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À Cuba, tout augmente sauf les salaires des travailleurs du secteur public

jeudi 6 mars 2014 à 04:03
Le prix des produits alimentaires a augmenté à Cuba, tandis que les salaires des travailleurs restent inchangés. (Photo courtoisie de l'auteur.)

Le prix des produits alimentaires a augmenté à Cuba, tandis que les salaires des travailleurs restent inchangés. (Photo de l'auteur.)

Le congrès récent de la Centrale des travailleurs de Cuba (CTC), la seule organisation du genre dans le pays, a décidé que tant qu'il n'y aurait pas une augmentation de la productivité, il n'y aurait pas d'augmentation des salaires des travailleurs du secteur public.

A Cuba, le salaire médian des travailleurs de l'état est de 15 dollars par mois, au taux officiel de change de la monnaie nationale. Pendant ce temps, le coût de la vie a augmenté ces dernières années, après la mise en œuvre de mesures économiques telles que la suppression des subventions sur certains produits alimentaires de base subventionnés par l'état. En outre, il y a eu une augmentation significative des prix des denrées alimentaires sur le marché privé.

D'après le Président cubain, Raúl Castro [es]:

sería irresponsable y con efectos contraproducentes disponer un aumento generalizado de los salarios en el sector estatal, ya que lo único que causaría es una espiral inflacionaria en los precios, de no estar debidamente respaldado por un incremento suficiente de la oferta de bienes y servicios.

“Il serait irresponsable et contre-productif de demander une augmentation de salaire généralisée dans le secteur public, car elle provoquerait une spirale inflationniste si elle n'était pas pleinement soutenue par une augmentation correspondante dans la production des biens et services offerts.”

Conditionner l'augmentation de salaire à l'augmentation de la productivité a suscité un débat sur le cercle vicieux dans lequel Cuba est pris au piège.

Le secrétaire de la CCT, nouvellement élu, Ulises Guilarte, a souligné [es] les conséquences de ce cycle:

Los problemas del salario se identifican como el principal obstáculo para el incremento de la productividad y la eficiencia, señalándose en no pocos lugares como causa de desmotivación, apatía y desinterés por el trabajo, con las consiguientes afectaciones en la disciplina laboral, el éxodo de trabajadores calificados hacia actividades mejor remuneradas pero menos exigentes desde el punto de vista profesional, produciéndose sin dudas un proceso de descapitalización de la fuerza de trabajo, lo que ha impactado fundamentalmente en las ramas industriales básicas, el Ministerio de la Construcción y otros, además de la negativa cada vez más frecuente a ser promovidos a responsabilidades de dirección.

Les problèmes des salaires sont le principal obstacle à l'augmentation de la productivité et de l'efficacité dans de nombreux endroits, ils provoquent l'apathie, le manque de motivation et d'intérêt pour le travail, ce qui se répercute sur la discipline et l'exode des travailleurs qualifiés vers des activités professionnelles mieux rémunérées et moins exigeantes; ceci provoque une  décapitalisation tangible de la force de travail, qui a surtout touché les principales branches de l'industrie, le ministère de la construction et d'autres secteurs, et le refus de promotion à des postes à responsabilité, qui sont en augmentation.

Dans son discours, Raúl Castro a confirmé [es] que les travailleurs médicaux recevraient une augmentation de salaire, “étant donné que le revenu principal du pays en ce moment est le résultat du travail de milliers de médecins qui offrent leurs services à l'étranger.”

En Janvier 2011, l'ambassadeur du Brésil à La Havane a annoncé [es] qu'il y avait 11 000 médecins cubains qui travaillaient dans les régions les plus pauvres et les plus reculées de son pays.

Dans le cadre de la coopération Sud-Sud, l’Organisation panaméricaine de la santé verse 500 millions de dollars à Cuba chaque année.

Sur son blog Esquinas de Cuba, Alejandro Ulloa fait valoir [es] que:

(…) De no lograr abundantes inversiones extranjeras, al igual que la recapitalización de importantes sectores productivos, la economía cubana estará moviéndose en este círculo vicioso, que atenta a todas luces contra el incremento del poder adquisitivo de los salarios, verdadero problema que afecta a la población hoy.

(…) Sans d'importants investissements étrangers, ainsi que la recapitalisation des principaux secteurs productifs, l'économie cubaine continuera dans ce cercle vicieux, qui menace clairement l'augmentation du pouvoir d'achat, qui est le problème réel affectant la population aujourd'hui.

