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Le ‘Grexit’ supplanté sur Twitter par le ‘Schaueblexit’

mardi 14 juillet 2015 à 11:03

“Et qu'arrivera-t-il si la Grèce accepte vos quatre points ?” “Rien. Je présenterai plus de points”.

Dans les dernières heures du dimanche 12 juillet, un nouveau hashtag Twitter a pris la place du tristement célèbre #Grexit, le mot forgé pour désigner la possibilité que la Grèce sorte de l'euro sous l'effet de l'asphyxie financière dans laquelle se débat le pays.

#Schaeublexit est devenu tendance sur les médias sociaux, exprimant la colère des internautes européens contre le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble et ses exigences vis-à-vis du gouvernement grec durant la réunion cruciale de l'Eurogroupe pour négocier un nouveau programme de sauvetage de la Grèce.

Au bout de 31 heures de discussions, les dirigeants de la zone Euro et le premier ministre grec Alexis Tsipras sont parvenus lundi tôt le matin à un accord, avec de nouveaux milliards de prêts à la Grèce aux caisses vides, en échange d'un redoublement de douloureuse austérité. Le parlement grec doit se prononcer sur ce plan au courant de cette semaine.

Pendant la négociation, alors que la Grèce présentait enfin une proposition qui, disait-elle, remplissait les exigences de l'Eurogroupe, M. Schäuble réclamait des mesures supplémentaires, poussait le gouvernement grec dans ses retranchements et dressait les obstacles à tout accord. Un document divulgué révélait que le ministre allemand des Finances avait suggéré un  “time-out grec“, un Grexit de cinq ans assorti d'une aide humanitaire, hypothèse dont plusieurs dirigeants de pays membres, dont les premiers ministres français et italien, ont refusé d'envisager même la possibilité d'une discussion.

La “solution” allemande d'un #Grexit de 5 ans, exigeant 50 milliards d’ “actifs de valeur” Un seul mot : assez !

Ce qui a conduit non seulement les Européens, mais aussi les chefs de gouvernement à l'accuser d'avoir toujours voulu un Grexit.

6 mois que les Grecs négocient pour se faire traiter de clowns irresponsables. ET IL S'AVÈRE que l'Allemagne voulait un Grexit depuis le début

Des internautes ont évoqué le spectre du passé guerrier de l'Europe.

Merci M. Schaeuble de nous rappeler ce que l'Allemagne est prête à faire POUR LA 3E FOIS #schaeublexit MAINTENANT !!

#SchaublEXIT L'Europe n'a pas oublié le passé

L'Allemagne a démarré une guerre économique odieuse. Nous n'avons pas peur de nous battre.

La Grèce a obtenu deux plans de sauvetage en 2010 et 2011, conditionnés à de sévères mesures d'austérité, mais l'économie du pays ne s'est jamais vraiment relevée. Le gouvernement de gauche du premier ministre Tsipras, arrivé au pouvoir par les élections de janvier [article Global Voices], a pris vigoureusement position contre l'austérité, conforté par le “non” massif du peuple grec au référendum sur les exigences de la “troïka” (les pays membres de l'Eurozone, l'Union Européenne et le Fonds Monétaire International).

L'Allemagne, qui est un des principaux créanciers de la Grèce et la première économie de la zone euro, exerce une emprise prépondérante sur le plan de sauvetage. Pour autant, les réactions des autres dirigeants européens à la suggestion allemande d'un Grexit temporaire n'ont pas été aimables.

M. Schäuble n'a rien arrangé la semaine dernière, avec sa petite blague sur Porto-Rico perclus de dettes :

I offered my friend Jack Lew these days that we could take Puerto Rico into the euro zone if the U.S. were willing to take Greece into the dollar union.

J'ai proposé ces jours-ci à mon ami Jack Lew [NdT, le secrétaire d'Etat américain au Trésor] de prendre Porto-Rico dans la zone euro si les USA acceptent la Grèce dans l'union dollar.

Cela n'a pas fait rire @sesikar :

Ce monsieur a cru convenable de blaguer sur un échange de la Grèce contre Porto-Rico. Formidable comme référence morale.

‘Et si on nommait Schaeuble empereur d'Europe ?’

