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Osaka devient la première municipalité japonaise à reconnaître les parents adoptifs de même sexe

mardi 11 avril 2017 à 12:30

La décision pionnière de la ville d'Osaka est en tête de tendance sur Twitter depuis début avril 2017.

Rainbow Pride 2012 Tokyo. Photo de l'utilisateur Flickr Lauren Anderson. Licence: Attribution-ShareAlike 2.0 Generic (CC BY-SA 2.0).

Marche Arc en Ciel 2012 à Tokyo. Photo de l'utilisateur Flickr Lauren Anderson. Licence: Attribution-ShareAlike 2.0 Generic (CC BY-SA 2.0).

Le 6 avril 2017, la ville d'Osaka est devenue la première municipalité japonaise à reconnaître les couples homosexuels comme parents adoptifs. Le changement de politique est survenu lorsque la ville a reconnu deux hommes qui souhaitent rester anonymes, comme parents nourriciers d'un adolescent qu'ils avaient pris en charge depuis février.

Jusqu'à la décision d'Osaka en avril, seuls les couples mariés ou les individus étaient autorisés à adopter au Japon, même si le pays a grand besoin de parents adoptifs et de familles d'accueil. En mars 2017, il y avait au moins 46 000 enfants à travers le Japon qui étaient pris en charge par l'État après avoir perdu un parent ou qui avaient été retirés de leur domicile en raison d'abus. La majorité de ces enfants vivent dans des institutions; seulement 10% sont pris en charge par des parents adoptifs.

Après cette décision historique, le terme #same-sex couple (#性カップル, (dansei kappuru, couple masculin de même sexe) est devenu tendance sur Twitter. Naver Matome, blogueur sur “Grade Up” (グレードアップ) a recueilli quelques réactions sur Twitter dans un billet. La majorité des réactions à la décision de la ville d'Osaka concernant cette parenté adoptive semblent positives:

Tweet: Deux hommes (“un couple de même sexe”) ont été reconnus par la municipalité d'Osaka comme parents adoptifs. Si un couple veut adopter un enfant qui a été maltraité par ses parents naturels, qu'ils soient ou non un couple de même sexe cela n'a pas d'importance.

Texte du billet: “Si vous aimez par-dessus tout les enfants que vous élevez, que vous soyez parents de même sexe ou de sexe opposé, le plus important est d'être parent”.

Le mariage homosexuel n'est pas encore reconnu au Japon. C'est parce que l’Article 24 de la Constitution comprend la phrase: “Le mariage ne se fonde que sur le consentement mutuel des deux sexes”, ce qui, pour l'instant, est considéré comme un obstacle au mariage homosexuel.

Au Japon, les municipalités jouent un rôle important dans la surveillance et la gestion du droit de la famille, y compris le mariage, l'union civile, l'adoption et le placement. Certaines parmi elles ont adopté des ordonnances locales qui reconnaissent les partenariats civils homosexuels, ce qui rend ces relations équivalentes au mariage.

La décision de la municipalité d'Osaka a été accompagnée d'un thème usuel – certains pourraient désapprouver, mais la chose la plus importante pour les enfants est d'être aimés :

Quand je vois des tweets qui confondent l'adoption de la part de parents homosexuels avec une famille d'accueil, je tiens à souligner que le placement dure jusqu'à ce que (l'enfant) ait 18 ans. L'enfant placé n'est pas inscrit au registre de la famille (et donc, au Japon, il n'est pas légalement reconnu comme membre de la famille).

Quoi qu'il en soit, je pense qu'il est formidable que l'enfant puisse faire partie d'une famille aimante, que ce soit de la part de parents masculins ou féminins jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de 18 ans.

Il y a beaucoup de personnes qui disent qu'en raison de la décision d'Osaka de reconnaître les couples homosexuels comme parents, on devrait avoir de la pitié pour les enfants. Cependant, je pense que quiconque aura été accueilli par deux hommes dira un jour qu'il a eu une vie heureuse (dans son enfance). Peu importe ce que l'on dit, la chose la plus importante est que les enfants seront pris en charge avec amour. Personne ne devrait se moquer (du fait que ces enfants ont grandi dans des familles de couples de même sexe).

Suite à l'annonce par la ville d'Osaka, le terme “Donuts” ( チ ョ コ レ ー ト ド ー ナ ツ ) – le titre de la version japonaise du film de 2012 Any Day Now qui raconte l'histoire d'un couple de même sexe qui se bat pour la garde d'un jeune vivant avec le syndrome de Down (trisomie 21) – a fait tendance sur Twitter aussi :

Étant donné que les parents adoptifs de même sexe sont devenus un sujet de débat, je recommande vivement le film ‘Any Day Now’. C'est l'histoire de deux hommes qui ont adopté un adolescent avec le syndrome de Down. Cependant, du fait de l'homosexualité des deux hommes, le garçon leur est enlevé. Ils n'abandonnent pas le combat et se battent pour pouvoir s'occuper du garçon. C'est un véritable déchirement et je recommande absolument à tout le monde de le voir.