Tunisie : Le Facebooker grâcié Jabeur Mejri est libre

mercredi 5 mars 2014 à 14:39

Jabeur Mejri, qui purgeait une peine de prison pour avoir publié sur Facebook des dessins du prophète Mahomet, a été remis en liberté hier [4 mars].

Dans un communiqué, le comité de soutien de Mejri a annoncé hier soir sa libération :

Détenu depuis deux années pour s’être exprimé, Jabeur Mejri a été libéré.
Le premier prisonnier d’opinion de Tunisie depuis les évènements de janvier 2011, a été libéré ce soir.

A #freejabeur protest in the capital Tunis on September 13, 2013

Une manifestation #freejabeur à Tunis en septembre 2013

Mejri était incarcéré depuis mars 2012. Il avait été condamné à sept ans et demi d'emprisonnement pour publication de contenu “susceptible de nuire à l'ordre et à la moralité publics”, “insulte sur les réseaux publics de communication” et “atteinte aux bonnes moeurs”.

Le 19 février, la Présidence annonçait la grâce de Mejri. Mais, à la surprise de ses sympathisants, une affaire de “détournement de fonds” remontant à juillet 2011 avait maintenu sous les verrous le jeune homme âgé de 30 ans. Mejri y est accusé d'avoir volé pour 1.600 dinars tunisiens de tickets de métro alors qu'il travaillait dans une compagnie de chemins de fer.

Le mandat d'arrêt n'a pourtant été délivré que fin janvier 2014, deux semaines avant l'annonce de sa grâce.

Son comité de soutien a dénoncé la relance de l'affaire de 2011 comme étant du “harcèlement judiciaire” :

Si cette mise en liberté est une nouvelle de première importance, et une victoire pour l’ensemble des défenseurs de la Liberté de conscience et la liberté d’expression, le Comité de soutien restera actif tant que l’ensemble des charges retenues contre Jabeur Mejri seront maintenues, et tant que Jabeur Mejri n’aura pas été réhabilité.

Nous ne manquerons pas de communiquer et d’informer sur cette seconde affaire qui n’a eu d’autres objectifs que de maintenir Jabeur Mejri en prison en dépit de la grâce présidentielle.

Netizen Report : manifestation en Turquie, loi sur la censure et #UnfollowAbdullahGul

mercredi 5 mars 2014 à 11:00
Protest against Internet censorship. Istanbul, May 2011. Photo by Erdem Civelek via Wikimedia Commons (CC BY 2.0)

Manifestation contre la censure en ligne, Istamboul, mai 2011. Photo d’Erdem Civelek via Wikimedia Commons (CC BY 2.0)

Ellery Roberts Biddle, Mohamed ElGohary, Lisa Ferguson, Hae-in Lim et Sarah Myers ont contribué à ce bulletin.

Le Netizen Report de Global Voices Advocacy présente un résumé des défis à relever, des victoires et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde. Cette édition commence en Turquie où les manifestants sont sortis dans les rues pour contester la nouvelle loi qui pourrait faciliter et faire augmenter plus que jamais l’étendue de la censure et de la surveillance gouvernementales. Cette loi offre aux autorités turques de nouvelles possibilités d’accéder aux données des internautes, de les conserver ainsi que de bloquer les contenus considérés comme illégaux lors de situations « d’urgence », sans supervision judiciaire. Elle obligerait les fournisseurs de services Internet à rejoindre une association gérée par l’État chargée de l’implémentation des politiques relatives aux contenus et aux données.

Promulguée par le président Abdullah Gul, contre toutes attentes, la loi a été approuvée par le Parlement la semaine dernière. Peu après l’annonce de cette approbation, le président a perdu environ 80 000 abonnés sur Twitter, en partie grâce au mot-clic #UnfollowAbdullahGul.

Liberté d’expression : sites bloqués et coupures d’Internet au Venezuela

La semaine passée, alors que les manifestations se poursuivaient, le gouvernement vénézuélien semblait renforcer les mesures contre la liberté d’expression en ligne. Cette semaine, les autorités ont publié des détails [es] concernant le nouveau Centre stratégique pour la sécurité et la protection du pays, autorisé à censurer de manière unilatérale toute information qu’il considère comme une menace pour la sécurité nationale.