L'humiliation ressentie par les Grecs commence à se propager sur le continent : les Européens se demandent ce qu'est vraiment l'Union Européenne, et si démocratie et dignité nationale ne sont que de vains mots.

Même si nous arrivons à un accord, le rêve (ou illusion) européen s'efface jour après jour chez les Grecs

Schaüble détruit l'UE. Oui, le ministre des finances d'un pays membre de l'UE détruit un projet vieux de 57 ans.

Même si la Grèce a sa part de responsabilité dans la situation actuelle, des Européens ont exprimé de la sympathie pour les tentatives de l'actuel gouvernement de faire au mieux tant pour son pays que pour l'Union.

Humilier le vaincu n'est ni noble ni fructueux. L'Allemagne devrait savoir ça mieux que quiconque.

Dans 20 ans nos enfants nous demanderont pourquoi nous avons laissé faire et n'avons pas chassé cette bande de technocrates corrompus.

Wolfgang Schäuble est loin d'être lui-même irréprochable. Les internautes ont déterré le scandale des caisses noires de la CDU en 1999 – 2000, dans lequel le ministre allemand a été éclaboussé.

Sommet de l'UE bien

#ThisIsACoup

Plus tard dans la même nuit, le hashtag #ThisIsACoup [Ceci est un coup d'Etat] est arrivé au deuxième rang des tendances mondiales, et au premier en Allemagne, Grèce, Irlande et Pays-Bas. Les utilisateurs de Twitter ont exprimé leur colère contre les propositions allemandes, dont certaines signifiaient une ingérence dans le système juridique de la Grèce et le transfert d'actifs publics grecs, pour un montant approximatif de 50 milliards d'euros, à un fonds indépendant domicilié au Luxembourg, dont les revenus de privatisation iraient directement au remboursement des prêts. Des images de M. Schäuble en nazi ou Hitler ont aussi circulé sur les réseaux sociaux.

Pas à vendre #CeciEstUnCoupD'Etat

Je me suis réveillé dans un horrible univers parallèle où l'Allemagne avait gagné la 2e guerre mondiale et où la démocratie a été détruite dans l'UE

En tant que citoyen allemand j'ai honte de voir ce qui se passe ici. Ce n'est pas ce que nous Européens avons construit

N'oubliez pas : quand vous résistez aux puissants, ils ne veulent pas seulement vous battre. Ils veulent vous humilier pour vous enlever l'envie de recommencer.

Ceci n'est pas la démocratie

Le hashtag a redoublé de popularité lorsque le lauréat du Nobel d'économie Paul Krugman a écrit sur son blog du New York :

[…]  ce catalogue d'exigences de l'Eurogroupe est une folie. Le hashtag tête de tendance ThisIsACoup est parfaitement exact. Cela va au-delà de la rigueur et devient une vengeance, une destruction complète de la souveraineté nationale, sans espoir d'apaisement. C'est vraisemblablement pensé comme une offre que la Grèce ne pourra accepter ; mais même ainsi, c'est une trahison grotesque de tout ce que le projet européen était supposé représenter.

Difficile de savoir ce que l'avenir réserve à la Grèce et au reste de l'Europe ; la seule certitude après les négociations du week-end est que désormais l'Europe ne sera plus jamais la même.

Le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy tourné en dérision sur Internet pour son ignorance de la dette de son pays

lundi 13 juillet 2015 à 15:05
Un momento de la entrevista a Mariano Rajoy el 6 de julio. Captura de pantalla de la web de Tele5

Un passage de l'entretien de Mariano Rajoy le 6 juillet. Capture d'écran du site web de Tele5.

Une législature caractérisée par le manque de communication entre le gouvernement et les citoyens est sur le point de s'achever en Espagne. L'habitude du président de remplacer les habituelles conférences de presse par des allocutions réalisées depuis un écran plasma et sans séance de questions/réponses ont valu à Mariano Rajoy d'innombrables critiques de la part de l'ensemble des secteurs de la société, en particulier dans la presse. Peut-être est-ce l'imminence des élections qui explique que le président du gouvernement espagnol ait accordé, contrairement à son habitude, un entretien télévisé lundi 6 juillet.

