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Journée d'élections sans internet au Bénin

mardi 30 avril 2019 à 16:24

Les militants étaient consternés mais pas choqués par la coupure.

Interrupteur ON / OFF dans un ascenseur. Photo : Andrew Huff. [Creative Commons (CC BY-NC 2.0)/ Flickr, 20 janvier 2007]

En se réveillant le 28 avril, prêts à voter aux élections parlementaires béninoises, les votants n'ont pas pu recourir à WhatsApp ou Facebook pour communiquer mutuellement, ni pour rechercher des informations sur la localisation des bureaux de vote.

Ces importantes plateformes, et plusieurs autres, dont Twitter, Instagram, Telegram et Viber, se sont éteintes à l'aube. A 11 heures du matin, 99,5 pour cent des connexions internet étaient devenues inactives, plongeant ce pays d'Afrique de l'Ouest dans une coupure d'internet au niveau national qui s'est prolongée jusque tard dans la nuit.

Les mouvements de droits humains et les observateurs électoraux étaient consternés mais non choqués par la panne, qui paraît avoir été orchestrée par le gouvernement sortant.

Les nouvelles lois électorales soutenues par l'équipe en fonctions du Président Patrice Talon ont réorienté la politique au Bénin, marquée jusqu'à cette année par le multipartisme. Mais sous les nouvelles dispositions qui ont remonté le seuil de participation électorale des partis, seuls deux partis ont été en mesure de présenter des candidats à l'élection du nouveau parlement. Deux partis alignés de près sur le président.

Dans la période précédant l'élection, une série de manifestations publiques — qui ont défié une interdiction totale des rassemblements de rue — ont été dispersées par les forces de l'ordre qui ont recouru aux lacrymogènes et aux matraques pour briser la contestation. Amnesty International a rapporté que de nombreux leaders de l'opposition ont été arrêtés pendant les manifestations.

Les militants d'un internet ouvert : Media Foundation for West Africa, Internet Sans Frontieres, CIPESA, Access Now, Global Voices (Afrique sub-saharienne) et d'autres encore ont condamné la coupure dans une déclaration commune :

Le Comité des droits de l’homme des Nations Unies, interprète officiel du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, souligne dans l’Observation générale no. 34 que les restrictions à la liberté d’expression en ligne doivent être strictement nécessaires et proportionnées pour atteindre un objectif légitime. [7] Les coupures Internet ont un impact disproportionné sur tous les utilisateurs et limitent inutilement l’accès à l’information et aux communications des services d’urgence, à des moments cruciaux. Les coupures ne sont ni nécessaires, ni efficaces pour atteindre un objectif légitime, car elles sèment souvent la confusion et encouragent plus de gens à se joindre aux manifestations publiques.

Nous vous appelons respectueusement à

  • Veiller à ce que l’accès aux réseaux sociaux, soit rétabli
  • Re-confirmer publiquement votre engagement à maintenir l’Internet et à informer le public de toute perturbation
  • Encourager les fournisseurs de services de télécommunication et de l’Internet à respecter les droits de l’homme par le biais de la divulgation publique de politiques et de pratiques affectant les utilisateurs.

Parlant à Internet Sans Frontières,l'auteur et militante béninoise Mylène Flicka du média Irawo a relevé que :

Couper l'Internet le jour des élection ne fait que jeter plus de suspicion sur un processus électoral déjà entaché. Le Bénin a aujourd'hui une performance très médiocre en termes de démocratie.

Toutes les connexions internet ont été rétablies dans la matinée du 29 avril. Les opérations de vote étaient déjà terminées.

Un article de Global Voices aide les gagnants d'un concours de traduction à exprimer leur passion pour la langue tchèque

mardi 30 avril 2019 à 15:56

Le sujet de l'épreuve : un article GV sur le Mozambique

Jan Faber, co-organisateur du concours de traduction, ouvre la cérémonie de remise des prix. Sur l'écran derrière lui se trouve le texte de GV dans sa version yoruba. Image de Filip Noubel. Reproduction autorisée.