L’application Zello, fonctionnant comme un talkie-walkie et utilisée dans l’organisation des manifestations au Venezuela, a été bloquée un jour après que le président Madura a annoncé que le gouvernement utilisait cette application pour surveiller les manifestants. Comme pour les restrictions prises antérieurement concernant les images sur Twitter, l’entreprise publique de télécommunications CANTV est à l’origine du blocage.

D’autres sociétés de l’Internet ont multiplié les efforts pour maintenir les voies de communication ouvertes et contourner la censure. Zello a développé et publié une nouvelle version Android de son application en espérant éviter les blocages. En matière de connexion VPN, TunnelBear a fourni des services illimités et gratuits à la population vénézuélienne durant plusieurs jours.

En Égypte, trois journalistes d’Al Jazeera se trouvent derrière les barreaux depuis novembre 2013, avec plusieurs blogueurs et activistes politiques. Le 27 février, Al Jazeera a organisé un jour d’action mondiale consacré à la liberté de la presse.

La cour d’appel de Hanoi a confirmé la condamnation de Le Quoc Quan, blogueur et défenseur des droits de l’homme, à 30 mois de prison pour « évasion fiscale », selon le code pénal vietnamien. Nani Jansen, avocate pour Media Legal Defence Initative et collaboratrice de Global Voices Advocacy, qui participe à la défense de Le Quoc Quan, a rédigé récemment un résumé de l’affaire.

Surveillance : le problème n’est pas nouveau

L’Electronic Frontier Foundation (EFF) a publié un article historique proposant une vue d’ensemble de la surveillance gouvernementale des leaders politiques et des activistes afro-américains aux États-Unis. Les membres du parti communiste et les groupes d’activistes tels que les Black Panthers et Martin Luther King Jr étaient surveillés.

De nouveaux documents de la NSA, l’agence nationale de la sécurité des États-Unis, rendus publics par Glenn Greenwald, démontrent comment les autorités étasuniennes et britanniques ont surveillé  Wikileaks, The Pirate Bay et Anonymous, et exercé une pression internationale à leur encontre.

Activisme des internautes : les Égyptiens réclament un plus haut débit

Down, down with slow routers [« À bas, à bas les routers lents »] est le cri de bataille de la page Facebook « Internet Revolution Egypt » [ar] qui sert de forum aux jeunes Égyptiens qui protestent contre les vitesses de connexion « insuffisantes ». Le groupe, qui possède des administrateurs dans quatre villes du pays, encourage ses abonnés à adresser leurs plaintes aux fournisseurs de service locaux.

Le collectif colombien de défense des libertés numérique RedPaTodos [« Internet pour tous »] a réalisé une traduction en anglais de sa vidéo illustrée à la main qui explique en quoi consiste la surveillance numérique pour l’internaute lambda.

Copyright : fair use en Australie ?

Il se peut que le gouvernement australien introduise une nouvelle réforme du copyright comprenant une doctrine du fair use [« usage acceptable »] similaire à celle appliquée aux États-Unis, comme le rapporte l’EFF. Actuellement, le pays possède une liste d’utilisations spécifiques considérées comme acceptables, toutefois la réforme pourrait mener à un régime plus large et plus libéral.

Industrie : les utilisateurs de Whatsapp migrent vers le service russe Telegram, par peur de Facebook

Telegram, une application de messagerie développée par le fondateur de VKontakte, compétiteur russe de Facebook, qui prétend proposer un chiffrement de bout en bout, a été téléchargée 8 millions de fois après l’annonce du rachat de Whatsapp par Facebook.

Alors que les manifestations contre le gouvernement se poursuivent, l’opposition contre l’ancien premier ministre, Thaksin Shinawatra, commence à se manifester dans le secteur des télécommunications. AIS, le plus grand fournisseur de service de télécommunication thaïlandais, fondé par Thaksin Shinawatra, place des publicités dans les journaux et envoye des messages texte sollicitant ses clients pouf qu’ils ne tiennent pas compte du boycott de l’opposition en soulignant que l’entreprise n’est plus connectée à son fondateur.

Le 18 février, AT&T a publié son premier rapport de transparence, qui a reçu un accueil mitigé à cause du nombre suspicieusement bas de demandes faites par le gouvernement pour obtenir des données des utilisateurs, publiées dans la catégorie des demandes relatives à la sécurité nationale.