Cet entretien, qui s'est focalisé sur le référendum en Grèce et les négociations de ce pays avec l’Eurogroupe, n'a pas laissé le moindre doute quant à la faible capacité du président à improviser ses réponses. A la question «Croyez-vous que la Grèce paiera à un moment donné?», Rajoy a répondu:

[Grecia] debe mucho dinero, debe algo más del 90% de su PIB, es como si España debiéramos, pues 900 000 millones de euros, que es una cifra astronómica (…)

[La Grèce] doit beaucoup d'argent, elle doit un peu plus de 90% de son PIB, c'est comme si en Espagne nous devions, eh bien 900 milliards d'euros, ce qui est une somme astronomique (…)

On peut se demander d'où le président tire ces chiffres, étant donné que la dette grecque s'élève à plus de 175% de son produit intérieur brut (PIB). La comparaison «comme si en Espagne nous devions 900 milliards d'euros» n'est pas non plus très heureuse : s'il dit vrai lorsqu'il affirme qu'il s'agit d'une somme astronomique, le fait est que l'Espagne doit sensiblement plus, 1046 milliards d'euros, ce qui représente 98% de notre PIB.

Rajoy, qui en cette année électorale en est venu à affirmer que «la crise appartient déjà à l'histoire» en Espagne, semble être le seul capable de détecter cet hypothétique renversement de tendance de l'économie. La dette, qui se situait à 66% du PIB espagnol quand le Parti populaire est arrivé au pouvoir en 2011, a augmenté à un rythme effréné, ce à quoi le sauvetage des banques a indubitablement contribué. On estime déjà que, sur ces aides publiques aux banques, d'un montant supérieur à 100 milliards d'euros, 43 milliards d'euros sont définitivement perdus.

De plus, alors que les dirigeants des banques sauvées conservent tous leurs privilèges, sans que le gouvernement ne les oblige à appliquer des mesures restrictives, les augmentations d'impôts et les politiques d'austérité de Rajoy font qu'un nombre grandissant d'Espagnols sont menacés d'exclusion d'année en année, les inégalités et la précarité de l'emploi s'accentuent et mettent à mal les services publiques fondamentaux.

Les internautes ont préféré prendre avec humour la bourde du président, et de nombreux commentaires acerbes ont surgi sur Twitter:

Sur les sites d'informations, de nombreux internautes ont également laissé des commentaires, comme antuan, grima et Hanxxs sur l'agrégateur de flux Menéame:

De este tío se hablará en los libros de Historia. Pero no como él espera.

On parlera de ce type dans les livres d'histoire. Mais pas comme il le souhaite.

Veo a los meneantes muy perdidos, Rajoy se equivoca en un informativo en directo en Telecinco. Cuando el juez le cite para declarar sobre la financiación del Partido que dirige, alegará demencia senil y tendrá pruebas que aportar. Plan genial de Arriola una vez más.

Je vois que les utilisateurs de Menéame sont vraiment sadiques, Rajoy fait une erreur en direct dans le journal de Telecinco. Quand le juge le citera à comparaître dans l'affaire du financement du parti qu'il dirige, il prétendra être atteint de démence sénile et aura des preuves à fournir. Plan génial d'Arriola [N.d.T. conseiller principal de Rajoy] une fois de plus.

Pagaría por ver las tomas falsas de sus apariciones en plasma tv. Como algún día se filtren esas grabaciones el descojone puede ser total.

Je suis prêt à payer pour voir les scènes coupées de ses apparitions télé sur écran plasma. Ça sera l'hilarité générale si ces enregistrements filtrent un jour.

Paco Bello, fondateur du site Iniciativa Debate, a écrit un article qui reflète sa colère face à la désinformation du président:

Que el presidente del Gobierno de España concatene errores garrafales sobre un mismo asunto (…) ofrece una conclusión: Mariano Rajoy no sabe nada, es como una ameba (…)

En una sola frase comete tantos errores inexplicables sobre su principal tarea como gobernante, sobre aquello que debiera quitarle el sueño, que es para echarse a temblar (…)

A lo mejor es verdad que nos merecemos el país que sufrimos. Pero me gustaría que lo sufrieran especialmente sus votantes, y al resto que no nos hicieran pagar tan cara la decisión de tanto necio y tanto obtuso.

