PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Ils ont voté à votre place : les députés libanais prorogent leur mandat

mardi 11 novembre 2014 à 23:10
On the Streets in Lebanon, September 16, 2013, photo by Georgie Pauwels. CC 2.0.

Dans la rue au Liban, 16 septembre 2013, photo Georgie Pauwels. CC 2.0.

Le parlement libanais vient de voter la prolongation de son mandat. Encore. Cette fois, les politiques se sont octroyé deux ans et demi de plus dans leurs fauteuils. Les nouvelles élections législatives se trouvent ajournées pour la deuxième fois, ce qui double en pratique le mandat initial confié par les électeurs. Deux députés seulement se sont opposés à l'extension, trente-et-un ont ont purement et simplement boycotté la séance. Quatre vingt-quinze députés ont voté pour la proposition, que d'aucuns disent anticonstitutionnelle [Liens en anglais]. 

La décision du parlement pourrait avoir des conséquences graves, voire dangereuses, pour le Liban. Comme l’explique Human Rights Watch sur son site web, ajourner les élections contrevient clairement aux obligations internationales en matière de droits humains :

La proposition de loi d'extension, pour le deuxième ajournement depuis l'entrée en fonction de la législature en juin 2009, contreviendrait à l'article 25 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), que le Liban a ratifié en 1972. L'article 25 stipule que tout citoyen doit avoir le droit et la possibilité de voter et d'être élu dans des élections réellement périodiques.

“Il n'y a jamais de moment propice à des élections, en particulier au Liban, mais ce pays a tenu des élections dans des circonstances difficiles par le passé, en 2005 et 2009,” a dit Nadim Houry, directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Human Rights Watch. “L'échec de la classe politique à atteindre un accord sur une nouvelle loi électorale ou à désigner un nouveau président ne justifie pas la suspension du droit de vote des citoyens libanais.”

Angelina Eichhorst, chef de la délégation de l'Union Européenne au Liban, a tweeté :

On se demande ce qui aurait pu être fait différemment ces derniers temps pour éviter une extension du parlement, triste jour pour l'histoire constitutionnelle du Liban

“Nous n'avons plus que des souvenirs de ce qui était autrefois un droit civique : voter”, a écrit la journaliste Nadine Mazloum dans un billet de blog intitulé “8 choses à faire pour le  Parlement“. La liste s'interroge sur “les meilleurs usages du parlement, vu son incompétence totale”, pour suggérer entre autres des “ateliers d'art dramatique” pour les députés qui n'ont pas trouvé la force de démissionner, et la “paléontologie” pour étudier la scène politique libanaise “éteinte”.

La réaction de nombreux Libanais ordinaires au vote de leur parlement a été la colère et l'exaspération. A Beyrouth, des gens ont même coupé la rue menant au bâtiment du parlement, lancé des tomates sur les législateurs et brandi des pancartes clamant “Non à l'extension !”. Nombreux sont ceux qui ont conspué les députés, les traitant de “voleurs”.

Le fabricant de la vodka Stolichnaya a même saisi l'occasion de se promouvoir aux dépens des parlementaires auto-perpétués du Liban en écrivant sur Facebook que même “les gueules de bois ne durent pas si longtemps” :

"Hangovers don't last this long," jokes a local Lebanese vodka maker

“Les gueules de bois ne durent pas si longtemps”, blague pour les Libanais un fabricant de vodka

Peut-on faire des affaires avec les déchets fécaux ?

mardi 11 novembre 2014 à 18:49
Clean Team Ghana's toilet cartridges  awaiting delivery to customers in Kumasi, Ghana on 17 October 2013. Photo by Yani. Used with permission from Clean Team Ghana.

Les conteneurs des toilettes Clean Team Ghana en attente de livraison auprès de la clientèle à Koumassi, Ghana, le 17 octobre 2013. Photo de Nyani. Utilisée avec la permission de Clean Team Ghana.

[Billet d'origine publié le 19 avril 2014]

Cela ne veut sans doute pas dire grand chose pour Monsieur tout le monde, pourtant, pour les entrepreneurs sociaux, les déchets fécaux constituent un business inestimable. Les engrais chimiques sont remplacés par des boues fécales, moins chères et plus riches en minéraux pour une utilisation agricole.

