PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

PHOTOS : Le Nouvel An bengali avec ses célébrations de la démocratie et de la diversité inscrit au patrimoine culturel de l'humanité

lundi 19 décembre 2016 à 19:53
Mangal Shobhajatra, is a colorful rally which starts at the Graphics Arts Institute of Dhaka University in the morning of Pahela Baishakh, the Bengali new year. Image from Flickr by Aaapon. CC BY-NC 2.0

Mangal Shobhajatra est une marche festive et colorée partant de la faculté des Beaux-Arts de l'Université de Dacca, au premier matin du nouvel an bengali, le Pahela Baishakh. Image mise en ligne sur Flickr par Aaapon. CC BY-NC 2.0

Mangal Shobhajatra, un événement festif ouvert au public organisé par les étudiants et les enseignants de la faculté des Beaux-Arts de l’université de Dacca au Bangladesh pour célébrer le Pahela Baishakh (jour du Nouvel An bengali), a été inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l'UNESCO.

Chaque année, au matin du Pohela Baishakh, le premier jour du calendrier bengali (le 14 ou le 15 avril), des milliers de personnes, toutes origines confondues, se rassemblent pour un défilé partant de la faculté des Beaux-Arts située au carrefour très emprunté de la place Shahbag, à Dacca. Les participants revêtent des costumes traditionnels ainsi que des masques colorés et brandissent des panneaux peints représentant la vie rurale et le quotidien des Bangladais.

Selon l’UNESCO :

La Mangal Shobhajatra symbolise la fierté qu’éprouvent les Bangladais pour leur patrimoine vivant, ainsi que la force et le courage qu’ils déploient pour lutter contre les forces obscures et leur soif de vérité et de justice. Cet événement, qui réunit des individus de tout âge, sexe, caste, croyance et religion, promeut également la solidarité et la démocratie, une valeur partagée par tous. Les connaissances et les savoir-faire sont transmis par les étudiants et les enseignants au sein de la communauté.

Ces dernières années, participer au rassemblement de Mangal Shobhajatra, qui a été la cible de protestations et de menaces de la part des fondamentalistes religieux, est devenu une prise de position contre le communautarisme et le fanatisme religieux dans le pays, à majorité musulmane.

L'UNESCO a annoncé la bonne nouvelle le 30 novembre 2016, après une réunion à Addis Abeba, en Ethiopie.

Inscrit sur la Liste représentative du patrimoine immatériel.

Les Bangladais ont été enthousiasmés par cette reconnaissance. Misir Ali écrit sur Facebook :

এটা আমাদের বিজয়, বাঙ্গালী সংস্কৃতির বিজয়|সেই সাথে আমাদের দায়িত্ব আরও বেড়ে গেল বর্ষবরণের বর্নিল আয়োজন করার,কারন এটি এখন শুধু আমাদের প্রোগ্রাম থাকল না,সারা বিশ্বের মানুষের অনুষ্ঠান হয়ে গেল|

Ça n'est pas seulement la victoire d'un pays, mais aussi une victoire pour la culture bengalie. Et cela nous confère la responsabilité de nous assurer que les célébrations du Nouvel An restent toujours colorées et festives, car c'est désormais un événement mondial.

Notre cher Mongol Shobhajatra fait désormais partie du patrimoine culturel de l'UNESCO. #heureux #fier #tradition #Bangladesh

Peu après l'annonce, le ministre des Affaires étrangères bangladais Md. Shahriar Alam a expliqué sur Facebook que cette nomination était le fruit d'un long travail de leur part :

আমরা বেশ কিছুদিন যাবৎ এটা নিয়ে কাজ করছিলাম এবং আজকে সকালে দুই ঘণ্টাব্যপী বিতর্কের পর এটা নিশ্চিত করা গেছে । সবাইকে অভিনন্দন !!!

Cela fait un moment que nous travaillons là-dessus et aujourd'hui l'inscription a été validée après un débat de deux heures. Félicitations à tous.

People celebrating Pahela Baishakh at Mangal Shobhajatra (Rally), a procession organised by Dhaka University’s Faculty of Fine Arts to welcome the Bengali new year. Image by Sourav Lasker. Copyright Demotix (14/4/2015)

La foule célèbre Pahela Baishakh au défilé de Mangal Shobhajatra. Photo de Sourav Lasker. Copyright Demotix (14/4/2015)

« L'amusement et la joie peuvent repousser la peur infligée par la dictature »

Bien que la célébration du Nouvel An bengali date de plusieurs siècles, le Mangal Shobhajatra est un événement relativement récent. Le rassemblement a été initié en 1989 par des étudiants de l'Université de Dacca, oppressés par la dictature militaire qui sévissait à l'époque au Bangladesh. L'année suivante, cette même frustration a engendré des manifestations de grande ampleur à Dacca, qui ont finalement abouti à la chute de la dictature et l'avènement de la démocratie parlementaire au Bangladesh.

