PROJET AUTOBLOG


Global Voices (fr)

Archivé

source: Global Voices (fr)

⇐ retour index

Après le conflit de 2008, comment les femmes d'un village de Géorgie ont fait la guerre aux stéréotypes de genre

dimanche 6 novembre 2016 à 19:49
Жительницы Тирдзниси, Грузия. Скриншот видео в YouTube, загруженного Chai-Khana.org.

Habitantes de Tirdznisi, Géorgie. Capture d'écran d'une vidéo YouTube, postée par Chai-Khana.org.

Voir la version en russe de ce billet, publiée initialement sur le site partenaire Chai-Khana.org.

Tirdznisi est une petite ville à la frontière de l'ancienne République soviétique de Géorgie et du territoire séparatiste de l'Ossétie du Sud.

En 2008, pendant le conflit armé entre les deux régions frontalières, quand la Russie est intervenue en force pour soutenir l'Ossétie du Sud, les habitants ont dû s'enfuir pour échapper aux combats.

A son retour, Mariam Boutchoukouri a retrouvé son village déserté, tout comme les hameaux environnants, mais confronté à une foule de problèmes économiques et sociaux dont la résolution n'intéressait pas grand-monde.

Elle a alors décidé de réunir d'autres bonnes volontés pour s'atteler ensemble à la résolution de toutes ces difficultés que rencontraient les habitants – surtout les femmes, car ce sont elles qui souffrent le plus des situations de conflit. Elles se mirent à organiser des réunions chez les unes et les autres, et finirent par monter une association et louer un bureau.

Le bureau de la Fondation pour la paix et le développement de la région de Chida-Kartli se trouve sur la route qui mène de Tirdznisi à Ditsi. Ditsi est l'une de ces bourgades situées sur un territoire frontalier martyr, en plein dans la zone du conflit qui a éclaté dès les premières années de la séparation d'avec Moscou. Mariam et les autres femmes se réunissent tous les jours dans ce local.

Au début, les gens du coin l'appelaient “l'Association des femmes célibataires”. C'est vrai que la plupart de ses membres l'étaient, mais surtout beaucoup croyaient que des femmes non mariées sont incapables d'accomplir quelque chose d'utile.

Maintenant au contraire, les habitants sont très enthousiastes pour reconnaître que Mariam et son équipe sont vraiment utiles à la communauté, que ce soit en aidant à réaliser des projets personnels ou en coopérant avec les pouvoirs locaux pour trouver des solutions aux problèmes des femmes.

Leur histoire est racontée dans la vidéo ci-dessous, sous-titrée en anglais et en russe :

Eufrasia Vieira, la “Prochaine Angelina Jolie” du Timor Oriental

dimanche 6 novembre 2016 à 19:42
Eufrasia Vieira image drawing. Published by Eufrasia Vieira, used with permission.

Eufrasia Vieira en train de peindre. Photo publiée sur facebook reproduite avec permission.

La longue lutte du Timor Oriental pour obtenir son indépendance du régime indonésien et aller de l'avant en tant que pays, se reflète dans sa quête constante d'une reconnaissance mondiale dans le domaine de la culture et des arts.

L'ascension de la multi-talentueuse Eufrasia Vittoria Vieira en est un exemple, jeune actrice, chanteuse et romancière qui souhaite promouvoir l'amitié entre les deux nations.

Image of Eufrasia published on Facebook. Used with permission.

Une image d'Eufrasia sur facebook, utilisée avec permission.

Eufrasia, ou EV pour abréger, est née à Dili au Timor Oriental. Elle a un frère et quatre sœurs du côté de sa mère et six frères et trois soeurs du côté de son père.

La seule matère qui a vraiment marqué Eufrasia à l'école est l'art plastique, en particulier le dessin et la peinture. Elle a vécu plus de 10 ans au Royaume-Uni et a obtenu un diplôme supérieur en art et design de l'Oxford College à Oxford.

