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Israël, Gaza, la guerre et les données : l'âge de la propagande personnalisée

jeudi 7 août 2014 à 23:01
Instagram co-tag graph, highlighting three distinct topical communities: 1) pro-Israeli (Orange), 2) pro-Palestinian (Yellow), and 3) Religious (Muslim)

Graphe réalisé à partir de tags sur Instagram, qui fait ressortir trois  communautés thématiques distinctes  1) pro-Israël (orange), 2) pro-Palestiniens (jaune), et 3) musulmans (rose). Visualisation créée avec Gephi.

Si vous soutenez Israël, vous pouvez avoir vu des vidéos du Hamas mettant à feu des roquettes à proximité de l'hôpital Shifa. Si vous êtes pro-palestiniens, vous avez pu voir cet article sur un sniper appartenant supposément à l'armée israélienne (IDF) qui a admis, sur Instagram, avoir assassiné 13 enfants de Gaza. 

Tandis que la guerre fait rage au sol à Gaza et dans les airs en Israël, une guerre de l'information acharnée se déroule sur les réseaux sociaux. 

Les Israéliens et leurs partisans sont susceptibles de voir dans les médias sociaux qu'ils consultent des vidéos de l'armée telle que celle-ci. De leur côté, les groupes palestiniens diffuseront des images de la destruction totale infligée aux mosquées de Gaza par l'IDF. Un camp voit des vidéos de roquettes interceptées dans les cieux de Tel-Aviv, tandis que l'autre voit les conséquences meurtrières d'une frappe de missile sur un quartier de Gaza.

Plus nous modelons les préférences des utilisateurs et plus nous construisons des moteurs de recommendations qui captivent entièrement l'attention de l'internaute. Dans un sens, nous sommes en train de construire des moteurs de propagande personnalisée qui donnent aux utilisateurs les contenus qui leur correspondent et écartent les contenus ‘inconfortables'.
 
Il nous était possible d'accuser les médias de mal informer le public. Aujourd'hui, nous ne pouvons que nous en blâmer nous-mêmes. 
 

Personnaliser la propagande

Non seulement les médias sont beaucoup plus nombreux, mais ils nous assaillent beaucoup plus rapidement et offrent de bien plus nombreuses sources. Quand nous construisons nos profils en ligne, basés sur ce que nous connaissons déjà, sur ce qui nous intéresse, et sur ce qu'on nous recommande, les médias sociaux sont conçus à la perfection pour renforcer nos croyances existantes. Les espaces personnels, optmisés pour l'engagement, présentent en priorité les contenus qui devraient générer plus de trafic. Plus nous cliquons, partageons, plus notre intérêt est monitoré sur le service.  

Les contenus qui nous mettent mal à l'aise sont filtrés et dissimulés

Le fondateur de Avaaz.org et PDG de Upworthy, Eli Pariser, a mis en garde durant une conférence TED talk sur le Filter Bubble (la bulle du filtre):

Dans la société de communication, il y avait les gardiens, les éditeurs, qui contrôlaient le flux de l'information. Puis est arrivé Internet, qui les a balayés, et nous a permis à tous de nous connecter directement et c'était génial. Mais ce n'est pas en fait ce qui est en train de se passer actuellement. 

Nous ne voyons plus des points de vue différents, mais plutôt toujours les mêmes 

Une démocratie saine repose sur un écosystème médiatique sain. En tant que constructeurs de ces espace interconnectés en ligne, comment pouvons-nous nous assurer que nous ‘optimisons’ non seulement pour la fréquentation et l'attention, mais aussi pour qu'un public soit bien informé ? 

Les médias construisent la réalité

Alors que je rédige ce post, des informations sur une attaque au missile conduite par l'armée de l'air israélienne près de l'entrée d'une école des Nations Unies à Rafah font surface. L'attaque a fait au moins dix morts et beaucoup de blessés. L'IDF assure qu'elle ciblait trois membres du Jihad islamiste circulant sur une moto près de l'école, et non l'école elle-même. 

En moins d'une heure, de grands portails d'informations en anglais ont relayé l'information (pour davantage d'informations, voir la galerie de photos):

Si nous regardons les plus importants portails d'informations israéliens en ligne, on n'y trouve que peu de références à l'attaque (les titres sont traduits de l'hébreu):

Comme vous pouvez le constater, la frappe de l'école n'est presque pas mentionnée dans les médias en ligne les plus importants en Israël. 

Ha’aretz a fait sa Une sur l'attaque, mais Ha’aretz représente moins de 10% du lectorat car il est considéré comme un média d'extrême gauche. Depuis le début de cette guerre, le journal perd aussi des abonnés, furieux de lire des articles critiquant l'IDF.

Les Israéliens sont convaincus que les médias du monde entier sont partiaux, anti Israël, et très pro-palestiniens.  

 Néanmoins, peu d'Israéliens s'insurgent contre leurs propres médias, de toute évidence partiaux, concentrés dans quelques mains et possédés par des familles et personnes privées (voir: Famille MozesSheldon Adelson).

This illustration originally created by Carlos Latuff, a cartoonist, artist and activist based in Rio de Janeiro, Brazil, was heavily shared amongst Israeli users on Facebook over the past month.

Illustration  initialement créée par le caricaturiste et artiste brésilien Carlos Latuff, qui vit à Rio de Janeiro.  Elle a été très partagée par les Israéliens sur Facebook au cours du mois passé. 