Le fait que le président du gouvernement espagnol enchaîne les erreurs monumentales sur un même sujet (…) invite à une conclusion: Mariano Rajoy ne sait rien, il est comme une amibe (…)

Il commet dans une seule phrase tant d'erreurs inexplicables sur sa fonction principale comme dirigeant, sur ce qui devrait l'empêcher de dormir, que c'est à frémir (…)

Peut-être est-ce vrai que nous méritons le pays que nous supportons. Mais j'aimerais que ce soient surtout ses électeurs qui le supportent, et qu'à nous les autres on ne fasse pas payer si cher la décision de tant d'idiots et de bornés.

Le site dédié à l'économie Bolsamanía a parlé avec l'équipe de Rajoy, qui a nié le fait qu'il y ait eu la moindre erreur dans le commentaire du président, et impute la polémique à un malentendu:

Mariano Rajoy en realidad se refería a lo que equivalen los dos rescates de las instituciones a Grecia. En este sentido, cuando el líder popular hablaba de una deuda del 90%, se refería a que ese es el porcentaje del PIB que se corresponde a lo que debe Grecia de los rescates.

Mariano Rajoy faisait en réalité référence à ce que représentent les deux plans de sauvetage des institutions [européennes] à la Grèce. C'est pourquoi quand le dirigeant du Parti populaire évoque une dette de 90% [du PIB], il veut dire qu'il s'agit du pourcentage du PIB qui correspond à ce que doit la Grèce pour les plans de sauvetage.

En fin de compte, avec toute la polémique, d'autres éléments importants qui ont émergé de l’entretien sont passés inaperçus, comme le fait que, bien que la législature actuelle se termine en novembre, le président n'ait pour l'instant pas même décidé en quel mois se tiendraient les prochaines élections, ou encore le fait qu'il affiche un mépris manifeste pour les consultations citoyennes quand il déclare:

(…) un gobernante tiene que resolver los problemas, no está para hacer referéndums.

(…) un dirigeant doit résoudre les problèmes, il n'est pas là pour faire des référendums.

Le phénomène “Fauda”, la série TV israélienne que tous les Palestiniens regardent

lundi 13 juillet 2015 à 14:58
A scene from the hit Israeli TV show "Fouda." Credit: Courtesy of Yes

Une scène de la série télévisée à succès “Fauda”. Crédit : Courtesy of Yes

Article et reportage audio de Dalia Mortada [tous les liens sont en anglais] pour The World, publié pour la première fois le 8 juillet 2015 sur PRI.org, et reproduit ici dans le cadre d'un accord d'échange de contenus. 

Le générique d'ouverture de Fauda suffit à faire frémir d'excitation : musique pleine d'énergie aux accents moyen-orientaux, plans montrant des hommes et des gros revolvers, femmes attirantes, sexe, et mort. Rien de surprenant à ce que les spectateurs soient accros.

Cette série israélienne, entre thriller et action, est source d'un grand engouement en Israël – et en Palestine. Fauda, qui signifie “chaos” en arabe, suit une unité de l'armée israélienne, qui opère sous couverture en Palestine pour arrêter un militant clé du Hamas. Cela sonne comme une série d'action classique mais pour cette région, c'est un vrai tremblement de terre : la série est principalement en arabe avec des sous-titres hébreux, et elle montre le conflit israélo-palestinien d'une manière qui pousse les gens des deux côtés à continuer à la regarder.

Mais personne ne pouvait prévoir à quel point la série allait devenir populaire — pas même l'un de ses créateurs, Avi Issacharoff. « Tous les médias, tous les chauffeurs de taxi, toutes les familles le vendredi soir sont assis et discutent Fauda, Fauda, Fauda », déclare, perplexe, Avi Issacharoff. « Je ne comprends pas ! Je veux dire, les gens ne voulaient pas entendre parler des Palestiniens, ils ne voulaient pas entendre parler du conflit, c'était le sujet le moins sexy du monde pour les Israéliens. »

Avi Issacharoff sait de quoi il parle. En tant que journaliste, il a couvert le conflit pendant 15 ans, et fait des reportages sur un nombre incalculable d'opérations telles que celles dépeintes dans la série, dont le scénario fictionnel est basé sur la réalité. Il parle couramment l'arabe, et a beaucoup de contacts à Gaza et en Cisjordanie, où se passe la majeure partie de Fauda. Il pensait que la série s'attirerait les critiques des gens de gauche pour être trop raciste et des gens de droite pour être trop indulgente avec les Palestiniens. Au lieu de quoi elle a été acclamée par la critique comme aucune autre avant : c'est l'une de séries les mieux notées d'Israël. Pour Avi Issacharoff, réaliser cette série, c'était réaliser un rêve.