Eufrasia est l'une des rares artistes de la jeune génération du Timor Oriental qui attire l'attention pour son style, son originalité et son activité de plaidoyer. Par sa passion, elle pourrait bien aller au-delà des frontières du Timor Oriental pour atteindre la célébrité mondiale.

Certaines des personnalités qui ont inspiré Eufrasia sont la catholique Sainte Mère Teresa, l'auteur britannique Richard Templar, et les psychologues Daniel Goleman et Paul Kleiman. Dans une interview, elle m'a dit ceci :

I want to help change the world and impact people’s lives through my words. I wanna be part of the world in a positive way. I have doubts, fears and worries, like everyone else. But I know I was meant to do this, because doing anything else is torture.

Je veux aider à changer le monde et influencer la vie des gens à travers mes paroles. Je veux faire partie du monde d'une manière positive. J'ai des doutes, des peurs et des soucis comme tout le monde. Mais je sais que je suis destinée à le faire parce que faire autre chose serait de la torture.

CD Cover. Used with permission.

Couverture de CD, utilisée avec permission

En 2009, Eufrasia sort son premier album musical intitulé “What's Her Name” avec onze titres. A propos de sa musique, elle dit ceci :

Music has always been a matter of energy to me, a question of soul. Sentimental people call it inspiration, but what they really mean is soul. On some nights I still believe that a car low on gas in the middle of traffic jump can run about fifty more miles if you have the right music very loud on the radio.

La musique a toujours été une question d'énergie pour moi, une question d'âme. Les gens sentimentaux appellent cela l'inspiration, mais ce qu'ils veulent dire, c'est l'âme. Certaines nuits, je crois toujours qu'une voiture à court d'essence en plein milieu de la circulation peut rouler une cinquantaine de miles de plus si vous avez la bonne musique très fort à la radio.

14697020_10208448226096516_1213177300_nEn 2015, Eufrasia publie également son premier roman, intitulé “Vittoria: Helena's Brown Box”, co-écrit avec Les D. Soriapoetra.

Le roman est une histoire d'amour entre un journaliste indonésien et une fille timoraise en 1999 en pleine lutte du Timor Oriental pour l'indépendance. Eufrasia explique :

The reason that I wrote the story was to try to communicate help and connect with others families, women, men and children going through the same thing…It has been more than 15 years since East Timor war began but many of those caught up in the conflict are still trying to heal.

La raison pour laquelle j'ai écrit l'histoire était d'essayer de communiquer de l'aide et de joindre d'autres familles, des femmes, des hommes et des enfants qui vivent la même situation …. ll y a plus de 15 ans que la guerre du Timor Oriental a commencé, mais plusieurs de ceux qui ont été pris dans le conflit sont toujours en train d'essayer de guérir.

Une adaptation cinématographique du roman est également en cours avec en vedette Eufrasia elle-même et le célèbre acteur indonésien Ari Wibowo.

So ready for our upcoming action movie after "Vittoria" The Movie

A photo posted by Ari Wibowo (@ariwibowo_official) on

<script async defer src="//platform.instagram.com/en_US/embeds.js">

Répondant aux fans la comparant à l'actrice américaine et activiste Angelina Jolie, Eufrasia dit :

People say anything from what they see on the cover. But yeah it’s pretty funny comparing me to Angelina Jolie. It’s unbelievable. Sometimes, I take those compliments as a joke. Angelina is so beautiful and she’s just wow. I’m just an ordinary woman living a simple life.

Les gens ne disent que ce qu'ils voient à l'extérieur. Mais oui, c'est assez drôle de me comparer à Angelina Jolie. C'est incroyable. Parfois, je prends ces compliments comme une blague. Angelina est si belle et elle est juste wow. Je suis juste une femme ordinaire vivant une vie simple.