Lorsque l'auteur de Global Voices (GV) Dércio Tsandzana  a écrit à la fin de l'année 2018 un article sur le premier équipage aérien totalement féminin au Mozambique, il était loin de se douter que son article serait le texte fondateur d'un concours mondial de traduction organisé en République tchèque.

L'article de Dércio, écrit à l'origine en portugais, s'était déjà démarqué plus que d'habitude au sein de GV, ayant été traduit en 13 langues, notamment en arabe, polonais, yoruba, grec et chinois. Dércio se rappelle la genèse du post : « J'ai appris l'information sur cet équipage via un groupe de discussion sur WhatsApp, alors que j'assistais à une conférence sur Internet au Ghana. J'ai décidé d'écrire l'histoire sur place ce soir-là. C'est vraiment une énorme surprise que parmi toutes les histoires, celle-ci soit sélectionnée pour le concours de traduction en tchèque ! »

En février 2019, deux institutions basées à Prague, l’Institut pour les études linguistiques et préparatoires (ÚJOP) (une division de l’Université Charles de Prague), et le bureau tchèque de la Direction générale de la traduction chargée de la traduction des documents pour la Commission européenne (DGT) ont contacté GV pour demander l'autorisation d'utiliser un texte de GV pour la quatrième année du concours mondial de traduction en tchèque. Le concours offre aux étudiants étrangers qui apprennent le tchèque la possibilité de tester leurs compétences en traduction de leurs langues maternelles vers le tchèque. Cette année, cette liste comprenait des locuteurs de langues arabe, chinoise, française, italienne, polonaise, russe et slovène. 

Les finalistes ont été invités à assister à une conférence de deux jours et à la cérémonie de remise des prix à Prague les 11 et 12 avril. J'étais présent à la cérémonie en ma qualité de directeur éditorial de GV. J'ai alors remis les prix et les diplômes aux gagnants. J'ai également interviewé deux gagnantes sur leurs expériences de traduction d'un article de GV, et sur les raisons pour lesquelles elles avaient décidé de se consacrer à l’apprentissage d'une langue aussi difficile que le tchèque.

Vesna Dragar et Sofia Rogozhnikova, après avoir obtenu respectivement les 3ème et 1ère places. Image de Filip Noubel. Reproduction autorisée.

Sofia Rogozhnikova, qui a gagné le premier prix du concours, a expliqué que :

Tout à commencé avec ma mère, qui a étudié le tchèque quand elle avait 16 ans, dans le cadre de l'amitié soviéto-tchécoslovaque. J'ai suivi un cours d'été lorsque j'avais 15 ans. J'ai alors décidé de vivre et d'étudier à Prague. J'ai obtenu un diplôme de traduction à l'Université Charles de Prague, et j'ai ajouté l'italien comme troisième langue. J'ai également étudié en Italie et j'ai passé le test de traduction en italien. À présent, je traduis et j'enseigne aussi le tchèque comme une langue étrangère. Le texte n'était pas si difficile mais il contient quelques termes techniques, et nous n'avons eu droit qu'à des dictionnaires imprimés pendant le concours.

Vesna Dragar, qui arriva troisième, m'a raconté que :

J'ai choisi le tchèque comme langue « rare » à mon université de Ljubljana parce que j'étais fan de littérature tchèque : le brave soldat Švejk, mais aussi Kundera et Hrabal. L'année dernière j'ai participé au concours et notre texte était le conte du Petit Chaperon rouge. Je ne m'attendais donc pas à un article sur le Mozambique !

Selon Jan Faber, agent de terrain à la DGT à Prague, et lui-même un traducteur d'anglais et de polonais :

Cette année nous avions 29 participants de Slovénie, de Pologne, de France, de Russie, d'Italie et d'Égypte. L'université chinoise a finalement dû se retirer, car elle n'a pas été en mesure d'obtenir suffisamment de dictionnaires papier pour être utilisés pendant la compétition. Nous n'autorisons pas les ressources en ligne et nous sommes très stricts à ce sujet, car cela donne à tous les participants les mêmes chances. Sans compter qu'avec Internet, la tentation d'utiliser des aides « illégales » pourrait être tout simplement trop forte. Les étudiants étaient très enthousiastes à l'idée d'en savoir plus sur GV et l'un des participantes de Pologne fera une présentation sur GV pour ses collègues dans son université Nicolas-Copernic à Toruń. Les 10 finalistes, qui ont été invités à Prague, ont participé à un atelier de traduction, où ils ont essayé, en petits groupes, de traduire en tchèque l'extrait d'un célèbre conte de fées des frères Grimm.