« Je veux raconter l'histoire de ces gens, en particulier celle des Israéliens d'ailleurs, pour les Palestiniens et les Israéliens ; et l'histoire des Palestiniens pour les Israéliens et les Palestiniens », explique Avi Issacharoff. « Je veux montrer à l'audience israélienne que, pendant qu'elle rit et qu'elle s'amuse à Tel Aviv et dans les autres villes, il y a des gens qui payent le prix de cet amusement tous les jours. »

Ce prix, Mohammad Abumazen le connait bien. Ce Palestinien de 26 ans vit à Ramallah, en Cisjordanie. Pour lui, le conflit, les tensions et la violence ne sont jamais très loin.

Il n'avait jamais vu Fauda, mais quand je lui en ai parlé, il connaissait la série et était très curieux : nous avons décidé de la regarder ensemble.

Trépignant et gigotant d’excitation, Mohammad s'approchait du bord du canapé, puis se rallongeait sur le dossier, et se redressait à nouveau sur le bord pour être plus près de l'écran d'ordinateur. Nous avons enchainé quatre épisodes en une seule fois.

Juste après, je lui ai demandé : « Que penses tu d'une série comme ça, sachant qu'elle est réalisée par des Israéliens ? »

« Quoi, c'est israélien ? Ce n'est pas palestinien ? » Il était abasourdi.

Il m'a dit qu'il n'avait jamais rien vu de tel à la télévision israélienne, « car ils s'attachent à montrer au monde que nous sommes des terroristes, que nous sommes du genre à toujours avoir sur nous des revolvers et des armes », explique-t-il.

« Fauda, continue Mohammad, vous donne de l'empathie avec les Palestiniens : vous voyez des innocents se faire tuer, comme ce jeune marié qui est assassiné pendant sa nuit de noces à cause d'un piège raté pour attraper son frère, un terroriste suspecté. Au moment où la mariée désormais veuve hurle d'horreur, la scène est intense et déchirante. Par la suite, la veuve va faire exploser un bar israélien. Ces scènes, dit Mohammad, sont assez proches de la réalité. »

Le plus intéressant pour Mohammad, c'est qu'il a l'habitude de voir des Israéliens dépeints à la télévision comme des héros inconditionnels — mais ce n'est pas le cas dans Fauda. « Comme la femme qui trompe son mari », se rappelle-t-il – une représentation qui l'a vraiment surpris, étant donné que le personnage trompé était le personnage principal. « [Il y a aussi] un soldat qui ne se bat pas pour Israël mais parce que c'est son devoir ou quelque chose comme ça. C'est comme un travail pour eux. »

« C'est vraiment différent de ce à quoi je m'attendais. Vraiment, ça change ma manière de voir les Israéliens et leurs logiques » ajoute-t-il.

Il semble que l'audience israélienne de Fauda soit attirée pour les mêmes raisons : voir l'inattendu. N'importe qui vous le confirmera. Avi, un homme d'affaires israélien qui vit à Jaffa, a été accro dès le premier épisode : « Dans cette série, tout n'est pas noir ou blanc, et que ce n'est pas aussi simple que “les Israéliens ont raison” ou “les Palestiniens ont raison”, vous voyez le conflit des deux points de vue et vous réalisez que les deux côtés sont humains », dit-il avec enthousiasme. « C'était important et intéressant pour moi de voir ça. C'est une série objective. ».

Vanessa, qui travaille avec une ONG qui promeut la paix par l'éducation, s'assoit avec ses enfants chaque dimanche, se délectant des derniers développement. La série leur a ouvert le regard. « Je n'ai jamais compris l'intensité et le danger de ça… Et à quel point nous sommes tous pareil », dit-elle.

