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Kenya : En l’absence de numéro d’urgence, les appels à l’aide passent par Twitter

jeudi 26 septembre 2013 à 23:25
Philip Ogola - Kenya Red Cross

Philip Ogola dirige le centre de commande des réseaux sociaux de l’antenne kényane de la Croix-Rouge, depuis son bureau à Nairobi. Photo de Valerie Hamilton (publiée avec l’autorisation de PRI.org)

Cet article, accompagné d’un reportage radiophonique, de Valerie Hamilton pour The World a été publié le 24 septembre 2013 sur PRI.org. Il est republié par Global Voices dans le cadre d’un accord de partage de contenu.

Lorsque des membres armés du groupe Al-Chabab ont attaqué le centre commercial Westgate Mall de Nairobi, Philip Ogola n’a pas perdu une seconde, il a tweeté :

 ATTENTION : Évitez le @WestgateMallKe dans Westlands. Lourde fusillade signalée. #RedCross  @EMS_Kenya Ambulances sur les lieux.

Philip Ogola dirige le centre de commande des réseaux sociaux de l’antenne kenyane de la  Croix-Rouge, depuis différents écrans dans les bureaux du siège de l’organisation à Nairobi. C’est là que je lui ai rendu visite en septembre, avant l’attaque.

Au cours de l’année dernière, il a converti les comptes de la Croix-Rouge kényane sur les réseaux sociaux en véritables numéros d’urgence virtuels, rassemblant les informations sur les situations d’urgence et publiant des bulletins concernant la sécurité publique 24/24 h.

« C’est incroyable la quantité d’informations que nous pouvons obtenir en ligne, explique-t-il. Nous pouvons connaître le lieu exact de l’incident, trouver des photos, savoir combien de blessés sont à déplorer, etc. Avant c’était très compliqué. »

Il a participé à la coordination de centaines d’opérations, établissant le lien entre les utilisateurs des réseaux sociaux sur le terrain et les services d’urgence à travers tout le pays. Tout cela grâce à l’aide de citoyens lambda et de leurs téléphones portables.

« Les Kenyans ont pensé : ouah, je peux réellement sauver une vie en pressant sur un bouton. Et c’est devenu viral. »

Voici comment fonctionne le système : la personne qui assiste à un accident, une fusillade ou un incendie prend contact avec la Croix-Rouge kényane via Twitter, Facebook ou SMS ; Philip Ogola effectue une recherche en ligne, sur les réseaux sociaux, pour trouver des photos, le lieu précis et d’autres informations sur le cas en question ; en quelques minutes, il transmet ces informations aux services d’urgence sur le terrain.

« Si nous recevons une alerte concernant une question de sécurité, nous la transmettons à la police. S’il s’agit d’un immeuble en feu, nous la transmettons aux pompiers, puis nous appelons une équipe en renfort. Nous sommes devenus l’outil de signalement pour tout type d’incident. Nous n’avons jamais eu de tel outil au Kenya. »

Il est bien connu que les services d’urgence kenyans manquent d’efficacité. Le petit feu qui s’est déclaré cet été à l’aéroport international Jomo Kenyatta a détruit un terminal avant que les pompiers arrivent à maîtriser l’incendie. Il n’existe aucun numéro de téléphone national pour les urgences médicales et aucun plan d’urgence national.

Toutefois, des milliers de Kenyans sont en contact avec la Croix-Rouge via les réseaux sociaux, grâce à leur téléphone. En cas d’urgence, il est fréquent qu’ils appellent la Croix-Rouge en premier lieu.

« Même le gouvernement fait parfois appel à nous au lieu de déployer son propre système, ajoute Joanne Gitau, répartitrice d’ambulances pour la Croix-Rouge, spécialement lorsqu’il s’agit de situations à large échelle. »

L’attaque terroriste perpétrée au Westgate Mall est la situation de crise la plus grave que le Kenya ait connue depuis l’attentat à la bombe contre l’ambassade des États-Unis de 1998. Sur Skype, quelques jours après l’attaque, Philip Ogola me racontait que des personnes prises au piège dans le centre commercial avaient demandé de l’aide à la Croix-Rouge via Twitter.