Les Slovènes s'intéressent plus au choix par Melania Trump d'une avocate locale qu'à son passé

dimanche 6 novembre 2016 à 17:26
A billboard in Skopje advertising Lisca from Sevnica, the leading lingerie company in the region hailing from Melania Trump's home town. Photo: Global Voices, CC-BY.

Un panneau publicitaire à Skopje (Macédoine) pour Lisca, le leader de la lingerie, qui a son siège à Sevnica (Slovénie), la ville natale de Melania Trump. Photo: Global Voices, CC-BY.

De quoi parlent les Slovènes quand ils discutent de leur compatriote émigrée, Melania Trump ? Si on regarde sur Internet, c'est moins des ragots sur ses frasques passées que de son choix d'un avocat de Slovénie pour défendre ses intérêts dans un procès en diffamation.

Quand son époux, l'homme d'affaires Donald Trump, a démarré sa campagne présidentielle, différents médias internationaux,  comme CNN, le Washington Post et le Guardian, se sont rendus en Slovénie en quête de faits croustillants du passé de Melania Trump. Ils sont revenus largement bredouilles.

Née Melanija Knavs en 1970, elle a passé son enfance dans la petite ville de Sevnica, dont la renommée internationale tient à la présence de l'usine de la grande marque de lingerie Lisca. Les articles présentent la future Mrs. Trump comme une enfant normale qui a grandi dans ce qui était alors la Yougoslavie socialiste, a débuté sa carrière de mannequin avant ses vingt ans, puis s'est installée à l'étranger pour son travail, d'abord en Italie puis aux USA.

Le tabloïd slovène Suzy a cependant essayé de faire monter la mayonnaise en prétendant qu'elle avait fait partie d'une agence d'escorts pendant sa carrière de top-model. L'article a eu peu d'écho médiatique, d'autant que Melania Trump a poursuivi devant un tribunal américain le blogueur américain Webster Tarpley et le tabloïd britannique le Daily Mail, qui avaient tous deux relayé l'accusation. Le Daily Mail a retiré l'article et a présenté des excuses.

Mme Trump a alors attaqué Suzy en diffamation en Slovénie en septembre.

Les internautes de Slovénie semblent trouver intéressant le choix par Melania Trump d'un avocat en Slovénie. Melania Trump a engagé l'ex-commissaire à l'informatique Nataša Pirc Musar, qui a une solide réputation de championne de la vérité et de la démocratie.

L'association d'affaires de celle-ci avec les Trump a fait tousser dans certains cercles libéraux, mais vu la mauvaise réputation des défendeurs, d'aucuns estiment que l'activité de Mme Pirc Musar contre le sensationnalisme est cohérente avec son poste précédent. “On peut dire que pour une fois Trump fait quelque chose de bien” résume en bonne part les opinions exprimées sur les médias sociaux slovènes.

Mme Pirc Musar est une twitteuse active, et elle informe ses abonnés au fur et à mesure de son travail pour Melania Trump.

Nous préparons la riposte de Melania Trump aux écrits mensongers de Bojan Požar.

Les réactions au tweet ci-dessus sur la préparation d'une riposte judiciaire aux allégations proférées par Bojan Požar, un jounaliste de télévision et blogueur polémique, au nombre de ceux poursuivis en justice par Melania Trump, comprennent des applaudissements et encouragements à “le fesser” pécuniairement.

Avant son mariage avec Donald Trump et la campagne présidentielle de ce dernier, Melania Trump n'était pas particulièrement connue dans sa Slovénie natale, qu'elle a quittée en 1996 pour émigrer aux Etats-Unis.

Donald Trump lui-même n'était pas un inconnu dans les pays de l'ex-Yougoslavie grâce à ses brèves apparitions dans des films hollywoodiens et des séries télé, mais c'est seulement après 2004 qu'il est devenu une vedette dans la région, par son show de télé-réalité “The Apprentice.”

