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Pourquoi Madagascar n'arrive pas à fixer la date des élections

mercredi 10 juillet 2013 à 22:54

Quatre ans après le putsch militaire qui a plongé le pays dans la crise politique en 2009, Madagascar n'arrive toujours pas à trouver une issue.

Une des étapes cruciales de la feuille de route, un accord signé par le chef du gouvernement de transition et trois des quatre partis d'opposition, qui esquisse une sortie de crise, consiste en l'organisation d'élections libres et transparentes. Pourtant, la date de l’élection présidentielle n'en finit pas d'être retardée et repoussée.

Le pays est embourbé depuis si longtemps dans la crise que la question récurrente chez les observateurs est de savoir si l'actuel gouvernement de transition dépassera en durée le plus long de ses prédécesseurs élus de Madagascar. De surcroît, le désarroi politique est tel que le premier ministre a déclaré que dans son opinion, il n'y a actuellement pas de chef d'Etat en exercice à Madagascar.

Quel est le problème ?

A la date limite de dépôt des candidatures à l'élection, il y avait 49 candidats déclarés à la présidentielle. La date du scrutin ayant repoussée de mai à juillet, puis à une date à fixer courant 2013, une poignée de candidats ont déjà quitté la course, tandis que trois autres ont été requis par le groupe international de médiation (GIC-M) de retirer leurs noms pour se conformer avec l'esprit de la feuille de route.

Les trois personnalités politiques dont les candidatures ont été jugées inacceptables par le GIC-M sont l'actuel président de la transition, Andry Rajoelina ; le déjà deux fois président de Madagascar Didier Rastiraka, en fonction de 1975 à 1993 et de 1997 à 2002 ; et Lalao Ravalomanana, l'épouse du président déchu Marc Ravalomanana.

Le représentant de l'Union Africaine Ouedraogo explique la vision qu'a le GIC-M des élections malgaches :

C’est vrai que ces candidatures ne respectent pas toute la légalité, mais la situation des Malgaches est telle que, après quatre ans de crise, il vaut mieux chercher la solution. Et la solution, nous, nous disons qu’avec une pléthore de candidatures – une pléthore parce qu’il y a 41 candidatures – il suffit de responsabiliser les Malgaches, de leur faire confiance, et ils feront le bon choix pour eux-mêmes

Aucun des trois candidats ne semble pourtant prêt à abandonner la course. La photo ci-dessous montre M. Rajoelina en campagne dans l'ouest de Madagascar, sous couvert d'un quelconque événement officiel (la campagne présidentielle n'a pas officiellement commencé puisque la date de l'élection n'est pas encore fixée) :

Rajoelina campaigning in the Mahajanga, Madagascar,  July 2013. Image posted on Facebook by Patrick Raharimanana with permission.

Rajoelina en campagne à Mahajanga, Madagascar, juillet 2013. Photo postée sur Facebook par Patrick Raharimanana, avec permission.

Lalao Ravalomanana a déclaré au Wall Street Journal [anglais] :

Je suis candidate à la présidence, il n'y a rien eu récemment pour me faire changer d'avis. Je suis prête à subir des sanctions personnelles pour mes convictions [..] L'issue que veulent tous les citoyens malgaches, c'est un accord sur une date d'élections ; rien de plus, rien de moins. Après quoi ce sera aux gens de décider qui ils veulent comme prochain Président. Tous les quarante-et-un candidats devraient être autorisés à présenter leur programme.

Le reste des candidats invitent la société civile malgache à se mobiliser et tout faire en son pouvoir pour obtenir la fixation une fois pour toutes d'une date d'élection. Dans ce but, une pétition a été lancée et signée par 21 des 41 candidats encore en lice.

Les Etats-Unis se sont aussi prononcés en faveur d'une élection incluant tous les 41 candidats cette année.

Qui profite des retards, qui est pénalisé ?

