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Elections au Conseil de GV 2017 : Gabriela Garcia Calderon

vendredi 10 mars 2017 à 13:49

Mon seul et unique selfie.

(Note : Cette série de posts concerne les bénévoles des différents sites de Global Voices, appelés à désigner leurs représentants pour 2 ans au Conseil administration de l'organisation)

Comme vous l'avez lu avec le titre de ce texte, je m'appelle Gabriela Garcia Calderon. J'ai été nommée candidate représentante du personnel permanent pour l'élection au Conseil de Global Voices.

Je suis une avocate péruvienne qui a découvert un jour le désagrément d'avoir à se battre avec les greffiers du tribunal pour seulement jeter un coup d’œil à un dossier. C'est comme si un médecin devait se bagarrer avec des infirmières pour qu'elles le laissent examiner un patient !

C'est alors que Global Voices est entré dans ma vie, une découverte qui a vraiment tout changé pour moi… et j'espère pour GV aussi.

J'ai débuté comme traductrice bénévole en espagnol en novembre 2007, et en novembre 2009 j'ai été invitée par l'éditeur Amérique Latine d'alors Eddie Avila à contribuer également comme auteur bénévole. A côté de cela, j'ai assisté Eddie, aujourd'hui directeur de Rising Voices, sur le projet Amazonia.

J'ai remplacé Silvia Viñas, notre précédente éditrice régionale LatAm, pendant son congé de maternité de décembre 2012 à février 2013. Un an plus tard, j'ai été nommée éditrice régionale par intérim quand Silvia a accepté un emploi ailleurs ; ceci pendant huit mois.

A présent, depuis trois mois, je suis l'éditrice de Lingua Espagnol, un immense défi après le long mandat de mon prédécesseur.

Vous le voyez, cela fait un bout de temps que je suis là. A côté de tout cela, je pense être la contributrice au plus grand nombre de posts publiés, juste en-dessous de 8.000 à ce jour… et ça continue !

Une de mes particularités : je n'ai pas de compte Facebook. Comme vous le voyez, ce n'est pas nécessaire pour avoir une présence dans le monde en ligne. Par contre, je blogue beaucoup en espagnol, tout en étant une GVer et en alimentant mon compte Twitter. Je continue à pratiquer le droit, mais dans l'arbitrage, donc fini de me disputer avec les greffiers pour consulter des dossiers !

Mais assez d'autopromotion. Ce que vous voulez savoir de moi, c'est ce que je ferai pour vous au cas où je serais élue.

Chenille au Sommet GV 2015 à Cebu.

Pour commencer, ma longue et forte présence me permet de comprendre de l'intérieur les différentes fonctions à GV. Non seulement je sais comment les choses y fonctionnent, mais aussi j'ai vécu de nombreux changements que nous avons traversés comme communauté. Je suis familiarisée avec les sentiments des membres de GV, bénévoles comme permanents, et les formuler parce que je suis probablement passée par là aussi.

Je m'engage à donner à chacune et chacun la voix qui lui est propre, avec la discrétion que certaines situations délicates peuvent requérir. Si vous m'élisez représentante des permanents, vous pourrez être certains que je ferai de mon mieux pour me conduire comme je le fais depuis neuf ans et demie : avec Global Voices dans mon cœur, avec les sentiments des GVers à l'esprit et avec tout le dévouement que mérite cette communauté si importante pour moi.

Comme j'adore le dire, Global Voices c'est génial !

Élections au conseil de GV 2017 : Marianne Díaz Hernández

vendredi 10 mars 2017 à 12:23


(Note : Cette série de posts concerne les bénévoles des différents sites de Global Voices, appelés à désigner leurs représentants pour 2 ans au Conseil administration de l'organisation)

Élection des représentants des bénévoles

Qui je suis

Je suis avocate, auteure de science-fiction et militante des droits humains, née au Venezuela et basée à Santiago du Chili. Je suis aussi une militante de la culture ouverte, ayant servi pendant les quatre dernières années comme responsable juridique de Creative Commons au Venezuela. J'ai vécu beaucoup de vies différentes au cours de la dernière décennie, en commençant comme avocate en droit du travail, en passant par une carrière de rédactrice en chef dans une maison d'édition, en fondant une ONG de droits numériques au Venezuela, en menant des ateliers d'écriture créative et des ateliers de sécurité numérique. Où je suis maintenant : chercheuse en politiques publiques à l'intersection de la technologie et des droits de la personne. Grâce à tout cela, j'ai découvert que ma vocation est d'aider les gens à s'exprimer, ce qui au centre de tout ce que je fais, et fait que je suis à ma place chez Global Voices.