L'illustration suivante, qui date de 2012 et avait été inspirée par le portrait flatteur fait par CNN de la dictature de Bahrein, a été beaucoup partagée sur Facebook en Israël ces dernières semaines. Elle reflète un sentiment partagé envers les médias occidentaux, vus comme irrationnels et coupés de la réalité. 

Ces choix délibérés faits par les médias modèlent notre réalité et notre possibilité d'être bien informés en tant que lecteurs.

Les Israéliens devraient-ils être plus compatissants suite à l'attaque de l'école de l'ONU ? Et si c'est le cas, qui est à blâmer ?  I

Sur les médias sociaux 

… le paysage est beaucoup plus nuancé et extrêmement personnalisé. Nous construisons une représentation de nos intérêts en choisissant de suivre ou d'aimer des pages précises. 

Plus nous consommons certains types de contenus, plus des contenus similaires nous sont présentés dans les flux d'informations. 

Les fonctions de recommandation, de notation se basent sur nos relations en ligne et nos actions pour élaborer un modèle optimisé qui va retenir notre attention. Plus les lecteurs sont présents, plus il y a de trafic, de likes, de partages, etc., plus la valeur supposée de la société qui possède le réseau grimpe. Nos marchés capitalistes apprécient les valeurs en hausse. 

Facebook

Facebook joue un role clé dans la dissémination d'informations dans le grand public. Certains Israéliens partagent des articles d'informations sur leur mur Facebook, beaucoup utilisent des contenus publié par un certain nombre de pages Facebook très populaires. Ce sont des comptes publics qui dans la plupart des cas propose des mèmes drôles, des photos à la buzzfeed, qui attirent l'attention, des contenus très ‘partageables', parfaits pour les interactions sur Facebook. 

StandWithUs (413 000 j'aime), une organisation internationale sans but lucratif, créée pour  “informer le public sur Israël, combattre l'extrémisme et l'anti-sémitisme” n'a pas parlé de la frappe aérienne sur l'école de l'ONU. La même chose vaut pour Kikar Hashabat (117 000 J'aime) et Tweeting Statuses (605 000 j'aime), une page FB très suivie d'humour et de sélections d'informations. 

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La carte suivante de Gaza, représentée sous la forme d'une grille du jeu Minesweeper a été postée avec la légende suivante : “Elle se répand actuellement sur WhatsApp”.

Le modérateur du groupe a de toute évidence reçu cette image d'un groupe sur la messagerie pour mobiles WhatsApp, et l'a publiée sur une page publique Facebook : elle a reçu plus de 11 000 ‘j'aime', a été partagée des centaines de fois et a généré jusqu'ici 133 commentaires, allant des critiques aux justifications : un flux de commentaire très polarisé. 

Une fois de plus, une source israélienne n'a fait aucune mention de l'attaque de l'école de l'ONU. Les faits n'ont pas été couverts par les médias israéliens, et ils n'ont pas non plus été mentionnés dans les pages Facebook populaires. 

Twitter

Le graphique ci-dessous représente des comptes Twitter qui parlent d'un autre événement qui s'est déroulé à l'école de l'ONU de Beit Hanoun entre le 25 et le 30 juin. Il n'est toujours pas clair qui est responsable des tirs sur l'école, mais quelqu'un a bien assimilé les techniques de SEO sur Google (cliquer ici pour voir quelle information s'affiche en premier lors d'une recherche sur Google).

Les noeuds sont des comptes Twitter, et leurs connexions représentent les relations avec qui les suit. Plus le noeud est gros, plus il est central, plus ce compte est suivi à l'intérieur de ce groupe. Plus deux noeuds sont proches, plus ils partagent des connexions. Les différentes couleurs représentent des communautés, des régions, qui possèdent des niveaux élevés de connectivité. Les noeuds de même couleur sont bien plus interconnectés comparés au reste du graphique. 

This network graph details the landscape of Twitter handles responding to the UNWRA school bombing.

Ce graphique de réseaux  décrit le paysage des comptes Twitter qui réagissent au bombardement de l'école de l'ON. Visualisation créée avec Gephi.

Les graphes de réseaux sont des outils mathématiques utilisés pour modéliser les relations entre les objets et sont incroyablement utiles quand on travaille sur des données sociales. Analyser leur structure nous aide à comprendre notre culture et notre société. Dans ce cas précis, nous remarquons une séparation nette entre les deux camps. A droite, un groupe d'activistes clairement ‘pro-palestiniens’ (en vert) ainsi que différents médias et journalistes (en gris). L'amas gris de blogueurs, journalistes, et médias internationaux sont étroitement connectés avec le groupe des activistes pro-palestiniens, ce qui signifie que l'information est bien plus susceptible de circuler entre les deux. La structure du graphe renforce le sentiment répandu chez les israéliens que les médias étrangers ont une vision partiale.  

The “pro-Palestinian” side.

Le côté “pro-Palestinien”. Visualisation créée avec Gephi.

Deux des posts les plus partagés de ce côté du graphe sont : 

Je reviens de l'école de l'ONU qui a été bombardée la nuit dernière, 13 morts. 4 roquettes ont touché l'école. Ciblée ou non, cette zone est une zone civile.