L'artiste Najib Tareq était l'un des organisateurs des premiers rassemblements du Mangal Shovajatra. Il se souvient avoir été l'un des plus jeunes volontaires :

১ লা বৈশাখে হবে শোভাযাত্রা এবং সেটা হবে আনন্দ শোভাযাত্রা। আনন্দই পারে স্বৈরাচারের জুজুর ভয় দূর করতে। স্বৈরাচার তো আনন্দকেই প্রথমে হত্যা করতে চায়, তো আনন্দই হোক স্বৈরাচার প্রতিরোধের প্রথম ও প্রধান হাতিয়ার।

Le rassemblement festif commençait au premier jour du Nouvel An bengali. Nous savions que l'amusement et la joie pouvaient repousser la peur infligée par la dictature. Tout dictateur veut supprimer la joie des cœurs et faire régner la peur. Nous avons donc fait du bonheur l'arme première et prévalente contre la dictature.

Rafiqun Nabi, artiste et enseignant à l'Institut des Arts graphiques de l'Université de Dacca, évoque dans une interview la résistance qu'avait rencontrée le rassemblement :

মঙ্গল শোভাযাত্রাকে একটি সার্বজনীন উৎসবে পরিণত করতে গিয়ে স্বৈরাচারীদের নানা রকম হুমকি শুনতে হয়েছে, মৌলবাদীদের রক্তচক্ষু দেখতে হয়েছে।

Nous avons rencontré d'immenses difficultés pour faire de Mangal Shovajatra une célébration publique. Nous avons reçu des intimidations du régime dictatorial et des menaces de la part des fondamentalistes religieux.

Durant 2000 ans, le Bangladesh a rassemblé une mosaïque de religions, de castes et de croyances. Aujourd'hui, la population bangladaise est à 90% musulmane. De nombreux conservateurs considèrent que les célébrations de Mangal Shovajatra ne sont pas islamiques et vont à l'encontre des valeurs religieuses.

Le leader islamique conservateur Maulana Ahmed Shafi a appelé à mettre un terme à cette fête :

মুসলমানদের বিশ্বাস মতে ভাল-মন্দ, মঙ্গল-অমঙ্গল সব কিছুই আল্লাহর হুকুমেই সংঘটিত হয়ে থাকে। মুসলমানকে কল্যাণ ও মঙ্গল কামনা করতে হবে একমাত্র আল্লাহর কাছেই। সুতরাং মুসলমানদের জন্যে মঙ্গল শোভাযাত্রার সংস্কৃতি চর্চা অবশ্যই পরিত্যাজ্য।

Selon les croyances musulmanes, le bien et le mal, le vertueux et l'infâme, tout arrive selon la volonté d'Allah. Les musulmans ne devraient prier qu'Allah pour espérer le bien. Ils devraient éviter la culture de Mangal Shovajatra.

Certains considèrent également que les festivités font partie des célébrations religieuses hindoues, et que les musulmans devraient donc les éviter.

Cependant, sur Facebook, Gazi Joyeeta Mahid s'oppose à la rhétorique des conservateurs religieux :

যতদিন বাংলাদেশ থাকবে, বাঙালি থাকবে- ততদিন এই নববর্ষের আয়োজন থাকবে। আনন্দ উৎসব থাকবে, বৈশাখী মেলা থাকবে, মঙ্গল শোভাযাত্রা থাকবে। এইটাই অসাম্প্রদায়িক চেতনার বাংলাদেশের প্রতিচ্ছবি।

Tant que le Bangladesh vivra, nous célébrerons le Nouvel An de cette façon. Il y aura de la joie et des festivités, des foires du Nouvel An et le Mangal Shivajatra. C'est ça l'image d'un Bangladesh laïc.

Une foule colorée célébrant le Nouvel An

Le journaliste de télévision Shimul Bashar a réalisé un documentaire sur le Mangal Shovajatra, partagé sur YouTube après l'inscription de la fête sur la liste du Patrimoine culturel de l'UNESCO :

Voici quelques photos des célébrations du Mangal Shovajatra partagées sur Instagram.

Les masques utilisés lors de la marche sont réalisés par les étudiants de la Faculté des Beaux-Arts de l'Université de Dacca.

#charukola #noboborsho #pohelaboishakh #dhakadairy #epicdhaka #dhakagram #dhakauniversity #artist #art #artwork #paint #painting #painter#caricature #craft #artistic #concept #conceptual #streetphotography #photooftheday #picoftheday #photographersofbangladesh #bangladeshi_photographer #fineart #fineartphotography #portrait #women #epic #2016

A photo posted by Intellectual Mimu (@mimu_das) on

<script src="//platform.instagram.com/en_US/embeds.js" async="" defer="defer">

Les masques, panneaux colorés et autres œuvres d'art sont tous peints à la main :

#bangladesh #new #year #festival #celebrations #pohelaboishakh #arte #artesania #ceramica #pintura #pincel #bengali #art #international #local #comerciojusto #agricultura #pueblo #costumbres #village #feni

A photo posted by Jewel Rana (@masum.rahman06) on

<script src="//platform.instagram.com/en_US/embeds.js" async="" defer="defer">

Le rassemblement envahit les rues de Dacca :

