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“Ici, on ne siffle pas les femmes”, disent des ouvriers du bâtiment au Pérou

lundi 6 mars 2017 à 23:07

“Ici, on ne siffle pas les femmes et nous sommes contre le harcèlement dans la rue.” Photo prise par l'auteure.

Voici une vérité mondialement connue : une femme évitera de marcher près d'un chantier de construction, surtout si elle est seule. Si une femme ose défier cette règle globalement acceptée, il est fort probable qu'elle finisse par recevoir des commentaires désagréables et grossiers et des sifflets de la part des hommes travaillant sur ce chantier.

Mais le Pérou laisse entrevoir une lueur d'espoir.

À Miraflores, quartier traditionnel de classe moyenne de Lima, la capitale péruvienne, où abondent les chantiers, un groupe d'ouvriers a décidé de dire ce qu'ils pensent et agissent différemment. Et la réponse se révèle positive.

Autre prise de vue du panneau. Image de l'auteure.

Une photo de leur panneau a été publiée sur Facebook, sur la page de Ni una menos Perú [Pas une de moins], a déjà été partagée plus de 300 fois et a obtenu plus de 3300 “J'aime”. Les commentaires sont en grande partie positifs :

Lu Necochea grand début …woww c'est encourageant, ne plus avoir à subir le harcèlement, bonne initiative

Gisella Laynes Très bien… j'applaudis parce que je n'aurai plus peur de passer par là…

Adriana Lucia J'adore ! Je me souviens que nous devions toujours traverser la rue pour ne pas passer par un chantier

D'autres ont tenté d'expliquer les causes du phénomène :

Tito Surf Rock Les ouvriers des chantiers civils, dont la grande majorité vient de foyers à problèmes (c'est souvent la faute de parents irresponsables, pas la leur) […] manquent de respect aux femmes en général, en oubliant que nous venons tous d'une femme (notre mère).

D'autres personnes se sont montrées moins compréhensives :

Eduardo Antonio Cesti haha mais quand ce sont elles qui harcèlent, personne ne dit rien.

Liler Vasquez hahaha encore un peu et on interdira de regarder les femmes dans la rue

Global Voices s'est entretenu brièvement avec Juan Enrique Huamaní, en charge des questions de sécurité sur les chantiers de construction et qui nous a dit :

Dans le secteur de la construction, on nous apprend à bien nous comporter. On nous fait voir que nous avons tous des mamans, des filles, des sœurs, et qu'aucun n'aimerait apprendre que d'autres hommes leur disent des grossièretés pour la simple raison qu'elles marchent dans la rue. C'est alors que nous prenons conscience de tout cela et nous voulons que tous le sachent.

Cette lueur d'espoir arrive en plein milieu d'une période difficile pour les droits des femmes au Pérou. Une des plus récentes affaires de violence de genre date du 27 février 2017, quand Evelyn Corahua Fabian, maman de deux filles et avocate, est morte étranglée chez elle par son ex-conjoint. Un mois auparavant, elle avait déjà dénonce une tentative de strangulation mais les autorités avaient sous-estimé sa plainte. Malheureusement, les féminicides ont augmenté de 13 % entre 2015 et 2016, où 95 femmes sont décédées et 198 ont été blessées.

Mais alors que le pays continue à affronter la violence de genre, les ouvriers de chantiers de Miraflores sont en train de donner l'exemple en matière de respect.

Un siècle plus tard, les Ethiopiens débattent toujours de leur victoire contre le colonialisme italien

lundi 6 mars 2017 à 11:38
Une peinture représentant la bataille d'Adwa. Image: Musée National des Cultures du Monde. CC 3.0

Une peinture représentant la bataille d'Adwa. Image: Musée National des Cultures du Monde. CC 3.0

L'Empire éthiopien avait surpris le monde le 1 mars 1896, quand il a remporté une victoire décisive contre le Royaume d'Italie au cours de la bataille d'Adoua [fr] renforçant sa souveraineté contre l'invasion italienne.