Lorsqu'on lui a demandé si elle connaissait déjà GV, Rogozhnikova a admis que le concours était sa première rencontre avec GV, mais elle a ajouté :

Je vais certainement consulter GV parce que j'aime comparer les sources d'information pour éviter les informations fausses. Je peux consulter les actualités en plusieurs langues, et GV offre un large choix en un seul et même endroit. » 

État des lieux des objectifs des Émirats arabes unis sur les énergies renouvelables

mardi 30 avril 2019 à 10:55

Les ÉAU veulent atteindre 30% d'énergie renouvelable d'ici 2030

“Shams 1″, un miroir cylindro-parabolique concentrant la chaleur du soleil à Abou Dabi. Photographie de Masdar via Flickr.

Sauf mention contraire, les liens de cet article renvoient vers des pages en anglais.

En janvier 2019, l’Agence internationale pour les énergies renouvelables [fr] (IRENA) a publié une analyse des tendances du marché dans le secteur des énergies renouvelables au sein du Conseil de coopération des États arabes du Golfe [fr] (GCC). Selon ce rapport, les Émirats arabes unis (ÉAU) hébergent jusqu'à 79 % des capacités solaires photovoltaïques installées dans le GCC. Le pays a aussi “réussi à attirer quelques projets solaires photovoltaïques à bas coût sans offrir de subvention”.

Que font les ÉAU pour accroître leur production d'énergie issue de sources renouvelables, et comment atteignent-ils les objectifs qu'ils se sont fixés ?

L'énergie solaire

En 2016, les ÉAU ont produit environ 320 GWh d'électricité issue de l'énergie solaire et du biogaz :

<script type="text/javascript">!function(){"use strict";window.addEventListener("message",function(a){if(void 0!==a.data["datawrapper-height"])for(var t in a.data["datawrapper-height"]){var e=document.getElementById("datawrapper-chart-"+t);e&&(e.style.height=a.data["datawrapper-height"][t]+"px")}})}();Ci-dessous, ce graphique équivalent au premier montre la production d'électricité issue de l'énergie solaire d'Abou Dabi, en MWh (1 GWh = 1.000 MWh) :

<script type="text/javascript">!function(){"use strict";window.addEventListener("message",function(a){if(void 0!==a.data["datawrapper-height"])for(var t in a.data["datawrapper-height"]){var e=document.getElementById("datawrapper-chart-"+t);e&&(e.style.height=a.data["datawrapper-height"][t]+"px")}})}();Le premier parc solaire de Dubai a ouvert en 2013. L'Émirat n'a donc pas produit d'électricité issue de l'énergie solaire avant cette date :

<script type="text/javascript">!function(){"use strict";window.addEventListener("message",function(a){if(void 0!==a.data["datawrapper-height"])for(var t in a.data["datawrapper-height"]){var e=document.getElementById("datawrapper-chart-"+t);e&&(e.style.height=a.data["datawrapper-height"][t]+"px")}})}();

Les ÉAU possèdent des centrales photovoltaïques (PV) et thermodynamiques (CSP [fr]).

Dans le cadre de sa Stratégie pour une énergie propre, qui doit l'aider à générer 75 % de son énergie à partir de sources propres d'ici à 2050, Dubai va construire la plus grande centrale solaire thermodynamique au monde et devrait la mettre en route vers 2024.

Pendant ce temps, le troisième plus grand Émirat, Charjah, veut construire une “éco-cité” alimentée en énergie solaire à environ onze kilomètres de l'aéroport international de Charjah. Le gouvernement de l'Émirat d'Oumm al Qaïwaïn, lui, explore la construction d'un parc solaire de 200 MW près de la ville de Faladj Al Moualla.