Sri Lanka : le tourisme renoue avec la croissance, au profit de l'armée

samedi 5 novembre 2016 à 20:07
Pêche sur échasses au crépuscule - attraction touristique unique au Sri Lanka. Photo de Thomas Keller sur Flickr. BY-NC-ND 2.0

Pêche sur échasses au crépuscule – attraction touristique unique au Sri Lanka. Photo de Thomas Keller sur Flickr. BY-NC-ND 2.0

Pendant des siècles, le Sri Lanka a été une destination touristique prisée. Le tourisme représentait la principale source de revenu du pays et était le moteur de l'économie locale. Puis le secteur a stagné, le tourisme ayant beaucoup souffert de la guerre civile du Sri Lanka, qui a duré plus de 25 ans, avant de prendre fin en 2009.

Le tourisme connait une progression rapide depuis la fin de la guerre. Le gouvernement sri lankais investit dans le développement de nouvelles infrastructures, comme la construction d'un important projet de développement touristique de plus de 1600 hectares à Kalpitiya, situé à 175 kilomètres au nord de la capitale Colombo. Cette région est reconnue pour la beauté de ses paysages.

Selon l'article de Raisa Wickrematunge publié dans Groundviews, plus d'un million de touristes ont visité le Sri Lanka entre les mois de janvier et août de cette année. L'industrie du tourisme procure ainsi du travail à des milliers de personnes, directement ou indirectement.

Cependant, il existe des preuves attestant qu'une partie de la population locale se voit systématiquement refuser l'accès aux emplois dans le secteur touristique. Wickrematunge a rencontré plusieurs habitants qui prétendent ne pas avoir été autorisés à travailler pour les compagnies proposant des excursions. Certaines personnes n'ont même pas pu obtenir l'autorisation d'offrir leurs services directement aux touristes, par exemple en leur proposant des promenades en bateau ou de l'accueil. En effet, de nombreux hôtels, qu'ils soient privés ou gérés par les forces armées, refusent d’embaucher des travailleurs locaux.

L'armée sri lankaise investit massivement dans le tourisme. Les forces armées possèdent plusieurs hôtels et stations touristiques, de nombreux restaurants et cafés, ainsi que diverses installations touristiques.

Infographie : gracieusement mise à disposition par Sri Lanka Campaign For Peace And Justice

Infographie : gracieusement mise à disposition par Sri Lanka Campaign For Peace And Justice

Selon un récent rapport publié par Global Risk Insights, les employés recrutés par l'armée pour travailler dans les stations touristiques et les centres de loisirs qu'elle possède sont des soldats enrôlés de force via le système de la presse, et qui reçoivent un salaire de misère. Un autre rapport, de Society for Threatened Peoples, intitulé “Dark Clouds Over The Sunshine Paradise [‘Nuages noirs sur le paradis du soleil’] ” met en évidence le fait qu'employer des militaires dans le secteur du tourisme permet à l'armée de s'assurer des revenus supplémentaires conséquents, et lui permet ainsi de proposer des prix bien inférieurs à ceux de ses concurrents du secteur privé.

Une part importante des dollars dépensés par les touristes au Sri Lanka sert à financer une armée, qui, selon les critiques, a atteint une taille démesurée et n'a plus de raison d'être depuis la fin de la guerre civile. Au lieu d'avoir été démilitarisée, la région du Nord, majoritairement peuplée de Tamouls, compte encore 200 000 militaires – ce qui représente environ un soldat pour dix civils.

Panneau indiquant la zone de développement touristique à Kuchchaveli. Photo de Groundviews.

Panneau indiquant la zone de développement touristique à Kuchchaveli. Photo de Groundviews.

La croissance rapide du tourisme génère d'autres problèmes. En raison des nouvelles initiatives touristiques de l'armée et des compagnies privées, de nombreuses populations locales se voient dépossédées de leur terres traditionnelles, ce qui n'est pas sans effet sur la vie communautaire et les cultures, comme par exemple à Kuchchaveli, Passikudah, Kalpitiya, Jaffna (dans la province du Nord) et Panama (dans le district Ampara de la province de l'Est).