La plateforme de stockage en ligne Dropbox a communiqué sa nouvelle politique de confidentialité, appliquée dès le 24 mars, qui présente la manière dont le service gérera les demandes extérieures de demandes d’information concernant ses utilisateurs, notamment les requêtes provenant des gouvernements. L’entreprise a juré de lutter contre les demandes générales, telles que la collecte de métadonnées de la NSA, et les limites imposées par le gouvernement concernant la publication du nombre de demandes reçues.

Internet et insécurité : n’utilisez pas Internet Explorer

D’après certaines informations, des hackers iraniens ont attaqué l’entreprise française Snecma, spécialisée dans la fabrication de moteurs pour l’industrie aérospatiale, en exploitant une faille du navigateur de Microsoft, Internet Explorer. Même si les chercheurs ne sont pas sûrs de la réussite  de l’attaque, le logiciel malveillant avait pour objectif de cibler les utilisateurs à distance, d’intercepter les données d’identifications des employés et des fournisseurs et de permettre aux hackeurs d’accéder à distance au réseau de l’entreprise. La même faille du navigateur avait été utilisée pour permettre une attaque contre le site Web d’une organisation officielle des vétérans de l’armée américaine (Veterans of Foreign Wars) plus tôt dans la semaine.

Troller pour s’amuser

Une étude réalisée par l’Université de Manitoba a trouvé des liens entre les comportements des trolls et les traits de personnalité de la triade noire, à savoir le narcissisme, la psychopathie et le machiavélisme. Cela signifie que les efforts déployés par les modérateurs pour éviter les trolls ne peuvent pas être très efficaces car leurs comportements seraient intrinsèques aux utilisateurs.

Publications et études

 

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Music Freedom Day : La bande-son de la résistance syrienne

mercredi 5 mars 2014 à 08:53

‘Dehors, Bachar. Bachar, menteur. Au diable toi et tes discours. La liberté est à notre porte. Dehors Bachar.’

Ce sont les premières paroles d'un air entraînant devenu l'hymne du soulèvement syrien quand les Syriens sont descendus dans la rue en mars 2011: “Yalla irhal, ya Bashar”. Ces paroles se faisaient l'écho des revendications des manifestants après quarante ans de contrôle par le régime Assad.

Le chanteur de variétés Ibrahim Kashoush a été à la tête de manifestations contre le régime à Hama, où sa voix rauque couvrait le rythme de la musique, jusqu'au mois de juin 2011. Quelques jours après la plus importante manifestation qui se soit déroulée en Syrie, on a retrouvé son corps qui flottait sur l'Orantes, la gorge tranchée.

L'assassinat de Kashoush était un sinistre avertissement pour ceux qui chantent contre la famille au pouvoir en Syrie, mais il n'a pas réduit au silence le peuple qui chantait “Yalla irhal” dans les rues ni les activistes qui se sont lancés dans des campagnes créatives pour exaspérer les autorités.

Un dessin animé, que l'on trouve sur le site libanais Kharabeesh, “La voix de la résistance”, illustre comment des haut-parleurs diffusant de la musique révolutionnaire sont cachés dans les rues et les bâtiments officiels pour amplifier la voix de Kashoush.

Depuis le début du soulèvement, il a été clair, au vu de la persécution des musiciens, poètes et artistes syriens (dont le dessinateur satirique Ali Ferzat à qui l'on a cassé les mains pendant son arrestation), que l'une des premières cibles du régime serait le mouvement civique naissant en Syrie.

La mobilisation créative sous toutes ses formes, sit-ins, campagnes de désobéissance civile, affiches, bandes dessinées, graffiti, et poésie, a envahi les espaces publics aussi bien que le net. On trouve des archives de ces actions sur le portail de Syria Untold, dont je suis l'un des fondateurs.

Le mur de peur et de silence construit pendant des dizaines d'années s'est effondré en quelques semaines, malgré la brutalité sans précédent déployée contre la contestation pacifique. La musique, avec son pouvoir mobilisateur et entraînant, a été au coeur du mouvement civique, de plus en plus difficile à faire taire.

“L'art a besoin de liberté”

Selon les mots du pianiste syrien Malek Jandali, “les dictateurs, en général, ont peur de l'art et de la musique, parce que c'est la recherche de la vérité et de la beauté.” Dans une interview qu'il a donné à Syria Untold, Jandali explique, comment l'art syrien a été contrôlé par la famille au pouvoir, à commencer par l'hymne national.