Atteindre les objectifs de l'accord de Paris

En septembre 2015, les ÉAU ont signé et ratifié l'accord de Paris sur le climat, qui se veut un moyen d'atténuer et de limiter le changement climatique. Cependant, les objectifs fixés par les Émirats ont été jugés “grandement insuffisants” par certaines organisations. Ainsi, Climate Action Tracker affirme que l'engagement des ÉAU pour 2021 “n'est pas cohérent avec l'objectif de limiter le réchauffement à moins de 2°C, et encore moins à 1,5°C comme l'accord de Paris le requiert.”

Par ailleurs, les ÉAU subventionnent également le pétrole brut et le gaz naturel, bien qu'essence et diesel soient sujets à une T.V.A. de 5 %. Dans les Émirats, les prix des deux carburants sont bien en-dessous de la moyenne mondiale : en avril 2019, le prix moyen mondial du litre d'essence était de 1,02 euros, alors qu'aux ÉAU il n'était que de 0,51 euros.

Ces engagements sont clairement insuffisants pour réduire significativement et drastiquement l'usage des combustibles fossiles dans le pays.

D'autres options pour les énergies renouvelables dans les ÉAU

D'après l'IRENA, les ÉAU possédaient déjà 0.85 MW de capacité éolienne installée en 2017.

Les Émirats investissent également dans la bioénergie. Par exemple, l'entreprise d'énergie renouvelable Masdar a signé en 2017 un accord de développement avec l'entreprise de gestion environnementale Bee'ah afin de construire la première usine de valorisation énergétique des déchets. Cette usine sera située dans le Centre de retraitement des déchets de l'Émirat de Charjah.

Priscilla Joseph, de la start-up de valorisation énergétique des eaux usées BactoWatt, a expliqué à Global Voices que :

Apart from solar energy, there is also growing demand for bioenergy, especially for technology that converts waste to energy in the UAE. Right now it is only in its initial stages, but we hope to soon turn bioenergy technology into a commercially viable product.

Mise à part l'énergie solaire, il existe aussi aux ÉAU une demande croissante pour la bioénergie, en particulier pour les technologies qui convertissent les déchets en énergie. Pour le moment nous n'en sommes qu'au tout début, mais nous espérons pouvoir bientot faire de la technologie de la bioénergie un produit commercialement viable.

Les ÉAU veulent produire 30 % de leurs besoins énergétiques à partir de sources propres d'ici à 2030. En 2017, ce niveau était à 0,54 %, et incluait à la fois les énergies renouvelable et nucléaire.

L'IRENA a fixé un objectif mondial de 65 % d'énergie issue de sources renouvelables d'ici à 2050. Mais l'organisation a aussi prédit qu'au rythme actuel, seul un niveau de 25 % sera atteint.

Inquiète, Mme Joseph a ajouté : “Nous devons vraiment trouver un moyen de combler cet écart de 40 points.”

Netizen Report : Trois blogueurs arrêtés et 37 prisonniers, dont des opposants, exécutés en Arabie saoudite

lundi 29 avril 2019 à 18:08

Point sur les droits humains à l’heure des nouvelles technologies

Image libre de droits.

Le Netizen Report d’Advox offre un aperçu des défis à relever, des victoires obtenues et des tendances émergentes en matière de technologie et de droits de l’homme dans le monde. Cette édition couvre des informations et événements qui concernent la période du 20 au 26 avril 2019.

En Arabie saoudite, 37 prisonniers ont été exécutés par décapitation [tous les liens sont en anglais ou en français] le mardi 23 avril. La plupart d’entre eux appartenaient à la minorité chiite. Tous étaient des hommes.

D'après les ONG Human Rights Watch et Amnesty International, 14 des condamnés avaient été arrêtés après avoir participé à des manifestations anti-gouvernementales, organisées en 2011 et 2012. Selon les deux sources, ces hommes ont été forcés d’avouer des « crimes liés aux manifestations » après avoir été torturés et ont tenté de se rétracter par la suite durant leur procès, arguant du fait que ces aveux avaient été obtenus sous la contrainte. Ils ont malgré tout été condamnés à mort.