#pohelaboishakh1423 #celebration #festival #banglanewyear #culture #beautifulbangladesh #visitbangladesh #banglanewyear2016 #instagram #instaglobal #pother_shilpi #bangladesh

A photo posted by Sheikh Mehedi Morshed (@pother_shilpi) on

<script src="//platform.instagram.com/en_US/embeds.js" async="" defer="defer">

Mangal Shovajatra est aujourd'hui célébrée dans de nombreux pays par les communautés d'expatriés bangladais. C'est le cas en Australie :

Happy New Year to WA's Bengali community and congratulations to the Bangladesh Australia Association of WA (BAAWA) on a spectacular celebration! #bengalinewyear #pohelaboishakh #1423 #bengali #WA #Perth #perthlife

A photo posted by OMI (@multiculturalwa) on

<script src="//platform.instagram.com/en_US/embeds.js" async="" defer="defer">

Tout le monde a un rôle à jouer au cours des festivités :

পহেলা বৈশাখে।#festival #celebration #instabangla71 #instabangla #bangladeshi #bangladeshi #banglanewyear #pohelaboishakh

A photo posted by ALL ABOUT BANGLADESH. (@instabangla71) on

La résistance des Amérindiens de Standing Rock face à l’oléoduc a des échos mondiaux

lundi 19 décembre 2016 à 13:04
Illustration by Nicolas Lampert. Made freely available by artist collective Justseeds.

L'eau est la vie Illustration par Nicolas Lampert. Offerte pour distribution par le collectif d'artistes Justseeds.

La contestation sur la Réserve indienne de Standing Rock au Dakota du Nord, États-Unis, ont mobilisé des centaines de tribus amérindiennes et une vague de solidarité dans le monde. Les manifestations visent la construction du Dakota Access Pipeline, un projet de plusieurs milliards de dollars qui compte transporter près d’un demi-million de barils de pétrole par jour à travers le nord des États-Unis. L’oléoduc pourrait contaminer la rivière Missouri, une importante source d’eau pour la région. Il traverserait aussi un cimetière sioux important.

Bien que le gouvernement américain ait déclaré la semaine dernière qu’il n'autorisera pas la servitude — le droit de traverser ou d’utiliser la propriété d’une personne — sous le lac Oahe pour la construction du North Dakota Access Pipeline (NDAPL), la bataille n’est pas terminée. L’annonce a indiqué que des vérifications supplémentaires étaient nécessaires, et qu’une étude d'impacts environnementaux sera initiée. Les protestataires ont indiqué qu’ils comptent rester dans les camps qui entourent le côté nord de la réserve.

Les protestations de Standing Rock ont débuté en avril 2016, lorsque des membres de la tribu Sioux de Standing Rock ont installé un camp pour bloquer les travaux. Connus comme les «Protecteurs des Eaux» pour leur engagement à protéger la rivière Missouri de possibles contaminations par la construction de l’oléoduc, les activistes ont appliqué des tactiques pacifiques pour lutter contre la construction.

Cependant, durant les derniers mois leurs campements ont essuyé une riposte agressive des forces policières, avec l’usage de gaz lacrymogènes et de projectiles de caoutchouc contre les protestataires, sans oublier l'arrosage avec de l’eau sous des températures en dessous du point de congélation. Les forces policières ont aussi fait usage de techniques de surveillance variées dans le but d’identifier les individus qui participent aux protestations et ce qu’ils font précisément dans les camps.

Dans la vidéo ci-dessous, vous pouvez entendre des témoignages d’activistes indiens sur la ligne de front :

Solidarité à travers le monde

Sous les cris de guerre #NoDAPL et #WaterIsLife, des activistes ont suscité la solidarité ailleurs dans le monde. Celle-ci vient de groupes comme le mouvement Black Lives Matter et Code Pink aux États-Unis qui se dressent contre la violence et le racisme envers les Afro-Américains. Par ailleurs, cette solidarité provient aussi d’activistes du Moyen-Orient et des communautés autochtones de la Nouvelle-Zélande jusqu’à l’Amérique latine.

Un afflux d’appuis pour Standing Rock a grandi durant les derniers mois, avec des individus qui organisent des protestations de solidarité en Palestine au Maroc et dans des dizaines de villes dans le monde. Des observateurs des Nations Unies ont été affectés à Standing Rock pour surveiller les atteintes aux droits de la personne. Plusieurs autres, incluant des vétérans de l’armée américaine, ont visité les campements pour offrir leur support aux Protecteurs des Eaux.

En octobre, des sources locales ont indiqué que le département du shérif du comté de Morton suivait les protestataires qui signalaient leurs présences à Standing Rock sur Facebook. Ils voulaient ainsi suivre leurs déplacements. Cela a eu comme résultat des millions d’individus qui ont indiqué être à Standing Rock sur Facebook pour déjouer le stratagème de la police. Bien que le service de police ait nié avoir surveillé les individus qui ont identifié leurs positions sur Facebook, la réponse montre tout de même la vague de solidarité que les gens à travers le monde ont exprimée pour les protestataires.