Notre correspondant paulmasonnews tient des éclats d'obus trouvés dans l'école de l'ONU à Gaza  http://t.co/hQ8jNFwV1h #c4news pic.twitter.com/uS726ISRU8 — Channel 4 News (@Channel4News)

 De l'autre côté, nous trouvons les groupes ‘pro-Israël', dont des médias, des personnalités israéliennes, et différents sionistes américains (bleu clair), ainsi que des conservateurs américains et des membres du Tea Party (bleu sombre).

Pro-Israeli side.

Le camp Pro-Israeli.Visualisation créée avec Gephi.

Des posts très partagés dans cette sphère comprennent :

Combien de fois l'ONU prétendra-t-il être ‘choqué’ par les roquettes sur leurs écoles avant que les gens arrêtent de les croire ? Troisième fois :  http://t.co/qwhB9HiBDl — Yair Rosenberg (@Yair_Rosenberg) July 29, 2014

C'est quoi (l'agence de l'ONU) UNWRA ? Un milliard de dollars de budget par an pour enseigner ceci aux gamins de Gaza#hate #war #Nakba Day http://t.co/7FEY9TgMYL pic.twitter.com/OYTdME4FHm

On trouve une différence nette dans le cadre de référence quand nous comparons un côté du graphe et l'autre. Aucune de ces informations partagées ne sont inexactes en elles-mêmes, mais les utilisateurs font des choix délibérés quant à ce ce qu'ils choisissent de diffuser. C'est une représentation de leur valeurs, et de celles de leurs contacts. 

Les messages partagés d'un côté du graphe ne parviendront jamais à l'autre 

Certains nodes ont une valeur plus stratégique quand ils essaient de créer des ponts entre les deux camps. Dans ce cas, Haaretz est le média qui a le plus de connexions à la fois du côté pro-Palestinien et du côté pro-Israéllien du graphe et possède la plus haute centralisation  

Comparé à tous les autres noeuds présents dans ce graph, Haaretz est le plus susceptible de diffuser à travers l'ensemble du réseau. Il possède le potentiel pour créer un pont par-dessus les (biais) et les barrières politiques.

Instagram

Sur Instagram, nous assistons à des dynamiques similaires. Les mots clés utilisés pour décrire les contenus pro-Israel sont : #IsraelUnderFire#IStandWithIsrael #PrayForIsrael and #Peace. Dans l'autre camp, nous voyons: #FreeGaza, #PrayForGaza, #Genocide and #BoycottIsrael.

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Les contenus et conversations sur Instagram sont divisés en différents camps, où, une fois de plus, nous parlons en fait tous à des personnes ‘comme nous'. 

Appelez ce phénomène homophilie, appelez-le la bulle-filtre, mais il s'agit d'un phénomène prévalent où que nous nous tournions.

Capitalisme contre démocratie

Les espaces en ligne personnalisés sont architecturé de façon à nous forcer à y revenir pour obtenir plus de la même chose. Les contenus qui génèrent le plus de clics ou de trafic sont présentés en priorité sur notre timeline, tandis que ce qui risque de nous mettre mal à l'aise se dissout dans l'ether. 

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hoosing to ‘like’ the Israeli politician Miri Regev produces a list of similar politicians.

Nous construisons nos espaces sociaux en ligne : nous pouvons choisir de suivre un utilisateur, d'aimer une page ou de nous abonner aux publications sur un sujet donné. 

Quand nous aimons une page Facebook, il nous recommande d'autres pages similaires  (voir collaborative filtering) choisies en fonctions des actions passées d'autres utilisateurs sur le meme site. Par exemple, quand j'ai choisi de suivre Miri Regev (photo à gauche), une politicienne israélienne conservatrice), le réseau me conseille d'autres politiciens israéliens de droite, dont beaucoup partagent sa ligne politique. 

Les algorithmes sous-jacents de ce moteur de recommandation contribue à renforcer nos valeurs et insère davantage d'opinions similaires dans nos flux d'informations. 

Une expérience

Les pages ‘trending’ de Facebook agrègent des contenus qui sont beaucoup partagés (“trending”)sur tout le réseau social. Si vous êtes déjà connecté à Facebook, vous verrez une version personnalisée de cette tendance, qui fait référence à vos amis et leurs opinions sur le sujet.  Essayez.

Maintenant, ouvrez un nouvel onglet en mode non connecté (avec Chrome: Fichier->Nouvelle fenêtre Incognito) et naviguez à la même page. Le navigateur ne sachant pas qui vous êtes, vous obtiendrez le flux original, non personnalisé. 

Sortir de la folie

J'ai été surpris de tomber sur une conversation relativement équilibrée sur un réseau social,  Secret.ly, une application qui vous permet de partager des messages anonymes avec vos amis. Ce service a publié une page regroupant des posts sur le conflit. L'un d'eux m'a intéressé particulièrement, non seulement en raison de son sujet, mais pour la conversation qui s'y est déroulée.  

L'alliage de l'anonymat et d'un support de relations sociales en ligne semblent réussir à calmer le ton habituellement polarisé et très agressif des conversations.  
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Le fait que ce service soit relativement petit y contribue. 