Pour Lynn Maalouf, directrice des recherches sur le Moyen-Orient à Amnesty International, cette exécution collective « indique de manière choquante que la peine de mort sert d’outil politique pour écraser la dissidence au sein de la minorité chiite du pays ».

Début avril, trois blogueurs saoudiens ont été arrêtés dans le cadre de la répression continue menée à l'encontre des journalistes et activistes, et qui avait fait la une des journaux, à l’automne dernier, après l'assassinat du journaliste du Washington Post Jamal Khashoggi, le 2 octobre 2018, à l'ambassade d'Arabie saoudite à Istanbul.

Les autorités n’ont pas justifié publiquement les arrestations de Naif al-Hindas, Ali al-Saffar et Redha al-Boori, qui n’avaient rien publié depuis un moment. En 2015, Al-Saffar et al-Boori avaient écrit sur les questions de sécurité régionale et, jusqu’à mi-2018, Al-Hindas abordait des sujets philosophiques, féministes et, plus largement, d’ordre culturel et politique.

Au 1er décembre 2018, on dénombrait au moins 16 journalistes emprisonnés en Arabie saoudite. L’ensemble de ces affaires judiciaires et les récentes exécutions témoignent des mesures extrêmes que le gouvernement saoudien est prêt à prendre pour empêcher les critiques et entraver le travail légitime des médias dans le royaume.

Blocage des réseaux sociaux après les attaques meurtrières au Sri Lanka

Quelques heures après les attentats qui ont fait plus de 250 morts et des centaines de blessés dans des églises et des hôtels au Sri Lanka le dimanche de Pâques, les autorités ont décidé de bloquer plusieurs services Internet et réseaux sociaux d’envergure, dont Facebook, Instagram, WhatsApp, YouTube, Viber, Snapchat et Facebook Messenger. Cela a suscité des réactions mitigées, beaucoup exprimant leur frustration tant vis-à-vis du gouvernement et que des plateformes de médias sociaux, ces dernières ayant été incapables de contrôler la propagation en ligne de discours violents et de désinformation alors que l’heure était à l’urgence publique.

Un défenseur des droits humains ougandais arrêté en Tanzanie avant d’être renvoyé chez lui

Chef de file de la défense des droits numériques en Ouganda, Wairagala Wakabi a été arrêté, le 25 avril, à son arrivée à l'aéroport international Julius Nyerere de Dar es Salaam, en Tanzanie, où il venait participer à l’animation d’un atelier sur les droits de l'homme et la technologie. Wairagala Wakabi est le directeur exécutif du Centre CIPESA (pour Collaboration on International ICT Policy for East and Southern Africa), basé à Kampala en Ouganda, l’un des principaux acteurs en termes de droits numériques en Afrique.

Wakabi a été renvoyé en Ouganda après plusieurs heures d'interrogatoire, au cours desquelles il s’est vu refuser d’avoir recours à un avocat. Les avocats de la Coalition des défenseurs des droits de l'homme de Tanzanie ont tenté d’intervenir en sa faveur, mais il leur a simplement été dit que Wakabi était en passe d'être expulsé pour des raisons d’« intérêt national ».

Dans une déclaration relayée par le CIPESA, ils ont appelé les membres de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) « à condamner cette tendance à importuner les citoyens de la CAE lorsqu’ils se déplacent dans la sous-région ».

Un journaliste français arrêté alors qu’il couvrait une manifestation des gilets jaunes

Le journaliste indépendant Gaspard Glanz a été arrêté par la police, le samedi 20 avril, alors qu’il couvrait la manifestation parisienne des gilets jaunes. Gaspard Glanz est le fondateur de l’agence de presse en ligne Taranis News, spécialisée dans la couverture des mouvements sociaux et des manifestations. Libéré après avoir passé 48 heures en garde à vue, il devra répondre d’« outrage à personne dépositaire de l’autorité publique » pour avoir fait un doigt d’honneur à un officier de police. Il lui est interdit de couvrir toute manifestation d’ici à son procès qui doit se tenir le 18 octobre prochain. [Mise à jour du 30/4/2019 17h15 : cette interdiction vient d'être levée par un tribunal, pour défaut de motivation, NdT]