Le compte Twitter de la firme qui a promu la sortie du film au Japon a également commenté la décision de la ville d'Osaka :

Lorsque nous avons vu la nouvelle, nous étions assez surpris, et quand ‘Any Day Now’ a commencé à devenir viral sur Twitter, nous avons également été surpris.

Bien sûr, il est toujours préférable que les enfants trouvent le bonheur avec leurs parents biologiques. Cependant, si cela n'est pas possible, ce n'est pas grave du tout si une autre personne est capable de fournir l'amour et l'affection dont l'enfant a besoin.

Netizen Report : batailles sur Internet à l'approche des élections en Arménie et Équateur

mardi 11 avril 2017 à 12:11

“Nos rêves ne rentrent pas dans des urnes” Création au pochoir, Wisconsin, États-Unis. Photo de David Drexel, Wikimedia Commons (CC BY 2.0)

Le Netizen Report de Global Voices offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de libertés numériques dans le monde.

[Article d'origine publié en anglais le 5 avril] En période électorale, le cyberespace devient particulièrement vulnérable à la censure, au harcèlement et à la désinformation. L'an dernier, les réseaux de médias sociaux ont été bloqués en Ouganda et au Monténégro lors des élections nationales. En Gambie et au Gabon, c'est l'accès à Internet qui a été complètement interrompu.

Le harcèlement des candidats et militants politiques a marqué les élections législatives en Macédoine, l’élection présidentielle américaine et l'élection du Chef de l'exécutif à Hong Kong. À l'approche des élections en Iran, les partisans de la ligne dure font pression sur l'administration Rohani pour qu'elle bloque l'application de messagerie Telegram. Enfin, on observe une hausse du cyber-harcèlement en Russie et en France, alors que les deux pays s'apprêtent à choisir leur prochain dirigeant.

La semaine dernière, les élections en Arménie et en Équateur n'y ont pas échappé. Les préparatifs en vue des élections générales en Arménie ont été entachés par d'apparentes tentatives visant à bâillonner les activités en ligne des journalistes, et par au moins un incident de désinformation. Une figure éminente de la société civile a rapporté que des pirates informatiques, soutenus par le gouvernement, ont tenté d'accéder à son compte de courrier électronique. Plusieurs journalistes arméniens ont également constaté la suspension de leur compte Twitter juste avant le scrutin. Depuis, les comptes ont été rétablis.

Les observateurs électoraux de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont estimé que les élections en Arménie, qui ont abouti à la victoire du Parti Républicain au pouvoir, s'étaient généralement bien déroulées, mais restaient écornées par des accusations crédibles concernant des achats de votes et la pression exercée sur les fonctionnaires et les employés d'entreprises privées.

En Équateur, les comptes de nombreux candidats et partisans du parti de l'opposition ont été suspendus sur les médias sociaux, tout comme ceux des ONG qui défendent les droits de la presse. Des sites web pro-opposition et quelques ONG publiant des informations pour éduquer l'électorat ont remarqué une forte baisse du trafic sur les fournisseurs de services Internet locaux le soir du scrutin, avivant les soupçons d'ingérence. Le site Web du groupe Usuarios Digitales, qui défend l'accès à Internet, a également été la cible d'une attaque par déni de service distribué quelques jours avant le scrutin, tout comme le site du candidat de l'opposition Guillermo Lasso.

LiveJournal conclut avec la Russie et interdit la « sollicitation politique »

La plateforme de blogs LiveJournal, acquise en 2007 par l'entreprise russe SUP Media, a déménagé ses serveurs de données de la Californie vers la Russie. En d'autres termes, les données de la plateforme seront désormais entièrement accessibles à la police russe, conformément à la loi antiterroriste récemment promulguée en Russie. Parallèlement à d'autres restrictions, LiveJournal a mis à jour un contrat d'utilisation qui interdit la « sollicitation politique », sans toutefois définir le sens du terme.

Google séduit la communauté scientifique chinoise

Google Scholar sera peut-être le premier service de Google à faire son retour en Chine, selon une déclaration faite par le législateur chinois Liu Binjie. « La Chine a été en contact avec Google par le biais de divers canaux  », a déclaré Liu Binjie, annonçant l'espoir qu'une partie de l'activité de Google puisse reprendre en Chine. Ce retour progressif comprendrait, dans un premier temps, les fonctions que Liu Binjie qualifie de « fonctions de service n'impliquant pas d'informations [politiquement] sensibles ». Elles seraient ensuite suivies par d'autres. Depuis son retrait du marché chinois en 2010, en raison d'un conflit concernant les règles de censure très strictes de Pékin, Google a exprimé son désir d'y revenir. Le législateur n'a toutefois pas précisé si la censure s'appliquerait à l'un des services de Google.