Ayant compris le potentiel que représente le recyclage des déchets fécaux, Clean Team Ghana (@cleanteamghana), une entreprise d'assainissement basée au Ghana fournissant des installations sanitaires innovantes et abordables aux citadins, a organisé un tchat sur Twitter invitant les experts du traitement des boues fécales à partager leurs opinions sur “Comment transformer les déchets fécaux en opportunités”. Le tchat du 15 avril 2014 s'est déroulé via le hashtag #WasteOpportunities.

C'est le deuxième tchat Twitter organisé par l'entreprise. Le premier a traité des moyens d'éradiquer la défécation en plein air au Ghana avec la participation d'experts en assainissement, de représentants de l'administration, d'entreprises sociales et des internautes, le 24 janvier 2014.

Gavin Collins, conférencier au Ryan Institute en Irlande, a indiqué :   

J'aurais tendance à dire que les possibilités sont illimitées en ce qui concerne les produits et les services qu'on peut générer avec les déchets fécaux.

Doreen Anim, gestionnaire du recouvrement des recettes au sein de Clean Team Ghana, a fait remarquer :

ils peuvent être transformés en éthanol et en méthanol utilisables sous forme de carburant liquide

Andy Narracott a insisté sur l'utilisation du CO2 dégagé par les déchets :

Les pêcheries ont des problèmes à gérer les écosystèmes des plantes sous-marines dans les étangs. Le CO2 émanant des déchets pourrait contribuer à résoudre les problèmes

Quels sont les principaux obstacles à la transformation des déchets en opportunités de business ? Un utilisateur de Twitter @ahiabor a avancé une réponse :

La culture, le financement et les infrastructures ont toutes un rôle à jouer. Nous n'avons pas prévu de système de traitement des eaux usées, par exemple

Gavin Collins approuve également :

Il y a un ‘facteur beurk’ qui colle au débat sur la pertinence et la recevabilité des produits et des services provenant de déchets fécaux.

Naomi Kokuro a écrit :

La culture est le premier obstacle, une fois qu'il est brisé, le financement ne devrait pas poser problème

Francis Kumadoh a avancé :

La culture est un facteur important dans la gestion des déchets.

En réponse au tweet de Francis Kumadoh, Valérie Labi a écrit :

et l'odeur, les gars. Il y a beaucoup d'argent à faire au niveau de la chaîne de valeur, la manutation, le transport et le produit final.

Akua Akyaa Nkrumah, gestionnaire de l'innovation au sein de l'entreprise de gestion des déchets Jekora Ghana, a commenté :

nous avons des perceptions sur les déchets, un manque de soutien des pouvoirs publics, un manque de capital et un manque de marché pour les déchets

Super Yansh, une entreprise dans le domaine de l'assainissement fournissant des logements équipés de toilettes à domicile, a suggéré :

En créant des produits utiles à base de déchets fécaux, nous devons prendre en considération nos valeurs et croyances culturelles

Dan Smith, un consultant technique au sein de Clean Team Ghana, a défendu :

Si on transforme les déchets fécaux en combustibles industriels alors la culture ne sera plus un problème

Andy Narracott n'est pas d'accord sur le fait que la culture soit un défi majeur :

Non – L'argent est roi. Nous avons parlé aux producteurs de cacao qui étaient satisfaits des engrais à base de déchets tant que ceux-ci restaient moins chers !

Hans Doctor, ambassadeur des Pays-Bas au Ghana, en Côte d'Ivoire, au Libéria, en Sierra Leone et au Togo, a écrit :

la tarification doit être compétitive, sinon les gens n'achèteront pas.

Climate Watch Ghana a suggéré :  

La question des bénéfices ne devrait pas être centrée uniquement sur les gains financiers….pensez davantage aux bénéfices environnementaux.

Asantewa Monney a noté :

Nous oublions que les déchets ne se limitent pas à la récupération et au recyclage mais touchent également tout ce qui est réutilisation…souvenez-vous la bouteille de coca-cola

Mona Mij, un designer industriel, a tweeté :

opportunités dans les déchets dans les pays en développement : la réutilisation des excréments doit être sexy ! Comment ? Via l'implication des gens, des stratégies de marque à la mode + du marketing !