Ce que je fais à GV

J'ai commencé à Global Voices en 2010, dès le début de mon activité bénévole (je me suis portée volontaire pour Amnesty International et Creative Commons au cours de toutes ces années). J'ai rempli le formulaire de bénévolat immédiatement après que j'ai appris que GV Advocacy (maintenant Advox) existait, et comment ce projet travaillait sur le sujet qui m'importait le plus : les nombreuses et différentes menaces à la liberté d'expression en ligne dans le monde entier. Depuis, j'ai travaillé comme auteur pour Advox et le site principal de GV, comme traductrice pour l'équipe espagnole de Lingua et j'ai contribué dans différents projets (le plus cher à mon cœur pourrait être le beau projet GVeX). Mais Advox reste mon chez moi et c'est là où je contribue le plus. Beaucoup de ce que j'ai fait est lié à l'information sur les menaces et les violences contre la liberté d'internet au Venezuela ; quelque chose dont je suis très fière est la couverture formidable que notre merveilleuse équipe a faite pendant les manifestations de 2014 dans le pays.

À propos de ces élections

Je ne me sens pas vraiment pas attirée par la politique, c'est donc peu probable que vous me voyiez faire beaucoup campagne, mais j'apprécie la confiance et la foi que représente le fait d'avoir été nommée pour ce rôle par un collègue de GV et ce serait pour moi un immense honneur d'avoir l'occasion de servir cette communauté de façon plus active et de la soutenir comme elle m'a aidée ces dernières années.

Au cours des sept dernières années, Global Voices a été pour moi une maison, une famille (une famille éparpillée dans les quatre coins du monde) ainsi qu'un lieu où mes actions peuvent aider à faire la différence. Je veux servir comme représentante des bénévoles afin de faire en sorte que cette communauté puisse continuer d'être pour les autres un lieu sûr et enrichissant comme elle l'a été pour moi.

Je crois fermement que la plus grande force de Global Voices réside dans ses bénévoles. Je m'efforcerai donc d'écouter attentivement leurs opinions de même que leurs idées et je préconiserai de donner la priorité aux mécanismes qui restituent à la communauté la valeur qu'ils apportent en tant que bénévoles de même que pour accompagner et contribuer à leur croissance personnelle et professionnelle. J'ai eu l'occasion de rencontrer et de passer du temps avec de nombreux bénévoles de GV à différentes occasions, et je pense que cela a contribué à bâtir un sens fort de ce que GV, en tant que communauté, valorise et s'efforce d'accomplir. Je voudrais incorporer ces valeurs dans chaque action que j'entreprends, et faire de mon mieux pour m'assurer que ma perception de ce que GV est et veut est constamment conforme avec les opinions et les sentiments des autres bénévoles.

En même temps, provenant d'un lieu où chercher le changement peut aussi nous mettre en danger, je tiens à souligner l'importance de faire en sorte que nos bénévoles se sentent en sécurité et garantir que GV soit un endroit où ils peuvent trouver de l'aide en cas de besoin et que la communauté dans son ensemble est prête à réagir rapidement et efficacement. Je crois fermement que pour être en mesure de faire notre travail et atteindre nos objectifs en tant que communauté, notre première priorité doit être d'assurer que nos bénévoles aient les conditions nécessaires pour réussir.

J'aimerais également dire que je participe à ces élections en compagnie de nombreux membres de valeur de cette communauté, et je serais ravie d'être représentée par n'importe lequel d'entre eux au conseil d'administration de GV. Je vous assure que si je suis élue, je respecterai les mêmes normes de transparence et de dévouement que j'attends de chacun d'entre eux.

