PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Evacuer les enfants de Fukushima

mardi 26 février 2013 à 13:29
Children evacuated from the town Futaba, enjoying a magic show in front of the Saitama Super Arena. Saitama, Japan. 27/03/2011. Image from Demotix

Des enfants évacués de la ville de Futuba assistent à un spectacle de magie en face de Saitama Super Arena. Saitama, Japan. Photo de Miyoko Fukushima.
copyright © Demotix (27/03/2011).

La crainte d'une exposition de leurs enfants à des radiations mortelles, a poussé un groupe de parents, avocats et résidents à exiger de l’État une évacuation officielle de la région de Fukushima au Japon. Ensemble, ils sont connus comme le Fukushima Collective Evacuation Trial Team [japonais,ja] et prévoient une manifestation le 23 février 2013 à Shinjuku, dans la capitale Tokyo.

Le groupe a mené un combat perdu d’avance devant les tribunaux depuis 2011, lorsqu’une centrale nucléaire a relâché assez de déchets radioactifs dans leur région pour être déclarée plus grande catastrophe nucléaire jamais connue.

Quatorze étudiants de la ville de Koriyama à Fukushima ont déposé une plainte contre le gouvernement local en Juin 2011, exigeant que la ville cesse l'enseignement obligatoire dans les zones fortement exposées aux radiations et finance une évacuation collective afin de relancer l'éducation dans des zones plus sures. L'affaire a été classée par le tribunal du district de Koriyama le 16 Décembre 2011. Un procès en appel se déroule actuellement à huit clos à la Haute Cour de Sendai.

Kōriyama1, Fukushima

La ville de Koriyama dans la préfecture de Fukushima. Image captured from wikipedia

Des messages de soutien à la manifestation [ja, en] ont été envoyé du Japon et du monde entier :

松尾憙澄(東京都:自営)
戦時中に全東京、全大都市で行えた「疎開」が、なぜいま出来ない?
あの当時より文科(部)省は子どものいのちを粗末に考えているのか?
人も社会も、進化し改善される叡知への信頼無しには、未来への希望は持てない。
政治も司法もそれが存在理由でしょう?。
それが後退を後押しするなどあってはならない。

松尾憙澄(Tokyo, Travailleur indépendant)
Si l'on repense aux périodes de guerre, le gouvernement était en mesure de gérer des évacuations de masse, et d’ordonner aux résidents de quitter les grandes villes telles que Tokyo pour des zones rurales. Pourquoi ne peuvent-ils gérer l'évacuation maintenant ? Le ministère de l'Éducation dévalorise-t-il la vie des enfants d'aujourd'hui ? Nous ne pouvons pas espérer un avenir meilleur si nous ne pouvons pas faire confiance à la sagesse qui rend notre société meilleure. C'est pourquoi les systèmes politiques et judiciaires existent, n’est-ce pas ? Rien ne devrait les encourager à se contenter de moins.

Guillaume Gellenoncourt (France, sans emploi)

Aucun des mots que je peux dire sont assez forts pour exprimer ce que je ressens… Je vous présente mes excuses pour les dégâts du MOX que mon pays a vendu au votre. Votre gouvernement vous a tous abandonné. Restez forts tant que possible, restez unis et peut être….

Jean VOGUET (France, compositeur)

Vous devez prendre soin de vos enfants !

高橋陽一 (滋賀県:弁護士)
福島の子どもの健康被害が心配です。
子どもの健康被害という大切な問題であるのに,報道がほとんどされていないことにも憤りを感じます。

高橋陽一(Shiga Japon, avocat)

Je suis inquiet pour la santé des enfants à Fukushima. J’ai du ressentiment à l’égard des médias pour leur couverture minimaliste, alors que la santé des enfants est un sujet très important.

庄田政江(大阪府:通訳案内士)
父は原爆が落とされてすぐに広島に救援活動に行き被爆し311前に肺がんで亡くなりました。私は被爆2世、父の代わりとして福島周辺の方達への定期健診と国の補償を要求します。国際的ビジネスを続けるためにIAEAや国や電力会社は被害の矮小化を計ろうとしています。
「核と人間は共存できない」ことを知らせるためデモに賛同したいと思います。

庄田政江(Osaka, interprète)
Mon père s’est rendu à Hiroshima pour aider la population juste après la bombe atomique. Il a été exposé à des radiations et est décédé d'un cancer du poumon avant le tremblement de terre du 11 mars 2011. En tant que son fils, je demande une surveillance médicale périodique des résidents et des riverains de Fukushima et je demande que notre nation les indemnise, au nom de mon père. L’AIEA [Agence Internationale de l’Énergie Atomique], les autres nations et les grandes entreprises de l'industrie électrique projettent de minimiser les dommages [de la catastrophe nucléaire] pour continuer leur “commerce international”.