Comme déjà dit, de nombreux observateurs se demandent combien de temps durera le gouvernement de transition et comment le pays peut mettre fin à la crise. Le problème sous-jacent est que l'administration actuelle n'est pas disposée à se dépouiller de son pouvoir, comme l'illustre le départ en campagne de Rajoelina. Plus le statu quo dure, plus longtemps ils peuvent se maintenir en place.

Zafy Albert, un ex-président, a affirmé que l’un des principaux obstacles est l'armée, l'institution qui a elle-même mis en place le pouvoir actuel :

Zafy confirme que le blocage c'est l'Armée mais que des négociations sont en cours

Les raisons de continuer à s'accrocher encore un temps apparaissent clairement sur une récente infographie publiée par l'agence publique OMNIS, à qui a été confiée la mission gérer, développer et promouvoir les ressources pétrolières et minières à Madagascar :

natural ressources of Madagascar and the corporations vying for them. Graph posted by  Front Patriotique Malagasy on Facebook, with his permission

Les ressources naturelles de Madagascar et les sociétés en concurrence pour leur exploitation. Carte publiée par l'agence OMNIS sur Facebook, avec permission

La carte liste tous les sites pétroliers  de Madagascar et les multinationales qui ont signé des contrats pour exploiter les ressources minières dont dispose le territoire. Le manque de transparence sur la teneur de ces contrats empêche les Malgaches de connaître les termes exacts des accords et quels en sont les bénéficiaires. Autre raison de demeurer plus longtemps au pouvoir, la poursuite de la lucrative contrebande de bois de rose [anglais].

Si la transition prolongée profite à quelques privilégiés, elle pèse lourdement sur la population ordinaire. Une étude récente montre que la crise politique a occulté une crise économique et sociale plus pernicieuse : alors que Madagascar était déjà au nombre des pays les plus pauvres, à présent neuf Malgaches sur dix vivent avec moins de deux dollars par jour. Les chiffres montrent qu'il y a quatre millions de personnes en situation de pauvreté de plus dans le pays depuis 2009.

La vidéo suivante d'Eric Rabemanoro détaille les effets de la crise sur le chômage, le pouvoir d'achat et la criminalité :

A ce stade une sortie de la crise n'est plus seulement une question de politique, elle met en jeu la survie de la majorité de la population. Point d'interrogation aveuglant : où sont au juste les priorités de l'élite politique et de la communauté internationale ?

Etats-Unis : les immigrés et la réforme de l'immigration

mercredi 10 juillet 2013 à 18:29

Comme toujours, s'il y a bien une voix à laquelle les médias ne s'intéressent pas, c'est à celle des immigrés et à leur opinion à propos de la réforme de l'immigration.

Sur le site Upside Down World [en anglais], David L. Wilson raconte une rencontre qui s'est tenue à New-York, lors de laquelle des militants – dont certains originaires du Mexique ou de l'Amérique Centrale – ont parlé “des forces qui poussent les gens à quitter leur propre pays et des souffrance endurées à la fois pendant le voyage pour les États-Unis et une fois arrivés.”

Indonésie : 50 millions d'enfants sans certificat de naissance

mercredi 10 juillet 2013 à 18:28

Michelle Unwin met en lumière la nécessité de fournir des certificats de naissance [anglais] aux enfants des rues d'Indonésie. Elle cite un rapport qui dit que seulement 9 à 22 pour cent des enfants des rues possèdent un certificat de naissance. De plus, on estime à 50 millions le nombre d'enfants en Indonésie qui ne possèdent pas de certificat de naissance, ce qui les prive du droit d'accèder aux services gouvernementaux.

Corée du Sud : réactions après le crash d'un avion de Asiana Airlines

mercredi 10 juillet 2013 à 18:27

Un avion d'Asiana Airlines, une des deux plus importantes companies aériennes de Corée du Sud, s'est écrasé en atterrissant à l'aéroport international de San Francisco aux États-Unis. le bilan est de deux morts et 181 blessés parmi les passagers. Le blog Korea Bang nous fait découvrir les réactions d'internautes coréens après ce tragique accident.