Si vous voulez parler de quoi que ce soit, lié à l'élection ou non, vous pouvez me trouver :

Sur Twitter, @mariannedh
Sur Facebook, /mariannediaz
Sur Skype, marianne.diaz.h
ou par e-mail sur mon formulaire de contact !

Un endroit où je me sens en sécurité. Photo de Jeremy Clarke, CC BY NC 2.0

Un endroit où je me sens en sécurité. Photo de Jeremy Clarke, CC BY NC 2.0

“La sécurité sur la route, c'est un sécuri-thé à la maison”, et autres sagesses de la route bhoutanaise

vendredi 10 mars 2017 à 11:40

Un panneau au Bhoutan : “Ceci est une route, pas une piste d'envol”. Photographie par Hrishikesh Sharma sur Flickr, CC BY-NC-SA 2.0.

Si jamais vous prenez le volant dans le royaume himalayen du Bhoutan, vous remarquerez sûrement une chose: la plupart des panneaux le long des routes de montagnes sont pleins d'humour, de sagesse et de jeux de mots.

Le pays comprend essentiellement des montagnes enneigées au nord et une forêt tropicale humide au sud. Dans ces montagnes, les routes sont étroites et dangereuses et la vitesse, un problème constant. Ces panneaux portent parfois un message brutal, mais c'est ainsi qu'ils ont le plus de chance de faire réflechir les conducteurs tentés par les excès.

[Message du panneau : “Soyez doux avec mes courbes”.]

Un vrai panneau routier au Bhoutan.

Au Bhoutan, il y a environ huit mille kilomètres de route et pas une ligne de train. Jusqu'en 1961, les voyageurs se rendait au Bhoutan à pied, à cheval ou à dos de mule, car les routes pavées n'étaient pas nombreuses. La construction de routes commença lors du Premier plan de développement (1961-1966) et relia la capitale Thimphou à Phuntsholing, près de la frontière indienne.

Ne possédant pas l'expertise nécessaire à la construction de routes, le pays fit appel à l'Inde : en 1961, l'Organisation des routes de frontières, une division du Corps des ingénieurs de l'armée indienne, a démarré le Projet Dantak. Celui-ci aide le Département des travaux publics bhoutanais à construire et entretenir plus de mille cinq cent kilomètres de routes et ponts, l'aéroport de Paro, plusieurs héliports et d'autres infrastructures.

Le Bhoutan s'est ouvert aux étrangers dans les années soixante-dix, et le tourisme y est encore restreint. Les voyageurs et les locaux peuvent néanmoins s'amuser de ces panneaux, pour la plupart rédigés en anglais ou en dzongkha, la langue officielle.

Mais ces panneaux sont importants. Il y a environ 15,1 accidents de la route mortels pour 100 000 personnes chaque année au Bhoutan (qui compte 742 700 habitants). En comparaison, il y en a 13,6 au Bangladesh (171 millions d'habitants), 14,2 au Pakistan (202 millions d'habitants) et 16,6 en Inde (1 252 millions d'habitants).

D'après le brigadier PKG Mishra, ingénieur en chef du Projet Dantak, ces panneaux au ton léger ont été placés de façon stratégique :

We are using humour to convey a subtle but important message. No matter where in the world you’re from, humour is something that is easily understood, appreciated and remembered.

Nous utilisons l'humour pour envoyer un message subtil mais important. Peu importe d'où vous êtes dans le monde, l'humour est quelque chose qui est facilement compris, apprécié et retenu.

Sur Facebook, Puran Gunung au Bhoutan semble les apprécier :

I Loved Driving on the Hills coz of these boards. I would prefer this, rather than the Advertising Boards along the roads.

Creative, Informative & Helpful.

J'adore conduire dans les montagnes à cause de ces panneaux. Je les préférerais aux panneaux publicitaires le long des routes.

Créatifs, informatifs et utiles.

Voici quelques photographies de ces panneaux diffusées sur les médias sociaux :

[Message : “Après un verre de whisky, conduire est risqué.”] Panneau vu au Bhoutan – une évaluation assez exacte.