L'armée italienne avait subi de lourdes pertes, estimées à environ 7 000 soldats tués [fr], 1 500 autres blessés et 3 000 prisonniers .

Cette victoire a sanctionné l'existence de l'Ethiopie comme Etat souverain dans une époque où les puissances européennes se partageaient l'Afrique . Au cours de cette période, les puissances occidentales ont conquis presque toute l'Afrique, à l'exception de l'Éthiopie et du Liberia, faisant de la bataille d'Adoua une anomalie historique. Une histoire de plus en plus accessible aux lecteurs d'aujourd'hui, grâce à des historiens comme Raymond Jonas et Harold Marcus, qui ont publié d'importantes recherches sur cet événement.

Les internautes éthiopiens commémorent l'anniversaire de la bataille avec des débats sur ses implications historiques et sur l'exactitude des informations que nous avons aujourd'hui sur l'agression, dans le contexte des complexités et des conflits politiques contemporains de l'Éthiopie.

L'une des affirmations les plus fréquentes dans les débats en ligne est l'idée que la victoire d'Adoua n'avait pas apporté la liberté et l'indépendance de manière égale à tous les groupes ethniques éthiopiens. Les nationalistes éthiopiens considèrent la bataille comme un important symbole de la résistance anti-coloniale noire, non seulement pour l'Éthiopie, mais aussi pour toute l'Afrique. Cependant, les rivaux politiques ethno-nationalistes, comme les Oromos, soulignent souvent que ces récits triomphalistes utilisés pour décrire la bataille d'Adoua sont biaisés et présentés entièrement à partir de la perspective de la classe dirigeante éthiopienne.

Cela peut déboucher sur des débats autour de la nature de l'identité éthiopienne et si celle-ci doit être fondée sur le nationalisme civique ou les liens ethniques. Très souvent au sein de la communauté de langue amhara, le nationalisme éthiopien traditionnel soutient “l'unité culturelle” et affirme que les Ethiopiens sont une seule nation.

Le rôle joué en 1896 par l'empereur Menelik II [fr], l'homme auquel on attribue généralement la victoire à Adoua, fait également partie du débat en ligne aujourd'hui.

Les internautes nationalistes éthiopiens le dépeignent souvent comme le père fondateur clairvoyant de l'Ethiopie moderne alors que les ethno-nationalistes le qualifient de “canaille“.

L'utilisateur de Facebook Tsegaye Ararssa a déclaré qu'il considère la bataille d'Adoua comme “une guerre coloniale entre deux empires coloniaux concurrents, en dépit de la participation des peuples assujettis comme fantassins.”

Adoua n'est rien d'autre que la victoire d'un noir sur un colonisateur blanc. Adoua a été un moment de négation de sa propre négritude. Rien ne caractérise cette négation plus que le rejet de Menelik de sa noirceur quand il a été invité à assumer la présidence d'honneur de l'association mondiale pour l'amélioration de la vie du “Noir”. En disant: “Je ne suis pas un nègre; je suis de race caucasienne”, Menelik a stipulé qu'il était “un homme blanc honoraire”. […] Adoua était le moment inaugural pour la naissance de la hiérarchie racialisée entre et parmi les peuples éthiopiens.

Yetneberk Belayneh, a cependant soutenu que la victoire était “un symbole d'une coopération multi-ethnique” :

Du point de vue de l'histoire du monde moderne, la bataille d'Adoua représentait une lutte pour l'indépendance nationale menée par une coalition de groupes ethniques divers.

Le grand rôle de leadership et de mobilisation du roi Menelik II ainsi que le patriotisme de divers dirigeants […], la participation de 100.000 soldats de dizaines de groupes ethniques de toutes les régions du pays ont été le “mystérieux magnétisme” qui a uni l'Ethiopie pour battre l'armée coloniale italienne dans la bataille d'Adoua .

