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Une adolescente victime d'agression est critiquée par les internautes, l'accusé est remis en liberté sous caution

mardi 16 janvier 2018 à 18:17

“Quelle partie de NON vous ne comprenez pas ?” Image de Geralt via Pixabay. CC0

[Article d'origine publié en anglais le 29 décembre 2017]

Cette année, les accusations d'attouchements et harcèlement sexuel ont ébranlé Hollywood et se sont propagées mondialement avec la campagne #MeToo. Beaucoup d'activistes, de femmes et de sympathisants du monde entier, y comprisd'Asie du Sud, sont sortis de leur silence pour aborder ces problèmes. Cependant, quand une actrice indienne de 17 ans originaire du Cachemire a porté plainte pour attouchements et agression sexuelle, beaucoup d'internautes ont apporté leur soutien à l'accusé et non à la victime. De plus, la presse locale et les médias internationaux tels que la BBC ont versé de l'huile sur le feu en révélant son identité, en dépit des lois protégeant “les noms des victimes mineures”.

L'incident s'est produit le 9 décembre 2017, alors que l'actrice voyageait sur un vol intérieur entre New Delhi et Bombay. Elle a ensuite choisi de parler de l'agression sur Instagram et semblait visiblement secouée. Elle a expliqué qu'un homme d'âge mûr l'a continuellement harcelée pendant le vol et qu'elle a plus tard porté plainte sous la section 354 du code pénal Indien et de la loi de 2012 de protection des enfants contre les agressions sexuelles.

Voici ce que l'actrice a écrit sur son post Instagram :

“The lights were dimmed, so it was even worse. It continued for another five to ten minutes and then I was sure of it. He kept nudging my shoulder and continued to move his foot up and down my back and neck. This is not done, I am disturbed… Is this how you're going to take care of girls? This is not the way anybody should be made to feel. This is terrible!. No one will help us if we don't decide to help ourselves. And this is the worst thing.”

“L'éclairage était baissé, cela a empiré les choses. Cela a continué pendant encore cinq à dix minutes et ensuite j'en étais certaine. Il n'arrêtait pas de frôler mon épaule et a continué de bouger son pied de haut en bas sur mon dos et mon cou. Ce n'est pas fini, je suis perturbée… C'est la façon dont tu souhaites prendre soin des filles ? Personne ne devrait être forcé à se sentir de la sorte. C'est affreux ! Personne ne nous viendra en aide si nous ne décidons pas nous-mêmes de nous aider. Et c'est là le pire.”

Les autorités compétentes ont réagi et se sont dites choquées par l'incident :

La Commission sur les questions féminines de Delhi a notifié à la compagnie aérienne Vistara les accusations d'agression sexuelle de l'actrice Zaira Wasim sur le vol Delhi-Bombay. Nous attendons le rapport de l'incident pour le 16 décembre.

Alors que l'histoire prenait de l'ampleur et se répandait sur la toile, beaucoup se sont indignés de son calvaire. Mais d'autres ont remis en cause l'actrice, critiquant ses accusations et lançant même une campagne de calomnies à son encontre.

L'humoriste Hoozaay a écrit :

Ne vous embêtez pas à lire les réactions des réseaux sociaux sur ce qui est arrivé à Zaira Wasim. C'est un coup de pub, pourquoi de pas appeler la police etc etc… Comme d'habitude, ce sont des pures idioties sans cœur. Et on se demande pourquoi les femmes ne s'expriment pas plus souvent.

Beaucoup d'autres ont douté de la jeune actrice :

Chères femmes,
Les médias ou Internet ne sont pas des services de police. Si vous êtes agressées, signalez-le à la police ou la commission de la condition féminine. Si vous n'obtenez pas d'aide, vous pouvez toujours chercher un soutien public à travers internet ou les médias. N'utilisez pas internet pour blesser un homme innocent.

Une autre ancienne journaliste, Jagrati Shukla, connue pour sa rhétorique anti-musulmane et anti-Dalit a écrit :

3/3
C'est injuste d'humilier l'homme accusé d'agression par Zaira Wasim sans entendre sa version de l'histoire.
Elle et sa mère pensent que pleurer sur Instagram au lieu d'agir a du sens. Je pense que c'est un coup de publicité
Si l'agression a bien eu lieu, pourquoi n'a t-elle pas encore rempli de premier rapport d'information ? (FIR: First Information Report : document rempli par la victime lorsqu'elle porte plainte)

Cependant, d'autres personnes ont pris la défense de l'actrice et critiqué les réactions négatives qu'elle a subi de la part des internautes. Voici comment le réalisateur Gautam Benegal a expliqué l'entière situation dans un post Facebook :

The default setting traditionally in patriarchy is to point fingers at the woman first. The French even had a term for it. “Cherchez la femme!” Look for the woman. After the advent of feminism, there has been a huge backlash from resentful patriarchy (and that includes women too since they are embedded in the system) and it has become the fashion to rail against political correctness and revert to the default.

La société patriarcale est paramétrée par défaut sur l'accusation des femmes en premier lieu. Les Français ont même une expression pour ça. “Cherchez la femme!“. Après l’avènement du féminisme, il y a eu un énorme choc en retour de la part d'un patriarcat rancunier (et cela inclut aussi les femmes puisque qu'elles sont intégrées dans le système) et c'est devenu la mode de pester contre le politiquement correct et de vouloir revenir à ce paramétrage initial.