« Je recevais des tweets de personnes depuis le parking souterrain, de blessés, de personnes qui se cachaient dans le bâtiment. Je recevais des tweets de personnes à l’extérieur qui disaient : Ma mère est à l’intérieur. »

Phili Ogola a créé le mot-clic #RedCrossTrace pour aider à mettre en lien les tweets de personnes qui se trouvaient dans le centre commercial et ceux de proches inquiets à l’extérieur. Depuis son iPad, à la station de triage, hors du bâtiment, il a publié des informations sur les victimes, les secours, les personnes disparues, les services de soutien psychologique et a participé à l'organisation d'une campagne nationale de don de sang sans précédent.

Depuis, Twitter compte de nombreuses publications où il est considéré comme un héros. Il dit qu’il n’aurait jamais pu réaliser tout cela sans les réseaux sociaux.

« Il aurait été impossible de se faire une idée de la situation sur le terrain, de connaître les besoins et de publier des informations à ce sujet. C’était facile pour moi de tweeter : Nous avons besoin de seringues, de pansements, d’eau. Les réponses étaient instantanées. »

La Croix-Rouge kenyane compte plus de 100 000 abonnés sur Twitter et 26 000 sur Facebook. Un jour normal, Philip Ogola estime qu’avec ses publications et les republications dont elles bénéficient, ses informations arrivent à plus de 5 millions de personnes.

Depuis l’attaque du Westgate Mall, ces comptes ont connu un succès mondial, informant près de 50 millions de personnes, aux quatre coins de la planète.

Liens

Centrafrique : “Ne nous oubliez pas !”

jeudi 26 septembre 2013 à 18:01

Le conflit centrafricain se détériore de manière alarmante depuis décembre 2012 entre le gouvernement centrafricain et les rebelles de la Seléka. Après des mois de conflits, les rebelles de la Seléka annoncent la prise du palais présidentiel le 24 mars 2013. Le président François Bozizé se réfugie en République démocratique du Congo et Michel Djotodia, chef de la rébellion, s'autoproclame président de la République. Plusieurs tentatives d'intégration de la rébellion échouent et la Sékéla est aujourd'hui officiellement dissoute. Cependant, les anciens rebelles continuent de sévir sur le territoire, pillant sans impunité toutes les villes qu'ils traversent.

Crise humanitaire 

La situation humanitaire est catastrophique dans certaines villes mais surtout à l'intérieur du pays. Les exactions des rebelles, en toute impunité font monter la colère des civils. Camille Mandaba, résident de Bangui, décrit une opération des rebelles “présentée comme une opération de désarmement” :

Ils m'ont mis à genoux, menacé de leur arme avant de piller mon domicile. L'argent, les matelas, la télévision, les vivres, les téléphones, le réfrigérateur, tout a été emporté.

Mgr Nongo-Aziagbia, évêque de la ville Bossangoa, témoigne aussi des crimes des anciens rebelles qui se présentent parfois comme réprésentant des forces de l'ordre:

“La dignité humaine a été complètement bafouée. De part et d’autre, les exactions qui sont commises sont vraiment effroyables.”

 

Rebelles en République centrafricaine via wikipedia CC-BY-2.0

Rebelles en République centrafricaine via wikipedia CC-BY-2.0

Dans la campagne, les exactions sont encore plus cruelles. Une image prise par les satellites US montrent la destruction de villages entiers:

Le rapport de Human Rights Watch fait état de plus de 1 000 maisons détruites dans au moins 34 villages ainsi que des exécutions sommaires :

Les premiers ont quitté leurs maisons, cinq d'entre eux, et ont été regroupés sous un arbre … ils étaient attachés ensemble par les bras. Ils ont ensuite été tués par balle l'un après l'autre.