Client de l’appli Careem ? Méfiez-vous, votre chauffeur pourrait vous rappeler plus tard

L’appli de VTC Careem, implantée aux Emirats Arabes Unis et récemment acquise par Uber, partage les noms et numéros de téléphone de ses clients avec les chauffeurs. Le groupe de défense des droits numériques SMEX, basé à Beyrouth, au Liban, a signalé que cela avait poussé des chauffeurs à tenter de contacter des passagers, via Facebook ou autre, et que la sécurité comme le respect de la vie privée de ces derniers étaient menacés. Abed Kataya écrit ainsi sur le blog de SMEX :

Careem….appears oblivious to the implications and risks of sharing users’ personal data, even going as far as to deny that a phone number constitutes personally identifiable information.

Careem… ne semble pas avoir conscience des conséquences et risques qu’induit le partage des données personnelles des utilisateurs, et va même jusqu'à nier qu'un numéro de téléphone constitue une information personnelle identifiable.

Au Pakistan, des trafiquants de cartes SIM profitent du système d’identification biométrique

Les autorités policières pakistanaises ont arrêté sept individus soupçonnés d’avoir mis au point un système permettant de subtiliser des données d’identité – dont des empreintes digitales – auprès de diverses personnes peu méfiantes, afin de se procurer des cartes SIM revendues ensuite à des criminels.

Au Pakistan, il est obligatoire depuis 2008 de fournir des informations d'identité biométriques (en général, il s’agit des empreintes digitales) pour pouvoir acheter des cartes SIM. Une décision qui, selon les autorités, a entraîné une baisse des cas d’extorsion, d’enlèvement et de fraude due à la fin de l’anonymat des cartes SIM.

Mesures anti-terroristes : l’Union Européenne lâche du lest, mais les problèmes sont loin d’être réglés

Le 16 avril 2019, le Parlement européen a approuvé une directive exigeant des plateformes Internet qu'elles suppriment les publications en ligne considérées comme abritant du « contenu terroriste » dans l’heure qui suit la réception d’un ordre en ce sens donné par les autorités compétentes. Les législateurs ont voté en faveur de la suppression d’une disposition de la directive qui devait imposer aux plateformes d'utiliser des filtres automatisés de « censure préalable » et de contrôler les informations qu'elles transmettent et stockent afin de détecter et de supprimer les contenus terroristes. Si les organisations de défense des droits de l'homme se sont félicitées de la suppression de cette disposition, elles restent préoccupées par le délai d'une heure.

Dans un communiqué commun, European Digital Rights (EDRi) et Access Now ont « salué » cette amélioration, mais ont ensuite souligné qu’ils continuaient de douter que les objectifs de la proposition puissent être atteints. Ils déclarent :

Across Europe, the inflation of counter-terror policies has had disproportionate impact on journalists, artists, human rights defenders, and innocent groups at risk of racism.

A travers toute l’Europe, le développement croissant des politiques antiterroristes a eu un impact négatif disproportionné sur les journalistes, les artistes, les défenseurs des droits de l'homme et des groupes d’innocents menacés de racisme.

L’accès à Internet fermé depuis un an au Tchad

Cela fait un an, en ce mois d’avril 2019, que les habitants du Tchad, pays d'Afrique centrale, n’ont plus accès à Internet. Les fournisseurs de services prétendent que cela est dû à des problèmes techniques, mais des organisations telles qu’Internet sans frontières affirment que le gouvernement a ordonné aux opérateurs de téléphonie mobile de couper l'accès à Internet, probablement en raison du mécontentement de la population vis-à-vis du règne du président tchadien Idriss Deby, au pouvoir depuis 1990. En 2018, Deby a fait modifier la constitution du Tchad afin qu'il puisse rester au pouvoir jusqu'en 2033.

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Afef Abrougui, Ellery Roberts Biddle, Nwachukwu Egbunike, L. Finch, Talal Raza et Taisa Sganzerla ont contribué à cette édition du Netizen Report.