Pour conclure 

Nous devons réfléchir à comment créer et maintenir des ponts entre les silos d'informations en ligne. Dans l'examen de Twitter ci-dessus, Ha’aretz est clairement bien positionné dans le réseau pour avoir un impact important sur les deux camps. Mais pour cette même raison, Ha'aretz éprouve des difficultés à trouver son socle de lectorat, et donc d'avoir les ressources financières nécessaires pour opérer et grandir. Si vous avez lu jusqu'ici, c'est que vous vous intéressez de près à ce sujet. Il existe deux façons d'aider : 

  • Aider Ha'aretz à conserver une stabilité financière en vous abonnant (moins de $10 par mois). Faire un don à 972mag.com (et son pendant en hébreu, Mekomit.co.il), qui tous deux proposent des reportages inédits, originaux, du terrain, sur ce qui se passe en Israël et en Palestine, avec une forte adhésion aux principes des droits humains et de la liberté d'information.  

Des réflexions ? Des commentaires ? Vous pouvez me joindre sur Twitter sur @gilgul

Gillad Lotan vit à New York et est le directeur scientifique données de Beta Works. Il est un spécialiste de la visualisation de données. il écrit sur les données et le Moyen Orient.

Suivez notre dossier Gaza : #Gaza: Civilian Death Toll Mounts in Israeli Offensive

Sur Twitter, le Ministre de la justice du Bahreïn veut donner une “gifle” politique à ses opposants

jeudi 7 août 2014 à 22:39
A opposition rally near Manama, Bahrain, on November 22, 2013. Photo by Sayed-Baqer. Copyright Demotix.

Une manifestation de l'opposition près de Manama, capitale de  Bahreïn, le 22 novembre 2013. Photo de Sayed-Baqer. Copyright Demotix.

[Liens en anglais sauf mention contraire] A l'approche des élections de novembre à Bahreïn, le régime en place ne prend plus de précautions dans ses méthodes d'intimidation politique. 

Le petit royaume, riche en ressources pétrolières et allié majeur des Etats-Unis, est critiqué depuis des années pour les violations des droits de l'homme à l'encontre de ses dissidents. En 2011, son armée a lancé une opération sanglante visant à mettre fin aux protestations exigeant l'octroi de droits politiques plus larges par la famille régnante Al Khalifa. Depuis, le pays fourmille de manifestations à plus petite échelle.

Il a été constaté que les gifles, coups de pied et autres formes de violence physique faisaient partie des moyens systématiquement utilisés pour la torture ou le mauvais traitement des opposants, depuis le soulèvement de 2011 – selon la Commission d'Enquête Indépendante sur Bahreïn, nommée par le gouvernement.

Cela explique qu'un tweet récent du Ministre bahreïni de la justice n'ait pas été pris à la légère. Ce tweet [arabe] évoque une “baffe” au secrétaire général d'Al Wefaq Ali Salman, la plus grande organisation politique d'opposition du pays, le tout à l'approche d'élections législatives:

Quand ce politicien tordu est venu proposer [une démocratie basée sur un consensus multi-confessionnel], nous lui avons retourné une baffe 666 en échange de son sectarisme. Apparemment, il en veut encore.

Le Ministre de la justice est en charge des “associations politiques” sur l'île, le terme “parti” étant interdit à Bahreïn car il ferait référence à une entité qui essaierait de changer le gouvernement. L'homme politique “tordu” renvoie à Salman, qui est à la tête d'Al Wefaq et a récemment révélé le contenu d'une proposition du pouvoir en place qui prévoyait notamment de diviser le prochain gouvernement en trois — six ministres chiites, six ministres sunnites et six ministres provenant de la famille royale. Salman avait, lui, proposé de négocier une solution qui serait acceptée par les deux principales communautés du pays (sunnite et chiite), dans le but de mettre fin à la crise politique.

Al Wefaq a refusé l'offre, et le régime bahreïni a réagi en suspendant les activités de toutes les associations politiques pour “violation des règles de l'assemblée générale”. Cette réaction a suivi l'expulsion d'un diplomate américain après qu'il eut rencontré des représentants d'Al Wefaq.

Dans la perspective des élections, qui sont considérées comme une étape charnière par les deux camps, la décision du gouvernement pourrait avoir un impact sur la capacité de l'opposition à organiser des manifestations de masse comme celles des années précédentes.

Le vote est prévu le 23 octobre 2014 et sera le troisième depuis qu'un Parlement a été établi en 2002. 40 candidats seront élus à la Chambre basse, et 40 autres seront choisis par le roi au sein de la Chambre haute du pouvoir législatif. La Chambre basse dispose de pouvoirs très limités car elle est supervisée par la Chambre haute (nommée la Consultante ou le Conseil de la Shoura), le Premier ministre et le roi. 

L'un des conditions posées par Al Wefaq pour sa participation est que le parlement soit élu dans sa totalité. Al Wefaq a recueilli une majorité de votes lors des dernières élections en 2010 avant de renoncer après que les forces armées eurent brutalement réprimé et tué des manifestants pro-démocratie au début de l'année 2011. Des élections partielles avaient ensuite été organisées pour remplacer les parlementaires ayant démissionné, mais l'opposition a boycotté ces élections, qui ont été marquées par un taux de participation 17,4% ; un chiffre qui montre l'impopularité du régime à ce moment.

Le second parti d'opposition, le groupe laïc nationaliste de l'Action Démocratique Nationale, (WAAD, en arabe), est aussi devenu une cible à l'approche des élections. Il a été placé sur la liste des groupes d'opposition qui violent les réglementations gouvernementales car il a refusé de laisser son leader, Ebrahim Sharif, se faire expulser. Sharif est maintenant emprisonné pour avoir rejoint les manifestations de 2011.