Un message particulièrement brutal. “Celui qui va à un train d'enfer y arrivera forcément.” Des mots de feu sur une route de glace.

Si vous êtes marié, divorcez de la vitesse !
~ Vu sur un panneau routier au Bhoutan.

Bip Bip, ne dormez pas ! Soyez doux avec mes courbes ! La vie est un voyage, achevez-le jusqu'au bout.

Panneaux routiers au Bhoutan ― ils me rappellent… https://t.co/OzPgZ1fIg3

[Message : “Alerte aujourd'hui, vivant demain”] Photographie de Puran Gunung sur Facebook. Reproduit avec autorisation.

Panneau routier au Bhoutan.

Super panneau routier : “Vous avez atteint Trumseng La, le col routier le plus élevé du Bhoutan. Vérifiez vos freins. Continuez malgré tout. Merci.” – Jamie Zeppa.

The signs of the roads in Bhutan are great – sometimes It feels like a self-help book 😂📿😉 #wordsofwisdom #bhutanroadtrip #bhutantravel #bhutanroads #takeiteasy

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[De haut en bas et de gauche a droite: “Soyez le changement que vous souhaitez voir dans le monde”, “Se faire confiance est l'essence de l'héroisme”, “La sécurité est l'affaire de tous, y compris vous”, “Boire et conduire sont un dangereux cocktail”] Les panneaux routiers du Bhoutan sont fantastiques. Des fois on dirait un livre d'entraide.

Very true ! #amaladestinations #roadhumour #signs #himalayan #roadsign #roadtrip #travel #bhutan #amaladestinationsbhutan

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[Message : “La vitesse donne des frissons mais elle tue”] Bien vrai !

[Message : “La sécurité sur la route, c'est un sécuri-thé à la maison”]. Photographie de Puran Gurung sur Facebook. Reproduit avec autorisation.

‘Filles de la forêt’, un documentaire sur l'autonomisation des jeunes femmes dans le Paraguay rural

jeudi 9 mars 2017 à 22:26

Pleine lune sur la réserve naturelle de la forêt de Mbaracayú. Photo sur Flickr de Jose A. Huertas (CC BY-NC-ND 2.0).

La forêt de Mbaracayú se situe dans un endroit éloigné du Paraguay, constitué du bassin supérieur de la rivière de Jejuí et de la réserve naturelle de la forêt de Mbaracayú. Le lieu, un point névralgique de la biodiversité, sert de sanctuaire à quelques espèces en danger.

Mais pour les personnes vivant aux environs de cette zone, la vie quotidienne est compliquée. Aller à l'école, par exemple, n'est pas facile, non seulement du fait que les enfants doivent s'y rendre en traversant une végétation dense débordant sur les routes, mais aussi du fait d'un manque de moyens pour s'éduquer et des clichés de la société contre les femmes.

En 2008, La fondation Moises Bertoni, l'entité en charge de la réserve naturelle, a mis en place le Centre d'Education de Mbaracayú, une initiative visant à offrir une éducation de qualité aux filles adolescentes habitant à l'intérieur et aux alentours de la réserve. IL délivre des diplômes techniques d'enseignement secondaire en sciences environnementales.

Le film de 2015 “Filles de la forêt,” réalisé par Samantha Grant de San Francisco, en Californie, décrit ces aspects. Le documentaire sera présenté au 10ème Festival Annuel du Film Documentaire de Sébastopol, prévu du 23 au 27 Mars.

La collaboratrice de de Global Voices Mary Avilés a eu un entretien avec la réalisatrice Samantha Grant sur le film et ses objectifs.

Global Voices (GV): de quoi est-il question dans “Filles de la forêt ” ?