Moment décisif pour le mouvement pro-immigration aux États-Unis

mercredi 10 juillet 2013 à 13:01

Ce billet fait partie de notre série sur l’Amérique latine: voyages de migrants, en collaboration avec le Congrès nord-américain sur l'Amérique latine (NACLA). Plus d'articles et de podcasts à venir.

Cela fait près de 30 ans que le mouvement américain militant pour l'immigration ne se trouvait pas si proche de l'adoption d'une législation complète sur ce sujet. Le projet de loi sur l'immigration qui était en discussion au Sénat depuis le début de l'année 2013 lève un obstacle avec l'approbation de l'amendement à la loi sur la sécurité des frontières par un vote de 67 voix en faveur contre 27, le 24 Juin.

Le 27 Juin, par un vote du Sénat de 68 voix contre 32 a approuvé la réforme de la loi sur l'immigration, un niveau de soutien qui n'a jamais été atteint depuis la loi de 1986 qui avait légalisé trois millions de personnes. Maintenant, la Chambre des représentants doit décider si elle soutient la décision du Sénat.

Le projet de loi sur l'immigration de 2013 vise à créer une feuille de route pour la citoyenneté tout en renforçant la sécurité des frontières et en élevant le nombre de visas pour les travailleurs hautement qualifiés. Il a également l'intention de mettre en place un nouveau programme de visas pour les travailleurs peu qualifiés dans les fermes de l'Amérique et d'ailleurs.

Rassemblement pro-immigration. Photo par Anuska Sampedro (CC BY-NC-ND 2.0)

Rassemblement pro-immigration. Photo par Anuska Sampedro (CC BY-NC-ND 2.0)

En 1986,  Ronald Reagan, le président d'alors avait signé une loi sur l'immigration qui ressemble beaucoup à celle du “Gang of Eight”: resserrement de la sécurité aux frontière, des règles strictes sur l'embauche de travailleurs en situation irrégulière et la possibilité pour ceux qui sont entrés dans le pays sans autorisation de légaliser leur statut.

La différence majeure entre les deux propositions en matière d'immigration, c'est que le président Reagan considérait celle de 1986, une “amnistie” pour des millions de personnes sans papiers. Vingt-sept ans plus tard, c'est le terme “amnistie” que les défenseurs de l'immigration veulent éviter à tout prix, à cause de la connotation négative que les républicains ont donné au mot. Au contraire, le mot “légalisation” semble être acceptée.

Néanmoins, une des parties les plus controversées de la loi sur l'immigration a également réussi à passer le 26 Juin, lorsque le Sénat a accepté de doubler le nombre d'agents à la frontière des États-Unis avec le Mexique, malgré le fait que le flux d'immigrants vers les États-Unis ait considérablement diminué en raison des problèmes économiques auxquels le pays a dû faire face depuis la récession de 2008.

En fait, le président de la Chambre des représentants John Boehner (R-OH) a dit que la question de l'immigration ne sera pas résolue rapidement expliquant que ladite réforme pourrait se prolonger jusqu'à l'année prochaine.

InmigranteTV [es] dit que, malgré l'obstacle que la Chambre des représentants pourrait présenter, il ne minimise pas l'approbation du Sénat:

No es que el voto del Senado carezca de importancia. Para empezar, con su aprobación por 68 votos a favor y 32 en contra, la propuesta del “Grupo de los Ocho” -cuatro senadores republicanos y cuatro demócratas- logró ya llegar más lejos en el intrincado camino legislativo que ninguna iniciativa migratoria desde la que lograra convertir en ley Ronald Reagan en 1986.Y lo hizo además con un nada desdeñable apoyo republicano: 14 senadores conservadores que con su voto favorable enviaron un importante mensaje de bipartidismo a sus compañeros de bancada en la Cámara Baja

Ce n'est pas que le vote du Sénat n'ait pas d'importance. Pour commencer, comme il est passé par un vote de 68 voix pour et 32 contre, la proposition du Groupe des 8-quatre sénateurs républicains et quatre démocrates- a réussi à aller plus loin dans le processus législatif complexe que toute initiative sur l'immigration depuis celui que le Président Ronald Reagan a signé la loi de 1986. Et il l'a fait, en outre, avec un soutien républicain loin d'être négligeable: 14 sénateurs conservateurs qui, par leur vote en faveur, ont envoyé un message bipartisan important à leurs collègues législateurs à la Chambre basse.