Le gouvernement est actuellement en train de porter plainte contre le WAAD. Le système judiciaire du pays a été sévèrement critiqué après qu'un rapport récent de Human Rights Watch a mis en évidence son incapacité “à établir des responsabilités et à rendre justice de manière impartiale”. 

Le Ministre de la justice Khaled Al Khalifa a détaillé à plus de 38 000 personnes qui le suivent sur Twitter sa version  d'une solution pour Al Wefaq. Ses tweets [arabe] peuvent laisser penser que l'un des objectifs du ministre est de changer le leadership du mouvement :

L'association [politique Al Wefaq] a été prise en otage grâce une interprétation déviante de ses règles, qui a mené à la marginalisation de son assemblée générale et le contrôle par une minorité de ce qu'on a appelé les candidats “sans adversaires”

Pour cette société [Al Wefaq] la seule voie est d'appeler à une élection des leaders par l'assemblée générale, dans la transparence et le respect des procédures, pour mettre fin au chaos et à la crise de leadership

Le secrétaire général d'Al Wefaq a répondu au Ministre au cours d'une conférence de presse, en affirmant qu'il avait reçu une proposition du gouvernement leur offrant des ministères en échange de l'arrêt des manifestations. Il a également ajouté qu'Al Wefaq avait refusé parce que la proposition ne prévoyait pas de recours au peuple dans le processus de décision.

Le compte Twitter d'Al Wefaq [arabe], avec 182 000 followers, a tweeté la conférence de presse :

Le secrétaire général: “Au fait, nous accueillerions les Nations Unies, la fondation Carter et d'autres en tant qu'observateurs de n'importe lesquelles de nos élections internes”

Le secrétaire général: “Si vous voulez savoir à quel point nous somme populaires alors laissez-nous organiser notre assemblée générale au Stade National, si le Stade peut contenir tout le monde”

Le secrétaire général: “L'opposition propose une répartition égale des circonscriptions, la réponse officielle est qu'on ne peut pas obtenir que les élections soient organisées avec des circonscriptions réparties de manière égale”

Le fait que le découpage des circonscriptions soit biaisé en faveur du parti au pouvoir figure depuis longtemps parmi les doléances formulées par l'opposition. Ce tableau [anglais, traduction Google] permet de comparer un système où la distribution des sièges parlementaires est équilibrée avec le système actuel.

Le secrétaire général: “L'opposition propose que le gouvernement soit élu, la réponse officielle est que le gouvernement ne peut pas être élu”

Le secrétaire général: “L'opposition propose un Parlement élu, la réponse officielle est que nous n'aurons pas de Parlement élu”

Le secrétaire général: “Nous proposons une solution qui mettra fin à la crise pour de bon, rien ne sera laisse de côté qui puisse exploser à nouveau dans un mois ou deux”

Le secrétaire général: “De toutes les façons nous ne participerons pas aux élections, ni publiquement ni de manière secrète, et nous appelons tout le monde à boycotter les législatives et municipales”

Le célèbre activiste pour les droits de l'hommes et ex-prisonnier Nabeel Rajab a résumé à ses 232 000 followers ce que pourrait faire le gouvernement d'ici aux élection s:

“Maintenant, jusqu'aux élections, on peut s'attendre à ce que le régime mette en place des procédures démentes pour affaiblir les forces politiques, mais le facteur décisif sera la détermination du peuple”

Financement de l’économie : Quand l’attractivité boursière sauve de l’impasse bancaire

jeudi 7 août 2014 à 13:22

Accusées d’être trop cupides avant la crise financière, aujourd’hui d’être trop frileuses à l’heure où la France et la zone euro ont pourtant besoin de financements, les banques ne trouvent décidément grâce aux yeux de personne. Et certainement pas aux yeux du ministre l’Economie Arnaud Montebourg qui leur reproche leur manque de patriotisme. Or, si elles rechignent à accorder des crédits, c’est plutôt parce qu’elles sont bridées par la réglementation internationale de Bâle. Quoi qu’il en soit, il devient urgent de trouver d’autres moyens de financer l’économie. Depuis quelque temps, les marchés financiers apparaissent comme une solution attractive aux yeux des chefs d’entreprises.

La finance c’est « comme le cholestérol, il y a la bonne et la mauvaise ». Quand il s’agit de qualifier le système bancaire, le ministre de l’Économie, Arnaud Montebourg n’y va pas avec le dos de la cuillère. Si la comparaison ne manque pas sel, elle fait néanmoins clairement porter le chapeau aux banques pour expliquer l’enlisement de l’économie française. Le message qu’il a souhaité adresser aux banques lors de sa visite fin avril 2014 à l’entreprise Clauger, spécialisée dans le froid industriel, à Brignais, près de Lyon, ne pouvait pas être plus direct.

La mauvaise est spéculative, la bonne s’intéresse aux placements à long terme, fait du crédit à la PME du coin, soutient les chefs d’entreprises, permet aux entreprises de croître et d’embellir

, a-t-il déclaré, avant de formellement appeler les banques à « participer à cette entreprise patriotique ».

Trop gourmandes ou trop prudentes, les banques n’en font-elles qu’à leur tête ?

Lors de la crise de 2007, les banques ont été accusées d’avoir été trop gourmandes du fait d’un modèle d’affaires avide d’actifs à très haute rentabilité. Résultat : l’argent public a servi à renflouer les fonds propres de banquiers qui n’ont pas pu assumer leurs prises de risques quand tout s'est effondré. Aujourd’hui, c’est exactement l’inverse : on leur reproche d’être trop prudentes. « Les banques refusent le risque, et de prendre le risque d’accompagner les entreprises. Résultat : nous avons des niveaux de faillite dans les TPE et PME qui sont trop importants », a de nouveau assené le ministre de l’Économie lors des questions au Gouvernement le 10 juin 2014.