Samantha Grant (SG): Filles de la forêt relate l'histoire magnifique et stimulante, dans l'une des forêts les plus à l'écart encore existantes sur terre, d'un groupe de filles fréquentant un collège alternatif où elles apprennent à protéger la forêt menacée et à se bâtir un meilleur avenir. Situé dans la nature sauvage de la Réserve de Mbaracayú dans le Paraguay rural, ce documentaire-vérité intime donne un rare aperçu d'un monde en voie de diparition où de timides jeunes filles deviennent en grandissant de courageuses jeunes femmes transformées par leurs improbables amitiés réciproques. Filmé sur une période de cinq années, nous avons suivi les filles à partir de leurs modestes maisons des villages indigènes jusqu'à l'année après la remise de leurs diplômes pour observer exactement comment leur formation révolutionnaire à influencé et continuera d'influencer leurs vies futures.

GV: Quel est le plus important message de “Filles de la forêt” ?

SG: Le principal message du film est que si vous donnez une chance aux filles en leur offrant une éducation, elles peuvent devenir des membres précieux et actifs de la société, car contrairement aux jeunes gens qui reçoivent une éducation et finissent souvent par aller chercher fortune ailleurs, les jeunes femmes ne quittent pas leur communauté d'origine. Par ailleurs, si vous mettez l'accent sur l'environnement et l'importance de préserver les forêts anciennes dans l'éducation que vous offrez aux jeunes filles, elles proposeront des idées productives et innovatrices sur la manière de lutter contre la déforestation — un problème qui n'est pas local uniquement. La déforestation constante, rapide et ravageuse des forêts de l'Amérique du Sud par les conglomérats agricoles internationaux est un problème qui devrait préoccuper le monde entier.

GV: Qu'est ce qui vous a poussé à décider de produire ce documentaire ?

SG: A l'origine j'ai été amenée à participer à ce projet en tant que jeune cinéaste et femme, parlant couramment l'espagnol, et ces critères étaient les minima à remplir pour pouvoir se connecter à cette communauté de jeunes femmes parlant espagnol. Le réalisateur de ce film, qui tomba sur cette histoire lorsqu'il faisait le portrait de Martin Burt (le fondateur de cette école) m'a rencontrée à travers son réseau de contacts et après une brève conversation au téléphone je me suis inscrite pour une mission que je pensais relativement courte et amusante. Ensuite j'ai rencontré les filles, qui sont tout simplement formidables. Après quelques jours de tournage il était clair que mon rôle n'était pas celui de simple ‘cinéaste’ de ce fait le réalisateur et moi avons eu une discussion et il fut décidé que j'aurai un rôle plus important. Nous avons suivi les filles des années durant et ma position évolua à celle de réalisatrice. Parler d'un projet que quelqu'un d'autre a initié est une chose délicate, et ce projet n'est pas sans difficultés, mais j'ai décidé de m'engager pour un rôle plus important en tant que réalisatrice car je crois à ce projet et je crois aux filles. Aussi, en tant que producteur de documentaire ce n'est pas toujours que vous avez la chance de relater une histoire belle et inspirante, j'ai donc sauté sur cette occasion.

GV: qu'est-ce qui vous a le plus étonné dans leurs histoires ?

SG: Le fait que ces jeunes filles ressemblent vraiment à toutes les autres adolescentes d'ici aux Etats-Unis. Malgré le fait qu'elles aient grandi dans des circonstances si différentes de celles de la majorité des filles aux Etats-Unis, ces filles sont tout simplement pareilles à toute autre adolescente que vous pourriez rencontrer aux Etats-Unis. Elles ont les mêmes aspirations, les mêmes rêves, les mêmes craintes et désirs. Elles mettent des photos de magazine d'idoles d'adolescentes près de leurs lits. Elles adorent danser et écouter de la musique pop. Elles pouffent de rire et bavardent en regardant la télé. Elles aiment s'habiller avec ostentation, se maquiller, et maintenant qu'elles ont l'internet satellitaire à l'école, elles adorent garder le lien avec leurs amis sur Facebook.

GV: Avez-vous rencontré quelques difficultés durant la production du documentaire ?