La commission de réglementation des télécoms du Bangladesh refuse d'interdire Facebook la nuit

La Bangladesh Telecommunication Regulatory Commission (BTRC) [Commission de réglementation des télécommunications du Bangladesh] a rejeté une proposition visant à bloquer Facebook entre minuit et 6 h. Une mesure proposée par les législateurs qui prétendent que Facebook « réduit les capacités de travail des jeunes » et doit donc être inaccessible pendant les heures de sommeil. La BTRC recommande plutôt d'utiliser le contrôle parental et les paramètres de confidentialité et de sécurité pour atteindre cet objectif. La décision définitive est donc entre les mains du gouvernement.

Des intellectuels et des militants des Émirats arabes unis sont l'objet de menaces, judiciaires et en ligne

Le Dr Nasser Bin Ghaith, un éminent universitaire, a été condamné par un tribunal des Émirats arabes unis (EAU) à dix ans de prison pour avoir « publié sur Twitter de fausses informations » sur les dirigeants des EAU Twitter « dans le but de nuire à la réputation et aux intérêts de l'État ». Selon Amnesty International, Bin Ghaith aurait déclaré sur Twitter ne pas avoir été jugé équitablement lors d'un procès antérieur. Lui et quatre autres militants étaient alors accusés, en référence à des commentaires publiés en ligne, d'avoir « publiquement insulté » les dirigeants du pays dans ce qui a été appelé l'affaire « UAE Five » [Les cinq des EAU]. Il peut interjeter appel d'ici 30 jours. L'accusation contre Dr Bin Ghaith suit celle d'Ahmed Mansoor, un autre membre des « UAE Five », arrêté une semaine plus tôt.

Les partisans d'Ahmed Mansoor qui ont écrit sur Twitter à propos de son arrestation ont été attaqués pour avoir défendu « un traître qui mérite de mourir ». Des bénévoles de Global Voices ont analysé les échanges entre les partisans d'Ahmed Mansoor et ceux qui les ont attaqué, ils ont constaté que les tweets les plus critiques à l'endroit d'Ahmed Mansoor provenaient de comptes qui semblent appartenir à des employés du gouvernement ou de sociétés affiliées .

Des dispositifs de surveillance Stingray sont repérés au Canada

Une enquête menée par la Société Radio-Canada a révélé que des capteurs IMSI, ces appareils de surveillance utilisés pour intercepter le trafic des communications mobiles à l'intérieur d'une zone donnée, ont été utilisés autour de la Colline du Parlement à Ottawa. Également connus sous le nom de « Stingray », les capteurs IMSI agissent comme une tour de transmission de téléphonie cellulaire pour capter les données disponibles de tous les appareils se trouvant dans un rayon d'environ un demi-kilomètre. Bien que des journalistes de CBC aient confirmé que des capteurs IMSI étaient constamment utilisés autour du Parlement, ils n'étaient pas en mesure de déterminer qui les utilisait.

Des concepteurs de logiciels indiens s'attaquent aux « fausses nouvelles » sur WhatsApp et Facebook

Deux technologues indiens, Bal Krishn Birla et Shammas Oliyath, travaillent à la construction d'un site Web check4spam.com, qui aidera à détecter les messages factices diffusés par le biais de WhatsApp et Facebook. L'initiative vise à freiner la propagation d'informations fausses et malveillantes et à « faciliter la vie des usagers réguliers et compliquer celle des spammeurs ».

À lire également

 

 

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RuPaul sur RuNet : Le succès russe du show télé ‘Drag Race’ grâce à des traducteurs bénévoles

lundi 10 avril 2017 à 23:12

Capture d'écran de la bande-annonce de la saison 9 de Drag Race. Source: YouTube.

Spectaculaire, maniérée, gay et sous-titrée en russe : depuis 2014, un groupe de traducteurs bénévoles issu du réseau social VKontakte s'affaire à rendre accessible à l'internet russophone l'émission de télé-réalité américaine primée “RuPaul's Drag Race,” dans laquelle RuPaul Charles, le plus célèbre travesti au monde, est à la recherche de la nouvelle star américaine du drag.

Formé il y a trois ans, le groupe “RuPaul” sur VKontake rassemble une équipe de dix traducteurs passionnés et s'est développé au point de rassembler plus de 5 000 usagers réguliers répartis sur l'ensemble de l'ex-Union soviétique. L'équipe a traduit plus de 70 épisodes de cette émission (qui en est à sa neuvième saison), dans laquelle des hommes adoptent une identité de femme, se travestissent et s'affrontent pour le titre de “Superstar américaine du drag” lors d'une épuisante série de défis.