Avi Issacharoff n'est pas naïf : il sais bien qu'une série télévisée ne peut pas être la clé de la paix dans la région ou quoique ce soit de ce genre. Mais au moins, Israéliens et Palestiniens pourraient réaliser que les personnes qu'ils ont étiquetées comme “les ennemis” depuis si longtemps ne sont, finalement, pas si différents d'eux…

Sitôt après l'attentat à la voiture piégée devant le consulat italien du Caire, la police arrête… des journalistes

dimanche 12 juillet 2015 à 15:40
"Photos from explosion at the Italian center," tweets journalist @degner, who was among those arrested today for covering the bomb blast in downtown Cairo

“Photos de l'explosion au consulat iItalien”, tweete le journaliste David Degner, @degner, arrêté avec des confrères après un reportage sur l'attentat à la bombe dans le centre du Caire

Il y a eu un mort et plusieurs blessés dans l'explosion d'une voiture piégée ce samedi matin devant le consulat italien dans le centre du Caire.

Cet attentat à la bombe fait partie d'une série qui secoue l'Egypte depuis l'éviction de l'ex-président égyptien Mohammed Morsi en juillet 2013. Des centaines de personnes, essentiellement des policiers et des militaires en faction, ont été victimes de tels attentats, attribués de façon routinière aux militants islamistes. Le procureur général d'Egypte Hisham Barakat est mort des suites de ses blessures lorsqu'une voiture piégée a visé son convoi il y a deux semaines.

L'explosion d'aujourd'hui s'est produite de bonne heure, le week-end, durant le Ramadan, le mois musulman du jeûne, d'où le nombre restreint de victimes. La puissante explosion a été entendue à plusieurs kilomètres à travers la ville. Les journalistes étaient parmi les premiers arrivés sur les lieux de l'attentat, et selon des informations, au moins quatre d'entre eux, étrangers, ont été arrêtés, puis relâchés, pour avoir couvert l'attentat.

Un des premiers journalistes arrivés sur le lieu de l'attentat était Wael Mamdooh, qui a tweeté ce qu'il a vu à ses 14.100 abonnés :

Volutes de fumée sur place et sirènes hurlantes de la police et des ambulances dans le centre

Il partage également cette vidéo des suites de l'explosion :

La carcasse de la voiture qui a provoqué l'explosion rue Ramsès dans le centre du Caire

Journalistes harcelés et arrêtés :

Mamdooh relate l'échange qu'il a eu avec un policier, montrant comment il se faisait harceler dans l'exercice de son métier :

Je suis arrivé au Consulat Italien quelques minutes après l'explosion. J'ai été stoppé par un policier qui m'a demandé ce que je faisais. Je lui ai dit que je suis journaliste. Après un long regard soupçonneux il m'a posé une question astucieuse : “Pourquoi vous prenez des photos ?”

Des confrères ont eu moins de chance. Omar Elhadi raconte :

Les policiers ont tout laissé en plan et arrêté un étranger qui photographiait

Le photographe appréhendé était David Degner, qui travaille pour Getty Reportage. Dans une série de tweets, Degner partage des images de la scène de l'attentat, et décrit ce qui lui est arrivé :

Quelques autres photos du consulat italien pendant que les policiers me retiennent. 4 journalistes retenus à présent.

nous sommes actuellement retenus par la police. Je suis avec @EfaSheef @degner et @Walt_Curnow.

Pourquoi cibler les journalistes ?

L'arrestation de journalistes a surpris. L'hypothèse de Degner :

On nous retient parce que nous sommes arrivés trop vite sur les lieux. :S

Dalia Ezzat suppose :

D'abord choper les journalistes, s'occuper du chaos plus tard. Typique.

Her Randomness conclut :

Et ils s'imaginent qu'en arrêtant les journalistes nous croirons à leur version officielle ?


La version officielle

Le “complot” évoqué par la télévision d'Etat égyptienne a rencontré le mépris des internautes.

Sarah El Sirgany note :

Un homme dit à la télévision publique que les explosifs utilisés au Consulat italien sont les mêmes que dans les autres attentats, manufacturés en Israël et aux USA.

Le tweet d'El Sirgany a naturellement été accueilli avec scepticisme :

Pas n'importe quel homme. Un ancien adjoint au min. de l'Intérieur.