Les indemnités de transport, cause de l'enfer des navetteurs au Japon ?

mardi 11 novembre 2014 à 18:31
Rush hour in Shinjuku. Image by Chris73. CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

Heure de pointe à Shinjuku. Photo de Chris73. CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

[Article d'origine publié le 5 novembre]

L'image de passagers entassés poussés dans les trains surchargés est emblématique du Japon, en particulier de Tokyo. 

Un article récent paru dans le blog Yen for Living du Japan Times indique que le système d'indemnités de transport des employés japonais pourrait bien être responsable du tristement célèbre “enfer des navetteurs.”

Pour plusieurs raisons, beaucoup d'employeurs au Japon, situés dans l'axe prospère et densément peuplé de la façade pacifique qui s'étend de Tokyo à Osaka, financent le coût substantiel des billets de train et de bus pour les employés permanents à temps plein.

Le gigantesque réseau de transport de Tokyo a créé de denses ceintures de villes de banlieue qui abritent des millions d'employés de bureau devant se rendre dans le centre ville à la même heure tous les matins. Les 32,5 millions d'habitants de la région métropolitaine du Grand Tokyo dépendent des transports publics : presque 57 % de tous les trajets à Tokyo sont effectués en train et en bus, et pendant les heures de pointe, les lignes de métro peuvent atteindre jusqu'à 200 % de leur capacité.

Pour les travailleurs à temps plein, le coût du déplacement pendulaire au travail est tolérable. Selon un rapport de 2009 du Ministère japonais de la Santé, du Travail et des Affaires sociales, 86 % des entreprises japonaises fournissent à leurs employés une indemnité de transport.

Le rapport du ministère explique que la coutume de subventionner les frais de transport des employés a été adoptée par les employeurs pendant le boom économique de l'après-guerre. Dans la mesure où les banlieues s'étendaient toujours plus loin du centre de Tokyo, le nombre de navetteurs s'est agrandi et les tarifs de train sont devenus plus chers — trop chers pour que les employés puissent eux-mêmes en supporter le coût (contrairement à l'Amérique du Nord où les employés doivent financer le coût de leurs trajets via l'acquisition d'un véhicule).

Dans les années 1960, lorsque le Japon est entré dans son ère de croissance économique et de prospérité, payer les frais de transport était une manière pour les entreprises d'améliorer la rémunération des employés. Les indemnités de transport constituaient un moyen de distribuer les bénéfices économiques de manière équitable sans nécessairement augmenter les salaires de manière considérable.

En conséquence, aujourd'hui, beaucoup d'employeurs japonais couvrent les frais de transport pour les employés à temps plein, parmi lesquels beaucoup font des trajets journaliers de 2 heures ou plus. Les indemnités de transport sont devenues un dû. De nos jours, la plupart des demandeurs d'emploi veulent savoir si un employeur potentiel est en mesure de leur proposer une indemnité de transport.

Les employeurs ne sont pas légalement obligés de fournir une indemnité de transport pour les employés, cependant le faire a un effet considérable sur l'idée toute faite qu'un employeur est capable ou non d'attirer les talents.

Evening rush hour, Tsuruhashi Station, Osaka. Image by T. Hara. CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

Heure de pointe en soirée, station de Tsuruhashi, Osaka. Photo de T. Hara. CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

Selon l'article de Yen for Living, l'adoption après-guerre du système d'indemnité de transport (tsukin teate) a entraîné une intense urbanisation qui, en contrepartie, a généré “l'enfer des navetteurs” :

Par ailleurs, par inadvertance ou non, le système d'indemnité de transport a contribué directement à la concentration des entreprises dans les grandes villes, exacerbant ainsi le problème des longs trajets et des transports publics bondés [...] Toutefois, bien que les frais de transport ne soient pas légalement obligatoires, ils sont néanmoins règlementés. Les entreprises peuvent les enregistrer comme dépenses d'affaires jusqu'à hauteur de 100.000 [yens] par mois par employé (équivalent à 1.000 USD). Si les frais de transport d'un employé excèdent 100.000 [yens] par mois, le surplus est sujet à taxation en tant que revenu.

Selon un sondage du Ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales, pour 211 entreprises, près de la moitié des 77 entreprises sondées comprenant moins de 300 employés ont plafonné l'indemnité à 100.000 yens par mois.