Le casse – tête du Cachemire (Cf : voir la couverture spéciale de Global Voices)

Le fait que l'actrice soit originaire du Cachemire, région disputée administrée par l'Inde, a envenimé les choses : beaucoup ont politisé leurs critiques contre les déclarations de l'actrice. Le Cachemire à majorité musulmane est géographiquement divisé entre l'Inde et le Pakistan et revendiqué dans son intégralité par les deux pays. Les politiciens séparatistes, les insurgés et des coalitions comme le “All Parties Hurriyat Conference” s'opposent à la souveraineté de l'Inde sur le Cachemire et se battent depuis 1989 pour l'indépendance ou une fusion avec le Pakistan. Les Cachemiris étant stéréotypés par les Indiens nationalistes comme des fauteurs de troubles et des séparatistes, beaucoup ne se sentent pas et ne se sont jamais sentis comme faisant partie de l'Inde et de son discours de démocratie, laïcité et mondialisation.

La dispute s'est accentuée les semaines suivantes, l'actrice étant de plus en plus critiquée de la part de personnes des deux côtés de l'échiquier politique. De nombreux militants se sont joints aux critiques, et ont commentant la situation en mettant en avant leurs affiliations et points de vue politiques.

Himanshu Mohan de Bangalore tweete :

Zaira Wasim symbolise la paranoïa des musulmans du Cachemire contre le reste des citoyens indiens. La seule manière pour les Cachemiris c'est d'aimer l'Inde et de se sentir inclus.

Sahil Adhikary de Bombay écrit :

Il était temps pour Zaira Wasim de jouer la carte du Cachemire et de la minorité, étant donné qu'on lui a donné tort dans le cas de son harcèlement.

Khalid Baig explique avec à-propos la situation :

Zaira Wasim: I got molested
Muslim Extremist: Acha huwa saali(Serves you right bitch)
Hindu Extremist: Jhoot bol rahi hain saali(You are a lying bitch)

Zaira Wasim : J'ai été agressée sexuellement
Extrémiste musulmans : Acha huwa saali (Bien fait pour toi salope)
Extrémiste hindou : Jhoot bol rahi hain saali (Tu mens salope)

Beaucoup ont même qualifié la plainte pour agression sexuelle de “coup de publicité”, reliant cet incident au soutien de la mère de l'actrice à l'équipe de cricket du Pakistan lors d'un match récent contre l'Inde.

La blogueuse Arshia Malik a écrit sur Facebook :

Grow up Zaira bibi, for Life's sake!
Being a celebrity your tantrums take away from the everyday misogyny that women suffer everywhere and every hour and deal with them in their own ways.
Not all of us can afford FIRs or Press Conferences.
Now methinks you've been primed for some sort of agenda.
Airlines Staff are very caring of common passengers but they will not bend to kiss your toe for the simple reason they serve, they are not bought labour by your money.
An irritable passenger is ticked off always and I'm sure the staff thought Princess was having one of her usual tirades.

Grandis Zaira bibi, bon sang !
Etant une célébrité, tes caprices font oublier la misogynie quotidienne que les femmes vivent partout, chaque heure et gèrent par leurs propres moyens.
Nous ne pouvons pas toutes nous permettre de porte plainte ou de faire des conférences de presse.
Pour moi, tu as préparé ça avec une intention cachée. Le personnel des compagnies aérienne est très attentionnés envers les passagers ordinaires, mais ne va pas se prosterner et te baiser les pieds parce qu'ils font le service, ils ne sont pas une main d’œuvre achetée par ton argent.
Un passager irascible est toujours réprimandé et je suis sûre que l'équipage a dû penser que la princesse faisait encore une de ses tirades habituelles.

Des débats sur le faux féminisme et des sanctions contre la jeune actrice ont émergé :

RT vous êtes contre le faux féminisme et si vous voulez que Zaira Wasim soit punie par le système pour avoir mis un homme innocent derrière les barreaux. svp tweetez 5 tweets chaque jour pour l'exposer elle et AamirKhan. Mettez en doute la police de Mumbai pour ses fausses accusations et @Dev_Fadnavis, ce faible MC (Ministre en Chef) pour son silence

Pendant que beaucoup d'acteurs de Bollywood ont défendu la jeune actrice sur les réseaux sociaux, d'autres ont essayé de donner du sens au débat qui dresse différentes communautés les unes contre les autres.

C'est pathétique et choquant la manière dont les gens ont transformé l'incident de Zaira Wasim en une diatribe Cachemiris contre Pandits, Hindous contre Musulmans, libéraux contre gauchistes.

La police de Bombay a mise en garde les internautes qui prennent pour cible et condamnent la jeune actrice :

Chaque victime a le droit constitutionnel de porter plainte pour abus sexuels et c'est notre devoir d'en prendre connaissance, d'enquêter et de faciliter le travail de la justice. Merci de vous abstenir de porter tout jugement de valeur et de respecter le droit des victimes d'agressions sexuelles

Pendant ce temps, Vikas Sachdeva, l'homme accusé d'avoir agressé sexuellement la jeune actrice, a été mis en liberté provisoire par un tribunal de Bombay et a reçu l'ordre de n'interférer avec aucun témoin de l'affaire. Sa femme et divers groupes indiens de droite l'ont défendu et lui ont apporté leur soutien tout au long de l'enquête.