Patrimoine culturel et chiens errants victimes du retour à Bakou de la Formule 1

dimanche 28 avril 2019 à 23:22

La course à l'image de marque a un coût

‘Une invitation qui ne se refuse pas’ Capture d'écran de la publicité officielle du Grand Prix 2019 SOCAR [la compagnie pétrolière nationale] Azerbaïdjan de Formule 1

Overlooking the Caspian Sea, the 2020 Formula 1 Azerbaijan Grand Prix is run along the Baku City Circuit, giving fans a view of modern architecture as well as historic buildings around the industrial city of Baku. Immerse yourself in Formula 1 racing as well as the city of Baku with F1 Experiences Official Ticket Packages. Ticket packages include race tickets, access to the racing lifestyle with tours of the Paddock and track, an Exclusive Pit Lane Walk and more!

Surplombant la mer Caspienne, le Grand Prix 2020 d'Azerbaïdjan de formule 1 sera couru sur le circuit de la ville de Bakou, donnant aux fans une vue aussi bien de l'architecture moderne que des bâtiments historiques autour de cité industrielle de Bakou. Immergez-vous dans la course de Formule 1 autant que dans la ville de Bakou avec les forfaits officiels Expériences F1. Les forfaits comprennent les billets d'entrée, l'accès au mode de vie de la course avec des visites guidées de l'écurie et de la piste, un tour à pied exclusif de la ligne de départ, et plus encore !

C'est en ces termes que le site web officiel du Grand Prix vend une course à travers Bakou le 28 avril, qui, selon les craintes de beaucoup dans la capitale de l'Azerbaïdjan compromet déjà une des principales attractions de la bille : sa précieuse Vieille Ville.

C'est la deuxième année de suite que Bakou a accueille une course de F1. Le gouvernement autoritaire de l’Azerbaïdjan voit dans les événements sportifs d'excellentes opportunités de promouvoir l'image de marque du pays, après avoir accueilli l'Eurovision en 2012 et les Jeux européens en 2015. Bakou organisera aussi la finale de l'Europa League, le deuxième plus prestigieux tournoi européen de football, le 29 mai.

Mais tandis que la F1 a vanté les bâtiments historiques au cœur de Bakou comme part de l'attrait pour les fans tant nationaux qu'étrangers, les habitants de Bakou n'ont pas tardé à protester sur les médias sociaux contre ce qui apparaît comme une rénovation maladroite de la Vieille Ville.

Un utilisateur de médias sociaux, Ibrahim Emre a réclamé la fin de la Formule 1 à Bakou :

Stop Formule 1 ! Ensemble nous devons dire non à l'organisation d'une course de Formule 1 [en Azerbaïdjan]. Nous devons dire non, car nous n'avons pas d'assurance-santé, pas de système d'égouts, quand il pleut toute la ville est inondée etc. Plus important, des millions de gens vivent dans la pauvreté et sont sans travail. Par manque de moyens financiers, les jeunes renoncent à leurs rêves, à leur avenir. Avec un investissement de 150 millions de manats nous pourrions avoir un enseignement gratuit. Autrement dit, chaque année nous investissons dans la Formule 1 et pas dans notre enseignement ? Pourquoi ? Parce que ce genre d'événements fait connaître notre pays au monde. Un pays devrait se faire connaître par son économie, son enseignement, son armée, sa santé publique, et pas par ces événements vides de sens.

Emre n'est que l'un des multiples habitants de Bakou venus exposer leurs préoccupations sur Facebook. Certains ont même demandé pardon à la Vieille Ville.

Bonjour, Vieille Ville, comment vas-tu ? Je sais que tu es en colère. La fumée des viandes grillées te suffoque et nous aveugle. Nous aimons le pain sans levain plus que nous ne t'aimons. Nous avions l'habitude de nous asseoir sous tes murailles. Mais à présent, pour cela, il nous faut pénétrer dans une construction quelconque [allusion aux restaurants qui ont proliféré le long des remparts de la vieille ville]. Nous t'étouffons. Parce que nous ne t'aimons pas. L'aqlay (la pierre de construction) nous est plus native. Le qutab [fine galette de pain fourrée] nous est plus chère. Le kebab est plus aimé que notre histoire. Parce qu'un ventre est plus chéri qu'un frère…Avec beaucoup de respect, Tural Yusifov, historien de formation.