Écrivant pour “Tigrean Press”, Tecola Hagos affirme que la bataille ne devrait pas être considérée comme la première victoire d'une nation africaine sur une nation européenne. Il écrit:

L'US Army Infantry Magazine (Magazine de l'infanterie des ÉtatsUnis) écrit à propos de la bataille d'Adoua :

«Les historiens considèrent la bataille d'Adoua, point culminant de la guerre italo-éthiopienne (1895-1896), comme l'un des événements les plus importants au monde. En fait, c'était la première victoire d'une nation africaine contre une armée européenne depuis les batailles victorieuses d'Hannibal contre Rome pendant la deuxième guerre punique il y a 2.200 ans.

C'est vraiment désolant de voir une institution prestigieuse induite en erreur par  une poignée de l'élite politique amhara mal avisée adopter une version historique faussée des faits. Pour démontrer le cours de l'histoire d'une manière authentique : la première défaite des colonisateurs européens par les Africains n'était pas la bataille d'Adoua il y a 121 ans.

La première lourde et ignominieuse défaite des colonisateurs européens a eu lieu le 26 janvier 1885 à la bataille de Dogali sous la conduite de Raesi Alula.

La bataille de Dogali [fr] s'est déroulée le 26 janvier 1887 entre l'Italie et l'Ethiopie, où 500 Italiens se sont battus pendant des heures avant de manquer de munitions. En fin de compte, seulement huit Italiens ont réussi à en réchapper.

Abebual Demilew a souligné l'importance de la victoire du mouvement panafricain [fr] une campagne mondiale pour encourager et renforcer les liens de solidarité entre tous les descendants d'Afrique :

La bataille d'Adoua – lorsque l'effet Ethiopie a fait naître le mouvement panafricain.

Demilew a tweeté:

La bataille d'#Adoua est d'une importance énorme pour l'Afrique, la décimation du continent n'a pas pu être achevée. L'Ethiopie, la dernière femme encore debout

Répondant aux affirmations que l'empereur Menelik II aurait dit, “je ne suis pas un nègre du tout; Je suis blanc,” Yared Asrat a écrit:

@RedSeaFisher Même dans l'hypothèse où il l'aurait dit, est-ce que cela annule le fait qu'il ait anéanti les colonialistes blancs à la bataille d'Adoua ??

Wondwossen Teklu a souligné le déséquilibre des forces militaires entre les deux armées :

Fier sans réserve de la Victoire d'Adoua. La bataille d'Adoua était celle du colonisateur “civilisé” contre les paysans éthiopiens.

Un utilisateur de Twitter rappelé la contribution pendant la guerre de l'impératrice Taytu Betul [fr], épouse de l'empereur Menelik II :

L'intrépide impératrice Taytu Bitul avec sa propre armée à la bataille d'Adoua

L'impératrice était la troisième femme de l'empereur Menelek II et la fondatrice d'Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. Elle a dirigé sa propre unité militaire pendant la guerre.

Sur Facebook, Wondwosen a célébré l'anniversaire en partageant des informations sur un livre sur la bataille d'Adoua:

À l'approche de la Journée de la Victoire, il convient de recommander un excellent ouvrage consacré à la bataille d'Adoua : The Battle of Adwa: Reflections on Ethiopia’s Historic Victory against European Colonialism (Réflexions sur la victoire historique de l'Éthiopie sur le colonialisme européen). Le livre est dirigé par les professeurs Paulos Milkias et Getachew Metaferia ; plusieurs chercheurs renommés y ont également contribué avec quelques chapitres.

Le livre offre une analyse approfondie de la bataille d'Adoua, de ses antécédents politiques, diplomatiques et militaires ainsi que des résultats. Le livre couvre, avec des détails étonnants, les événements qui ont mené à la bataille, comment elle s'est déroulée, ainsi que ses profondes conséquences postérieures. C'est un des livres les plus instructifs sur la bataille d'Adoua, et pour couronner le tout, il est librement téléchargeable ici: http://www.sahistory.org.za/…/paulos_milkias_getachew_metaf…

La bataille d'Adoua fait partie des fondements de l'histoire éthiopienne et revêt une signification pour l'identité nationale du pays ; mais elle fait aussi partie des souvenirs collectifs les plus contestés du pays.