Mon mari est innocent, il n'avait pas d'intention d'agression sexuelle. Il y a eu un décès d'un jeune dans notre famille et c'est là qu'il allait. Il n'avait pas dormi depuis 24 heures. Il a demandé aux personnels de cabine de ne pas le déranger car il voulait dormir. Ses pieds étaient sur l'accoudoir mais avec aucune intention de harcèlement : La femme de l'accusé dans l'affaire Zaira Wasim

Mépris des droits

En Inde, la couverture médiatique de l'incident a transgressé une disposition essentielle de la loi POSCO qui stipule que l'identité de la victime doit rester “protégée”. Cependant, garder secrète l’identité de la victime a été considéré comme impossible par beaucoup, du fait de sa notoriété et du partage en direct de son accusation pour agression sexuelle sur les réseaux sociaux.

Si quelques organes de presse ont respecté l'intimité de la victime, le mal était déjà fait. Ce que les internautes ont aussi lourdement critiqué.

Bien joué Times of India. Vous faites la morale dans le journal principal, et dans le supplément Bombay Times vous la nommez et mettez une photo en prime

La une du Times of India indique que le nom n'est pas dévoilé. Un article de 2 pleines pages avec nom, photo et adresse à l'intérieur. Aucune cohérence

Tina S a écrit dans Youth Ki Awaaz:

In Zaira’s case, its her prerogative when she chooses to report the incident. So many women report issues of molestation much later after it has happened. In some cases, many years later. Maybe she simply said an okay that she didn’t mean at that moment of apology. And the apology didn’t help her feel any better later. Maybe she wasn’t convinced of his innocence on an after thought. We don’t know for sure. But, why are we putting her under a microscope and examining her true intentions, and letting the man off the hook without such similar character screening?
The backlash that the actress is facing is a classic example of why women don’t report such seemingly trivial cases of harassment in day-to-day lives. Because sadly, it has become commonplace in our society and something that we as women, are expected to simply smile and bear.

Dans l'affaire Zaira, c'est son droit de choisir de signaler l'incident. Tellement de femmes signalent des cas d'agressions sexuelles bien après que cela s'est produit, dans certains cas, plusieurs années après. Peut-être a t-elle simplement dit un “pas de souci” qu'elle ne pensait pas réellement au moment où il s'est excusé. Et ses excuses ne l'ont pas aidée à se sentir mieux ensuite. Peut-être n'était-elle pas convaincue de son innocence après réflexion. Nous ne pouvons pas en être certain. Pourtant, nous la scrutons à la loupe et examinons ses véritables intentions en laissant cet homme se tirer d'affaire sans le passer au crible de la même manière.
Cette réaction violente à laquelle l'actrice fait face est un exemple typique qui illustre les raisons pour lesquelles les femmes ne signalent pas de tels cas de harcèlement dans leur vie de tous les jours. Car malheureusement, c'est devenu banal dans notre société et quelque chose que nous devons simplement supporter et accepter en souriant, car c'est que l'on attend de nous.

L'affaire reflète également la tendance récurrente dans la société patriarcale indienne à disséquer la parole d'une victime d'abus sexuels, ses vêtements et sa profession alors que l'accusé se voit accorder toute latitude au nom de “bah, ils font tous ça”. Comme dans beaucoup de cas à travers le monde, cette affaire souligne le fait qu'une personne doit prouver son statut de victime plus que les accusés n'ont à prouver leur innocence.

(Global Voices suit un protocole exemplaire quant à la protection des noms des victimes. C'est pourquoi, nous nous sommes abstenus de mentionner le nom de la victime. Cependant, son nom est visible sur les posts des réseaux sociaux, qui étaient essentiels à l'article.)

“Si je ne m'oppose pas à la dictature, suis-je encore un homme?” : un militant chinois écope de huit ans de prison

mardi 16 janvier 2018 à 11:39

Wu Gan via Apple Daily News. Licence pour utilisation non-commerciale.

“Pour ceux qui vivent sous une dictature, recevoir l'étiquette honorable de celui qui “subvertit le pouvoir de l’État” est la plus haute forme d'affirmation pour un citoyen.”

Wu Gan, militant chinois des droits de l'homme, a fait cette déclaration devant un tribunal de Tianjin après avoir été condamné à une peine de prison de huit ans le 26 décembre 2017. Début janvier, il a fait appel de la condamnation.

Wu Gan, mieux connu sous le surnom qu'il s'est donné de “Boucher super vulgaire”, est actif dans les cercles chinois des droits de l'homme depuis 2008, date à laquelle il a commencé à faire campagne pour Deng Yujiao, une serveuse accusée de meurtre après avoir poignardé un fonctionnaire quand il a tenté de la violer.