Le conflit n'épargne personne. Même les enfants sont recrutés dans les groupes armés, comme le montre cette photo d'un enfant soldat:

Pillage sytématique 

Plusieurs observateurs suggèrent que le conflit est entrain de devenir une opposition entre chrétiens et musulmans. Les sauts de tension augmentent certes entre civils chrétiens et rebelles à majorité musulmanes mais plusieurs observateurs estiment que le conflit est plus d'ordre économique que religieux. Ainsi Thierry Vircoulon, spécialiste de l'Afrique centrale à l'International Crisis Group (ICG) affirme que :

 la Séléka ne sont pas venus convertir les Centrafricains, ils sont venus les voler. Cela n'a rien à voir avec ce qui s'est passé au Mali.

Un résident de la centrafrique partage cette analyse :

Les patrons militaires de la rébellion n'ont jamais eu l'ambition de reconstruire le pays. Ils savent qu'ils n'ont pas vocation à durer alors ils considèrent Bangui comme un butin

Béatrice Epaye, ancienne députée et maintenant membre du Conseil national de transition, désespère de la situation du catastrophique du pays:

Nous sommes les oubliés de l’Afrique, même ce conflit a été oublié. Mon appel c’est qu’on ne nous oublie pas. Il ne faut qu’on nous laisse nous entretuer et on en est déjà arrivés là.

 

Un parc de Tokyo menacé par la course olympique de canoë

jeudi 26 septembre 2013 à 12:22
Photo of Kasai Rinkai Park by flickr user Yuichi Sakuraba

Photo du Parc de Kasai Rinkai, de Yuichi Sakuraba, Flickr (CC BY-NC 2.0)

Plus de 13 000 personnes ont signé une pétition [japonais] sur Change.org, exhortant le gouverneur de Tokyo et le Comité Olympique Japonais à ne pas détruire une partie du Parc de Kasai Rinkai afin de construire un stade pour la course de canoë.

Tokyo et le Comité olympique japonais prévoient d'y aménager la course pour les prochains Jeux Olympiques de Tokyo, en 2020. Et ce malgré 25 années d'efforts concertés dans le Parc de Kasai Rinkai afin de ramener la biodiversité détruite par le développement et la pollution.

L'initiateur de la pétition décrit [japonais] la beauté et la diversité de la nature dans ce parc :

東京都が世界に誇る都市の中の自然公園です。公園の池や草むらや松林には、野鳥226種、昆虫140種、クモ80種、樹木91種、野草132種、絶滅危惧種に指定されているクロツラヘラサギもいます。多くの家族が憩い、自然とふれあい、サイクリングや散歩道を楽しみ、大都会の疲れを癒しています。

Le Parc de Kasai Rinkai est un parc de classe mondiale à Tokyo. Dans ses bassins, ses étendues d'herbes et forêts de pins, 226 variétés d'oiseaux sauvages, 140 espèces d'insectes, 80 espèces d'araignées, 91 variétés d'arbres, et 132 espèces de plantes sauvages cohabitent ensemble. Vous pouvez même apercevoir des spatules à face noire (oiseaux), répertoriées parmi les espèces en danger. Les familles viennent ici évacuer leur stress de la vie citadine, et se promener à pied ou à vélo afin de profiter de la nature.

La Société Ornithologique du Japon a soumis une requête [japonais] fin août au gouverneur métropolitain de Tokyo et au Comité olympique japonais afin de modifier leur projet d'utiliser le Parc de Kasai Rinkai pour la compétition de canoë.

Le journaliste animalier et de la faune et la flore Eiki Sato a écrit un message sur son blog [japonais] à l'intention du Gouverneur de Tokyo Naoki Inose :

葛西臨海公園は、猪瀬さんがよくご存じのように、東京都が 東京湾沿岸の汚染や埋め立てで“破壊された自然環境を再生しようと” 作った公園です。(略) 葛西臨海公園の面積の約半分は、カヌーの競技場とその施設になるという 計画なんですね。 (略) 25年もかかって取り戻した都会の中の切ない大自然。25年ですよ、 一瞬でぶっ壊して大金を使う算段なんですよ。 あの場所に、高さ9メートルの長い長いコンクリの壁でできた1万人導入の観客席の塀、似合わない事は、あなたが一番イメージできてるでしょう。