La côte syrienne accueille la plus ancienne écriture musicale au monde, tout comme l'alphabet ougaritique est supposé être le premier alphabet de toutes les civilisations. Mais au lieu de rendre hommage à la riche histoire du pays, l'hymne national commence par une référence à l'armée, “gardienne de notre patrie”. Pourquoi ne parle-t-on pas des inventions syriennes comme l'alphabet et de la musique, au lieu des forces armées et de la guerre?

Jandali, dont la maison familiale a été saccagée et dont les parents battus en représailles, dit que la révolution syrienne a permis l'émergence d'une génération d'artistes, en rupture avec la propagande officielle qui de longue date pesait sur l'art.

“Ce n'est pas de l'art. La liberté est nécessaire à la création. La liberté est nécessaire à l'art vrai, à la connaissance et la culture, à l'innovation et au progrès. Sans liberté il n'y a rien,” dit-il.

La recherche de la beauté dont parle Jandali, est présente dans tous les genres musicaux et tous les styles, des chansons populaires irrévérencieuses scandées lors des manifestations aux notes de piano classique de son “hymne syrien à la liberté”.

Cela est vrai aussi pour des genres de musique connus pour contester les normes sociales, comme le heavy metal et le hip hop.

Les membres du groupe syrien de heavy metal Anarchadia ont tout simplement été accusés de satanisme et de parasitisme. Ils se définissent eux-mêmes comme des anarchistes et ont été les premiers à se manifester pour soutenir la résistance publique au régime d'Assad.

“Mounir”, un fan de musique heavy metal, répond à Syria Untold:

Le rock et le heavy metal, avec leurs tenues sombres, leur musique bruyante et leurs bracelets cloutés, ont toujours été profondément liés à la rébellion, à la révolution, à la haine du système. Le fait que les Syriens qui écoutent de la musique hard soient pour la plupart opposés au régime n'est donc pas une coïncidence.

Anarchadia a quitté le pays, pour échapper à la détention, au harcèlement et aux menaces de mort. Il en est de même pour le groupe de hip hop Refugees of Rap, dont le troisième album, The Age of Silence, est une métaphore pour expliquer l'obscurité dans laquelle la Syrie a été plongée pendant des dizaines d'années.

L'Age du Silence est terminé. Comment tant d'injustice peut-elle être le fait d'un seul homme? Il faut vous lever et le dire du fond de votre coeur, réveillez-vous et n'ayez plus peur. Il n'y a rien à craindre, vous pouvez dire ce que vous voulez, l'Age du Silence est terminé.

De la guerre à la renaissance

Même entourés par les horreurs de la guerre et l'escalade de la violence, de nombreux syriens ont réussi à transformer le chagrin et la destruction en créativité et en vie.

En utilisant des morceaux de roquette, des obus de mortier non explosés et des douilles de balles, le céramiste Abu Ali al-Bitar, de la ville de Duma en ruines, a construit un “montage créatif” composé de lampes, de boîtes de conserve, de toilettes en roquettes, et toute une série d'instruments de musique.

“J'ai fait de l'art à partir de la quintessence de la souffrance et de la destruction” dit Adit Abu Ali lors d'un entretien avec Syria Untold. “Le peuple syrien est intelligent et courageux, et le monde témoigne de notre culture ancestrale et de notre civilisation. Nous sommes un peuple pacifique, pas un peuple guerrier, et nous ne sommes pas sanguinaires.”

“On peut se servir de douilles pour toutes sortes d'arts,” chante-t-il en nous montrant comment se servir de son instrument fait main. “J'ai utilisé les roquettes pour la basse orientale, comme la batterie et les cymbales, qui, tout le monde le sait, sont en cuivre.”

Aujourd'hui, trois ans après le début du soulèvement syrien, les activistes civiques ne se battent plus seulement contre le régime d'Assad mais aussi contre des groupes extrémistes comme le Front Islamique iraquien et syrien qui gagnent du terrain dans les régions dites “libérées”. Les expositions et démonstrations artistiques, comme la musique, sont devenues la cible de ces groupes, qui sont mêmes intervenus brutalement dans des mariages pour faire cesser la musique et les chants.

Forcer les musiciens à se taire fait partie d'une tentative de programme politique et religieux qui va à l'encontre de la diversité et de la richesse du tissu social syrien. La résistance populaire contre ces nouvelles formes d'oppression a été aussi forte que celle qui existait contre le régime. Les manifestants ont scandé haut et fort dans les régions libérées: “ISIS (Etat islamique d'Irak), hors du pays. Assad et ISIS ne font qu'un.”