Au Mexique, gare aux tomates pour les mauvais politiciens

dimanche 5 mars 2017 à 16:46
JitomatazoMx

Photo de tomates pourries, partagée sur Flickr par Alan Levine. Utilisée sous licence Creative Commons 2.0.

Arne aus den Ruthen Haag, jadis serviteur de l'Etat, aujourd'hui activiste citoyen, dirige la campagne appelée #JitomatazoMx pour jeter à la figure – littéralement – des membres de la classe politique le mécontentement de la société provoqué par leurs excès et leur gaspillage caractérisés.

Quand il n'existe pas de moyens légaux pour lutter contre les abus de la classe politique, le “jitomatazo” (le jet de tomates) est la meilleure manière de leur exprimer notre réprobation.

La campagne, qui se propage essentiellement grâce à Twitter, appelle les personnes intéressées à collecter des tomates – ou jitomates comme on dit à Mexico – pour pouvoir les jeter ensuite au visage des serviteurs de l'Etat.

Compte à rebours. Cette semaine nous allons commencer à agir comme un groupe citoyen de protestation.

Le premier concerné par cette forme de protestation a été le député César Camacho du Parti Révolutionnaire Institutionnel (PRI), organisation politique qui a dirigé le pays durant plus de 70 ans au siècle passé et qui est récemment revenu au pouvoir avec le président Enrique Peña Nieto. On reproche à Camacho d'avoir bénéficié d'une très discutable “prime de Noël” en décembre 2016.

Au Mexique, les députés comme Camacho sont totalement discrédités par les privilèges dont ils jouissent et qui ne cessent d'augmenter, alors que la population est confrontée à la hausse des prix de l'énergie et diverses difficultés économiques.

La campagne citoyenne a déjà soulevé la question de savoir quel allait être le prochain objectif. Après une enquête en ligne cela devrait être l'actrice septuagénaire Carmen Salinas, elle aussi députée du PRI, qui occupe cette fonction alors qu’elle n'est jamais allée au delà de l'école primaire.

Qui proposes-tu pour le prochain #Jitomatazo ?

En parlant d'enquêtes, le politologue Luis Rodolfo en a lancé une qui démontre que ses suiveurs sont favorables à cette campagne :

Es-tu pour ou contre le #jitomatazo? 🍅🍅🍅

La première réaction suscitée par le #JitomatazoMx a été celle de César Camacho qui a porté plainte, car il estime que les actions menées par Arne aus den Ruthen Haag constituent un délit à son encontre.

Certains utilisateurs de Twitter ont eux aussi exprimé leur désaccord avec le #JitomatazoMx en raison du caractère violent de l'action :

@DarioJimenezL Au sujet du “jitomatazo”, je suis contre toute sorte de violence, elle empêche la réconciliation sociale.

Je suis contre le jitomatazo, c'est de la violence, ne la sous-estimons pas, après, un exalté pourrait sortir avec une arme, évitons-le.

L’an dernier, Arne – que l'on peut suivre sur Facebook – s'est fait connaître en utilisant l'application Periscope sur son lieu de travail, mettant en ligne des vidéos de comportements illégaux, abusifs et violents de plusieurs citoyens. Peu de temps après, Arne a quitté le poste qu'il occupait dans la fonction publique et maintenant il consacre une bonne partie de son temps au militantisme.

*Note linguistique : Dans la ville de Mexico les habitants emploient le terme “jitomate” pour désigner le fruit rouge du plant de tomate, alors que le mot d'origine náhuatl tomatl, qui a donné le terme actuel s'utilise dans le nord du pays pour désigner ce même fruit.

A l'aube des élections présidentielles, comment les expatriés qui résident en France perçoivent le pays

dimanche 5 mars 2017 à 16:24

Capture d'écran du film une année en Provence – Russell Crowe et Marion Cotillard

Selon L'INSEE, les expatriés représentent  à peu près 8,8 % de la population en France soit 5,8 millions de  personnes en 2013.  La même année, la présence française à l’étranger était estimée à près de 3,5 millions de personnes. Le solde migratoire en France (la différence entre entrées sur le territoire et sorties) est donc en forte baisse depuis 2006.  Même si la progression de l’isolationnisme (Brexit, élections américaines..) a ralenti le flux migratoire mondial,  les communautés expatriées représentent encore une part importante de la population des pays occidentaux.