Cher Gouverneur Inose, comme vous le savez très bien, le Parc de Kasai Rinkai est un parc construit par le Gouvernement Métropolitain de Tokyo avec “l'intention de recréer l'environnement naturel de Tokyo, qui a été détruit par la pollution et la demande de terre-pleins”. [...] Le projet pour les Jeux Olympiques de Tokyo, en 2020, est d'utiliser une partie du parc pour la course de canoë et ses équipements. [...] En allouant des millions pour le financement de ce projet, vous détruirez la nature que les gens ont tant contribué à recréer ces 25 dernières années. Cher Gouverneur, je suis sûr que vous pouvez facilement imaginer que ce parc n'est pas le lieu approprié pour un canal et un mur de 9 mètres de hauteur d'une capacité de 10 000 spectateurs.

Le billet a été rapidement partagé sur les réseaux sociaux et a attiré beaucoup d'attention, suscitant un pic de 200 000 connexions grâce aux 59 000 recommandations sur Facebook.

Sur le blog [japonais] d'Eiki Sato, on peut voir des photos de cette nature sous-représentée à Tokyo.

En finir avec le silence : “Queer Pakistan”

jeudi 26 septembre 2013 à 12:21

[Les liens mènent à des sites en anglais, sauf mention contraire.]

MISE A JOUR du 25 septembre 2013 : Queer Pakistan a entre-temps été interdit et fermé par les autorités le jour même de la publication de cet article en version originale anglaise. Les administrateurs du site ont transféré le contenu en miroir vers un nom de domaine différent.

“S'il vous plaît dites-moi, y a-t-il un médecin qui pourrait m'aider à devenir hétéro ?” Voici l'une des questions sur le forum du nouveau site web Queer Pakistan (@QueerPK) qui a pour objectif de fournir un soutien aux communautés LGBT au Pakistan, et d'entamer une discussion sur des sujets qui sont tabous ailleurs dans une société où l'homosexualité est condamnée par la religion et la loi.

L'un des fondateurs du site web a parlé anonymement de ses objectifs à Global Voices.

L'initiative est présentée dans un article intitulé “Bonjour le monde ! Laissez-moi vous présenter Queer Pakistan” :

Combien de fois avez-vous entendu l'expression ‘homosexuel pakistanais’ ? Ou ‘queer pakistanais’ ? Vous connaissez probablement davantage les termes désobligeants qui sont utilisés au Pakistan pour nommer la communauté LGBTQ. … Et vous en avez probablement ri ! Avez-vous déjà pensé à ce que vit une personne pakistanaise queer ? Ce qu'elle doit traverser ? Ou vous êtiez trop occupés à penser que c'est quelque chose d'‘occidental’ et qui n'existe pas au Pakistan ? Et bien, PLUS MAINTENANT ! Nous sommes là ! Et nous sommes là pour montrer notre existence.

Screenshot of the Queer Pakistan website.

Capture d'écran du site web Queer Pakistan.

Un autre article parle de coming out au Pakistan :

Pour un jeune Pakistanais 'normal', internet est la principale source pour toutes sortes de connaissances et d'événements à travers le monde. Ça vaut aussi pour un jeune homosexuel pakistanais qui approche internet avec son principal tourment qu'est le fait d'être homosexuel. Comme internet est dominé par du contenu en provenance de pays occidentaux, presque tous les sites web gay vous encouragent à ‘sortir du placard’, à dire au monde entier que vous êtes homosexuel et à être vous-même. C'est un excellent conseil mais seulement si vous vivez dans un pays où les lois et la législation sont strictes et où il n'y a pas de fanatiques religieux exécutant leur propre règle. Au Pakistan, les choses sont différentes. Nous ne serons même pas appréciés par les gens les plus éduqués si nous sommes publiquement qui nous sommes. De plus, nous courons un grand risque pour notre intégrité physique. Cela ne change rien que vous soyez un garçon ou une fille. Le risque est quasiment le même.

L'article conclut :

Nous ne recommandons pas de faire son coming out et d'être ouvertement gay dans une société comme le Pakistan, néanmoins nous mettons l'accent sur l'importance pour vous-même de faire votre coming out. C'est extrêmement important que vous acceptiez votre sexualité et que vous sachiez qui vous êtes réellement.