Je voudrais soutenir cette manifestation pour que les gens sachent que “le nucléaire et l'homme ne peuvent pas vivre ensemble”.

Le quotidien des enfants de Fukushima est à peine abordé dans les médias traditionnels. Le 13 février 2013, l’association à but non lucratif Our Plan-TV a rapporté [ja] que trois enfants de moins de 18 ans sur 38 114, avaient été diagnostiqués d'un cancer de la thyroïde. Sept autres enfants présentent en présentent des signes, à confirmer, selon [ja, pdf] une enquête officielle réalisée par la préfecture de Fukushima.

Lors d’une conférence de presse, le Professeur Shinichi Suzuki de l’université de Médecine de Fukushima a dit que ces cas n’étaient pas liés à l’accident nucléaire, car l’augmentation des diagnostics de cancers de la thyroïde à Tchernobyl, en Ukraine, avait été constatée 4 à 5 ans après l’accident nucléaire. L’accident nucléaire de Tchernobyl en 1986 était considéré comme le pire accident nucléaire jusqu’à celui de Fukushima en 2011.

Avec peu d'aide du gouvernement, Toshio Yanagihara, un avocat du Fukushima Collective Evacuation Trial team [ja], est allé aux Nations Unies. Cette vidéo présente son plaidoyer. Elle a été enregistrée le 30 octobre 2012 à Genève et mise en ligne par le Réseau Mondial pour la Sauvegarde des Enfants des Radiations.

Regardez s'il vous plaît cette carte de la ville de Koriyama, qui est à 60 km des centrales nucléaires. Les chiffres représentent les niveaux de radiation dans l'air et le niveau de contamination au sol mesurés en août l'année dernière. Les points rouges sur la carte indiquent un niveau de radiation équivalent à celui de la zone d'évacuation obligatoire de Tchernobyl. Si vous appliquez les critères d'évacuation utilisés à Tchernobyl, la majeure partie du centre ville tomberait dans la zone d'évacuation obligatoire, où les habitants seraient obligés de quitter les lieux. C'est dans ce niveau de contamination dangereux que les enfants restent et sont scolarisés.

Chronologie des négociations de paix en Colombie

mardi 26 février 2013 à 12:58

Adam Isacson a créé une chronologie des pourparlers de paix entre le gouvernement colombiens et les FARC. Celle-ci comprend des liens vers des informations supplémentaires pour chaque événement.

 

Pakistan : la campagne « Access Is My Right »

mardi 26 février 2013 à 12:09

[Les liens de ce billet renvoient vers des pages web en anglais.]

L’ONG pakistanaise de défense des libertés numériques, Bytesofrall, a lancé une campagne en ligne sur le filtrage d’Internet et la censure en ligne. Intitulée Access Is My Right (« L’accès, mon droit »), elle vise à sensibiliser les internautes aux politiques et aux pratiques limitant la liberté d’expression en ligne. Au cours des dernières années, la surveillance en ligne a terriblement augmentée au Pakistan. Les autorités gouvernementales ont affirmé à diverses reprises que cette surveillance était dans l’intérêt de la sécurité des citoyens. Le slogan de la campagne est A Pakistan free of censorship and surveillance will be a prosperous Pakistan [« Un Pakistan sans censure et sans surveillance sera un Pakistan prospère »].

Cette campagne est un appel à la création d’un mouvement plus important de défense des droits de l’homme dans le pays et de lutte contre la censure actuelle qui risque d’avoir des effets désastreux sur les libertés civiles déjà compromises dans le pays. Nous invitons toutes les personnes ayant souffert de la censure en ligne ou prenant position contre les restrictions à l’accès à Internet et aux communications à se joindre au mouvement et à protester en partageant le matériel graphique de la campagne sur le Web autant que possible.

Le Pakistan a pris des mesures toujours plus importantes au cours des dernières années pour déployer une censure numérique. Le gouvernement est allé jusqu’à acquérir un système complet de filtrage d’URL afin de bloquer l’accès à toute URL « non désirée », définie peu clairement dans la documentation officielle, avec des termes faisant référence à la moralité. Dans des cas d’élaboration de politiques comme celle-ci, le rôle de campagnes telles que Access is my Right (AIMR) est essentiel.

Communication rights are fundamental rights

Les droits relatifs à la communication sont fondamentaux.