Yves Bowie de Groundviews partage quelques-unes des histoires de ces communautés locales :

Kuchchaveli est un petit village de pêcheurs situé au nord-est du Sri Lanka. La plupart de ses habitants vivent de la pêche ou de l'agriculture. Lorsque la guerre a pris fin, les terres de Kuchchaveli étaient largement occupées par la marine sri lankaise. Les villageois avaient dû quitter leur maison, leur ferme, et leur zone de pêche. Après la fin de la guerre, ils ont voulu retourner sur leurs terres mais la marine était toujours là.

Les villageois de la région de Passikudah sont principalement des pêcheurs et leur famille. Ils pêchaient dans cette zone depuis des générations. Avec la construction des hôtels, nombreux sont ceux qui ont dû abandonner leur lieu de travail. Les pêcheurs sur embarcation ont été déplacés vers une toute petite zone dans un coin de la baie, et il leur faudra peut-être aussi bientôt la quitter. Ils risquent de perdre leur gagne-pain.

Toujours sur Groundviews, Ruki Fernanda and Herman Kumar écrit :

Il faut que le tourisme soit axé sur les populations locales et les victimes de la guerre. Il est crucial que ces personnes soient consultées si l'on veut que le tourisme agisse comme catalyseur de paix, de réconciliation et de développement. Les projets touristiques devraient tenir compte de leurs souffrances et de leurs aspirations, et soutenir, avec tact, leur lutte pour la vérité, la justice et le développement économique.

Le tourisme ne doit par détruire ou endommager les pratiques socio-économiques-culturelles des communautés locales, ni les déraciner de leurs terres traditionnelles et de leurs moyens de subsistance. Ils ne devraient pas être marginalisés, ni empêchés d'accéder aux opportunités économiques qui se présentent. [..]

Le gouvernement et l'armée ne doivent pas utiliser le tourisme comme un moyen de promouvoir leurs programmes politiques et leur propagande. Il faut que les mémoriaux et autres projets de commémoration initiés par les communautés locales soient valorisés et que le gouvernement instaure des monuments et des commémorations consacrés aux civils et à toutes les personnes touchées.

Groundviews, site de journalisme citoyen primé du Sri Lanka, est un partenaire de partage de contenu de Global Voices.

Où et comment coule le sang des Indiens du Brésil

samedi 5 novembre 2016 à 19:05
Seguranças impedem a invasão de índios no Palácio do Planalto

Les Indiens Munduruku ont protesté à Brasilia en 2013 contre la construction d'une usine hydraulique sur le Rio Tapajos, dans la région amazonienne. Photo: Agência Brasil/CC-BY 3.0

[Tous les liens sont en portugais, sauf mention contraire]

Ce billet paru initialement sur le site de l’Instituto Socioambiental est republié dans le cadre d’un accord de partage de contenu.

Le rapport Violência Contra os Povos Indígenas no Brasil – Dados de 2015, réalisé par le Conseil Indigène Missionnaire (Cimi), fait part des terribles violences et de l’abandon dont sont victimes les Indiens du Brésil.

Les chiffres révèlent que l’année dernière, 87 cas de suicides ont été enregistrés parmi les indigènes du pays, dont plus de la moitié (45) ont eu lieu dans l’Etat du Mato Grosso do Sul. Entre 2000 et 2015, 752 cas ont été recensés dans cette région. Le rapport fait également état de 137 assassinats d’indigènes en 2015, dont un quart (36) rien que dans le Mato Grosso do Sul.

Près de 600 enfants, âgés de 0 à 5 ans, sont morts au cours de cette période de maladies facilement curables comme la pneumonie, la diarrhée et la gastro-entérite. Le taux de mortalité infantile annuelle dans le Mato Grosso do Sul est de 26 pour mille, soit le double de la moyenne nationale.