Pour Nikita, lycéen russe homosexuel et membre de l'équipe de traducteurs, l'émission lui rappelle qu'il est libre d'être lui-même, et il en a bien besoin. Nikita, qui vit dans un pays où une loi “contre la propagande homosexuelle” et des moeurs conservatrices tendent à exclure les minorités sexuelles, a déclaré à RuNet Echo que cette émission prouve qu'il est non seulement normal de vouloir adopter l'identité d'un autre genre et accepter son orientation sexuelle, mais qu'il s'agit également d'une liberté qui devrait être célébrée et même récompensée.

Illustration du groupe “Regardez RuPaul's Drag Race” sur VKontakte.

Rendre l'émission accessible à un large public russe n'est pas chose aisée. Bien qu'elle soit relativement facile à regarder en ligne, c'est un vrai défi d'en retranscrire toutes les nuances pour le monde russophone. La plupart des dialogues utilisent des termes argotiques spécifiques aux communautés LGBT et drag des États-Unis, un lexique loin d'être aussi développé en russe.

Même si la culture drag est moins développée en Russie qu'en Occident, elle existe bel et bien, principalement dans l'ombre. Connue sous le nom de travesti, elle existe depuis plusieurs dizaines d'années et survit malgré les pressions du pouvoir contre les associations LGBT et une recrudescence des crimes de haine contre les membres de la communauté LGBT. En 2014, Nightline a dressé le portrait d'un artiste drag russe qui a fui la Russie pour les USA après que de violentes attaques ont eu lieu dans la discothèque de Moscou où il se produisait régulièrement.

Il faut entre quatre jours et plus de deux semaines pour traduire un épisode. Dès qu'un épisode est disponible, les traducteurs communiquent sur un forum et se répartissent les différents passages, généralement des fragments de 10 à 20 minutes pour des épisodes qui durent jusqu'à 45 minutes. Chaque membre envoie sa traduction à un éditeur désigné qui assemble ensuite les sous-titres. “Tout le monde fait le maximum,” explique Nikita.

Pourtant, le traducteur se retrouve parfois coincé. Prenez par exemple le défi de rap de la saison 6, lors duquel le candidat Joslyn Fox (Patrick Joslyn de son vrai nom) utilise le mot “motherfishin’.” Dans la culture drag, le terme “fishy” [“louche” “qui sent le poisson” en français, NDT] désigne une drag queen tellement féminine qu'elle pourrait être prise pour une vraie femme. Un anglophone ou une personne comprenant l'anglais ne manquerait pas de saisir le double sens avec un certain terme vulgaire. Mais sans vocabulaire comparable en russe, difficile de comprendre le jeu de mots pour ceux qui ne maitrisent pas la langue. Selon Nikita, “le plus difficile avec le sous-titrage de RuPaul's Drag Race, c'est l'absence d'une culture drag russe réellement développée, et donc l'absence d'un vocabulaire qui lui serait propre.”

RuPaul Charles, par David Shankbone. Source: Flickr.

“[Motherfishin’] m'a occupé pendant deux mois, et j'ai fini par avoir une révélation,” a expliqué Elizabeth Rusakova, l'une des traductrices principales du groupe, à RuNet Echo. Il y a un poisson qui s'appelle sterliad [sterlet], qui sonne comme une combinaison des mots sterva [sorcière] et bliat [bai***]… Dans ma tête, ça a fait tilt, et j'ai compris que je tenais le mot parfait.”

Parfois, les choses sont un peu moins compliquées. Lorsque l'un des candidats remporte un défi, RuPaul lui dit toujours “condragulations!” [“laisse moi te condraguler !” NDT], ce que l'équipe sur VKontakte traduit par pozdragliayou, normalement pozdravliayou [félicitations !] afin de créer une équivalence pour les spectateurs russes.

Toutefois, pour ne pas enfreindre la loi russe, les administrateurs du groupe sur VKontakte doivent strictement contrôler l'accès aux épisodes, dont la plupart ont été téléchargés illégalement depuis d'autres sites. “Nous acceptons dans le groupe les personnes qui ont au moins 18 ans. Si quelqu'un ne donne pas son âge sur son profil, ou n'a pas mis de photo, nous ignorons sa demande. Même chose si une personne ne fait pas son âge, et nous demandons parfois confirmation de l'âge par message privé” a expliqué Elena, l'une des administratrices du groupe, a RuNet Echo.