30 % des entreprises dans cette cohorte plafonnent le montant à 50.000 yens par mois. Le rapport n'indique pas ce que le reste des 211 entreprises sondées paie en indemnités de transport pour leurs employés.

Il y a approximativement 4,2 millions de petites, moyennes et grandes entreprises immatriculées au Japon. Seuls 0,3 % d'entre elles — environ 120.0000 — sont considérées comme de très grandes sociétés.

Le rapport du ministère sur les indemnités de transport (en se basant sur les pratiques de 77 entreprises de 300 employés ou moins) omet un très grand nombre de données. Il est possible que les conditions aient changé depuis le temps du boom de la croissance économique.

L'article de Yen for Living s'interroge sur le nombre d'employés à travers le pays qui reçoivent actuellement 100.000 yens pour couvrir leurs frais de déplacement pendulaire. Ce sont plutôt les entreprises aux flux de trésorerie importants, massées le long de la principale artère industrielle et l'axe de transport qui s'étend entre Tokyo et Osaka, qui peuvent se permettre de financer les frais de transport.

Les entreprises rurales ne peuvent pas retenir les employés, ce qui entraîne une migration croissante vers Tokyo et les villes exiguës de la façade pacifique industrialisée. La densité flagrante de cette migration, occasionnée au cours des 50 dernières années, a entraîné le Japon vers le tristement célèbre “enfer des navetteurs.”

Des commentateurs non japonais se sont également interrogés sur le bien-fondé de fournir des indemnités de transport aux employés :

Si les employés devaient assumer eux-même leurs frais de transport, ce qui est le cas dans la plupart des pays développés, ils chercheraient un travail le plus proche possible de leur maison ou déménageraient à une distance offrant un trajet raisonnable vers leur lieu de travail.

Toutefois, sur la page Facebook du Times, un commentateur japonais a répondu à ces commentaires en disant :

Cette personne n'a vraisemblablement pas vécu au Japon. Pour la plupart des gens, l'indemnité est d'approximativement 100$-200$, ce qui n'est pas beaucoup quand on considère les dépenses coûteuses qu'occasionne le logement.

Un autre commentateur de Facebook s'est demandé :

Pourquoi les gens ne vivent-ils pas plus près de leur travail ? Parce que les villes japonaises sont déjà assez peuplées et que le loyer est insensé. Pourquoi vivre plus près du travail quand l'alternative consiste à payer un loyer plus élevé pour un espace plus petit ?

D'autres commentateurs ont exprimé leurs doutes sur le fait que l'indemnité de transport soit seule responsable des trajets surpeuplés, et que l'”enfer des navetteurs” n'est pas si unique que ça. Sur Facebook, Saku Takakusaki a écrit :

Je ne sais pas si cette indemnité de transport est la cause des problèmes dont parle l'article. Les grandes villes américaines et canadiennes sont peuplées en semaine et presque vides les week ends à cause des employés qui vivent en dehors des zones centrales.

Sur le site web du Times japonais, un des lecteurs “rolento” a commenté :

Je crois que le rédacteur de l'article n'a jamais été en Chine ou dans d'autres pays asiatiques. Des millions d'Asiatiques ne se font pas payer leur indemnité de transport et vivent POURTANT à moins d'une heure de leur bureau.

Carol Ruth Kimmel a comparé la situation aux transports à New York :

Les Américains n'ont pas d'indemnité de transport pourtant ils connaissent également “l'enfer des navetteurs” à New York. 

D'autres commentateurs ont souligné qu'une indemnité de transport est le seul moyen pour quelques employés de pouvoir travailler à Tokyo, à moins qu'il n'y ait un changement de mentalité sur la manière dont les gens travaillent. Shikibu Watanabe a indiqué :

L'indemnité de transport est nécessaire pour ceux qui vivent avec un salaire annuel moyen de 4M de yens et qui sont contraints de vivre en banlieue parce qu'ils n'ont pas les moyens de payer les loyers à Minato-Ku ou Marunouchi. Quelle est l'alternative? La voiture ? Super idée. Plus de routes embouteillées, plus de pollution. Je ne vois pas l'utilité de cet article. 