Il a gagné son surnom après avoir écrit un billet sur “comment tuer les cochons” (un euphémisme pour faire tomber les fonctionnaires corrompus) et ainsi établi sa réputation de “boucher”. S'exprimant sur le blog Sinosphere du New York Times , l'avocat de Wu, Ge Wenxiu, a expliqué que ce nom visait à se moquer de l'utilisation de la vulgarité par les fonctionnaires avec une suggestion sarcastique selon laquelle il voulait “les tuer” à cause de leur corruption et leur inconduite.

Wu a été arrêté en 2015 après une manifestation devant un tribunal dans la province de Jiangxi pour une affaire de viol et de meurtre dans laquelle la défense s'était vu refuser l'accès aux pièces du procès. Son arrestation a marqué le début d'une répression à l’ échelle nationale contre les avocats et les activistes des droits de l'homme.

Il a d'abord été accusé [fr] de “collectionner les querelles et de provoquer des troubles” ainsi que de diffamer, mais après avoir refusé d'avouer son crime, la police a changé le chef d'accusation en “subversion du pouvoir de l'État”».

Wu a expliqué dans sa déclaration (via China Change ) qu'il avait refusé une peine plus légère en échange d'aveux publics :

Pour ceux qui vivent sous une dictature, recevoir l'étiquette honorable de celui qui «subvertit le pouvoir de l'État» est la plus haute forme d'affirmation pour un citoyen. C'est la preuve que le citoyen n'est pas un complice ou un esclave, et qu'à tout le moins il a pris la parole pour défendre, et s'est battu pour les droits de l'homme. Liang Qichao (célèbre réformiste à la fin de la dynastie Qing) a déclaré que lui et la dictature étaient deux forces inextricablement opposées ; je dis: Si je ne m'oppose pas à la dictature, suis-je encore un homme ?

Ils ont essayé de me faire plaider coupable et de coopérer avec eux pour produire leur propagande en échange d'une peine légère – ils ont même dit que si je plaidais coupable, ils me condamneraient à une peine de trois ans avec sursis. J'ai tout refusé. Ma peine de huit ans ne me rend pas indigné ou désespéré. C'est ce que j'ai choisi pour moi-même : lorsque vous vous opposez à la dictature, cela signifie que vous marchez déjà sur le chemin de la prison.

Les amis de Wu Gan ont été démoralisés en apprenant sa condamnation. Sur Twitter, Old Wine a déclaré :

L'un après l'autre, mes amis ont été condamnés à la prison. En dehors de la colère, j'ai des sentiments complexes : je souhaite que mes amis s'en tiennent à leur principe comme Boucher. D'un autre côté, je ne veux pas qu'ils subissent la torture au point d'accepter un compromis. Je respecte Boucher et je comprends ceux qui font des compromis. C'est maintenant la nouvelle année, chaque fois que je pense à ceux qui sont en prison, mon cœur me fait mal et je me sens si impuissant.

Après que la déclaration de Wu a été largement diffusée, une nouvelle série de campagnes de dénigrement le visant ainsi que d'autres défenseurs des droits de l'homme a vu le jour. Des robots ont généré des tweets diffusant des messages (exemples un, deux, trois et beaucoup d'autres) accusant Wu Gan de recevoir des avantages personnels grâce à un activisme en ligne soutenu par des forces anti-chinoises.

Sachant que la communauté dissidente chinoise a été submergée par le pessimisme, Wu Gan a écrit une lettre à la communauté Twitter chinoise, les exhortant à continuer à défendre la conscience et la liberté le 31 décembre:

希望外面诸君不管环境再怎么恶劣,也不要悲观,也不要沉默,更不能做帮凶。我们可以懦弱、胆怯,但绝不能漠视残酷的现实,违背基本的常识,去说胡话,说鬼话,幻想明君,道德劝说,想不劳而获。我们要传播真相、捍卫良知、尊重常识、鼓励勇敢。每个人都多多少少有缺点和局限,包括我。我认为多接受各种思想,多点理解,少点功利,少计较个人得失,多付出,多去做实在的事,都会有回报的。至少我感受到了,你们的支持和关注就是最好的证明。
最后借用肖申克的救赎里一句话做结尾:有些鸟儿它永远关不住,它身上每片羽毛都散发着自由的光芒。

Je souhaite que les camarades à l'extérieur [du Grand pare-feu] ne soient pas réduits au silence et dépassés par le pessimisme. Peu importe la gravité de la situation, vous ne pouvez pas être en collusion avec [le dictateur]. Nous pouvons être tendus et effrayés, mais nous ne pouvons pas être aveugles face à la réalité cruelle et dire des mensonges à l'encontre de notre bon sens, ou imaginer qu'un empereur éclairé va venir nous sauver, ou que la bataille peut être gagnée sans efforts laborieux. Nous devons diffuser la vérité, défendre la conscience, respecter le savoir, encourager la bravoure. Tout le monde a des faiblesses, y compris moi. Mais je crois qu'avec l'ouverture aux idées, plus de compréhension, et moins de calcul pour le gain personnel, davantage de contribution et d'actes seront récompensés. Le fait que je puisse sentir votre soutien et votre attention est la meilleure preuve.