Malgré leurs efforts considérables qu'ils doivent fournir pour adapter l'émission à l'Internet russe, aussi bien légalement que linguistiquement, les traducteurs russes de RuPaul sont unanimes quant à l'importance vitale qu'a leur travail pour les fans, issus de la communauté LGBT ou non. Elizabeth, elle aussi traductrice, a déclaré à RuNet Echo que “Maman Ru est une vraie bouffée d'oxygène dans cette société conservatrice qui nous asphyxie en permanence. Cette émission nous inspire et nous fait comprendre que nous pouvons être nous-mêmes. Maman Ru est une merveilleuse source de force.”

Nikita s'est montré très franc quant aux difficultés rencontrées par le groupe, y-compris au sein de la communauté LGBT. “La communauté homosexuelle en Russie est très intolérante. Les gays masculins ou “naturels” pensent qu'ils sont persécutés à cause des gays plus efféminés, et ceux-ci pensent à l'inverse que les homophobes s'attaquent aux gays à cause de ceux qui n'assument pas leur homosexualité.” Drag Race accepte la féminité et s'oppose ainsi aux membres de la communauté gay qui font preuve de discrimination à l'encontre des membres à l'identité davantage féminine. C'est un problème que l'on retrouve sur les sites de rencontres homosexuels, où les hommes qui s'identifient comme étant davantage masculins ou “masc” rejettent souvent ceux qui s'identifient comme étant davantage féminins en précisant “no fems” [“pas de meufs”] sur leur profil. RuPaul lui-même a évoqué cette situation en déclarant que “les opprimés deviennent eux-mêmes des oppresseurs.” Malgré tout, Nikita considère l'émission comme une source d'espoir. “La communauté est vraiment divisée, mais je pense que cette émission peut contribuer à rassembler tout le monde.”

NB : les noms complets des traducteurs n'ont pas été dévoilés dans cet article pour leur sécurité étant donné que les membres de la communauté LGBT forment une minorité qui souffre de discrimination en Russie.

La guerre entre l'Espagne et le Royaume-Uni pour Gibraltar ? Relax, Max !

lundi 10 avril 2017 à 21:06
El peñón de Gibraltar visto desde la localidad española de la Línea de la Concepción. Foto de Mihael Grmek para Wikimedia Commons, con licencia CC BY-SA 3.0

Le Rocher de Gibraltar vu depuis la localité espagnole de La Línea de la Concepción. Photo de Mihael Grmek pour Wikimedia Commons, licence CC BY-SA 3.0

[Billet d'origine publié en espagnol le 6 avril]

35 years ago this week, another woman PM sent a task force half way across the word to defend the freedom of another small group of British people against another Spanish-speaking country. And I'm absolutely certain that our current PM would show the same resolve in standing by the people of Gibraltar.

Il y a 35 ans cette semaine qu'une autre femme premier ministre a envoyé l'armée à l'autre bout du monde pour défendre la liberté d'un petit groupe de Britanniques contre un autre pays hispanophone.Et je n'ai aucun doute que notre Premier Ministre actuelle montrerait la même détermination pour soutenir le peuple de Gibraltar.

Avec ces paroles, l'ex-chef des Conservateurs Michael Howard lançait il y a quelques jours une des polémiques les plus aigres de ces dernières années entre l'Espagne et le Royaume-Uni au sujet du Rocher de Gibraltar.

Qu'est-ce que Gibraltar ? Un territoire-confetti stratégiquement situé à l'entrée de la Méditerranée, occupé par les Anglais pendant la Guerre de Succession d'Espagne avant d'être donné à la Grande-Bretagne par les traités d'Utrecht, au XVIIIe siècle.

Gibraltar compte à peine plus de 33.000 habitants, García et Smith pratiquement à égalité, qui se sont toujours montrés belliqueux devant toute intention négociatrice de la part des autorités espagnoles.

En sa qualité de territoire britannique d'outre-mer, il jouit jusqu'à ce jour d'une situation privilégiée à l'intérieur de l'UE, avec l'exemption de certaines taxes, obligations et réglementations. Pourtant, malgré le vote massif des Gibraltariens en faveur du maintien dans l'Union, Gibraltar n'a guère le choix : puisque ses habitants rejettent totalement d'être annexés par l'Espagne y compris la co-souveraineté des deux pays, il ne leur reste qu'à quitter l'UE en compagnie du Royaume-Uni.

Il y a quelques jours, le Conseil Européen a fixé entre États membres les lignes directrices qui en découleront dans les négociations sur le Brexit, dont il ressort explicitement que les futurs accords entre l'UE et le Royaume-Uni ne seront pas applicables à Gibraltar sans le consentement de l'Espagne, qui se voit ainsi conférer un droit de veto.