Le solde migratoire en France en baisse entre 2006 et 2013 via Le Monde / INSEE – Domaine public

Cette population regarde avec circonspection la montée des idéologies nationalistes en France dont le symptôme principal est la présence de Marine Le Pen en tête des sondages à quelques mois des élections présidentielles. Les victoires de Donald Trump aux élections américaines  et des partisans du Brexit en Grande-Bretagne renforcent la conviction des parti de l'extrême droite française que l'heure de la prise de pouvoir est proche.

Que signifierait une victoire de l’extrême droite pour ces expatriés ? Carine, ingénieure camerounaise résidant à Paris, explique par e-mail:

Je dois aller à la préfecture dans 2 semaines pour obtenir ma carte de résidente long séjour. J'espère qu'elle sera validée avant les élections car les règles pourraient changer très vite ici. Je sais que de nombreux amis sont  aussi en attente de renouvellement de leur carte de séjour  et sont très inquiets sur leur avenir à court terme.

L'étudiante danoise Iben est aussi anxieuse vis à vis de difficultés supplémentaires à rester en règle d'un point de vue administratif, elle qui considère que le process est déjà assez contraignant:

When I moved to Paris, I never adapted my expectations to the French way of doing bureaucracy. I kept believing it would be as efficient and transparent as it is in Northern Europe. I could have avoided so much stress if I realized sooner that it is not.

Quand je me suis installé à Paris, je ne me suis jamais fait  à la bureaucratie française. J'ai toujours pensé que ce serait aussi efficace et transparent que dans le nord de l'Europe. J'aurais pu éviter beaucoup de stress si je m'étais rendais compte plus tôt que ce ne serait pas le cas.

Ce sentiment d'anxiété vis à vis des challenges relatifs aux papiers administratifs  est partagé par la grande majorité des expatriés. Une étude réalisée par Paris21.tv montre que les rapports avec la bureaucratie (Sécurité Sociale, le téléphone et les impôts) sont les plus anxiogènes pour cette communauté (cf image ci-dessous)

Enquête sur les expatriés qui résident en France via Les echos 2 et Paris21Tv

Mais qui sont ces expatriés qui résident en France aujourd'hui ?

Sans surprise, selon un rapport du ministère de l'intérieur en 2012, c'est à Paris et en Seine-Saint-Denis qu'il y a le plus d'expatriés: sur les 5 millions et plus, 307 000 vivent dans la capitale et 279 000 dans le département de l’Île-de-France. Plus surprenant, sur les 230 000 immigrés en 2012, 46%  proviennent d'Europe, 30% d'Afrique, 14% d'Asie et 10% d'Amérique et Océanie. Des données qui viennent à l'encontre des idées reçues véhiculées par la droite conservatrice en France.

Immigration récente en France par continent via INSEE – Domaine public

Quel est le ressenti de cette communauté sur la vie en France aujourd'hui ?

L‘enquête de Paris21.tv essaye de répondre à cette question. Le retour est plutôt positif car les trois quarts d'entre eux sont satisfaits de leur vie professionnelle mais ils déplorent aussi un “manque de convivialité” des locaux. Ainsi, huit expatriés sur dix trouvent les français “arrogants, peu conviviaux et pas généreux”. Pour pallier ces rapports humains qu'ils trouvent “médiocres“, ils se consolent avec l'alimentation et la culture.

Samantha Brick, une écrivaine anglaise qui vit dans le Lot en Midi-Pyrénées, explique son point de vue:
My biggest regret is not realizing sooner how unfriendly French women could be. I've lived in France for over five years now and still don't count a single French woman as a girlfriend. Expat women out there, before you move to France, make sure there are plenty of other expat women in the area. Otherwise you could end up very lonely and isolated.