Enfin, je veux emprunter une phrase de The Shawshank Redemption : certains oiseaux ne sont pas destinés à être mis en cage. Leurs plumes portent la couleur de la liberté. [La citation originale [complète] de Stephen King est : Certains oiseaux ne sont pas faits pour être mis en cage, c'est tout. Leurs plumes sont trop colorées, leur chant trop libre et trop beau. Alors on les laisse partir, ou bien ils s'envolent quand on ouvre la cage pour les nourrir. Une part de vous, celle qui savait au départ qu'il était mal de les emprisonner, se réjouit, mais l'endroit où vous vivez se retrouve après leur départ d'autant plus triste et vide] [fr].

En réponse à cette lettre, le militant chinois vétéran Wu'er Kaixi du mouvement pro-démocratique Tiananmen de 1989 a écrit:

Regardons l'avenir d'une manière solennelle aujourd'hui. Nous ne vivons pas à un bon moment, mais nous pouvons être de bonnes personnes. Nous pouvons être affectés par Boucher et voir l'intrépidité comme une option. Notre intrépidité bloquera la terreur et rendra notre temps meilleur. J'espère que 2018 pourra être un point de départ pour cette attitude. Bonne année !

L'avocat de Wu Gan a déposé un appel écrit de la décision du tribunal le 8 janvier 2018 (version anglaise via China Change) défendant le droit des citoyens à la liberté d'expression :

Pour juger si la conduite d'un individu est criminelle, il est essentiel d'examiner le caractère de ses actes. Les actions de l'appelant – que ce soit par Weibo, WeChat, Twitter, ses trois “Guides”, des interviews avec des médias étrangers ou des conférences audio – relèvent toutes de l'exercice légitime de la liberté d'expression. De même, la participation de l'appelant à 12 affaires enregistrées – impliquant des protestations “stand-and-watch”, appel à l'appui d'une cause, collecte de fonds, ou s'exprimant par performance – sont également des exercices de liberté d'expression, prévus dans ses droits civils : le droit de critiquer et de proposer ; le droit d'interjeter appel et de porter plainte ; le droit de signaler et d'exposer la malfaisance, et ainsi de suite. Ces droits sont innés et prévus dans la constitution et les lois de la République populaire de Chine. L'exercice de ces droits n'a absolument rien à voir avec ce que l'on appelle la subversion du pouvoir de l'État.

Les visiteurs des Palaos doivent s'engager à respecter l'environnement

mardi 16 janvier 2018 à 11:17

Les passagers des vols à destination des Palaos doivent regarder une vidéo de bord racontant l'histoire d'un géant initié au respect de l'environnement par un groupe d'enfants. Photographie issue du site internet du ‘Palau Pledge’.

Afin d'accroître la sensibilisation aux problèmes environnementaux, la République des Palaos oblige maintenant ses visiteurs à signer un engagement écologique sur leur passeport avant qu'un visa ne leur soit accordé. Le programme, intitulé « Palau Pledge », ou Serment des Palaos, est apparemment la première réforme relative à l'immigration visant à protéger l'environnement.

La République de Palaos est un petit archipel de 20.000 habitants situé dans l'ouest de l'océan Pacifique et qui est visité chaque année par plus de 160.000 touristes.

Le 6 décembre 2017, le président des Palaos Tommy Rememgesau a fait passer un décret obligeant les fonctionnaires de l'immigration à faire usage du Serment des Palaos sur les tampons de visa. Ce décret fait référence à l'impact négatif du « tourisme non planifié, du changement climatique, et des autres menaces actuelles » qui pèsent sur l'environnement du pays et qui ont contraint le gouvernement à mettre en place cette initiative visant à promouvoir un « tourisme conscient ».

Le texte de l'engagement figurant sur les passeports est le suivant :

Children of Palau, I take this pledge, as your guest, to preserve and protect your beautiful and unique island home. I vow to tread lightly, act kindly and explore mindfully. I shall not take what is not given. I shall not harm what does not harm me. The only footprints I shall leave are those that will wash away.

Enfants des Palaos, je prends l'engagement, en tant qu'invité(e), de préserver et de protéger cette île si belle et remarquable qui est la vôtre. Je jure d'être prudent(e), d'agir avec courtoisie et d'explorer avec attention. Je ne prendrai pas ce que l'on ne me donne pas. Je ne ferai pas de mal à ce qui ne me fait pas de mal. Les seules empreintes que je laisserai sont celles qui pourront s'effacer.

Tampon du « Palau Pledge » figurant sur les passeports. Photographie issue du site internet officiel du programme.

Une des supporteurs du programme n'est autre que le célèbre acteur hollywoodien Leonardo DiCaprio.

Fier de soutenir le Serment des Palaos, une nouvelle initiative de protection de l'environnement destinée aux visiteurs. Rédigée avec l'aide des enfants des Palaos, chaque visiteur doit s'engager à préserver et protéger l'environnement naturel pour les générations futures. Apprenez-en plus sur PalauPledge.com.

Hormis la signature de l'engagement, les visiteurs doivent aussi regarder une vidéo de bord qui raconte l'histoire d'un « géant plutôt maladroit et imprudent – représentant le tourisme de masse dans ce qu'il a de pire – qui vient aux Palaos et cause de graves dommages environnementaux. » Au fur et à mesure, les enfants des Palaos arrivent à le convaincre d'être plus soucieux de l'environnement. Ils lui rappellent de faire attention à ses gestes afin de ne pas endommager les récifs de corail, de ne pas polluer les eaux et de ne pas insulter la culture locale.