Dans les faits, le ministre n’a pas tort. Le 3 janvier 2014, les statistiques de la Banque centrale européenne (BCE) faisaient état de la baisse des crédits accordés au secteur privé, à 2,3 % en rythme annuel. Des chiffres inquiétants qui font réagir les économistes :

Ce qui est très inquiétant, c’est qu’il n’y a aucun signe de retournement de tendance dans le crédit des banques aux entreprises de la zone euro, ce qui augmente la pression exercée sur la BCE pour qu’elle agisse 

a déclaré Howard Archer, économiste en chef pour l’Europe de IHS Economics.

Les choix de la BCE risquent encore de contribuer à la contraction du crédit

Ça n’a guère trainé. Le 5 juin, Mario Draghi le président de la Banque centrale européenne, annonçait des baisses de taux. Désormais négatif, le taux de dépôt (- 0,10 %) est supposé inciter les banques commerciales venues placer leurs fonds à la BCE à prêter davantage. Malheureusement, il y a fort à craindre que les banques cherchent plutôt à répercuter ce coût sur leurs clients en baissant la rémunération de l'épargne.

Ou, autre option, ce sont encore les crédits qui vont trinquer. C’est en tout cas ce qu’anticipe Gilles Moec, codirecteur des études économiques chez Deutsche Bank,

Ce qui s’est vu au Danemark, c’est que les banques n’ont pas baissé les taux de dépôts, ce qui est techniquement compliqué, mais ont augmenté le coût du crédit. Elles ont ainsi récupéré par ce moyen les marges qu’elles avaient perdues sur le taux de dépôt.

Ce que les règles prudentielles de Bâle dictent aux banques

D’autres facteurs purement réglementaires expliquent le resserrement du crédit. Si les banques refusent le risque, c’est qu’elles y sont légalement contraintes via notamment la nouvelle réglementation bancaire (Bâle I, II et III) qui a profondément modifié leur modèle d’affaires.

Bâle I puis II impose aux banques le maintien d’un certain niveau de fonds propres proportionnels au niveau de risques pris, et en particulier au risque de crédit (les fonds propres doivent représenter 8 % des actifs engagés). Toute augmentation des fonds propres ayant un coût, les banques n’ont d’autre choix que limiter l’octroi de nouveaux crédits. Bâle III renforce encore ces dispositions. Toute dérogation à ces règles les ferait tout simplement entrer dans l’illégalité.

Tout ceci ressemble à s’y méprendre à une impasse. En attendant, les entreprises et en particulier les PME ont toujours besoin de se financer et il est probable qu’elles nourrissent peu d’illusions vis-à-vis d’un hypothétique geste patriotique de la part des banques.

Les marchés financiers : une alternative attractive

Les marchés financiers apparaissent alors comme la solution alternative de financement la plus évidente, y compris pour les PME et les ETI pour qui Euronext a créé une filiale dédiée, EnterNext. En outre, le groupe porte avec lui de nouvelles ambitions pour la place financière française et les marchés européens. Son introduction en bourse, après 7 années dans le giron de NYSE Euronext, devrait faire de lui « un centre de financement de l’économie réelle en Europe », dixit Dominique Cerutti.

Il semblerait que les chefs d’entreprises l’aient déjà compris puisqu’ils ont commencé à se tourner vers les marchés. En effet, simultanément à l’importante contraction du crédit bancaire observée en début d’année, les activités de cotation et de négociation ont connu une hausse de 8,7 %, dixit Euronext le 3 juillet 2014. « L’accroissement des cotations sur les marchés Euronext s’explique principalement par un retour des grandes capitalisations, mais également par une hausse significative des introductions en Bourse de PME-ETI », a également fait savoir Euronext dans un communiqué.

La part du financement des PME et des ETI provenant de la bourse est encore très modeste puisqu’elle s’élève à 1 %. Mais au regard et de l’attractivité croissante de la bourse et des exigences bancaires constantes, il se pourrait bien qu’elle augmente dans les mois à venir.

La Serbie sous de nouvelles inondations deux mois seulement après le déluge de mai 2014

mardi 5 août 2014 à 17:24
A man uses a boat to navigate the streets in Vršac, Serbia during a new wave of flooding in July 2014. Photos collected by Nenad Kiss from social media users, widely circulated online.

Un homme circule en canot pneumatique dans les rues de Vršac, en Serbie, pendant de nouvelles inondations, en juillet 2014. Photos circulant sur internet, collectées par Nenad Kiss parmi les utilisateurs de médias sociaux.

Après les inondations massives de mai 2014 dans plusieurs pays des Balkans, une catastrophe naturelle comme la région n'en a pas connu depuis un siècle, la Serbie a de nouveau été sous les eaux dans les derniers jours de juillet.

Officiellement les dégâts de mai se chiffrent à ce jour à plus d'un milliard d'euros pour la seule Serbie, et de nombreuses habitations et vies ont été détruites. Le 30 juillet 2014 vers 22 heures, des pluies diluviennes ont commencé à tomber sur la plus grande partie du pays pour ne cesser que douze heures plus tard. La cenrale de Kostolac, qui fournit en électricité une grande part de la Serbie et la capitale, avait été sauvée de justesse des inondations de mai grâce aux efforts de l'armée et des simples citoyens. Une fois de plus, elle a été menacée par la montée des eaux.