Mon plus grand regret est de ne pas m'être rendue compte plus tôt de la difficulté à se faire des amies en France. Je vis en France depuis plus de cinq ans et je ne compte toujours pas une seule amie. Vous, les femmes expatriées, avant de vous déplacer en France, assurez-vous qu'il y a beaucoup d'autres femmes expates dans la région. Sinon, vous pourriez vous retrouver très vite isolée.

 D'autres expatriés sont plus positifs, Bill explique l'attrait de la vie en France:
You get used to the holidays here, the 35-hour week, the conditions of work and the quality of life that makes it almost impossible to go somewhere else

Vous vous habituez facilement aux congés payés ici, la semaine de 35 heures, les conditions de travail et la qualité de vie qui rend presque impossible d'aller ailleurs.

Quand l'ex-président iranien mal réélu Ahmadinejad fait la leçon à Trump

samedi 4 mars 2017 à 16:57

Ahmadinejad donne des conseils à Donald Trump dans une lettre ouverte. Image : compte Telegram de Mamlekate.

L'ex-président iranien Mahmoud Ahmadinejad, dont le fait le plus notable a été la réélection entachée d'irrégularité, ce qui a déclenché le Mouvement vert de 2009, s'est fendu le 27 février d'une lettre ouverte de conseils au président américain Donald Trump.

La lettre s'ouvre sur une dua (ou invocation islamique), souhaitant une prompte venue du Mahdi (le sauveur de l'Islam dans les écritures des chiites). Ahmadinejad, un habitué avoué des missives aux présidents des USA, affirme ensuite à Trump qu'il voit dans son élection un changement dans l'immobilisme américain.

Plus loin, il invite Trump à respecter les autres nations, à adhérer à la diversité et à mettre fin aux politiques agressives de domination envers les autres pays :

۲- متاسفانه دولت های متوالی آمریکا ، خود را برتر از دیگران پنداشته ، پیشرفت این کشور را در عقب نگه داشتن دیگران ، برخورداری و رفاه مردم آمریکا را در فقر دیگران ، عزت و بزرگی آن را درتحقیر دیگران و امنیت آمریکا را در ناامنی دیگران جست و جو کرده اند.

اگر همه دولت های دنیا از همین منظر به عرصه بین المللی بنگرند و بر همین مبنا عمل کنند، نتیجه چه خواهد شد؟ باور من این است که مردم آمریکا نمی توانند با این سیاست ها و عملکردها همراهی کرده و به دنبال تحقیر و فقر و ناامنی دیگران و تصرف ثروت آنان باشند.

هرگاه مردم آمریکا از ورای فضای غبار آلود رسانه ای ، از این سیاست ها و رفتارها مطلع شده اند، بلافاصله آن را محکوم کرده و از عاملان آن ها اعلام برائت کرده اند.

اگر به دنبال اصلاح اساسی و ماندگار هستیم ، باید به همه ملت ها و فرهنگ ها ، اراده و منافع آنان احترام بگذاریم. باید در شادی ملت ها شاد و در غم آنان شریک باشیم. باید به دنبال برابری و برادری میان ملت ها باشیم و به حقوق ملت ها احترام بگذاریم و از برتری جویی و تلاش برای سلطه بر دیگران خودداری نماییم.

Malheureusement, les administrations américaines successives ont adopté l'arrogance envers les autres, cherchant le progrès du pays en freinant celui des autres, en poursuivant l'enrichissement et le bien-être des Américains aux dépens de la pauvreté des autres, en quête d'honneur et de grandeur par l'humiliation des autres, et de la sécurité pour les USA par l'insécurité des autres… C'est ma conviction que le peuple américain ne peut pas soutenir de telles politiques et comportements, et ne peut poursuivre l'humiliation, la pauvreté et l'insécurité des autres, et ne peut pas s'emparer de la richesse d'autrui… Pour poursuivre des réformes fondamentales et durables, il faut respecter toutes les nations et cultures, ainsi que leur volonté et intérêt. Il nous faut mettre en commun le bonheur des nations tout comme leur chagrin. Il nous faut rechercher l'égalité et la fraternité parmi les nations et respecter les droits des nations, et aussi éviter l'arrogance et les tentatives de dominer autrui.