Le Serment des Palaos a été qualifié dans de nombreux reportages de programme novateur. Le président Remengesau espère que d'autres pays prendront des mesures similaires. Il a également ajouté que les touristes ont réagi positivement :

We have been monitoring the airport, surveying the feedback from them, and everyone is saying we didn't know that this information or facts were there before.

Nous avons été à l'écoute à l'aéroport, nous avons recueilli les réactions, et tous nous ont affirmé qu'ils ne savaient pas que cette information ou ces faits existaient auparavant.

Une utilisatrice de Twitter a suggéré que le programme soit accompagné de mesures supplémentaires pour accroître l'impact de l'initiative sur le terrain :

C'est génial ! Oui au Serment des Palaos. Je me demande toutefois comment il sera mis en oeuvre sur le terrain. Un engagement c'est bien mais est-il accompagné d'actions pédagogiques ?

Cette inquiétude est justifiée alors que la République des Palaos envisage le lancement d'un nouveau curriculum pour les étudiants ayant vocation à « sensibiliser les leaders de demain aux questions environnementales et à établir des pratiques commerciales soucieuses de ces questions dans le secteur du tourisme. »

Les Palaos ont par ailleurs défini un périmètre maritime de 500.000 km² au sein duquel la pêche commerciale et l'exploitation pétrolière sont interdites.

Le Serment des Palaos ne vise pas uniquement les touristes qui arrivent dans le pays. Les internautes peuvent également le signer de leur propre gré sur le site internet du programme. Déjà 18.598 personnes ont signé le Serment en ligne depuis la rédaction de cet article, y compris son auteur.

Le Serment des Palaos a été signé par l'auteur de cet article Mong Palatino.

Levée de boucliers contre un retour du ‘délit de solidarité’ en France

lundi 15 janvier 2018 à 22:58
Réfugiés Paris

Traces de campement de réfugiés, Sous un pont du métro aérien, Paris 18ème #BACKTOTHESTREET, par Jeanne Menjoulet sur Flickr CC-BY-2.0

Selon les résultats d'un sondage réalisé dans 25 pays pendant l'été 2017, 53% des personnes interrogées en France estiment que le nombre d'immigrés est trop élevé dans le pays. Fort d'un soutien majoritaire de l'opinion française à un durcissement de la politique migratoire, le président français Emmanuel Macron et son ministre de l'Intérieur Gérard Collomb mettent la dernière main à leur projet de loi asile-immigration. Le texte, critiqué de toutes parts, en est au stade des consultations – houleuses – et devrait être présenté au Conseil des Ministres le 21 février. “Malgré un discours de bienvenue aux réfugiés, la dissuasion se décline sur tous les modes”, écrit le journal Le Monde.

Et de fait, le durcissement ne se limite pas au cadre juridique. Sur le terrain, les actions policières, comme les tentes de campements lacérées en plein hiver, contre les migrants non intégrés au dispositif de demande d'asile, et contre ceux qui leur viennent en aide, ne connaît pas de répit et paraît au contraire de plus en plus inhumain aux individus et associations, ainsi qu'à un nombre croissant d’avocats des droits humains, observateurs, intellectuels et médias en général. Au point que la notion de “délit de solidarité” – inexistante en tant que telle dans les textes juridiques – fait sa réapparition dans les articles de la presse comme dans les commentaires des médias sociaux.

Ces individus rebelles qui secourent les migrants

En France, certaines régions aux frontières ont une longue tradition de refuge et d'aide aux étrangers. Parmi elles, la vallée de la Roya, une enclave montagnarde française enchâssée dans les Alpes ligures italiennes, a fait les titres de l'actualité depuis 2015 (série de photos ici), avec les actions de son militant le plus célèbre, l'agriculteur et militant Cédric Herrou, qui héberge dans sa ferme des migrants recueillis au bord de la route, et les démêlés judiciaires qui en résultent pour lui. Sa page Facebook relaie son quotidien, ses soutiens et ses prises de position.

[…] Ici dans la roya chaque noir et arrêté, contrôlé, tutoyé.
Les ombres sont devenus des choses, des choses à évacuer.
Ici le droit ne s’applique pas aux ombres.

Par contre, le droit incrimine les résistants, oui je dis résistants, car nous résistons tant bien que mal à la pression policière, aux gardes à vues, aux procès et aux médisances et insultes de certains élus et hauts fonctionnaires.
Depuis deux ans nous sommes victimes et témoins d’une violence d’état. […]

Vallée de la Roya

Vallée de la Roya, par Fulvio Spada sur Flickr CC BY-SA 2.0

Cédric Herrou n'est pas seul dans la Roya à agir. Récit du procès de Raphaël, 19 ans, qui…

…a pris des SDF Noirs en auto-stop sans leur avoir au préalable demandé leurs papiers. Pour ceci il risque, comme beaucoup d’autres, jusqu’à cinq ans de prison et 30.000 euros d’amende, en vertu de l’article L622-1, qui met en garde « toute personne qui aura, par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l'entrée, la circulation ou le séjour irréguliers, d'un étranger en France ».

Les habitants de la vallée ont formé une association, Roya citoyenne.