Cette fois le bilan n'a pas encore été officiellement établi, mais certaines agglomérations qui s'en était relativement bien tirées en mai n'ont pas eu autant de chance. La ville de Vršac a reçu à elle seule 200 litres d'eau par mètre carré en l'espace de quelques jours. Les usagers de médias sociaux ont collecté et publié des images de l'inondation et des dégâts à Vršac :

Flooding in Vršac, Serbia during a new wave of flooding in July 2014. Photos collected by Nenad Kiss from social media users, widely circulated online.

Hautes eaux à Vršac, Serbie, pendant une nouvelle vague d'inondations, juillet. Photos circulant sur internet, collectées par Nenad Kiss parmi les utilisateurs de médias sociaux.

Another view of Vršac during flooding in July 2014, taken from an apartment building. Photos collected by Nenad Kiss from social media users, widely circulated online.

Une autre vue de Vršac pendant l'inondation de juillet 2014, depuis un immeuble d'appartements. Photos circulant sur internet, collectées par Nenad Kiss parmi les utilisateurs de médias sociaux.

An example of the extent of floodwater damaging homes throughout Serbia, this one in in Vršac during a new wave of flooding in July 2014. Photos collected by Nenad Kiss from social media users, widely circulated online.

Un exemple de l'ampleur des dégâts aux habitations dans toute la Serbie, ici à Vršac pendant une bouvelle vague d'inondation en juillet 2014. Photos circulant sur internet, collectées par Nenad Kiss parmi les utilisateurs de médias sociaux.

La ville de Topola en Serbie centrale a aussi subi flots et dégâts, et l'état d'urgence pour la municipalité a été à nouveau déclaré le 31 juillet 2014, tandis que d'autres villes et agglomérations comme Trstenik, Požarevac, Kraljevo et Vrnjačka Banja ont aussi été durement frappées par les inondations et incendies causés par les orages et la foudre qui accompagnaient les pluies.

Un militaire israélien arrêté pour avoir parlé sur Facebook de représailles contre les civils de Gaza

mardi 5 août 2014 à 10:53
Eran Efrati

Eran Efrati

Eran Efrati est un ancien sergent des forces armées israéliennes devenu lanceur d'alertes. Agé de 28 ans, il a été arrêté par les autorités israéliennes et interrogé sur ses recherches relatives à l'utilisation d'armes interdites à Gaza.

Le mardi 29 juillet, Efrati a annoncé sur Facebook qu'il détenait des informations provenant des Forces de défense israéliennes (IDF) qui démontrent ce qu'il dit être la vraie raison du massacre de Shuja'iyya du 20 juillet, 9 jours auparavant, à savoir que des civils ont été bombardés et tués par l'armée israélienne en représailles à la mort de soldats de leurs unités.

 

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Ces dernières semaines je me trouvais à la frontière de Gaza où des soldats de la Bande de Gaza m'ont confié des informations. Je prépare actuellement deux grands reportages pour des journaux nationaux américains, et je suis en mesure de vous révéler quelques informations dès maintenant. Des soldats de deux différentes unités situées à l'intérieur de Gaza ont laissé entendre que l'attaque de snipers qui a tué des Palestiniens dans le quartier de Shuja'iyya venait en représailles contre la mort de soldats de leurs unités. Suite à la fusillade qui visait des officiers israéliens armés et qui a tué sept militaires de la brigade Golani, l'armée israélienne a entrepris de pilonner le quartier de Shuja'iyya. Le lendemain du massacre, de nombreux Palestiniens sont venus chercher les membres de leurs familles et leurs amis parmi les décombres. Sur une vidéo diffusée sur YouTube, on voit un jeune homme palestinien, Salem Shammaly, qui appelle ses proches en les recherchant au milieu des ruines, quand tout à coup il est touché à la poitrine et s'écroule. Quelques secondes plus tard, il est atteint par deux tirs de snipers qui le tuent sur le coup.

Depuis la publication de cette vidéo aucun commentaire officiel de la part du porte-parole de l'armée israélienne n'a été fait. Aujourd'hui on sait que l'ordre officiel donné aux soldats à Shujaiyya était de s'emparer des habitations palestiniennes considérées comme des avant-postes. De ces avant-postes, les militaires ont dessiné une ligne rouge imaginaire et ont décidé ensemble de supprimer toute personne qui traverserait cette ligne. Toute personne qui traversait la ligne était considérée comme une menace pour leurs avant-postes et devenait une cible légitime. C'était l'argumentation officielle au sein de ces unités. On m'a dit que la raison officieuse était de permettre aux soldats de se libérer de leurs frustrations et de leur peine dues à la perte de leurs camarades (c'est un fait que, pendant des années, l'armée israélienne n'a pas assumé ses opérations à Gaza et en Cisjordanie), en tirant sur les réfugiés palestiniens de la zone. Sous prétexte d'une prétendue “menace sécuritaire” les militaires ont été amenés à une attaque planifée pour se venger sur les civils palestiniens. Ces récits s'ajoutent à ceux qu’Amira Hass et moi avons réunis lors de nos recherches sur la Guerre de Gaza. Le nombre de morts ne cesse d'augmenter et va bientôt atteindre celui du massacre de 2009.