L'un des fondateurs de Queer Pakistan a parlé anonymement des objectifs et de la vision du site web à Global Voices.

Global Voices (GV) : Quel est l'objectif de Queer Pakistan ?

Queer Pakistan (QP) : Queer Pakistan a pour objectif de commencer à construire un débat ouvert sur des problèmes qui sont autrement considérés comme indicibles. Nous entendons utiliser le pouvoir des médias sociaux pour construire une communauté parce qu'actuellement il n'y a aucun soutien disponible pour le grand nombre de personnes LGBT dans le pays. En plus de fournir une ressource basée sur la prise de conscience et la pédagogie à la communauté, nous prévoyons d'initier un plaidoyer LGBT et une résistance tout en fournissant ce que nous appelons un “soutien virtuel” à la communauté. Il y a eu toutes sortes d'attaques dans les médias grand public sur les communautés LGBTQIA et ils sont rarement défendus alors nous estimons qu'il est temps de prendre les choses en mains et au moins de commencer à parler.

GV : Existe-t-il d'autres sites web axés spécifiquement sur la communauté LGBTQ pakistanaise ?

QP : À ma connaisssance, il y en a deux ou trois. Il y a aussi quelques groupes ”secrets” sur Facebook qui traitent des problèmes mais ils ont une approche différente qui est d'atteindre et de soutenir la communauté silencieusement. Bien que j'apprécie leurs efforts, je ne pense pas que cela soit suffisant parce qu'il y a une communauté considérable qui n'est même pas connectée à un support virtuel et leur seule solution est de chercher une ressource en ligne. Nous essayons d'être cette ressource.

GV : Comment fonctionne cette ressource ?

QP : Nous fournissons un espace de discussion à travers nos section blog, page de soutien et page Facebook où les gens peuvent initier les discussions ou y participer. La section blog accueille les messages d'invités et nous avons aussi mis en place la section commentaires où chaque commentaire est autorisé tant qu'il ne s'agit pas de harcèlement et qu'il n'incite pas à la violence. Sur la page de soutien, chacun peut nous envoyer des questions anonymement et une équipe y répond, composée de deux médecins ainsi que des personnes qui ont traversé tout ce que la société peut leur jeter dessus. Cette section est supervisée par un expert en psychologie favorable aux queers pour assurer que le conseil donné est approprié.

GV : Votre site web est essentiellement en anglais ; est-ce que cela en limite la portée ?

QP : Nous essayons d'en faire une plateforme bilingue. Alors que l'anglais est parlé et compris par la majorité des internautes pakistanais, nous comprenons qu'il y a une population considérable qui a des difficultés à le comprendre. C'est la raison pour laquelle nous mettons les contenus de première importance en ourdou également. Notre portail de vidéo en ligne travaille avec des partenaires de contenus étrangers pour produire des vidéos sous-titrées en ourdou. Dans le futur, nous souhaitons mettre tout le contenu disponible dans les deux langues.

Le dirigeant chinois déchu Bo Xilai condamné à la prison à perpétuité

jeudi 26 septembre 2013 à 12:03

[Liens en anglais sauf mention contraire] L'homme politique chinois en disgrâce Bo Xilai a été condamné à la prison à perpétuité le 22 septembre 2013, coupable de corruption, de détournement de fonds et d'abus de pouvoir. Il a décidé de faire appel.

Selon le South China Morning Post, Bo a crié sa colère à l'annonce du verdict par la Cour de Justice du Peuple de Jinan, avant d'être rapidement emmené par la police du tribunal. La cour a publié le verdict sur son compte officiel Weibo.

Depuis début 2012, la chute de l'étoile politique montante était devenue l'un des scandales politiques chinois de premier plan.

Bo Xilai, fils de l'un des plus éminents dirigeants révolutionnaires de la Chine communiste, a occupé des postes importants et était promis à un brillant avenir. Cependant, la carrière de Bo a commencé à décliner quand sa femme a été impliquée dans l'assassinat d'un homme d'affaires britannique en Chine et quand l'un de ses meilleurs lieutenants a tenté de trouver asile à l'ambassade des Etats Unis. La divulgation de meurtre, corruption, abus de pouvoir et crimes sexuels a choqué la Chine.