Pour les immigrants, la semaine du 27 Juin a été pleine de moments importants. Plus précisément, la Cour suprême américaine a décidé de soumettre le cas de Fisher contre Université du Texas à la Cour Cinquième Circuit pour un examen plus approfondi. L'affaire avait contesté l'action positive dans les politiques d'acceptation qui permettent aux universités de prendre en compte la diversité raciale et ethnique comme un facteur d'admission. Le tribunal a encouragé un examen plus approfondi de ces politiques, sa décision maintient ces programmes pour accroître la diversité dans l'enseignement supérieur.

Sur Twitter, les membres du Congrès ainsi que des gens ordinaires et des personnalités des médias partagent leurs opinions avant la décision de Washington.

Républicain de Floride, Ileana Ros-Lehtinen (@RosLehtinen) a déclaré :

@RosLehtinen: Nuestro sistema de inmigracion no funciona. La #reforma apoyará a las familias y traerá empleos. http://1.usa.gov/14duCQo

@RosLehtinen [es]: Notre système d'immigration ne fonctionne pas. La réforme #reform va soutenir les familles et créer du travail. http://1.usa.gov/14duCQo

Pourtant, certaines personnes sont sceptiques sur les intentions des républicains pour l'amélioration de la réforme de l'immigration, comme Alonso Credes  (@alcredes), qui a répondu à Ros-Lehtinen avec le tweet suivant:

@alcredes: @RosLehtinen pues convenza a los miembros de su partido no a los demas…

@alcredes [es]: @RosLehtinen puis convaincre les membres de votre parti pas quelqu'un d'autre …

Selon un article publié dans Politico, le représentant Filemon Vela (D-TX) a démissionné du Congressional Hispanic Caucus le 2 Juillet pour manifester ouvertement contre l'acceptation par la coalition de la loi du Sénat sur l'immigration, qui inclut une augmentation sans précédent des mesures de sécurité, y compris 20 000 nouveaux agents pour patrouiller la frontière américano-mexicaine. Un jour plus tard, il a écrit ce qui suit dans son compte Twitter :

@RepFilemonVela:Je milite pour une réforme de l'immigration. Je crois que c'est la question nationale prioritaire dans ce pays http://tl.gd/n_1rl5gno

Le Représentant Vela est fidèle à sa déclaration sur le projet de réforme dans lequel il explique son opposition à la loi. Il explique que les mesures de sécurité aux frontières augmentaient seulement le climat de peur entre les nations et qu'il s'agissait d'une utilisation irresponsable des fonds publics, en particulier après les séquestrations qui ont réduit tant de précieux services.

Enfin, Luis Carlos Vélez (@lcvelez) pense que la loi ouvrait la voie à la légalisation:

@lcvelez: Senado de #EEUU aprueba cambio de leyes de inmigración lo que abre la puerta a la ciudadanía para millones de inmigrantes indocumentados

@lcvelez: Le Sénat #US approuve le changement de lois sur l'immigration, ce qui ouvre la porte à la citoyenneté pour des millions d'immigrants sans papiers

Sans aucun doute, le mouvement pro-immigration est allé très loin dans l'exposition au grand jour d'une législation sur l'immigration inadéquate, en demandant aux législateurs de la réviser. Un obstacle est éliminé au Sénat, mais il est probable que le projet de loi mourra à la Chambre des représentants, aux mains des républicains. Ceci permet de prédire une lutte permanente pour légaliser des millions d'immigrants qui veulent appeler l'Amérique leur pays.

Marianna Breytman a contribué en traduisant ce billet.