SG: Le processus de production de ce film était un défi très complexe — mais encore une fois chaque documentaire comporte ses propres défis. C'est cela que j'aime dans ce métier — ce n'est jamais ennuyeux et je suis toujours amenée à résoudre des problèmes que je ne pouvais imaginer lorsque j'ai commencé. Comme lorsque nous étions sur un tournage et qu'un énorme ouragan balaya la région en inondant toutes les routes. Nous nous enfermâmes dans une cabane et j'ai utilisé mon imperméable pour protéger ma caméra. Cette nuit , nous avons fini par sortir , mais il y a eu quelques heures pendant lesquelles notre équipe envisagea de dormir entassés sur le sol mouillé et sale de la cabane de cette famille jusqu'à ce que les routes soient réparées. Nous avons tout simplement adoré regarder la pluie et nous blottir contre n'importe qui là-bas–y compris les porcs et les poulets de la famille qui y étaient rentrés à cause de la tornade. La chaleur intense, la météo imprévisible, le manque d'infrastructures et de routes fiables, et l'intermittence de la fourniture d'électricité tout cela se combinait pour faire de cette production une aventure, mais ces difficultés que nous subissions dans la production étaient compensées par la pure magie du lieu. Et montrer cet endroit magnifique, un endroit que la plupart des gens n'auront pas la chance de visiter au cours de leur vie, est aussi une des raisons d'être du film.

GV: Combien de temps cela vous a-t-il pris pour faire le documentaire ?

SG: Environ sept années. Nous avons commencé à filmer les filles dans leurs villages d'origine avant qu'elles ne viennent à l'école, ensuite nous les avons suivies durant toutes les trois années de leur vie d'élèves, puis nous sommes retournés les voir après qu'elles eurent obtenu leurs diplômes pour voir l'impact que cette formation a eu sur elles dans l'ensemble. Les deux dernières années ont été utilisées pour la levée des fonds, le montage et la distribution. Je suis ravie de dire que le film a connu une diffusion nationale sur PBS [un radiodiffuseur publique américain]. Il fait aussi partie de Women of the World initiative, “Initiative des femmes du monde”, appuyée par la Fondation Ford et l'USAID [l'agence gouvernementale américaine] ce qui veut dire que le film ne sera pas diffusé que dans 12 pays, mais aussi dans les zones des communautés rurales à travers les écrans des téléphones portables, dans des endroits ayant été identifiés comme ‘pays de changements sociaux’ prêts à accepter une mutation dans le rôle des femmes et des filles dans leurs sociétés. L'espoir est que ce récit puisse aider ces gens à comprendre que les filles peuvent jouer un rôle d'avant-garde lorsqu'elles sont formées et qu'une chance leur est offerte.

GV: Où le documentaire sera-t-il visible ?

SG: Le documentaire tourne à travers le circuit des festivals et actuellement, nous allons entamer les séries de projections en public qui amèneront le film dans les centres des Campus de lycées et des communautés à travers les Etats-Unis. Si vous souhaitez programmer une projection, veuillez vous adresser à nous par cette adresse email: info@gushproductions.com.

La révolution égyptienne entre espoirs perdus et apathie grandissante

jeudi 9 mars 2017 à 13:20

La révolution égyptienne de 2011 qui a renversé le régime de Hosni Moubarak, dessin de Latuff. Source: Wikimedia Commons.

Raconter des événements historiques ne va pas sans un bon talent de conteur, un talent oratoire en quelque sorte. La façon dont une histoire est racontée peut faire une différence puissante dans l'imagination de celui qui l'écoute.

J'élude toujours les conversations informelles sur la révolution égyptienne avec les gens qui en savent peu, de peur que les mots me trahissent. C'est ainsi que, tout en portant la mémoire de cet événement où que j'aille, j'en parle rarement.

C'est le soir du 11 février, il y a six ans, que le cours de l'histoire a basculé en Egypte : un avenir lumineux s'annonçait après des années de stagnation et d'obscurité. Le renversement de l'ex-Président Hosni Moubarak fut accueilli avec des acclamations et des chants au cœur de la place Tahrir. Une euphorie éphémère domina la scène, un sentiment unique qui me donne encore la chair de poule quand j'y pense aujourd'hui. C'était la fin d'une myriade de régimes tyranniques et le début d'une nouvelle ère prometteuse.

Du moins c'était ce qu'il semblait.