Kelvin Hui a écrit :

ça va à l'encontre de la culture du travail dans ce pays mais on devrait introduire ici le concept de “travail à la maison”. 

Danny de Meyer fait écho au commentaire de Hui :

Pourquoi les entreprises n'autorisent-elles pas le travail à distance ? Le télétravail ? Pourquoi toujours demander aux employés de s'adapter ?

Selon ces réponses, il semblerait que les indemnités de transport soient indispensables dans le monde du travail au Japon. Avec l'horizon des jeux olympiques de 2020 à Tokyo, de plus en plus de gens continueront de s'entasser à Tokyo. Une réflexion doit être menée pour soulager les usagers de “l'enfer des navetteurs.”

Le cri de douleur des manifestants de Mexico pour les disparus d'Ayotzinapa

mardi 11 novembre 2014 à 18:19
Parents of missing 43 student teachers from Ayotzinapa marched i Mexico City accompanied by thousands of students and citizens to demand their children's safe return and information about the case. November 5, 2014. Photo by LUIS RAMON BARRON TINAJERO. Copyright Demotix

Les parents des 43 étudiants disparus de l'école normale d'Ayotzinapa ont marché dans Mexico accompagnés par des milliers d'étudiants et citoyens. 5 novembre 2014. Photo de LUIS RAMON BARRON TINAJERO. Copyright Demotix.

[Article d'origine publié le 6 novembre 2014]
Des dizaines de milliers de personnes ont marché du palais présidentiel jusqu'à la place principale de Mexico pour demander le retour sain et sauf des 43 étudiants-instituteurs disparus et protester contre le rôle joué par le gouvernement régional dans leur disparition, ajouté à l'inefficacité du président à donner réponse à ce crime.

Les organisateurs ont déclaré qu'au sein de la ville, 120 000 personnes avaient participé à la Journée d'Action Générale pour Ayotzinapa organisée par plusieurs mouvements étudiants mexicains, alors que la police a compté 60 000 personnes. Les cris des manifestants pour obtenir justice ont atteint les quatre coins du Mexique, et du monde. Le site d'informations Revolucion 3.0 a décri la manifestation comme peut-être “la plus large marche de condamnation de l'histoire”, et il a partagé une galerie audiovisuelle avec des mises à jour minute par minute du mouvement. 

Les manifestations ont eu lieu le lendemain de l'arrestation de José Luis Abarca, l'ancien maire d'Iguala et de sa femme María de los Ángeles Pineda à Mexico par les forces fédérales aux premières heures le mardi 4 novembre 2014. Ils ont tous les deux été identifiés par les autorités et les médias comme les cerveaux présumés de l'attaque initiale contre les étudiants qui a fait six morts et a par la suite conduit à la disparition des 43 autres à Ayotzinapa.

Les utilisateurs des réseaux sociaux ont partagé des messages de soutien à la marche et des photos prises sur place :

Au cri de “Etat malhonnête qui tue des étudiants”

C'était l'Etat, c'était le gouvernement, c'était eux tous, stop à l'impunité au Mexique !

Je suis (NOUS SOMMES) la voix de ceux qu'on a fait taire sans raison, pour le simple fait qu'ils pensaient différemment.

 Ni erreur, ni cas isolé. Ayotzinapa est un crime d'Etat.

 Hashtag difficile, l'Action Générale pour Ayotzinapa ; rien de moins que ça : c'était l'Etat.

Le Zócalo rempli de voix s'indignant, “Nous ne sommes pas seulement l'université, nous sommes la société entière”

De nombreux utilisateurs de Twitter se sont adressés au Président mexicain Enrique Peña Nieto, certains critiquant son projet d'embarquer pour une tournée internationale à travers l'Asie et l'Océanie dans cette période critique :

 Quand le Président ne préside pas et se laisse intimider, il laisse le pays à la dérive 

“Peña Nieto part en tournée, la honte au visage, pour continuer de vendre le pays” dit l'orateur. “Justice, justice” répondent-ils.

Une foule d'autres ont fait écho à la revendication qui avait circulé en ligne et hors ligne d'une démission du Président :

Dernière minute. Le cri “Peña dehors” grossit à la marche de Zócalo.