Des activistes autochtones ailleurs dans le monde ont aussi montré leur appui pour Standing Rock. En octobre, des femmes mayas provenant du Guatemala se sont rendues à Standing Rock dans le but de bâtir de la solidarité au sein des autochtones qui se battent contre le racisme environnemental et en défense de leurs terres et territoires. La défense des terres et du peuple contre des menaces de destruction environnementales a une longue histoire au Guatemala, où la répression des mouvements autochtones et de leurs membres continue à ce jour.

Dans la vidéo du réseau de nouvelles d’Amérique latine Telesur ci-dessous, Juanita Lopez, du conseil Maya Mam s'adresse à la tribu Sioux de Standing Rock. Elle dit ceci :

Vous illuminez le chemin pour notre peuple. Et vous avez une responsabilité et un don énormes dans ce mouvement pour avoir uni autant de personnes. Restez forts. Soyez forts. Et vous avez des proches qui se lèvent avec vous partout dans le monde. Et même si ce n’est que pour un court moment, nous allons l’amener avec nous et il restera pour toujours dans nos mémoires et dans nos cœurs.

D’autres dirigeants importants de mouvements autochtones de l’Amérique latine ont visité Standing Rock, comme le Panaméen Cándido Mezúa Salazar, membre de l’Alliance Mésoaméricaine du Peuple et des Forêts.

Dans un entretien avec le quotidien espagnol El Pais, Salazar a évoqué l’importance de la solidarité autochtone, surtout en lien avec des enjeux de justice environnementale dans la région. « Des relations historiques existent entre les communautés autochtones du Nord, du Centre et du Sud, et nos peuples ont fait preuve de solidarité à plusieurs reprises », a dit Salazar.

Il a ajouté :

Nous avons combattu durant des années pour faire respecter nos liens avec nos terres et pour la reconnaissance de nos droits.

Ça, c'est épique : une chanteuse kirghize livre sa version d’un poème traditionnellement chanté par des hommes

dimanche 18 décembre 2016 à 19:00
Pop star Gulzada powers through a song based on the Kyrgyz epic poem about the life of mythical hero Manas.

La pop star Gulzada met toute sa puissance dans un chant basé sur le poème épique kirghize racontant la vie du héros mythique Manas. Capture d'écran de la vidéo produite et mise sur YouTube par le producteur Sumsarbek Mamyraliev.

L'artiste kirghize Gulzada Ryskulova a secoué la scène musicale locale avec une puissante interprétation d’un poème épique qui est l’un des fondements de la culture de ce pays d'Asie centrale.

Les conteurs de l'épopée de Manas, appelés manastchi, sont les gardiens d'une tradition orale dont les origines restent obscures. Ce sont aussi presque toujours des hommes.

Bannie sous l'Union soviétique, la tradition de cette captivante poésie orale qui raconte la vie d'un roi guerrier mythique a été considérablement stimulée pendant le mandat du premier président du Kirghizistan, Askar Akayev.

Avec la sortie d'une chanson basée sur l'épopée et chantée par une femme, le conte de Manas prend une nouvelle dimension pour délivrer un message urgent sur la nécessité de préserver la nature incroyable du pays et son patrimoine nomade.

Ryskulova  a écrit sur Facebook :

Friends,
The whole might of the Kyrgyz Nomadic Spirit, the intimate, magical fluids of our mountainous country. Authentic feelings can be experienced through the voice, the music and the song of “”Aikol Manas”. The epic of Manas stands as the most crucial cultural legacy of Kyrgyzstan. In the span of two years we have worked tirelessly to achieve a deep [and] quality immersion into the marvellous, centuries old Kyrgyz culture.

Mes amis,
Toute la puissance de l'esprit nomade kirghize, les forces intimes et magiques de notre contrée montagneuse. Des sentiments authentiques peuvent être vécus à travers la voix, la musique et le chant de « Aikol Manas ». L'épopée de Manas est l'héritage culturel le plus important du Kirghizistan. Pendant deux ans, nous avons travaillé sans relâche pour parvenir à une immersion profonde et de qualité dans la merveilleuse culture kirghize séculaire.

Ci-dessous, le clip avec Gulzada, produit par Sumsarbek Mamyraliyev:

La version de Gulzada est une célébration de la culture kirghize, mais c'est aussi un défi lancé au patriarcat qui actuellement imprègne l'épopée. C’est en partie parce qu'il existe de nombreuses versions de la légende de Manas (tant écrites qu'orales) qu’il y a également différentes interprétations quant à ce que le roi guerrier devrait représenter pour le peuple kirghize.

Alors qu’Akayev a utilisé le conte de Manas comme un moyen de rassembler les divers groupes ethniques du Kirghizistan, plus récemment l'épopée a été détournée par des nationalistes qui veulent mettre l’accent sur la place des Kirghizes de souche comme étant les « enfants de Manas ».