L’inaction des autorités dans la démarcation des Terres Indigènes et dans la prestation de services relatifs à la santé et à l’éducation est pointée du doigt par le rapport, et est considérée comme la principale raison de la violation systématique des droits fondamentaux des Indiens.

Environ 900 000 personnes composent la population indigène du Brésil, soit 0,5% de la population totale du pays, selon les données du recensement datant de 2010. Le Brésil est ainsi le pays d’Amérique Latine possédant le plus faible contingent d’indigènes. En compensation, le Brésil représente également la nation détenant le plus d’ethnies indigènes – 305 selon le recensement.

Le rapport du Cimi constitue actuellement l’une des rares sources d’informations sur les cas de violence à l’encontre des Indiens pauvres du Brésil.

La coordinatrice de la recherche, Lúcia Helena Rangel, estime ainsi : « Ce degré de perversité à l’encontre de la population indigène vient aussi bien des agriculteurs, des hommes de main ou de n’importe quel citoyen qui se croit en droit de tuer un enfant », faisant référence à l’assassinat de Vitor Kaingang [français], âgé d’à peine deux ans et mort dans les bras de sa mère en décembre 2015 sur la route d’Imbituba.

« Les décès, la violence physique, découlent de la lutte pour les terres et la démarcation », affirme le procureur Luciano Maia, coordinateur de la 6ème Chambre de Coordination et de Révision du Ministère Public Fédéral lors du lancement du rapport. « Nous ne pouvons ignorer que cela fait partie du problème, et en même temps de la solution ; il est nécessaire de lutter pour la reconnaissance du droit des Indiens à occuper leurs terres », conclut-il.

Deux jours avant la divulgation du rapport, la communauté indigène Guarani Kaiowá de Kurusu Ambá, à Coronel Sapucaia, a subi sa cinquième attaque de l'année. Des coups de feu ont ainsi été tirés dans la ville (cliquez ici pour en savoir plus). Au Brésil, Elson Canteiro, du peuple Guarani Kaiowá, décrit la situation des Indiens dans l’Etat. « Aujourd’hui, les gens vivent un moment très critique car ils habitent dans une zone de récupération [des terres]. Ils subissent quotidiennement de graves violences. »

Pour Marta Azevedo, démographe spécialisée dans les peuples indigènes et ex-présidente de la Fondation Nationale des Indiens (Funai), la volonté politique des organes officiels fait défaut dans la consolidation des systèmes d’informations sur ces populations. « Il est absurde de ne pas disposer de données officielles publiques annuelles concernant la mortalité infantile et celle causée par les violences dans la population indigène », critiquait-t-elle lors d’une entrevue à ISA.

La démarcation des terres, autre forme de violence

La première partie du rapport fait état de cas de violence à l’encontre du patrimoine indigène, avec la lenteur dans le processus de démarcation des terres indigènes, les conflits relatifs aux droits territoriaux, les invasions, les exploitations illégales des ressources naturelles et les dommages causés au patrimoine.

En 2015, le Cimi a enregistré 18 litiges impliquant les droits territoriaux. Encore une fois, le Mato Grosso do Sul demeure l’état le plus cité, avec dix conflits recensés. 55 cas d’invasions, d’exploitations illégales des ressources naturelles et d’atteintes au patrimoine ont également été inventoriés. La majeure partie de ces conflits (18) s’est déroulée dans le Maranhão qui, encore en 2016, recense des cas similaires (cliquez ici pour en savoir plus). 11 faits impliquant 52 cas d’absence de soins médicaux ont aussi été enregistrés. Une fois de plus, une grande partie de ces événements ont eu lieu dans le Maranhão.

« Ce rapport fait ressortir trois caractéristiques : l’absence d’aide aux communautés et qui impacte plus particulièrement la délimitation des terres indigènes ; la perversité des violences ; l’absence d’intervention quant à la réalité des dévastations dans les provinces indigènes », explique Roberto Liebgott, coordinateur du Cimi dans le Sud.