Dans les années qui ont suivi, l’Égypte a connu les troubles politiques et le désarroi économique, d'abord sous la direction de Mohamed Morsi des Frères Musulmans, suivi par Abdelfattah El Sissi appuyé par l'armée. Répressions de dissidents politique, corruption flagrante et commerce illégal des terres sont devenus la norme. L'ardeur réformiste s'est muée en extrême frustration à mesure que s'évanouissaient les perspectives prometteuses.

Les jeunes, en particulier, commencèrent à chercher à quitter le pays, n'ayant plus d'espoirs de jours meilleurs.

Pour beaucoup, janvier 2011 n'est plus qu'un souvenir. Faussé, de plus.

Cependant, et jusque récemment, la seule chose qui étanchait la soif de justice élémentaire était de savoir que Moubarak et son entourage avaient été mis en prison. Savoir que le pouvoir populaire avait réussi à renverser une longue dictature était un sentiment propre à faire sporadiquement renaître l'espoir. En deux mots, les Égyptiens pouvaient se dire qu'au moins l'un des objectifs essentiels de janvier 2011 aura été un succès durable.

Même ce fétu d'espoir semble avoir disparu.

Un manifestant brandit le drapeau égyptien le 25 janvier 2011. Source: Zeinab Mohammed.

Il y a quelques jours, la cour de cassation de l’Égypte a acquitté Hosni Moubarak des meurtres de manifestants en 2011, un jugement définitif qui ferme toute possibilité d'appel ou de nouveau procès.

Moubarak, condamné à la perpétuité en 2012 pour avoir commandité la mort de plus de 900 manifestants au long des 18 jours d'émeutes, a été innocenté en mars 2017. “La cour déclare le défendeur innocent”, a annoncé le juge Ahmed Abdel Qawi à l'issue d'une audience d'une journée. “Ce fut un moment révélateur qui a scellé la possibilité que justice soit accordée à ceux qui ont été tués pendant le printemps arabe et aux millions qui y ont pris part”, a décrypté le journaliste du Caire Farid Y Farid.

Renversé par un soulèvement populaire, Moubarak était le seul chef d’État arabe traduit en justice pour meurtre de masse, après même l'abandon des charges de corruption contre lui et ses deux fils.

Aujourd'hui, le monde peut voir un de ses dictateurs recouvrer la liberté. L'Histoire ne retiendra cependant de lui que l'incarnation d'un gouvernement militaire qui a oppressé un pays en recourant aux théories du complot pour masquer son appétit de pouvoir.

Le temps de l'ignorance est passé, ces jours où les Égyptiens acceptaient aveuglément les décisions des tribunaux basées sur des lois taillées sur mesure par les coupables eux-mêmes. A écouter les attendus du jugement ou à suivre l'affaire, pas besoin d'être diplômé en droit pour comprendre que le verdict est faussé. Terriblement faussé.

La faute à l'époque ? Il y a quelques années, les Égyptiens seraient descendus dans la rue au rendu d'un tel verdict. J'en mettrais ma main au feu. La faute à l'époque.

Aujourd'hui je m'aperçois que le désintérêt pour ce qui se passe et ce qui se passera est une réalité, et que le désir irrésistible de changement a cessé d'exister. Je m'en doutais depuis quelque temps, mais je refusais de m'en accommoder.

Sur les médias sociaux, toutefois, il y a eu des réactions de colère de la part de militants, d'hommes politiques et de défenseurs des droits humains.

L'activiste égyptienne Hawa Rehim a tweeté :

La paix soit sur les martyrs de janvier qui reposent dans la dignité de leurs âmes pures. L'acquittement de Moubarak est une grande honte pour un pays indifférent au sang de ses frères.

Un autre utilisateur égyptien de Twitter a écrit :

Je voulais tourner en rigolade le verdict de Moubarak mais je jure que je n'ai pas pu. Dieu aie pitié de ceux qui sont morts.

La présentatrice algérienne Wassila Awlamy s'est moquée du jugement en tweetant une photo du président syrien Bachar El Assad disant : “Je veux avoir mon procès en Égypte”.

#AprèsL'InnocenceDeMoubarak

La faute à l'époque.