Les féministes et les libéraux se sont sentis d’ailleurs lésés quand une statue symbolisant la liberté sous la forme d'un ange féminin en vol a été remplacée par une statue de Manas peu après que le Kirghizistan eut enduré sa deuxième et sa plus sanglante révolution en 2010.

Il y a près de deux ans, Global Voices avait écrit un article à propos d'un bénéficiaire de Rising Voices*, l'école Devochki-Aktivisti du Kirghizistan (jeunes filles activistes).

Une des histoires publiées sur le blog géré et édité par Devochki-Aktivisti et composé de lettres qui leur sont envoyées concernait une jeune fille Manastchi.

Dans cette histoire, la jeune fille écrivait :

Je suis une fille Manastchi (conteuse de l'épopée de Manas) depuis que j'ai 3 ans. Quand j'étais enfant, tout le monde trouvait que c’était formidable. Ils considéraient tous les enfants comme des égaux. Mais j'ai grandi et j'ai constaté que le fait d'être une fille plus âgée est beaucoup plus difficile. A partir de l'âge de 9 ans, tout le monde a commencé à me dire que je devais me conformer aux stéréotypes. Et c’est ainsi que mon activité préférée, être conteuse, s'est arrêtée pendant un certain temps. Je m'étais déjà résignée au fait que j'étais une fille.

Ci-dessous, vous pouvez voir cette jeune fille en train de donner un récital dans le style Manastchi pour promouvoir l'égalité entre les sexes :

*Rising Voices est un projet pédagogique de Global Voices dédié à la formation aux blogs et médias personnels dans des lieux ou pays où il est difficile d'y avoir accès. Il s'intéresse aussi aux groupes locuteurs de langues autochtones ou en danger de disparition.

Des jeunes femmes syriennes remercient les soldats russes dans ce calendrier sexy sponsorisé par le Kremlin

dimanche 18 décembre 2016 à 16:47
“I was scared we'd never see each other again,” Miss March tells Russian soldiers. Source: FromSyriaWithLove.ru

“J'ai eu peur que nous ne nous revoyions jamais” dit Miss Mars aux militaires russes. Source : FromSyriaWithLove.ru (‘BonsBaisersDeRussie.ru’)

Près de 4.000 organisations sans but lucratif ont sollicité ce printemps une subvention du Kremlin, dans l'espoir de financements pour des actions de promotion du sport, des valeurs et de la science dans la jeunesse de Russie. Quelque 238 millions de roubles (3,6 millions d'euros) ont été distribués et partagés entre 70 projets différents. Un des neuf opérateurs subventionnés, l’Union russe de la jeunesse, a été expressément chargée de consacrer les fonds reçus à la “popularisation du patrimoine culturel russe”.

Cette semaine, huit mois plus tard, l'opinion a eu un avant-goût de la pop culture à la russe : un luxueux calendrier avec les photos de douze Syriennes jeunes et jolies posant à côté de phrases coquettes à la gloire de l'intervention armée de Moscou au Moyen-Orient. Chaque jeune femme porte un “kokochnik” (serre-tête traditionnel) “en signe de respect pour la Russie”.

Ce calendrier est une version moins érotique de celui que Vladimir Poutine a reçu six ans plus tôt pour son 58ème anniversaire, et qui affichait des étudiantes semi-dénudées du département de journalisme de l'Université d'Etat de Moscou, avec des messages brefs et suggestifs sur l'irrésistible virilité de Poutine.

Cette nouvelle création n'est pas aussi érotisée que le cadeau d'anniversaire de 2010, et est aussi moins personnellement ciblée. Cette fois, les photos de dames s'adressent aux “officiers de l'armée russe”, et une cargaison spéciale a été envoyée au troupes en Syrie samedi 17 décembre.

Mais pour que Poutine ne soit pas complètement oublié, le président se rappellera au bon souvenir des militaires russes en cours d'année, lors de son anniversaire. “Dis-moi qui est ton commandant en chef, et je te dirai qui tu es”, dit Miss Octobre, une jeune femme identifiée comme Yara Khasan.

fdg

Miss Octobe interpelle les hommes en armes russes. Source: FromSyriaWithLove.ru

Les autres mois apportent des messages similaires d'appréciation sexuelle se voulant une traduction de la gratitude de femmes rassurées, sauvées, et peut-être stimulées. “Tu as eu la fête, mais moi j'ai les cadeaux”, minaude Miss Février, mois où la Russie célèbre la Journée des Défenseurs de la patrie.

On ignore quand le calendrier a été réalisé, mais les traits d'esprit de certains mois sont déjà aigrement surannés. Miss Août, par exemple, prend une pause de prière et dit “Le sort de ma Palmyre est entre tes mains”, parlant de l'antique cité syrienne prise en mars par les forces gouvernementales avec le soutien aérien russe, puis soudainement reconquise par les combattants de l'auto-proclamé Etat Islamique la semaine dernière, le 11 décembre.

august-model

“Le sort de ma Palmyre est entre tes mains”, dit Miss Août. Source: FromSyriaWithLove.ru

Pour novembre, le calendrier commémore même l'arrivée de l'antique porte-avions russe, l’ “Amiral Kouznetsov,” sur les côtes de Syrie en renfort de la guerre aérienne. Mais depuis que le vaisseau est présent, deux avions se sont écrasés en essayant de s'y poser, à cause d'ennuis mécaniques sur le pont d'envol.