La campagne a rencontré un succès considérable sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook et sur Twitter. Les infographies, publiées sur la page Facebook de l’AIMR, ont déjà été partagées des centaines de fois et donnent lieu à des débats animés. En créant ces visuels, l’équipe derrière la campagne s’est centrée sur les problèmes apparaissant une fois que le gouvernement choisit de censurer le Web ou désactiver les services mobiles dans des régions spécifiques du pays. Ceux-ci vont de l’impossibilité de contacter de l’aide en cas d’urgence, à d’importantes pertes commerciales et bien plus. Cela fait deux mois que YouTube est bloqué au Pakistan. Dans un texte du site d’AIMR, une illustration d’Anny Zafar, où nous pouvons lire « It’s not YouTube, it’s OurTube » :

 Illustrated by Anny Zafar. For printable file, please contact info@bytesforall.pk.

Illustration d’Anny Zafar. Fichier imprimable disponible, contact : info@bytesforall.pk.

AIMR souligne son point de vue dans un billet intitulé Moral Policing will Tarnish our Nascent Democracy :

Les gouvernements qui ne font pas confiance à leurs citoyens surveillent leurs pensées et leur accès à l’information par le biais d’une impitoyable censure.

 Design and illustration by Anny Zafar

Auteur : Anny Zafar

Les plateformes gratuites d’éducation, de sensibilisation et de divertissement sont entrées dans la vie quotidiennes des citoyens du 21e siècle et peuvent jouer un rôle essentiel leur permettant de contribuer de manière positive aux progrès d’une nation. La campagne AIMR vise à augmenter l’engagement citoyen pour protéger de telles plateformes. Consultez le site de la campagne pour en savoir plus et y prendre part.

Billet rédigé en collaboration avec Salman Lateef.

Bolivie : Morales candidat à un second ou un troisième mandat ?

lundi 25 février 2013 à 21:04

[Sauf mention contraire, les liens renvoient vers des pages en espagnol.]

L'actuel parti au pouvoir en Bolivie, le MAS [en français. Movimiento al Socialismo, "Mouvement vers le socialisme"]  a annoncé que le président Evo Morales visait sa réélection lors du prochain scrutin présidentiel prévu en décembre 2014. Morales, ancien producteur de coca devenu syndicaliste et leader de gauche, rencontre un soutien significatif en Bolivie, surtout parmi les Indiens et les populations rurales.

Mais l'annonce d'une future candidature a suscité un débat quant à savoir si, d'une part, l'actuel mandat du président Morales est son premier ou son second et si d'autre part la constitution du pays, qui a tout juste quatre ans, l'autorise ou non à se représenter.

Après des années d'instabilité politique en Bolivie, Evo Morales en a été président en 2005 avec 54% des voix. Son premier mandat a commencé en janvier 2006 mais le conflit politique s'est prolongé, surtout entre les régions orientales du pays et le gouvernement de gauche de Morales qui a adopté une nouvelle constitution [le conflit politique est lié à une revendication autonomiste de ces régions, économiquement mieux dotées].

Evo Morales, image de la campagne présidentielle. Photo de vocesbolivianas on Flickr, sous Creative Commons (CC BY-NC-SA 2.0)

Evo Morales, image de la campagne présidentielle. Photo de vocesbolivianas on Flickr, sous Creative Commons (CC BY-NC-SA 2.0)

A la suite d'un accord politique en 2008 auquel sont parvenus le parti au pouvoir et l'opposition, la révision de la constitution a été soumise et ratifiée par référendum en janvier 2009. Le mandat du président a été écourté et de nouvelles élections [présidentielles] ont eu lieu en décembre 2009. Evo Morales remporta une seconde élection consécutive avec 64% des voix.

La constitution bolivienne de 2009 déclare que

Art.168. La durée du mandat de la Présidente ou du Président et de la Vice-Présidente ou du Vice-Président de l'État est de cinq ans, et elles ou ils ne peuvent être réélues ou réélus consécutivement qu'une seule fois.

Un peu plus loin, cette même constitution précise que :

Les mandats exercés avant la mise en vigueur de la présente Constitution seront pris en compte pour calculer la durée d'exercice de nouvelles périodes de fonction.

Les soutiens d'Evo Morales à une troisième candidature , tels que le sénateur Rene Martinez, estiment que l'éventuelle réélection de l'actuel président est constitutionnelle et légitime.

Le sénateur Martinez explique sur son compte Twitter :

@ReneMartinez_: la disposition transitoire de l'article de la CPE [paragraphe II de l'article 168 de la Constitución Política del Estado, la Constitution bolivienne] ne concerne que les élections de 2009, et n'a pas d'application a posteriori.

Sur cette question, certains soulignent en revanche que le mandat actuel du président Morales est bien son second mandat et qu'une troisième candidature serait inconstitutionnelle.