Les médias d'Etat ont utilisé le procès de Bo pour servir d'exemple et démontrer l'état de droit et la détermination du parti à lutter contre la corruption.

China Daily commente :

La façon dont le procès a été conduit est tout à fait significative pour l'avenir. Avant le procès, personne ne pensait qu'il serait relayé via un micro blog. En voyant le procès en direct sur internet, certains disent que cela va créer un précédent pour de prochains procès similaires. C'est une image médiatisée pour dire que les procès doivent être basés sur des faits et s'appuyer sur la loi.

Le Quotidien du Peuple écrit :

对薄熙来的坚决依法惩处充分表明,党纪国法面前没有例外,不管涉及到谁,都要一查到底,都要依法严惩。

La peine irréductible de Bo Xilai, selon la loi, démontre qu'il n'y a pas d'exceptions face à la discipline du parti et aux lois nationales. Quelle que soit la personne impliquée, l'instruction s'exercera et la peine sera conforme à la loi.

Global Times ajoute :

China's Fallen Politician Bo Xilai Sentenced to Life Imprisonment

Le politicien chinois déchu Bo Xilai condamné à la prison à vie 

Le cas Bo Xilai est clairement une sonnette d'alarme. La détermination et l'assurance des autorités centrales à poursuivre la corruption dans le respect de la loi est inébranlable. Tout soupçon doit être écarté.

En raison de la récente répression sur les rumeurs en ligne, la plupart des commentaires sur Weibo qui ont suivi la condamnation de Bo étaient en faveur des médias nationaux. Un utilisateur de Weibo “Ningmen yu Shaonianyi” [chinois] s'en fait l'écho :

薄熙来案反映了党反贪污的决心

Le cas de Bo Xilai prouve que le Parti est décidé à combattre la corruption.

Un commentateur politique de Pékin, Li Weidong, croit [chinois] que la condamnation de Bo à la prison à vie ne va pas vraiment le toucher :

具体刑期对薄这样的人物无多大影响,过十年八年他就可以「保外就医」出来与家人团聚。之前被判监的陈希同和陈良宇,都是坐牢几年后即「保外」出来。

Le terme de “prison à perpétuité” n'a pas beaucoup d'impact sur un tel personnage, et après huit ou dix ans il sera libéré pour “raison de santé”. Précédemment, Chen Xitong et Chen Liangyu [fr] avaient été condamnés à la prison à perpétuité et ont été libérés au bout de quelques années.

Par ailleurs, Zhang Ming, professeur à l'Université du Peuple en Chine, pense que le cas de Bo n'est certainement pas la fin de la menace qui pèse sur le pouvoir du Parti. Sur son blog personnel il écrit [chinois] :

不管怎么说,薄熙来现象被中止了。但是,这个现象所提出的问题,却没有解决。中共内部的合法性危机,并不会因为最高层位置的确定而宣告结束。内部的纷争和动荡,还在发酵。中共18大之后令人反常的持续高压维稳,最大的可能,是高层的问题。跟当年审判四人帮不同,此番审理薄案,政治问题完全被抛开。但是,薄案留下的政治问题,却作为隐患依旧存在。今后的中共政权,无论乐意与否,必须得正视这个问题。

Le phénomène Bo Xilai est réglé. Cependant, les problèmes soulevés par ce phénomène ne sont pas résolus. La crise interne de la légitimité du Parti Communiste Chinois n'est pas terminée à cause du népotisme établi des dirigeants. Les querelles et l'agitation internes continuent à fermenter. Après le 18ème Congrès du Parti Communiste Chinois, le souci anormalement constant de maintien de la stabilité est probablement dû au problème des dirigeants. Contrairement au procès de la Bande des Quatre [fr], les problèmes politiques n'ont pas été abordés lors du procès. Cependant les problèmes politiques laissés derrière lui par Bo sont toujours présents. A l'avenir, qu'on le veuille ou non, le régime communiste devra affronter le problème.