Le calendrier est l'oeuvre d'un collectif appelé “Citoyen”, séléctionné par l'Union Russe de la Jeunesse pour créer un projet qui identifierait de “jeunes artistes à orientation nationale” capables d'exprimer les “valeurs nationales et culturelles” de la Russie ainsi que les “victoires et réalisations de la Russie moderne”.

Nul doute que le calendrier est un monument à la victoire russe, et ses auteurs n'ont pas caché leur mépris de la réticence américaine à se joindre à la défense par Moscou du régime Assad. Dans un communiqué de presse du 15 décembre, les créateurs ont écrit :

«В последнее время западные СМИ часто ссылаются на аккаунты “сирийских девочек”, которые на безупречном английском пишут о том, как они ежедневно страдают от действий русских. Причём эти “девочки” даже не могут ответить по-арабски на предложения о помощи. Все большему числу людей становится понятно, что эти пронзительные истории пишут не восьмилетние девочки, а SMMщики ЦРУ, но для организаторов и участниц проекта важно, чтобы те, кто сражается с террористами, знали, что думают о них настоящие дочери Сирии».

Ces derniers temps, les médias occidentaux invoquent souvent les comptes [de médias sociaux] de “fillettes syriennes” qui écrivent dans un anglais irréprochable sur leurs souffrances quotidiennes à cause de ce que font les Russes. Au surplus ces “fillettes” ne peuvent même pas répondre en arabe aux offres d'aide. Un nombre croissant de gens commencent à se rendre compte que ces braillements ne sont pas écrits par des fillettes de huit ans, mais par des spécialistes de médias sociaux de la CIA. Mais les organisateurs et participants de ce projet, trouvent important que ceux [les Russes] qui se battent contre les terroristes [en Syrie] sachent ce que pensent d'eux les véritables filles de la Syrie.

La remarque sur les médias sociaux et les fillettes de huit ans est sans doute une pique à l'intention de Bana Alabed, la petite fille de sept ans dont la mère tweete depuis Alep-Est sous contrôle rebelle. Bana a atteint le firmament de la célébrité fin septembre, ce qui a déclenché la riposte rageuse des trolls d'internet pro-Assad et de ceux qui cherchent à contester son existence. Le 14 décembre, le site web d'investigation citoyenne Bellingcat a publié une recherche étayant fortement la réalité de la fillette et de sa vie à Alep-Est.

Le président de l'Union russe de la jeunesse est Pavel Krasnoroutski, un des prétendus “mandataires” de Poutine, autrement dit, autorisé à s'exprimer pour le compte de Poutine pendant la campagne présidentielle de 2012. Après avoir remporté la course, Poutine a gardé actif le programme mandataires, et Krasnoroutski continue à régulièrement apporter son expertise sur les questions d'enseignement.

Mise à jour : Le site web russe TJournal raeporte que quelques-unes au moins des jeunes femmes montrées sur le calendrier ont été humiliées de découvrir les phrases suggestives qu'on leur a attribuées. Yara Khasan, la Miss Octobre, aurait publié un message réservé à ses amis sur Facebook, assurant à ses connaissances en Syrie qu'elle et les autres femmes ignoraient tout des sous-titres osés du calendrier.

“Nous avons cru qu'il n'y aurait que nos photos”, a dit Khasan à TJournal. “Mais nous avons été choquées en voyant le calendrier en ligne avec ces phrases idiotes. […] J'ai expliqué à mon cercle d'amis sur Facebook ce qui s'est passé, parce que la réaction en Syrie a été horrible. Chacune est furieuse de ces phrases.”

Khasan dit qu'on leur a seulement dit, à elle et aux autres modèles, que le calendrier se voulait un remerciement aux soldats russes pour leur combat contre le terrorisme en Syrie. Elle a demandé aux réalisateurs du calendrier d'effacer les phrases osées. Trop tard : les exemplaires auraient déjà été expédiés aux troupes sur le champ de bataille.

Au Paraguay, acheter une université est facile, y arriver au bout d'un cursus est difficile

dimanche 18 décembre 2016 à 12:33

“Huit étudiants universitaires sur dix sont, au Paraguay, dans des universités qui augmentant leurs tarifs et suppriment souvent des formations sans avertissement.” Photographie publiée par Kurtural et utilisée avec autorisation.

Cet article est une version réduite du travail réalisé par Kurtural et est publié sur Global Voices avec autorisation de ses auteurs. Il fait partie d'une série intitulée Des vaches qui s'envolent, des écoles qui s'effondrent, republiée par Global Voices Amérique Latine. La version originale de cet article inclut des témoignages plus extensifs et un commentaire du contexte historique et politique de la crise actuelle du système éducatif de ce pays.