Reprenant cet argument, le militant politique Julio Aliaga (@JulioAliagaL) a publié sur Twitter la photo d'un timbre officiel émis par le gouvernement bolivien célébrant le second mandat du président Morales.

"Second mandat. Président constitutionnel de l'État plurinational de Bolivie" Image diffusée sur Twitter par l'utilisateur @JulioAliagaL

“Second mandat. Président constitutionnel de l'État plurinational de Bolivie” Image diffusée sur Twitter par l'utilisateur @JulioAliagaL

La Cour constitutionnelle plurinationale de Bolivie [équivalent du Conseil constitutionnel] examine actuellement la question de constitutionnalité d'une troisième candidature.

Comme l’explique le blogueur Mario Duran, d'El Alto, les soutiens de Morales ont toutefois une autre alternative si la Cour déclare celle-ci inconstitutionnelle, empêchant Morales de se présenter à nouveau:

Afin de rendre le président Morales éligible à une nouvelle réélection, il faudrait un référendum pour approuver toute modification de la Constitution. Or Morales peut se prévaloir d'un soutien de plus de 50% des votants, ses partisans devraient par conséquent opter pour un référendum.

Tandis que l'appareil électoral bolivien devrait être de nouveau mis à l'épreuve d'ici quelques mois, les calculs électoraux vont pour l'instant bon train en Bolivie.

La Bulgarie n'a plus de gouvernement, les manifestations continuent

lundi 25 février 2013 à 20:18

Dimanche 24 février 2013, les Bulgares ont manifesté par dizaines de milliers contre la corruption, les services publics trop chers et la pauvreté. La ville côtière de Varna a été mérité le titre de capitale de la contestation : plus de 40.000 personnes s'y sont rassemblées dimanche. A Plovdiv, elles étaient 15.000. S'il est difficile de déterminer le nombre exact des manifestants du 24 février, les sources du côté des militants indiquent qu'il y en a eu plus de 200.000 à l'échelle du pays.

A Sofia, les slogans étaient : “Mettons le feu aux monopoles !” ; “Balkans, réveillez-vous ! Pour une vraie démocratie !” ; “Assez d'illusions, action civique chaque jour !” ; “Nous, Bulgares, Turcs, Roms, Arméniens -nous sommes tous citoyens de #Bulgarie ! Nous devons résister à la manipulation politique !”

The Feb. 24 protest in Sofia. Photo by Ruslan Trad.

Manifestation du 24 février à Sofia. Photo Ruslan Trad.

Voici une vidéo de la manifestation à Sofia, filmée par l'auteur de ce billet :

La manifestation à Sofia a coïncidé avec l'intronisation de Neofit, le Patriarche nouvellement élu [en anglais] de l'Eglise orthodoxe bulgare ; la ville était paralysée, aucun transport en commun ne fonctionnait, à part le métro. A peine officiellement intronisé, le Patriarche Neofit a fait le voeu de prier pour la paix et l'unité du peuple bulgare. Ce geste de soutien aux manifestants a été apprécié par ces derniers, tandis que le Président Rosen Pleveliev, qui s'adressait à la foule à Sofia, a été hué.

Les manifestants ont invité les partis politiques à ne pas manipuler ou infiltrer les manifestations. Au rassemblement de Veliko Tarnovo, ils ont même expulsé des élus [en bulgare, vidéo]. Stanislava Stefanova a écrit [en bulgare] :

Ils ne comprennent donc pas qu'il n'y a pas de place pour eux à la manifestation populaire ???? Ça n'est pas assez clair qu'on ne veut pas d'eux ???

Dans la foulée de la démission surprise [en anglais] du gouvernement de Boïko Borisov le 20 février, qui faisait suite à une manifestation précédente tournée à la violence [en anglais], les meneurs du mouvement contestataire ont tenu une réunion dans la ville de Sliven et se sont accordés sur une liste de revendications : non à la dissolution du Parlement ; le Président doit désigner un gouvernement de techniciens et non un cabinet pour expédier les affaires courantes ; rédiger un projet de loi de participation civile assurant un quota de 50% de civils dans toutes les institutions ; redonner 51% des actions du secteur énergétique à l'Etat ; liquider la Holding Bulgare de l'Energie, BEH, qui assèche le secteur énergétique ; convoquer la Grande Assemblée Générale en instaurant une procédure de rappel des députés.

Lada Dimitrova a écrit [en bulgare], dans un commentaire de l'exposition de photos de la manifestation du 24 février sur la page “Saprotiva” (“Résistance”) :

Ça ne m'intéresse pas [de savoir] qui sera le chef, l'important pour moi est de vivre dans la dignité !