Plus de 1 100 personnes ont été tuées à Gaza, dont au moins 80% de civils. Aujourd'hui on annonce qu'au moins 4 militaires ont été tués par une roquette à l'extérieur de Gaza, et un autre à Gaza. Ils s'ajoutent au 43 militaires déjà tués. Nous savons que d'autres actes de vengeances vont avoir lieu et il est important de ne pas se taire. Il faut descendre dans la rue et s'exprimer sur les réseaux sociaux. Où que vous soyez demandez à vos représentants politiques de cesser de soutenir ce massacre et de boycotter immédiatement l'Etat d'Israël jusqu'à la fin de l'occupation, la levée du blocus et la libération des Palestiniens. Nous voulons tous être au bon endroit au bon moment quand l'histoire est à notre porte, et l'histoire se passe à Gaza en ce moment. Il faut décider de quel côté de l'histoire on veut se ranger.

Outre le fait d'être arrêté et interrogé, Efrati a eu son compte Facebook et sa boîte mail bloqués et aurait reçu des menaces de mort visant à le faire taire.

 

 

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j'ai récemment été arrêté par les autorités et interrogé sur les recherches relatives à l'utilisation d'armes illégales à Gaza, mon mail et mon compte Facebook ont été bloqués. Et on m'a clairement signifié que je risquais ma vie et que je devais me taire et rester tranquile. Mais je ne vais aller nulle part. Ils peuvent fermer mes accès aux réseaux de communication, mais cela ne veut pas dire que je ne suis pas là, je trouverai bien un moyen de vous communiquer l'information, et je suis sûr que vous la ferez passer, que vous descendrez dans la rue pour la divulguer. Demandez à vos députés, à vos gouvernements de cesser de financer cette tuerie, de boycotter Israël et d'arrêter le bain de sang à Gaza. Le monde entier vous regarde en ce moment, l'histoire est en train de se faire et je compte sur vous.

Le massacre de Shuja'iyya s'est déroulé lors d'un combat intense entre le Hamas et l'armée israélienne. Ce massacre a fait 72 morts, dont 17 enfants, du côté palestinien, et 13 morts de soldats israéliens.

La vidéo qui suit du Palestinien blessé tué par un sniper a été publiée par l’ International Solidarity Movement [Attention: des images peuvent choquer.]

Amnesty International indique que ce massacre pourrait être assimilé à un crime de guerre.

Le bombardement continu d'habitations civiles dans plusieurs zones de la bande de Gaza, comme le pilonnage israélien d'un hôpital, s'ajoutent à la liste des crimes de guerre possibles qui relèvent d'une enquête internationale indépendante, dit Amnesty International.

[...]

L'armée israélienne répond que Shuja’iyyeh, une zone dense peuplée de 92.000 personnes à l'est de la ville de Gaza, a été visée car c'est une ‘forteresse’ qui abrite des roquettes, des tunnels et des état-majors. L'armée israélienne comme le gouvernement ont répété que les civils savaient qu'ils devaient évacuer la zone plusieurs jours avant l'attaque.

Cependant, de nombreux civils à Shuja’iyyeh et ailleurs n'ont pas évacué parce qu'ils ne savaient pas où aller. Toutes les écoles et autres établissements de l'UNRWA (Agence des Nations unies pour les Réfugiés), transformés en abris sont surpeuplés. L'avertissement des populations d'évacuer des zones entières ne dispense pas les forces israéliennes de leurs obligations de protéger les civils conformément aux dispositifs humanitaires internationaux.

“Le bombardement continu de Shuja’iyyeh et d'autres zones civiles de la bande de Gaza, ainsi que les attaques de roquettes commises au hasard sur Israël, nécessitent une action internationale urgente afin d'éviter d'autres violations. Les Nations Unies devraient imposer un embargo sur les armes des deux côtés, et tous les Etats devraient suspendre immédiatement la livraison d'équipement militaire à Israël, au Hamas, et aux autres groupes armés palestiniens de la bande de Gaza,” dit Philip Luther.

Médecins Sans Frontieres accuse Israël de bombardements aveugles :

“Alors que le gouvernement affirme que l'objectif de l'offensive terrestre est de détruire les tunnels d'accès à Israël, on constate sur le terrain que les bombardements sont commis au hasard et qu'ils tuent des civils”, dit Nicolas Palarus, coordinateur de projets pour MSF à Gaza.

A l'heure où cet article est écrit, la dénommée “Opération Bordure Protectrice” a fait plus de 1 650 morts et 9 000 blessés palestiniens. Du côté israélien, 63 soldats ont également été tués ainsi que deux civils et une personne de nationalité thaïlandaise. Près de 400 personnes ont été blessées.

Il est important de noter qu'Efrati est membre de Anarchists Against the Wall (Anarchistes contre le mur) et de Boycott from Within (Boycott de l'intérieur) en faveur de la campagne BDS (Boycott – Désinvestissement – Sanctions) mais également de Breaking The Silence (Rompre le silence), ONG israélienne dont les membres sont d'anciens soldats des Forces de défense israéliennes dont le but est de “faire prendre conscience au public de la réalité de la vie quotidienne dans les territoires occupés”.

La vidéo qui suit le montre donnant une conférence dans le Colorado dans le cadre d'une tournée américaine, Le soldat et le refuznik avec Maya Wind il y a quelques mois : 

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