Ce n'est pas la première fois qu'une personnalité iranienne de premier plan critique publiquement l'aspect discriminatoire des politiques de l'administration Trump, comme la très controversée interdiction de voyage contre sept pays majoritairement musulmans (dont l'Iran). Le Guide Suprême, l'ayatollah Khamenei, avait précédemment décrit Trump comme “faisant le travail à notre place en révélant [le] vrai visage de l'Amérique.”

Les médias sociaux iraniens débordent de commentaires sur la lettre d'Ahmadinejad depuis sa publication.

Ahmadinejad ne se satisfait apparemment pas des 8 ans de dégâts qu'il a causés à l'Iran et écrit à Donald Trump

Depuis l'élection de Trump, de nombreux Iraniens ont offert leur compassion aux Américains, faisant le parallèle entre les huit années de médiocre gouvernance sous Ahmadinejad et l'administration Trump (voir 4:04 sur la vidéo parodique “Amérique d'abord… et l'Iran ?”).

Un message qui a cartonné sur Twitter en persan relevait l'étrange graphomanie de l'ex-président :

Cet intérêt à écrire des lettres aux présidents des USA et d'autres pays n'est pas normale…

Une allusion aux autres missives d'Ahmadinejad à des chefs d'Etat du monde, comme celle qu'il a adressée à l'ex-président américain Barack Obama en 2016 où il lui reprochait de n'avoir pas tenu ses promesses de réparer les liens avec l'Iran :

It is with great regret that your explicitly announced undertakings … including your public as well as written announcements to mend ties with the Iranian nation, and to make compensation for about sixty years of oppression and cruelty by different American governments against the Iranian nation, were never fulfilled.

Il est très regrettable que vos actions explicitement annoncées… y compris vos annonces publiques et écrites de réparer les liens avec la nation iranienne, et de d'indemniser les soixante années d'oppression et de cruauté [infligées] par différents gouvernements américains à la nation iranienne, n'aient jamais été suivies d'effets.

La lettre ci-dessus a suivi l'application de l'accord nucléaire iranien, signé sous la direction d'Obama aux Etats-Unis et du président iranien modéré Hassan Rohani. Ahmadinejad faisait allusion à la décision injuste selon lui d'un tribunal américain jugeant que les avoirs iraniens gelés aux USA devaient être versés aux familles des victimes de l'explosion de la caserne du corps des Marines au Liban en 1983, qui avait tué 241 militaires américains. Le Hezbollah libanais, milice et parti politique chiite largement soutenu et financé par le gouvernement iranien, était l'auteur de l'attentat.

La lettre de 2016 se voulait un dénigrement des succès de l'administration Rohani dans l'aboutissement d'un accord nucléaire, succès populaire dans tout l'Iran en ce qu'il allégeait le poids des sanctions et ouvrait la porte à de nombreuses opportunités économiques. Les sanctions nucléaires contre l'Iran s'étaient intensifiées sous la présidence d'Ahmadinejad, tandis que les négociations entre l'Iran et les autres pays concernés étaient restées en panne sous sa houlette.

Cette lettre cette fois à Trump n'est peut-être autre qu'une nouvelle manœuvre de l'ex-président pour tenter d'affaiblir son successeur, surtout à l'approche de l'élection présidentielle iranienne de mai 2017. En septembre 2016, Ahmadinejad annnonçait ne pas vouloir participer à la course, après avoir été averti par le Guide Suprême que sa candidature causerait une polarisation et des divisions dommageables dans la société iranienne. Également interdit de candidature à sa réélection en 2013, Ahmadinejad avait fait campagne pour son ancien chef de cabinet, Esfandiar Rahim Mashaei. Ce dernier n'avait toutefois pas réussi à figurer sur la liste finale des candidats à la présidence arrêtée par le Conseil des Gardiens. On s'attend à ce qu'en 2017 Ahmadinejad s'engage de façon similaire pour son ex-vice président, Hamid Baghaei.