La concession a fait enrager certaines hommes politiques britanniques du côté des Conservateurs. A Michael Howard déjà cité se sont joints d'autres, comme le ministre britanniques des Affaires étrangères Boris Johnson, qui a accusé l'Espagne d'exercer des “pressions inacceptables sur l'avenir de Gibraltar dans le cadre des négociations sur le Brexit“, ou de celui de la Défense, Michael Fallon, qui a manifesté son intention de protéger Gibraltar “jusqu'aux ultimes conséquences”. Ou encore le ministre principal de Gibraltar, Fabián Picardo, qui a déclaré lundi : “marchander [le Brexit] avec nous, c'est permettre à l'Espagne de se comporter comme un gros bras (…) c'est clairement du harcèlement espagnol”. L'ex-commandant Christopher J. Parry conclut :

L'Espagne doit retenir de l'Histoire que cela ne vaut pas la peine de se confronter à nous et que nous pouvons encore roussir la barbe du roi d'Espagne.

La presse “de caniveau” a poussé le bouchon encore plus loin. La une mémorable du Sun a provoqué les moqueries de quelques internautes :

Allez vous faire mettre, señores! braille le Sun dans sa campagne pour un Gibraltar réellement britannique.
*PS : Vacances en Espagne à 15 £ dans le “journal” d'aujourd'hui.

Cela n'a pas suffi à l'éditorialiste Kelvin Mackenzie qui a publié un article dans lequel il qualifie les Espagnols d’ “ivrognes” et de “zoophiles” avant de suggérer diverses représailles délirantes, dont le boycott de l'Espagne comme destination touristique, la fermeture de l'espace aérien aux vols espagnols (négligeant le fait qu'Iberia et British Airways appartiennent au même groupe) ou l'expulsion des 125.000 Espagnols qui travaillent au Royaume-Uni (négligeant de même les presque 240.000 Britanniques installés en Espagne). Mackenzie termine sur une contondante citation du président Reagan :

Reagan used to have a sign on his desk saying: “If you’ve got them by the balls, their hearts and minds will follow.”
For balls, read cojones .

Reagan avait un écriteau sur son bureau qui disait : “si vous les tenez par les boules, leurs cœurs et esprits suivront”.
Au lieu de boules, lire cojones (couilles).

Les autorités espagnoles, qui utilisent régulièrement Gibraltar comme rideau de fumée pour détourner l'attention de sujets plus importants, n'ont pas commenté cette escalade quasi guerrière, et la première ministre britannique Teresa May a traité l'affaire par l'ironie.

C'est aussi à l'humour qu'ont recouru les internautes des deux pays, montrant le fossé qui existe entre certains politiques et les gens. En témoigne un sondage de l'édition espagnole du Huffington Post, dont la question “Êtes-vous prêt à vous engager dans l'armée vous battre pour Gibraltar ?” a enregistré jusqu'à présent 100 % de réponses négatives.

A quelques exceptions près, les utilisateurs de Twitter des deux pays ont traité l'affaire plutôt à la rigolade.

Pour quoi vouloir Gibraltar, nous ne savons déjà pas sortir d'un rond-point en conduisant à droite, alors dans l'autre sens !!!

Il faut rassembler les meilleurs pour la bataille navale de Gibraltar.

- Et maintenant comment putain on arrive à Gibraltar ?
– Je vous ai bien dit que ça allait arriver si la gosse conduisait
– Et en plus il n'y a pas de réseau.

L'Espagne et l'Angleterre peuvent entrer en guerre à propos de Gibraltar à condition que tous les combats se fassent avec les marines à voile du XVIIe siècle.

Si je vivais à Gibraltar et qu'on me donne le choix entre rejoindre l'Espagne ou rester partie du Royaume-Uni, je choisirais l'Espagne pour le climat.

Je suis en Espagne depuis 24 heures et personne n'a encore essayé de me chiper Gibraltar. Un point au match.

C'est peut-être le tweet de Francois Smit qui remet toute l'affaire à la place qu'elle mérite :

Syrie : Le Royaume-Uni exclut toute action militaire après l'attaque chimique : mais nous sommes prêts à bombarder l'Espagne pour Gibraltar.

Deux ans après une violente attaque, une ville libanaise reste privée d'Internet mobile

lundi 10 avril 2017 à 20:10
Vue de la ville d'Arsal, située au au nord-est près de la frontière syrienne, octobre 2016. (Nabil Hassan)

Vue de la ville d'Arsal, située au au nord-est près de la frontière syrienne, octobre 2016. (Nabil Hassan)

Cet article, écrit à l'origine en arabe par Elham Barjas, a été publié pour la première fois sur le site de Social Media Exchange (SMEX). Nadine Saliba l'a traduit en anglais pour le même site.