A vendre université privée de premier ordre, en activité“. Cette annonce a été publiée sur Clasipar, un site paraguayen réputé de vente en ligne. Lorsque j'ai sollicité un entretien, l'interlocuteur qui m'a répondu m'a confirmé que l'offre était réelle. Nous avons convenu d'une rencontre.

Le représentant du propiétaire de cette université est un homme d'un âge assez avancé, à la moustache blanche et  broussailleuse, aux lunettes rustiques accrochées à son cou. Il dépose sur la table une sacoche bourrée de documents. Il me raconte qu'il est retraité, mais qu'il a ouvert une officine spécialisée pour ce type de transaction commerciale. Au lieu de s'assoir là tout seul sur un trottoir en attendant la mort, comme la pluspart des représentants de sa génération, Don Miguel a choisi de continuer à vivre en vendant des choses. En l'occurence une université.

Miguel ouvre sa sacoche pleine de papiers : copie de l'acte de création de l'université, nombre d'élèves, formations proposées, équilibre financier etc. etc.  « ce sont des données qui datent d'un ou deux ans mais cela permet de se faire une idée” me dit-il.

L'Université que Miguel  essaie de vendre pour presque 2 millions de dollars fonctionne actuellement dans un lieu unique loué, et selon les éléments qu'il présente aurait 365 étudiants et proposerait 27 cursus habilités en 2013. Elle a pour nom Université Centrale du Paraguay, UCP. Cette institution loue un local, une maison belle mais pas bien grande sur l'avenue Brasilia proche de l'université américaine, une autre université privée.

L'UCP est l'une des plus de 50 universités privées ouvertes dans le pays. Une enquête du périodique ABC Color révèle qu'elle est au départ une affaire lancée par un groupe de fonctionnaires du barrage hydroélectrique national d'Itaipú. Les actionnaires de cette université, anciens fonctionnaires publics, avaient eux mêmes de petites entreprises ne représentant en capital que quelques millions de guaranis (une cordonnerie, une mercerie…..) . Ils eurent pourtant la possibilité d'ouvrir une université affichant un capital (théorique) d'environ180.000 dollars U.S.

L'UCP a été crée officiellement par une loi du Congrès en 2006. Elle a été inscrite sur les régistres publics en mars de l'année suivante. Huit ans après cette inscription avant même de commencer à fonctionner elle recevait déjà son premier lot de bourses offertes par la centrale hydroélectrique Itaipú. On était alors dans les années de l'explosion du marché des universités privées au Paraguay.

Des universités où ce sont les pauvres qui paient

Au Paraguay les plus pauvres ne vont habituellement pas dans les institutions publiques d'enseignement supérieur. Ils doivent payer pour étudier dans les universités privées. Avoir accès à une université publique est difficile pour de multiples raisons. Par exemple l'offre est territorialement limitée, les droits d'inscription sont élevés. De plus les horaires des cours en particulier pour les formations d'ingénieurs ou de médecins interdisent un travail parallèle aux études, obligation absolue pour tous ceux qui doivent subvenir à leurs besoins.

Évidemment ce phénomène n'est pas exclusif du Paraguay. Une étude de l'Unicef montre que dans beaucoup de pays l'assignation de 20 % des ressources publiques dans les pays les plus riches est 18 fois supérieure à celle qui est attribuée à cet effet par les 20 % des pays les plus pauvres du monde. Le business des universités privées repose sur le manque d'implication de l'Etat et la nécessité dans laquelle se trouvent des centaines de milliers de familles pauvres d'assurer une éducation à leurs enfants. Pendant ce temps les établissements publics dédiés à l'éducation ne font que renforcer l'inégalité et le pouvoir des classes privilégiées du pays.

En 2007 le Congrès ( parlement) a créé université (privée) tous les 40 jours. Un total de neuf pendant cette année. En 2013 il existait 54 universités. Le “négoce” des universités privés est encore en expansion, bien que ce ne soit plus par la création de nouvelles universités incitées par les pouvoirs publics, mais par l'accentuation d'une méthode qui remplit un rôle identique : la vente de franchises. Gerardo Gómez Morales, alors qu'il était vice-ministre de l'éducation supérieur, a fait la déclaration suivante concernant la façon de créer des universités :

Eran personas que tenían un instituto técnico o una pequeña academia de informática las que compraban los derechos para usar el nombre de las universidades. Es igual a abrir un local de McDonald's; como franquicias de empresas, se abrían filiales de universidades e institutos superiores.

Des personnes possédant déjà un institut technique ou une petite académie d'informatique achètent les droits pour pouvoir utiliser le nom d'Université. C'est comme ouvrir un McDonanld, des filiales d'université et des instituts supérieurs de formation s'ouvrent  avec des franchises commerciales.