Dans le Briançonnais, au col de l’Échelle, les bénévoles locaux du collectif Tous Migrants font des maraudes nocturnes de soutien aux migrants qui marchent, sans équipement adapté au froid, à travers la montagne pour éviter les patrouilles qui les traquent et les reconduisent de l'autre côté de la frontière proche. Une quarantaine de ces personnes aurait ainsi déjà été convoquée par la gendarmerie.

Pour l’heure, aucun décès n’a été constaté sur place, « un petit miracle ». Mais ce sont plus de 300 personnes qui ont été évacuées vers les urgences de l’hôpital à leur arrivée à Briançon, selon les chiffres communiqués par Tous Migrants. Deux personnes ont du être amputées l’année dernière, victimes d’hypothermie, tandis que deux autres ont été grièvement blessés suite à une chute dans le ravin en tentant d’échapper à un contrôle policier, en août 2017.

A Nice, Martine Landry, une militante d'Amnesty International, sera jugée le 14 février,

pour « avoir facilité l’entrée de deux mineurs étrangers en situation irrégulière […], en ayant pris en charge et convoyé pédestrement ces deux mineurs du poste frontière côté Italie [Vintimille] au poste frontière côté France [Menton] ».

Citons enfin, parmi tant d'autres encore, à Paris, l'engagement et les procès à répétition de Houssam El-Assimi, (son portrait sur le site du “Monde”) :

Pilier du collectif de soutien “La Chapelle Debout” […] Houssam El-Assimi, lui, a développé un engagement multiforme : il traduit de l’arabe au français pour les demandes d’asile, rend des visites dans les centres de rétention, constitue des dossiers pour éviter les renvois vers les pays en guerre, etc.[…] Cette fois, il comparaît pour « violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique, rébellion, à Paris, le 30 septembre 2016 »…Ce jour-là, alors que les policiers opèrent un contrôle d’identité de migrants, le militant court d’un groupe à l’autre leur conseillant de s’enfuir. Après, les versions diffèrent. Houssam El-Assimi est accusé d’avoir été violent envers un policier. Lui nie. « C’est moi qui ai eu trois jours d’ITT [incapacité temporaire de travail] et me retrouve accusé de violence et de rébellion », déplore-t-il.

Le compte Twitter Délit de solidarité (@Del_solidaires) a été créé en février 2017 pour relayer ces multiples affaires.

L'indignation gagne les réseaux sociaux

Une recherche de “délit de solidarité” sur Twitter donne une ample moisson de réactions. Quelques exemples:

Réaction individuelle :

Le journal Fakir :

Les associations caritatives : Vincent De Coninck, du Secours Catholique à Calais :

L'économiste Maxime Combes oppose le discours d'Emmanuel Macron aux actes :

Le maire de Grenoble, ville dont le col de l’Échelle est proche :

On peut trouver des témoignages de migrants – ayant obtenu l'asile – sur le site Réfugiés Bienvenue, et le Collectif Dessins sans Papiers organise à Paris des ateliers de dessin, leur permettant de raconter leurs parcours. Les œuvres sont montrées dans des expositions ou éditées en livres.

La ‘leçon’ de gouvernance des Africains à Donald Trump après ses propos sur les ‘pays de merde’

lundi 15 janvier 2018 à 20:50

Les dirigeants africains au 4e Forum sur la réduction des risques des catastrophes. Photo : UNISDR (Stratégie internationale de prévention des catastrophes de l'ONU).

Le 12 janvier, le président des États-Unis Donald Trump a traité de “pays de merde” (ou littéralement, “trous à merde”, shithole) Haïti, le Salvador, et quelques pays africains, lors d'une réunion bipartisane sur l'immigration dans le Bureau ovale de la Maison Blanche. Selon les élus présents, Trump a dit :

Pourquoi on a tous ces gens de pays de merde qui viennent ici ?

L'indigne saillie du président étasunien a immédiatement déclenché une condamnation mondiale, y compris les réactions étonnamment humoristiques des internautes africains, qui ont trouvé dans le propos de Trump une occasion d'exprimer leurs griefs sur l'absence de bonne gouvernance dans bon nombre de leurs pays respectifs.

Rupert Colville, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, a qualifié le propos de “raciste” :

These are shocking and shameful comments from the President of the United States. There is no other word one can use but ‘racist’… You cannot dismiss entire countries and continents as ‘shitholes’, whose entire populations, who are not white, are therefore not welcome…It’s about opening the door to humanity’s worst side, about validating and encouraging racism and xenophobia that will potentially disrupt and destroy lives of many people.

il s'agit de commentaires choquants et honteux de la part du président américain. il n'y a pas d'autre mot pour qualifier cela que raciste’… On ne peut pas rejeter des pays et continents entiers comme étant des ‘pays de merde’, dont les populations entières, parce que non blanches, ne sont pas les bienvenues… C'est ouvrir la porte au pire aspect de l'humanité, valider et encourager le racisme et la xénophobie avec le potentiel de bouleverser et détruire les vies de beaucoup de gens.