Les habitants de la ville libanaise d'Arsal n'ont plus accès aux réseaux mobiles 3G et 4G depuis plus de deux ans. Cette mesure, prise pour des raisons de sécurité selon les fonctionnaires locaux, leur a imposé un fardeau financier important.

En août 2014, des combattants du front Al-Nosra (affilié à Al-Qaïda) et de l'organisation État islamique (EI) ont attaqué Arsal, enlevant 27 soldats libanais et un membre des forces de sécurité libanaises détenus en otage sur les collines d'Arsal.

Selon les militants de la société civile locale, l'accès aux réseaux 3G et 4G a été interrompu par les opérateurs de télécommunications mobiles Alfa après le raid, provoquant de sérieuses conséquences pour les 160 000 habitants de cette ville frontalière du nord-est, locaux et réfugiés syriens. Au cours des deux dernières années, Arsal a été physiquement isolé du reste du pays avec des points de contrôle et des mesures de sécurité accrues. L'absence d'Internet mobile a non seulement causé des difficultés aux habitants, mais aussi leur a limité l'accès aux services d'urgence et à l'information au moment où ils en avaient le plus besoin.

Khaled Rifai, président d'un conglomérat d'organisations de la société civile à Arsal, a enquêté « au nom de la collectivité » auprès des deux entreprises de télécommunications en 2016. On lui a dit que « la décision a été prise par l'Etat libanais et ne dépend, donc, pas [des entreprises de télécommunications] ». Il a ensuite contacté le ministre des télécommunications de l'époque, Boutros Harb, qui a confirmé que le blocage de ce service était une décision de sécurité prise par les dirigeants de l'armée visant les Syriens vivant à Arsal. M. Harb a également affirmé que la question ne dépendait pas de lui non plus.

D'autres personnes de la région ont également appelé Alfa pour protester contre l'interruption et demander une explication. Le militant Bassem Atrash a sollicité à plusieurs reprises aux représentants du service clientèle des deux entreprises en 2015 et 2016, qui ont déclaré qu'ils en ignoraient les raisons. Dans un entretien avec SMEX, M. Atrash a cité un de ces représentants disant: « Vraiment ? Internet est coupé à Arsal ? »

Il soupçonne qu'ils ont feint de ne pas le savoir, afin d'éviter d'expliquer pourquoi les réseaux restent inaccessibles. M. Atrash a également observé que les services 3G et 4G redevenaient accessibles automatiquement dès qu'il quittait Arsal pour aller dans les villages voisins.

Malgré le manque de notification du gouvernement et des télécommunications locales, il est concevable que les autorités cherchent à limiter les capacités des groupes extrémistes violents à communiquer les uns avec les autres. Cette tactique a été employée dans diverses parties du monde, souvent en réponse à des menaces sécuritaires accrues – telles que les attaques terroristes dans la péninsule du Sinaï [fr] et celle contre la Holey Artisan Bakery [fr] au Bangladesh l'été dernier – et au détriment de la population locale.

Les coupures délibérées d'Internet

Les interruptions d'Internet sont de plus en plus considérées comme une arme des gouvernements visant à étouffer l'accès à l'information et aux médias. L'organisation Access Now, un groupe international dédié à la défense des droits numériques dans le monde, définit une coupure délibérée d'Internet [fr] « toute perturbation intentionnelle – habituellement effectuée par un gouvernement – du réseau internet ou des applications mobiles, dans le but de contrôler les propos ou les actions de la population. Il s’agit en soi d’une perturbation volontaire de l’accès à l’information ». Selon une définition plus technique établie par des spécialistes, « une coupure délibérée d’internet est une perturbation intentionnelle d’internet ou des communications électroniques, les rendant inaccessibles ou inutilisables, à l’échelle d’une population ou d’un lieu spécifique, souvent dans le but d’exercer un contrôle sur le flux des informations. » Pendant sa campagne mondiale #KeepItOn contre les coupures d'Internet, SMEX a averti que « en période de troubles politiques, une interruption d'Internet pourrait entraîner une augmentation de la violence et des actes de répression tout en rendant impossible l'accès aux services essentiels et la connexion entre proches. »

En effet, Arsal a été témoin d'affrontements répétés entre l'armée libanaise et les groupes militants extrémistes depuis 2014. Cela a exposé les habitants non seulement à des actes de violence, mais aussi a laissé dans l'impossibilité de transmettre des nouvelles au monde extérieur. The Crisis Group, une organisation qui fournit des analyses sur les conflits, a signalé des allégations de violations des droits de l'homme par les agents de sécurité. De tels signalements deviennent plus difficiles à corroborer et vérifier lorsque les personnes les plus touchées n'ont pas la possibilité de communiquer facilement avec d'autres.