La vidéo ci-dessous résume les chantiers dans la ville.

Quelle vérité ?

L'organisation des jeunesses du parti au pouvoir en Azerbaïdjan a promptement démenti les signalements selon lesquels des parties de la Vieille Ville étaient en cours de destruction, en publiant la vidéo ci-dessous titrée : “A tous ceux qui propagent de fausses informations sur la démolition des anciennes murailles dans la ‘Ville intérieure’, voici la réponse comme une gifle”.

La “gifle” aux critiques dont parle la vidéo fait référence à une interview de Rahib Azeri, le chef du service d'information de la Réserve historique et architecturale d’État dans la ‘Vieille Ville’, une institution gouvernementale.

Dans le clip il rassure reporter et spectateurs que les travaux entrepris à l’intérieur de la vieille ville est un élément de travaux de rénovation concernant des restaurants et des cafés. Rien qui endommage les murailles elles-mêmes, affirme-t-il.

Beaucoup ont trouvé l'explication peu convaincante. L'artiste Gunduz Aghayev a partagé ceci en riposte aux articles :

 

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Gündüz Ağayev İçərişəhəri təsvir edir…

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La photo indique la différence des pierres utilisées dans les travaux de rénovation :

 

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Azərbaycan hakimiyyətinin tarixə hörmətlə yanaşmadığı təzə xəbər deyil. İçərişəhərdə, Sovetskidə bir çox tarixi abidələr ya zədələnib, ya da tamamilə sökülüb. Four Seasons otelinin tikintisi zamanı aşkarlanmış orta əsrlərə aid tunel orada araşdırma aparmaq və onu qorumaq əvəzinə betonlanıb. Tarixi abidələr mərmər parklar, bahalı otellər və restoranlarla əvəzlənir. Aşağıdakı şəkildə İçərişəhərin qala divarlarının daşlarının əvəzlənməsini görmək mümkündür. Nədən ötrü? Yeni restoranlar tikmək, mövcud restoranları genişləndirməkdən ötrü. Tarixə olan münasibəti Azərbaycan hakimiyyətinin səviyyəsini göstərir. Tarixi tikililər hakimiyyət üçün heç bir məna daşımır, sadəcə köhnə daşlar və evlərdirlər. İçərişəhərdə və ölkənin digər yerlərində tarixi abidələrin, tikililərin zədələnməsi və sökülməsi dayandırmalıdır!

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Le patrimoine est un gros problème en Azerbaïdjan, où l'injection des profits pétroliers est une priorité beaucoup plus grande que le soin aux vieilles constructions.

Le populaire défenseur des droits Aslan Ismayilov a partagé la vidéo ci-dessous pour souligner le retard de l'Azerbaïdjan sur les autres pays en ce qui concerne le soin à ses sites historiques.

Vies de chien

Tout comme la Vieille Ville, les chiens errants sont eux aussi en péril. Le 16 avril, un enfant de trois ans a été mordu par un chien errant à Bakou, faisant à nouveau des animaux errants un problème national. Un député du parlement-chambre d'enregistrement a demandé que tous les chiens errants soient mis à mort, rappelant une pratique soviétique qu'il approuve. Les défenseurs de la cause animale rassemblés devant le siège de la municipalité ont été rapidement dispersés par la police.

Les violences contre les animaux de la rue ont accompagné la préparation des Jeux européens en 2015, et ont même reçu une médiatisation mondiale. L'histoire semble se répéter. Non que l'histoire soit très présente dans les têtes des fans de F1 qui ont payé leurs billets entre 51,19 et 3.928,64 euros.

Le tarif supérieur a pour contrepartie un forfait “aventure” de trois jours, qui positionne les spectateurs “juste au-dessus de la fosse”, et “la garantie des meilleures vues”. Le coût de la course pour la Vieille Ville du Bakou pourrait être bien plus élevé.