cependant pas l'anglais, ni n'ont de traducteurs, et la plupart des patients ne pouvaient s'exprimer qu'en arabe ou en kurde. Souvent, les habitants du camp passaient des heures à attendre les soins aux urgences de l'hôpital, perdant seulement l'espoir de jamais comprendre ce qu'il leur fallait faire pour se faire soigner et repartir.

Au camp mon arabe s'est avéré utile, car mon travail était d'accompagner les patients. En mai dernier, une des ONG à Ritsona a lancé une initiative pionnière surnommée “Hospital Runs”, l'équipe dans laquelle je travaillais. C'est un programme organisé en collaboration avec la Croix Rouge qui opère sous licence de l'armée grecque. Il fournit le transport médical, l'interprétation en anglais, grec et arabe, ainsi que l'assistance interculturelle et médicale. L'équipe aide aussi aux procédures administratives.

J'étais fière d'être membre de cette équipe. Chaque jour nous faisions un saut à Chalkida ou allions jusqu'à Athènes, pour rentrer le soir après avoir géré tous les problèmes, cas et complications qu'on nous avait jetés dessus.

Il arrivait que le personnel de l'hôpital nous reçoive mal, nous réprimande d'être entrés avec des chaussures boueuses, indifférent au fait que le camp est essentiellement construit sur de la boue. Je me souviens être arrivée un jour à l'hôpital et avoir trouvé une jeune femme, à l'évidence arabe et sans doute pas du camp, sans personne pour s'occuper d'elle. Elle avait clairement renoncé à essayer de communiquer pour échapper à la souffrance qui était venue couronner tout ce qu'elle avait emporté sur le continent. Elle m'a donné ses coordonnées et le numéro d'un proche, pour que puisse le contacter au cas où elle n'y arriverait pas. Heureusement, et malgré la gageure, elle a survécu.

Comment frontières et mers peuvent en fin de compte décider de qui se verra accorder la possibilité de grimper jusqu'au sommet, et de qui se noiera et coulera au fond, voilà qui reste pour moi insondable.

Mai El-Mahdy est une Égyptienne qui travaille dans la technologie en Irlande. Elle a été parmi les millions qui ont participé à la révolution du #25Janvier, et se réjouit de participer à la prochaine.