En 2012, le vice-ministre de l'éducation supérieur fit part, lors d'une déclaration, du dommage collatéral causé par ce modèle d'université privé : seulement un jeune sur dix qui commence une formation universitaire la termine. En 2006, 115.000 jeunes s'engagèrent dans une carrière orientée vers le tertiaire. Quatre ans après un peu moins de 13.000 seulement en sortirent diplômés. En dépit du fait que presque aucun jeune ne termine ses études, de plus en plus de nouvelles universités se sont crées et de plus en plus de jeunes se sont lancés à la recherche d'un rêve professionnel

En 2012 ils étaient déjà plus de 300 000 étudiants inscrits. Parmi eux huit étudiants sur dix étaient dans des institutions privées. Actuellement le gouvernement admet qu'il manque d’ informations sur la quantité réelle d'étudiants universitaires dans le pays.

Il est certain que quelques étudiants abandonnent à mi-chemin et que cette désertion peut se produire dans n'importe quelle formation. Mais il arrive souvent que les étudiants restants et souhaitant aller jusqu'au bout de la formation ne puissent le faire parce que l'institution ou le type de formation choisi ferme celle-ci, abandonnant les élèves à leur sort.

Une éducation supérieure qui cache un piège

Vanessa Lezcano avait décidé de ne pas quitter le pays bien qu'ayant des opportunités et des raisons de le faire. Elle vit à Choré, une petite ville de la région de San Pedro, un des départements les plus pauvres du pays. Elle avait commencé une formation commerciale dans une université technique de commerce et développement (UTCD). Au bout de deux ans cette formation a été supprimée du fait d'un nombre insuffisant d'étudiants : l'institution exigeait 10 élèves au minimum et au cinquième semestre ils n'atteignaient plus ce nombre. On lui a expliqué que si un groupe plus important pouvait se former par la suite on lui permettrait de faire le semestre qui lui manquait. Bien des années ont passé depuis cette promesse. Finalement elle a réussi à terminer sa formation à l'Université polytechnique et artistique du Paraguay, (UPAP) Elle attend seulement aujourd'hui une date pour présenter sa thèse. Ici également les effectifs avaient tendance à diminuer mais l'administration leur avait proposé d'augmenter leur participation financière, ceci permettant de compléter les salaires des professeurs. Elle et deux autres collègues avaient accepté cette proposition.

Aujourd'hui, Vanessa travaille sur un projet du gouvernement à durée limitée et à l'occasion enseigne comme “assistante honorifique” dans une de ces universités. Mais plusieurs de ses camarades et amis ne vivent déjà plus à Choré.

Dans le cadre de l'université centrale du Paraguay, le propriétaire et recteur de l'université – qui avait assumé des charges officielles et maintiendrait encore des liens étroits avec le gouvernement et des organisations commerciales  –  assume ici des rôles multiples. C'est une sorte de manager de la communauté. C'est ce que raconte Gabriela Lezcano, qui  y a étudié les Arts graphiques.

Quand elle a commencé la formation ils étaient plus de dix étudiants. Actuellement il sont trois et l'année dernière on ne leur a même pas permis de passer leurs examens du quatrième semestre bien qu'ils l'aient payé. Le cinquième semestre n'a jamais commencé. Sommée de répondre, l'institution a offert à tous les trois la possibilité de passer le reste de la formation en modules séparés. Le premier a commencé en avril dernier après quasiment six mois d'incertitude. Mais pendant deux mois ils n'eurent qu'à peine deux cours, les professeurs leur disant qu'il y avait également d'autres formations suspendues.

Gabriela Lezcano, au fil de mois de désespérance passés sans réponse, qualifia sur Facebook, bien avant qu'on lui offre l'option des modules, l'Université centrale du Paraguay, avec une note de un sur une échelle de cinq et rédigea ce mot aussi bref que décapant:

No recomiendo a nadie. Las carreras terminan al pedo y se quieren lavar las manos. Ni a mi peor enemigo le recomiendo.

Je ne la recommande à personne. Les formations ne valent pas un pet et ils s'en lavent les mains ensuite. Je ne la recommanderais pas à mon pire ennemi”

A sa grande surprise, elle reçu alors une réponse sur le profil Facebook de l'université au milieu de la nuit. Entre autres choses, on lui disait: “Eh bien maintenant, vous n'avez plus aucune option”. Après avoir beaucoup insisté, Lezcano réussi à parler à l'ingénieur, propriétaire et doyen de cette “université” dans son bureau. Il lui rappela la manière avec laquelle elle  s'était exprimé sur le profil Facebook. Le recteur lui rappela également que cette ‘université” était à lui, et qu'il pouvait donc en faire ce qu'il voulait, mettre sur sa page Facebook ce qu'il avait envie de mettre, que les commentaires qu'elle y avait mis le dégoûtaient, qu'il considérait cette institution comme son bébé. C'est pour cela qu'il avait réagi et écrit à cette heure tardive sur la page Facebook, en navigant depuis son smartphone.

Gabriela s'est résignée, elle assume aujourd'hui le fait qu'elle a perdu des années d'étude, d'effort et son argent. Comme elle progressait bien jusque là, elle envisage de passer un diplôme l'année prochaine, mais elle devra évidemment repartir à zéro dans une autre université.