Les coupures peuvent également avoir des conséquences économiques négatives. Une enquête menée par l'organisation Bahrein Watch en 2016 a révélé les conséquences des perturbations de l'Internet dans le village de Duraz, au Bahreïn, qu'elle soupçonne être liées à des manifestations dans ce village de 20 000 habitants. L'enquête a révélé que les FSI avaient prélevé des frais supplémentaires d'environ 399 000 $ par mois auprès des abonnés à Internet à Duraz.

« Il s'agit bien sûr, d'une estimation prudente des dommages économiques », ajoute le rapport, car il ne tient pas compte des pertes supplémentaires découlant de l'interruption, telles que des étudiants qui ne peuvent pas faire leurs devoirs et des entreprises traiter les paiements par carte de crédit.”

Les connexions Internet qui fonctionnent sont coûteuses

Depuis le raid, les habitants d'Arsal qui veulent se connecter n'ont qu'une solution : s'abonner à IDM, le seul fournisseur de services Internet (FSI) autorisé par l'État dans la région. Cela signifie qu'ils ne peuvent pas accéder à Internet, sauf dans leurs maisons ou lieux de travail, et n'ont pas d'accès à ce service lorsqu'ils se déplacent dans la ville.

Cela signifie également qu'ils sont soumis à des coûts accrus. Comme Atrash note, en dépit de ne pas avoir un service cohérent,« “j'active toujours le service mensuellement parce que je visite ces villages deux ou trois fois par semaine et je l'utilise là-bas. » L'offre d'abonnement le moins cher d'IDM, offrant 2M-10GB, coûte 12 $ par mois en plus les frais d'installation. En revanche, les abonnements mobiles pour 24 ou 48 heures (donnant accès aux applications de messagerie instantanée) ne coûtent que 1 $, ce qui permet aux travailleurs salariés horaires de communiquer avec leurs proches en cas d'urgence. Dans le nord du Liban, où les taux de pauvreté sont parmi les plus élevés du pays, les services IDM sont tout simplement trop coûteux pour de nombreux habitants.

Contrairement à beaucoup de gens, Atrash peut se payer un abonnement mensuel. Il paie « 50 000 livres libanaises par mois (environ 33 $) pour un service Internet très faible avec des coupures pendant une heure ou plus, surtout pendant les orages », dit-il.

Les coupures d'Internet affectent également d'autres aspects de la vie des habitants d'Arsal et des militants. « Certaines personnes, en particulier les étudiants, doivent se rendre dans les villes voisines pour accéder à Internet », a expliqué Tarek al-Hujeir. Rifai, le Président du conglomérat, exaspéré a lui aussi partagé ses frustrations. « Parfois, je dois quitter le travail et aller chez moi juste pour envoyer un courrier électronique ». Mahmoud Fleiti, un habitant, a quant à lui observé que « les gens semblent s'être habitués à cette réalité ».

Est-ce conforme au droit libanais ?

L'État libanais prend ce genre de mesures malgré une résolution du Comité des droits de l'homme des Nations Unies, adoptée en juillet 2016, qui appelle à la promotion et à la protection des droits de l'homme en ligne. Dans cette résolution, le Conseil condamne « les mesures visant à prévenir ou à entraver intentionnellement l'accès ou la diffusion d'informations en ligne en violation du droit international des droits de l'homme et demande à tous les États de s'abstenir et de cesser de telles mesures ».

Le fait de priver les personnes d'accès à Internet simplement en raison de leur lieu de résidence est également une violation de la constitution libanaise, qui stipule l'égalité comme principe. Le préambule de la Constitution stipule que le Liban est « fondé sur le respect des libertés publiques, en particulier la liberté d'opinion et de croyance, ainsi que le respect de la justice sociale et l'égalité des droits et devoirs entre tous les citoyens sans discrimination ».

Malgré l'absence d'une disposition qui garantisse explicitement le droit d'accès à Internet, la Loi sur les télécommunications 431 (de 2002), qui réglemente les services de télécommunications, prévoit que le service Internet fait partie des services publics de télécommunications. Cette loi exige que les fournisseurs de ces services assurent leur accès à tous les citoyens et aux résidents dans toutes les régions. L'accès à Internet, en tant que service public, est consacré par la loi. Cela remet en cause la base juridique sur laquelle l'État libanais peut priver toute une ville d'un service public de base à l'ère numérique.

Sans base juridique pour la perturbation de la vie de 160 000 personnes et en l'absence d'une communication claire des autorités gouvernementales, les habitants restent vulnérables et isolés dans cette ville frontalière éloignée.

Note de l'éditeur : SMEX a contacté les deux sociétés de télécommunications du Liban et le bureau du ministre des Télécommunications Jamal al-Jarrah pour avoir leurs explications mais n'avait pas reçu de réponse au moment de la publication de ce billet.