Dernière minute : MEXICO, place Zócalo, ils reprennent en choeur “Peña dehors”

Sur Instragram et sur Twitter, les utilisateurs partagent des photos des manifestations. Le Centre iguel Agustín Pro Juárez pour les Droits de l'Homme a publié un instantané pris dans le centre ville de Mexico.

Le 5 novembre, ce n'était pas la première fois que la tragédie d'Ayotzinapa déclenchait des manifestations. L'utilisateur d'Instragram pariscervantes avait publié un collage de photos intitulé “Un message pour @EPN [Enrique Peña Nieto] depuis les Beaux Arts” deux semaines plus tôt. 

Pendant ce temps, des gens de tout le pays ont partagé des photos des dernières manifestations là où ils se trouvaient :

Action Générale pour Ayotzinapa à Queretaro.

Des images éloquentes de la manifestation étudiante à Merida demandant justice pour Ayotzinapa.

Les utilisateurs des réseaux sociaux ont aussi partagé leurs réflexions sur la politique mexicaine et les réalités sociales :

Savez-vous qui va défendre nos droits ? Personne. Tout le monde fait partie de la mascarade.

Mexicains, quand allez-vous réagir ? Quand les disparus appartiendront à votre famille ?

Certains ont rappelé les milliers de vies perdues dans la guerre contre la drogue et le crime en général qui sont à ajouter aux 43 étudiants disparus :

Les 43 étudiants nous manquent, et il y en a 22 000 de plus qui ont disparu au Mexique !

Certaines voix se sont élevées contre les marches :

Combien de marches ont été utiles ? Elles servent seulement de prétexte pour vandaliser la ville.

Des protestataires se sont excusés et en émettant l'espoir que cette affaire ne soit pas oubliée.

 Désolé pour le dérangement, Enrique Peña Nieto, nous faisons bouger le Mexique.

Le Mexique vibre autour du monde, que la flamme ne meure jamais.

J'espère que ceci ne se transformera pas seulement en une mode de plus, le pays ne peut plus pardonner ces choses

Les parents des 43 disparus déclaraient pendant la manifestation :

“Peu importe qui l'a, je lui donnerai ma terre pour que mon fils me soit rendu vivant.”

Le gouvernement annoncera les morts de nos enfants, ne nous laissez pas seuls.

A 19h au Mexique les hashtags #AccionGlobalPorAyotzinapa (Action Générale Pour Ayotzinapa), #SiRenunciaPeña (Si Peña Se Retire) et #Abarca (l'ancien maire d'Iguala et l'un des principaux suspects) étaient dans le top 10 des sujets les plus discutés sur Twitter. 

Voir notre dossier : ‘Ramenez les Etudiants mexicains disparus d'Ayotzinapa en vie’ (en anglais)

Forum mondial de la Démocratie 2014 : Place aux jeunes

lundi 10 novembre 2014 à 15:51
Séance d'ouverture, le 3 novembre 2014. Photo Suzanne Lehn

Séance d'ouverture, le 3 novembre 2014. Photo Suzanne Lehn

Les débats du troisième Forum mondial de la démocratie de Strasbourg se sont déroulés du 3 au 5 novembre 2014, dans le cadre du Conseil de l'Europe pour un auditoire sur inscription, sur le thème : De la participation à l'influence : la jeunesse peut-elle redynamiser la démocratie ?” tandis que, du 1er au 9 novembre, divers lieux de Strasbourg accueillaient pour le “Off” des événements et rencontres destinés au grand public sur des sujets beaucoup plus larges et variés. Impressions et images des séances du Forum, sous tous leurs formats.

Illumination

Mise en lumière du Palais de l'Europe par Ososphère. Photo Marie Bohner.

Remarque préalable : ne pas confondre Conseil de l'Europe et Union européenne

Le Conseil de l’Europe est une organisation distincte de l’Union européenne, même si les 28 États membres de celle-ci sont également membres du Conseil de l’Europe. C'est une organisation intergouvernementale qui se définit comme celle des États européens attachés à la démocratie libérale et au pluralisme politique. 