Le gouvernement du Botswana a “convoqué l'ambassadeur des États-Unis pour lui exprimer son mécontentement des propos attribués au président des États-Unis Donald Trump:”

COMMUNIQUE DE PRESSE Le Botswana condamne les propos du Président Trump

Trump a tenté d'atténuer les effets de sa remarque en la niant, expliquant que c'était “une invention des Dems [les Démocrates]” :

Je n'ai jamais rien dit de désobligeant sur les Haïtiens, à part que Haïti est, à l'évidence, un pays très pauvre et troublé. Jamais dit “Sortez-les”. Une invention des Dems. J'ai une merveilleuse relation avec les Haïtiens. Il faudra probablement enregistrer les réunions à l'avenir – malheureusement, aucune confiance !

Les internautes africains ont réagi au quart de tour aux propos de Trump. Sans pour autant étayer leur conviction, certains estiment que la déclaration de Trump est une mise en cause des gouvernements de nombreux pays africains.

James Propa, contributeur ougandais de Global Voices, écrit :

Pourquoi ça vous dérange tous que @realDonaldTrump traite nos pays de “pays de merde”? Tout d'abord, nous avons échoué à devenir pleinement autonomes. Nous dépendons de leurs financements, ils ne nous respectent donc pas. Nous devons commencer à penser par nous-mêmes. Souffrons avec le peu que nous avons et construisons pour grandir.

C'est un sentiment analogue qu'exprime Ugo Agbaji, un Nigérian :

Le Nigéria est un pays De MERDE à cause de ses dirigeants. Je ne peux qu'être d'accord avec Trump, que je déteste en général. Monsieur Trump, veuillez rappeler au Nigeria que c'est un mays de merde dont les dirigeants doivent ramasser leur merde.

L'internaute kényan Daniel Makaya a fustigé la corruption et les dirigeants incompétents en Afrique :

L'Afrique, en particulier la partie sub-saharienne dirigée par des hypocrites, comme l'Afrique du Sud, le Nigeria et le Kenya, est un grand trou à merde. Les gouvernements baisent leurs peuples et 75 % des recettes de l’État vont dans les poches des politiciens qui ont des relations. L'Afrique avec ses dirigeants actuels ne peut pas s'aligner

Le Nigérian Kelvin Odanz est direct :

Les Nigérians qui vivent au Nigeria savent que le Nigeria est un pays de merde. Ils font la queue devant les ambassades chaque semaine pour mendier leur fuite.
Les Nigérians qui ont réussi à fuir et leurs comparses panafricains (ceux qui vivent loin du pays de merde) sont ceux qui sont outrés que Donald Trump ait appelé le Nigeria un pays de merde.

Le tweet de son compatriote Onye Nkuzi évoque l'absence de justice au Nigeria pour les personnes tuées par des gardiens de troupeaux le jour de l'An dans l’État de Benue :

Désolés, on vient d'enterrer 73 jeunes hommes, femmes et enfants innocents dans l’État de Benue au Nigeria

On a donc plus important à faire que de s'occuper des remarques méprisantes de Trump.

Mais oui, le Nigeria est un pays de merde. Le reste de l'Afrique, je ne sais pas – je n'en sais pas assez pour en parler.

Steve Biko a accusé la politique tribale en Afrique :

D'après Trump, l'Afrique est est trou à merde avec des infrastructures médiocres, la faim et un mauvais leadership.
Voilà ce qu'on a quand nous autres Africains élisons des dirigeants sur la base de nos lignes tribales.On se retrouve avec des clowns qui n'ont pas de programmes pour rendre l'Afrique indépendante par elle-même.

Le Ghanéen Seraphic Herbsman conseille aux Africains d'épargner leur indignation et de travailler à “inverser leur situation” :

L'Afrique est un trou à merde. Ne vous indignez pas. Canalisez cette énergie pour être patriotes et inverser notre situation.

Il y a pourtant des Africains que les propos de Trump ont enragés. Ms. Nawande déclare hardiment que “Trump est un président de merde” :

OUI l'Afrique et ses pays ont leurs problèmes… on ne le conteste pas.. mais l'insulte et l'irrespect total par le pays même qui les a dépouillés de leurs ressources dépasse tout. TRUMP EST UN ‘PRÉSIDENT DE MERDE’. POINT FINAL.

Nyaguthii wa Muriuki commente l'ignorance qu'ont les Américains de l'Afrique :

Le président US est un représenant typique de la mentalité américaine. On est en 2018 et ils continuent à utiliser une photo d'enfant mourant de faim prise il y a des années 0.00000000000000000000001% de la population africaine et enseignent [avec] à l'Amérique à quoi ressemble l'Afrique je suppose

Didi Angela rappelle une fois de plus au monde que l'Afrique est un continent, pas un pays :

Ce président appelle l'Afrique un pays de merde ? Quelqu'un pourrait lui dire que l'Afrique est un continent, et que les immigrants africains sont l'un des groupes les plus éduqués de ce pays, ce président est un raciste et un ignorant putain.

Gege, un Nigérian au Royaume-Uni, fait la leçon au président des États-Unis sur la dignité de sa fonction :

Moralité, humilité et compassion. C'est ça, les qualités d'un grand dirigeant.

C'est vrai que le Nigeria est un enfer pour beaucoup. C'est aussi incroyablement grossier de la part de Trump de décrier les conditions de vie des pauvres en Afrique.

Cet homme profane la présidence des Etats-Unis par son comportement rustre.