Pour plus d'informations sur l'attentat de samedi, voyez notre couverture en continu sur Global Voices Checkdesk. [en anglais]

Luanda, capitale de l'Angola, la ville la plus chère du monde pour les expatriés

vendredi 10 juillet 2015 à 21:19
Luanda, Angola. 4th December 2012 -- The slums surrounding the Quatro de Fevereiro airport in Luanda. -- You can't find a decent hotel room in Luanda for less than $400/night. A basic lunch in a decent restaurant (Just one course meal and a bottle of still water) will cost you about $75. The poor are finding harder and harder to manage to survive here.

Luanda, Favelas près de l'aéroport Quatro de Fevereiro. Photo: Ionut Sendroiu/Demotix

Luanda est  considérée une fois de plus comme la ville la plus chère selon le blog mozambicain “Macua Blog”:

Luanda est pour la troisième année consécutive la ville la plus chère du monde pour les expatriés, c'est le résultat d'une  enquête sur le coût de la vie réalisée par l'agence Mercer le 17 juin et diffusée à New York.

Cette étude analyse la situation de 207 villes sur cinq continents au regard de plus de 200 articles incluant le logement, le transport, l'alimentation, les vêtements, les meubles, les loisirs… Les villes les plus chères du monde sont : Luanda, hong Kong, Zurich, Singapour, Genève, Changhaï, Pékin, Séoul, Berne et N'Djaména.

A  Luanda, un appartement avec deux chambres offre un revenu mensuel moyen de  6800 dollars et s'il a trois chambres, de 15800 dollars, valeurs que l'on peut comparer avec les 6576 et 11 863 dollars de Hong Kong et les 3963 et 5892 dollars, de Zurich.

Cette ville est la capitale de l'Angola, un pays africain situé sur la côte sud-ouest du continent africain, membre de la communauté des pays de langue portuguaise (CPLP). Le portugais est la langue officielle, mais diverses langues locales y sont parlées.

Dans cette étude, on trouve également une référence au Portugal où la ville de Lisbonne occupe actuellement la 145° position, descendue de 51 positions dans le classement des villes les plus chères pour les expatriés par rapport à 2014.

La Voix de l'Amérique en portugais (VOA) a publié cette nouvelle sur Facebook. Plusieurs internautes ont essayés de mettre en relief les paradoxes qui sont les véritables problèmes de cette ville. André Kennedy s'exprime ainsi:

Et dans les dix villes les pluq chères, Luanda est la plus sale, la ville qui a le plus de rues défoncées, aucune zone pour les loisirs, etc, c'est triste pour les angolais.

Garcia Miguel Bondo raconte à son tour:

Oui, nous sommes vraiment particuliers car nous n'avons même pas le minimum basique à Luanda. Nous déplaçons les ordures jour et nuit et l'odeur est insupportable dans la basse ville car l'électricité et l'alimentation en eau y est intermittente, et partout, le jour ou la nuit on entend tourner les moteurs des groupes électrogènes, quelle tristesse !” Avec les grandes ressources naturelles et humaines que ce pays possède c'est une situation totalement injustifiée, un peu de sincérité, pas d'hypocrisie, l'Angola n'est même pas un pays du tiers monde mais bien du quart monde et plus, on y trouve de la misère du nord au sud, jusqu'aux étrangers qui s'en rendent compte, c'est le luxe dans la misère.

Où en sont les villes comme Milan, Paris, Londres, São Paulo, Pékin, New York, etc ?

Kavula Maka Capita Gaspar fait une parallèle entre richesse et pauvreté:

Luanda est la ville la plus chère du monde dont les habitants sont les plus pauvres du monde.

Le portail “Brasil-África” met également en évidence cette constatation sur Twitter:

Luanda est la ville la plus chère du monde pour les étrangers selon l'agence d'informations Mercer”: http://t.co/SJ5MM93gCV

— Portal BrazilAfrica (@_BrazilAfrica) 17 juin  2015

Luanda a été fondée le 25 janvier 1576 par l'explorateur portugais Paulo Dias de Novais, sous le nom de São Paulo da Assunção de Loanda (Saint Paul de l'Assomption de Loanda) . La ville compte environ 8,3 millions d’ habitants, ce qui en fait la troisième ville lusophone du monde après São Paulo et Rio de Janeiro au Brésil. Luanda est néanmoins, la capitale lusophone la plus dense et  concentrée du monde, suivie par Maputo, Brasilia et Lisbonne.