CoE 1er bâtiment

L'ancien bâtiment du Conseil de l'Europe. Photo Suzanne Lehn

Le Conseil de l'Europe :

 

L'Union européenne :

 La jeunesse, au coeur de ce Forum

Chapeau bleu

Les chapeaux bleus sont le signe de ralliement des jeunes participants. Photo Suzanne Lehn

La séance d'ouverture lundi 3 a été marquée par une leçon inaugurale du spécialiste de prospective économique et sociale Jeremy Rifkin, détaillant le monde qui naîtra de la “3ème révolution industrielle”, une économie digitalisée, circulaire, seul espoir pour réduire l'empreinte écologique d'une humanité qui pourra se connecter comme une seule famille. Dans un entretien donné juste avant son intervention et visible sur YouTube, le célèbre essayiste et conseiller de nombreux hommes et femmes d'Etat et institutions, a expliqué sa vision et dessiné comment les jeunes vivront cette nouvelle ère.

D'ici 2050, le capitalisme va donner naissance à un nouveau système économique, qui sera sa descendance : l'économie du partage sur creative commons. Cette transformation sera rendue possible par de grandes transformations technologiques – communications, énergie et transports, ce que l'on peut appeler le coût marginal zéro. 

Lab 7

En séance – Lab 7 : L'intelligence artificielle et la démocratie. Photo Suzanne Lehn

Grande journée du Forum, le mardi 4 a été consacré aux 21 “Laboratoires”, des tables rondes où ont été présentés les quelque 30 projets innovants retenus sur 150 proposés. L'influence potentielle des jeunes y a été scrutée sous quatre catégories : mentalités, prise de décision, politiques et institutions.  De l'inclusion sociale à l'art, de l'intelligence artificielle à la démocratie participative à l'école, des projets locaux aux sommets mondiaux, des mouvements sociaux aux parlements de jeunes,  impossible de tout citer ! Le site du Forum détaille programme et participants, et propose les vidéos intégrales des séances et labs. 

Non-conférence

“Unconference” : Démocratie libérale, “illibérale” ou 3e voie ? Photo Suzanne Lehn

Format innovant dans cette édition, en même temps que le “speed dating” avec les présentateurs des labs ou la présentation de “prototypes de démocratie”, se déroulaient cinq “non-conferences” ou conférences collaboratives, dont la préparation avait commencé en ligne dès début septembre, et qui ont permis une véritable prise de parole et participation spontanée des présents, engagés ou non dans les séances officielles précédentes. Celle qui se demandait “Y a-t-il une place pour une démocratie illibérale” a été le théâtre de débats riches en surprise, et ce sont les défenseurs d'une “troisième voie” qui se sont sans doute montrés les plus démocrates : Marsida Bandilli, s'appuyant sur l'expérience de l'Albanie, l'a synthétisée ainsi :

La démocratie est définie par les gens, dans chaque pays, c'est un processus, saisi à un certain moment dans le temps. (…) Les tenants de la troisième voie sont des réalistes, ils sont plus ouverts à des définitions alternatives, au lieu d'exclure les démocraties réelles. (…) 

Le Forum, de même que les événements du “Off”, a été tweeté en temps réel sous le mot-dièse #CoE_WFD, et le compte Twitter @WFDemocracy lui est consacré. La couverture médiatique a en revanche été plutôt discrète, si le journal “Le Monde”, partenaire, a organisé des rencontres dans le cadre du “Off”, c'est sur le site Mediapart qu'on trouve un vibrant appel aux jeunes à participer.

Dessinateurs

Un dessinateur était attaché à chaque Lab. Ici : “Qu'apportent les jeunes à la politique ? – Bah, ils sont presqu'aussi beaux que nous à leur âge”

Si les participants sont venus du monde entier pour débattre dans le respect mutuel, les tensions et guerres n'ont toutefois pas été ignorées, rappelées dans quelques interventions finales.

Le prochain Forum mondial de la Démocratie se déroulera du 18 au 20 novembre 2015, sur un thème qui n'est pas encore fixé. L'appel à candidatures pour les Laboratoires paraîtra, en principe, dans les premiers mois de 2015. Les propositions de “non-conférences” étaient ouvertes, cette année, jusqu'en septembre. La formule paraît désormais rodée, la machine à idées alimente la réflexion et l'action de l'institution Conseil de l'Europe. Pour la prochaine édition, on rêve d'une participation plus active, nécessairement collective, de membres de Global Voices. Nous vous tiendrons informés !