'ISIS are aliens'

La vidéo qui se trouve au début de l'article montre la foule qui chante “Yalla irhal, ya Bashar” dirigée par Ibrahim Qashoush, maintenant décédé. Sous-titres en anglais et musique ajoutée (via The Revolting Syrian – July 2011).

Cet article a été réalisé par Freemuse, principal défenseur des musiciens du monde,et est publié sur Global Voices, Artsfreedom.org etFreemuse.org.music freedom day Le Music Freedom Day, le 3 mars 2014, est un évènement annuel pour informer et sensibiliser sur les persécutions, les bannissements, les emprisonnements et les assassinats de musiciens pour avoir parlé de problèmes sensibles ou controversés dans leurs chansons ou sur scène. Mot-dièse: #musicfreedomday
 

Espace WoeLab au Togo : “Démocratiser la technologie”

mercredi 5 mars 2014 à 08:27

WoeLab est un espace de co-travail pour “la démocratie de la technologie ”[en], conçu pour donner accès à des ordinateurs et à du matériel aux jeunes, et à réaliser des idées novatrices. Fondé en 2012 par le Togolais Sénamé Koffi Agbodjinou, le laboratoire est passée de 6 à 15 membres en un an depuis son lancement. Il est le premier fablab du Togo.

Pour “démocratiser la technologie”, WoeLab a créé une imprimante 3D à partir de matériel électronique récupéré dans les décharges : une imprimante écologique à tous points de vue.

Le site PA-Lunion fait écho à cette réussite dans un billet de septembre 2013, citant un membre de WoeLab, Edem Alomatsi:

Le Woelab est un espace ouvert, un lieu d’incubation technologique, ça rassemble les jeunes passionnés [...]

Jerry c’est un ordinateur. D’abord le nom Jerry vient du mot anglais Jerrycan qui veut dire récipient ou bidon. C’est un ordinateur que nous montons en bidon comme vous le voyez, principalement avec des objets informatiques recyclés, des disques durs, des cartes mères déjà utilisées ou qui sont usagers quelque part et que les gens veulent jeter.

W. Afate, créateur de l'imprimante 3D faite à partir de e-déchets, a expliqué comment [en] il l'a créée:

Nous avons juste apporté et rassemblé en les connectant tous les éléments pour les faire fonctionner [...] Nous avons utilisé notre imagination à partir de ces matériaux et il suffit de regarder de vieux ordinateurs … et voir si c'est possible.

W. Afate, créateur de l'imprimante 3D. Image courtoisie de Woelab.

W. Afate, créateur de l'imprimante 3D. Image courtoisie de Woelab.

Rising Voices s'est entretenu avec Amadou Ndong par e-mail, un volontaire international de la Francophonie à L’Africaine d’Architecture, et affecté partiellement sur les projets de WoeLab.

Le WoeLab a conçu une imprimante 3D à partir de matériels électroniques récupérés dans les décharges d’ordures, c’est une imprimante écologique [...]

Je travaille actuellement avec des étudiants en licence de géographie à l’université de Lomé sur un projet qu’ils veulent faire : la cartographie sur OpenStreetMap et la réalisation d’un petit guide de l’université pour les étrangers et les nouveaux bacheliers, l’affichage de cartes imprimées en grand format un peu partout dans l’université.

Comme le groupe a beaucoup d'activités, mais manque de visibilité à l'extérieur, ils collaborent avec le corps national des pompiers du Togo pour collaborer avec eux autour du projet OpenStreetMap. Nous avons demandé à Amadou de nous en parler.

Rising Voices: Quelles ont été vos actions pour les étudiants pour les impliquer dans OpenStreetMap?

J’ai fait du volontariat sur OpenStreetMap [avant...] Je suis rentré en contact avec des étudiants en geographie et les ai proposé de leur faire une formation sur OpenStreetMap, comme je le faisais au sein du WoeLab. 

Mais je pense l’utilisation des GPS et des cartes que nous imprimons pour collecter des données sur le terrain les a beaucoup intéressé : ils apprennent tout cela mais en théorie seulement, ils n’ont pas souvent la chance de faire la pratique et donc le projet OpenStreetMap leur permettait cela [...] 

J’ai formé des etudiants en Licence sur OSM et sur Qgis jusqu’à ce qu’ils puissent réaliser leur propres cartes en utilisant les données de OpenStreetMap. 

WoeLab partage des mises à jour et leurs nouvelles sur sa page Facebook.